En octobre dernier, la chaîne Arte a diffusé une étrange série de petits films d’animation ayant pour but d’expliquer la sexualité aux enfants.
Disponibles uniquement en ligne et de 23h à 5h du matin, ces courtes vidéos présentées comme « artistiques » mettent en scène une voix enfantine (qui est en fait la voix robotisée de l’auteur, John Deneuve) posant à ses parents des questions sur la sexualité.
Une sexualité pour le moins extrême. En effet, outre des sujets comme les seins ou le point G, on peut entendre la « petite fille » interroger ses parents, « Jean-Monique » et « Clara Morgane-Emmanuelle », sur l’annulingus, le « ass to mouth » ou encore la « golden shower », pratique visant à uriner sur son partenaire…
Au final, le téléspectateur qui ne fréquente pas les cercles artistiques parisiens et leurs étranges lubies en ressort on ne peut plus mal à l’aise. Un malaise qui s’est très vite fait ressentir dans les commentaires, les internautes accusant la chaîne de promotion de la pédophilie, de déviance malsaine ou de sexualisation des enfants.
Parmi le florilège de commentaires qui a suivi, un internaute dénonce : « C’est à ça que vous dépensez mon pognon bande de crevures… Incroyable. » Un autre ajoute : « À gerber. Utiliser la voix d’un enfant pour raconter ça, on est en pleine pédophilie. »
Devant cette polémique, Arte a expliqué qu’« il est urgent de rappeler que cette série de films d’animation est un produit artistique. C’est un pastiche. Ce programme est en ligne depuis deux ans sur une plateforme, uniquement sur Internet, consacrée à l’art et la culture contemporaine ». Et d’ajouter que « les vidéos d’ ”Éducation sexuelle” de John Deneuve ne sont pas du tout prévues pour passer sur Arte : c’est un programme web qui n’est pas diffusé à l’antenne. Ce n’est pas parce qu’il y a “éducation” dans le titre qu’il s’agit d’un programme pour enfant. La voix de “l’enfant” dans la vidéo est en réalité celle “légèrement trafiquée de l’artiste John Deneuve”, une artiste française, qui vit et travaille à Marseille. Les textes sont une compilation de textes que l’on trouve en ligne sur Wikipédia et autre. »
Poursuivant sa ligne de défense, la chaîne franco-allemande souligne encore que « cette série était pour nous une manière de parler de pornographie (la plus lucrative industrie sur le net) sans la montrer, là où beaucoup la montrent sans la nommer. C’est un détournement… Nous avons mis une limitation technique empêchant de voir les vidéos la journée, et de les rendre accessibles entre 23h et 5h du matin. Ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 16 ans. »
Et de conclure en expliquant que la polémique vient en réalité d’Alain Soral, l’essayiste à la tête d’Égalité & Réconciliation, « qui en a parlé sur Internet. Un article qui a depuis été repris par des centaines de sites ». Malgré les nombreuses justifications d’Arte, les internautes continuent à dénoncer un programme malsain, ce qui n’a pas empêché la chaîne de le maintenir en ligne.
L’« art » a (souvent) ses raisons que la raison ignore…
Voir également notre dossier Le 28 d’Arte : l’actualité autrement, mais tout pareil
Dessin : © Milady de Winter pour l’Ojim