L’ascension de Manuel Valls, actuel Premier ministre, a été accompagnée par son lot de biographies. La plus complaisante reste celle de Gilles Verdez (voir son portrait ici) et Jacques Hennen Le Conquistador, Manuel Valls les secrets d’un destin (Grasset). Parmi d’autres, celle qui dérange et détonne, la plus récente, est celle d’Emmanuel Ratier.
Le mois dernier, cet archiviste méticuleux publiait un ouvrage « riche en révélations explosives » intitulé Le vrai visage de Manuel Valls (éditions Facta, 2014). L’auteur y avance que la famille de M. Valls n’est en rien, comme les biographes « officiels » tendent à le concéder, une famille de réfugiés antifranquistes, encore moins une famille pauvre. Il met également en lumière le retournement de l’ancien maire d’Évry : pro-palestinien durant près de 30 ans, Valls est aujourd’hui l’incarnation d’un soutien « éternel » à l’État d’Israël.
Le livre est arrivé jusque dans les rédactions de la presse dominante qui lui a consacré quelques articles peu flatteurs. À la télévision, c’est Nicolas Domenach qui, sur le plateau de « La Nouvelle édition » (Canal+), s’est chargé de dresser une critique de l’ouvrage. « Les réseaux d’extrême-droite ont leur bible ! », commence-t-il pour présenter ce livre qui « cartonne ». Un livre qui se vend bien en effet mais qui, prévient Ali Baddou, « n’est pas n’importe quel livre. Ce n’est pas une biographie qu’on pourrait qualifier d’objective ».
Pour Domenach, il ne s’agit « pas d’une enquête du tout » mais d’un « recueil d’articles » à la « documentation très fournie ». Pour contrer le livre d’Emmanuel Ratier, Canal en appelle aux biographes « officiels » du Premier ministre pour démentir les accusations. Ces derniers expliquent que sa famille n’était pas franquiste (ce que Ratier ne dit pas) et que son changement de position par rapport à Israël est réel mais que son interprétation constitue un « délire extrémiste habituel »… En résumé, du « grand n’importe quoi » et un livre qui transpire « l’obsession juive ».
Dans une vidéo publiée sur son site, Emmanuel Ratier est revenu sur cette émission, dénonçant les « mensonges » de Canal. Le responsable de la revue Faits & Documents rappelle qu’« à la différence des guignols de Canal », il est « journaliste, et en plus d’investigation ». Et d’évoquer les « témoignages lamentables » des biographes officiels appelés à l’aide par « La Nouvelle édition ».
Documents et vidéos à l’appui, Ratier défend sa version des faits. Premièrement, s’il n’a jamais affirmé que les Valls étaient franquistes, il rappelle à nouveau qu’ils ne furent en rien antifranquistes. Ensuite, au sujet de la pauvreté supposée de la famille, l’auteur évoque les origines paternelles et maternelles de Manuel Valls : une famille de riches colons du côté de sa mère, et de banquiers catalans du côté de son père. Ainsi, la propriété de la famille Valls à Barcelone, la « Torre dels Pardals », est l’une des plus belles de la ville. Enfin, pour clore le débat sur le revirement pro-israélien de l’ancien ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ratier fait appel à un témoignage de Richard Wagman, fondateur de l’Union juive française pour la paix (UJFP), association de défense des Palestiniens à qui le parcours de Manuel Valls laisse un goût amer…
Au regard des documents nous laissons le lecteur juge au sujet du passé étonnant de notre nouveau Premier ministre.
Polémique Emmanuel Ratier/Canal+ autour de Manuel Valls http://t.co/n8s52BH3YS via @ojim_france #EmmanuelRatier contre #ABaddou#UJFP #Valls
— Claude Chollet (@ClaudeChollet) 2 Juin 2014