« Encore un siècle de journalisme et tous les mots pueront » disait Nietzsche.
Vous n’imaginez pas l’odeur qui m’est montée au nez quand j’ai lu les deux papiers d’Anthony Cortes dans L’Humanité qui portent sur la commémoration de la mort de Thomas, assassiné à Crépol le 18 novembre 2023. Le premier est daté du 31 octobre 2024 et puisque ce n’était pas suffisant, le rédacteur en a remis une couche le 15 novembre dernier.
Sous une forme congelée, c’est la sempiternelle objurgation ; pas de récupération ! Mot d’ordre d’une dissociété dont le vivre-ensemble est le credo. Profession de foi renouvelée, escortée des « hargnosités vagues » évoquées par Rimbaud à propos des « assis », ces êtres à l’âme châtrée, en faisant couler un sang innocent au passage.
Les réalités multiples de L’Huma
Quand on aborde ce genre de papelard, il convient de faire deux choses au préalable : exterminer toute pensée rationnelle et admettre l’existence de réalités multiples ou multivers pour les intimes. Il existe un univers dont nous n’avons aucune connaissance ni vous ni moi mais que l’Humanité a fait sien depuis longtemps, où de telles déclarations ne paraissent pas aberrantes :
« Moussa souffle : « C’est malheureux le monde extérieur ne veut pas les connaître et eux s’en méfient au point d’avoir un couteau sur eux. »
Thomas a certainement dû être assassiné parce qu’il ne voulait pas connaître ses agresseurs ! Un univers où ce sont les descentes de milices d’extrême-droite qui sèment la terreur à Romans-sur-Isère – en ne faisant pourtant aucune victime, aucun mort – et la racaille des cités – innocente et qui a pourtant tué Thomas puis Nicolas, membre de la même équipe de rugby — qui est traquée sans répit, de manière incompréhensible. Et pourtant, le déséquilibre est tout autre et inversement symétrique. Damien Rieu, lors de la matinale de Frontières, note très justement :
« Qui a été condamné dans l’affaire Crépol ? Des personnes à plusieurs mois de prison avec sursis pour avoir dévoilé les noms des auteurs de l’attaque. Ont été perquisitionnés des gens qui ont affiché des affiches de Thomas ! »
Ce point a‑t-il échappé à notre turbo-journaliste acquis aux pratiques de l’anarcho-tyrannie ?
Conflit entre les deux France
Et de se lamenter du traitement médiatique de ces affaires tragiques : « En cause, la divulgation par l’extrême-droite des origines de certains suspects et de leur lieu d’habitation : le quartier populaire de la Monnaie de Romans-sur-Isère, à 17 kilomètres d’ici. Des éléments immédiatement relayés par les médias réactionnaires (c’est nous qui soulignons), jusqu’à en faire un débat national autour du prétendu conflit entre deux France. Celles des campagnes, prétendument victime d’un crime « antiblanc ». Et celle des quartiers, forcément menaçante parce que racisée. » Demandons à François Ruffin, qui voulut réconcilier « la France des bourgs et le France des Tours », si ce conflit n’existe pas et pour quelle raison il fut reçu à la fête de l’Huma avec des slogans antifascistes, conspué par une foule en délire, chauffée à blanc par le député fiché S Raphaël Arnault… Pour rappel, plusieurs témoins ont assuré avoir entendu les meurtriers de Thomas dire le soir du meurtre :
« On est là pour tuer les blancs, on est là pour planter les blancs. »
Mais s’il faut faire confiance à un journal communiste pour faire passer les faits avant l’idéologie, on n’est pas rendu ! Pas de conflit entre ces deux France, donc, cependant notre journaliste intrépide écrit plus loin : « À Crépol, entre les élections législatives de 2022 et de 2024, le vote en faveur du Rassemblement national (RN) a été multiplié par trois. La Monnaie, elle, préfère l’abstention massive. »
Le Glaiseux rentre en piste
Ces articles m’ont fait penser à un passage glauque au possible du roman Le festin nu de William Burroughs, la description du personnage Le Glaiseux. Je me permets donc de citer le passage en question, pour l’édification du journalisme croupion :
« Le Glaiseux est une épine dans les fosses à égout de l’univers. […] Les « attaques » du Glaiseux sont devenues chroniques. […] Le dieu blond a sombré dans l’abjection des intouchables. Les arnaqueurs ne changent pas, ils se brisent, se pulvérisent – une explosion de matière dans le froid glacial des espaces interstellaires, et tout s’évanouit dans la poussière cosmique, laissant derrière le corps vidé de sa substance. »
Cortes archiprêtre
Monsieur Anthony Cortes, donc, donne de la voix dans le journal l’(in)Humanité et pond des articles archiépiscopaux, du haut de sa chaire. Monsieur pontifie, recueille des témoignages – ceux qui vont dans son sens – et caverneux, filandreux, il anathématise le collectif Justice pour les nôtres, qui organise une marche en hommage à Thomas le 30 novembre parce que « d’extrême-droite ». Comme c’est original. Raphaël Ayma, porte-parole du collectif, est nommément attaqué, ciblé et épinglé : « Collaborateur parlementaire du député RN du Var Philippe Schreck. » Déjà, c’est faux puisqu’au moment où l’article paraît, Raphaël Ayma n’est plus assistant parlementaire du député RN. En effet, le journal Libération, dans une campagne de diabolisation à son endroit, a réussi à avoir sa peau, et le RN a plié devant le journal gauchiste qui veut pourtant sa mort, mais passons sur le burlesque d’une telle situation. Ensuite « membre du mouvement néofasciste Tenesoun ». Je ne sais où il est allé pêcher ça puisque Tenesoun ne s’est jamais réclamé du néofascisme, il se présente comme un mouvement patriote enraciné en Provence. Frédéric Mistral, lauréat du prix Nobel de littérature, chantre de la Provence éternelle et défenseur de la langue provençale, Benito Mussolini, même combat ? Par ailleurs, la confusion est systématiquement entretenue entre le collectif Justice pour les nôtres et la descente dans la cité, alors que rien ne permet de les relier.
Rassurez-vous, monsieur Cortes nous prévient que « pour éviter un déchaînement de violences, les différentes forces de gauche locales s’activent à obtenir l’interdiction de la manifestation. » Et mieux encore : « des groupes antifascistes [je sous-titre : des milices violentes] ont lancé sur les réseaux sociaux un mystérieux « appel à l’action concrète contre l’extrême-droite », pour « organiser nous-mêmes la réponse » [travail de maintien de l’ordre ordinairement dévolu à la police], nous confie un membre d’un groupe via une messagerie cryptée. » Parmi, les forces de gauche, nous avons le Collectif Antifasciste No pasaran 84, qui menace soit dit en passant, un gamin de 14 ans sur les réseaux sociaux et qui avait reçu le fiché S Arnault à Avignon, lors d’un forum.
Allan Brunon, de la France Insoumise, tient également à faire barrage et organise une contre-manifestation. Il s’est déjà illustré pour avoir perturbé l’hommage à Philippine. Et cerise sur le gâteau, Maître Rey-Jacquot, avocate, porte plainte contre le collectif Justice pour les nôtres. Elle est également connue pour des déclarations d’un goût douteux : elle se disait « déçue » de ne pas faire partie d’un réseau d’avocats liés aux Frères Musulmans pour investir le champ juridique.
La boucle est bouclée…
Jean Montalte