Le 19 août 2015, nous consacrions un dossier au site américain Politico (aussi décliné sur papier) et son arrivée à Bruxelles. Nous en extrayons les deux paragraphes suivants :
Mis à la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut copier pièce à pièce le modèle américain : une lettre matinale gratuite, des lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Selon Le Monde, il s’agit de « raconter des good stories » sur les coulisses de Bruxelles. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les États membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. »…Correspondant pour des journaux américains dans les pays de l’est à l’époque du Pacte de Varsovie, Kaminsky a aussi sévi à Bruxelles. C’est dire s’il connaît les arcanes de la politique américaine comme de la politique européenne : The right man in the right place.
« Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », selon lui, et on lui fait confiance, devant les moyens pharaoniques déployés. La rédaction bruxelloise compte une quarantaine de journalistes, la plus grosse équipe qu’on ait jamais vu à Bruxelles de mémoire de technocrate. Des équipes d’un ou deux journalistes seraient aussi en cours de constitution dans les grandes capitales européennes, à Paris, Berlin ou Londres. Le budget de lancement est estimé, lui, à 10 millions d’euros.
Après l’anglais, le français et l’allemand
Même si Politico Europe implanté à Bruxelles perd plusieurs millions d’euros par an, même si une lettre en français lancée en 2017 a été abandonnée faute de lecteurs, le groupe souhaite élargir sa sphère linguistique réduite à l’anglais.
Dans un premier temps un service de veille législative (en anglais) sera proposé aux entreprises et administrations abonnées. Aux 6.000 à 8.000 euros annuels d’abonnement s’ajoutera un service spécifique avec un supplément. La veille sera européenne (sous-entendu : limitée à la législation votée ou aux directives de la Commission) puis étendue aux législations nationales, en français ou en anglais voire dans les deux langues courant 2019.