Exceptionnellement, nous entrouvrons aujourd’hui une page de politique-fiction. Peut-être à tort, nous partons du principe que Trump, malgré ses arguments légaux, sera éliminé du jeu par les forces du système. Et nous postulons, précisément parce que le Trumpisme a survécu au récent psychodrame américain, qu’une autre histoire se scénarise : une épuration, qui ne pourra se réaliser qu’une fois Biden lui-même éliminé. Car la super-classe mondiale doit trancher la tête du serpent populiste une bonne fois pour toutes. C’est le préalable à toute « réinitialisation » (reset) de la planète, et ce au moment où les populations mondiales ont été dressées à l’obéissance sanitaire sans condition. Trump et Biden ont donc une bien moindre importance.
Le marais (swamp) est de retour
Les médias y compris Fox News ont bien vite couronné Biden. Et toute la planète de s’émerveiller devant les appels de ce dernier à la collaboration bipartisane. Quant aux IYI (« intellectual yet idiots »), ils se soulagent à l’idée de voir les républicains avoir des chances de conserver le Sénat, ce qui donnera prétexte à Biden-le-modéré de « bloquer les marxistes ». Autrement dit, le swamp (le marigot de Washington D.C.) et ses combinaisons sont de retour. Inutile donc de se battre pour Trump. Revenons à nos moutons centristes.
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une élection est contestée. Il y a vingt ans le démocrate Al Gore avait été ainsi « proclamé » Président par bien des observateurs, pendant 37 jours, jusqu’à ce qu’il soit battu par la pugnacité de l’équipe juridique de la machine Bush pour inverser seulement 3 comtés d’un seul État, la Floride. Or, au moment où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas si la contre-attaque juridique lancée par Donald Trump et sa toute petite équipe réussira à redresser la situation dans au moins cinq États : à Atlanta, Milwaukee, Detroit, Phoenix, et Philadelphie.
Vote anticipé démocrate
Peu de gens savent que les règles du jeu ont été modifiées en pleine élection présidentielle par plus de 300 procès intentés par les démocrates et leurs amis contre les États afin d’une part d’anticiper le vote le plus possible (lorsque Trump touchait le fond à cause de sa communication catastrophique sur le SARS-Cov‑2) et d’autre part de retarder bien après l’élection le décompte des bulletins (ce qui peut être interprété comme l’intention d’en « corriger » le résultat). C’est ainsi que le vote anticipé et celui par correspondance avaient commencé bien avant le premier débat du 29 septembre, et que les résultats sont toujours en décompte au moment où nous écrivons.
« Récolte de bulletins »
L’objectif de ces procès, dont on parlait peu, était apparemment de faire sauter tous les verrous antifraude mis en place par les assemblées législatives des 50 États de l’Union. Ainsi il était demandé d’abolir les interdictions faites aux partis de « récolter » à domicile (directement ou par délégation) les bulletins des électeurs (« ballot harvesting »), et d’annuler l’obligation de produire la signature et les coordonnées d’un témoin du vote par correspondance, comme celle de vérifier la conformité de la signature de l’électeur apposée au bulletin avec celle qui figure dans les registres officiels.
Sans oublier d’obtenir le droit de comptabiliser après la clôture de l’élection les bulletins non datés, ou celui de ne pas joindre une copie de sa pièce d’identité à son bulletin lorsque requis par certains États. Nous recommandons à nos lecteurs de visionner cette vidéo de Life, Liberty & Levin, ainsi que cette deuxième, qui couvrent l’ensemble du sujet. Malgré cela, et en dépit des sondages de démoralisation des électeurs et donateurs de Trump, la « grande vague bleue » n’a pas eu lieu.
En fait, il serait tout à fait paradoxal que les électeurs de Trump aient pu l’abandonner pour Biden tout en votant massivement le même jour pour des républicains qu’ils n’aiment qu’à moitié, et ce dans les assemblées législatives des États de l’union (les républicains y détiennent maintenant la majorité d’entre elles), ou en gagnant un siège supplémentaire de gouverneur (désormais 27 gouverneurs sur 50), ou encore en réduisant considérablement la majorité de Nancy Pelosi à la Chambre des représentants (ce qui la met en difficulté avec ses collègues), et enfin en offrant à l’establishment républicain une opportunité de conserver le Sénat : en effet, un seconde tour en janvier sera nécessaire pour deux républicains en Géorgie, ce qui va en faire l’élection locale la plus coûteuse de la saison politique, car de ces deux sièges dépendra la majorité au Sénat.
Guerre juridique et guerre médiatique
L’équipe Trump veut gagner la bataille juridique, cependant que la guerre médiatique de la légitimité est pour l’instant déjà perdue. À moins d’une crise libératrice ?
Il est bien clair que les résultats des républicains sont liés à l’effort massif déployé par Trump dans le dernier mois de la campagne. Et que les démocrates, soutenus par les prothèses des Big-Tech, n’ont pas pu répudier le Trumpisme en dépit de leurs fanfaronnades. Les toutes premières réactions de la presse étaient à cet égard d’une grande sobriété. Ainsi de l’analyse du Weekly Dish, de celle de la CBC (chaîne canadienne), ou encore du site indien The Print, qui fait un parallèle entre Trump et Modi. Autrement dit, le Trumpiste est bien vivant.
Le film avait commencé simplement : les médias et les républicains #NeverTrump ont fait la campagne de Joe Biden pendant que celui-ci évitait autant que possible toute exposition publique. Loyalement, en cet acte premier, l’opération occultait les deux principaux « facteurs de risque » associés au personnage : son état de santé cognitive et ses « affaires » familiales douteuses avec des puissances étrangères, dont la Chine, amie du marécage washingtonien.
Il a donc été normal que le film se poursuive en son acte deux par l’occultation de toute information susceptible de valider ou tout simplement de débattre de toute anomalie électorale ou témoignages qui pourraient accorder quelque crédit aux contre-attaques juridiques menées par Trump et son dernier carré. Sachant que le FBI est resté inscrit aux abonnés absents, manquant de la plus élémentaire curiosité à l’égard de nombreux indices ou allégations de fraudes électorales qui ont progressivement émergé. Et que le ministère de la Justice est entravé.
Il va de soi que si Joe Biden avait pour nom Vladimir Poutine, les médias et la classe dirigeante se seraient violemment insurgés contre le hold-up du siècle organisé par le nouveau président-dictateur avec la complicité de ses oligarques financiers et médiatiques, ses banques, ses alliés internationaux dont la Chine, et ses cupides valets accoutumés du râtelier. Les partis d’oppositions en appelleraient à l’ONU, aux organisations internationales, à l’armée, et les organisations caritatives se mobiliseraient sur le slogan Ce n’est pas mon Président! Plusieurs milliers de procès médiatisés seraient déjà en cours, ce n’est pas prévu au scénario.
Acte trois : Biden en équilibriste
Et le film de se poursuivre, acte trois, en une configuration optimale pour le ventre mou de la politique, caractérisé par le règne d’un bon papa Président, Joe Biden qui est au fond ravi de disposer non seulement d’une Chambre majoritaire mais divisée entre les démocrates centristes et les excités, ce qui affaiblit « la momie Pelosi » (qui ne fera plus la pluie et le beau temps démocrate), mais également d’un Sénat qui sera – toujours au moment où nous écrivons — probablement tenu par les républicains, ceux du paléolithique. Autrement dit il serait alors impossible pour les démocrates de lancer la création de deux États supplémentaires (la capitale Washington, et Puerto Rico), donc de produire quatre sénateurs de plus, ou de modifier la composition de la Cour Suprême en y ajoutant des sièges pourvus par des activistes, ce qu’avait tenté jadis et sans succès Franklin Delanoe Roosevelt.
Acte quatre : retour au néo-conservatisme
De sorte que, en son acte quatre, le film offrirait à Biden toutes les excuses possibles pour refuser aux excités le lancement du « Green New Deal » aux parfums rooseveltiens précisément, de même que celui de toute politique fiscale de type « socialiste ». Le tout au grand ravissement des « républicains », Fox News en tête, qui soudain redevient « néoconservatrice ». Adieu populisme… Trump aura été usé jusqu’à la corde. Par Fox News, par l’establishment républicain, voire par les chrétiens conservateurs satisfaits de ses nominations judiciaires. Et aux ambitieux de déjà se dire qu’il faut préparer la présidentielle de 2024. C’est aller un peu vite dans la naïveté.
Étouffer le trumpisme
Premièrement, il va y avoir les élections législatives intermédiaires en 2022. Il faudra donc étouffer toute velléité de résurgence du Trumpisme. À commencer par Trump lui-même qui sera médiatiquement ostracisé, et mis à mort juridiquement, fiscalement, et pénalement, car il fait encore l’objet de nombreuses poursuites. Ce qu’il a connu depuis quatre ans ne sera rien par rapport à ce qu’il va connaitre.
Il est prévu aussi d’établir la liste des suspects, et d’asphyxier politiquement ou professionnellement tous ses plus fidèles appuis et potentiels successeurs, à commencer par l’héritier de la marque, Donald Trump Junior, qui s’est déjà constitué un entourage de qualité. Car cet homme jeune a du charisme, l’empathie en plus, contrairement à papa. Tel est l’objet du Trump accountability project. Il est également question d’initier comme en Afrique du Sud une Truth and Reconciliation Commission en charge des moulins à prière comme de la repentance collective. Ce qui ne manque pas de sel, si l’on considère l’excellente performance de Trump avec les minorités raciales.
Car Trump, qui en 2016 avait fait du parti républicain le parti des cols bleus et des oubliés de la mondialisation, majoritairement blancs, a réussi cette fois-ci à le transformer en parti «travailliste multiracial », et en celui de la lutte contre cette nouvelle classe mondiale qui anime d’un seul bloc l’Amérique corporative, les trotskistes de 1re, 2e, et 3e classe, l’industrie technétronique, les bureaucraties de l’État permanent et les lobbies incrustés à Washington depuis deux générations, tous fixés sur un impératif néocolonial: faire du XXIe siècle une ère de profitabilité africano-asiatique.
Les titans de l’übercapitalisme s’étaient jusqu’à Trump protégé derrière les fausses oppositions de l’intersectionnalité qui ne leur coûtaient rien : opposition gauche-droite, divisions culturelles, sexuelles ou raciales, autant de masques pour accroître un contrôle féroce sur les populations du monde, et pour conduire les classes moyennes des pays dits occidentaux à accepter leur prolétarisation ou leur castration en échange de pain et de jeux. Or Trump, sans doute inconsciemment, a directement attaqué ladite oligarchie des titans par ses politiques économiques.
Il faut donc procéder le plus rapidement possible à l’éradication de ce Trumpisme archéofuturiste, représenté par les oracles du soir de Fox News : Tucker Carlson (voir ici son analyse sur l’élection), Sean Hannity (voir ici ses commentaires sur les médias), Laura Ingraham (voir ici sa vision du futur immédiat) ou encore Steve Hilton (l’inventeur du terme « positive populism »). Nous pouvons parier que leurs jours sont comptés sur la chaîne, car en compagnie de la jeune garde des élus républicains idéologiquement acquis, et de Donald Trump Junior, ils représentent le nucleus intellectuel de la Reconquista. Et les trumpistes de préparer « leurs » législatives de 2022, Donald Junior semblant se concentrer sur une possible OPA sur le parti républicain.
Rinçage et dressage
Ceci dans un contexte où le rinçage va succéder au dressage. En effet, sur un fond de géopolitique sanitaire qui a recodifié les comportements des citoyens vis à vis des pouvoirs publics autant que vis-à-vis de leurs congénères, les géants de Davos doivent lancer en janvier 2021 (également mois du lancement officiel de la présidence Biden) leur grande réinitialisation (Great Reset) qui se poursuivra tout au long de l’année. S’agira-t-il alors de déclencher une mise en faillite contrôlée des économies « atlantiques » au bout du rouleau ? Nous sommes enclins à le croire, car toute liquidation ou faillite entraine fatalement « le rinçage des anciens actionnaires », pour reprendre l’expression des gens de capital-risque. Une nouvelle économie apparaitrait ainsi, conduisant en somme à l’engloutissement de l’Atlantide européo-américaine née en 1945.
Le Trumpisme et ses représentants éliminés, les titans de cette super-classe mondiale en état d’ébriété auraient alors toute latitude pour rassembler les actifs tombés en déshérence à la suite de la crise du SARS-Cov‑2, et réaffecter leur capital autant que leur cash dans les nouvelles zones de profitabilité maximale du monde : Asie, Afrique, Chine. Le tout naturellement sous couvert de philanthropie technétronique à l’égard des pays « émergents », charge à ce qui restera des classes moyennes, des épargnants et des retraités européens ou américains de régler le passif de leurs États-croupions en ce nouvel Âge d’Or saturnien.
Biden en hors d’œuvre pour Kamala
Mobilisée sur de si grandioses ambitions, et devant procéder à diverses épurations ou « rinçages », l’équipe présidentielle se devra d’être impitoyable. Biden ne semble pas avoir la pointure. Nous estimons en conséquence qu’il servira de repas à sa Vice-présidente, qui n’est elle-même qu’un avatar de Barack Obama, le venin en plus. Ce serait ainsi Madame Kamala Harris qui deviendrait la directrice de la filiale américaine de la coalition übercapitaliste.
Tel serait le scénario naturellement fictif de la récente reprise du pouvoir par l’establishment. Plausible ? Au lecteur et aux évènements de décider. Mais il reste une inconnue de taille : Trump, dont la popularité augmente depuis l’élection, pourrait très bien faire perdre le Sénat aux républicains. Narcisse en serait bien capable. Nous l’avons dit, deux candidats au Sénat se représentent en janvier. Les électeurs de Trump, furieux des fraudes présumées et de l’absence de soutien de l’establishment républicain, pourraient très bien se mettre en grève. En ce cas le Sénat deviendrait démocrate, le chaos des projets dit « gauchistes » surgissant dans la foulée. Auquel cas le peuple américain découvrirait qu’il avait voté pour un ectoplasme impuissant : Biden.
Trump en Berlusconi ?
Et Trump, imprévisible prince du Chaos et aficionado de la politique du pire, mais aussi expert en division de l’adversaire, pourrait fort bien redevenir Berlusconi via certains médias, enrayant ainsi le processus de son épuration pour ensuite apparaître comme l’homme providentiel aux législatives de 2022 (Il pourrait qui sait s’y présenter pour disposer d’une immunité parlementaire), tirant alors la machine en faveur de son fils, de sa famille, et de son clan pour 2024. Peut-être.
Mais n’oublions pas en conclusion que les auditeurs de Fox News migrent progressivement sur Newsmax, une chaîne internet en forte croissance qui a refusé de concéder l’élection à Biden. Cet organe, que ce soit sur le plan du « business » ou celui de l’idéologie, représente un danger pour les Murdoch. Samedi 6 novembre 2020, trois jours après l’élection, son application gratuite sur Apple Store est ainsi passée de la 1006e place à la 8e. Newsmax, la nouvelle terre promise du Trumpisme ?