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[Rediffusion] Politique migratoire européenne : le CESE prépare un « kit de communication » pour les attachés de presse

31 décembre 2016

Temps de lecture : 6 minutes
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[Rediffusion] Politique migratoire européenne : le CESE prépare un « kit de communication » pour les attachés de presse

Temps de lecture : 6 minutes

[Red­if­fu­sion — arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 02/12/2016]

Le Comité économique et social européen (CESE) organisait les 24 et 25 novembre 2016 un séminaire pour des « attachés de presse de la société civile » destiné à repérer les bonnes pratiques en matière de communication sur le sujet des migrants. Partant du constat que la faible acceptation par les citoyens de la politique migratoire européenne « ouverte » est due à une perception erronée, l’objectif est de la corriger grâce aux relais d’informations en contact avec les médias.

Dans son livre, Assim­i­la­tion : la fin du mod­èle français (édi­tion du Tou­can, 2013), la démo­graphe Michèle Trib­al­at a mis en lumière les ori­en­ta­tions de l’Union européenne en matière de poli­tique migra­toire. À par­tir, notam­ment, des com­mu­ni­ca­tions du Con­seil européen, en par­ti­c­uli­er celles du 19 novem­bre 2004 (com­mu­niqué de presse de la 2618e ses­sion du con­seil, 19 novem­bre 2004, cité par M. Trib­al­at) et de l’Agenda 2011 pour l’intégration des ressor­tis­sants des pays tiers (com­mu­ni­ca­tion de la com­mis­sion européenne du 20 juil­let 2011, citée par M. Trib­al­at), la démo­graphe dédui­sait les pos­tu­lats du Con­seil Européen et de la Com­mis­sion Européenne : l’immigration est inéluctable, elle a un car­ac­tère béné­fique sur l’économie, la cohé­sion sociale et le sen­ti­ment de sécu­rité pourvu que nous sachions la gér­er correctement.

Le rap­port de prévi­sions économiques de la Com­mis­sion Européenne pub­lié le 5 novem­bre 2015 va dans le même sens : l’afflux prévu de 3 mil­lions de migrants d’ici 2017 devrait avoir un impact “faible mais posi­tif” sur la reprise économique.

Mais les opin­ions publiques renâ­clent et de plus en plus d’électeurs por­tent leur voix sur des can­di­dats hos­tiles à l’ouverture de fron­tières. Il importe donc pour le CESE d’agir sur les infor­ma­tions dis­pen­sées aux médias et de par­ticiper ain­si à la for­ma­tion des opin­ions. En pre­mier lieu en sen­si­bil­isant les jour­nal­istes et ceux qui leur four­nissent des infor­ma­tions (Organ­i­sa­tions Non Gou­verne­men­tales, organ­i­sa­tions inter­na­tionales, etc.).

C’est ce con­stat qui est à l’origine du sémi­naire des attachés de presse de la société civile organ­isé à Vienne (Autriche) les 24 et 25 novem­bre 2016, avec pour thème : « com­mu­ni­quer au sujet de la migra­tion », organ­isé par le CESE.

Si le CESE ne représente pas l’Union européenne, étant un organe con­sul­tatif de cette insti­tu­tion, il se veut un « pont entre l’Europe et la société civile organ­isée », comme indiqué sur son site.

Former les communicants

Les par­tic­i­pants à ce sémi­naire sont « des jour­nal­istes, des pro­fes­sion­nels de la com­mu­ni­ca­tion et des experts de la société civile en matière de migra­tion ain­si que des représen­tants d’in­sti­tu­tions européennes et inter­na­tionales exerçant une mis­sion dans ce domaine ».

Le pos­tu­lat est que « les médias ont joué un rôle majeur en dif­fu­sant des infor­ma­tions rel­a­tives à ce que l’on appelle la crise des réfugiés ou crise migra­toire, à tel point que l’opinion publique et les actions poli­tiques elles-mêmes en ont indu­bitable­ment été influ­encées ».

Il faut lire le pro­gramme du sémi­naire et des dif­férents ate­liers pour y trou­ver les con­stats et pré­sup­posés des organisateurs :

« Les mes­sages relat­ifs à la crise migra­toire ont été dif­fusés par des jour­nal­istes, des décideurs poli­tiques, des dirigeants, des per­son­nes actives sur les réseaux soci­aux, voire par la pop­u­la­tion – et par­fois avec beau­coup d’inexactitudes », « Le Brex­it n’est qu’un exem­ple d’un débat fon­da­men­tal qui a été influ­encé par l’opinion publique en ce qui con­cerne la ques­tion migra­toire et ce, à un point tel que nous pour­rions nous pos­er la ques­tion suiv­ante : le résul­tat du référen­dum sur le Brex­it aurait-il été le même sans la ques­tion de la migra­tion ? »

Les électeurs du référen­dum sur le Brex­it auraient donc été influ­encés par des infor­ma­tions anx­iogènes, cap­i­tal­isées par les par­ti­sans vic­to­rieux de la sor­tie de la Grande Bre­tagne de l’Europe.

Formater les opinions

L’objectif du sémi­naire est de « for­muler des con­seils utiles pour une com­mu­ni­ca­tion plus claire et plus ciblée, afin de lut­ter con­tre la polar­i­sa­tion au sein des sociétés européennes et de ren­forcer la sol­i­dar­ité avec les réfugiés, les deman­deurs d’asile et les migrants ain­si qu’entre les États mem­bres de l’UE ».

L’avis du CESE d’avril 2016 sur «  L’in­té­gra­tion des réfugiés dans l’UE » per­met de mieux con­naitre sa posi­tion sur le mou­ve­ment migra­toire actuel : « L’UE et ses États mem­bres sont con­fron­tés actuelle­ment à une arrivée mas­sive de réfugiés en y étant, dans une large mesure, pas pré­parés. Toute­fois, le nom­bre de ces arrivants ne représente qu’une petite par­tie des per­son­nes en déplace­ment dans le monde, et un tel phénomène n’est pas inédit dans l’his­toire récente de l’Eu­rope. Tous les niveaux de gou­verne­ment et de nom­breuses organ­i­sa­tions de la société civile doivent coopér­er pour accueil­lir les réfugiés et garan­tir leur inté­gra­tion une fois que leur statut de pro­tec­tion est accordé.».

L’avis du 11 sep­tem­bre 2014 est plus explicite : « Le CESE con­sid­ère que la nou­velle phase de la poli­tique européenne d’im­mi­gra­tion doit pro­pos­er une vision stratégique à moyen et à long terme. Elle doit veiller, d’une manière générale et glob­ale, à prévoir des canaux d’en­trée réguliers, ouverts et flex­i­bles ».

Dans ce cadre, le recueil de bonnes pra­tiques en matière de com­mu­ni­ca­tion devrait per­me­t­tre de sélec­tion­ner les élé­ments de lan­gage et infor­ma­tions « per­ti­nentes » pour mieux faire accepter l’afflux de migrants que nous con­nais­sons actuellement.

À titre d’exemple, un uni­ver­si­taire anglais par­tic­i­pant au sémi­naire, Rafal Zaborows­ki, a mené une enquête sur le thème « crise migra­toire dans les medias : fab­ri­ca­tion ou reflet de la crise  ? »

À par­tir de l’analyse de jour­naux de 7 pays européens, l’universitaire fait le con­stat que la nar­ra­tion de la crise migra­toire met sou­vent l’accent sur les men­aces sur le ter­ri­toire, les valeurs, l’identité et la sécu­rité. Des infor­ma­tions seraient minorées, comme le con­texte des migrants (his­toire, guerre, géopoli­tique), leur human­ité et ce qu’ils peu­vent apporter à l’Europe.

L’Obs serait-il un précurseur en matière de « bonnes pra­tiques » ? On peut trou­ver sur son site une rubrique dédiée aux migrants, qui mul­ti­plie les exem­ples de par­cours d’intégration réussie, de dif­fi­cultés quo­ti­di­ennes des migrants, etc. Autant de réc­its qui per­me­t­tent l’identification et visent à dévelop­per l’empathie du lecteur. France Inter et France Cul­ture ne sont pas en reste, comme nous l’indiquions dans un précé­dent bil­let.

Nous sommes donc bien loin d’une approche large et con­tex­tu­al­isée, indi­quant les enjeux de toutes natures, sociales, économiques et cul­turelles, pour les pop­u­la­tions d’une Europe, qui compte — faut-il le rap­pel­er — 21,4 mil­lions de chômeurs et 29 mil­lions de tra­vailleurs pauvres.

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