Michel Drucker, l’inoxydable
Michel Drucker a commencé sa carrière de journaliste en 1964, à l’âge de 22 ans. Plus de cinquante ans plus tard, il continue toujours de présenter l’une des émissions préférées des Français, le dimanche après-midi sur France 2. En cinq décennies à la télévision, Michel Drucker a réussi à se construire une image parfaitement lisse de gentil animateur, ami des invités et proche de son public, image entretenue par les multiples biographies qui lui ont été consacrées. En effet, son engagement politique pourtant constant et assumé ou sa proximité avec le pouvoir financier ou étatique, sont rarement évoqués. De même, il n’est jamais fait mention de son exorbitant salaire versé grâce à la redevance des contribuables, ni de l’influente famille Drucker, qui accapare les postes à responsabilité du paysage audiovisuel français (PAF).
« C’est les politiques qui courtisent la télévision. Le vrai pouvoir il est à TF1, il est sur le service public, le pouvoir il est entre les mains qui détiennent l’information, toutes chaînes confondues (…) tout a changé, il n’y a pas un homme politique qui peut se fâcher avec l’information de TF1. » (lien)
« De quoi asseoir son statut de rock star des maisons de retraite », « Michel Drucker élu personnalité préférée des seniors », Voici.fr, 10/04/2015.
« Il est étrange, à la longue, cet acharnement de Michel Drucker à se dépeindre en rescapé. Voilà un gars parvenu au sommet de ce que peut produire la télévision française (longévité, immuabilité, connivence, auto-attendrissement). Voilà un homme qui passe la main dans le dos du Charles de Gaulle, et connaît la moindre coursive de Johnny Hallyday (et l’inverse). Et au fond, il ne s’attache plus, depuis des années, qu’à un seul tableau : son autoportrait en rescapé », « Drucker : autoportrait en rescapé », Arretsurimage.net, 20/12/2012.
« J’ai beaucoup d’amis dans le métier qui ne sont pas indifférents à leurs origines. Jean-Jacques Goldman, Patrick Bruel, Arthur, Michel Boujenah, Gad Elmaleh sont impliqués et proches d’Israël. Ma façon à moi d’être engagé, c’est d’ouvrir mon canapé du dimanche à tous ceux qui ont quelque chose à dire. Il s’y dit beaucoup de choses. Guy Bedos, par exemple, a fait beaucoup plus contre l’antisémitisme que bien des artistes », Michel Drucker, Tribune Juive, n° 23, décembre 2007-janvier 2008.
Michel Drucker est né en septembre 1942 à Vire. « Mon père s’appelait Abraham et ma mère Lola. […] On est des Français de sang mêlé, moi je viens de Roumanie », affirmera-t-il. En effet, ses parents – Abraham Drucker est natif du village de Davideni, en Roumanie, et Lola Schafler (voir biographie), est originaire de Vienne, en Autriche – arrivent en France en 1925 et sont naturalisés français en 1937 : « Ma famille est originaire des Carpates, un terroir situé entre la Roumanie et l’Autriche, plus précisément de Czernowitz, devenue depuis Tchernovtsy, capitale de la Bucovine, qui fut turque avant de devenir autrichienne, puis roumaine, puis russe. Aujourd’hui, cette ancienne ville de l’empire austro-hongrois est en Ukraine. […] Ils sont arrivés en France dans les années 1930. Mes parents ne parlaient pratiquement pas français. Ils parlaient yiddish, roumain et allemand. » (lien).
Bien que de confession juive, le chef de la famille Drucker, Abraham, a souhaité « ardemment que ses fils s’intègrent entièrement à la société française. Il voulait que l’on soit plus Français que les Français ! Contre l’avis de ma mère, il a décidé alors de baptiser ses trois fils. Pour ma mère, notre baptême était un drame puisqu’elle était beaucoup plus sioniste que mon père. Son frère avait émigré en Palestine avant la création de l’état d’Israël. Ma mère trouvait que notre baptême ça faisait désordre pour des Juifs, même si moi et mes frères, Jacques et Jean, n’avons pas été élevés dans la tradition juive. ». Malgré tout, Michel Drucker le dit clairement : « je suis Juif et je le resterai toute ma vie. […] Nous étions Juifs, même si on n’allait pas à la Synagogue, on ne fêtait pas Kippour et on n’a pas été élevés dans la tradition religieuse juive. Je crois que je suis de plus en plus Juif. Pour preuve : j’ai de plus en plus envie d’aller découvrir mes racines identitaires dans la ville où mes parents ont grandi, Czernowitz, en Ukraine. »
La Seconde Guerre mondiale marqua profondément la famille Drucker (voir « Les zones d’ombre d’Abraham Drucker pendant la Seconde Guerre mondiale »). En 1937, Abraham Drucker s’installe comme médecin de campagne dans le département du Calvados, à Saint-Sever-Calvados, puis à Vire, place de la gare. En 1942, il est arrêté suite à une dénonciation et il est fait prisonnier à Compiègne, puis devient médecin-chef du camp de Drancy. Après l’arrestation d’Abraham Drucker, son épouse, enceinte (de Michel), accompagnée de Jean (son fils aîné), se fait contrôler sur le quai de la gare de Rennes par un officier de la Gestapo. Intervient alors un homme qu’elle ne connaît pas, Pierre Le Lay (père de Patrick Le Lay, ancien Pdg de TF1), chargé d’aller la chercher et qui affirme en allemand à l’officier qu’il s’agit de son épouse, lui sauvant ainsi probablement la vie (source : Wikipédia).
Lola et Abraham Drucker ont eu trois fils, dont deux (Jean et Michel) ont occupé d’importantes fonctions au sein du paysage Audiovisuel Français (voir « sa nébuleuse »). Abraham Drucker a par ailleurs eu un quatrième fils, Patrick, avec une maîtresse (lien).
Michel Drucker s’est marié à Las Vegas avec l’actrice Dany Saval (voir biographie) le 28 juillet 1973. Ils n’ont pas eu d’enfant mais ils ont adopté en 1979 une petite réfugiée indochinoise, Yleng (lien) alors âgée de 16 ans, qui est aujourd’hui l’une des principales collaboratrices de la maison de couture Cardin. Par ailleurs, il est le beau-père de Stéfanie Jarre, décoratrice de plateaux de télévision, née d’une union précédente de Dany Saval avec le compositeur Maurice Jarre.