Le classicisme journalistique
Nommé en juillet 2012 directeur de la rédaction du Figaro en remplacement d’Étienne Mougeotte, Alexis Brézet clôt un mandat de cinq ans passés à la tête du Figaro Magazine. Il rejoint à la rentrée 2022 la matinale d’Europe 1 animée par Dimitri Pavlenko, en alternance avec Vincent Tremolet de Villers.
Formation
Alexis Brézet est né le 24 août 1962 à Toulouse, dans une famille bourgeoise de tradition militaire. Il fait son hypokhâgne dans la ville rose, avant d’intégrer Sciences-Po Paris. De l’avis unanime de ses collègues journalistes, Alexis Brézet se distingue par une solide culture historique et un style d’écriture de grande qualité : « clair, serein, de qualité, vif et gai de surcroît », selon François d’Orcival, qui fut son mentor à ses débuts. De nature discrète et polie, il est catholique, marié, père de quatre filles et réside dans un quartier discret du 17e arrondissement de Paris.
Parcours professionnel
Le nouveau directeur de la rédaction du Figaro tire son excellente connaissance des milieux, réseaux et personnalités politiques français d’un parcours exclusivement politique, passée entre le groupe Valmonde et Le Figaro. Il commence en tant que stagiaire au Figaro, où il est repéré par Alain Peyreffite pour la qualité de son écriture. L’Académicien le recommande à François d’Orcival alors directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, qui le fait entrer à Spectacle du Monde en 1987, puis à Valeurs actuelles. Là, il suit pendant plus de dix années les politiques de droite, comme de gauche, pour le service politique dont il devient rédacteur en chef, puis, en 1999, directeur de la rédaction. En 2000, il quitte Valeurs Actuelles en laissant un excellent souvenir à ses anciens journalistes, dont l’un d’eux affirme aujourd’hui que « c’est l’un des meilleurs journalistes que j’ai croisé ». Il devient alors directeur adjoint de la rédaction du Figaro chargé des rubriques Politique et Société, auxquelles s’ajoute la rubrique Science et médecine en 2004. A partir de 2007, sa carrière est indissociable de celle d’Étienne Mougeotte, dont il prendra systématiquement la suite dans ses changements de fonctions successifs : il devient ainsi directeur délégué de la rédaction du Figaro magazine, puis directeur, et enfin directeur de la rédaction du Figaro en juillet 2012.
Le 27 Juillet 2016, une polémique existentielle secoue le landerneau journalistique français pour savoir s’il faut oui ou non divulguer les noms et les photos des terroristes jihadistes. Alexis Brézet précisera ainsi la politique du Figaro : « Il est important de nommer et d’identifier ceux qui nous combattent » « Le nom des terroristes est un élément d’information objectif essentiel pour comprendre ce qui se joue sur notre sol, et notre devoir est de le porter à la connaissance de nos lecteurs ou de nos internautes. Ne pas le faire, ce serait alimenter les fantasmes complotistes de tous ceux qui estiment que les médias « nous cachent la vérité » ».
À l’occasion de la mort de Serge Dassault survenue le 28 mai 2018, il écrira avec Marc Feuillée le directeur général du Figaro : « Serge Dassault portait sur notre groupe et ses collaborateurs un regard chaleureux et attentif. Sa légendaire ténacité, sa conviction que les efforts de long terme payent, dans tous les métiers, nous donnaient une grande confiance dans l’avenir ».
Fin août 2022, à la faveur de la reprise de la station par Vincent Bolloré, il présente un jour sur deux un billet politique sur Europe 1, dans la matinale de Dimitri Pavlenko.
Parcours militant
Alexis Brézet est avant tout un journaliste observateur, plutôt qu’engagé. Ainsi, on ne lui connaît pas d’expérience militante dans un quelconque mouvement, parti ou syndicat comme l’UNI (auprès duquel il n’est même jamais intervenu, à la différence de nombre de ses collègues). Il ne ressent aucun besoin d’exprimer publiquement ses opinions, uniquement son analyse. Si la presse y voit un « journaliste aux convictions de droite assumées » (Challenges, le 13 juillet 2012), elle se fonde avant tout sur sa carrière effectuée exclusivement dans des journaux classés à droite. Malgré sa discrétion, qu’il étend à son entourage professionnel, un de ses anciens journalistes à Valeurs actuelles le définit comme étant de droite « classique » : libéral dans le domaine économique, conservateur sur les sujets de société.
Son attachement aux questions de société et à l’éducation, qui s’exprimait déjà dans Le Figaro magazine, permettra au Figaro de présenter une ligne d’opposition intelligente aux mesures promises dans ce domaine par le gouvernement socialiste, que ce soit sur l’instauration de cours de « morale laïque », ou la légalisation du mariage homosexuel, et de l’euthanasie. Sur ces sujets, Alexis Brézet pourrait également rompre avec la ligne très sarkoziste et pro-UMP entretenue jusqu’ici par le quotidien de Serge Dassault, en introduisant un regard plus critique sur les incertitudes qui règnent encore à l’UMP à ce sujet, affirme un journaliste proche de lui.
Collaborations
Comme Ariane Chemin le révèle dans un portrait paru dans Le Monde (30 juillet 2012) cet ancien journaliste de Valeurs actuelles a signé pendant plusieurs années la dernière et fameuse page de l’hebdomadaire : « La lettre de M. de Rastignac ». Un feuilleton politique balzacien dans lequel il décrit, à la façon de la Comédie humaine et dans un style volontairement suranné, les jeux de pouvoir. Il y donne notamment la part belle aux influences exercées dans l’ombre, que ce soit celle des visiteurs du soir, des conseillers officieux ou des femmes et maîtresses !
Chaque samedi matin, Alexis Brézet livre son analyse de l’actualité politique dans une chronique sur RTL.
Il participe également chaque semaine au grand Jury RTL-LCI-Le Figaro le dimanche soir de 18h30 à 19h30.
Alexis Brézet a coécrit trois ouvrages politiques. « Les grands duels qui ont fait la France : l’art de la guerre politique » paru en 2014 en collaboration avec Jean-Christophe Buisson, « Les grands duels qui ont fait le monde » en 2016 en collaboration avec Vincent Tremolet de Villiers et « Le deuil du pouvoir : les cent derniers jours à l’Élysée » en collaboration avec Solenn de Royer en 2017.
Il l’a dit
Au sujet des alliances entre l’UMP et le FN : « Le seul moyen d’éviter cette tentation, c’est que l’UMP campe bien sa droite. Ceux qui plaident pour son recentrage seront les artisans et les responsables de ces alliances », cité par Ariane Chemin dans Le Monde, le 30 juillet 2012.
« La droite est entre deux positions qui sont impossibles : une majorité de ses électeurs demandent des alliances avec le Front national (…) mais cette situation là est impossible pour la raison complémentaire que si 60 % des électeurs de la droite sont pour, presque 40 % sont contre, et 99,9% des dirigeants sont contre… Et si jamais l’un d’eux commençait à dire cela, la droite exploserait et perdrait les élections. C’est donc une position qui n’est pas tenable (…) L’UMP n’en veut pas, et le FN non plus. L’autre position est de dire : on va voter pour les socialistes… Mais la droite entre dans l’opposition, et pour l’incarner elle commencerait par dire : nous votons socialistes ? Mais ses électeurs vont fuir en masse vers le Front national, en se disant que finalement, la vraie opposition, c’est le Front national ! », sur France 2, dans l’émission « Mots Croisés », entre la présidentielle et les législatives, juin 2012
Sur la polémique née des propos de Claude Guéant sur la supériorité de la civilisation occidentale : « Qu’est-ce qu’on va faire en Lybie ? Qu’est-ce qu’on est allé faire en Afghanistan ? Qu’est-ce qu’on voudrait faire en Syrie ? Qu’est-ce qu’on va faire sinon défendre la supériorité de nos valeurs ? (…) On y va avec un certain nombre de valeurs : de démocratie, de droits de la femme, de l’homme (…) Si nous faisons ça c’est que nous avons le sentiment –à tort ou à raison, on peut en discuter – que nous avons des valeurs de civilisation qui sont supérieures à certaines autres. Et du point de vue des droits de l’Homme, je le pense. », sur LCP, février 2012.
Sur Nicolas Sarkozy : « (Nicolas Sarkozy a) eu le pressentiment en 2007 de cette vague droitière qui touche aujourd’hui l’Europe, mais il a cru, à tort, que le verbe suffirait à l’endiguer », dans Le Figaro magazine, éditorial du 1er avril 2011.
Sur la taxe carbone : « La taxe carbone n’aura aucune influence sur le réchauffement climatique, elle ne diminuera guère notre consommation d’énergie fossile et elle ne rapportera rien à l’État. Mais, alors, à quoi sert-elle ? Disons-le franchement : pour ses instigateurs, de Nicolas Hulot à Daniel Cohn-Bendit, elle a une portée essentiellement symbolique. Il s’agit, en frappant les esprits, de manifester l’avènement d’une humanité nouvelle, consciente des enjeux climatiques et prête enfin à «changer de comportement». C’est une vision religieuse ; comme telle, elle ne saurait être discutée. Pour Nicolas Sarkozy, l’enjeu est un rien plus prosaïque. Ce n’est pas un hasard si le chef de l’État a relancé l’affaire au lendemain des élections européennes marquées par le succès des Verts : en prévision des échéances électorales futures (régionales et surtout présidentielle), le chef de l’État veut annexer la bonne conscience écologiste et détacher l’électorat Vert du Parti socialiste. Quitte à mécontenter durablement ses soutiens traditionnels : électorat populaire, ruraux, familles, personnes âgées ? C’est toute l’inconnue — et le risque — de son calcul politique. », dans Le Figaro magazine, le 5 septembre 2009.
Sur la gestion de l’ « affaire Léonarda » par François Hollande : « Pitoyable habileté destinée à ne mécontenter personne et qui réussit in fine à exaspérer tout le monde. Faible dans ce qu’elle a de fort, mesquine dans ce qu’elle a de généreux, la « décision » du président ajoute l’arbitraire à la faiblesse et le sentimentalisme à l’insensibilité. Injustifiable du point de vue du droit comme de celui de la simple humanité, elle fera date, à n’en pas douter. Au-delà du cas Leonarda, elle révèle et cristallise la faillite politique d’un quinquennat tout juste commencé et qui, noyé d’indécision et d’impuissance au sommet, a déjà comme un air de fin de règne. ». Le Figaro, 20 octobre 2013.
Sur la présidence de François Hollande : « Par quel ahurissant mystère un homme qu’on disait intelligent, subtil — et qui l’est assurément — a‑t-il pu à ce point s’abîmer dans le ridicule et l’incurie d’une présidence sans grandeur ni vision ? Les historiens essaieront peut-être de trancher le point, qui relève plus sûrement des psychologues. La France, elle, a déjà tourné la page. Elle sait bien qu’hier soir François Hollande n’a pas renoncé à briguer un second mandat. En vérité, il n’a jamais été président. » Le Figaro, 2 décembre 2016.
À propos de la politique d’immigration de la France, Alexis Brézet réagissait ainsi à la Une du journal L’Obs du 11 Janvier 2018 : « Dire que la France n’est pas accueillante c’est une blague. […] Ce que pense l’immense majorité des français c’est qu’aujourd’hui la France n’a pas les moyens d’accueillir à la fois des réfugiés politiques bien réels, et il y en a, et d’y ajouter l’immense masse des réfugiés économiques. » FigaroLive, 11 Janvier 2018.
Lors d’une émission politique sur LCI le soir des élections européennes du 26 mai 2019, il désignera Emmanuel Macron comme le grand gagnant de ces élections, lui qui aura créé les conditions favorables à un duel entre le parti de Marine Le Pen et son parti La République En Marche. « La victoire stratégique c’est celle de Macron. Pour lui, l’objectif c’est d’être face à Marine Le Pen. Aujourd’hui finalement entre lui et Marine Le Pen il n’y a plus personne. » « Macron a pris un risque mais ce risque est couronné par un succès. » FigaroLive, 26 mai 2019.
Il l’a fait
Le 1er septembre 2012, Le Figaro publie une interview de l’ancien directeur de la sûreté générale libanaise, Jamil Sayyed, sur le conflit syrien intitulée : «Sayyed : l’écroulement de la Syrie serait catastrophique ».
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