Alexis les (pas toujours) bons tuyaux
Né le 9 avril 1990, Alexis Orsini traque les désinformateurs tous azimuts pour 20 Minutes. Il se distingue régulièrement par son manque de scrupules dans la vérification des faits et sa célérité à pointer du doigt l’extrême-droite, comme nombre de ses confrères. Après avoir entamé, puis abandonné, des études de droit, il se réoriente en licence de lettres. Il est diplômé de l’École de Journalisme de Grenoble.
En 2005, il crée « La Base Secrète », un fansite (décalque numérique de fanzine) dédié à la culture manga, et plus particulièrement à 20th Century Boys de Naoki Urasawa. Il alimentera sous le pseudonyme de Drucci pendant dix ans. Cette passion à toute épreuve pour les mangas aboutira sept ans plus tard à la publication d’une monographie consacrée au dessinateur et scénariste Naoki Urasawa.
Au cours de sa formation à l’EDGJ, il signe dans le journal des étudiants de l’école des articles consacrés aux migrants ou à la stigmatisation des musulmans suite aux attentats de 2015. Au cours de sa formation, il est stagiaire dans les rédactions du Parisien de l’Obs, ou encore de Corse Matin. A sa sortie d’école, il officie entre juin et août 2016 au sein du service Pixels (couvrant notamment l’actualité du secteur de la tech) du Monde. Fort de cette expérience, il est nommé rédacteur en chef de Numérama en novembre 2016, fonction qu’il occupera jusqu’en février 2018. Il sévit depuis lors au sein de la rubrique anti fake-news, dite « Fake Off », du quotidien gratuit 20 minutes. Cette rubrique a vu le jour en 2017 à l’initiative de Facebook, qui avait mis en œuvre des partenariats avec huit médias français, dont 20 minutes. Dès fin 2017, la rubrique obtient la certification de l’International Fact Checking Network, émanation de l’Institut Poynter basé en Floride, et dont George Soros est un généreux donateur. Cette collaboration a été approfondie par la suite, notamment avec le lancement du format vidéo « Oh my Fake ! » en 2019, développé en collaboration avec l’application Snapchat, propriété de Facebook.
À partir de la rentrée académique 2020, il est intervenant professionnel dans le cadre du cours « Enjeux du Monde contemporain » proposé dans le cadre de la licence Lettres-Sciences Humaines proposé à l’Université Paris Diderot depuis 2020. La brochure précise que « ce cours a pour objectif d’approfondir la connaissance des médias (leur histoire, leurs techniques, leurs questionnements), et d’apprendre à en faire un usage critique (recherche documentaire, vérification des sources, recoupement de l’information). La compréhension en profondeur des faits et des évènements de l’actualité est, en effet, rendue si complexe par leur multiplicité et leur précipitation qu’il est nécessaire d’en acquérir une méthode de lecture. »
Rétropédalage bénallesque
En pleine affaire Benalla, les rumeurs vont bon train concernant l’identité réelle du mystérieux protégé du président. Une d’entre elles voudrait que l’homme s’appelle en réalité Lahcene Benalia, ce qui sera démenti par la suite. Une autre, publiée par Le Parisien et relayée par Fdesouche, voudrait que l’homme ait fait franciser son prénom. Là où le bât blesse, c’est qu’Alexis Orsini, pressé d’évacuer toutes les divagations prétendument d’extrême-droite, jette le bébé avec l’eau du bain. Le fait même de douter de la véracité de l’identité de ce personnage interlope est suspect aux yeux des journalistes. Pourtant, une des rumeurs finira par prendre corps deux mois plus tard lorsque BFM livrera les fruits de son enquête : le prénom de Benalla, à l’origine Maroine, a bien été modifié à la demande de sa mère lorsque celui avait trois ans et demi afin que son père violent ne puisse aisément retrouver sa trace.
Suite à ces révélations, l’article est surmonté d’une rectification en gras qui précise bien que l’objet de l’article était uniquement de démonter la première rumeur, la rumeur « Lahcene Benalia ». Mais la ficelle est trop grosse. A cette occasion, le détective trop pressé est renvoyé à ses chères études sur ce même site. Mais, loin de prendre du recul, Orsini récidive deux ans plus tard.
À malin, malin et demi : Orsini vs. Raufer
Le criminologue, aussi à son aise sur les plateaux de télévision que dans les médias de réinformation, est une cible privilégiée des journalistes. Ces derniers rêveraient de réduire au silence cette voix qui tranche avec les discours lénifiants servis d’ordinaire dès qu’il est question de sécurité et de délinquance. Après la tentative de flingage de Marine Turchi, Alexis Orsini souhaite à son tour accrocher Raufer à son tableau de chasse. Contestant les propos exprimés par Xavier Raufer sur LCI selon lesquels « la France avait cessé de transmettre les chiffres des cambriolages en France à Interpol Europol parce qu’ils sont affreux », il consacre un article à la dénégation de cette affirmation, arguant non seulement que les chiffres des cambriolages sont accessibles sur le site du gouvernement, mais qu’il n’existerait pas de mécanisme obligatoire de partage de données criminelles entre les Etats membres de l’Union européenne.
Raufer remet les pendules à l’heure dans Atlantico à l’aide de graphiques et de tableaux qui ne laissent aucune place au doute. Il rappelle tout d’abord que le ministère de l’Intérieur ne publie que les statistiques se rapportant aux cambriolages de logements privés, celles-ci « camouflant le reste (effractions de locaux commerciaux, industriels, agricoles et officiels, mairies, etc.), soit de 35 à 40 % du total réel — plus lors du confinement — honte unique parmi tous les voisins de la France ». Puis, captures d’écran à l’appui, il prouve bien que la France a délibérément omis de transmettre les chiffres des cambriolages à Eurostat, sous-traitant des données utilisées par Europol (alors qu’Orsini semblait confondre les deux entités). Tel est pris qui croyait prendre.
Publications
- Naomi Urasawa : L’air du temps, Les moutons électriques, 2012
- Harrison Ford : l’acteur qui ne voulait pas être une star, Dunod, 2017
Sa nébuleuse
- Anne Kerloc’h, rédactrice en chef de 20 Minutes
- Claire Planchard, rédactrice en chef adjointe en charge de l’actualité et de la culture
- Clément Giuliano, chef de service « actualités »
- Mathilde Cousin, journaliste référente au sein de la cellule « Fake Off »
Collaborations
En janvier 2019, Alexis Orsini intervient lors de rencontres chapeautées par l’association « La Chance, pour la diversité dans les médias » réunissant des étudiants en classe préparatoire aux écoles de journalisme et des professionnels de la profession. L’association, via des journalistes bénévoles, dispense une formation gratuite pour préparer des jeunes « défavorisés », comprenez de la « diversité », aux concours des principales écoles de journalistes. Elle bénéficie de relais importants dans les grandes rédactions parisiennes et garantit par là une insertion professionnelle certaine aux poulains (boursiers) qu’elle accompagne chaque année. Parmi ses parrains, on compte Ruth Elkrief, Christophe Barbier, Hervé Béroud ou encore Edwy Plenel.
Il l’a dit
« Pour l’instant, j’attends de voir comment le livre est reçu par le milieu spécialisé, si Urasawa réagit (on lui fait traduire l’essentiel de l’ouvrage en japonais en ce moment même), ce qu’en pensent les fans de l’auteur et de manga en général, avant de me lancer dans un autre projet. J’espère en tout cas que ce projet là permettra de m’ouvrir des portes ou m’incitera à continuer en ce sens car cette expérience (la rédaction du livre, le travail de recherche et de réflexion, la réception par le public…) est vraiment géniale : ce serait un plaisir de m’y remettre mais pour cela il me faut d’abord trouver un sujet qui me captive autant. », Paoru, 26 juin 2012.
« Certains sites d’extrême droite, visiblement prudents vis-à-vis de la rumeur Alexandre Benalla/Lahcene Benahlia, ont ainsi uniquement repris les informations du Parisien – à l’instar de Fdesouche, qui titre avec le conditionnel de rigueur : “ Alexandre Benalla : originaire du Maroc, il aurait modifié son prénom pour le franciser ” », 20 Minutes, 23/07/2018
« Les chiffres des cambriolages sont enfin loin d’être dissimulés au public puisqu’ils sont accessibles, au même titre que tous les autres crimes et délits enregistrés par les forces de l’ordre depuis 1996, sur le site en open data du gouvernement », 20 Minutes,10/09/2020
Ils l’ont dit
« Raufer, quel menteur ! Suggère M. Alexis Orsini, dans un article que publie 20 Minutes le 10 septembre. Menteur vraiment ? Si M. Orsini avait daigné m’appeler (mon téléphone traîne dans toutes les rédactions, y compris 20 Minutes d’où ses collègues m’ont déjà joint) ; ou m’envoyer un mail, je l’aurais rassuré sur ma probité intellectuelle. Or non, le péremptoire M. Orsini a agi en dépit de toutes les règles journalistiques », Xavier Raufer, Atlantico, septembre 2020.