Arlette Chabot et le journalisme : les noces d’émeraude
« Arlette Chabot appartient à un clan particulièrement nuisible dans le métier : les inamovibles », Jean-Luc Mélenchon.
Arlette Chabot, cette grande timide décrite par ses collaborateurs comme autoritaire et parfois cassante, est née en juillet 1951 à Chartres (Eure-et-Loir). Indéboulonnable journaliste du Paysage Audiovisuel Français (PAF), elle a commencé sa carrière sous Pompidou il y a quarante ans et fait partie, comme quelques autres « vieux de la vieille » du patrimoine journalistique national. Certains l’accusent d’être ennuyeuse, lèche-bottes et soumise au pouvoir. D’autres voient en elle une grande professionnelle qui a su mener sa barque à bon port. Elle est la fille d’un industriel de la soudure.
Formation
Fille unique, Arlette Chabot a effectué une partie de sa scolarité chez les sœurs dominicaines de Nogent-sur-Marne. Elle est titulaire d’un baccalauréat.
Parcours professionnel
En 1973, Arlette Chabot débute à 22 ans comme stagiaire à la rédaction d’Inter TV comme reporter. Ce service de l’ORTF, rattaché au ministère français des Affaires étrangères, était spécialisé dans la réalisation de reportages à destination de la coopération internationale, notamment vers l’Afrique. Après quelques mois, elle entre à France Inter.
De 1974 à 1984 : Ayant brillamment couvert une grève à Rungis, elle est promue chef adjoint du service politique de France Inter par Michèle Cotta et devient présentatrice des journaux du matin.
De 1984 à 1990 : Elle quitte France Inter en 1984 pour la rédaction de TF1. Elle est chef adjoint, puis chef du service politique (1984–1989), avant de devenir grand reporter (1989-juillet 1990).
1990 à 1992 : Elle est alors nommée rédactrice en chef du service politique et économique à la rédaction nationale de FR3.
1992 à 2011 : Elle est mutée au même poste à la rédaction de France 2 en 1992, où elle sera successivement rédactrice en chef du service France (politique, intérieure, économie, social) de septembre 1992 à septembre 1997, puis directrice adjointe de l’information de France 2, en charge de la rédaction (février 1994-juillet 1996), tout en étant parallèlement co-présentatrice avec Benoît Duquesne et Albert du Roy du magazine mensuel « La France en direct » sur France 2 (janvier 1995-juillet 1997). Directrice adjointe de la rédaction de France 2, en charge de la rédaction puis de la politique éditoriale (juillet 1996–1998), secondant Jean-Luc Mano, alors directeur de l’information de France 2, elle co-présente avec Alain Duhamel, le magazine mensuel « Franchement », de septembre 1996 à juin 1997. À cette date, elle prend en charge le magazine mensuel puis bimensuel (à partir de septembre 1999), « Mots croisés », toujours sur France 2, qu’elle co-présente avec Alain Duhamel jusqu’en septembre 2001.
Le 2 mai 2007, Arlette Chabot co-présente avec Patrick Poivre d’Arvor le débat télévisé du second tour de l’élection présidentielle entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
Elle a été directrice déléguée de l’information sur France 2 de 2004 à 2010. Elle est démise de ses fonctions lorsque Rémy Pfimlin est nommé président de France Télévisions par Nicolas Sarkozy et que Pierre-Henri Arnstam devient directeur de l’information. Elle présente sa dernière émission de télévision avec « À vous de juger », le 7 avril 2011.
En février 2011, elle est nommée directrice de l’information d’Europe 1 et anime également l’interview politique dans « Europe 1 Soir » vers 18h40 et tous les mercredis « Expliquez-vous ». Elle rejoint en septembre 2014 l’équipe des «Grandes Voix» d’Europe 1, aux côtés notamment des éditorialistes Michèle Cotta, Charles Villeneuve, Robert Namias ou Gérard Carreyrou. Par ailleurs, elle cesse d’animer les deux émissions « C’est arrivé cette semaine » et « C’est arrivé demain », le samedi et le dimanche à 9 heures sur cette antenne, à la faveur de David Abiker.
La journaliste anime une émission de débat politique sur LCI, qu’elle a rejoint en 2013 et dispense un édito politique au cours de la matinale de Sud Radio depuis 2018.
Parcours militant
Non renseigné.
Ce qu’elle gagne
Non renseigné.
Publications
La Tunisie : la démocratie en terre d’islam (livre d’entretien avec le président tunisien Beji Caïd Essebsi), Paris, Plon, 2016
Collaborations
Avril 2018 : Répond aux questions des étudiants de l’école de commerce parisienne ISG.
Juillet 2017 : Officier de la Légion d’honneur
Janvier 2013 : Invitée lors la première cérémonie de remise du prix Françoise Giroud.
Décembre 2012 : Présidente du jury du Prix du Trombinoscope
Novembre 2012 : Animatrice du débat « Mariage et homoparentalité : quels enjeux ? » organisé par l’Institut Universitaire Elie Wiesel et le Collège des Bernardins avec : Christophe Girard, maire du 4ème arrondissement de Paris, Conseiller Régional d’Ile- de-France ; Elisabeth Roudinesco, psychanalyste et historienne de la psychanalyse ; Yeshaya Dalsace, Rabbin de la communauté Dor Vador à Paris ; Michel de Virville, Directeur du Collège des Bernardins.
Juillet 2012 : Journaliste modérateur lors des « Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence ».
Décembre 2010 : Elle participe avec Jean-Michel Ribes aux « États généraux de l’emploi des jeunes en Europe » organisés par Rachida Dati. Deux jours plus tard, elle reçoit Rachida Dati à la télévision pour un débat avec Marine Le Pen.
Mars 2010 : Elle participe au dîner annuel de l’association SOS Racisme.
En octobre 2008, elle reçoit, en même temps que Jean-Michel Apathie, le Prix Roland Dorgelès, décerné aux journalistes qui « contribuent au rayonnement de la langue française ». La distinction lui est remise par Éliane Victor.
Avril 2004 : Arlette Chabot est élevée par Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la communication, au grade de chevalier de la Légion d’honneur.
2004 : Membre du jury du livre politique 2004.
2003 : Gagnante du trophée « Whirlpool “Communication” »
1996 : Alors directrice adjointe de l’information de France 2, elle a animé un débat avec le président de France Télécom. Un an plus tard, elle s’explique dans un communiqué : « il ne s’agit ni d’un faux journal, ni d’une fausse émission, ni d’un film, ni évidemment d’une démarche à caractère publicitaire, ni d’une intervention en faveur de la privatisation (…) Cette intervention est la seule que j’ai faite. »
Elle l’a dit
« Le départ inattendu et précipité d’un certain Gérard Collomb du ministère de l’intérieur, qui crée un beau désordre? Le président s’y résoud, accepte et salue le choix personnel de Gérard Collomb qui préfère retrouver sa ville et sa mairie. Franchement très compréhensif à l’égard de Gérard Collomb, silence là aussi sur les critiques et les remarques désagréables sur l’arrogance du pouvoir. Bref, avec Emmanuel Macron en politique, ça glisse. Les ministres virés partent sans bruit. Personne ne se souvient que Laura Flessel ou Françoise Nyssen sont partis. Les députés qui quittent le groupe majoritaire: pas de commentaire, pas de clash, pas d’amertume exprimée. Les nominations au gouvernement sont totalement banalisées. Elisabeth Borne? 23h30, on apprend qu’elle remplace François de Rugy en pleine tempête. Bref, tout ceci doit de passer dans le calme, Emmanuel Macron a décidé de faire de tous les événements politiques des non-évènements. Banalisation, indifférence feinte: Jupiter tout puissant, volontaire, qui clame ses intentions, sait aussi être un grand anesthésiste, avec un grand débat pour endormir la colère des jaunes et apaiser les Français. », Sud Radio, 4 septembre 2019.
« Être une femme ne m’a jamais arrêtée dans mon métier. Mais je constate que, dès qu’on monte dans la hiérarchie, les femmes sont dramatiquement absentes des organigrammes. Elles s’autocensurent trop, elles se demandent sans cesse si elles sont capables, alors que les hommes ne se posent jamais la question. Elles ont peur de tout sacrifier, mais les temps ont changé. Quand j’étais jeune, s’éloigner quelques mois d’une rédaction pour faire un bébé signifiait qu’on tirait un trait sur sa carrière. C’était «Marche ou crève » ! Résultat, je ne suis pas mariée et je n’ai pas d’enfants… Heureusement, ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui. », Elle, mars 2011.
« Je ne suis pas là pour être populaire, mais pour l’intérêt général. Les gens ne supportent pas qu’on leur dise la réalité. Moi, j’ai vite vu que danser au Crazy Horse, ce ne serait pas possible. Moi je n’étais pas blonde aux yeux bleus. On m’a bien fait comprendre, à une période, qu’avec ma tronche, j’avais peu de chance de présenter une émission. Quand on n’est pas ravissante à 25 ans, on paraît moins moche à 50 ! » « Arlette Chabot, ne nous payons pas sa tête », La Parisienne, 26 février 2010
« En France, la presse est toujours soupçonnée de connivence avec le pouvoir. Ce métier n’est pas mieux considéré, dans l’estime de nos compatriotes, que les flics et les putes. Je n’ai pas à me plaindre, les gens sont plutôt sympas avec moi. Mais quand on demande aux Français leurs professions préférées, il y a d’abord les enseignants, les médecins, les chercheurs, puis, très bas, les journalistes. », Standard, 9 décembre 2010.
« C’est la culture banlieue qui entre dans le débat politique. Tous les coups sont permis », « Échange d’insultes entre Daniel Cohn-Bendit et François Bayrou », Le Point, 4 juin 2009
« Les alternances politiques ont permis de beaucoup relâcher les pressions. Ce qui a changé, c’est qu’il n’y a plus beaucoup de grands débats idéologiques, de batailles d’idées. L’économie s’impose davantage de cadres, et l’Europe réduit les marges de manœuvre. Les politiques décident néanmoins de la vie des autres, même si ce sont les acteurs économiques qui tiennent les ficelles. C’est pour cela qu’il est important de savoir ce que les hommes politiques pensent. L’important, c’est de savoir ce qu’au fond peut être la politique monétaire, pas d’apprendre à qui Nicolas Sarkozy a fait un sourire aujourd’hui. Ces dernières années, les hommes politiques ont évolué, les journalistes aussi. Ils sont un peu formatés de la même façon, surtout à Paris. Il y a quelques années, les politiques venaient d’horizons beaucoup plus variés. On ne voit personne aujourd’hui qui incarne la classe ouvrière. Il n’y a pas de remplaçant à Marcel Debarge. Mais il n’y a pas non plus beaucoup de fils d’ouvriers ou de paysans qui deviennent journalistes. » « Arlette Chabot : “Sortir du bocal” », Sud-Ouest, 10 novembre 2010
« Méfiez vous de la théorie du complot. L’idée que les médias traditionnels vous cacheraient la vérité. C’est vrai grâce à Internet aucune information ne pourra être dissimulée, mais un jour vous apprendrez que vous avez été manipulé, trompé » « Médias: quand la pensée unique s’en prend à la pensée unique », Marianne, 9 février 2010
« “[Les femmes] ont peur de tout sacrifier, mais les temps ont changé. Quand j’étais jeune, s’éloigner quelques mois d’une rédaction pour faire un bébé signifiait qu’on tirait un trait sur sa carrière. C’était “Marche ou crève” ! Résultat, je ne me suis pas mariée et je n’ai pas d’enfants… Heureusement, ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui. » « Arlette Chabot : La journaliste dévoile pourquoi elle ne s’est jamais mariée… », PurePeople.com, 1er avril 2009
« J’ai pris connaissance du communiqué émanant du CRIF concernant le commentaire du voyage du président Bush en Israël diffusé dans le journal de 20 heures du mercredi 9 janvier. Vous retenez la formule du journaliste qualifiant “de dérapage de langage” la phrase du président américain parlant de la “sécurité d’Israël en tant qu’Etat Juif”. La formulation journalistique aurait dû être différente de manière à ce qu’il soit clairement établi que cette critique avait été exprimée par des responsables palestiniens. Notre journaliste Philippe Rochot est un journaliste très expérimenté. Ce jour-là exceptionnellement il a été maladroit mais en aucun cas il n’a voulu être malhonnête. Pour éviter tout malentendu je vous présente nos excuses, vos remarques ayant été comprises et acceptées. » « Affaire Rochot : Chabot présente ses excuses à Prasquier », Crif.org, 14 janvier 2008
« Un sentiment totalement fou tend à se répandre selon lequel les vraies informations seraient diffusées sur le Web tandis que les médias traditionnels cacheraient des vérités ! C’est faux et injurieux pour tous les journalistes. Quand des images créent un buzz sur Internet, nous ne pouvons nous contenter de les reprendre sans connaître leur origine. Sur “l’affaire Hortefeux”, nous ne pouvions diffuser la séquence sans la version du ministre, sans enquêter sur les conditions du tournage. Nous avons aussi contacté le militant interpellé et les témoins de la scène. Au-delà de cet épisode, la mise en ligne d’images dont on ne connaît pas la traçabilité nous pose problème. Nous ne pouvons ni prendre le risque d’être manipulés ni celui de rater une information », « Arlette Chabot : «Le 20 heures n’est pas mort», Le Figaro, 7 octobre 2009
« Je vous demande de ne pas considérer ce reportage comme une nouvelle manifestation de l’arrogance franco-française mais plutôt comme une insuffisance professionnelle. La frontière entre paradis fiscal, blanchiment d’argent et secret bancaire n’était pas vraiment établie. La mise en image était facile, voire de mauvais goût » « Arlette Chabot enfonce les journalistes de France 2 », Le Nouvel Observateur, 22 octobre 2008
« On est un service public qui donne le parole à tous les partis et respecte le pluralisme », « Chabot à Gollnisch : «La télévision n’a pas à tenir compte des débats internes aux partis», Libération, 10 décembre 2010
« En résumé, j’ose le dire, tout cela est antidémocratique [la règle de l’équité des temps de parole] ! Les journalistes sont des gens responsables. Si on nous laisse faire, on fera parler tous ceux qui vont jouer un rôle dans cette campagne. Et je pense, en effet, que les candidats qui ont zéro pour cent d’intentions de vote dans les sondages ne peuvent pas avoir le même traitement que ceux qui pèsent dans la campagne », « Arlette Chabot : “Le système des temps de parole est antidémocratique” », Le Point, 6 février 2012
« J’ai été très bien traitée. Manifestement, j’avais fait des choses qui avaient déplu au groupe Bouygues. On m’a très bien payée et mise dans un placard doré. J’avais envie de faire mon métier, j’ai quitté TF1 pour France 3 », « Faut-il sauver le soldat Arlette Chabot ? », Le Point, 6 juillet 2010
« Je suis très timide. Avant quarante ans, je n’ai jamais pu rentrer dans un magasin pour m’acheter une paire de chaussures seule. Aujourd’hui je le fais, mais je suis mal à l’aise. Il y a encore des endroits où je n’ose pas entrer », « Arlette Chabot », Le nouvel Economiste, n°1269.
Sa nébuleuse
Membre du Club Le Siècle, fondé en 1944 et réunissant, depuis plus de 60 ans, la quasi-totalité du pouvoir politique, économique, financier, culturel et médiatique français. Soit environ 600 personnes qui concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir. Tout gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, a du tiers à la moitié de ses membres qui y appartient (Emmanuel Ratier, Au cœur du pouvoir). D’autres journalistes participent à ces dîners mensuels comme Laurent Joffrin, David Pujadas (France 2), Michel Field (Europe 1), Patrick de Carolis, Alain-Gérard Slama (Le Figaro, France Culture), Claude Imbert (Le Point), Franz-Olivier Giesbert (Le Point, France 2), Emmanuel Chain, Pierre Assouline, etc.
Ils ont dit
« À l’intérieur, Arlette Chabot est très bien [chef du service politique], ne surtout pas la mettre dans un placard car elle retournerai [sic] à TF1. » Extrait d’une note secrète du cabinet d’Edouard Balladur, alors Premier ministre, datant de 1993
« Chaque apparition d’Arlette Chabot sur France 2 dégage de l’ennui à flots si continus qu’elle finira bien par plonger quelques-uns de ses malheureux téléspectateurs dans une neurasthénie suicidaire. Jeudi 30 novembre, la Madone du Monotone “reçoit” Nicolas Sarkozy à l’heure convenue de son office », « Sarko “chez” la Madone du Monotone », Bakchich, 06 décembre 2006
Arlette Chabot : « Quoi qu’il arrive, vous irez jusqu’au bout dans cette campagne présidentielle, monsieur Chirac ? Vous n’avez pas l’intention de renoncer ? »
Jacques Chirac : « Vous parlez sérieusement ou vous faites de l’humour ? Arlette Chabot, soyons sérieux, je vous en prie… », La Parisienne, 26 février 2010
Arlette Chabot raconte sa “question qui tue” à Chirac en 1995 à @julienmielcarek http://t.co/WkFri5QOJM pic.twitter.com/fRCnLT0gGW
— BFMTV (@BFMTV) 4 Août 2015
« En revanche, il était intarissable sur “l’ineptie” des journalistes et leur “manque de culture”. Les noms de Laurent Ruquier, Arlette Chabot et Patrick Sébastien ont été prononcés, et opposés à la sagesse d’un François-Henri de Virieu qui a bercé les soirées télé du Président dans les années 1970. Pauvre Arlette ! Quand on pense aux efforts qu’elle a faits pour lui durant la campagne, on a de la peine pour elle. S’il les a dénoncés devant un parterre de convives aussi bavards (il y avait aussi plusieurs conseillers, comme Catherine Pégard, Henri Guaino et Georges-Marc Benamou) c’est sans doute que le président souhaitait que le message fût transmis à qui de droit. Voilà qui est fait. » « Sarkozy : Chabot ? Elle est nulle! » Marianne.net, 06/12/2007.
« L’expérience, la compétence et l’indépendance d’Arlette Chabot s’inscrivent naturellement dans le projet d’accroître encore la crédibilité de l’information d’Europe 1. Arlette Chabot s’appuiera sur une rédaction qui a démontré ses compétences et sa réactivité », Denis Olivennes, PDG d’Europe 1, Sud-Ouest, 16 février 2011
« Elle [Arlette Chabot] était comme une boule dans un flipper », Jean-Luc Mélenchon dans l’émission « Les Grandes Gueules », RMC, 05 juin 2009
« Un peu comme un tsunami, une colère de Nicolas Sarkozy contre Arlette Chabot est survenue, mercredi, dans les coulisses de l’interview présidentielle, d’après plusieurs témoins présents à New York. La directrice de l’information de France 2 a subi de la part du chef de l’État une “humiliation d’un quart d’heure”. (…) Manifestement “à cran”, Nicolas Sarkozy part aussitôt en flèche. Il se plaint de l’absence… de “vraies émissions politiques” sur le service public, regrettant feue « L’Heure de vérité » de François-Henri de Virieu. » « La colère noire de Sarkozy contre Chabot », Le Point, 24 septembre 2009.
« Samedi on a trinqué. La saison politique commence par une vive satisfaction. Une nouvelle accueillie par mon équipe d’amis et collaborateurs avec des éclats de rire et une tournée générale : Arlette Chabot ne peut plus nous nuire. Il parait que d’aucuns s’apprêtent à nous la repeindre en martyr ! Trop drôle ! Ce passe-plat de la droite qui a mis en scène le débat pourri sur l’identité nationale ! Cette récitante du oui ! oui ! oui ! mille fois oui ! à la Constitution européenne ? Cette organisatrice caricaturale des débats pugilats, des plateaux surchargés où il faut jouer des coudes pour glisser trois mots entre ses admonestations maternalistes, ses grands airs et ses grimaces à l‘antenne pendant que les autres parlent ! Sans oublier sa brutalité et sa grossièreté avec les gens qu’elle avait dans le nez. Car je ne m’étends pas sur les méthodes quelle m’a appliquées mais j’en rappelle les moments forts : cinq “télé-matin” annulés en dernière minute, ma séquestration pendant une soirée électorale. J’en ai encore la chair de poule. Ouf, c’est fini ! Il fait beau, il n’y a plus Chabot ! Bon débarras ! Ceux qui, à gauche, la plaignent ou se la jouent en défenseurs de je ne sais quelle liberté sont des hypocrites. Ou des commensaux. Sa destitution n’a aucune signification politique. Cette femme appartient au sérail et elle est victime d’une passe d’arme entre gens du même bord. Elle appartient de surcroit à un clan particulièrement nuisible dans le métier, les inamovibles. Perclus de copinages multiples et d’amnisties mutuelles, de services réciproques et d’arrangements à géométrie politique variable, ils sont quelques uns de cet acabit qui obstruent les pores de maintes rédactions. » « Il fait beau, il n’y a plus Chabot ! » jean-luc-melenchon.fr, 24 août 2010
« Pour l’ancien journaliste de France 2 [Bruno-Roger Petit, ndlr], Nicolas Sarkozy détesterait en silence Arlette depuis la victoire de Jacques Chirac en 1995. Son tort ? Avoir trahi les ex-balladuriens en sauvant sa tête après la campagne, grâce à son amitié avec Catherine Colonna, la porte-parole de l’Élysée durant neuf ans nous l’ère Chirac. Pour Nicolas Sarkozy, qui a subi une longue traversée du désert (1995–2002), ce détail peut avoir son importance… », Marc Endelweld, France Télévisions Off the Record : Histoires secrètes d’une télé publique.
« Que M. Besson, Mme Le Pen et Mme Chabot restent entre eux », Vincent Peillon (PS) dans « Identité : Peillon refuse le débat sur F2 », Le Figaro, 14 janvier 2010
« En pleine actualité sur le CPE, j’ai reçu le président de l’Unef, Bruno Julliard, dans mon émission, et je lui ai demandé ce qu’il pensait du fait que Béatrice Schönberg soit la compagne d’un ministre en exercice. Deux heures après la fin du tournage de l’émission, j’ai reçu un appel d’Arlette Chabot sur mon portable, hurlant qu’elle trouvait ma question dégueulasse. Le ton n’était pas agréable, mais on a le droit de téléphoner à quelqu’un pour l’engueuler. Par contre, cet appel signifiait qu’elle avait vu l’émission avant sa diffusion. Et ça, ce n’était pas bien », « Daniel Schneidermann : Je peux être dur, c’est mon tempérament », La Revue Médias, n°22
« Les obsèques de Jean-Luc Lagardère mobilisèrent un aréopage plus impressionnant encore que celui qui avait salué la dépouille de Francis Bouygues dix ans plus tôt. Retenu par le déclenchement de la guerre d’Irak, le président de la République ne put se rendre à la cérémonie, mais, outre le Premier ministre, cinq anciens Premiers ministres, les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Défense, de l’Éducation, du Budget, de la Culture, la moitié des patrons du CAC 40 et le président du Medef étaient venus. La nomenklatura des médias tenait son rang elle aussi : Dominique Baudis, le président du CSA, côtoyait Arlette Chabot, Jean-Pierre Elkabbach, Michel Drucker, Claire Chazal, Guillaume Durand, etc. Éditeur chez Grasset (groupe Hachette), Bernard-Henri Lévy prononça l’hommage final », Les nouveaux chiens de garde, Nouvelle édition actualisée et augmentée (2005), Serge Halimi.
Crédit phto : DR