Du Canard Enchaîné à Jean-Luc Mélenchon
Née en 1975 à Paris, Aude Rossigneux est l’une des deux filles (avec Élise) de Louis-Marie Horeau et de Brigitte Rossigneux, tous deux journalistes au Canard enchaîné. Son père est rédacteur en chef de cet hebdomadaire depuis 2012. Passionnée par le jazz – comme son frère Thomas Horeau, qui en a fait sa thèse – et de politique intérieure, elle a écumé la presse mainstream et la télé du service public avant de tenter l’aventure d’une chaîne « indépendante »… enchaînée au bon plaisir de Jean-Luc Mélenchon, puis finir par en être dégagée avec « brutalité » selon elle quelques mois après.
Formation
Elle est diplômée du CFJ en 1998 avec une pré-spécialisation TV après une licence d’histoire à la Sorbonne (1992–1996).
Parcours professionnel
Elle commence par piger pour Télérama, M6, Arte, Science et Vie Junior. Puis elle travaille successivement à France-Soir (septembre 1999 à juin 2001, au service politique, chargée des municipales), CAPA (août 2001 à février 2002, au service politique), Le Point (février 2002 à juin 2004, au service politique, en charge de la droite et du centre), L’Express (octobre 2004 à novembre 2005, au service politique, chargée de la gauche).
Enfin elle rejoint Yves Calvi chez France 2 pour l’émission Mots croisés de 2005 à 2008.
Fin 2008, elle devient rédactrice en chef du magazine Ripostes, présenté par Serge Moati sur France 5.
En mars 2010 elle publie Confessions d’une taupe à Pôle emploi, une enquête sur le système d’assurance chômage en France, coécrite avec Gaël Guiselin et parue chez Calmann-Lévy. Son livre est sélectionné pour le prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail, décerné par Le Toit Citoyen, dans la catégorie « salariés ».
En 2010 et 2011 elle assure temporairement la rédaction en chef de Cinémas sur France 5 ; elle s’attelle aussi en septembre 2010 au projet d’une émission quotidienne avec Raphaël Enthoven sur France 5.
De janvier à mars 2010 elle est rédactrice en chef de Trésor TV, une agence de production indépendante fondée à Munich en 1992. Elle fait un passage éclair sur i>Télé de septembre à novembre 2011 en tant que rédactrice en chef de la tranche 22h30-00h30.
Elle est rédactrice en chef sur France 3 d’une série de documentaires consacrés à l’élection présidentielle de 2012 courant 2011.
Elle est ensuite grand reporter au Parisien Magazine d’août 2012 à avril 2015.
Elle est rédactrice en chef sur Reporters Sans Frontières entre décembre 2015 et juin 2016 ; elle est notamment responsable des publications et du plaidoyer. Elle s’occupe aussi de la mise en place du nouveau site internet.
En septembre 2017, elle devient rédactrice en chef du Média, la chaîne de propagande « indépendante » lancée par des proches et très proches de Jean-Luc Mélenchon. Elle présente aussi le journal TV du Média, en suscitant au passage pour son manque de professionnalisme les sarcasmes de Laurent Ruquier sur On n’est pas couchés, tandis que plus sérieusement, Télérama relevait dès le lendemain du premier JT que le premier sujet abordé sur Le Média et dans le JT de TF1 était le même, annoncé de surcroît par la même phrase : « au revoir APB, bonjour ParcoursSup ! ». Il est vrai que pour avoir de l’originalité, il eut mieux valu faire appel à un(e) journaliste hors système.
Le 24 février 2018 elle quitte Le Média après un entretien avec Sophia Chikirou. Peu après elle publie une tribune incendiaire sur Électron Libre où elle dénonce une « équipe au bord du burn-out » et un traitement « pas exactement conforme à l’idée que chacun se fait d’un ‘management’ de gauche. Une brutalité qui serait peut-être un sujet pour ‘Le Média’ si elle était le fait d’un Bolloré ».
Les trois cofondateurs du Média, Sophia Chikirou, Henri Poulain et Gérard Miller, « sous le choc d’autant de déloyauté », écrivent aux socios – ceux qui ont cotisé pour lever l’argent nécessaire au lancement et au fonctionnement du Média – pour démentir les accusations d’Aude Rossigneux et l’accuser de dirigisme : « recrutée en janvier 2018 par Le Média, elle a obtenu le salaire le plus élevé, plus du double du salaire d’un jeune salarié. Elle a travaillé 4 jours par semaine […] nous n’étions pas d’accord avec le fait qu’elle ait « obligé » une journaliste plus jeune à devenir son assistante personnelle et à faire son travail. Nous n’étions pas d’accord avec le fait qu’elle n’ait jamais rédigé un seul article, ni jamais réalisé un reportage ».
Ils affirment aussi – mais maladroitement – qu’ils n’ont jamais demandé à Aude Rossigneux de partir : « l’annonce de notre volonté de mettre fin à son contrat de journaliste a eu lieu le lundi 19 février à 9 heures : durant deux heures, nous avons discuté avec elle et lui avons proposé d’animer deux émissions sur le thème de son choix ».
Parcours militant
Le Média est pour l’essentiel constitué de proches et très proches de Jean-Luc Mélenchon, d’après Mediapart (28.1) : « Manon Monmirel, suppléante du député insoumis de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel ; Mathias Enthoven, ancien coresponsable de la campagne numérique du candidat Mélenchon ; Maxime Viancin, graphiste qui a travaillé avec la FI ; Michel Mongkhoy, notamment coresponsable d’un groupe d’action de la FI à Paris ; Julie Maury et et Romain Spychala, animateurs sur la web-radio Les jours heureux de la FI ».
Difficile dans ces conditions de penser qu’Aude Rossigneux est opposée à ses idées. D’ailleurs elle ne le cache pas dans sa présentation sur Le Média : « parce que faire un journalisme aligné avec ses idées est une occasion qui ne se présente pas plusieurs fois dans sa vie, j’ai accepté de rejoindre l’équipe fondatrice du Média ».
Sur France Info, le 29 septembre, elle répond aux critiques : « À titre personnel, je ne suis pas à La France insoumise, je ne cache pas mes convictions, je suis de gauche, humaniste, écolo, féministe, mais je suis journaliste d’abord ».
Elle assène ensuite sur Sud Radio (11/10/2017) que son Média ne sera pas une TV-Mélenchon : « Ça ne me gêne pas de reconnaître qu’il y a une proximité, je n’ai aucun problème à dire qu’on est de gauche. Simplement, je ne veux pas qu’on soit réducteur en disant que c’est le média de la France Insoumise. Ça me gonfle ».
« Son engagement ne sera pas pour un parti (elle ne veut pas dire pour qui elle vote, d’autant que ça peut changer selon les élections), mais avant tout contre des idées, de droite et d’extrême droite », Libération 11/3/2018, qui révèle au passage qu’elle a « failli participer à la campagne présidentielle de Benoît Hamon, côté communication. Elle assure s’être ravisée après deux jours passés au QG du candidat socialiste ».
Collaborations
Elle pratique depuis 2012 des activités de conseil en communication de crise… ce qui peut être très utile à un homme politique ou un entrepreneur violemment attaqué par un certain hebdomadaire satirique paraissant le mercredi. Sa société est basée à Montreuil.
- ISC Paris School of Management. Cours de communication de crise (octobre 2012)
- Mediatraining (sessions en septembre 2013 et fevrier 2014)
- Consultante et formatrice en gestion de crise (mai 2016 à decembre 2017)
Elle a créé en 2015 son auto-entreprise de conseil AR Conseil.
Publications
- Confessions d’une taupe à Pôle emploi, Calmann-Lévy, 2010 ;
- Elle précise dans sa déclaration d’intérêts sur Le Média qu’elle a signé avec Calmann-Lévy un contrat pour un nouveau livre-enquête.
Ce qu’elle gagne
Non renseigné.
Sa nébuleuse
- Elle est trésorière de Starprod (2009–2014), une association loi 1901 de production de spectacles qui gère la carrière d’artistes de jazz, notamment du pianiste Giovanni Mirabassi et de Sarah Lancmann. Sur son LinkedIn elle n’indique que le mois de février 2010, en tant que chargée de relations presse. En 2sat011 Giovanni Mirabassi enregistre à la Havane son album Adelante qui regroupe nombre de «tubes » des mouvements de l’extrême-gauche à travers les âges dont l’Internationale, Hasta Siempre, Le déserteur, Gallo rojo, gallo negro, etc.
- Sophie Chikirou, Aude Lancelin, Gérard Miller
- À la fin de l’été 2017 elle signe avec de nombreuses personnalités proches du PC ou du Front de Gauche – mais aussi Karl Zéro ou encore Olivier Berruyer (Les crises), l’appel à la création d’un média fondamentalement alternatif qui cachait que c’était une initiative de la France Insoumise. C’était sans compter sur Thomas Guénolé (signataire aussi) qui a vendu la mèche. D’autant qu’un autre signataire n’est autre que Sébastien Vilgrain, lié à la famille Vilgrain qui dirige le groupe agro-alimentaire SOMDIAA bien sûr, mais aussi à l’Énorme TV, basée à l’Antenne (10 rue de la Vacquerie, Paris) dont l’un des partenaires de référence… est la France Insoumise.
- Les 8 signataires journalistes de la presse classique de l’Appel à la création d’un média fondamentalement alternatif sont Cécile Amar, Christian Audouin, Françoise Degois, Jack Dion, Aude Lancelin, Édouard Perrin, Aude Rossigneux, Guillaume Tatu.
- Avant février 2018: Sophie Chikirou, Aude Lancelin, Gérard Miller.
- Serge Moati, Yves Calvi.
Elle l’a dit
« Le problème n’est pas de réformer Pôle emploi mais de donner les moyens de mieux faire fonctionner cet organisme. Il faut arrêter de vouloir toujours tout réformer. On devrait plutôt se demander quelles sont les raisons qui expliquent le manque de résultat. On a essayé de faire de Pôle Emploi une organisation rentable. Or, Pôle emploi est un service public et n’a pas vocation de faire du profit. […] Lorsque des grains de sable du libéralisme se retrouvent dans une machine qui n’est pas faite pour accroitre sa production et ses dividendes, elle se met à rouiller », Atlantico, 11/02/2016
« Demander à des agents de surveiller les demandeurs d’emploi revient à dénaturer la fonction de Pôle emploi. La vocation des agents est de trouver du travail et non pas de jouer à la police. On ferait mieux d’affecter ces 200 personnes à Bercy pour débusquer les exilés fiscaux ou pour contrôler le travail au noir qui représente un manque à gagner pour l’Etat bien plus important que la fraude aux allocations », ibid.
« On ne va pas les chercher, ils viennent tout seuls [les candidats pour travailler dans le Média]. Je reçois des CV tous les jours et je ne sais même plus quoi en faire. Mais vous pouvez continuer à m’en envoyer. On va discuter avec eux, on va voir s’ils adhèrent à la charte et au manifeste qu’on fait signer en ce moment sur change.org. Et donc on verra si ce sont des gens qui sont inspirés par ça, qui ont envie de faire un média, qui ne se cachent pas d’être de gauche », sur Quotidien (TMC) 29/09/2017
« L’objectivité est une farce. L’injonction d’objectivité faite aux journalistes est une ineptie. Ceux qui la revendiquent sont, au choix, de sincères naïfs, de fieffés menteurs ou de remarquables robots. Et contribuent à la défiance générale vis à vis de l’information. Car personne n’est dupe », Marianne, 09/10/2017
« La différence entre un média « objectif » et un média engagé ? L’un fait semblant de ne pas avoir d’avis. L’autre assume une ligne éditoriale », ibid.
« Si un employeur parle des charges sociales, un syndicaliste préférera utiliser le terme « cotisations ». Le message envoyé est radicalement différent. Dans le premier cas, il s’agit d’un poids. Dans le second, d’un acquis social. Du salarié ou du patron, lequel des deux manque d’objectivité ? »
« Si l’on admet que les historiens peuvent être marxistes, conservateurs, ou libéraux dans leur lecture des faits, alors pourquoi ne pas reconnaître ce droit aux reporters, historiens de l’immédiat ? », ibid.
« Oui, nous sommes un média humaniste, progressiste, écologique, qui rassemble la gauche de façon très large puisque parmi les signataires du manifeste à l’origine du lancement de ce média, on va de Philippe Poutou à Pierre Joxe, en passant par Eva Joly, Aurélie Filippetti ou Arnaud Montebourg, dont vous aurez du mal à nous faire croire qu’ils appartiennent à la France Insoumise », Sud Radio, 11/10/2017
« La presse n’étant pas démesurément rentable, quand neuf milliardaires possèdent 90% de la presse et investissent dedans, ce n’est pas uniquement par philanthropie. Ils doivent bien y trouver leur compte quelque part, à un moment donné. On peut donc au moins se poser cette question. Pour ne pas avoir à nous la poser, nous avons décidé de faire sans eux », ibid.
« “Salauds de pauvres” […] Avec l’argent de cette pub, Bercy aurait faire une campagne sur la fraude fiscale. Mais non” […] “La Caf aurait pu faire une grande campagne sur l’accès aux droits et sur les droits non réclamés. Mais non. Twitter, 29/10/2017… sauf que l’affaire datait de 2011 !
« Je suis arrivée au Média parce qu’on est venu me chercher. J’étais alors la femme de la situation, parée de toutes les vertus. Trop, peut-être… L’idée d’une télé différente, engagée mais libre, portée par ses téléspectateurs et non par l’argent, d’une rédaction unie par un idéal commun mais où seraient respectées les individualités m’a enthousiasmée. Je m’y suis lancée à corps perdu, et pendant la période de pré-lancement, j’ai été envoyée au charbon chez les confrères plus ou moins bien disposés, pour présenter et défendre le projet. […] Tout ce travail, je l’ai fait bénévolement, sans recevoir un sou pendant plusieurs mois. Je ne le regrette pas, je demande seulement qu’on s’en souvienne », sa lettre expliquant son départ, 25 février 2018
« Dans ma famille, la curiosité n’a jamais été un vilain défaut, rire de tout était important et avoir un avis sur une question n’a jamais été un souci », Libération, 11/03/2018.
« En allant au Média, je voulais défendre la tradition du journalisme engagé. Tradition qui se perd. Et j’ai peur que le journalisme se perde avec. L’eau tiède, le fait que tout le monde dise la même chose, cela ne fait que renforcer l’idée qu’il y a une caste médiatique », ibid.
On l’a dit à son sujet
« Le site internet d’info “Le Média” va se lancer en janvier, soutenu par des proches de Mélenchon, mais pas que. Il met en avant une subjectivité assumée. Sa rédactrice en chef, Aude Rossigneux, passée par Le Parisien Magazine, Mots croisés sur France 2 ou encore Cinémas et Ripostes sur France 5, décrit une impossible objectivité journalistique », Marianne, 09/10/2017
« N’y-a-t-il pas un risque alors d’aboutir à une “télé-Mélenchon ?” Elle s’en défend au nom de sa crédibilité professionnelle construite depuis 20 ans du Parisien Magazine à “Mots croisés” sur France 2. Elle tient à sa carte de presse “même si je considère qu’elle ne doit pas me faire renoncer à ma carte d’électeur”, argumente-t-elle » Public Sénat/AFP, 11/10/2017
« Aude Rossigneux dénonce aussi “un député RPR”, “devenu ensuite ministre de Sakozy”, qui l’aurait téléphonée “en pleine nuit” pour faire “des propositions salaces” » Ozap/Puremédias au sujet des confidences de journalistes #balancetonporc, 15/10/2017
« [Il est] édifiant de constater que la rectification tweetée par la même rédactrice en chef du Média n’obtiendra que quelques dizaines de partages, bien loin des milliers obtenus par l’intox initiale », Le Monde, après qu’elle se soit indignée d’une campagne de la CAF contre les fraudeurs… qui datait de 2011, 30/10/2017. Le journal de centre-gauche enfonce le clou sur la concurrence en brocardant « la précipitation qui l’emporte souvent sur la précaution de vérification ».
« Jingle. « Au revoir APB, bonjour Parcours Sup ! » Non, pas possible ?! Le 20 heures qui s’est échappé de la télé ressemble furieusement à un 20 heures resté prisonnier de la télé ! Celui de TF1, que Gilles Bouleau ouvre pareillement : « Adieu APB, bonjour Parcours sup ! » Le Média aurait-il été infiltré par des agents de Bouygues, l’ennemi milliardaire ? », Telerama, 16/1/2018.
« Peut-être qu’elle devrait être actrice parce que les silences d’Aude Rossigneux sont très bien aussi » Laurent Ruquier dans On n’est pas couchés, France 2, 20/01/2018.
« Dans la vidéo, on aperçoit la présentatrice du Média enchaîner les silences tous plus ou moins gênants. Aude Rossigneux, qui est aussi rédactrice en chef du Média, hésite, balbutie ou encore laisse passer de nombreux blancs », Closer, 21/01/2018 .
« Dans cette affaire quasiment indémêlable tant les inimitiés sont profondes, elle est en position de force : un média de gauche qui évince une salariée, c’est moche », Libération, 11/03/2018.