La relève des chiens de garde du monde libéral libertaire
Membre d’une fratrie de cinq enfants, l’homme est le favorisé surgeon de deux lignées fort médiatiques : les Saint-Cricq et les Duhamel. La première est bien établie en Touraine ; le grand-père, Jacques Saint-Cricq, a été l’ancien président du conseil de surveillance du quotidien La Nouvelle République du Centre-Ouest . Il a passé la main en 2018 à l’oncle de Benjamin, Olivier Saint-Cricq. Sa mère, Nathalie Saint-Cricq, visage familier des téléspectateurs, est la directrice du service politique de France 2 depuis 2012. En plus d’être un actionnaire majoritaire du quotidien régional, la famille possède également 40% des parts de la chaîne Tours Val de Loire.
Quant à l’autre branche, on ne présente plus les Duhamel, que ce soit Patrice, l’ancien directeur général de France Télévisions, ou l’éditorialiste Alain, totem télévisuel et boussole centriste. Naître sous ces auspices vaut bien tous les stages du monde. Ce qui porte à croire que le nouveau venu est là pour durer longtemps. Très longtemps.
En grimpant plus haut dans les frondaisons de son arbre généalogique, on peut apprendre qu’il est aussi le petit-fils de Jean Meunier, ancien député socialiste, maire de Tours à la Libération et trois fois secrétaire d’Etat sous la IVe République.
Parmi ses frères, Alexandre est un chanteur lyrique reconnu, Jean, un producteur de cinéma, Nicolas est réalisateur et Raphaël est un scénariste basé à Londres. Benjamin est donc le seul de la fratrie à s’être destiné au journalisme.
Portrait vidéo
Formation
Benjamin Duhamel suit une éducation bilingue à l’école Jeannine Manuel jusqu’en 2009. Il entre ensuite au lycée parisien Henri IV où il décroche son baccalauréat en 2012. Il Sciences Po Paris la même année, puis en ressort diplômé en 2017, auréolé d’un master en politiques publiques. En plus d’animer la chaîne de l’école Sciences Po TV, il n’hésite pas à prendre part aux divers concours d’éloquences qui jalonnent l’année académique rue Saint-Guillaume.
Parcours professionnel
Lors de sa troisième année à Sciences-Po, selon les informations publiées sur son compte LinkedIn, il effectue entre septembre 2014 et mars 2015 son premier stage au sein de la rédaction new-yorkaise de France-Amérique, « seul titre de presse français diffusé sur l’ensemble du territoire américain ». Selon d’autres sources, il aurait prétendument effectué son stage au bureau new-yorkais de France 2. A‑t-il cherché à camoufler son stage a posteriori pour ne pas mettre sa mère en difficulté ? Mystère et boule de gomme.
À l’issue d’un stage de six mois chez RTL, il est engagé en sortie d’école en tant que pigiste à la rédaction du service politique de RTL en juillet 2017. Il ne fera que six petits mois sur la station, jugeant peut-être que la cohabitation trop proche avec son oncle Alain, lui aussi éditorialiste sur la station, n’est pas opportune sur le plan professionnel. Le temps de filer sur LCI en janvier 2018 où il fera ses premiers pas d’éditorialiste sur le plateau de 20h Pujadas. Une petite année plus tard, c’est sur BFM qu’on le retrouve dès février 2019, toujours comme journaliste au service politique. Et toujours aux côtés de son oncle qui y est éditorialiste. Paris est décidément trop étroit pour que deux Duhamel ne s’y croisent pas.
Fin janvier 2023, il s’illustrera en reproduisant illico presto la parole du président Macron sur la difficile réforme des retraites en cours. Sur BFMTV, Benjamin Duhamel sera fidèle à la parole présidentielle distillée lors d’un déjeuner à caractère confidentiel le 17 janvier 2023, reprenant dès le 18 janvier les éléments de langage du président, parlant de « victoire de l’irresponsabilité » en cas d’échec de la réforme, exactement les termes du président lors du fameux déjeuner.
#Retraites : 10 éditorialistes « influents », dont Nathalie Saint-Cricq (France télévisions) et son fils Benjamin Duhamel (BFMTV), ont été reçus secrètement par Emmanuel Macron à l’Élysée, avec un objectif : influencer discrètement l’opinion pic.twitter.com/0qqrIUBRCw
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) January 24, 2023
À la rentrée 2024 il prend du galon en assurant une émission quotidienne, « Tout le monde veut savoir », qui devrait se situer dans les mêmes orientations que ses apparitions précédentes.
Vie privée
Le journaliste est en couple avec Agathe Lambret, une journaliste politique de BFMTV formée au CFJ et passée par Paris II-Assas. Au sein de la rédaction, elle a successivement couvert l’actualité des Républicains et du Rassemblement national et suit désormais celle de l’Élysée.
Nébuleuse
Lorsqu’il préside Sciences Po TV, entre 2015 et 2016, il est à l’initiative de nombreuses rencontres et conférences (dont le Grand Oral, une tradition bien établie de cette école) ce qui lui permet de commencer à tisser son réseau. Lors du lancement de la chaîne, il parvient à inviter Anne-Sophie Lapix et David Pujadas, ce dernier proche collaborateur de ses parents en tant que présentateur du JT de France 2. Il anime aux côtés d’Ali Baddou, ancien chargé de cours à Sciences-Po, la soirée électorale de second tour des présidentielles de 2017, nommée « Nuit présidentielle », dans l’amphithéâtre Boutmy tandis que la soirée est retransmise en direct sur les réseaux sociaux de la chaîne. Une fois Duhamel devenu journaliste, il sera plus d’une fois invité sur le plateau de « C l’Hebdo » sur France 5 animé par le même Baddou.
Il l’a dit
« Ainsi, donc, on peut mourir à 19 ans parce que quelques séides nazillons ont décidé, un soir de maraude, de nous retirer un camarade d’école, et d’infliger à l’ordre du monde une douleur infinie, celle de la jeunesse assassinée. Ainsi donc, on peut mourir, non pour être, comme le dit le cliché journalistique, au mauvais endroit au mauvais moment, mais précisément, parce que le courage de l’engagement nous a commandé d’être ce que l’on est à chaque instant de la vie, à chaque heure du jour. Ainsi, donc, en France, on meurt, de nouveau, de politique ; on tue, en France, pour crime de syndicalisme ; on tue, en France, pour crime de gauchisme ; on tue, en France, pour crime de pensée, d’opinion, de militantisme », « À Clément Méric », Libération, 09/06/2013.
« Porter leur exigence, c’est comprendre que les nationalismes, les extrémismes ne peuvent mener qu’à des catastrophes. Et se souvenir du combat des Justes, c’est savoir que quand on s’en prend aux Juifs, on attaque la nation toute entière. Pour que ce combat demeure intemporel, la mémoire doit faire office de boussole, de phare pour les nouvelles générations. Et je sais votre inquiétude : quand vous ne serez plus là, continueront-ils à se souvenir ? Se rappelleront-ils du courage des Justes et de l’horreur de la Shoah ? Je connais les travers de l’époque, qui séduisent parfois une partie de ma génération : c’est l’émergence de Dieudonné, d’Alain Soral, de Renaud Camus et autres entrepreneurs de la haine. J’imagine votre effroi, votre angoisse que les thèses complotistes, négationnistes, antisémites, finissent par triompher. Mais ce n’est pas une fatalité. Si certains cèdent à ces dérives abjectes, je sais aussi que la jeunesse peut se mobiliser, se dresser pour défendre avec ardeur la mémoire des Justes et de la Shoah. Cette jeunesse, c’est celle qui se lève le 11 janvier pour défendre une certaine idée de la France quand des journalistes, des policiers et des Juifs sont attaqués ; cette jeunesse, c’est celle qui tous les ans participe au concours national de la résistance et de la déportation ; cette jeunesse, c’est celle qui en voyageant, en étudiant, en s’ouvrant à l’autre, œuvre pour la concorde et la tolérance entre les peuples, quelles que soient leurs origines ou leurs confessions » discours prononcé à l’attention de la section Poitou-Charente du CRIF, 19/07/2015.
« Vouloir combattre les idées du Front national en les bâillonnant et en les empêchant de parler est absurde », Le Point, 22/11/2016.
« Question simple : pourquoi ce qui est vrai pour un Ukrainien ou une Ukrainienne ne l’était pas pour un Afghan ou une Afghane ? Est-ce qu’au fond ce n’est pas parce que les Ukrainiens sont des chrétiens et les Afghans et les Syriens des musulmans que vous faites une différence ? », BFMTV, 01/03/2022.
« Au-delà du fait que c’est contestable parce qu’aujourd’hui, dans les médias, il peut toujours y avoir une part d’information et de divertissement. Quand Marine Le Pen se rendait à C8 face à Cyril Hanouna dans une émission dont on ne citera pas le nom, en l’occurrence on pouvait considérer que c’était aussi du divertissement et pour autant, ça ne l’empêchait pas d’y aller. Et bizarrement, on n’entendait pas du tout à fait ce type d’argument qu’elle a sur Quotidien », commentant la décision du RN de ne pas accréditer les journalistes de Quotidien lors de ses meetings, BFMTV, 12/04/2022.
« Est-ce que les oppositions voudront faire ce cadeau à Emmanuel Macron d’aller sur tel ou tel texte lui donner quelques voix pour faire avancer le pays ? », soirée électorale du second tour des législatives 2022 sur BFMTV, propos repris dans Télérama, 20/06/2022.
Ils ont dit
« Surtout, il n’y a de notre part aucune volonté d’attaque personnelle à l’encontre de Benjamin Duhamel qui, avec ses grands yeux de personnage de manga, est vraisemblablement un jeune homme talentueux. Mais il incarne jusqu’à la caricature ce journalisme de cour ayant depuis longtemps cédé aux sirènes du passage de plats de homards au détriment de la recherche de la vérité. Le 5 mai dernier, Benjamin a twitté une photo sympathique du chanteur des Rolling Stones, chapeau vissé sur la tête, avec la légende suivante : « confiné en Touraine, (Mick Jagger) lit la Nouvelle République ». Au passage, il oublie simplement de préciser que la famille de Maman est l’un des deux principaux actionnaires du journal. C’est là qu’est tout le problème », Riposte Laïque, 22/01/2019.
« Quand il était à LCI, il y avait aussi Alain Duhamel donc c’était compliqué. Il a été débauché par BFMTV. Quelques jours après, Alain a aussi débarqué sur BFMTV. Quand il fait un truc, on dit qu’il est aussi c*n que sa mère » Nathalie Saint-Cricq, Télé Loisirs, 21/03/2022.
« La manière dont il ne prononce pas le nom de l’émission en se pinçant le nez alors que c’est le petit marquis des journalistes de salon, je trouve ça d’un mépris et d’une vulgarité… », Gilles Verdez, Touche pas à mon Poste, 13/04/2022.
« L’Union européenne, en réalité, essaie de masquer le fait qu’elle prépare – c’est le NYT, je cite mes sources vous voyez, cher Benjamin Duhamel – l’UE, pour ne pas gêner Emmanuel Macron, ne dit pas tout de suite qu’elle prépare un embargo sur le pétrole russe », Sébastien Chenu, propos tenus sur BFMTV le 17/04/2022 et repris sur Libération, 20/04/2022
« Je dis Duhamel-le-Jeune, pour qu’on distingue Benjamin Duhamel de Duhamel-l’Ancien, prénommé Alain. Fascinante dynastie à la Grimaldi. S’il dure aussi longtemps que son oncle, le fils de Patrice Duhamel et Nathalie Saint-Cricq commentera encore… en 2070, devant mes arrière-arrière-petits enfants, la sixième réélection de la présidente Maréchal », Daniel Schneidermann, Arrêts sur images, 21/06/2022.
« Si on a voulu faire son portrait, c’est parce qu’on estime que Benjamin Duhamel vaut mieux que sa caricature. Le déclic date de l’hiver dernier : une interview de Cauet, visé par des plaintes pour viols et agressions sexuelles – que l’animateur radio conteste. On se préparait à une opération de com pour personnalité médiatique dans la tourmente, on a eu droit à un entretien pugnace, au point que l’ex-star de NRJ a dénoncé à la sortie une «interview à charge». Plus récemment, c’est sur son plateau qu’on a pu observer les derniers soubresauts de la campagne des législatives. Le député RN Roger Chudeau y a éhontément défendu une attribution des postes de ministres aux seuls «franco-français», ou Mathilde Panot a trébuché sur ses connaissances de la vie de Léon Blum.
Solide culture politique, questions limpides : son but comme intervieweur est d’abord de mettre ses invités face à leurs incohérences. A priori banal, et pourtant, de moins en moins en vogue dans le journalisme politique télé. Lui n’hésite pas à couper dans le gras des éléments de langage, à repasser des archives vidéo gênantes, à utiliser les arguments des uns pour contredire les autres. Bosseur, pour préparer ses questions, il textote avec les rubricards des quotidiens qu’il lit tous les matins. Il cite comme influences David Pujadas, Léa Salamé ou Patrick Cohen. “Comme eux, j’espère qu’on ne sait pas pour qui je vote quand on regarde mes interviews.” », Libération, 15/09/24 dans un portrait tout énamouré.