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Christophe Barbier

14 janvier 2024

Temps de lecture : 37 minutes
Accueil | Portraits | Christophe Barbier
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Christophe Barbier

Temps de lecture : 37 minutes

Petit marquis libéral libertaire

« Il existe une série d’épisodes his­toriques qui ont per­mis de tranch­er, si j’ose dire, entre le « bien et le mal », entre ce qui est de Gauche et ce qui ne l’est pas. » (La Règle du jeu, 21 févri­er 2013)

Ex-Patron de L’Express (2006–2016), très présent sur les plateaux télé, Christophe Barbier a rendu omniprésents dans le débat public sa silhouette svelte, son port altier et son écharpe rouge. Est-il vraiment de gauche, comme il l’a longtemps soutenu ? Est-il passé à droite ? C’est ce dont l’accusent certains, à gauche, en raison d’étranges accointances avec le sarkozysme… La réponse est dans sa fameuse écharpe qui noue sur ses épaules deux pans qu’on a longtemps crus opposés. En effet, il s’agirait d’un cadeau offert par Carla Bruni-Sarkozy lors de son mariage avec Yamini Kumar, en 2008. La chanteuse bobo avait elle-même marqué, par ses noces avec le président, celles de la gauche bien-pensante et de la droite d’argent. Quant à l’épouse de Barbier, elle se trouvait incarner à elle seule cette alliance, se trouvant être à la fois une militante de gauche et la directrice de la communication de la marque de luxe Hermès… La com’, le fric, le pouvoir, le libéralisme en matière économique et en matière de mœurs, le soutien des puissants et la moraline en plus ! Aucun doute, Barbier est un pur spécimen de libéral-libertaire, le vrai visage de la Gauche chevauchant la mondialisation capitaliste, un petit marquis des médias adoubé par le système et qui ne le critique que pour l’enjoindre à étendre encore davantage sa domination sous les auspices du Droit (Gauche libertaire) et du Marché (Droite libérale). Son éjection de la direction de L’Express ne l’a pas guéri : en avril 2017 il continuait encore à défendre un journalisme déconnecté du terrain et des attentes du lecteur, au nom des convictions et de la vocation éducative du journalisme. Avant de se reconvertir dans le « centrisme de raison » avec l’appui du tycoon tchèque Daniel Křetínský. Il annonce dans Le Figaro en juillet 2023 écrire une pièce sur Jean-Luc Mélenchon.

Il est né en jan­vi­er 1967 à Sal­lanch­es (Haute-Savoie), son père était secré­taire général de mairie. Il est mar­ié, depuis octo­bre 2008, à Yami­ni Kumar-Cohen, com­mu­ni­cante chez Euro RSCG puis direc­trice de la com­mu­ni­ca­tion de Her­mès. Ils ont trois filles, dont deux issues d’un pre­mier mariage de Yami­ni Kumar-Cohen.

Portrait vidéo (oct. 2023)

Formation universitaire

Élève en hypokhâgne du lycée du Parc, à Lyon, dans l’in­ten­tion de pré­par­er les con­cours des écoles de jour­nal­isme, il « monte » à Paris pour faire l’ENS (École Nor­male Supérieure) de la rue d’Ulm en 1987. Tit­u­laire d’une maîtrise d’Histoire, il obtient égale­ment en 1992 un diplôme du MS Média de l’ESCP Europe.

Parcours militant

Il ne s’est jamais engagé pour une per­son­nal­ité poli­tique. Cepen­dant, il s’est déclaré pour le « oui » au référen­dum sur la Con­sti­tu­tion européenne, le Pacte écologique de Nico­las Hulot, la can­di­da­ture de Ségolène Roy­al lors de la pri­maire prési­den­tielle social­iste de 2006, la néces­sité d’une réforme du sys­tème de retraite par répar­ti­tion français, le tra­vail domini­cal, le con­trôle d’Internet…

Sur LCI le 17 novem­bre 2006 il fait une véri­ta­ble déc­la­ra­tion d’amour à Ségolène Roy­al : « elle a réus­si son hold-up sur le Par­ti social­iste avec les armes du XXIè siè­cle : des sondages et des images. Les mil­i­tants l’ont plébisc­itée parce que les sym­pa­thisants et der­rière les sym­pa­thisants, les sondés ont dit c’est elle que l’on veut, c’est elle qui a une chance de bat­tre Nico­las Sarkozy ».

Cepen­dant sur son engage­ment et celui de son jour­nal il affirme pour Ozap.com le 5 mars 2007 : « Le Point est de droite, L’Obs de gauche, c’est leur droit. Nous, nous sommes indépen­dants. Ni à gauche, ni à droite, on ne roule pour per­son­ne. Il faut avoir un com­porte­ment com­pat­i­ble avec ça : être impi­toy­able avec toutes les ten­dances, être posi­tif avec toutes les ten­dances lorsqu’elles font des choses bien, ne don­ner aucune con­signe de vote, don­ner un max­i­mum d’élé­ments à nos lecteurs pour qu’ils puis­sent éclair­er et for­mer leur juge­ment. On n’est pas dans le prêt-à-penser, vrai­ment pas. On four­nit un guide, une bous­sole, un sex­tant pour aider les gens à se repér­er dans un univers poli­tique où ils choisiront leur cap ». 

Parcours professionnel

Christophe Bar­bi­er débute dans Le Point, en 1990, sa car­rière de jour­nal­iste poli­tique. Il passe ensuite sur Europe 1 (1995) avant de devenir chef du ser­vice poli­tique de L’Express à par­tir de 1996, mag­a­zine dont il devient, en 2001, directeur adjoint de la rédac­tion, puis en août 2006, et suite au départ de Denis Jeam­bar, directeur de la rédac­tion tout court. Avec Denis Jeam­bar, il aura aus­si ani­mé dans les années 1990 l’émission « Affaires publiques » sur La Cinquième (sur le rôle des insti­tu­tions français­es et européennes). Grand habitué des plateaux télé, Bar­bi­er aura par­ticipé de 2003 à 2006 à « Ça se dis­pute » (i>Télé), ani­mée alors par Vic­tor Robert, où il incar­ne la per­spec­tive de gauche face au droiti­er Éric Zem­mour, et inter­vient égale­ment comme édi­to­ri­al­iste dans la mati­nale de la chaîne. En 2005, il milite pour le « Oui » au référen­dum sur la con­sti­tu­tion européenne. Dès sep­tem­bre 2006, c’est sur LCI et dans le cadre d’un accord avec L’Express, qu’il présente un édi­to­r­i­al et une inter­view poli­tique quo­ti­di­ens dans la mati­nale. Il revient ensuite assur­er le même con­tenu sur i>Télé à par­tir de l’été 2011. Il est par ailleurs un invité réguli­er de l’émission « C dans l’air » (France 5) – et se trou­ve même être la per­son­nal­ité la plus présente sur le plateau entre 2008 et 2012. On le retrou­ve aus­si fréquem­ment invité sur Sud Radio ou dans « Le Grand Jour­nal » de Canal+. Au sein de cette dernière émis­sion, il inter­vient les ven­dredis pour com­menter l’actualité de la semaine.

Le 14 févri­er 2008, grâce à ses liens d’amitié avec la nou­velle pre­mière dame, Christophe Bar­bi­er obtient, pour L’Express, la pre­mière grande inter­view de Car­la Bruni-Sarkozy. Cet inter­view est un suc­cès édi­to­r­i­al – près de 200.000 exem­plaires ven­dus en kiosque. Sa future femme – qu’il épouse en octo­bre – Yami­ni Kumar-Cohen est con­nue pour être proche de Car­la Bruni-Sarkozy.

En mars 2013, il sus­cite la colère de sa rédac­tion à la suite de plusieurs cou­ver­tures polémiques : celle sur le coût de l’immigration, celle sur Bernard Tapie et celle, enfin, sur Marcela Iacub (qui relate sa rela­tion avec DSK, après la chute de ce dernier, dans un « roman » tapageur). « Christophe Bar­bi­er aime à rap­pel­er qu’un jour­nal, c’est un directeur et une rédac­tion. Or cette rédac­tion a le sen­ti­ment, une fois de plus, de ne pas être enten­due par son directeur », lit-on en con­clu­sion d’un com­mu­niqué interne que s’est procuré 20 Min­utes. Il se trou­ve qu’en effet, Bar­bi­er avait aupar­a­vant verte­ment cri­tiqué la cou­ver­ture du Nou­v­el Obser­va­teur sur Iacub… Oppor­tuniste ? Ou finale­ment, à la dif­férence des mem­bres naïfs de sa rédac­tion, par­faite­ment cohérent avec une idéolo­gie libérale-lib­er­taire qui n’est schiz­o­phrène qu’en sur­face et dont la morale est pour le moins flot­tante. Être à la fois pour l’immigration de masse, pour la GPA, pour tous les gim­micks intel­lectuels de gauche, et pour ses pro­pres intérêts dans un marché mon­di­al­isé étant, comme l’a démon­tré Jean-Claude Michéa, l’attitude la plus logique qui soit, et la plus prag­ma­tique si l’on veut se trou­ver – et rester — du bon côté du manche, et non, comme Bar­bi­er le sou­tient « au-dessus de la mêlée »…

Sous sa direc­tion, entre 2006 et 2014, L’Ex­press con­naît un déficit de plus de 86 mil­lions d’eu­ros. Pour 2015, alors que 4 mil­lions d’eu­ros de pertes sup­plé­men­taires sont atten­dues, il est chargé par la direc­tion (Altice Médias) de met­tre en place un plan social pour faire par­tir 125 salariés ; aujour­d’hui, il n’y a plus qu’une soix­an­taine de tit­u­laires de cartes de presse au sein du jour­nal. En octo­bre 2016, alors que la dif­fu­sion, à 539.000 exem­plaires en 2006, est passée à 300.000 dix ans plus tard et que les pertes con­tin­u­ent de s’ac­cu­muler, il est finale­ment débar­qué de la direc­tion du jour­nal. La dif­fu­sion s’é­tait effon­drée de 20% en un an, de 32% pour la vente au numéro et de moitié pour les ventes numériques ; la nou­velle for­mule, lancée en mars 2016, a été un échec total. Christophe Bar­bi­er y reste toute­fois édi­to­ri­al­iste et devient con­seiller édi­to­r­i­al de la direc­tion du groupe.

Et pour­tant pour ren­flouer le mag­a­zine il aura tout essayé : dossiers peo­ple, unes sur les franc-maçons à répéti­tion, et même un faux exclusif, en date du 13 mai 2011 (“Exclusif : l’Ex­press a retrou­vé Kate et William”) qui a été en réal­ité pom­pé sur le Guardian du 10 mai – comme l’ont con­staté Arrêts sur Images et Acrimed. Un mois et demi plus tard, toute honte bue, dans un édi­to du 20 juil­let 2011, il se fai­sait le porte-éten­dard de la presse française, celle que le monde entier nous envie : « Le pro­fes­sion­nal­isme des jour­nal­istes en France est une chose recon­nue, sanc­tion­née par l’obtention ou non d’une carte de presse […] Com­ment ne pas, pour ven­dre du papi­er, pour avoir un scoop, vio­l­er des règles éthiques qui sem­blent évi­dentes ? C’est à l’école de jour­nal­isme qu’on com­mence à appren­dre ces fon­da­men­taux ». Vis­i­ble­ment, en ce qui le con­cerne, l’é­cole de jour­nal­isme, c’est loin.

De sep­tem­bre 2006 à 2011, suite à un accord entre L’Ex­press et LCI, Christophe Bar­bi­er assure dans la mati­nale un édi­to­r­i­al et une inter­view poli­tique quo­ti­di­enne. En août 2013 il passe sur i>Télé pour présen­ter le « zap poli­tique » de la mati­nale de Bruce Tou­s­saint, Team Tou­s­saint, la mati­nale info. Ce dernier quitte i>Télé au début de l’été 2016.

À la ren­trée 2016 il rejoint BFMTV, où il est en charge des édi­to­ri­aux de la mati­nale “Pre­mière édi­tion” présen­tée par Pas­cale de La Tour du Pin et Christophe Delay, entre 6h50 et 7h50. Il y rem­place Apolline de Mal­herbe. Comme l’Ex­press, BFM fait par­tie du même groupe : c’est SFR-Presse qui cha­peaute le mag­a­zine, tan­dis que la société SFR-TV détient 49% du groupe Nex­tRa­dioTV, dont fait par­tie BFMTV. S’il n’est plus directeur de la rédac­tion de L’Express (rem­placé par Guil­laume Dubois en 2016), vic­time d’un effon­drement des ventes en dépit d’une nou­velle for­mule lancée en mars 2016, il reste toute­fois édi­to­ri­al­iste et con­seiller spé­cial de l’hebdomadaire.

En 2017, il fait l’objet de fortes cri­tiques y com­pris dans la pro­fes­sion, d’abord en avril pour sa vision de l’éditorialiste, volon­taire­ment décon­nec­té du ter­rain et « tuteur » du peu­ple, ensuite en juil­let après avoir demandé aux Français de renon­cer à leur cinquième semaine de con­gés payés, enfin en décem­bre pour le rap qu’il com­pose au nom de Macron, « le roi Image […] the self­ie made man ».

Fin novem­bre 2020, il quitte L’Ex­press, où il était entré en avril 1996, pour « se con­sacr­er à de nou­veaux pro­jets édi­to­ri­aux, médi­a­tiques et cul­turels ». Il demeure édi­to­ri­al­iste pour Actu­al­ités juives et BFMTV et cri­tique théâ­tral sur Radio J.

À l’automne 2021, le tchèque Daniel Křetín­ský, déjà pro­prié­taire de Mar­i­anne, le nomme rédac­teur en chef de Franc-tireur, un titre lancé pour défendre la poli­tique d’Emmanuel Macron « con­tre l’obscurantisme », dans la per­spec­tive de l’élection prési­den­tielle de 2022.

À compter du 16 févri­er 2023,il par­ticipe régulière­ment à l’émission Les Gross­es Têtes sur RTL.

Combien il gagne

Il ne le divulgue pas, mais au début de l’année 2018 l’antenne La France Insoumise de Tours le lui a demandé, comme à une trentaine d’autres jour­nal­istes et ani­ma­teurs con­nus du grand pub­lic. Et n’a rien récolté d’autre que l’indignation des « con­frères ».

En revanche selon Télé2Semaines il ne touche pas un euro pour ses inter­ven­tions dans C dans l’air (France 5), comme les autres invités de l’émission – ceux-ci l’utilisent pour faire leur pro­mo­tion ou celle de leurs ouvrages.

Publications

  • Les Derniers Jours de François Mit­ter­rand, Gras­set, 1997, réédi­tion 2011.
  • La Comédie des orphe­lins, Gras­set, 2000.
  • La guerre de l’Élysée n’au­ra pas lieu, Gras­set, 2001.
  • La Saga Sarkozy, Édi­tions L’Ex­press, 2007.
  • Le Bleu de la terre, 2007.
  • Les Nou­veaux Car­ac­tères, (Col­lec­tif) L’Avant-scène Théâtre, 2007.
  • Prési­dent can­di­dat, avec Éric Man­don­net, Édi­tions l’Express, 2012.
  • Maquil­lages: Les poli­tiques sans fard, Grasset,2012.
  • Rêvons ! Marc Jolivet et Christophe Bar­bi­er réécrivent l’His­toire, Flam­mar­i­on, 2013.
  • Dic­tio­n­naire amoureux du théâtre, Plon, 2015.
  • Les derniers jours de la gauche, Flam­mar­i­on, 2017
  • Nous prési­dents, avec Marc Jolivet, avril 2017.
  • La Citadelle assiégée, avec J.M. Martí Font, Plon, 2018.
  • Le Monde selon Sacha Gui­t­ry, Tal­landi­er, 2018.
  • Macron sous les masques, Édi­tions de l’Ob­ser­va­toire, 2019.
  • Les Tyran­nies de l’épidémie, Fayard, 2021.
  • Le Monde selon Molière, Tail­landi­er, 2022.

Collaborations

  • Mit­ter­rand à Vichy, Doc­u­men­taire avec Serge Moati, France 2, 2008.
  • Doutes, Film de sa femme Yami­ni Kumar (Bar­bi­er y joue le rôle d’un son­deur), novem­bre 2013. « Ce titre, Doutes, me sem­blait d’autant plus évi­dent qu’il cor­re­spondait à ce que je ressen­tais quand je voy­ais la classe poli­tique : les social­istes doutaient d’eux-mêmes, les mil­i­tants doutaient de leur par­ti et de leurs solu­tions. C’était vrai­ment un sen­ti­ment qui nim­bait la classe poli­tique de gauche. » (laregledujeu.org).
  • C’est le met­teur-en-scène prin­ci­pal du « Théâtre de l’Archicube », la troupe de théâtre de l’École nor­male supérieure de Paris, com­posée d’é­tu­di­ants actuels mais aus­si d’an­ciens élèves.
  • En 2013–2014, il partage la scène avec Marc Jolivet pour son spec­ta­cle humoris­tique Rêvons, joué Salle Gaveau et en tournée. Ils avaient déjà col­laboré à un spec­ta­cle poli­tique au moment de l’élec­tion prési­den­tielle de 2012.
  • Il met en scène la pièce de Jacques Attali Présents Par­al­lèles au théâtre de la Reine Blanche en 2016. « Christophe Bar­bi­er, le patron de “L’Express”, l’homme à l’écharpe rouge qui, en-dehors de la poli­tique, a, on le sait, le théâtre pour pas­sion, signe la mise en scène : il est plus inspiré par quelques idées de décor que par la direc­tion d’acteurs ; le manque vis­i­ble de moyens ne l’aide pas non plus. Mais cela n’excuse ni l’absence de rythme ni cer­tains déplace­ments hasardeux des comé­di­ens. », Bertrand Renard, France info.
  • En 2019, il inter­prète Georges Man­del dans la pièce de Jean-Noël Jeanneney L’un de nous deux.
  • À par­tir de sep­tem­bre 2020, il met en scène et joue dans Le Grand Théâtre de l’Épidémie au Théâtre de Poche Mont­par­nasse. Con­vo­quant les grands dra­maturges, il s’essaie au com­men­taire de l’actualité san­i­taire récente, lais­sant transparaître une cri­tique raison­née de l’action du gou­verne­ment face à l’épidémie. Pour Valeurs Actuelles, l’éditorialiste s’arrête à mi-chemin dans son entre­prise de démolis­sage de l’hystérie san­i­taire et pêche par excès de tiédeur.

Il l’a dit

« Le Pre­mier min­istre a som­bré parce qu’il a voulu affron­ter un monde nou­veau avec des méth­odes archaïques », L’Ex­press au sujet de Jospin, 21 avril 2002.

« La généra­tion qui suit, la nôtre, est beau­coup plus saine et on ne ferait pas ça — deman­der à nos min­istres des con­seils — Passe-moi le séné et je te don­nerai la rhubarbe, je pense que ça [la généra­tion] joue beau­coup, beau­coup, parce que c’est une généra­tion [celle d’Elkabbach] qui est les deux pieds dans la con­nivence avec le pou­voir. J’espère qu’on sera morts de la grippe avi­aire avant d’en arriv­er à se com­porter comme ça », Ça se dis­pute, i>Télé, 25 févri­er 2006.

« Lever 5h15, arrivée à LCI 6h. De 6h à 6h15 je con­stru­is ma chronique avec le présen­ta­teur. De 6h15 à 7h, j’écris les ques­tions de l’in­vité, de 7h à 7h20, j’écris ma chronique. De 7h20 à 7h30, maquil­lage. De 7h30 à 7h45, je cor­rige les ques­tions pour l’in­vité avec mon assis­tante en inté­grant les nou­veautés de la nuit. 7h45, ma chronique. J’en sors à 7h53, l’in­vité est là sou­vent. Il se maquille, on dis­cute, on boit un café. A 8h25, c’est fini, on se démaquille. 8h30, moto-taxi jusqu’à L’Ex­press. 8h50, je fais le point avec mes deux adjoints. 9h15 con­férence de rédac­tion jusqu’à 10h-10h15. La moitié de mes déje­uners avec les poli­tiques, l’autre en interne. Au moins une réu­nion par jour, essay­er de voir les jour­nal­istes en tête à tête, relec­ture de copies plutôt le soir. Ecri­t­ure de mon édi­to le dimanche. Le soir, soit j’ai des dîn­ers, soit je vais au théâtre parce que j’adore ça, soit je rat­trape le retard dans le tra­vail. Et donc je me couche vers 1h du matin. Je finis la semaine en loques », Ozap.com, 05/03/2007.

« J’es­saye d’éviter les émis­sions de diver­tisse­ment où l’on va me faire par­ler d’autre chose que de poli­tique, je n’évite pas tou­jours. Quand je vais par­ler, c’est sur un sujet que je maîtrise. Il y en a deux : la poli­tique et le théâtre. En ce moment, l’ac­tu­al­ité est poli­tique. Et ça ne me lasse pas, parce que la matière est pas­sion­nante. Je crois que la télévi­sion se nour­rit et dévore les jour­nal­istes de presse écrite qu’elle fait venir. Elle les con­somme, les sur­con­somme puis un jour se dit «on l’a vu partout » et passe à la généra­tion suiv­ante », ibid.

« le site Inter­net va être rapi­de­ment le pôle de prospérité de la presse écrite. C’est par Inter­net que revien­dront les recettes pub­lic­i­taires per­dues sur les petites annonces d’emploi ou la pub­lic­ité com­mer­ciale. Il faut donc avoir un site puis­sant pour faire un max­i­mum de pages vues pour qu’on vende autant d’en­car­ts pub et de pages pub Inter­net que pos­si­ble. J’ai donc décidé de met­tre la rédac­tion du news au ser­vice du net. Mais les ser­vices de la rédac­tion papi­er peu­vent apporter beau­coup au site Inter­net : de la mémoire, des scoops, une exper­tise. On peut deman­der à un jour­nal­iste du papi­er de faire un petit texte, un son, une vidéo ou de don­ner le numéro d’un de ses con­tacts pour aider le site Inter­net. Tous les matins, la con­férence com­mence par l’ac­tu­al­ité du jour que le site Inter­net souhaite voir traiter par l’équipe de l’heb­do papi­er », ibid.

« On peut avoir des réti­cences [à Inter­net]. Ça veut juste dire mourir dans les années qui vien­nent et être au chô­mage. Il faut s’adapter, c’est tout. Inter­net n’est pas une option. Ce n’est pas une révo­lu­tion, c’est l’ac­tu­al­ité. C’est main­tenant », ibid.

« Toute jeune fille qui ne rêve pas d’être poupée célèbre ou star­lette de ciné­ma se trompe sur son des­tin », L’Ex­press, 16 juin 2011.

« En finir avec Mélen­chon », ce politi­cien au « verbe haut et [aux] idées cour­tes, mi-tri­bun, mi-guig­nol […] son idéolo­gie, trot­sko-marxo-pro­tec­to-nation­al­iste, pour­rait bien pol­luer l’éventuel quin­quen­nat de François Hol­lande. En effet, si la prime au méchant vaut à Mélen­chon de créer la sur­prise dans les urnes, le nou­veau prési­dent devra faire avec », L’Ex­press, 14 mars 2012.

« Main­tenant tous les jour­nal­istes sont mûrs pour enten­dre un dis­cours de man­age­ment. C’est-à-dire qu’il n’y a plus ou presque plus d’attitude idéologique du genre « la pub c’est mau­vais », « gag­n­er de l’argent on s’en fiche », « l’actionnaire est notre enne­mi »… C’est fini. On sait dans quelle économie on tra­vaille, on s’adapte en per­ma­nence », Straté­gies, 2012

« Le man­age­ment actuel des titres de presse écrite est mar­qué à 120% par la crise. On gère la pénurie tout d’abord (peu de moyens, pas d’investissement). Et puis, on gère surtout la pré­car­ité. […] Cela engen­dre plusieurs phénomènes : D’abord, très peu de pos­si­bil­ités d’investissement. On n’a pas le droit de courir le risque : quand on investit, il faut que cela paye. Ensuite, très peu d’éléments de moti­va­tion pour les troupes : on ne peut pas aug­menter les salaires, don­ner des primes, etc. Et puis on gère surtout le vent ter­ri­ble de cette révo­lu­tion numérique. La moder­nité a apporté des choses for­mi­da­bles : la rapid­ité, le gain de pro­duc­tiv­ité. Mais elle a aus­si don­né nais­sance à une insécu­rité économique », ibid

« On est dans une époque où per­dre de l’argent, c’est fatal. C’est encore plus vrai dans une entre­prise de presse, parce que si vous perdez de l’argent, non seule­ment vous perdez votre via­bil­ité, mais surtout vous pou­vez très vite dis­paraître. Par ailleurs, per­dre de l’argent, cela sig­ni­fie per­dre son indépen­dance. […] si vous faites un jour­nal et que vous perdez de l’argent, vous ne fer­ez plus le même jour­nal, parce qu’à par­tir de ce moment-là, votre action­naire ou vos financiers vous diront ce que vous devrez écrire. Pour ne pas per­dre l’indépendance édi­to­ri­ale, il faut gag­n­er de l’argent », ibid

« Il faut être totale­ment opéra­tionnel, savoir utilis­er tous les out­ils tech­nologiques, pos­séder un très bon niveau de langue. Il faut être totale­ment mul­ti­mé­dia […] Le prob­lème, c’est que cela forme des gens qui sont bons à tout et pro­pres à rien, c’est-à-dire qui peu­vent être util­isés partout, mais qui n’ont pas assez d’existence per­son­nelle. Donc pour percer, il faut dévelop­per des domaines d’expertise. Il faut essay­er de se forg­er un car­ac­tère à tra­vers un style, un ton, une manière d’aborder l’actualité. […] Il faut accepter que ce méti­er se con­stru­it dans des années de pré­car­ité au départ », ibid.

« Il y aura tou­jours des choses à racon­ter sur la franc-maçon­ner­ie : comme les énar­ques, c’est une des struc­tura­tions de l’État français », L’Ex­press, 2012, cité par Acrimed.

« L’im­mi­gra­tion est une bonne chose pour la France, une très bonne chose pour la vital­ité française », Édi­to de L’Express, 13 novem­bre 2012.

« Con­ser­va­teur et con­ven­tion­nel, alors que je me suis pronon­cé pour le mariage homo­sex­uel, la pro­créa­tion médi­cale­ment assistée et la ges­ta­tion pour autrui ? » Blog de Christophe Bar­bi­er, 25 jan­vi­er 2013.

« Il existe une série d’épisodes his­toriques qui ont per­mis de tranch­er, si j’ose dire, entre le « bien et le mal », entre ce qui est de Gauche et ce qui ne l’est pas. La Gauche c’est donc d’abord cela », La Règle du jeu, 21 févri­er 2013

« L’histoire de la Gauche doit être lue à coté de celle de la France et de ses années noires », Id.

« Il faut par­fois dire les choses crû­ment, vio­lem­ment. Oui, l’Ex­press l’af­firme, les syn­di­cats français sont nuls. Nuls, on le voit avec cette affaire Sépho­ra. Déplorables. Les com­merçants veu­lent ouvrir. Les salariés veu­lent tra­vailler. Les clients veu­lent venir à des heures inhab­ituelles, le dimanche, ou tard le soir. Et évidem­ment, il y a tou­jours un syn­di­cat pour être pointilleux, et jouer le respect stu­pide du droit. », Édi­to de L’Ex­press, 24 sep­tem­bre 2013.

« Manuel Valls a rai­son de ten­ter de met­tre fin aux agisse­ments de Dieudon­né. Mais a‑t-il pris la bonne méth­ode ? Le trou­ble à l’ordre pub­lic pré­sumé est tou­jours dif­fi­cile à con­stituer, à con­stater avant un spec­ta­cle, c’est dif­fi­cile aus­si après. Les préfets vont devoir faire preuve de beau­coup d’habileté s’ils veu­lent appli­quer la con­signe du min­istre. […] Il faut faire pres­sion sur les directeurs de salle, sur les pro­gram­ma­teurs pour qu’ils déci­dent de ne plus met­tre Dieudon­né à l’affiche. Avec une sorte de volon­té d’hygiène pour que les spec­ta­teurs n’aient plus la pos­si­bil­ité de venir le voir, pour qu’il n’y ait pas la ten­ta­tion, il faut sup­primer l’objet de cette ten­ta­tion. Ain­si Dieudon­né n’aura plus de pub­lic. », L’Ex­press, 30 décem­bre 2013.

« Admet­tons que l’on ferme toutes les salles à Dieudon­né, il a un mil­lion et demi ou deux mil­lions de vues sur inter­net, que fait-on der­rière ? […] Inter­net n’est pas un no man’s land. On peut aus­si com­bat­tre sur inter­net juridique­ment ceux qui vio­lent la loi, et notam­ment la loi Gayssot. On peut y aller, il suf­fit que les autorités s’en don­nent les moyens […] Inter­net est un champ d’impunité parce que ça part dans tous les sens. Mais ça se régule aus­si inter­net ! Entre nous, les Chi­nois y arrivent bien.» RMC, “Les Grandes Gueules”, 3 jan­vi­er 2014.

« Alors regar­dons com­ment, par quel mode d’emploi on peut empêch­er Dieudon­né de nuire. D’abord, le trou­ble à l’ordre pub­lic, ce n’est pas le plus facile puisqu’il faut qu’il y ait des trou­bles ou des men­aces con­statés. […] que tous les mil­i­tants antiracistes se mobilisent pour aller dans chaque ville con­cernée la veille faire un peu de tohu-bohu et don­ner au préfet du coin le pré­texte qu’il attend, la bonne occa­sion pour inter­dire le spec­ta­cle. », L’Ex­press, 6 jan­vi­er 2014.

« Ensuite, il faut aller dans les spec­ta­cles de Dieudon­né, notam­ment dans sa salle parisi­enne, où là l’interdiction pour trou­ble à l’ordre pub­lic est plus dif­fi­cile ; dans cette salle là on pour­ra y enten­dre des choses qui pour­ront après coup, après coup, per­me­t­tre d’interdire la récidive du spec­ta­cle. Cela per­me­t­trait de trou­ver une nou­velle util­ité aux anciens Ren­seigne­ments généraux. », ibid.

« Le vrai min­istre qui devrait agir dès aujourd’hui con­tre Dieudon­né, c’est Vin­cent Peil­lon, c’est au sein de l’Éducation nationale qu’il faut très vite appren­dre aux enfants com­ment des idées nauséabon­des arrivent à se fau­fil­er par anfrac­tu­osités de la loi et com­ment sous le faux nez de l’humour on peut répan­dre des idéolo­gies dan­gereuses. Si on arrive à vac­cin­er les enfants con­tre cela, on aura fait un grand pro­grès », ibid.

« Nous voulons faire de L’Ex­press le jour­nal de la réforme, le jour­nal des réformes, fidèle à ses racines puisque le jour­nal a été créé en 1953 pour aider Mendès France à men­er ses réformes et à chang­er le pays. Nous allons pouss­er tous les réformistes : avec Emmanuel Macron il y a une promesse de réforme, une volon­té de réforme, donc nous sommes avec lui. » France Info, 9 mars 2016.

« Ils ont rai­son ces pro­fesseurs, ces médecins et autres qui pensent qu’il faut autoris­er la pro­créa­tion médi­cale­ment assistée (PMA). En effet, en l’in­ter­dis­ant on ne crée pas un droit, on crée une iné­gal­ité. Il y a ceux qui peu­vent aller en faire une à l’é­tranger et ceux qui n’ont pas les moyens. » L’édi­to de L’Ex­press, 18 mars 2016.

« Je ne me sens pas mis à l’écart, plutôt mis en vit­rine », au sujet de sa mise à l’é­cart de la direc­tion de L’Ex­press, Le Monde, 10 octo­bre 2016.

« Il y aura dans quelques semaines le référen­dum de Notre-Dame-des-Lan­des, ils iront tous là-bas. Vous ver­rez que s’il y a l’occasion d’aller dans une réu­nion inter­na­tionale ou un ren­dez-vous poli­tique, il y aura de nou­veau des ren­dez-vous de vio­lence la Loi El Khom­ri est un pré­texte pour les casseurs », C dans l’Air, 18 mai 2016. L’art de la prévi­sion de Christophe Bar­bi­er est à revoir : led­it référen­dum s’est passé dans le calme le plus absolu, et tant sa tenue que ses résul­tats ont été ignorés par les opposants à l’aéroport.

« Se con­fron­ter au ter­rain pol­lue l’esprit de l’éditorialiste. Son rôle est de don­ner son opin­ion, d’affirmer ses cer­ti­tudes, par essence improu­vables. Affich­er avec force ses con­vic­tions per­met aux lecteurs de s’y frot­ter pour for­mer les leurs », JDD/Europe 1, 14/04/2017

« Faire la une sur Trump au moment de son instal­la­tion au pou­voir, c’est par­faite­ment légitime. Les lecteurs en ont marre? Peu importe. On en par­le, car pour nous, c’est impor­tant. Sinon, on trahit notre devoir de jour­nal­istes. Le jour où les gens fer­ont un jour­nal à la carte, ceux qui n’aiment que le sport ne sauront pas qu’il y a une guerre en Syrie. Là, on fab­ri­quera des citoyens crétins », ibid.

« L’idéologue pro­fesse ses idées pour réalis­er ses ambi­tions per­son­nelles. L’éditorialiste doit être dés­in­téressé. Je ne roule pour aucun par­ti poli­tique. Je suis dans une pos­ture facile. Je cri­tique, je dis ce qu’il faut faire, mais je suis inca­pable de le faire », ibid.

« Se con­fron­ter au ter­rain pol­lue l’esprit de l’éditorialiste. Son rôle est de don­ner son opin­ion, d’affirmer ses cer­ti­tudes, par essence improu­vables. Affich­er avec force ses con­vic­tions per­met aux lecteurs de s’y frot­ter pour for­mer les leurs », Le JDD, 14/04/2017.

« Faire la une sur Trump au moment de son instal­la­tion au pou­voir, c’est par­faite­ment légitime. Les lecteurs en ont marre ? Peu importe. On en par­le, car pour nous, c’est impor­tant. Sinon, on trahit notre devoir de jour­nal­istes », ibid. [ce qui explique mieux l’effondrement des ventes de L’Express sous sa direction]

« L’éditorialiste est un tuteur sur lequel le peu­ple, comme du lierre ram­pant, peut s’élever. Penser con­tre, c’est aus­si penser », ibid.

« L’éditorialiste doit être dés­in­téressé. Je ne roule pour aucun par­ti poli­tique. Je suis dans une pos­ture facile. Je cri­tique, je dis ce qu’il faut faire, mais je suis inca­pable de le faire », ibid.

« Il est incon­testable que les idées pour lesquelles je me suis bat­tu pen­dant trente ans sont assez bien, pas toutes, représen­tées par Emmanuel Macron. Alors on me dit sou­vent : « Bar­bi­er, vous êtes macro­niste. » Mais c’est faux ! C’est Macron qui est bar­bi­ériste ! J’étais là avant lui.… Je dis tout ça depuis 20 ans et le type il arrive, il le fait, c’est quand même un peu facile, quoi. », Europe 1, 04/06/2019.

« Non, je crains que ça [réforme des assur­ances-chô­mages, ndlr] ne soit pas assez effi­cace, car ce n’est pas assez vio­lent, tout sim­ple­ment. C’est la société française, on n’ac­cepte pas ce qui se passe dans d’autres pays. […]On ne sup­porte pas en France cela, on con­sid­ère que le droit au tra­vail, c’est le droit de choisir son tra­vail. Il faudrait réformer com­plète­ment Pôle Emploi C’est pour ça qu’en France on n’ar­rive pas à régler ce prob­lème du chô­mage de masse. », BFMTV, 18/06/2019.

Christophe Barbier et la liberté d’expression : oui à Charlie Hebdo, non à Dieudonné

La lib­erté d’ex­pres­sion est un droit non négo­cia­ble et sans lim­ites pour Christophe Bar­bi­er. Voire. Le site Acrimed rap­pelle, non sans ironie, ses pro­pos à ce sujet, où il vire au vent comme son écharpe rouge. Et pas qu’un petit peu.

« La lib­erté d’expression a des lim­ites. De quel droit Dieudon­né et ses com­pars­es peu­vent-ils encore nuire dans cette cam­pagne pour les élec­tions européennes. Voilà que dans une tri­bune ils ont non seule­ment passé un coup de télé­phone du ter­ror­iste Car­los les sou­tenant [sic], non seule­ment ont fait l’apologie d’Ahmadinejad, mais tenu des pro­pos con­tre le lob­by « juifiste ». […] Et voilà que quand on tient de pro­pos pareils on est tolérés, on a le droit même à des dépêch­es, on a le droit à une cou­ver­ture médi­a­tique [sic], on a le droit au respect des autorités de la République, on a le droit de dépos­er des listes et de se présen­ter au suf­frage des électeurs, on a le droit de flat­ter les pires instincts parce qu’il y a tou­jours évidem­ment des foules prêtes à don­ner dans la haine, c’est absol­u­ment scan­daleux, c’est absol­u­ment anor­mal, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas d’élus pour cette liste, bien sûr, mais il faut faire en sorte, et c’est aux autorités de la République d’y veiller, qu’ils ne puis­sent pas dépos­er de bul­letin dans les bureaux de vote. », édi­to­r­i­al de L’Ex­press, 2 juin 2009.

« Il ne peut pas y avoir de lim­ite à la lib­erté d’expression. La lib­erté peut entraîn­er l’immaturité, peut-être accom­pa­g­née d’irresponsabilité, et c’est peut-être le cas pour Char­lie Heb­do, cha­cun fera son avis. Mais la lib­erté n’a pas d’autre lim­ite que celle des autres, ma lib­erté s’arrête quand com­mence celle des autres. La lib­erté d’expression de Char­lie Heb­do n’entrave en rien la lib­erté de chaque citoyen de con­sid­ér­er que c’est de mau­vais goût, à chaque citoyen de respecter la reli­gion de tel ou tel autre, et surtout de chaque citoyen de pra­ti­quer sa reli­gion comme il l’entend. La lib­erté de Char­lie Heb­do n’est donc pas con­testable. Si quelqu’un se sent insulté il peut aller devant les tri­bunaux, c’est Jean-Marc Ayrault qui l’a dit et il a par­lé sage­ment. », L’Ex­press, 19 sep­tem­bre 2012 au sujet de la polémique sur les car­i­ca­tures de Mahomet.

Toute­fois, le Savo­yard souhaite lim­iter la lib­erté d’expression pour son pro­pre bien, man­i­fes­ta­tion chim­ique­ment pure de la dou­ble pen­sée orwelli­enne. Pour lui, il est impératif qu’elle soit encadrée par les géants du numérique sous le con­trôle de l’État, comme le pré­con­i­sait la funeste loi Avia reto­quée en juin dernier. Pour lui, la décap­i­ta­tion d’un pro­fesseur sur le sol français en 2020 aurait pu être évitée si les men­aces des par­ents et des prédi­ca­teurs islamis­es avaient été sup­primées des réseaux soci­aux. Il déclare ain­si, toute honte bue, sur BFMTV :

« Prof­i­tons de cette tragédie, si jose dire, pour faire une loi Avia validée con­sti­tu­tion­nelle­ment. Ça voudrait dire quoi ? Ça voudrait dire que les grands opéra­teurs des réseaux soci­aux auraient entre une heure et vingt-qua­tre heures selon les con­tenus pour faire dis­paraître les con­tenus haineux, et sinon eux seraient con­sidérés comme respon­s­ables, voire com­plices. Cette loi a été cassée par le Con­seil con­sti­tu­tion­nel au nom de la lib­erté dexpres­sion, il faut main­tenant la faire repass­er au nom aus­si de la lib­erté dexpres­sion ! »

Nébuleuse

Bernard-Hen­ri Lévy ; Car­la Bruni-Sarkozy ; Denis Jeam­bar ; Raphaël Enthoven ; Marc Jolivet.

Ils ont dit

« Quel est donc le pro­gramme que pro­pose le petit sol­dat Bar­bi­er ? La « baisse des charges sociales », la hausse de la CSG, l’application de la « TVA dite sociale » dont rêvait Sarkozy, la « flex­i­bil­ité du tra­vail » (comme si elle n’existait pas), la révi­sion des presta­tions sociales, la fin de l’État-Providence, le « coup de pied aux fess­es » con­tre « l’assistanat ». Bref, un traite­ment de choc — un vrai – qui serait le pâle héritage d’une dona­tion cosignée par Mar­garet Thatch­er et Ronald Rea­gan », Jack Dion, Mar­i­anne, 1er novem­bre 2012.

« Il se trou­ve que ni moi ni per­son­ne autour de Chris­tophe Bar­bi­er ne sait pour qui il vote », Yami­ni Kumar-Cohen au sujet de son mari, Gala, 13 novem­bre 2013.

« Des opin­ions des édi­to­ri­al­istes sur ce qu’il con­viendrait de faire aux pre­scrip­tions adressées au gou­verne­ment sur ce qu’il faut faire [pour con­tre­car­rer Dieudon­né, NDLA], il y a un pas rapi­de­ment franchi. Mais pour que les con­seils se trans­for­ment en ordres de mobil­i­sa­tion, le meilleur des aux­il­i­aires du min­istère de l’Intérieur est Christophe Bar­bi­er. Christophe Bar­bi­er, donc, dans deux édi­to­ri­aux suc­ces­sifs des 30 décem­bre 2013 et 6 jan­vi­er 2014 se rêve grand ordon­na­teur des bass­es œuvres du min­istre de l’Intérieur agis­sant « avec une sorte de volon­té d’hygiène » (!), con­seil­lant aux préfets d’instrumentaliser la loi, dili­gen­tant des enquêtes fis­cales, faisant pres­sion sur les directeurs de salles de spec­ta­cle, manip­u­lant les mil­i­tants antiracistes, con­ce­vant la stratégie d’emploi des Ren­seigne­ments généraux, ou orches­trant la pro­pa­gande au sein de l’Éducation nationale. », Acrimed 10 jan­vi­er 2014.

« Le 4 sep­tem­bre, « l’événement » dont il fal­lait d’urgence dis­cuter, qu’il fal­lait dis­sé­quer sous tous les angles, était… le mea cul­pa de François Hol­lande au sujet de cer­taines « réformes », jugées trop à gauche. Pour un tel « événe­ment », « C dans l’air » a mis les petits plats dans les grands en offrant un plateau 100 % libéral : Nico­las Beytout (L’Opinion), Ghis­laine Otten­heimer (Chal­lenges), Christophe Bar­bi­er (L’Express) et Françoise Fres­soz (Le Monde) étaient invités à « don­ner les clés pour com­pren­dre ». Et, face à ce défer­lement de plu­ral­isme, le téléspec­ta­teur a com­pris. » Acrimed, 8 sep­tem­bre 2015.

« L’homme à l’écharpe rouge garde un édi­to et se voit attribuer un poste (hon­ori­fique) de « con­seiller édi­to­r­i­al ». Il con­serve aus­si son fau­teuil dans la mati­nale de BFMTV, qui appar­tient au même groupe, SFR Média », Téléra­ma, au sujet de l’évic­tion de Christophe Bar­bi­er de la direc­tion de L’Ex­press, 11 octo­bre 2016.

« Dans cet univers fangeux, un homme se dis­tingue par ses effets de bret­teur : le sieur Christophe Bar­bi­er, qui ne ménage certes pas ses efforts pour son nou­veau cham­pi­on Emmanuel Macron (désigné par son pro­prié­taire Patrick Drahi), dont Coluche aurait dit qu’il “lave l’eau avant de laver le linge” », Lyon Cap­i­tale, 15/03/2017.

« Alors, mon­sieur Bar­bi­er, chiche : allons plus loin, lavons plus blanc que blanc, lavons l’eau avant de laver le linge et deman­dons des comptes à tous les hommes publics, pas seule­ment à ceux qui ont le mal­heur de déplaire à votre action­naire-rési­dent fis­cal suisse, pour lequel vous vous dépensez avec tant de zèle en vous faisant pass­er pour un (tou­jours) journaliste.Mais atten­tion : dans ce monde glacial et sépul­cral que vous appelez de vos vœux, celui de la finance sans fron­tières, ni foi, ni loi, celui de “l’ennemi sans vis­age” et pour tout dire de l’anti-France, une fois votre besogne accom­plie, vous pour­riez vous retrou­ver “inutile et sans usage”, pour repren­dre un texte du regret­té Daniel Darc, qui lui n’avait pas besoin d’écharpe rouge pour “faire peu­ple” et touch­er le cœur des gens. Vous avez atteint votre pla­fond de verre. Et le verre sem­ble épais », ibid.

« Tous les matins sur BFMTV. Un édi­to par jour sur lexpress.fr. Invité récur­rent de C dans l’air. L’éditorialiste est présent partout, mais sait qu’il ne fait pas l’unanimité. Mieux, il le revendique. Cliv­er, c’est l’objectif de l’édito. Ce qui le rend néces­saire au débat pub­lic, selon l’ancien directeur de la rédac­tion de L’Express. “L’éditorialiste est un tuteur sur lequel le peu­ple, comme du lierre ram­pant, peut s’élever. Penser con­tre, c’est aus­si penser. », JDD, 14/04/2017

« Il ne t’aura pas échap­pé, mon Cricri, que le mel­on aus­si pousse autour d’un tuteur, et l’espèce à laque­lle appar­tient celui qui a vis­i­ble­ment rem­placé ta tête doit néces­siter un poteau télé­graphique en béton pour en soutenir la folle démesure. Voire une éoli­enne, pour en accom­pa­g­n­er les si fréquents change­ments de vents. Après t’être sou­vent trompé sur LCI et dans L’Express, sur ton blog ou dans C dans l’air, c’est désor­mais sur BFMTV que tu dis­pens­es majori­taire­ment ces ora­cles aux cer­ti­tudes aléa­toires », réponse de l’édi­to­ri­al­iste des Inrocks à Christophe Bar­bi­er, 26/04/2017

« Pen­du à son smart­phone, dans son per­son­nage de coach aux pris­es avec les grands de ce monde (faux appels à Pou­tine et Trump inclus), Bar­bi­er entre et sort de scène, lais­sant Marc Jolivet enchaîn­er les blagues (pas drôles) et les analy­ses poli­tiques (dou­teuses) », Téléra­ma 24/04/2017 au sujet de son spec­ta­cle d’hu­mour poli­tique Nous présidents.

« Les vannes font peine à enten­dre. Qu’ils soient seuls ou à deux, l’hu­mour de Jolivet et Bar­bi­er afflige par tant de facil­ité, de lour­deur, de méchanceté gra­tu­ite. Morceaux choi­sis : « Jean Lasalle on com­prend rien. Asse­lin­eau, c’est Chem­i­nade en pire, il a une tête de con­trôleur fiscal. »
« Benoît Hamon, j’ai jamais fait dans le délit de faciès mais sa gueule de vam­pire, il faut qu’il se rec­olle les oreilles. », ibid. 

« On oscille entre sidéra­tion totale et con­ster­na­tion devant tant de bêtise et de sketchs sur­réal­istes faisant de ce spec­ta­cle un vaste fourre-tout hur­moris­tique de mau­vais goût. Voire par­fois raciste, avec une « Mar­i­anne » à l’ac­cent roumain, des extrater­restres à l’ac­cent chi­nois, un salut hit­le­rien sor­ti de nulle part […] le tout ponc­tué toutes les cinq min­utes de blagues sur Péné­lope Fil­lon, les costards du mari, et les attachés par­lemen­taires », ibid.

« Nous prési­dents, ne donne ni à rire, ni à réfléchir, et c’est là le plus déce­vant. Cela pour­rait ressem­bler à une mau­vaise comédie de boule­vard s’il n’y avait pas, en plus, cette impres­sion gênante que Jolivet et Bar­bi­er sem­blent per­suadés d’être investis d’une “mis­sion” », ibid. 

« La fran­chise et la can­deur avec lesquelles Christophe Bar­bi­er expose ce qu’il estime être les règles d’or du méti­er d’éditorialiste lais­sent sans voix. Cet entre­tien témoigne même d’une cer­taine lucid­ité chez Christophe Bar­bi­er. Il révèle l’état d’esprit qui règne dans cer­tains secteurs de l’éditocratie : entre fatu­ité, con­de­scen­dance et entre-soi assumé », Acrimed, 24/04/2017.

(N.B. : à l’extrême-gauche, tout ce qui n’est pas d’extrême-gauche est fatale­ment d’extrême-droite, on con­naît la ren­gaine. D’autre part, leurs logi­ciels n’ayant pas été mis à jour depuis 70 ans au bas mot, les mil­i­tants de ce bord n’ont pas suivi la muta­tion du bour­geois en libéral-lib­er­taire, ils l’imaginent d’ailleurs tou­jours avec un haut-de-forme sur le crâne et un livret de messe à la main…)

« Si Glanz a passé son week-end au com­mis­sari­at, rap­pelons-le, c’est pour avoir fait un doigt d’honneur à un polici­er lors d’une man­i­fes­ta­tion. Pour Bar­bi­er, c’est le doigt de trop. Le doigt qui boute Glanz hors du champ jour­nal­is­tique. Écou­tons l’homme à l’écharpe rouge : « On ne fait pas de doigt d’honneur, a for­tiori à des policiers, même quand on est dans un champ d’action un peu vir­u­lent, avec des grenades qui tombent un peu partout. Ça mon­tre bien d’ailleurs la con­fu­sion dans l’esprit de ce jeune homme entre le vrai jour­nal­isme, c’est-à-dire rap­porter des faits mais en prenant en compte tous les points de vue […] et une démarche mil­i­tante, où il filme dans la direc­tion qui l’arrange pour mon­tr­er ce qu’il veut mon­tr­er. C’est du mil­i­tan­tisme, c’est tout à fait hon­or­able mais ce n’est pas du journalisme.»
Même quand on est dans un champ d’action un peu vir­u­lent, avec des grenades qui tombent un peu partout», dit Bar­bi­er. En rap­por­tant ain­si l’incident, Bar­bi­er est-il jour­nal­iste ? A la vérité, si «des grenades tombent un peu partout» à cet instant-là, une grenade, pré­cisé­ment, vient d’atterrir aux pieds de Glanz, brûlant le bas de son pan­talon, peu après que le com­mis­saire en charge du secteur a iden­ti­fié Glanz en l’appelant par son prénom. Même si ce n’est pas cer­tain, il y a donc de fortes pré­somp­tions pour que Glanz ait été délibéré­ment visé — d’où le doigt d’honneur. En s’abstenant de men­tion­ner ce détail, Bar­bi­er reste-t-il «vrai jour­nal­iste» ou devient-il mil­i­tant anti-Glanz ? Souscrit-il lui-même à la néces­sité de «rap­porter des faits mais de manière con­tra­dic­toire, en prenant en compte tous les points de vue » ? », Daniel Schnei­der­mann, Libéra­tion, 5 mai 2019.

« Le sérieux jour­nal­is­tique de Christophe Bar­bi­er a égale­ment été remis en ques­tion. Il avait par exem­ple exé­cuté un poiri­er acro­ba­tique sur BFMTV et s’était impro­visé rappeur, imi­tant Emmanuel Macron ou sa con­seil­lère Sibeth Ndi­aye. Dernière­ment, son pas­sage dans l’émission C à vous pour une per­for­mance sim­i­laire avait été remar­qué. », Libéra­tion, 2 juil­let 2019.

« À force de squat­ter les plateaux de télévi­sion, et de com­menter l’ac­tu­al­ité poli­tique en temps réel, on finit for­cé­ment par se planter. Lour­de­ment, en ce qui con­cerne Christophe Bar­bi­er. En effet, ce lun­di 16 décem­bre au matin, celui-ci avait anglé son édi­to sur BFM TV sous cette forme : pourquoi Jean-Paul Delevoye allait, selon lui, rester au gou­verne­ment. “Non ! Il va quit­ter le gou­verne­ment, mais pas tout de suite. Pas tout de suite parce qu’il a été sauvé par Philippe Mar­tinez (secré­taire général de la CGT, ndlr). Philippe Mar­tinez, qui, la semaine dernière, fai­sait l’éloge de l’homme de dia­logue de Jean-Paul Delevoye. Et qui là, réclame sa démis­sion. Or évidem­ment, en pleine crise, quand l’ad­ver­saire réclame le scalp du min­istre, on ne lui donne pas”, prophéti­sait-il. Et pour­tant, embour­bé dans les polémiques sur ses man­dats non déclarés à la Haute autorité pour la trans­parence de la vie publique, Jean-Paul Delevoye a bel et bien don­né sa démis­sion, comme nous l’avons appris peu après l’heure de midi le jour même. Dans la foulée, le soir, Christophe Bar­bi­er était de retour à la télévi­sion. Cette fois-ci sans son écharpe rouge, et avec un tout autre avis sur la ques­tion. Sans se démon­ter, et sans faire référence à son erreur du matin, l’édi­to­ri­al­iste affirme en toute tran­quil­lité dans C dans l’air : “Si ça s’est embal­lé, c’est aus­si parce que Matignon et l’Elysée ont con­sid­éré qu’il pou­vait porter le cha­peau des renon­ce­ments qu’on va peut-être voir demain. », Les Inrocks, 17 décem­bre 2019.

Crédit pho­to : Cadrem­ploi via Youtube (DR)

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