Journaliste politique… et partisan de la transparence de l’information
« Il faut savoir de temps en temps griller le off »
Christophe Jakubyszyn est un journaliste français, né en juillet 1967 à Paris dans le 13ème arrondissement, d’un père botaniste et d’une mère fonctionnaire. Il est directeur adjoint du service politique de TF1/LCI pendant 7 ans puis responsable de la matinale de BFMTV. Il est père d’une fille qu’il a eu avec la journaliste Bénédicte Mathieu. Il s’est fait une spécialité de révéler les propos tenus en off par les politiques dans un souci de transparence. De même, il a fait parler de lui fin 2012 avec sa biographie de Valérie Trierweiler qui lui a valu d’être attaqué en justice pour diffamation alors même qu’il venait d’être embauché par TF1. Il rejoint Les Échos comme directeur des rédactions fin avril 2024.
Formation
Christophe Jakubyszyn a été scolarisé au lycée Claude Monet à Paris. Il a obtenu par la suite un diplôme de l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Paris en 1988 puis de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) en 1990.
Parcours professionnel
Le jeune diplômé commence tout d’abord par piger pour La Lettre d’Europe de l’Est, une revue spécialisée dans les marchés de l’ex-URSS. Suite à un stage de contrôleur de gestion à L’Oréal Finlande de 1991 à 1992, Christophe Jakubyszyn est engagé comme journaliste au sein du magazine Option Finance de 1993 à 1994 puis à La Tribune de 1994 à 1995, tout en réalisant conjointement les Flash Bourse de l’émission l’Équipe du matin sur Europe 1.
Après un bref passage à la Commission Européenne en tant qu’administrateur de 1995 à 1996, il entre au sein du quotidien Le Monde où Edwy Plenel est à la recherche d’un spécialiste des transports ; il s’avère que l’ancien fonctionnaire européen est très versé dans les projets d’infrastructures européennes dont il s’occupait à la Commission. Il exerce tour à tour les fonctions de journaliste économique de 1996 à 2000 avec une dilection marquée pour la high-tech, puis de rédacteur en chef des pages économiques de 2001 à 2002 et enfin de journaliste politique de 2003 à 2008.
Parallèlement, il est vice-président de la société des rédacteurs du Monde. En 2008, il publie Le chouchou. Le fabuleux destin de Xavier Bertrand, co-écrit avec Muriel Pleynet. Dans ce livre, les auteurs décryptent le style et la méthode de l’ancien ministre du travail de Nicolas Sarkozy. En janvier 2009, il est nommé directeur de la rédaction de la radio RMC, succédant ainsi à François Pesenti. Sur la même antenne, Christophe Jakubyszyn est également éditorialiste politique tous les jours dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin, « Bourdin & Co » à 7h20. Il ne tarit pas d’éloges au sujet de l’éditorialiste vedette de RMC, chez qui il admire sa proximité avec le peuple, dont il avoue s’être inspiré pour modifier son rapport à l’information. Il est également éditorialiste politique à BFMTV (qui appartient au groupe NextRadioTV, le même que RMC) de 2009 à 2012. En septembre 2010, la direction de RMC lui confie la présentation d’une émission de la mi-journée, « Le Grand Show de l’Info », de 13h à 14h. Ce programme deviendra plus tard « Carrément Brunet », présenté par Eric Brunet. En novembre 2010, il devient le « joker » de Jean-Jacques Bourdin en présentant l’émission en son absence. En 2012, il présente la chronique « Politique 2012 » à 7h50 du lundi au vendredi sur BFMTV. Il réalise également une interview politique le dimanche soir dans la séquence « L’After RMC ».
En octobre 2012, il est attaqué en justice par l’ex-première dame de France Valérie Trierweiler. Cette dernière a déposé devant le TGI de Paris deux plaintes, l’une pour diffamation et l’autre pour atteinte à la vie privée, sur le motif qu’il révèle dans sa biographie La Frondeuse (co-écrite avec Alix Bouilhaguet, éditions du Moment) une liaison intime qu’elle aurait eu avec le député UMP Patrick Devedjian, lequel dément également. Dans cette affaire Valérie Trierweiler, qui réclamait pas moins de 85 000 euros de dommages et intérêts, en obtiendra 10 000 en réparation du préjudice subi de la part de l’éditeur et des auteurs et 3000 euros de celle du magazine Point de vue et de Christophe Jakubyszyn, au titre d’atteinte à la vie privée. Pratiquement dans le même temps, en décembre 2012, Christophe Jakubyszyn quitte le groupe NextRadioTV et rejoint TF1 où il remplace François Bachy (lequel a rejoint la direction de la communication de la Caisse des dépôts) au poste de directeur adjoint chargé du service politique de TF1/LCI. Il assure également la fonction d’éditorialiste au sein des JT.
Pour des raisons d’image, la direction de TF1 annonce qu’elle soutient officiellement Christophe Jakubyszyn dans le conflit qui l’oppose à Valérie Trierweiler et qu’elle ne souhaite pas revenir sur le recrutement du journaliste en son sein. Lors du procès, l’accusé se défendra à la barre du TGI n’avoir pas voulu faire « le CV sentimental » de Valérie Trierweiler mais expliquera avoir révélé cette information pour éclairer les rapports particuliers entre Patrick Devedjian et François Hollande. Christophe Jakubyszyn rapporte que lors de son mandat, le président Hollande a tenté de faire pression par deux fois sur la direction de TF1 pour obtenir la tête du journaliste, auquel il semble vouer une rancune tenace.
En février 2013, Christophe Jakubiszyn est invité par l’École de journalisme de Sciences Po Paris à intervenir dans le cadre d’un master class sur le thème du journalisme politique. Dans ce cadre, il expose sa vision de son métier. Quelques mois plus tard, en juillet 2013, Valérie Trierweiler est à son tour condamnée à payer la somme de 2 500 euros pour remboursement de frais de justice à l’éditeur du livre et 2500 à Christophe Jakubyszyn, après avoir pris la décision à la mi-juin de renoncer à engager des poursuites pour diffamation.
À l’issue du premier tour des élections présidentielles et de tractations entre les patrons de chaînes, les représentants des candidats et les membres du CSA, il est préféré à Gilles Bouleau pour arbitrer le débat d’entre-deux-tours. Il le dirige devant 17 millions de spectateurs aux côtés de Natalie Saint-Cricq. Il se déclare ravi d’avoir été « un pot de fleur », étant donné que cette fonction est le graal de toute carrière journalistique. En dépit de cette apogée étonnante pour un tard venu au journalisme politique, il quitte TF1 et une audience quotidienne de 7 millions de spectateurs pour la matinale de BFM Business qui représente 205 000 téléspectateurs par jour. Il s’est laissé convaincre par Alain Weill de venir remplacer la figure historique de la matinale, Stéphane Soumier, auquel Weill reprochait des audiences décevantes et un style pas assez visuel pour le petit écran. Pour l’homme c’est un retour aux sources à double titre : il revient à l’économie où il a débuté dans le métier et au groupe NextRadioTV où il a officié entre 2009 et 2012£; Il en devient le rédacteur en chef en 2022.
Débauché par Les Échos au printemps 2024, il est adoubé par ses pairs par 213 voix sur 251 inscrits et devient le nouveau directeur des rédactions.
Publications
- Le chouchou. Le fabuleux destin de Xavier Bertrand, avec Muriel Pleynet, Éditions Anne Carrière, 2008
- La Frondeuse, Valérie Trierweiler, avec Alix Bouilhaguet, Éditions du moment, octobre 2012.
Sa nébuleuse
Christophe Jakubyszyn est marié à Bénédicte Mathieu qui est journaliste, auteur pour Actes Sud Junior et chroniqueuse pour le site internet yagg.com. Ce dernier se proclame sur sa page facebook comme « le premier media social LGBT (Lesbien, Gay, Bi et Trans), fier et différent ». Il a été créé en 2008 par quatre journalistes, dont Christophe Martet, ancien rédacteur en chef de Têtu. Depuis 2013, le site intègre Têtu.com, le site internet du magazine de presse Têtu. Dans son sillage est né Yagg Pro, le premier réseau social des professionnels LGBT. Par ailleurs, Christophe Jakubyszyn a co-signé son ouvrage, Le Chouchou. Le fabuleux destin de Xavier Bertrand avec Muriel Pleynet, alors journaliste politique à LCP, en charge du suivi de la droite parlementaire. Cette dernière a déjà publié en 2006 en collaboration avec Emilie Aubry Pas de deux à l’Elysée aux éditons Héloïse d’Ormesson, une enquête sur la « peoplisation » du couple présidentiel. Depuis, Muriel Pleynet est devenue rédactrice en chef adjointe à i>Télé (Groupe Canal+). Christophe Jakubyszyn est également proche de la journaliste Alix Bouilhaguet avec laquelle il a co-écrit la biographie La Frondeuse, Valérie Trierweiler (Editions du moment) publiée en octobre 2012. Ancienne grand reporter au service politique de France 2, cette dernière a notamment suivi la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. En disponibilité à Washington, elle est depuis 2010 correspondante pour le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France.
Combien il gagne
Non renseigné
Parcours militant
Lorsqu’il était étudiant à l’ESSEC, Jakubyszyn a mis en œuvre, par le biais d’une association étudiante de l’école, l’envoi d’ un convoi humanitaire et sanitaire à travers la Pologne, le pays de ses ancêtres, alors que le bloc de l’Est éclatait.
Ils l’ont dit
« Je me demande si ça aussi, ce n’est pas du populisme. Parce que si dès que quelqu’un lève un sourcil, paf c’est sur Twitter, ça devient un peu une société totalitaire », Jean-Michel Apathie en février 2010 sur Canal+, à propos de la décision de Jakubyszyn de révéler des propos tenus en off dans les couloirs de RMC par Eric Besson disant qu’il fallait passer les médias à la Kalachnikov (voir vidéo).
« Comment la chaîne compte-t-elle freiner sa chute sur le toboggan de l’audience ? Rester dans l’omerta traditionnelle sur les choses de la vie privée, ou basculer, comme BFM, comme les hebdos, dans le trash décomplexé ? Peut-être l’embauche de Jakubyszyn traduit-elle un choix stratégique secret. Peut-être pas. Allez savoir. Que signifierait le choix du basculement ? L’acceptation définitive que le divertissement est, pour une chaîne privée, plus rentable que l’information. L’hypothèse n’est pas absurde », Daniel Schneidermann, dans Libération Médias le 14 octobre 2012, à propos de l’embauche de Christophe Jakubyszyn par TF1 au moment de la sortie de sa biographie sur Trierweiler.
Il l’a dit
« À RMC j’ai appris pendant quatre ans à être à l’écoute du pouls de la France. Cela m’avait marqué le premier jour : le standard est collé au studio et tu entends les standardistes répondre aux gens. Et c’est tellement important. Moi qui venais du “Monde”, où on parle d’en haut ; là, à RMC, on parle d’en bas. J’ai appris, j’ai développé de l’empathie envers les gens. Je lis mes mails, les messages sur les réseaux sociaux, même si c’est violent. Cela m’a transformé. », Le Monde, 11 septembre 2019.
« À mon arrivée, Martin Bouygues m’a dit qu’il se fichait de donner une quelconque orientation ou couleur politique à notre ligne éditoriale. J’ai trouvé ça formidable qu’une chaîne aussi puissante et influente comprenne la nécessité d’ériger une Grande Muraille entre les actionnaires et les journalistes. » Reflets, octobre-novembre 2018.
« Il ne faut pas que cette intimité (avec les politiques, ndlr), que vous développez en allant dans leurs bureaux et en déjeunant avec eux, se transforme en complicité et en connivence. Personnellement, j’ai toujours fait attention à me protéger de cela. Quand je sens que je pourrais devenir ami avec une ou un politique, je lui joue un sale tout, je grille un off par exemple. C’est une sorte de rappel à l’ordre qui me semble assez sain. Il faut rester à l’écart des séductions et des attraits du pouvoir. », Charles, 2018.
« Je suis l’un des premiers à avoir visité le Q.G. d’En Marche!, en octobre 2016, à peine deux mois après sa démission du gouvernement. J’en ai vu beaucoup des Q.G. en tant que journaliste politique. La plupart du temps, leur organisation ressemble à du bricolage, fait par quelques volontaires. Chez En Marche!, j’ai vu ce que n’avais jamais vu ailleurs : une fourmilière de 200 personnes sur trois étages avec des jeunes et des volontaires partout ! Ils étaient très organisés avec des bureaux dédiés à chaque tâche : les parrainages, la communication, le programme… Il y’avait des lits de camp dans certains bureaux pour permettre aux volontaires de se relayer. Je n’avais jamais vu une telle capacité à s’organiser et à conquérir le pouvoir. », Ibid.
« On avait donc conclu un deal avec Le Maire (Bruno, ndlr) : il m’appelait la veille au soir de la conférence et me donnait toutes les informations, ce qui me permettait d’écrire mon article tôt. […] Quelques années plus tard, Bruno Le Maire m’a avoué que lorsqu’il m’appelait, il mettait en fait le téléphone sur haut-parleur pour que Villepin écoute. Toutes les questions que je lui posais lui permettaient de préparer la conférence presse du lendemain matin. […} Je ne lui en ai bien sûr pas voulu, mais cela m’a fait réfléchir : si le seul fait de me parler leur permettait d’anticiper les questions des journalistes, c’est que ceux-ci étaient très moutonniers… », Ibid
« La preuve que Mélenchon chasse sur les terres du FN, c’est qu’il parle de nation dans ses meetings. Et dans les meetings du Front de gauche, on n’entend plus seulement l’Internationale, mais on entend plutôt la Marseillaise. Un hymne qui fait encore s’étrangler bon nombre de communistes », janvier 2011, BFM TV.
« Le off, c’est forcément une forme de connivence. Pour qui je travaille ? Le politique ou mon auditeur ? La réponse est assez évidente. Quand il y a une révélation intéressante à faire en termes d’information, je pense d’abord à mon auditeur, à mon lecteur donc je lui donne l’information, je lui dois l’information. Je trouve qu’on fait trop de off en France. Et c’est parce qu’on en fait trop que les politiques ont pris l’habitude qu’on respecte le off. Je pense qu’il faut casser ce cercle vicieux », 15 septembre 2011, master class à l’IEP Paris (vidéo dailymotion).
« Il faut savoir de temps en temps griller le off », octobre 2012, sur le plateau du Grand Journal (Canal+).
« Nous devons être un peu moins institutionnels. Il y a un désamour entre la classe politique et les citoyens. Nous devons montrer pourquoi la politique les concerne, pourquoi elle a des conséquences sur leur vie de tous les jours ; et pas uniquement traiter des rapports de force entre les appareils », 30 novembre 2012, Le Monde, supplément « Télévision » (Interview à propos de son arrivée sur TF1).
« Après avoir cédé aux pigeons, aux poussins, après avoir renoncé à la taxe sur le gasoil, après avoir abandonné la fiscalité sur les PEL et les PEA, le gouvernement cède une nouvelle fois sur l’écotaxe. Un renoncement de plus (…) A force de renoncement, Jean-Marc Ayrault a perdu son autorité et sa crédibilité. Comment ce même gouvernement pourrait lever demain la suspension de l’écotaxe ? », 29 octobre 2013, TF1.
« Le désir de synthèse, de compromis de François Hollande est si fort qu’il n’a peut-être pas réalisé ce qu’il proposait vraiment, à moins que le président de la République soit un nouveau roi Salomon, vous savez pour départager deux femmes qui se disputaient un enfant, Salomon avait proposé de couper l’enfant en deux. Heureusement, c’était la vraie mère qui avait refusé, proposant que l’autre garde l’enfant. Et bien, peut être que François Hollande a fait une proposition aussi surprenante pour tenter d’un côté d’apaiser son aile gauche et la jeunesse en colère tout en sachant que Leonarda ne reviendrait pas en France. A force de ne vouloir froisser personne le président de la république risque de mécontenter tout le monde », 19 octobre 2013, TF1 (à propos de l’affaire Leonarda)
« Pour le ministre de l’intérieur, c’est une victoire politique totale, c’était l’objectif de Manuel Valls en menant cette offensive contre Dieudonné, démontrer que la politique ne doit pas baisser les bras, la justice dit « Je peux condamner mais à postériori », le ministre de l’intérieur voulait interdire à priori avant le spectacle, on disait l’interdiction de ce type de spectacle rarissime, très difficile juridiquement, et bien Manuel Valls a finalement gagné ce soir devant le conseil d’État (…) Cette décision représente une véritable rupture de jurisprudence (…) C’est ce que voulait prouver Valls, c’est qu’il est devenu incontestable et incontournable. Un rapport de force politique qui n’est pas sans rappeler celui qu’avait instauré un autre ministre de l’Intérieur avec Jacques Chirac : Un certain Nicolas Sarkozy », 9 janvier 2014, TF1 (à propos de l’interdiction par le Conseil d’État du spectacle de Dieudonné à Nantes).
Crédit photo : capture d’écran vidéo BFMTV via Youtube