Journaliste et défenseur des droits LGBT
Clemence Allezard est journaliste et co-présidente de l’association des journalistes LGBT. La journaliste se revendique lesbienne (et non pas pansexuelle comme l’a affirmé fautivement Vice). D’où son engagement rapidement pris en faveur des minorités sexuelles.
Après une brève collaboration au site Cultures & Croyances en tant que modératrice de la rubrique « Actualité – International » en 2013, elle rejoint l’équipe de France Culture. A partir de 2014 elle participe à la matinale de l’été puis à l’émission « Culture Monde ». Elle milite effectivement par ailleurs pour les groupes LGBT. C’est à ce titre qu’elle devient en 2018 avec Clément Giuliano co-présidente de l’AJL, l’Association des Journalistes LGBT créée en 2013 pour militer en faveur d’ « un meilleur traitement des questions LGBT dans les medias ».
Très active sur Twitter, elle y dénonce les « dérapages homophobes » éventuels des médias, quelle que soit leur couleur religieuse ou politique. Elle dénonce ainsi en 2017 Le Figaro pour avoir publié une publicité du collectif En Marche pour la Vie qui dénonçait les pressions exercées sur les femmes pour avorter, et en 2018 La Croix pour avoir fait la publicité de la Manif pour tous.
Son positionnement est celui du féminisme intersectionnel, qui souhaite mettre en lumière l’intersection entre différents types de discriminations : sexisme et racisme, racisme et homophobie, etc…
Tout ça pour dire : tendez l’oreille la semaine du 4 novembre les hétéros, ça parle de vous. C’est votre histoire autant que la nôtre. Mais je vous cache pas que c’est moche. https://t.co/GgUYLDUPDG
— clémence allezard (@CAllezard) September 11, 2019
(c’est @Queertiger qui me disait cela récemment & vraiment pareil pour moi, je crois que Balasko me gênait dans ce film petite , merci la lesbophobie intériorisée alors que maintenant je la trouve ultra sexy. Qui l’eût cru, le désir se (dé)construit socialement/culturellement.)
— clémence allezard (@CAllezard) September 12, 2019
Formation
Elle étudie à Science Po Aix-en-Provence, où elle obtient un Master de Journalisme Politique à l’International.
Parcours professionnel
Elle rejoint en décembre 2013 l’équipe du site Cultures & Croyances en tant que modératrice de la rubrique « Actualité – International ». Son intérêt pour les représentations de l’Iran en Occident la pousse à rejoindre le site créé par des musulmans ahmadis désireux de favoriser l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Elle s’y intéresse déjà occasionnellement à des sujets féministes, comme l’IVG.
Elle arrive à Paris en 2014. La même année, commence sa carrière de journaliste radio avec un premier poste chez France Culture, où elle participe à la matinale de l’été. A partir de septembre, elle prend en charge l’émission « Culture Monde ». Elle y réalise plusieurs documentaires et reportages sur le féminisme, avec notamment des biographies de femmes célèbres (Monique Wittig, Clémentine Delait…), mais aussi des enquêtes sur les grands thèmes du jour, avec par exemple une émission dédiée au genre.
La journaliste, auparavant centrée sur les questions de politique internationale, se tourne en effet progressivement vers des sujets plus militants. Ce tournant est marqué par son adhésion à l’Association des Journalistes LGBT, l’AJL, dont elle devient co-présidente en 2018.
Elle signe ainsi quelques articles engagés, sur des média militants comme Komitid, « site d’informations dédié aux questions qui touchent les personnes LGBT+ », et sur des média plus classiques comme Stratégies.
Parcours militant
Clémence Allezard se définit elle-même comme lesbienne et militante LGBT. Elle fait en effet partie de l’AJL, l’Association des Journalistes LGBT créée en 2013 pour militer en faveur d’ « un meilleur traitement des questions LGBT dans les medias », dont elle est co-présidente aux côtés de Clément Giuliano depuis 2018.
A ce titre, elle participe chaque année à l’organisation des « OUT d’or », une cérémonie de remise de prix récompensant la visibilité LGBT qu’organise l’association, mais également à de nombreux évènements militants, conférences internationales et regroupements lesbiens divers.
Sur son fil Tweeter, elle épingle régulièrement les publications qu’elle juge « homophobes » dans les média, avec par exemple son Tweet repris dans un article des Inrockuptibles sur le sujet, « @Le_Figaro QUE FOUT UNE PUB CONTRE L’IVG DANS VOTRE JOURNAL », lorsque le media avait publié le 12 janvier 2017 une publicité du collectif En Marche pour la vie. On peut également citer la condamnation du journal, pourtant théoriquement catholique, La Croix pour avoir joint à un numéro un tract en faveur de la Manif pour Tous. Le tweet de Clémence Allezard « Vraiment @LeCroix ? Un tract de la Manif pour tous – de la propagande homophobe – inséré/e dans votre journal ? Pas de souci déontologique ? Ou est-ce là la position officielle du journal ? Contre la #PMApourToutes, pour le mépris de miliers d’enfants 1de familles homoparentales ? » est ainsi relayé dans un article d’Anne Sogno pour TéléObs publié le 7 septembre 2018.
C’est elle qui a présenté dans les médias les résultats de l’enquête menée par 17 journalistes de l’association militante sur les discriminations dans les émissions de TV à grande audience. Durant un mois, les militants auraient visionné des séquences et recensé plus de 55 séquences jugées « problématiques » pour les droits et l’image des femmes, des personnes LGBT, etc. L’absence de propos discriminatoires est elle aussi imputée par Clémence Allezard par une autre forme de discrimination, puisqu’elle explique que « si on n’a pas remarqué de séquences lesbophobes, c’est parce qu’il n’y a tout simplement pas de lesbiennes sur les plateaux, ce qui relève aussi de la lesbophobie. »
Au moment de la vague #Metoo, elle prend position via une tribune publiée dans Mediapart le 9 janvier 2018 avec d’autres personnalités et journalistes contre la tribune « pour la liberté d’importuner » signée entre autres par Catherine Deneuve et qui défendait face au « puritanisme » du néo-féminisme à l’origine du hashtag la libération sexuelle du féminisme de mai 68. Le texte de la pétition signée par Clémence Allezard est emblématique du mouvement intersectionnel qui commence à s’imposer en France et qui fait se rejoindre le combat féministe et les combats des différentes minorités. Cette nouvelle étape du féminisme critique la génération passée comme étant un féminisme de classe, réservé à quelques femmes blanches et aisées. La tribune « pour la liberté d’importuner » est ainsi décrite comme écrite « par des femmes majoritairement blanches et bourgeoises (qui n’emploient pas l’écriture inclusive) ». A l’occasion de cette pétition, Clémence Allezard se décrit elle-même dans la liste des signataires comme « journaliste et militante LGBT ».
Elle prend également parole dans les médias, avec par exemple une interview publiée le 11 février 2019 le sur le média LGBT Komitid, à l’occasion de la Ligue du LOL pour réclamer « des embauches de femmes et de minorités aux postes à responsabilité ».
Ce qu’elle gagne
Non connu.
Sa nébuleuse
Ingrid Therwath : diplômée de Science Po Paris et de l’université de Cambridge, journaliste à Courrier International, elle est spécialiste de l’Inde. Elle enseigne par ailleurs le journalisme d’opinion à Sciences Po Paris. Membre de l’AJL, c’est elle qui accompagne Clémence Allezard lors de sa visite au Centre de Formation des Journalistes en 2018.
Clément Giuliano : il travaille régulièrement avec Clémence Allezard et prend parole avec la journaliste dans les média en tant que co-présidente de l’AJL. Rédacteur en chef adjoint chez AEF Sécurité Globale, média professionnel en ligne destiné aux élites décisionnelles, il est spécialiste des questions de sécurité, et notamment de l’actualité parlementaire et policière sur ces questions.
Elle l’a dit
« Toutes les opinions ne se valent pas : une opinion réactionnaire de LMPT ne vaut pas celle d’une concernée », dans un article d’Emeline Amétis pour Vice, « Ces jeunes LGBT orientent les luttes de demain », publié le 29 juin 2018.
« Toute l’année on pointe les failles du traitement médiatique des questions LGBT. Là, l’idée c’est d’être dans le positif : on veut saluer le travail de consœurs et confrères lors d’une soirée festive et engagée. C’est important de se faire du bien, aussi. L’année a été une fois de plus très dure pour nous. Notamment avec les débats sur la PMA, phagocytés par La Manif pour Tous (LMPT). Alors si on peut passer une soirée festive ensemble, c’est mieux. », dans un article d’Emeline Amétis pour Vice, « Ces jeunes LGBT orientent les luttes de demain », publié le 29 juin 2018.
« A l’heure actuelle, la télévision légitime par ses représentations la pérennité d’un système discriminatoire et oppressif. Notre but est donc de donner des outils aux journalistes et patrons de chaîne pour qu’ils changent leurs comportements et n’alimentent plus un terrain hostile aux minorités. » dans un article d’Anaïs Moran pour Libération publié le 20 décembre 2017.
Au sujet de la Ligue du LOL: « De voir qu’ils ont écrasé des minorités, que leur socialisation est passé par de l’humiliation des minorités et des femmes et qu’ils aient pu se coopter, ça n’est pas quelque chose que l’on découvre. On sait que c’est comme ça que fonctionne la société et il n’y a pas de raison que les rédactions échappent à ça. On sait que le patriarcat fonctionne comme cela. On connait cette solidarité masculine qui se base sur une culture de l’humiliation et de masculinité toxique. On sait que c’est comme ça que fonctionne la société et il n’y a pas de raison que les rédactions échappent à ça. Mais il est vrai que l’ampleur du cyberharcèlement nous a sidéré.e.s. » dans une interview publiée le 11 février 2019 dans Komitid.
Sur l’expression « lobby LGBT » : « Non, il n’y a pas de lobby LGBT. L’idée de “lobby” a une connotation péjorative, avec des groupes de pression qui menacent la démocratie. Cette expression est utilisée pour faire peur. En l’employant, on parle quand même de minorités discriminées qui s’organisent pour défendre leurs intérêts. On ne passe pas une semaine sans recenser des actes homophobes, lesbophobes, transphobes… Les associations LGBT n’ont pas d’intérêts privés, il n’y a pas d’argent en jeu. Quand on connait la situation financière des associations LGBT, c’est drôle. C’est en somme une expression anxiogène, avec l’idée que, comme pour les lobbys de multinationales, le lobby LGBT menacerait la démocratie et la cohésion sociale en cédant à des égoïsmes individuels. Évidemment, les associations LGBT veulent faire pression sur des gouvernements, pas avec de l’argent mais pour leurs droits. » dans un article de Prosper Dou publié le 18 avril 2018 sur Slate.
Photo : © Clemence Allezard