Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Daniel Riolo

20 juin 2024

Temps de lecture : 11 minutes
Accueil | Portraits | Daniel Riolo
Accueil | Portraits | Daniel Riolo

Daniel Riolo

Temps de lecture : 11 minutes

La grande gueule du foot français

Éléments biographiques

Fils d’un sicilien, Daniel Rio­lo est né en 1970, quelques mois avant que l’équipe d’Italie soit défaite en final du mon­di­al mex­i­cain face au Brésil. Il grandit à Ris-Orangis, dans une ban­lieue HLM de l’Essonne. Rapi­de­ment tombé dans le foot dans un envi­ron­nement famil­ial où coex­is­tent des sup­port­ers de la Juven­tus de Turin et de l’Inter de Milan, il décou­vre le bal­lon rond avec l’épopée des Verts en France. Ses jeunes années d’amateur de foot­ball sont celles de la généra­tion Pla­ti­ni, joueur français mythique qui portera notam­ment le mail­lot turi­nois. Habi­tant de la région parisi­enne, il fini­ra par défendre les couleurs du PSG, une préférence qui lui vaut l’acrimonie de cer­tains de ses détracteurs.

Vie privée

Daniel Rio­lo partage sa vie avec l’ancienne man­nequin Géral­dine Mail­let qui se revendique volon­tiers macro­niste. La langue bien pen­due égale­ment elle est chroniqueuse chez Cyril Hanouna dans l’émission Touche pas à mon poste. Clin d’œil de l’histoire, son pre­mier long-métrage s’appelle After, un film dans lequel joue une de ses proches Julie Gayet qui devien­dra quelques mois plus tard l’amante du prési­dent Hollande.

Daniel Rio­lo est le père de deux enfants issus d’une union antérieure et tient à rester dis­cret sur sa vie familiale.

Formation et parcours professionnel

Daniel Rio­lo fait des études de droit et intè­gre l’Institut français de presse qui appar­tient à l’université Paris II (Pan­théon-Assas) où il étudie le jour­nal­isme. Selon le site Pure Medias, il aurait fait ses pre­miers pas sur une chaîne de Canal­sat : Spec­ta­cles, en 1998 avant un bref pas­sage dans une émis­sion de ciné­ma sur M6. Rapi­de­ment il va se diriger dans le jour­nal­isme sportif.

Un an après sa créa­tion, il rejoint la chaîne Infos­port en 1999. Il cou­vre égale­ment le ten­nis sur la radio parisi­enne Sport O’FM aujourd’hui disparue.

En 2002, il fait un pas­sage au ser­vice des sports de Radio France alors dirigé par Jacques Ven­droux. Il passe ensuite chez RMC pour suiv­re le PSG avant de rejoin­dre le ser­vice sports de TPS où il com­mente les matchs des grands cham­pi­onnats européens en Ital­ie, en Alle­magne et en Angleterre. Il par­ticipe alors à divers­es émis­sions de foot­ball sur le bou­quet TPS.

En 2006, RMC lance l’émission l’After Foot ani­mée par Gilbert Bris­bois qui fait inter­venir Daniel Rio­lo. Une idylle qui dure encore en 2024, 18 ans plus tard.

Par ailleurs depuis 2007, Daniel Rio­lo a tra­vail­lé pour Ma Chaine Sport, TV5 Monde ou encore l’Agence française de développe­ment médias et ce tou­jours dans le cadre du football.

Enfin, sur la chaine privée lux­em­bour­geoise RTL9, il appa­rait pour par­ler pok­er, son autre passion.

Depuis 2019, il inter­vient heb­do­madaire­ment dans l’émission de débat Les Grandes Gueules de RMC.

Une grande gueule du foot français

« Je m’at­tendais à ce que ce soit un avion de chas­se. C’est de la deux­ième divi­sion »… Mais de qui peut bien par­ler le jour­nal­iste sportif Daniel Rio­lo ? Pas d’un espoir du foot­ball ou du dernier trans­fert du Paris-Saint-Ger­main mais d’une aven­ture de « charme » mal­heureuse du joueur de foot­ball brésilien Ney­mar lors de ses années parisiennes.

À ses côtés lors de ce pas­sage devenu viral sur les ondes de RMC, l’ancien inter­na­tion­al Jérôme Rothen qui renchérit : « Il peut avoir tout ce qu’il veut, il a pris une Ligue 2 ». Vis­i­ble­ment la con­quête du joueur de foot­ball n’était pas au goût des deux boute-en-train. Il est rap­pelé à l’ordre en direct par le jour­nal­iste Nico­las Vilas qui sent déjà le doux fumet des remon­trances du CSA qui offi­ci­ait encore en 2019.

Ce pas­sage, qui aura fait beau­coup rire les ama­teurs de foot­ball et les esprits légers, aura sus­cité un tol­lé jusque dans les arcanes du pou­voir. Des min­istres pren­dront même posi­tion à l’image du min­istre des Sports Rox­ana Maracineanu et le secré­taire d’État à l’Égalité Mar­lène Sci­ap­pa qui sera même invitée sur l’antenne de RMC pour échang­er à ce pro­pos avec le prin­ci­pal intéressé.

Si la séquence a fait grin­cer des dents les esprits cha­grins du fémin­isme macronien c’est que l’émission attire plus de 300 000 audi­teurs de 22 heures à minu­it en dif­fu­sion radio et sur RMC Sport News.

Même si les deux acolytes seront ensuite sus­pendus une semaine par leur direc­tion, les audi­ences auront été plus fortes que la pres­sion du poli­tique­ment correct.

Celui qu’on adore détester

Cet épisode illus­tre l’importance qu’a pu pren­dre un sim­ple chroniqueur de foot­ball sur une radio de grande écoute. Et pour cause Daniel Rio­lo, c’est une audi­ence assurée qui explique, en sus de ses con­nais­sances ency­clopédiques en matière de foot­ball, sa longévité dans le petit monde médiatique.

Con­spué sur les réseaux soci­aux par ses détracteurs, il parvient à faire d’un match nul une polémique et d’une cri­tique un peu sévère d’un joueur un véri­ta­ble buzz.

Tout le monde a une rai­son de le détester et il en joue. Pas une équipe n’est épargnée, pas un joueur, un entraineur. Ses avis tranchés aga­cent ceux qui sont visés (ou ceux qui les « sup­por­t­ent ») mais ravis­sent aus­si les adver­saires. Sou­vent per­ti­nent et par­fois hors-jeu selon les cri­tiques de la pen­sée unique, à 50 ans passés, Rio­lo compte déjà 18 ans sur une même émis­sion : l’After Foot sur RMC.

Racaille football club : un journaliste radio à la langue bien pendue et à la plume acérée

Son ouvrage « phare », Racaille foot­ball clubfan­tasmes et réal­ité du foot­ball français, pub­lié en 2013 et coécrit avec le jour­nal­iste Abdelkrim Bra­nine, revient sur les six années com­pliquées de l’équipe de France de foot­ball prise dans une spi­rale néga­tive entre l’Euro 2008 et l’Euro 2012 en pas­sant par la désas­treuse Coupe du monde de 2010 en Afrique du sud où les bleus s’illustrèrent par une grève de l’entrainement opposant une par­tie des joueurs à l’entraineur car­ac­tériel Ray­mond Domenech.

Dans cet ouvrage, le jour­nal­iste évoque les maux d’une généra­tion de foot­balleurs : hymne nation­al pas chan­té, rejet de la sélec­tion nationale, com­porte­ments provo­ca­teurs… Il con­state que la cul­ture racaille se trou­ve au cœur du foot­ball alors que 80 % des foot­balleurs sont orig­i­naires de ban­lieue et que les ques­tions d’ordre com­mu­nau­taire pren­nent de plus en plus de place. Un con­stat implaca­ble et un suc­cès en librairie avec plus de 30 000 exem­plaires ven­dus et une réédi­tion en for­mat de poche. Loin de con­stituer un plaidoy­er iden­ti­taire, l’ouvrage s’en tient à un con­stat cul­turel qui est celui du début des années 2010 dans le foot­ball français.

Le livre lui vaut un procès du foot­balleur Franck Ribery qual­i­fié de « caïd » et de « racaille » mais aus­si surnom­mé « Las­car­face ». Le cham­pi­on inter­na­tion­al passé par le Bay­ern de Munich ne l’emportera pas devant les tri­bunaux.

Réac de service ?

Cet ouvrage a per­mis de cat­a­loguer le jour­nal­iste dans le camp des « réac » dans la presse de foot­ball de gauche à l’image de la revue So Foot. Une éti­quette un peu facile­ment attribuée à un jour­nal­iste qui n’a certes pas sa langue dans sa poche mais qui demeure très con­venu dans son ouvrage comme dans ses démon­stra­tions. Ain­si invoque-t-il le « vivre ensem­ble » du vice-prési­dent de SOS Racisme de l’époque Her­mann Ebongue.

Son éti­quette vague­ment droitière est aus­si due à ses pro­pres déc­la­ra­tions dans le jour­nal Causeur en 2023 où il a affir­mé « je n’ai jamais cru aux baliv­ernes de la gauche française » ain­si que de sor­ties qui, en France, peu­vent égratign­er une par­tie de la presse.

En mai 2019, il affirme devant le can­di­dat tête de liste pour les com­mu­nistes aux élec­tions européennes Ian Brossat que les com­mu­nistes ont « col­laboré avec les nazis » durant la Sec­onde Guerre Mon­di­ale. Une affir­ma­tion pas approx­i­ma­tive qui aura le don d’agacer la gauche de Libéra­tion au PCF.

En mai 2024, après qu’un joueur de foot­ball a refusé d’arborer un sym­bole arc-en-ciel, sym­bole du lob­by LGBT, le jour­nal­iste a expliqué sur le plateau de France 5 que cela s’explique du fait de la reli­gion musul­mane du joueur en ques­tion, ce qu’assume ce dernier mais qui crispe la jour­nal­iste de l’émission C à vous Anne-Elisa Lemoine.

Publications

  • 2003 — OM-PSG, PSG-OM. Les meilleurs enne­mis, enquête sur une rival­ité avec ses con­frères Jean-François Pérès et David Aiello
  • 2006 — L’his­toire du Paris Saint-Germain
  • 2007 — PSG Club Capital
  • 2008 – Luis con­tre attaque avec Luis Fer­nan­dez (foot­balleur puis entraineur et chroniqueur)
  • 2008 — Mer­ci Paule­ta avec Pedro Miguel Paule­ta (foot­balleur)
  • 2009 – Le foot vu par Dugar­ry avec Christophe Dugar­ry (foot­balleur)
  • 2011 — Secrets de coachs avec son con­frère Christophe Paillet
  • 2013 – Racaille foot­ball club avec le jour­nal­iste Abdelkrim Branine
  • 2018 — Autop­sie du sport français
  • 2020 – Cher foot­ball français
  • 2023 — Chaos foot­ball club avec Abdelkrim Branine

Ce qu’il gagne

Pour son tra­vail chez RMC, le jour­nal­iste empoche « moins de 10 000 euros » par mois si l’on s’en tient à ses déc­la­ra­tions auprès de son con­frère Jor­dan De Luxe. Reste qu’il n’est pas pré­cisé s’il s’agit de net ou de brut.

Peu­vent s’ajouter à ces revenus comme jour­nal­iste sur RMC, des émol­u­ments pour la revue bimestrielle L’After créée en 2021. Les droits d’auteurs pour ses livres entrent égale­ment dans ses revenus. Son émis­sion domini­cale de Pok­er RMC Pok­er show peut aus­si être un revenu sup­plé­men­taire à moins que l’ensemble de ses presta­tions pour RMC soient additionnées

Il l’a dit

Un argu­ment qui ne passe pas, con­tre son com­père Gilbert Bris­boiois en avril 2020 dans l’After Foot sur RMC : « C’est le pire des argu­ments de la Terre l’argument du goût et des couleurs. Ca veut dire que tu peux préfér­er la car­rière de Gour­cuff à celle de Zidane parce que le goût et les couleurs ? Non c’est tes goûts de chiottes et tes couleurs de merde. Voilà. ».

Après les inci­dents aux Stade de France lors de la finale de la Ligue des Cham­pi­ons 2022, alors que le min­istre de l’Intérieur met en cause les Anglais, il déclare au Figaro : «Le fias­co du Stade de France n’a rien à voir avec les sup­port­ers anglais mais beau­coup avec des jeunes de cités ».

Il pro­pose, ironique­ment, ses ser­vices au gou­verne­ment en mai 2022 : « je suis prêt et disponible. J’ai fait pass­er le mes­sage pour être secré­taire d’É­tat ou min­istre des Sports »

Dans Causeur en avril 2023 : « Alors oui, je suis de droite. Nor­mal, je viens d’un milieu ouvri­er. Et je n’ai jamais cru aux baliv­ernes de la gauche française. J’ai gran­di sous Mit­ter­rand, l’homme d’extrême-droite qui a fait croire qu’il était de gauche. Générale­ment quand on tape sur De Gaulle, à mes yeux, on est suspect. ».

Dans un entre­tien accordé au Figaro en juin 2023 : « Notre foot est ghet­toïsé, les com­porte­ments de petites racailles se généralisent » ; « La police par­le aujour­d’hui de ban­ditisme de cité. C’est ce qui a suc­cédé à la mafia du foot. ».

Face à Pas­cal Praud sur CNews en avril 2023 qui défend le sélec­tion­neur de l’équipe de France Didi­er Deschamps : « Nous avons une cul­ture foot­bal­lis­tique qui est un peu plus pau­vre en France et que beau­coup s’arrête, un petit peu comme des bêtas au résul­tats final, il y en a d’autres qui essayent d’aller un petit peu plus loin ».

À pro­pos des trophées UNFP en mai 2024 (Union nationale des foot­balleurs pro­fes­sion­nels)  : « On le dit chaque année, les joueurs s’en foutent, ils votent sans regarder les match­es, clame Daniel Rio­loPour la plu­part, ça ne les intéresse pas de vot­er. Ils s’en foutent. Il suf­fit de leur deman­der com­ment ça se passe dans le ves­ti­aire. Tout ça est une mas­ca­rade. ».

À pro­pos du refus d’un joueur de foot­ball de Mona­co d’affich­er le dra­peau arc-en-ciel pour une opéra­tion de com­mu­ni­ca­tion con­tre l’« homo­pho­bie » chez C à Vous en mai 2024 : « Le foot n’est qu’un reflet de la société. Vous avez des joueurs qui de par leurs con­vic­tions religieuses sont dans l’homophobie ! ».

A pro­pos de La France Insoumise en mai 2024 sur RMC dans l’émission Estelle Midi : « C’est un par­ti d’extrême gauche et islamiste ».

Ils l’ont dit

En jan­vi­er 2010, l’entraîneur de nata­tion Philippe Lucas, en désac­cord avec Rio­lo men­ace au télé­phone à la radio de met­tre « deux petites claques dans la gueule » à celui-ci et de venir au stu­dio s’expliquer. Il vien­dra mais aucune gifle ne sera assénée.

En 2016, dans un entre­tien filmé devenu viral sur les réseaux soci­aux, l’entraineur Pas­cal Dupraz lui dit : « C’est facile de par­ler devant un micro […] Ca t’arrive pas de te regarder dans la glace […] et de te dire putain je suis un sale mec ». L’entraîneur avait mal pris un qual­i­fi­catif du jour­nal­iste qui avait dit en com­pli­men­tant sa capac­ité à sauver des clubs de la relé­ga­tion « Dupraz, c’est la Ligue 1, la France du foot. Une sorte de bon saucis­son ». Daniel Rio­lo revien­dra sur cette polémique et sur la mise hors con­texte de la vidéo.

2016 – Pas­cal Dupraz, alors entraîneur de Toulouse, à pro­pos de Daniel Rio­lo l’équipe de l’After lors d’une con­férence de presse ; « Je suis pas dans le trash, le talk show moi, je laisse ca à l’After, à Rio­lo, ca c’est leur truc ils par­lent de choses qu’ils ne con­nais­sent pas, je suis sûr qu’ils n’ont pas vu un seul de nos matchs en entier ».

Mots-clefs : ,

Derniers articles

Voir aussi