La plume ne suffit plus
Il est devenu tellement célèbre pour ses joutes télévisuelles et son talent de polémiste qu’on a tendance à l’oublier : Éric Zemmour est avant tout écrivain et un brillant journaliste politique qui dans ses essais et ses articles analyse inlassablement l’évolution de la vie politique française, à laquelle il donne une profondeur historique. Être à la hauteur de l’histoire, c’est l’obsession du journaliste depuis ses débuts. Au point de se présenter à l’élection présidentielle de 2022, avec en ligne de mire sa Némésis parfaite : Emmanuel Macron. Malgré son échec de 2022 et des élections suivantes, l’ex-journaliste ne retourne pas à son ancienne vie et maintient le cap à travers son mouvement Reconquête!.
Né en août 1958 à Montreuil, il a grandi en banlieue, à Drancy, et confie y avoir passé une enfance heureuse. Passionné par l’Histoire et la politique, c’est par hasard qu’il s’est lancé dans le journalisme, sa vocation première étant celle d’un écrivain. Il a ainsi publié de nombreux essais et quelques romans.. Il a publié, en parallèle, de nombreux essais et quelques romans. Il est aujourd’hui l’un des journalistes les plus connus de ce que certains appellent la « droitosphère » ou encore la « réacosphère ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses idées tranchent dans le monde formaté des médias. Antilibéral assumé initialement, il a mis de l’eau dans son vin lors de la campagne présidentielle 2022 afin de gagner les cœurs d’un électorat bourgeois. Il n’en reste pas moins qu’il se prononce pour l’arrêt total de l’immigration qui selon lui met en péril la survie même du pays. Il est également très critique sur le féminisme, qu’il accuse de nier les différences entre hommes et femmes, et d’occulter la vérité des relations entre les deux sexes. Lecteur du philosophe Jean-Claude Michéa et du géographe Christophe Guilluy, deux auteurs classés « à gauche » qu’il cite régulièrement, Éric Zemmour s’intéresse à toutes les pensées de contestation de la société libérale individualiste, qu’elles soient d’origine socialiste ou réactionnaire. Au lieu de discuter ses arguments, nombre de ses adversaires idéologiques l’accusent régulièrement d’attiser les « haines » et le cloue au pilori.
Issu d’une famille modeste, père préparateur en pharmacie avant de devenir ambulancier, mère au foyer, il est « juif d’origine berbère » d’origine, comme il l’a dit un jour alors qu’on lui demandait ses origines, mais se définit avant tout comme Français, « ni plus, ni moins ». Il se distingue du reste par un amour passionné pour une France qu’il « bénit » d’avoir colonisé ses ancêtres (« On n’est pas couché », France 2, octobre 2010).
Formation
Éric Zemmour a suivi sa scolarité secondaire dans des établissements confessionnels où une solide culture religieuse juive lui est dispensée : le collège Yabné dans le XIIIe arrondissement de Paris, puis le lycée Martin de Hirsch dans le XIXe. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris (1979). Par la suite, il échoue deux fois au concours d’entrée de l’ENA, à l’épreuve d’oral, ce qui suscitera les railleries de ses opposants. Paradoxe amusant, sa carrière de journaliste le verra s’installer sur les bancs de ce même jury en 2006.
Parcours de journaliste
Après une brève incursion dans la publicité en tant que concepteur-rédacteur, sa carrière de journaliste débute en 1986 au Quotidien de Paris sous l’aile de Philippe Tesson. Lorsque le quotidien disparaît, en 1994, Éric Zemmour devient éditorialiste à Info-Matin, puis journaliste politique au Figaro de 1996 à 1999. Depuis cette date, il signe une chronique hebdomadaire sur un livre récemment paru, le plus souvent des essais politiques ou des biographies historiques.
En parallèle, il réalise quelques piges à Marianne (1997) et à Valeurs Actuelles (1999). Il passe ensuite au Figaro Magazine avant de revenir, en 2013, au sein de la rédaction du quotidien pour y livrer une critique de livre hebdomadaire. Enfin, il contribue au journal Le Spectacle du Monde (groupe Valmonde) en tant que chroniqueur politique et culturel.
Aujourd’hui, Éric Zemmour se considère comme le digne héritier « du journalisme à la française. Un mélange de littérature, de politique et de journalisme. » Le Bloc-notes de François Mauriac est son « nirvana » (Le Figaro Magazine, 23 mars 2013). Au Nouvel Obs, il confie également utiliser « les techniques journalistiques pour défendre [ses] idées ».
La télévision, un heureux hasard
S’il fut tout d’abord un journaliste politique de presse écrite, Éric Zemmour a été aspiré par la télévision pour son talent de débatteur.
Il débute comme chroniqueur dans l’émission « Ça se dispute » sur I‑Télé en 2003, aux côté de Christophe Barbier (remplacé ensuite par Nicolas Domenach). En 2006, il intègre l’émission grand public « On n’est pas couché », présentée par Laurent Ruquier sur France 2. Aux côtés de Michel Polac (puis d’Éric Naulleau), il critique sans complaisance les œuvres des invités et se fait vite une réputation de franc-tireur, qui contribuera au succès de l’émission. En 2011, Laurent Ruquier décide de remplacer ses deux chroniqueurs, pour des raisons qui demeurent aujourd’hui encore floues et qui ont suscité de vives oppositions. « De plus en plus d’acteurs, de chanteurs et d’écrivains – tous ces grands démocrates qui se croient une âme de gauche – étaient horrifiés à l’idée d’être assis face de moi et ne voulaient plus venir sur le plateau de Ruquier », expliquera Zemmour au Nouvel Obs en avril 2013. Peut-être l’une des raisons de cette éviction incomprise.
Qu’à cela ne tienne, les deux compères créent leur propre émission, qui débute en septembre 2013 sur Paris Première et s’intitule sobrement « Zemmour & Naulleau ». Dans le même entretien au Nouvel Observateur, Zemmour confie que « des politiques refusent de venir sur Paris Première à cause de moi », comme par exemple Mélenchon, mais peut-être ce refus était-il plus lié à une ancienne querelle entre Mélenchon et Naulleau qu’à autre chose. En parallèle, Éric Zemmour a participé, jusqu’en 2010, à « L’Hebdo » sur France Ô où ses joutes oratoires avec Dominique Wolton sont devenues cultes. Il contribue également au « Grand débat » présente par Michel Field sur la chaîne Histoire.
Il confie lui-même que le petit écran n’était pas sa vocation première et qu’il l’utilise aujourd’hui « comme un vecteur de diffusion de [ses] convictions et de [ses] idées ». Il se considère comme le « porte-drapeau » d’une majorité silencieuse et profonde qui s’oppose aux élites médiatiques et politiques. Il estime que « la bagarre idéologique se fait désormais à la télévision, plus dans les revues ni dans les think tanks ». Il considère pourtant le petit écran comme « un univers abêtissant, à la fois pour le débat intellectuel et politique. C’est un univers qui privilégie l’émotion sur la raison ».
À la radio
Depuis janvier 2010, Éric Zemmour signe une chronique sur les ondes de RTL. D’abord quotidienne, du lundi au vendredi à 7h15, celle-ci devient bihebdomadaire à la rentrée 2013. Le chroniqueur y voit, comme d’autres, « l’une des conséquences de la polémique suscitée par la chronique sur Christiane Taubira (en mai 2012, ndlr) » lorsqu’il avait suscité le scandale en accusant la ministre de la Justice de s’attaquer à « l’homme blanc ». Il rappelle que ses billets « n’engagent que [lui], pas la rédaction. RTL a fait ce choix de venir me chercher pour avoir un regard différent et iconoclaste sur l’actualité, un regard qui tranche avec le ronron médiatique ».
Ses chroniques radio sont rassemblées dans plusieurs livres : Z comme Zemmour (Le Cherche midi, 2011), Le bûcher des vaniteux (Albin Michel, 2012) et Le bûcher des vaniteux 2 (Albin Michel, 2013).
Un écrivain avant tout
Si aujourd’hui Éric Zemmour est surtout connu du public grâce à son exposition médiatique et son travail de journaliste politique, ce dernier se considère avant tout comme un écrivain. Son amour de la langue française l’a poussé à rédiger plusieurs romans et essais. Son premier est consacré à Édouard Balladur (Grasset, 1995). En 1998, il écrit Le livre noir de la droite (Grasset) puis, entre autres, Les rats de garde (Stock, 2000) avec Patrick Poivre d’Arvor et, en 2002, une biographie de Jacques Chirac, L’homme qui ne s’aimait pas » (Balland).
En 2008, il écrit Petit frère (Denoël), un roman qui met en scène deux amis de banlieue, un juif et un musulman, et s’inspire d’un fait réel dramatique (qui s’est soldé par la mort du jeune juif). Enfin, sans doute ses deux plus connus, il écrit en 2006 Le premier sexe (Fayard), court essai où il analyse la féminisation, volontaire selon lui, de la société et des hommes, et Mélancolie française (Fayard/Denoël) en 2010, où il conte l’histoire d’une France qui recherche en vain la succession de Rome.
Ses auteurs de référence, souvent cités, sont entre autres Balzac, Chateaubriand, Racine, Baudelaire, Bainville et Michelet.
Dans son dernier livre, Le Suicide Français, paru en octobre 2014 chez Albin Michel, Éric Zemmour revient sur les 40 dernières années qui, selon lui, ont détruit la France. Il passe au crible les différentes étapes de ce suicide, organisé depuis la mort du général de Gaulle et les événements de mai 68.
Pour sa promotion, Zemmour a fait le tour des plateaux télévisés où il a reçu un accueil hostile dans l’ensemble, notamment chez Laurent Ruquier dans son ancienne émission, « On n’est pas couché ». Outre les classiques accusations en intolérance réactionnaire, celui-ci s’est vu reprocher en particulier un passage où il évoque la France de Vichy.
L’écrivain y avance que, contrairement aux idées reçues véhiculées en masse depuis le livre de Robert Paxton en 1973 (« La France de Vichy », éd. du Seuil), le régime de Vichy a factuellement sauvé l’immense majorité des juifs français (en sacrifiant néanmoins les juifs étrangers). Ce postulat est vite qualifié de « réhabilitation » de Vichy et vaut à l’essayiste une multitude de critiques et d’entretiens musclés. À cela faut-il ajouter l’hostilité de certaines personnalités médiatiques juives (comme Jacques Attali ou Frédéric Haziza), qui n’hésiteront pas à le qualifier de « traître à sa communauté » ou encore de « juif antisémite ».
Mais derrière l’écran et le tumulte médiatique, les Français approuvent. En plus du succès triomphal de son livre (qui sera parvenu à déloger Mme Trierweiller de la première place des ventes), un sondage publié par Valeurs Actuelles a établi que la majorité de la population, sans approuver directement le personnage, était en accord avec les idées d’Éric Zemmour sur l’immigration, le multiculturalisme ou encore la mondialisation.
En 2014 i>Télé met fin à son émission ça se dispute après une énième polémique sur les propos d’Éric Zemmour, cette fois au Corriere della serra. Deux ans plus tard, la chaîne est condamnée à payer 50.000 € pour la rupture abusive du contrat. Le chroniqueur demandait cependant 1.9 millions d’euros pour le préjudice moral, mais a été débouté.
RTL annonce la suppression de sa chronique sur la radio, pourtant très écoutée, à la rentrée. La presse de droite crie à la censure et met en cause « les pressions d’une part de la rédaction » (Valeurs Actuelles). Cependant il devrait intervenir très régulièrement dans le débat organisé dans la matinale à 8h17, selon Puremédias.
Hésitation de CNews puis accord
Éric Zemmour était, peu avant son discours à la Convention de la droite le 28 septembre 2019, appelé à se voir confier une émission quotidienne par la chaîne du groupe Canal+, CNews, chaîne centrée sur les débats contradictoires. Selon Le Parisien, les journalistes de la chaîne trouvaient cela impensable. Après avoir hésité, Vincent Bolloré a donné son accord, mais la décision semble avoir été difficile.
La recette fonctionne : en un an et demi, la tranche de début de soirée de CNews, qui rassemblait précédemment 80 000 téléspectateurs entre 19 et 20 heures, est désormais regardé par 900 000 personnes un an plus tard. Ce bond de l’audimat est inédit dans l’histoire des chaînes d’information, d’autant plus pour une émission qui laisse toute latitude à son chroniqueur principal et se refuse au principe du débat contradictoire qui caractérisait une émission comme Ça se dispute.
Amorce de campagne
L’intuition de Geoffroy Lejeune, qui imaginait une campagne présidentielle d’Éric Zemmour en 2015, prend peu à peu forme. Il est pourtant de notoriété publique que Zemmour, pourtant devenu personnalité publique de fait, est réticent à exposer sa vie privée au grand jour. Or, passer sous les fourches chauvines de la transparence est inévitable pour un homme politique de premier plan. Mais surtout, quitte à s’engager, le polémiste à l’ego bien trempé ne se voit pas faire de la figuration. Il décline notamment les propositions qui lui sont faites de figurer sur la liste du Rassemblement national et de Debout La France à la veille des élections européennes de 2019. En coulisses, l’ancien conseiller Patrick Buisson ne ménage pas ses efforts pour enjoindre Zemmour à sauter le pas. Selon l’ami d’Éric Zemmour, Philippe Martel, le stratège de la droite « l’encourageait, lui disait qu’il était le meilleur, le plus beau ». Zemmour, un temps séduit, change d’avis et sa reculade suscite la colère de Buisson. Il faut attendre encore un an pour que le projet se précise.
À l’automne 2020, l’homme sonde ses amis et songe de plus en plus sérieusement à se jeter dans le grand bain. Il s’en ouvre notamment au maire de Béziers, Robert Ménard, qui appelle de ses vœux depuis de nombreuses années une candidature issue de la « droite hors les murs » capable de bousculer Marine Le Pen par sa droite. Il revient à Alain Duhamel, invité de l’émission « Zemmour & Naulleau » sur Paris Première, de vendre la mèche le 20 janvier 2021 en sous-entendant que le chroniqueur aurait des velléités politiques. Ce que le journaliste ne nie pas en bloc, contrairement à son attitude. Il se dit que l’homme attendrait les résultats des régionales en juin pour se prononcer définitivement. La piteuse prestation du Rassemblement national le conforte dans son opinion qu’une place est à prendre à droite de l’échiquier politique. Dans son esprit, son plan d’attaque consisterait à se déclarer le plus tard possible afin de livrer une campagne éclair, similaire à celle de Macron cinq ans plus tôt. Ainsi, il profiterait le plus longtemps possible de sa tribune sur CNews avec la bénédiction de Vincent Bolloré, qui verrait d’un bon œil une campagne de sa tête d’affiche.
Rétraction d’Albin Michel et de CNews
C’est dans cet agenda politique chargé qu’Albin Michel doit assurer la publication du prochain livre d’Eric Zemmour, d’abord prévue à l’automne, puis reportée à l’automne en raison de retards de la part de l’écrivain. Au cours d’une entrevue avec le patron de la maison d’édition Gilles Haéri, il lui fait part de ses ambitions politiques. Selon Paris Match, il aurait même poursuivi en affirmant « On le sort en septembre, ce sera une façon de lancer ma campagne ». Dans ces conditions, Haéri se refuse à éditer ce nouveau livre, ce qui équivaudrait à financer la campagne d’Eric Zemmour et à cautionner son message politique. Mais, ce faisant, il jette en pâture à la presse la déclaration d’intention de Zemmour, bien trop tôt au goût de l’écrivain.
Sur CNews, le 28 juin, Zemmour déplore la décision de son éditeur et se dit victime de censure. Aussitôt, les réseaux s’enflamment et s’insurgent devant cette énième manifestation de « cancel culture ». Agacé, le patron d’Albin Michel diffuse un communiqué où il maintient que Zemmour lui a fait part de ses ambitions présidentielles et que « ce combat idéologique personnel ne correspond tout simplement pas à la ligne éditoriale d’une grande maison généraliste comme Albin Michel ».
Le journaliste ne se démonte pas et fait savoir qu’il se tourne désormais vers l’auto-édition. C’est Libération qui révèle le premier le titre du futur essai à paraître : « La France n’a pas dit son dernier mot ». L’ouvrage paraît le 15 septembre 2021 et prolonge les réflexions articulées dans Le suicide français. Ce nouveau livre accorde une grande place à l’islam et au phénomène du grand remplacement. En vue d’éditer lui-même son œuvre, l’écrivain change l’objet de sa société « Rubempré », qu’il gère avec sa femme, et la transforme en SARL un peu plus tôt en juillet.
Les problèmes volant en escadrilles, le candidat pressenti doit faire face à un nouveau coup dur en septembre 2021 : la décision du CSA de décompter son temps de parole sur CNews, considérant que Zemmour est déjà candidat dans les faits. Contrainte, comme toutes les télés et les radios, de décompter le temps de parole de l’éditorialiste, la chaîne, qui espérait pourtant le maintenir à l’antenne, fait machine arrière. D’un commun accord avec son chroniqueur, elle cède à ce chantage institutionnalisé, tout en « regrettant une telle décision qui prive des millions de téléspectateurs des interventions du chroniqueur ». De son côté, Éric Zemmour déplore cette situation, qu’il juge toutefois « inévitable ». Selon lui, « quand on ne peut pas résister, il faut rompre et résister ailleurs ». Dans la foulée, sa chaîne YouTube est lancée. Il est vrai que le décompte du temps de parole ne s’applique pas à Internet.
Une campagne sous haute tension
L’histoire est connue. Suite à une amorce de campagne dynamique à l’automne, qui le voit monter en flèche dans les sondages et éclipser Marine Le Pen, sa candidature dévisse à partir de l’intervention militaire armée russe en Ukraine. Pourtant, des voix discordantes tempéraient le triomphe dès l’hiver 2022, notamment dans Le Point, et, plus étonnamment, dans L’Incorrect, qui remplissait jusque-là le rôle de tremplin pour le néo-candidat. En cause, pèle-même, « le narcissisme » du candidat, un discours de la « droite naphtaline », l’absence de méthodologie, la « déconnexion du pays réel ». Ce ton critique et plutôt hostile coûtera sa place à Jacques de Guillebon qui sera remplacé par son second dans la foulée du deuxième tour.
Si la presse n’a pas épargné le candidat et que certains coups au-dessous de la ceinture sont à déplorer, notamment au moyen de photos volées par un reporter de Paris Match, elle l’a principalement traité comme un candidat normal qui a bénéficié d’une puissante exposition médiatique, comme le déplore Acrimed.
Malgré des meetings millimétrés et des prestations oratoires convaincantes, Éric Zemmour n’a pas réussi à opérer la jonction entre le petit peuple et la grande bourgeoisie, cette alliance qui fît les grandes heures du RPR et qu’il appelait de ses vœux depuis des années dans son rôle d’éditorialiste. Pourtant, l’intéressé maintient qu’il « pense que c’est Poutine » qui est le principal responsable de sa défaite, comme il l’affirme sur BFMTV le 2 mai 2022. Pour François Bousquet, ce serait plutôt le fait que le candidat Zemmour ait embrassé le libéralisme économique après des années critiques.
Positionnement
Souvient décrié pour ses positions tranchées, le polémiste présente surtout l’avantage de parler à visage découvert, contrairement à l’ensemble de la profession qui préfère souvent glisser une idéologie entre des lignes prétendument objectives. Politiquement, Éric Zemmour se revendique de la « droite gaullo-bonapartiste » et reconnaît des « inspirations marxistes ». Dans un entretien accordé à Philippe Bilger en décembre 2013, il déclare « assumer » la ligne de tous les acteurs du « non » à Maastricht en 1992, de Jean-Pierre Chevènement à Jean-Marie Le Pen en passant par Charles Pasqua, Philippe Séguin et Philippe de Villiers.
Au fil de ses livres, articles et émissions, il véhicule la nostalgie de la grandeur de la France et promeut l’assimilation et l’arrêt de l’immigration massive pour remédier à la crise identitaire et sociale qui sévit aujourd’hui. Il combat le « droit d’ingérence » directement issu de l’idéologie des Droits de l’Homme, qui qualifie de « néo-colonialisme ».
Il est également très actif dans la critique du féminisme et plus généralement de la « féminisation de la société ». En octobre 2013, il fait partie des signataires de « Touche pas à ma pute ! Le manifeste des 343 “salauds” », lancé par le magazine Causeur, pour protester contre la pénalisation des clients des prostituées dans laquelle il voit un des volets de la grande lutte contre la norme hétérosexuelle.
Son ton direct et sans concession l’expose à être interpellé, parfois de façon vive, dans l’espace public, a fortiori pour quelqu’un qui se refuse à bénéficier d’une protection policière, pourtant justifiée. Le 30 avril 2020, il est poursuivi par un maghrébin qui le couvre d’insultes, alors même ce dernier filme son haut fait sur le réseau social Snapchat, un mode opératoire qui rappelle les agressions répétées du député RN Julien Odoul. En dépit de ces atteintes à sa personne qui se multiplient, le journaliste s’efforce de garder une existence normale, à la différence d’autres dissidents islamocritiques comme Geert Wilders ou Tommy Robinson : « Comme je suis dans une stratégie de dissimulation pour ne pas affoler mes proches, évidemment je n’en parle pas. D’ailleurs les policiers m’ont dit que j’avais eu tort et que j’aurais dû porter plainte à chaque fois » (Valeurs Actuelles).
Malgré ses échecs, Éric Zemmour poursuivra son aventure politique à travers Reconquête !, un mouvement qu’il contrôle avec sa compagne Sarah Knafo.
Sa nébuleuse
Le 2 mars 2011, tout juste condamné pour des propos tenus à la télévision (voir ci-dessous), il est invité par Hervé Novelli à la convention nationale des réformateurs libéraux et ovationné par les parlementaires UMP. Il leur suggère, dans un discours, de supprimer les lois sur la discrimination raciale, les lois mémorielles, l’action pénale des associations antiracistes et leurs subventions.
Au cours de sa carrière de journaliste politique, il a dîné avec de nombreux hommes politiques, dont Jean-Marie Le Pen, ce qui est lui est reproché au « Grand Journal » de Canal+ du 6 novembre 2013. En colère, Éric Zemmour répondra au chroniqueur : « Vous êtes grotesque ! Je visite qui je veux, quand je veux. (…) Je suis journaliste politique depuis 25 ans. Donc je déjeune et je dine avec des hommes politiques depuis 25 ans, que ça vous plaise ou non. »
Il est ami avec Éric Naulleau, son compère d’émission depuis de nombreuses années.
Il correspond régulièrement par courriel avec l’intellectuel Alain Soral.
Il est conseillé par deux éminences grises dans le cadre de sa campagne, Sarah Knafo et Paul-Marie Coûteaux. La première est une jeune énarque, magistrale à la Cour des comptes. Elle rédige, alors qu’elle est stagiaire à l’ENA, d’un « guide pratique sur les procédures d’éloignement », dont l’objet est faciliter le retour des clandestins dans leur pays d’origine. Au sein de l’IEP, elle est responsable des Jeunes avec Henri Guaino en 2016. Elle déclarait en 2016 selon L’Express : « Je suis de confession juive, mais je me sens de culture chrétienne. Chez moi, Charles Péguy est aussi important que la Torah ». Le second est directeur de la revue « Le Nouveau Conservateur » et ancienne plume de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et François Fillon. Selon Paris Match, il « veille sur celui qui pourrait, enfin, réaliser son vieux rêve souverainiste. C’est Coûteaux qui a suggéré à Zemmour de porter une cravate – un présidentiable ne parle pas le col de chemise ouvert. Lui aussi qui le supplie de cesser les moulinets des mains à la télévision, lui encore qui relit, privilège insigne, les chapitres de son prochain livre. » Il avait poussé le journaliste à se présenter dans une longue lettre, demeurée privée, qu’il lui avait adressé en 2019, peu de temps avant la Convention de la Droite.
Jacques Bompard : l’indéboulonnable maire d’Orange, jusqu’à il y a peu dernier rescapé de la vague de municipalités conquises par le FN dans les années 90, ne se cache pas de s’activer en faveur de la campagne d’Éric Zemmour. Il met sur pied des comités de soutien et emploie les finances de son micro-parti, la Ligue du Sud, à cette fin.
Joseph-Marie Joly : directeur de la communication de la ville d’Orange, il est l’artisan derrière la pétition « Je signe pour Zemmour » lancée en février 2021 pour estimer la popularité du journaliste et lui donner l’élan nécessaire en vue de récolter les 500 précieuses signatures.
Amaury Bucco : pigiste à CNews et journaliste à Valeurs Actuelles, il l’aide à préparer ses fiches et à définir les questions posées par Christine Kelly dans Face à l’Info.
Charles Gave : le fondateur de la société de gestion d’actifs Gavekal et ancien propriétaire du club de rugby de Biarritz prête au polémiste ses précieux réseaux tissés depuis une quarantaine d’années dans le monde des affaires.
Pierre-Édouard Stérin : « Enfin, de Bruxelles, où il s’est exilé en 2012 après l’élection de François Hollande, le moins tonitruant Pierre-Edouard Stérin, 47 ans, fondateur du site LaFourchette, inventeur de la Smartbox, approuverait également l’épopée en préparation »
Loïk Le Floch-Prigent : « Conscient de sa faiblesse sur les questions économiques, le journaliste bosse. Loïk Le Floch-Prigent, 77 ans, ancien PDG d’Elf puis de la SNCF, lui rédige des notes et prodigue des cours intensifs lors de déjeuners en tête-à-tête. “Il commence à avoir des réflexes ; je n’ai pas fini ma pédagogie mais il apprend bien”».
Récompenses
- Prix de la Liberté d’expression 2010 (Enquête & Débat)
- Prix du livre incorrect 2010 (pour « Mélancolie française », Fayard/Denoël)
- Prix Richelieu 2011 (Association de Défense de la langue française)
Condamnations
En 2010, il est poursuivi par plusieurs associations antiracistes pour avoir déclaré, le 6 mars dans « Salut les terriens » sur Canal +, que les Noirs et les Arabes étaient contrôlés plusieurs fois par jour « parce que la majorité des trafiquants sont noirs et arabes ». Le même jour sur France Ô, il estime que les patrons « ont le droit » de refuser des Noirs et des Arabes à l’embauche car « la discrimination, c’est la vie ».
Pour les propos tenus sur Canal +, il est reconnu coupable de « discrimination raciale ». Pour ceux tenus sur France Ô, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a considéré que le chroniqueur « légitimait une pratique illégale, en la présentant comme licite ». Il est condamné à 1.000 euros d’amende avec sursis. En outre, il doit verser au MRAP, à SOS Racisme et à la Licra un peu plus de 10 000 euros de dommages et intérêts et faire état de ses condamnations dans un organe de presse.
En 2014, le CSA met en garde RTL pour des propos tenus à l’antenne par Éric Zemmour, estimant ces derniers « de nature à encourager des comportements discriminatoires vis-à-vis des populations expressément désignées, et de pouvoir inciter à la haine ou à la violence à l’encontre de celles-ci. » Le journaliste avait estimé dans sa chronique du 6 mai que « les grandes invasions d’après la chute de Rome sont désormais remplacées par des bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains, qui dévalisent, violentent ou dépouillent. » Poursuivi pour « diffamation raciale », il est relaxé en septembre 2015 par le tribunal correctionnel de Paris.
Fin 2015, il est condamné à 3 000 € d’amende pour provocation à la haine envers les musulmans. Il avait déclaré au journal italien Corrierre Della Serra que les musulamsn « ont leur code civil, c’est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s’en aller. » Il avait par ailleurs estimé que si la déportation des cinq millions de musulmans présents en France était « irréaliste », elle pouvait être rapprochée historiquement du départ des Allemands de l’Europe centrale après la guerre, ou encore de l’expulsion des pieds-noirs d’Algérie. Le sociologue Mathieu Bock-Côté a estimé que cette condamnation était le signe d’une idéologie multiculturaliste « qui se défend contre le désaveu populaire en devenant de plus en plus autoritaire ». Cette politique a aussi valu à Éric Zemmour son éviction d’i>Télé, et la fin de l’émission Ça se dispute qui le voyait s’opposer toutes les semaines à Nicolas Domenach.
En juin 2017, il est condamné à 5000 € d’amende pour propos islamophobes qu’il a tenu dans l’émission C à Vous du 6 septembre 2016. Il y a notamment déclaré qu’il fallait donner aux musulmans « le choix entre l’islam et la France » et que « tous les musulmans qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas » estimaient que les djihadistes étaient de « bons musulmans ». La cour d’appel confirme à l’été 2018 la condamnation et l’amende, mais restreint les passages incriminés.
Le 29 septembre 2020 sur Face à l’Info, une de ces saillies virulentes sur les mineurs isolés ne manque pas de susciter de vives réactions : « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent ». Suite à ces propos, le Parquet de Paris et six départements français portent plainte contre le polémiste, entraînant ainsi sa comparution le 8 septembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Paris pour “provocation à la discrimination” et « injures raciales ». Le CSA sanctionne CNews d’une amende de 200 000 € en mars 2021 au motif d’ « incitation à la haine et à la violence ». Il est acquitté en appel en septembre 2021 pour des propos tenus en 2019 lors d’une réunion politique.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Publications
Essais
- Balladur, immobile à grands pas, Grasset, 1995
- Le Coup d’État des juges, Grasset, 1997
- Le Livre noir de la droite, Grasset, 1998
- Une certaine idée de la France (sous la direction d’Alain Griotteray), 1998
- Les Rats de garde, (avec Patrick Poivre d’Arvor), Stock, 2000
- L’Homme qui ne s’aimait pas, Balland, 2002 (portrait de Chirac)
- Le Premier Sexe, Denoël, 2006 (réédition J’ai lu, 2009)
- Mélancolie française, Fayard /Denoël, 2010 (réédition Le Livre de poche, 2011).
- Z comme Zemmour, Le Cherche midi, 2011
- « Muray », in Philippe Muray, (sous la direction de Jacques de Guillebon et Maxence Caron), éditions du Cerf, coll. « Cahiers d’histoire de la philosophie », 2011
- Le Bûcher des vaniteux, Albin Michel, 2012
- Le Bûcher des vaniteux 2, Albin Michel, 2013
- Le suicide français, Albin Michel, 2014
- Un quinquennat pour rien, Albin Michel, 2016
- Destin Français, Albin Michel, 2018.
- La France n’a pas dit son dernier mot, 2021, Rubempré.
- Je n’ai pas dit mon dernier mot, 2023, Rubempré
Romans
- Le Dandy rouge, Plon, 1999
- L’Autre, Denoël, 2004
- Petit Frère, Denoël, 2008 (réédition J’ai lu, 2009)
Ils l’ont dit
« Jean-Marie Le Pen aime bien dresser des listes spéciales. A qui veut l’entendre, le président du FN confie ces jours-ci que seuls trois journalistes se montrent corrects à son égard : Élisabeth Lévy, Éric Zemmour et Serge Moati ! », François Duffay, Le Point n°1551, « La fronde des intellos », 7 juin 2002.
« Ses interventions matinales sont encadrées et supervisées chaque matin par la rédaction. Nous lui avons demandé de veiller au respect des valeurs humanistes de la station », RTL au Parisien le 22 février 2011.
« Difficile de se fâcher avec Zemmour. C’est un gamin facétieux, bon camarade, et comme il sort pas mal d’énormités, il est très tolérant avec les autres. Son seul point faible : il est dominé par ses hormones », Éric Naulleau, Télé-Loisirs le 30 août 2012.
« Selon Éric Zemmour, l’”homme blanc” verrait donc sa virilité remise en cause par celle d’hommes noirs et arabes qui, eux, ne seraient pas soumis à la féminisation imposée aux hommes blancs par les militants pour l’égalité. Espérons qu’un jour les complexes d’Éric Zemmour se résoudront sur un divan plutôt que par l’expression radiophonique d’une haine quotidienne obligeamment permise par la sollicitude de RTL à l’endroit de ce personnage », Dominique Sopo, à l’époque président de SOS Racisme, Le Monde, 25 mai 2012.
« En osant appeler un chat un chat et un mensonge par son nom, Éric Zemmour a su rendre confiance en eux à des millions de Français », Éric Branca, Valeurs Actuelles du 30 mai 2013.
« Visionnaire. Seul contre tous, il combat la pensée unique, vilipende nos “élites nihilistes”, fustige la victoire des valeurs “soixante-huitardes”. La consécration de son “Suicide français” (Albin Michel) élève Éric Zemmour au rang de héraut d’une France qui refuse de sombrer dans le néant. » Geoffroy Lejeune, Valeurs Actuelles, 24 octobre 2014.
« On a l’impression que l’auteur du Suicide français a commis un crime de lèse-majesté parce qu’il a eu l’audace, lui journaliste talentueux mais iconoclaste et étiqueté du mauvais côté de l’esprit, de présenter une vision globale, en quelque sorte un système ayant l’impudence de damer le pion à la conception dominante du camp d’en face. » Philippe Bilger, Boulevard Voltaire, 20 octobre 2014.
« La réhabilitation de Pétain par Éric Zemmour va en faire sursauter plus d’un. » Léa Salamé, « On n’est pas couché », France 2, 4 octobre 2014
« Parfois j’ai le sentiment chez vous, et j’ai eu ce sentiment sur ce chapitre là particulièrement, que vous aimez tellement la France, que vous voulez tellement, vous le juif, faire plus goy que goy, faire plus Français que Français, que vous en arrivez à remettre en cause Vichy, à réévaluer Pétain. Là c’est dangereux. » Léa Salamé, « On n’est pas couché », France 2, 4 octobre 2014.
« Au seul prononcé du nom de Zemmour, le malade est pris de tremblements puis de transes et sécrète un flot abondant d’encre, de bave et de fiel.(…) La tolérance, disait Claudel, il y a des maisons pour ça. Dans la société qu’on nous a faite, il y a des prisons pour ça. » Dominique Jamet, Boulevard Voltaire, 19 octobre 2014.
« Eric Zemmour est passé de son statut de journaliste à celui de militant de la haine, du révisionnisme et de la réhabilitation de Pétain. » Frédéric Haziza, le Huffington Post, 23 octobre 2014
« Comment Zemmour ose-t-il salir la mémoire de ces petits enfants innocents, transformés en cendres dans les fours crématoires d’Auschwitz, en les renvoyant à leur statut de “juifs étrangers” ? Comment Zemmour ose-t-il approuver, valider la préférence nationale version Pétain ? Serait-ce pour mieux défendre la préférence nationale version 2014 de son ami Robert Ménard ? » Frédéric Haziza, le Huffington Post, 23 octobre 2014.
« Un juif antisémite, ça fait plaisir aux antisémites. » Jacques Attali, BFMTV, 9 octobre 2014.
« Ce discours sur le déclin de la France… qui porte un projet, soit à travers de journalistes soi-disant intellectuels, soit à travers des responsables de la droite ou de l’extrême droite, une vision triste, enfermée sur elle-même, rance, qui n’est pas celle de la France », Manuel Valls, premier ministre, octobre 2014.
« Moi, quand je paie ma redevance télé et que je vois qu’il est invité sur France 2, pour vomir sur nous à répétition, nous les rappeurs, nous les musulmans, nous les gens des quartiers, je me dis que c’est un peu gonflé qu’il soit payé par l’argent public pour dire ces choses-là », le rappeur Akhenaton, octobre 2014, LeFigaroTV.
« Qu’on l’apprécie ou non, le constat s’impose : Zemmour attire les téléspectateurs, les auditeurs et les lecteurs comme un aimant. Alors faut-il l’inviter sur les plateaux ? Nos médias doivent-ils et peuvent-ils s’offrir le luxe d’un boycott ? Ce débat un peu surréaliste anime certaines rédactions. Les Français, eux, d’accord ou pas avec le polémiste, demandent et redemandent du Zemmour » Marc Baudriller, Challenges, 23 octobre 2014.
« Pétainiste pour les uns, fasciste pour les autres, il est harcelé par une meute à peu près unanime car il pointe avec une acuité cruelle les vrais ressorts de notre décrépitude morale. De notre dépossession affective. De notre mise au rebut de l’Histoire. » Denis Tilliniac, Valeurs Actuelles, 24 octobre 2014.
« Zemmour est juif. Mais il veut être plus français que les Français. Mon grand-père était bâtonnier à Alger, il a milité pour le décret Crémieux qui a fait des juifs d’Algérie des Français. Rétrospectivement, quand je vois Zemmour, je le regrette », Guy Bedos sur France Info, 25 septembre2015.
« RTL a décidé de se passer de la chronique bihebdomadaire d’Éric Zemmour, pourtant très écoutée. Une telle décision, de la part d’une station commerciale populaire, dans le cadre d’une concurrence à couteaux tirés, donne la mesure de la puissance de la censure rampante animant le clergé médiatique. On apprend en effet que c’est à la suite des pressions d’une partie de la rédaction que la direction s’est trouvée dans l’obligation de remercier ce chroniqueur », Valeurs Actuelles, 16 juillet 2018.
« Le discours de Zemmour ne sert à rien là-dessus. Enfin, il a sa clientèle, il a son truc, je respecte. Et c’est un type que j’aime bien à titre personnel, il est intelligent et tout, mais politiquement, c’est mortifère », Emmanuel Macron, Valeurs Actuelles, 30/10/2019.
« “Attention…” l’avait mis en garde Philippe Martel en pleine vague du mouvement#MeToo. “Eric représente une vision très traditionnelle de la famille, mais sa vie privée n’est pas en adéquation avec ça” , avait confié à l’Express ce proche disparu en novembre dernier. Une version confirmée par plusieurs amis qui évoquent micro fermé le décalage entre le discours public et l’attitude privée du polémiste. On peut à la fois regretter le temps de la femme au foyer et signer en 2013 le manifeste des 343 salauds revendiquant la liberté d’aller aux putes ; défendre les valeurs familiales et protester contre le sexuellement correct », L’Express, 11/02/2020.
« Dans les couloirs de la chaîne, journalistes et assistants contemplent, impuissants, un spectacle écrit d’avance. Ne leur avait-on pas promis, lors de l’arrivée d’Eric Zemmour, qu’un contradicteur assurerait chaque soir le débat ? Le Covid a eu la peau des invités. Les débiteurs, eux, ont disparu, exception faite du vendredi soir. Ne leur avait-on pas également assuré qu’un léger différé permettrait à la direction d’exercer un contrôle a priori sur les propos tenus à l’antenne ? Les retards successifs (et volontaires, selon certaines sources internes) de l’intéressé ont rendu caduc cet accord », Ibid
« “ll est né petit, maigrichon et adulé par sa mère, ça laisse des traces” , plaisante Isabelle Balkany, qui se présente comme sa “grande sœur”. L’ancienne adjointe au maire de Levallois n’est pas favorable à l’aventure électorale de son complice, avec qui elle aimait tant déjeuner au Fouquet’s : “Il est littéraire, cultivé, capable de vous dire à quelle heure Napoléon a pissé à Waterloo, mais il voit la politique comme une joute intellectuelle ; il ne connaît rien au taf, au cambouis.” Elle le lui a écrit récemment : “Imaginons que tu sois élu, tu seras mauvais.”, Isabelle Balkany, Paris Match, 19/07/2021.
« Comment cette France périphérique aurait-elle pu être sensible au clip de déclaration de candidature de Zemmour ? Trop cultivé, pas assez acculturé. Qu’est-ce que la France du Puy du Fou a à dire à celle de Disneyland ? Qu’est-ce que le public de CNews a de commun avec celui de C8 ? Bolloré, d’accord ! Mais Bolloré joue sur les deux tableaux, pas Zemmour. Marine, c’est la France qui déclasse, celle de Johnny, de l’équipe de France de football, des Bodin’s, de Dany Boon », François Bousquet, Éléments, 14/04/2022.
« À l’évocation de l’incapacité de Reconquête à parler à un électorat populaire, Éric Zemmour rétorque : « Les classes populaires sont analphabètes ». Des propos démentis par l’intéressé mais confirmés par plusieurs participants à la réunion dont Jacline Mouraud », L’Express, 02/10/2022.
Il l’a dit
« Tout le monde pense que je suis de droite, ce qui est approximatif. Je suis réactionnaire, ce qui n’a rien à voir. Je n’aime pas notre époque. Je la trouve arrogante, superficielle, vulgaire, inculte. C’est le fond de l’affaire. Qu’on pense que je suis de droite n’est pas un problème, ce n’est pas infamant », Palace Costes, décembre 2006.
« Le féminisme a eu un effet, c’est de permettre aux femmes de la grande bourgeoisie de voler aux vrais prolétaires leur statut de prolétaire. Elles ont volé, par un hold-up idéologique, le statut de dominé aux vrais dominés », entretien au magazine Elle.
« Les femmes créent moins et transgressent moins que les hommes. Parce que les femmes ont une forme d’intelligence différente de celle des hommes, et que les grands génies sont hommes. Ça n’est pas fémininement correct de le dire, mais c’est la vérité. Ceux qui osent transgresser ce sont des hommes, à part de rarissimes exceptions », entretien au magazine Elle.
« Les hommes et les femmes ont des rôles différents, mais aujourd’hui on n’a pas le droit de le dire. On doit dire qu’ils ont des rôles interchangeables. Eh bien je pense que l’interchangeabilité est en train de détruire notre société », entretien au magazine Elle.
« La féminisation des hommes est la cause du divorce de masse », entretien au magazine Elle.
« Je sais. Je sais qu’il n’y a pas l’Homme et la Femme, mais des femmes et des hommes. Pas de généralités mais uniquement des cas particuliers. Autant de cas particuliers que d’individus. Je sais qu’il y a du féminin en l’homme et du masculin en la femme. Je sais que je ne suis même pas une femme… L’homme idéal est une vraie femme. Il a rendu les armes. Le poids entre ses jambes est devenu trop lourd. Aujourd’hui, tout ce qui relève du masculin est un gros mot. Une tare. Mais la révolte gronde. Les hommes ont une identité à reprendre », Le premier sexe, 2006.
« Aujourd’hui le danger c’est la concurrence victimaire. Aujourd’hui, c’est la victime qui est érigée en vedette de l’époque. Et en érigeant le juif en victime absolue, on alimente une concurrence victimaire folle. Chacun veut sa shoah », « On n’est pas couché », France 2, le 23 février 2008.
« Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ! », « Salut les Terriens », Canal+, le 6 mars 2010.
« Le discours que je tiens est le discours du roman national français qui dominait jusqu’au général de Gaulle. Il est devenu marginalisé et il a été tué par le consensus soixante-huitard », Conférence à Montpellier, avril 2010.
« Les jeunes journalistes sont tellement acculturés et conditionnés par le discours des ainés qu’ils ne peuvent même pas penser ce que je dis », ibid.
« Ce n’est pas moi qui ai été nommé ministre parce que j’étais noir et femme. Donc, celui ou celle qui a bénéficié d’un regard ethnicisé sur la société française, ce n’est pas moi, c’est Rama Yade. Et ce n’est pas moi non plus qui ai été nommé présentateur du journal de TF1 parce que j’étais noir. Et ce n’est pas moi qui ai dit en 1998, quand l’équipe de France a gagné la Coupe du monde, qu’elle a gagné parce qu’elle était ‘black-blanc-beur’ », « Ça se dispute », i>Télé, 15 novembre 2013.
« L’islam pose une question à la société française. L’islam est un droit, ce n’est pas seulement une spiritualité, c’est un droit qui englobe la société, et inévitablement il y a un code religieux qui s’impose et qui se frotte et parfois se confronte à notre code civil napoléonien. Et c’est ça la question que l’on doit régler. Est-ce que le code civil napoléonien et ses principes idéologiques issus de la révolution française l’emportent à chaque fois, ou est-ce qu’on négocie la multiculturalisation revendiquée par une partie de la gauche et par l’Europe ? C’est la négociation entre cultures ! Moi je refuse la négociation, j’estime que les autres cultures étrangères, entre guillemets, mêmes si les gens vivent en France, doivent céder le pas devant la culture du code civil napoléonien. »
« Je préfère être un réactionnaire qu’un progressiste, parce que les progressistes ça finit dans les camps à Treblinka et dans les camps communistes. Je connais les histoires du progrès, ça finit toujours mal. »
« On ne négocie pas avec la culture française on s’y soumet », « On n’est pas couché », France 2, le 26 septembre 2009.
« Alors messieurs, allez-vous-en. Ôtez ce maillot qui n’a pas de sens pour vous. Oubliez-nous, comme on vous oubliera. On se consolera sur internet avec les coups-francs de Platini et les dribbles de Zidane. On les montrera à nos enfants en leur disant, les yeux émus : c’était ça l’Équipe de France ! », RTL, 21 juin 2010.
« L’esclavage des noirs a été inventé par des Noirs, en Afrique, c’est eux qui vendent les autres noirs parce qu’ils n’ont aucune conscience de fraternité noire, ça n’existe pas ça », « 93 faubourg Saint-Honoré », Paris Première, 26 mars 2006.
« Mes ancêtres ont été colonisés par la France et je la bénie, car elle m’a apporté les écoles et Baudelaire », « On n’est pas couché », France 2, octobre 2010.
« J’ai le sentiment qu’à la sacralisation des races de la période nazie a succédé la négation des races (…) J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire (s’adressant à Rokhaya Diallo, ndlr) », « Paris — Berlin, le débat », Arte, 13 novembre 2008.
« J’essaie simplement de sauvegarder, de défendre une culture, un art de vivre qui a fait notre bonheur pendant des siècles », « Les francs-tireurs », télévision québécoise, le 9 février 2011.
« J’estime qu’on a eu tort d’autoriser tout le monde à donner n’importe quel prénom à ses enfants », « Les francs-tireurs », télévision québécoise, le 9 février 2011.
« En France la population la plus pauvre selon un rapport administratif récent, ce n’est pas dans les banlieues, c’est dans les campagnes, c’est les paysans français, et ils ne trafiquent pas la drogue, ils ne brûlent pas des voiture, ils ne tirent pas sur les flics », « Les francs-tireurs », télévision québécoise, le 9 février 2011.
« Je ne me positionne pas par rapport à Israël, les Etats-Unis, le monde arabe… etc. Ce n’est pas mon problème. Mon problème c’est la France », « Les francs-tireurs », télévision québécoise, le 9 février 2011.
« Les électeurs de Le Pen sont des Français comme les autres, souvent des ouvriers, des gens très pauvres qui sont en première ligne, qui souffrent de la mondialisation, d’une immigration mal contrôlée, mal assimilée. Il faut arrêter de leur cracher à la gueule en plus », « Les francs-tireurs », télévision québécoise, le 9 février 2011.
« L’édification de la Shoah comme religion civile a interdit à la France d’avoir une politique migratoire », « Zemmour & Naulleau », Paris Première, le 22 novembre 2013.
« Ce sont les antiracistes qui, les premiers, ont racialisé le discours pour leur propagande, qui ont mis la question raciale dans le débat politique », entretien avec Philippe Bilger, décembre 2013.
« Je me reconnais dans une tradition politique très lointaine qui est le gaullo-bonapartisme », entretien avec Philippe Bilger, décembre 2013.
« Je suis nostalgique du bonheur de vivre en France dans les années 60, et nostalgique de la grandeur de la France, qui est morte pour moi à Waterloo en 1815. C’est une double nostalgie qui est lourde, qui me hante et assombrit mon existence », entretien avec Philippe Bilger, décembre 2013.
« On prend un livre de 540 pages qui raconte l’histoire des 40 dernières années et qui traite de sujets variés. On prend sept pages sur Vichy, et on en profite pour essayer de me délégitimer. On fait monter en ligne les historiens les plus prestigieux pour détruire ce que j’écris. On incite Jean-Marie Le Pen (qui n’a jamais autant fréquenté les plateaux de télévision depuis vingt ans) à dire à quel point il est d’accord avec moi pour me coller l’étiquette lepéniste, une étiquette infamante pour les médias. » Le Télégramme, 23 octobre 2014.
« Je trouve très paradoxal que des juifs (je pense à Jacques Attali) me ramènent tout le temps à ma judéité. Cela sous-entend que mon livre se vend bien parce qu’il y aurait beaucoup d’antisémites en France, ce qui est faux. L’antisémitisme n’est plus un phénomène politique depuis 1945. L’attaque vient de gens qui sont très mal placés pour m’accuser d’être « l’idiot utile » de l’antisémitisme, parce que ce sont des gens qui ont porté l’antiracisme sur les fonts baptismaux. Aujourd’hui, ce n’est pas l’extrême droite qui crie « mort aux juifs ». Ce n’est pas l’extrême droite qui anime les Mehdi Nemmouche et les Mohammed Merah. » Le Télégramme, 23 octobre 2014.
« En vérité, Vichy fait un pacte avec le diable. Il négocie avec les Allemands et il dit : “On vous donne les juifs étrangers (sans savoir, jusqu’en 42, qu’ils seront tous exterminés), et vous ne touchez pas aux juifs français.” On peut trouver ça horrible. Il faut simplement rappeler que dans les autres pays où cela n’a pas été fait, les Allemands ne s’en sont pas embarrassés et ils ont exterminé tout le monde. » On n’est pas couché, France 2, 4 octobre 2014.
« Sur la base de Paxton, on a expliqué que la France était le mal absolu. Et que, dès que l’État faisait une distinction entre les Français et les étrangers, ça nous menait à Auschwitz. J’explique que c’est faux, et que c’est beaucoup plus compliqué que ça. » On n’est pas couché, France 2, 4 octobre 2014.
« Il y a les méchants et les gentils. Et puis il y a les gentils qui sont bienveillants, qui sont altruistes. C’est beau, sauf que ça n’existe pas. Il y a des gens qui sont là depuis 1000 ans, et qui ont envie d’être là encore 1000 ans. Ils n’ont pas envie d’être submergés, ils n’ont pas envie d’être remplacés. C’est bas et c’est pas tellement altruiste. Mais c’est leur vie. Et ils n’ont pas envie que monsieur Attali, le père Attali, vienne leur dire vous êtes des nuls, vous êtes des médiocres, vous êtes des racistes, vous êtes des xénophobes, vous n’êtes pas des bienveillants. Eh bien non. Ils ne sont pas bienveillants, parce que les autres non plus ne sont pas bienveillants. » Ce soir (ou jamais!), France 3, 10 octobre 2014.
« On ne fera pas renaître le Phoenix de ses cendres sans payer les pots cassés de ce suicide. On va vers des choses très graves, et ce n’est qu’après ces troubles qu’éventuellement, un homme providentiel fera renaître le Phoenix. » Vidéo promotionnelle du Suicide Français, Albin Michel, octobre 2014.
« Depuis un siècle on est dans le discours et on nie la beauté. L’art ne doit plus être beau, il doit provoquer ! Et maintenant c’est devenu un but en soi. Il faut effectivement dégonfler ces baudruches, le symbole est là, il faut les dégonfler. Ce qui m’intéresse c’est la réaction immédiatement des élites, des nouveaux pompiers en vérité, c’est de l’art pompier du début du 21ème siècle. Immédiatement la Ministre pense à l’art dégénéré, la lutte des nazis et des communistes contre l’art dégénéré ! Immédiatement on nazifie la réaction saine des populations contre cette fumisterie », I‑Télé, « Ça se dispute », 24 octobre 2014.
« Les Halles, c’est la synthèse vivante du consumérisme et du grand remplacement (…) C’est au Forum des Halles, entre couloirs sinistres de RER et boutiques aux devantures criardes de fringues, de disques ou d’ordinateurs, qu’on sent le mieux, physiquement, la disparition d’un peuple français autrefois industrieux et inventif, transformé en consommateurs passifs et vains, tandis que, venant de banlieue, au terme d’un long périple depuis le fin fond de l’Afrique, un peuple arabo-musulman s’est substitué aux anciens habitants », « Zemmour évoque “le grand remplacement” des Français par “les arabo-musulmans” », lexpress.fr, 8 avril 2016.
« Pour moi, la France est en péril. Ça me concerne beaucoup plus que les Kurdes ou les Bosniaques. La France est en péril de désagrégation. Je pense qu’il y a des enclaves étrangères, aujourd’hui, qui ne sont plus françaises. […] Ce qui m’intéresse et qui m’émeut, c’est uniquement le sort du peuple français. Aujourd’hui, la France est une nation en danger de mort », Face à l’Info, 21 octobre 2019.
« Je pense que l’universalisme français préexiste à la démocratie […] Le discours universaliste devient suicidaire. Il faut absolument s’en méfier et changer de discours sinon la France périra », Face à l’Info, 21 janvier 2020.
« Peut-être qu’il faut passer à l’action. Parce que la prévision, la prédiction, même la prophétie, ne suffit pas », Livre Noir, 6 juin 2021.
Au sujet de Marine Le Pen : « Elle est l’anti-Midas. Tout l’or qu’elle touche se transforme en plomb. J’avais dit qu’elle ferait campagne à gauche et qu’elle la perdrait à droite. J’avais raison. Mes électeurs ont voté pour elle par peur de Mélenchon. Elle m’a tué avec son vote utile. Et quand je vois sa prestation pathétique, je me dis vraiment que je serai le remords de cette présidentielle » Jules Torres, Zemmour — Dans le secret de sa campagne, Plon, 2022.
Photo : capture d’écran vidéo, compte Twitter @ZemmourEric