L’ambitieux fils de son père
Journaliste politique aussi discret qu’efficace, Fabien Namias a été directeur de la rédaction et directeur général d’Europe 1 entre 2013 et 2017. Hasard ou mimétisme, sa carrière de journaliste politique l’a mené quasiment dans les les mêmes rédactions et aux mêmes postes que son père, Robert Namias, quelques années plus tôt. Il est directeur général adjoint de LCI aux côtés de Thierry Thuillier depuis janvier 2018. À l’été 2024, Rodolphe Saadé le propulse à la direction de BFMTV succédant à Marc-Olivier Fogiel.
Famille et formation
Fabien Namias est né en novembre 1971 à Paris 14ème. Il est le fils de Robert Namias, journaliste, et de Nicole née Halimi. Marié avec Caroline Durand, également journaliste, il a 3 filles. Son père, Robert Namias, est lui-même un journaliste politique réputé, aujourd’hui à la tête de L’Hémicycle, Officier de la Légion d’Honneur, de l’Ordre National du Mérite (contingent du Premier ministre Lionel Jospin, 2002) et Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Petit-fils d’un marchand de tissus juif de Salonique, Robert Namias a commencé par faire des études de philosophie, qu’il enseigne jusqu’en 1968, date à laquelle il se lance dans le journalisme en intégrant la rédaction de RTL. Il passera ensuite à Europe 1 (où on lui doit la fondation de la section CFDT, dont il fut le premier responsable), France 3 et TF1 (où il a été rédacteur en chef du Journal télévisé de 20h, puis directeur de la rédaction et directeur de l’information). Il participe aujourd’hui à l’émission « Les Grandes voix d’Europe 1 », et à la matinale de LCP.
Robert Namias, aujourd’hui marié avec Anne Barrière, productrice de télévision influente (coprésentatrice de « Santé à la Une ») a eu deux fils de son premier mariage : Fabien et Nicolas.
Fabien Namias est diplômé de Sciences Po Aix-en-Provence et du Centre de formation des Journalistes, le CFJ.
Parcours professionnel
De 1999 à 2004, Fabien Namias est journaliste politique à la rédaction de la chaîne d’information continue de TF1, LCI. Son père étant alors directeur de l’information de TF1. En 2004 il entre à Europe 1, dont il devient le chef du service politique en 2008, et directeur adjoint de la rédaction en 2009. Il y anime l’émission « Le Grand rendez-vous » du dimanche matin, aujourd’hui reprise par Jean-Pierre Elkabbach. En octobre 2010, il quitte Europe 1 pour le poste de rédacteur en chef des services politique et économie de France 2 – à seulement 35 ans ! - où il remplace Gérard Leclerc, nommé à la présidence de Public Sénat. Il y restera le temps d’assurer la période de la campagne présidentielle de 2012. En juillet, il revient sur Europe 1 pour remplacer Arlette Chabot en tant que directeur de la rédaction. En mars 2013, Denis Olivennes, qui reste président de l’antenne, le nomme au poste de directeur général.
Les défis du jeune directeur de la radio sont nombreux : la station historique a enregistré une baisse d’audience en 2012, passant de 9 points d’audience à 8,5 au premier semestre 2013, derrière RTL (11,9 points d’audience) et France Inter (10). Avec 4,5 millions d’auditeurs en moyenne par jour, Europe 1 doit préciser son positionnement face au succès populaire de son ambitieuse rivale RMC, en progression continue, qui la talonne avec 4,2 millions d’auditeurs par jour. A peine installé dans son fauteuil de directeur général, Fabien Namias a annoncé deux recrutements de taille : Thomas Sotto (animateur de « Capital » sur M6) pour remplacer Bruce Toussaint à la matinale, et Cyril Hanouna (Virgin Radio et Direct 8) pour prendre la place laissée vacante par Michel Drucker, qui a pris une année sabbatique.
Suite à la chute des audiences d’Europe1, il est remplacé à la direction générale par Richard Lenormand en janvier 2016, mais reste directeur de l’information et remplace en décembre 2017 Jean-Pierre Elkabbach pour l’interview politique quotidienne matinale. Le 5 février 2017 il récupère la présentation du Grand Rendez-vous après le départ de Jean-Pierre Elkabbach.
En juillet 2017, il quitte Europe 1 pour LCI. Il tient un édito dans la matinale de Pascale de la Tour du Pin et l’interview politique du jour dans 24h Pujadas, l’Info en questions. En janvier 2018 il est nommé directeur général adjoint de LCI, en charge du développement éditorial et des projets digitaux.
Bien qu’il prétende que LCI soit « une chaîne pluraliste où toutes les opinions sont bonnes à entendre », il opère une censure vigilante sur les plateaux de la chaîne. Parmi les victimes de cette censure, on dénombre Geoffroy Lejeune, victime de la cabale déclenchée l’affaire Obono, qui perd son rôle de chroniqueur sur « 24h Pujadas », ainsi qu’Alain Finkielkraut, auteur de propos ambigus dans la même émission sur le consentement sexuel des adolescents tenus alors qu’il commentait le cas Matzneff.
Sa nébuleuse
Le frère de Fabien Namias, Nicolas Namias (ENA promotion Léopold Sedar Senghor), a été nommé à Matignon auprès de Jean-Marc Ayrault en 2012. Il est conseiller technique auprès du Premier Ministre pour le financement de l’économie, les entreprises et les affaires économiques internationales. Il était jusque-là directeur du pilotage et de l’analyse de la performance à la BPCE, fusion de la Caisse nationale des Caisses d’Épargne et de la Banque Fédérale des Banques populaires.
Fabien Namias ne tarit pas d’éloges au sujet de Jean-Pierre Elkabbach (« irremplaçable », « c’est le meilleur ») auquel il doit une partie de sa formation, dispensée à ses débuts à Europe 1 : il dit lui-même que c’est son aîné qui l’a formé à l’art délicat de l’interview politique.
Fabien Namias est d’autre part « Tintinophile » et s’intéresse à la civilisation américaine.
Il figure à la soirée des distinctions de la FIDH (Fédération internationale des Droits de l’Homme) à l’Hôtel de Ville de Paris le 6 décembre 2016, avec sa femme.
Thierry Thuillier, qu’il a connu à France 2 – ce dernier était directeur de l’information du groupe tandis que Fabien Namias dirigeait le service politique de la chaîne. Il passe sous ses ordres en quittant Europe1 pour LCI en 2017.
Collaborations
Pendant la campagne présidentielle de 2012, Fabien Namias était l’un des chroniqueurs de l’émission « Des paroles et des actes », animée par David Pujadas sur France 2.
- Émission du 23 février 2012, avec Marine Le Pen ;
- Émission du 11 avril 2012, avec Nicolas Dupont-Aignan ;
- Émission du 12 avril 2012, avec Jacques Cheminade ;
- Émission du 12 avril 2012, avec Jean-Luc Mélenchon ;
Publications
Aucune
Il l’a dit
«Il (Thierry Thuillier, alors directeur de l’information du groupe France Télévision, NDLR) m’a appelé cet automne en disant qu’il souhaitait créer à France 2 un service France, Économie et Politique. Je trouve le projet génial. J’avais justement eu l’idée à Europe 1 (sans qu’elle puisse aboutir) de rapprocher la politique et l’économie compte-tenu du fait que la crise économique dicte aujourd’hui toutes les décisions et les prises de parole politiques. Lundi, la moitié de la conférence de presse du chef de l’État était consacrée aux problèmes économiques. Les divergences actuelles entre les candidats potentiels au PS se font sur des questions essentiellement économiques. On sort de la politique politicienne. Il nous faut donc réfléchir à la façon d’organiser le traitement de la campagne présidentielle avec ce prisme économique», dans une interview au Figaro, le 25 janvier 2011, alors qu’il vient d’être nommé rédacteur en chef du service France, Politique et Economie de France 2.
« Son père (Jean-Marie Le Pen, NDLR) était formidablement télégénique ! Depuis les premières émissions dans les années 80, son père a été l’un des rares à faire venir des téléspectateurs, même des gens qui le détestent, ce n’est pas le sujet. Le Pen, c’est une machine à audience, dans le jargon on dit que c’est un bon client. Sa fille suscite aussi l’intérêt, elle est nouvelle sans modifier le contenu, elle semble rénover la forme du FN. Quand on l’a invitée sur le plateau du 20 heures, on a eu un parti pris éditorial, c’était de l’interroger concrètement sur son programme et sa politique si elle devenait présidente (…). Pendant des années les médias se sont demandés s’il fallait inviter le FN. Il réunit entre 10 et 15% des voix lors des élections locales et nationales. A ce titre-là, ils ont le droit de s’exprimer comme tous les partis politiques. La vraie question est de savoir comment les traiter. Nous, on les traite normalement. Si on diabolise le FN, on tombe dans son jeu. En revanche en allant le chercher sur les vraies réponses aux vraies questions, chacun peut juger s’il doit voter ou non Front National. Ne pas les inviter serait mépriser 15% des Français qui votent pour ce parti », dans une interview à Puremedias, le 28 janvier 2011
« Il faut avoir une info qui se démarque, donner de la valeur ajoutée. Deux moyens pour cela : sortir de la tentation de vouloir tout raconter — on doit faire des choix -, et adopter un ton. Au-delà de l’indépendance, il faut savoir comment se positionner et avoir un état d’esprit critique », dans une interview au Figaro, en septembre 2012, alors qu’il vient de prendre la tête de la rédaction d’Europe 1.
« Il ne s’agit pas de se dire “on garde untel parce que c’est une institution”, mais parce que c’est le meilleur», au sujet de Jean-Pierre Elkabbach (Idem)
« Il (son père, Robert Namias, NDLR) écoute Europe 1 tous les jours mais il ne m’a pas encore fait de commentaires sur la première semaine. Il le fera sans doute. Mais il a trop de respect pour moi pour me dire ce que j’ai à faire ! », dans une interview à Puremedias, le 3 septembre 2012
« Europe 1 est une radio généraliste, qui marie référence et insolence. Ces valeurs sont déjà incarnées par des personnalités aussi diverses que Laurent Ruquier, Natacha Polony, Nicolas Poincaré, ou Nicolas Canteloup. Nous devons fuir la mollesse tout comme l’ “infotainment” (…) restent, entre autres, Jean-Pierre Elkabbach, qui est irremplaçable, et Natacha Polony, qui poursuit la revue de presse. Et tant mieux si cette dernière est “clivante” », dans une interview au Monde, le 14 mai 2013, annonçant ses premières décisions de directeur général d’Europe 1.
« La valeur de LCI est de déconstruire le discours, d’apporter de la contradiction. Je crois en la nécessité d’instruire, de décortiquer, de contester et de vérifier. L’idée de départ était donc d’écouter ce qu’Eric Zemmour avait à dire pour voir ce qui alimente le discours de l’extrême droite. Il vend des milliers d’exemplaires de ses livres et on l’entend en permanence sur les médias. Or, ce n’est pas un homme politique. Une idéologie n’a pas vocation à avoir une tribune » le 30 septembre 2019 dans une interview au Parisien où il se repent d’avoir diffusé en direct le discours d’Eric Zemmour à la Convention de la Droite.
« Je suis un peu tombé de ma chaise quand il me l’a annoncé […] Philippe Ballard, ça fait 27 ans qu’il était à LCI. Je mets quiconque au défi d’avoir pu déceler à l’antenne un quelconque engagement de sa part. Il a ses opinions, c’est sa liberté, je respecte ses opinions » le 5 mai 2021 au micro de Sonia Devillers sur France Inter où il commente la décision de Philippe Balard, ancien journaliste de LCI, de rejoindre le RN en vue des élections régionales.
Ils l’ont dit de lui
« Fabien Namias est idéal parce que c’est un pur produit d’Europe 1. Il a démontré à Europe 1, puis à France Télévisions, avec beaucoup d’efficacité son talent de journaliste (…). C’est le retour de l’enfant prodigue », Denis Olivennes, président d’Europe 1, au moment du retour de Fabien Namias à Europe 1 en septembre 2012.
« Fabien Namias, ce petit gabarit à la blondeur pouponne et au phrasé agité (…) connu du grand public pour ses interventions plutôt droitières dans l’émission “Des paroles et des actes” », Tania Kahn, auteur d’un article paru dans Libération le 3 septembre 2012 « Namias à Europe 1 : « Des paroles avant les actes ».
« C’est avec une pointe d’agacement que Fabien Namias, le directeur général adjoint de LCI, balaie la question qui fâche : la chaîne du groupe TF1, pionnière de l’info en continu en France, va-t-elle céder à la tentation du « trash talk » ? Certes, l’information y est donnée de manière sérieuse, les présentateurs sont respectables et respectés, à l’image de d’Elizabeth Martichoux ou de David Pujadas. Mais comment contrer la montée en puissance de la concurrente CNews, qui flirte parfois avec l’acceptable, sans copier BFMTV, solide leader du secteur ? », Les Échos, 15 décembre 2020.
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