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Fabrice Arfi

3 février 2023

Temps de lecture : 17 minutes
Accueil | Portraits | Fabrice Arfi
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Fabrice Arfi

Temps de lecture : 17 minutes

Investigator

« Je ne me con­sid­ère pas comme un jour­nal­iste d’investigation, je me con­sid­ère comme un jour­nal­iste. “Jour­nal­isme d’investigation” c’est un pléonasme. » Angers Mag, 01/04/2015

Fabrice Arfi est né dans le 8ème arrondissement de Lyon le 4 septembre 1981. Fils d’un policier de la brigade financière et d’une enseignante en lycée professionnel militante au PS, il grandit avec « une mythologie paternelle particulière ». Après la lecture d’un livre d’Edwy Plenel, il est séduit par le « côté romantique » de la profession de journaliste.

S’en suiv­ra une car­rière dans ce que d’au­cuns appelleront le « jour­nal­isme d’in­ves­ti­ga­tion ». Arfi, lui, réfute absol­u­ment cette dénom­i­na­tion. « À par­tir du moment où vous allez chercher l’information, la véri­fiez, la con­tex­tu­alisez, la recoupez et la con­fron­tez avec les per­son­nes incrim­inées, et qu’ensuite vous la pub­liez et l’assumez, eh bien, vous faites un jour­nal­isme d’informations. Je veux bien qu’il y ait une dif­férence entre le jour­nal­isme de com­men­taires et le jour­nal­isme d’informations, mais pas plus », explique-t-il.

Quoi qu’il en soit, depuis les bureaux de Medi­a­part, site qu’il a rejoint à son lance­ment, il mul­ti­plie les révéla­tions et les affaires. Avec par­fois beau­coup de cri­tiques, mais tou­jours beau­coup de remous.

Formation

Après un bac économique obtenu au lycée Ampère Bourse dans le 2e arrondisse­ment de Lyon, il rejoint la nou­velle école de jour­nal­isme de Lyon (ISCPA). Par­ti en stage à Lyon Figaro, il se voit aus­sitôt pro­pos­er un poste. Au final, il n’aura fait que trois mois d’études. Faute de pou­voir faire car­rière dans la musique, il se lance dans le jour­nal­isme musi­cal afin d’apaiser cette « frus­tra­tion ».

Parcours

C’est en 1999 qu’il intè­gre le ser­vice cul­ture, à la rubrique musi­cale, du quo­ti­di­en Lyon Figaro. Il pré­cise que son recrute­ment est con­sé­cu­tif à la réforme des 35 heures, « ce qui a per­mis d’embaucher beau­coup de per­son­nes ». «  Il voulait alors être cri­tique rock, mais en 2000, il hérite de la chronique judi­ci­aire jusqu’en 2004 après le départ en retraite du respon­s­able de la rubrique, Gérard Schmitt, un voisin de bureau. Ses enquêtes con­sacrées à la police et à la jus­tice l’amènent pro­gres­sive­ment à s’intéresser à des affaires de corruption.

En 2004, il devient reporter à 20 Min­utes pen­dant un an. En par­al­lèle, il pige pour l’AFP, rubrique police-jus­tice, pour Le Parisien, Libéra­tion, Le Monde et Le Canard Enchaîné.

En 2005, il cofonde l’heb­do Tri­bune de Lyon. Il en est limogé en 2007 pour avoir voulu y pub­li­er une enquête met­tant en cause le finance­ment occulte de l’antenne lyon­naise du PS (alors que l’ac­tion­naire de la Tri­bune de Lyon est un proche du maire).

En mars 2008, après avoir sym­pa­thisé avec Edwy Plenel, il rejoint (dès le lance­ment) le pôle enquête de Medi­a­part aux côtés de Fab­rice Lhomme. C’est ensem­ble que les deux hommes seront impliqués dans de nom­breuses révéla­tions, les plus impor­tantes étant l’af­faire Woerth/Bettencourt et l’af­faire Karachi.

Lorsque Fab­rice Lhomme par­ti­ra, en mars 2011, rejoin­dre Le Monde et Gérard Dav­et, une brouille éclat­era entre lui et Arfi.

Suiv­ront ensuite deux affaires nota­bles : celle des finance­ments libyens de Nico­las Sarkozy, et bien-sûr celle du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. Cette dernière affaire sera à l’origine de vives cri­tiques adressées à Arfi et à Medi­a­part, à qui cer­tains, notam­ment Jean-Michel Aphatie, ont reproché d’ac­cuser sans livr­er en par­al­lèle de « preuves irréfuta­bles ». La suite des événe­ments mon­tr­era évidem­ment que c’est Arfi qui avait raison.

Les prochaines vic­times ne se font pas atten­dre et sont générale­ment des hommes poli­tiques de pre­mier plan. Par­mi les plus nota­bles fig­urent notam­ment François de Rugy, épinglé pour son mode de vie dis­pendieux aux frais du con­tribuable et Alexan­dre Benal­la, l’ancien homme de main de Macron, impliqué  dans l’affaire des con­trats russ­es négo­ciés avec des oligarques.

Chose raris­sime, le pro­cureur de la République de Paris ordonne en févri­er 2019 la perqui­si­tion des locaux de Médi­a­part dans le sil­lage des révéla­tions de Fab­rice Arfi sur Alexan­dre Benal­la. Arfi s’appuyait sur un enreg­istrement qu’il avait obtenu d’une con­ver­sion entre Alexan­dre Benal­la et Vin­cent Crase, tous deux mis en exa­m­en dans le cadre de l’affaire des vio­lences du 1er mai.

Le jour­nal­iste fait alors val­oir ses droits et exige que les pro­cureurs lui four­nissent un man­dat du juge de la lib­erté et de la déten­tion, con­di­tion sine qua non dans ce genre de cas. Non seule­ment les deux pro­cureurs et les trois policiers repar­tent bre­douille mais le jour­nal assigne l’État en jus­tice. Medi­a­part gagne son procès en 2022, le tri­bunal de Nan­terre ayant jugé que cette ten­ta­tive de perqui­si­tion con­sti­tu­ait une « ingérence dans la lib­erté d’ex­pres­sion (…) d’au­tant plus sérieuse qu’un risque d’at­teinte au secret des sources ne peut se con­cevoir que dans des cir­con­stances excep­tion­nelles ».

Fab­rice Arfi fait par­tie des trois jour­nal­istes français mem­bres de l’In­ter­na­tion­al Con­sor­tium of Inves­tiga­tive Jour­nal­ists (ICIJ).

En sep­tem­bre 2015, il coécrit, avec 16 autres jour­nal­istes, un livre inti­t­ulé Informer n’est pas un délit dans lequel il décrypte et analyse « les cen­sures, les obsta­cles et les moyens de pres­sion que subis­sent les jour­nal­istes d’in­ves­ti­ga­tion lors de leurs enquêtes ».

Il est l’un des qua­tre jour­nal­istes français mem­bre du Con­sor­tium inter­na­tion­al des jour­nal­istes d’in­ves­ti­ga­tion (ICIJ), avec Karl Laske (Medi­a­part), Aurore Gorius (Les Jours) et Édouard Per­rin (Pre­mières lignes télévi­sion).

L’ICIJ traite notam­ment les doc­u­ments issus des Off­shore Leaks (2013), Lux­em­bourg Leaks (2014), Swiss Leaks (2015), Pana­ma Papers (2016), Par­adise Papers (2017), qui ont en com­mun de révéler de nom­breux mécan­ismes d’é­va­sion fis­cale. L’ICIJ est fondé en 1997 par le Cen­ter for Pub­lic Integri­ty (CPI), une organ­i­sa­tion notam­ment financée par George Soros via l’Open Soci­ety Foun­da­tions et la Sun­light Foun­da­tions, ain­si que la fon­da­tion de la famille Rockfeller.

En 2022, son enquête à par­tir des archives offi­cielles tend à mon­tr­er que De Gaulle était au courant de l’ampleur de la répres­sion con­tre les man­i­fes­tants algériens le 17 octo­bre 1961 et qu’il aurait souhaité que les policiers impliqués dans ces exac­tions répondis­sent de leurs actes devant la jus­tice. Ses révéla­tions remar­quées sont dis­tin­guées par le Glob­al Inves­tiga­tive Jour­nal­ism Net­work comme une des meilleures enquêtes fran­coph­o­nes parues cette année-là. Sans sur­prise, le réseau compte l’Open Soci­ety par­mi ses sou­tiens financiers.

Ce qu’il gagne

À Medi­a­part, Fab­rice Arfi gagne 4.000 € net par mois (Tech­nikart).

Publications

  • Le Con­trat. Karachi, l’af­faire que Sarkozy voudrait oubli­er, en col­lab­o­ra­tion avec Fab­rice Lhomme, Stock, 2010.
  • L’Af­faire Bet­ten­court, un scan­dale d’É­tat, en col­lab­o­ra­tion avec Fab­rice Lhomme et la rédac­tion de Medi­a­part, Don Qui­chotte, 2010.
  • L’Af­faire Cahuzac. En bloc et en détail, en col­lab­o­ra­tion avec la rédac­tion de Medi­a­part, 2013.
  • Le Sens des affaires, Cal­mann-Lévy, 2014.
  • La République sur écoute — Chroniques d’une France sous sur­veil­lance, en col­lab­o­ra­tion avec la rédac­tion de Medi­a­part, Don Qui­chotte, 2015.
  • Avec les com­pli­ments du Guide (coécrit avec Karl Laske), Fayard, 2017.
  • D’argent et de sang, édi­tions du Seuil, 2018.
  • Sarkozy-Kad­hafi. Des bil­lets et des bombes, La revue dessinée/Delcourt, 2019.
  • Pas tirés d’affaires, édi­tions du Seuil, col­lec­tion « Doc­u­ments », 2022.

Il l’a dit

« Tout le monde nous dit : “vous nous faites chi­er depuis cinq ans, vous êtes de grands don­neurs de leçons“. C’est très juste de dire que dans la plu­part des affaires qu’on a révélées, il y a une sorte de stratégie, une stratégie de l’isolement de Medi­a­part auprès de l’opinion et des autres médias », Les Inrocks, 20 mars 2013.

« On nous fait pass­er pour des excités et non pas des jour­nal­istes. Si c’est ce qu’il faut pour gag­n­er des lecteurs… En effet oui, on aime bien avoir des lecteurs, c’est extrême­ment per­vers ça, non ? Et oui, on feuil­letonne. On est une petite bar­que et on s’attaque à un État, à des ser­vices, alors oui, il faut être malin par­fois. Si tu fais le bilan des cours­es, ça ne nous a pas desservi », ibid.

« Je revendique qu’on pro­duise de l’intranquilité, y com­pris chez les con­frères. On ne tape pas sur les médias, c’est d’abord un écosys­tème qu’on dénonce, la sit­u­a­tion cap­i­tal­is­tique des médias en France. Nous, on est un jour­nal de com­bat. La guerre, on la gagne comme ça, sans con­ces­sion. Pour moi, il n’y a pas de jour­nal­isme d’investigation. Nous sommes un site d’information », ibid.

« Je con­nais plus d’une rédac­tion où l’on aurait demandé au jour­nal­iste de s’arrêter, de se calmer ou de s’absenter. J’ai vu le moment où ils allaient réus­sir à enter­rer l’affaire, où je n’allais pas pou­voir m’en sor­tir » (à pro­pos de l’affaire Cahuzac) Tech­nikart, 2 octo­bre 2013.

« Les ‘affaires’ dont on par­le aujourd’hui – Karachi, l’affaire Takkiedine, l’affaire Kad­hafi, l’affaire Bet­ten­court et, enfin, l’affaire Cahuzac – ont d’abord été des révéla­tions jour­nal­is­tiques, sor­tis par la presse, en l’occurrence Medi­a­part, et sont ensuite dev­enues des affaires judi­ci­aires », ibid.

« Si Water­gate – con­sid­érée à juste titre comme le Graal jour­nal­is­tique –, fait tomber Nixon, c’est parce qu’un pro­cureur, et le Con­grès améri­cain, se sont emparés de l’affaire. Qu’ils n’auraient pas pu ini­ti­er si Wood­ward et Bern­stein n’avaient pas sor­ti leurs arti­cles dans le Wash­ing­ton Post avant. Sans le jour­nal, on n’aurait jamais su. Mais la con­clu­sion démoc­ra­tique de l’affaire – la démis­sion du Prési­dent – a été ren­du pos­si­ble unique­ment parce que les insti­tu­tions judi­ci­aires ont pris le relais et fait le job », ibid.

« J’étais frus­tré d’avoir à ren­dre compte de dossiers déjà bouclés. J’aurais voulu remon­ter le fil, pou­voir m’intéresser aux dossiers avant même qu’ils n’existent d’un point de vue judi­ci­aire », ibid.

« J’ai un esprit bagar­reur, un peu cour de récré, un peu canaille », ibid.

« Avec la rédac­tion, on décide qu’on ne touchera pas à la vie privée, et on fonce en enquê­tant sur la fraude fis­cale, sur les liens avec Eric Woerth » (à pro­pos de l’affaire Bet­ten­court), ibid.

« Notre enne­mi, c’est la com­mu­ni­ca­tion. Un adver­saire organ­isé, puis­sant, riche, qui est là pour bris­er l’information. Dans l’affaire Cahuzac, la com­mu­ni­ca­tion (poli­tique, celle des con­seillers du min­istre de chez Euro RSCG) a fail­li gag­n­er. C’est pour ça que jour­nal­is­tique­ment, ça a été une belle affaire, c’est la vic­toire de l’information sur la com­mu­ni­ca­tion. Et ce serait dom­mage de leur laiss­er repren­dre le dessus », ibid.

« M. Aphatie incar­ne ce que je ne voudrais jamais devenir pro­fes­sion­nelle­ment. C’est à dire quelqu’un qui a un avis sur tout, tout le temps, partout », France 5, 2013

« Je ne me con­sid­ère pas comme un jour­nal­iste d’investigation, je me con­sid­ère comme un jour­nal­iste. “Jour­nal­isme d’investigation” c’est un pléonasme », Angers Mag, 01.04.2015.

« À par­tir du moment où vous allez chercher l’information, la véri­fiez, la con­tex­tu­alisez, la recoupez et la con­fron­tez avec les per­son­nes incrim­inées, et qu’ensuite vous la pub­liez et l’assumez, eh bien, vous faites un jour­nal­isme d’informations. Je veux bien qu’il y ait une dif­férence entre le jour­nal­isme de com­men­taires et le jour­nal­isme d’informations, mais pas plus », ibid.

« Lorsque le jour­nal­iste se mobilise, ce n’est pas pour défendre son pré-car­ré, ce n’est pas un sur­saut cor­po­ratiste. Les jour­nal­istes sont des passeurs, des insti­tu­teurs. Nous sommes au ser­vice des citoyens. Notre légitim­ité, on la tire auprès de ceux qui nous lisent, nous regar­dent et nous écoutent ! » ibid.

« Je n’ai pas de posi­tion de principe sur le secret des affaires, les entre­pris­es ont besoin de se pro­téger de l’espionnage économique des états ou des con­cur­rents. Mais lorsque l’on instau­re du secret, il faut instau­r­er aus­si un con­tre pou­voir, c’est essen­tiel », ibid.

« Le prob­lème du secret des affaires c’est que sa déf­i­ni­tion n’est pas claire, trop large, que ce sont les entre­pris­es elles-mêmes qui définis­sent ce qui en dépendrait ou non, qu’il n’y a pas de con­trôle de la légitim­ité. Nous sommes dans une inver­sion de la charge de la preuve, c’est-à-dire que ce sera aux jour­nal­istes de mon­tr­er le car­ac­tère d’utilité publique d’une infor­ma­tion et non pas à l’entreprise de démon­tr­er qu’elle doit être pro­tégée », ibid.

« J’ai eu la chance quitte à provo­quer un peu, de ne pas avoir fait d’études », Press­Lab, 21 mai 2015.

« Con­sid­ér­er qu’il y aurait une espèce de caste de jour­nal­isme d’investigation à qui serait dévolu cette façon de tra­vailler me paraît com­plète­ment absurde », ibid.

« Le jour­nal­isme est men­acé par une forme d’idéologie de la com­mu­ni­ca­tion. Le pire enne­mi du jour­nal­isme c’est la com­mu­ni­ca­tion. Je suis effaré de con­stater que dans cer­tains cur­sus uni­ver­si­taires, on mette l’information et la com­mu­ni­ca­tion dans le même tronc com­mun. Il n’y a pas plus antin­o­mique que l’information et la com­mu­ni­ca­tion », ibid.

« Le jour­nal­iste mer­ce­naire, seul con­tre tous, ce n’est pas, en tout cas pour moi, l’image que je me fais de ce méti­er. Pré­cisé­ment, ce qui est for­mi­da­ble dans ce tra­vail, c’est de pou­voir au sein d’une rédac­tion, créer de l’intelligence col­lec­tive », ibid.

« C’est le pro­pre du jour­nal­isme d’être indépen­dant. Un jour­nal­isme sur lequel pèse le soupçon de la dépen­dance est un jour­nal­isme en dan­ger. L’indépendance est le seul moyen de créer ce qu’il y a de plus impor­tant pour le jour­nal­isme: le lien de con­fi­ance entre un média et ses lecteurs, audi­teurs ou téléspec­ta­teurs. Le tré­sor d’un média c’est la con­fi­ance que ceux qui le con­sul­tent, met­tent dedans. L’indépendance économique, et pas seule­ment, est la mère des indépen­dances de ce point de vue là », ibid.

« Il faut une révo­lu­tion cul­turelle, lég­isla­tive, notam­ment sur le secret des sources qui est très mal pro­tégé en France, pour con­cevoir que le jour­nal­isme n’est pas un gad­get de la démoc­ra­tie », ibid.

« Certes, on ne meurt pas aujourd’hui d’être jour­nal­iste en France, on n’est pas au Con­go ou en Russie. Pour autant, ça ne doit pas empêch­er d’interroger notre sys­tème, et de con­stater que nous sommes très loin des canons démoc­ra­tiques », Téléra­ma, 30 sep­tem­bre 2015.

« Nous avons atteint un point inédit de la con­cen­tra­tion des médias en France ! A eux seuls, sept mil­liar­daires (Bernard Arnault, Vin­cent Bol­loré, Mar­tin Bouygues, Serge Das­sault, Patrick Drahi, Arnaud Lagardère et Xavier Niel) pos­sè­dent la majorité des médias. Il faut ajouter Michel Lucas, le prési­dent du Crédit Mutuel et pre­mier opéra­teur de presse quo­ti­di­enne régionale (Le Dauphiné libéré, Le Pro­grès, les DNA…) dont le pou­voir s’étend sur toute la moitié Est de la France. Nous sommes dans un écosys­tème détenu par des indus­triels dont l’activité pre­mière n’est pas la presse. Ces gens-là n’ont pas néces­saire­ment intérêt à défendre la lib­erté d’informer. Lorsqu’on vend des armes, lorsqu’on évolue dans les secteurs de la télé­phonie mobile, de la banque ou du BTP, on entre­tient des liens d’affaires avec les pou­voirs publics », ibid.

« Aujourd’hui, les attaché(e)s de presse ou les respon­s­ables de com­mu­ni­ca­tion sont devenus des sources. Ça ne devrait pas arriv­er. Aux États-Unis, il y a qua­tre com­mu­ni­cants pour un jour­nal­iste ! Les agences spé­cial­isées ont une puis­sance qua­si-insur­pass­able », ibid.

« Il faut s’inspirer de la loi belge, qui pro­tège bien mieux le secret des sources. Ce dernier ne peut être levé que si l’intégrité physique est en jeu. Cela sup­pose par exem­ple qu’un jour­nal­iste déti­enne des infor­ma­tions sur un atten­tat immi­nent ou un réseau pédophile sur le point de sévir. C’est court et pré­cis », ibid.

« Der­rière l’arrogance, l’indécence, les out­rances des Balka­ny, il y a des vic­times », RMC, 16 octo­bre 2015.

« Pour moi, il y a deux jour­nal­ismes : le jour­nal­isme d’information et le jour­nal­isme de com­men­taire », Bondy Blog, 1er avril 2017

« Ce qui est exci­tant dans notre méti­er, c’est l’intranquillité que l’on pro­cure en pub­liant des infor­ma­tions qui dérangent mais c’est aus­si l’intranquillité de notre pro­pre tra­vail qui ne com­mence jamais à la même heure et dont on ne sait jamais com­ment cela va se pass­er », ibid.

« Un jour­nal­iste doit avoir des intu­itions, des a pri­ori, c’est-à-dire qu’on doit avoir l’esprit mal tourné. Il ne faut pas avoir peur de ses pro­pres a pri­ori car quand on voit juste, ça devient une intu­ition », ibid.

« Le rôle du jour­nal­iste n’est pas de se sat­is­faire de la parole offi­cielle », ibid.

« Faire une erreur quand on est jour­nal­iste, c’est grave mais ne pas la recon­naître c’est pire », ibid.

« Je tra­vaille depuis un cer­tain nom­bre dannées, par exem­ple, sur ce quon appelle la délin­quance en col blanc et je me fais un devoir davoir dans mon réper­toire des cor­rom­pus et des cor­rup­teurs, des gens de peu, des gens de bien évidem­ment, des lanceurs dalerte, des gens dans la fonc­tion publique qui sont là et qui par­lent parce quils sont habités par une idée du bien com­mun, un esprit démoc­ra­tique et répub­li­cain. Mais il y a aus­si des gens qui par­lent avec une forme dintét, et je crois quon ne peut pas, quand on fait ce méti­er, se mas­quer de ça. Évidem­ment, notre boulot est de cern­er lintét des sources qui nous par­lent sans en être pris­on­niers () mais il y a sou­vent de bonnes infor­ma­tions à pren­dre », Glob­al Inves­tiga­tive Jour­nal­ism Net­work, 4 juil­let 2022.

« Je pense fon­da­men­tale­ment que les faits font les opin­ions. Un édi­to­r­i­al ne fera jamais que con­va­in­cre celui qui est déjà d’accord avant même de le lire. Moi, ce que jaime, cest être un petit arti­san du réel. Quand on pose des faits sur la table, s’ils sont véri­fiés et d’intérêt pub­lic, ça crée ce quil y a, je crois, de plus pré­cieux dans une démoc­ra­tie : de la con­ver­sa­tion », Sci­ences Po TV, 26 octo­bre 2022.

Vie privée

ll est le com­pagnon d’Alice Géraud-Arfi, anci­enne jour­nal­iste à Libéra­tion et cofon­da­trice du site d’information Les Jours.

Ils l’ont dit

« Selon lui, la répu­ta­tion dindépen­dance de Medi­a­part, fait que les « affaires » arrivent jusqu’à lui. Un peu comme le Canard enchaîné, « mais avec un côté austère, plus protes­tant ». Lui, est un peu des deux, par­fois som­bre comme sil devait porter le poids du monde, par­fois très drôle, soulig­nent ses proches. Danciens collègues lyon­nais le décrivent aus­si comme « un mec ambitieux et très fort pour assur­er son auto-pro­mo­tion ». Mais tous saccor­dent sur son instinct de fouine et sa capac­ité à infil­tr­er les réseaux, qui auraient des orig­ines génétiques. Son père était flic », Tri­bune de Lyon, 05/03/2012.

« Medi­a­part et Fab­rice Arfi cherchent à impos­er une hiérar­chie du jour­nal­isme. Il y a les bons jour­nal­istes, ceux qui enquê­tent, et il y a (même s’ils ne le dis­ent pas directe­ment comme ça) ceux qui sont dans la col­lu­sion avec les puis­sants, le cul visé sur leur chaise, et qui ne font que défendre la classe sociale qui dirige. C’est assez ridicule », Jean-Michel Aphatie, France 5, 2013

« Quand j’en­tends des argu­ments de cette médi­ocrité (« il ne fait qu’aller d’un taxi à un autre ») je me dis que Fab­rice Arfi n’a pas grand chose à dire sur le jour­nal­iste. Il ne fait que des mis­es en cause per­son­nelles. Vrai­ment, c’est pas ter­ri­ble », Ibid.

« Ses enquêtes ont poussé deux min­istres à la démis­sion et ringardisé le tra­vail des con­frères », Tech­nikart, 2 octo­bre 2013

« Refu­sant de se voir taxés, lui et ses col­lègues, de “pre­miers flics de France”, et peu con­va­in­cu de la per­ti­nence du terme “jour­nal­isme d’investigation” (“Y a le jour­nal­isme d’information et le jour­nal­isme de com­men­taire, point”), Arfi lui préfère celui de “jour­nal­isme d’initiation” », ibid.

« Fab­rice Arfi, c’est un peu le Keyser Söze du jour­nal­isme d’investigation : per­son­ne l’a vu venir ! » Source anonyme, ibid.

« Bob Wood­ward des temps mod­ernes », ibid.

« Quand il est arrivé à Paris, il ne con­nais­sait per­son­ne, aucun juge, aucun mag­is­trat. Mais il avait déjà le regard et l’intelligence instinc­tive qui car­ac­térisent les bons enquê­teurs. Et aus­si le côté pit­bull du mec qui ne lâche jamais. Je lui ai présen­té mes con­tacts. J’avais envie de trans­met­tre, mais pas à n’importe qui », Fab­rice Lhomme, Teck­nikart.

« Je com­prends qu’ils défend­ent Éliane Houlette [mag­is­trate à la tête du PNF, qui vient de par­tir à la retraite, NDLR], car c’est elle qui les nour­rit ! […] Les jour­nal­istes de Medi­a­part sont les com­plices de cer­tains juges. On leur file des infos qu’ils feuille ton­nent pour déchi­queter l’honneur des gens. En échange, ils récoltent d’autres infos que la police elle-même ne pour­rait pas recueil­lir, parce qu’elle a, elle, une déon­tolo­gie. Vous y pensez : ils font ce que la police ne peut pas faire ! », Éric Dupond-Moret­ti, Valeurs Actuelles,  1er août 2019.

Crédit pho­to : DR

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