Otage pour toujours
« Elle n’est pas une militante de la défense de la veuve et de l’opprimé. Elle s’intéresse aux gens, à tous les gens, que ce soient les personnes accusées à tort de pédophilie à Outreau, les participants au Festival de Cannes, en passant par les Hutus au Rwanda. Elle aime raconter des histoires ». Jean Hatzfeld, écrivain et ancien reporter à Libération « La reporter a été otage pendant cinq mois en Irak “Florence a toujours voulu être journaliste” » — L’actu, 14 juin 2005
Florence Aubenas est née le 6 février 1961 à Bruxelles. Journaliste et reporter de guerre (Algérie, Rwanda, Afghanistan, Irak) elle est devenue une icône de la profession après sa prise d’otage en Irak. Actuellement journaliste au quotidien Le Monde, spécialiste de la Syrie, Florence Aubenas, sur ce sujet sensible des reportages de guerre, sort rarement des clous des informations autorisées. Sa couverture dépassionnée et informée des Gilets Jaunes a toutefois tranché avec le discours du reste de la profession. Captive des ornières de la politique internationale, la journaliste belge pose sur la France un regard étranger qui l’aide à sortir des sentiers battus de l’actualité domestique.
Fille de Jacqueline Aubenas, journaliste, critique de cinéma (« féministe » et « spécialiste d’Akerman et des Dardenne ») et chargée de cours à l’INSAS (Belgique) et sœur de Sylvie Aubenas. Son père, Benoît, fut ambassadeur aux Comores, au Togo, puis auprès de la Communauté européenne à Bruxelles, ville où Florence Aubenas passera les dix-huit premières années de sa vie dans l’appartement familial d’Ixelles.
Formation
École Européenne de Bruxelles. Hypokhâgne au lycée Balzac et khâgne au lycée Fénelon (classes préparatoires). Licence de lettres à l’Université Paris Nanterre. Elle n’a pas le goût de l’enseignement et passe à l’issue de son cursus plusieurs concours « pour calmer son père ». Le concours du CFJ est le premier qu’elle réussira.
Diplômée du Centre de Formation des Journalistes (promotion 1984).
Parcours professionnel
1984 à 1986 : Secrétaire de rédaction (« un métier de nuit à l’époque ») au Nouvel Économiste.
1986 à 2006 : intègre le service Société de Libération (« par le biais d’une élève du CFJ qui avait été embauchée comme SR et qui m’a signalé qu’ils recherchaient quelqu’un dans son service. Libération, c’était vraiment mon canard d’étudiante et j’étais ravie de pouvoir y mettre un pied »), suivant les activités de SOS Racisme, puis étranger avant de devenir grand reporter au quotidien Libération. Elle a couvert de nombreux événements, d’abord le génocide rwandais à partir de juillet 1994, où elle remplace au pied levé un journaliste sur le départ. Devenue reporter de guerre par hasard, elle en fait sa vocation et se rendra par la suite au Congo, au Burundi, au Kosovo, en Algérie, en Afghanistan et en Irak, tout en couvrant plusieurs grands procès en France. Pour le procès d’Outreau, dont elle a tiré un livre, elle révélera devant la Commission d’enquête parlementaire avoir eu accès au dossier d’instruction. Sa connivence avec les avocats de la défense lors du procès sera également critiquée par la suite.
5 janvier 2005 au 12 juin 2005 : Otage en Irak. Officiellement, la France n’a pas versé de rançon, le quotidien britannique Times évoque un versement de 10 millions de dollars (7,8 millions d’euros).
2006 : Quitte Libération pour rejoindre Le Nouvel Observateur en même temps que son fondateur, Serge July.
De février à juillet 2009, elle prend un congé sabbatique, s’installe à Caen et s’inscrit comme chômeuse à Pôle emploi pour chercher du travail. Elle mène l’enquête sur la France des travailleurs précaires qui vivent avec un salaire inférieur au SMIC. De cette expérience naît le livre Le Quai de Ouistreham, publié en février 2010. Le livre est adapté au cinéma par le romancier Emmanuel Carrère en 2020 avec Juliette Binoche dans le rôle-titre. Sa sortie en salle est retardée à cause de la pandémie mais il est projeté au Festival de Cannes en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs en 2021.
2009–2012 : elle est à la tête de l’Observatoire international des prisons.
Avril 2012 : Elle rejoint Le Monde, elle couvre le conflit Syrien à partir de juillet en tant qu’envoyé spécial, aux côtés de l’armée syrienne libre.
2013 : Elle préside le comité de soutien aux otages français Didier François et Édouard Elias, retenus en Syrie du 6 juin 2013 au 19 avril 2014.
2015 : Grand Témoin du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges,
2017 : invitée lors de la session inaugurale des rencontres économiques d’Aix-en-Provence : « Qu’est-ce que la prospérité aujourd’hui ? »
2018 : invitée par d’Antoine Compagnon, professeur de littérature moderne et comparée au Collège de France, dans le cadre son séminaire “De la littérature comme sport de combat”.
2019 : elle reçoit le grand prix du festival Reclusiennes, festival de la pensée tenu à Sainte-Foy la Grande, ville de naissance du géographe anarchiste Elisée Reclus. Ses reportages sur des Gilets Jaunes du Lot-et-Garonne lui valent cette récompense : « Un journalisme de témoignages de terrain qui recueille la parole des oubliés, ou de tous ceux qui n’ont pas une fenêtre ouverte sur les grands médias, auprès de «ces gens d’en haut» qui nous gouvernent comme beaucoup les appellent parmi les Gilets Jaunes. Elle a mangé avec les Gilets Jaunes au QG du rond-point du Leclerc. Discrète, gentille, ouverte…”
2020 : Elle est invitée à prendre part à la table ronde “Sortir de la captivité : le retour des prisonniers” avec Ahmet Insel, Deborah Prentice, et Valsero, lors d’un colloque à Sciences Po intitulé “Captifs sans motifs : figures contemporaines du prisonnier et de l’otage”.
2021 : présidente des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois, elle est invitée à un dialogue avec Pascal Ory dans le cadre de la séance de clôture (thème du festival : « Le Travail »).
2022 - 2024 : elle se rend en Ukraine à de nombreuses reprises dès le début du conflit afin de prendre le pouls d’une société éclatée par la guerre. De ces longs articles rédigés pour Le Monde, certains sont republiés dans « Ici et Ailleurs » qui paraît en 2023. C’est à ce titre qu’elle est invitée lors de la soirée intitulée « Russie, hors d’Ukraine ! » organisée par l’association Desk Russie au Théâtre de l’Aquarium.
Parcours militant
Elle affirme à France Culture qu’elle lisait Libération dès son adolescence.
Du 2 juillet 2009 à juin 2012, elle présidente de l’Observatoire international des prisons (OIP). Depuis sa création à Paris en 1996, la « section française de l’Observatoire international des prisons s’attache à promouvoir le respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes incarcérées ». Cette « association fonde son action sur les dispositions de droit interne et les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme qui prévoient que chacun a droit, en tout lieu, à la reconnaissance de sa personnalité juridique et que nul ne peut être soumis à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». (source : OIP.org)
Signataire de l’appel du 18 septembre pour les sans-papiers : « Nous, artistes, musiciens, comédiens, réalisateurs, écrivains, plasticiens, professionnels de la musique, du spectacle, du cinéma, de l’information, de la culture, avec la majorité des citoyens français, nous déclarons solidaires des milliers de sans-papiers qui grandissent, étudient, et vivent à nos côtés dans notre pays. Nous refusons que des enfants, souvent nés et scolarisés en France, soient expulsés avec leurs parents vers des pays qu’ils ne connaissent pas ou plus et dont certains ne parlent même pas la langue. »
Signataire de « l’Appel citoyen : Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité » : « Ce texte d’appel, signé par plus de 50 organisations, réagit aux mesures gravissimes qu’envisagent Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Par ses propos et par ses actes sécuritaires, la droite tente de modifier le débat politique de la rentrée et d’étouffer la contestation sociale. »
Publications
- La fabrication de l’information. Les journalistes et l’idéologie de la communication., avec Miguel Benasayag, Paris, 1999, La Découverte.
- Résister, c’est créer, avec Miguel Benasayag, 2002, La Découverte .
- La Méprise : l’affaire d’Outreau, Paris, coll. « H.C. Essais », 2005, Seuil.
- Grand reporter, 2009, Bayard.
- Les détenus sont-ils des citoyens ? avec Julien Bach, Virginie Bianchi, Caroline Mécary, Patrick Marrest, Willy Pelletier et Évelyne Sire-Marin, 2010, éditions Syllepse.
- Le Quai de Ouistreham, 2010, éditions de l’Olivier.
- En France, 2014, éditions de l’Olivier. Prix d’Académie 2015.
- L’inconnu de la poste, 2021, éditions de l’Olivier.
- Ici et ailleurs, 2023, éditions de l’Olivier.
Collaborations
Mars 2024 : Invitée de la soirée intitulée « Russie, hors d’Ukraine ! » organisée par l’association Desk Russie au Théâtre de l’Aquarium.
Avril 2012 : Marraine du « Festival des Droits Humains et des Cultures du Monde » à L’Haÿ-les-Roses.
Avril 2012 : Participante « Aux Livres, Citoyens ! – L’égalité en chantier »
Mars 2012 : Membre du jury de la 4ème Cérémonie des « Y’A BON AWARDS 2012 » pour faire « un état des lieux de 5 années de propos, dispositifs, idées, visuels et lois racistes de tous horizons. Plus que les propos et leurs auteurs, il s’agissait d’épingler de manière ludique un système qui continue à diviser en alimentant les préjugés et en utilisant des peurs racistes à des fins politiques. »
Invitée de Femmes Forum. Créé en 1985 sous le nom de Club L, réunit des femmes, reconnues comme des références dans leur profession, qui se rencontrent chaque mois pour échanger idées, points de vue et expériences en toute liberté et amitié, ce « Club comporte aujourd’hui 200 membres environ appartenant à tous les secteurs d’activités : haute fonction publique, magistrature, professions libérales, journalistes, grandes entreprises, professions artistiques.… »
Mars 2012 : Membre du jury Europe1Solidarité avec Stéphane Hessel, Martin Hirsch et Nicolas Poincaré.
Février 2012 : Journée pour la dignité de la personne humaine organisée par la pastorale des familles, la pastorale de la santé, la Mission Universelle, la pastorale des migrants et le Centre d’Etudes Théologiques de Caen.
Membre du comité de soutien du soldat israélien Guilad Shalit. Elle est présente en octobre 2009 lors de la conférence de presse de Noama Shalit avec Patrick Bruel.
Décembre 2008 : Participante aux « Conversations Essentielles et 6 milliards d’Autres au Grand Palais » avec Boris Cyrulnik, Xavier Emmanuelli, Jean-Claude Guillebaud, Martin Hirsch, Albert Jacquard, Axel Kahn, Plantu, Franck Riboud, Edgar Morin et Barbara Hendricks.
Février 2008 : Membre du jury du « 19ème Concours International de Plaidoiries pour les Droits de l’Homme ».
Ce qu’elle gagne
À Libération, elle gagnait 4413, 25 € bruts par mois en 2006.
Grand reporter au Monde, elle gagne en théorie 3060,94€ bruts par mois selon les barèmes SPQN de 2017. A ce salaire, il faut ajouter les droits d’auteur de ses livres.
Elle l’a dit
« Je pense que la guerre étant quelque chose de très masculin, estampillée virile, pour aller vite, si vous ne faites pas dans la surenchère, vous avez beaucoup à y gagner. Si vous arrivez à un checkpoint et négociez plutôt que de dire, j’y vais parce que je suis journaliste, vous passez plus facilement. Mais j’ai aussi couvert les manifestations en Égypte, au moment des printemps arabes, et là , c’est le contraire, parce qu’il y avait des viols, etc », L’Appel, 05/2023.
« Je fais partie de la première génération de femmes reporters. C’était déjà un peu une bataille pour arriver à en être, donc notre état d’esprit, c’était plutôt de montrer qu’on était pareilles que les hommes. Quand j’entendais des blagues sexistes, je me disais que ça faisait partie des univers masculins de la guerre, où le très mauvais jeu de mots coexiste aussi avec une grande gentillesse. Je me bouchais les oreilles, je me disais que je n’étais pas là pour refaire leur éducation, et que j’avais déjà de la chance d’être arrivée à cette place. Les jeunes femmes aujourd’hui ne laissent plus rien passer, et à raison », Les Inrocks, 27 janvier 2023.
« Avant la presse était faite par des gens du peuple, aujourd’hui le monde du journalisme est devenu une classe sociale à part. Il existe bien une “sphère politico‑médiatique”. La collusion entre le monde des médias et le monde politique est une réalité. Il ne faut donc pas s’étonner que le grand public achète moins la presse… », L’Écho, 30 avril 2022.
« On évalue un régime à ses marges. Les prisonniers restent des citoyens, ils ont des droits. A ce titre, la France n’est pas un modèle de démocratie », Le Mag Centre, 01/01/2022.
Au sujet des Gilets Jaunes « Au bout d’un moment, c’est plus facile : vous arrivez, tout le monde vous filme, et je l’accepte, je comprends qu’il y ait une défiance par rapport aux journalistes, la France n’a pas toujours la presse qu’elle mérite », France Inter, 17/12/2018.
« Le métier est menacé par l’esprit conventionnel et révérencieux. Le problème de l’imprimerie, c’est affreux, mais c’est industriel. Le fait qu’Internet bouffe la pub, c’est affreux mais c’est industriel. Les journalistes français n’ont pas fait leur révolution interne, comme les historiens l’ont fait avec l’école des Annales. Avant eux, étudier l’histoire c’était s’intéresser aux faits et gestes des rois, des reines ou des généraux. Ceux de l’école des Annales ont été les premiers à se pencher sur la société, à dire qu’il n’y avait pas de petite et de grande histoire. Dans la presse, il nous faut faire cette révolution-là. Il y a un espace gigantesque à conquérir entre le journalisme institutionnel et le micro-trottoir. Le plus dramatique, c’est que personne en France n’oblige à écrire sur une chose ou une autre, c’est la vision du journaliste qui est elle-même institutionnelle. » « Journaliste un métier à réinventer Centre de formation des journalistes de Paris, 60 ans »
« Terroriser les terroristes, c’est l’inverse de nos valeurs. Les pays démocratiques ne doivent pas singer les pays autoritaires et violents, comme l’ont fait les Américains ou les Britanniques. Évidemment, cette position pose de nombreuses questions, ce n’est pas si simple. Mais je continue à préférer le dialogue. » « Florence Aubenas découvre l’ordinaire » (source : regards.fr)
« Les gens qui deviennent journalistes sont différents de ceux d’il y a vingt ou trente ans. Les écoles de presse sont devenues systématiques. Aujourd’hui, quand on recrute un journaliste, il y a neuf chances sur dix qu’il sorte d’une école de journalisme ! Le profil n’est pas celui de gens de terrain, jeunes, mais plutôt de personnes ayant de bonnes compétences générales, de type Sciences-Po, avec un bac + 5 en poche. Il faudrait ouvrir cette sélection. » Ibid.
« C’est pourtant ce journal-là [Le Monde], âgé de 68 ans, qui lance un appel à candidatures ouvert aux jeunes gens de 18 ans à 25 ans, avec ou sans diplôme, même pas le bac, Français ou d’expression francophone, qui rêvent de journalisme. Qu’ils nous envoient avant le 15 juillet ce qu’ils aimeraient lire dans Le Monde et qu’ils n’y trouvent pas, ou pas assez (des textes, bien sûr, mais aussi des séries de photos, des vidéos, des webdocumentaires, du BD- reportage, etc.). A la rentrée, 68 d’entre eux seront sélectionnés et nous leur ouvrirons chaque jour nos pages, celles du journal et celles du site. Autrement dit, il s’agit de faire venir de partout des garçons et des filles pour nous raconter des histoires dont nous n’avons jamais entendu parler. » « “Le Monde” est un média sérieux, mais… » — Le Monde, 6 juin 2012
« Aujourd’hui, en lisant en parallèle les témoignages des rescapés d’Oradour en 1944 et ceux des survivants kosovars en 1999, la même pièce semble se rejouer à un demi-siècle de distance. Il y a là une similarité absolue dans l’horreur, non seulement dans le déroulé mais geste par geste, mot par mot, si bien que gommant les noms et les dates, on pourrait confondre les uns avec les autres. » Florence Aubenas et Miguel Benasayag, La fabrication de l’information. Les journalistes et l’idéologie de la communication.
« Mon nom est Florence Aubenas. Je suis française. Je suis journaliste et je travaille pour Libération. S’il vous plaît, aidez-moi. Ma santé est très mauvaise. Je suis également très mal au plan psychologique. C’est urgent maintenant. S’il vous plaît, aidez-moi. » « Florence Aubenas appelle à l’aide » — Métro, 02 mai 2005.
« J’ai enregistré une douzaine de messages, des preuves de vie pour l’ambassade. Jamais ils ne m’ont demandé d’exprimer une revendication. Jamais je n’ai su le nom du groupe. Ils se sont toujours présentés comme des moudjahidins, des combattants sunnites contre les Américains en Irak. Jamais je n’ai entendu parler de rançon. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai été libérée, j’aimerais bien le savoir. » « Florence Aubenas a raconté sa détention : “Ma vie n’est pas fracassée” » - L’actu, 16 juin 2005.
« C’est vrai qu’il y a une image du prisonnier véhiculée par la classe politique en général, relayée souvent par les journaux, qui est ce fauve mis en cellule et qui est néanmoins en charentaises avec sa télécommande et qui boit le café au frais du contribuable.
Il y a un gros travail à faire auprès de l’opinion publique pour dire que les prisons servent à priver de liberté, mais pas à démolir les gens », La Nouvelle République, 22 avril 2010.
« Oui, c’est l’argument principal du régime contre les rebelles. Dans la région du Nord où j’ai passé un mois, je n’en ai pas rencontré. Il serait impossible pour des combattants étrangers d’y passer inaperçus : la rébellion recrute par famille, par village. Tout le monde se connaît, loge au même endroit. J’ai longuement interrogé des commandants sur l’existence de camps d’entraînement ou de soldats venus d’ailleurs. Eux non plus n’en connaissaient pas. Autre élément : la manière dont les rebelles se battent montrent la pauvreté de leur moyens, en armes et même en nourriture. Il n’y a même pas une kalachnikov par personne. Je pense que si Al-Qaida les épaulait, ils auraient moins de difficultés face à l’armée de Bachar Al-Assad. Cela dit, il faut rester modeste : la situation peut être différente dans d’autres parties du pays. » « Florence Aubenas : “Les rebelles syriens n’ont aucun doute : ils vont gagner” » - Le Monde, 16 août 2012
« Ce n’est pas un choix d’être “seulement” aux côtés de la rébellion : c’est une obligation dans le cas de figure syrien. Les journalistes n’ont actuellement pas de visa officiel (à l’exception de quelques-uns) : il nous faut donc entrer dans le pays clandestinement et continuer à y vivre et à y travailler de la même manière. Pas d’hôtel, pas de location de voiture, aucun des circuits habituels. Le seul réseau par lequel nous pouvons passer est celui des Syriens engagés, c’est-à-dire des opposants au régime, militaires ou pas. (…) “Rejoindre” n’est pas le mot que j’utiliserais. Mais, oui, j’aimerais aussi couvrir ce conflit de l’autre côté, si j’en avais la possibilité. » Ibid.
« Tout le pays part en exil [au Rwanda en 1994], il y a des centaines de milliers de personnes sur les routes. Et nous, on arrive dans notre voiture, avec une bouteille d’Évian au sol, quelques dollars dans les poches… C’est presqu’indécent ! On s’attend à une réaction dure, mais pas du tout : les gens nous accueillent, on discute. Et, au moment de partir, une mère me tend son enfant, et puis vous voyez des milliers de bras qui se tendent… J’ai décidé de prendre les enfants qu’on pouvait prendre et les amener dans une église, où ils seraient pris en charge et les parents les récupéreraient. Certains collègues m’ont dit : tu as eu tort, on n’est pas humanitaires », La Dépêche du Midi, 21 mars 2017.
Sa nébuleuse
Miguel Benasayag, philosophe, psychanalyste, chercheur en épistémologie et ancien résistant guévariste franco-argentin. Prisonnier guévariste, Benasayag a pu bénéficier, grâce à sa double nationalité franco-argentine (sa mère juive française avait quitté la France en 1942), du programme de libération des prisonniers français en Argentine et se rendre ainsi en France en 1978. Militant dans la « nouvelle radicalité », il est l’auteur en 1999 du Manifeste du réseau de résistance alternatif. En 2007, en France, il soutient la candidature de José Bové à l’élection présidentielle. Il est membre du Comité de soutien de l’Association Primo Levi et du collectif « Malgré tout ».
Philippe Chaffanjeon, ancien patron de Radio France, est un ami proche.
Olivier Cohen, son éditeur et fondateur des éditions de l’Olivier.
Juliette Binoche, qui incarne son personnage dans l’adaptation cinématographique du Quai de Ouistreham. Selon Voici, l’actrice « l’invitait à dîner tous les ans en lui demandant : ‘Quand est-ce qu’on le fait, ce film ?’ ».
Ils ont dit
« Ainsi loin d’être un « reportage » sur l’affaire d’Outreau son livre est devenu un ouvrage de propagande et de combat ; seul semble importer le but final, gagner la bataille médiatique et ainsi peser psychologiquement sur l’opinion publique et sur les jurés susceptibles de la lire et enfin obtenir l’acquittement général. Le livre, sorti en librairie le 14 octobre 2005 c’est-à-dire 24 jours avant l’ouverture du procès en appel devant la Cour d’assises de Paris accuse mensongèrement la police enquêtrice de faits détestables, cache la « configuration perverse de la salle d’audience » et présente les jurés du Pas-de-Calais comme des sortes de « ploucs » (en marcel ou baskets, prenant le casse-croûte à l’audience, se faisant des clins d’oeil et se croyant devant leur télé). C’est tout juste si Florence Aubenas n’a pas osé les décrire en train de tremper des tartines de maroilles dans des bols de chicorée façon « bienvenue chez les ch’tis ». Approximations, inventions, silence absolu sur les éléments à charge du dossier, mensonges calomnieux et exagérations outrancières, Florence Aubenas s’est tout permis selon le vieil adage « la fin justifie les moyens ». », Michel Gasteau, Village de la Justice, 19/05/2015.
« Jean de la Guérivière, Georges Marion, José Garçon, Florence Aubenas, Joëlle Stoltz, je pourrais vous citer une longue liste de journalistes capables de parler intelligemment de l’Algérie et qu’on ne peut accuser d’être des fanatiques de l’islam. Outre d’interdire l’accès à ces « intellectuels positifs », on dissuade les journalistes encore attachés à quelque probité intellectuelle en mettant au placard quiconque s’aventure à inviter ces empêcheurs de désinformer en rond. » Lounis Aggoun « Algérie : Les années de sang et le rôle des agents d’influence » (Réseau Voltaire).
« Christine Boutin, ministre du Logement, aurait “fait comprendre” à la production de “Revu et corrigé” sur France 5 qu’elle ne souhaitait pas débattre avec Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du Droit au Logement (DAL). Cet interdit politique a été révélé en direct, lors de l’émission du 28 octobre 2007, par Florence Aubenas. Retour sur l’incident. Car, comme le dit, fort à propos et non sans malice, la journaliste : “Il est intéressant de voir comment se fabrique l’information puisqu’on est dans une émission qui parle précisément de ça”. » « Paul Amar “ revoit et corrige” sur France 5 : sans “Droit au Logement”, mais jamais sans la ministre » (Acrimed).
Crédit photo : Kenji-Baptiste Oikawa sur Wikimédia (cc)