Petit père des pauvres
« Perdre les ouvriers, pour la gauche, c’est perdre son âme », France Inter, 08/07/2024.
La vie et l’œuvre de François Ruffin sont indissociables de la ville d’Amiens, localité qui l’a vu passer de vendeur de journaux à la criée à député de la Nation, désormais bien campé dans sa circonscription de la Somme cernée par les terres frontistes. Tel un haut-parleur vivant, Ruffin répercute depuis plus de vingt ans dans les médias les doléances des ouvriers et des travailleurs précaires tout en déployant avec brio les modalités de l’agit-prop gauchiste (« Nuit Debout », « La Fête à Macron »). De coups d’éclats en coups d’éclats, comme une mouche facétieuse autour du bœuf, des étudiants petit-bourgeois du CFJ à Bernard Arnault, l’homme a su se choisir les bons ennemis (de classe) pour s’attirer la lumière et fédérer lentement autour de lui le petit peuple déclassé et l’intelligentsia d’extrême-gauche. Le tout en conservant jalousement son autonomie financière assurée par le succès public inattendu de ses documentaires. Le fondateur de Fakir, en plus d’être la Némésis picarde d’Emmanuel Macron, devient le pendant de gauche d’Eric Zemmour, lui aussi ex-journaliste aux ambitions littéraires élevées, peu à peu séduit par la conquête du pouvoir suprême.
Né le 28 octobre 1975, il est le fils de Martine Coquempot, issue d’une famille de commerçants de Zutkerque dans le Pas-de-Calais, et de Jean-Claude Ruffin, diplômé de l’Institut national agronomique de Paris, qui fut directeur des services agronomiques de la plus grande usine d’Europe pour le groupe agroalimentaire français Bonduelle, opérant dans le secteur de la conserve de légumes. La famille Ruffin fait l’acquisition d’un pavillon à Henriville, le quartier bourgeois d’Amiens.
Sa sœur, Laurence, fut scolarisée à La Providence dans la même classe qu’Emmanuel Macron tout au long de ses années de collège. Passée par la classe préparatoire de Louis-Le-Grand et l’Essec, cette dernière est aujourd’hui PDG de la Scop Alma, spécialisée dans l’édition de logiciels informatiques, près de Grenoble. Par ailleurs, elle préside également l’Union régionale des Scop Auvergne-Rhône-Alpes.
Formation
Le jeune Ruffin est d’abord scolarisé à La Providence, établissement privé catholique, lors de ses années collège-lycée. Dépressif et en révolte contre cet univers bourgeois et policé, ses camarades le qualifient de « cul-terreux ».
Après son baccalauréat, il s’engage dans des études de Lettres modernes à l’université Jules Verne d’Amiens. Déjà doué d’une sensibilité critique vis-à-vis des discours médiatiques, son mémoire de maîtrise de lettres a pour titre « l’usage du discours rapporté dans les questions aux hommes politiques dans les JT de France 2 pour la campagne législative de 1997 ». Par la suite, une amie de Fakir lui trouve un stage au service Économie et société de Libération. Afin de rassurer ses parents, le jeune homme se résout à passer les concours d’entrée aux principales écoles de journalisme et intègre le CFJ de Paris en septembre 2000.
Parcours professionnel
- 1998 — 1999 : séjour estival en Biélorussie où l’accompagne un ami de la faculté. Il y médite des sujets d’articles pendant l’été, puis il met le cap pour le Texas où il résidera pendant un an en tant qu’enseignant-chercheur dans le cadre d’un partenariat académique avec l’université d’Austin.
- 1999 : crée la revue Fakir peu après son retour du Texas endécembre 1999 et en imprime le premier numéro, comprenant un compte-reportage sur le zoo de la ville, à cinq cents exemplaires. Durant ses premières années de publication, le journal va prendre parti, parfois de façon très virulente et systématique, contre la municipalité UMP d’Amiens.
- 2003 : débute sa collaboration avec Le Monde diplomatique et Acrimed. Sollicité par Daniel Mermet, qui le presse d’intégrer son équipe de reporters à « Là-bas si j’y suis » sur France Inter. Il décline l’offre dans un premier temps.
- 2006 : dit oui à Mermet et reste sept ans à mener des reportages sociaux sous les ordres d’un patron réputé difficile, dont il gagne peu à peu l’estime.
- 2008 : condamné en diffamation à la suite de la publication de son livre, Quartier Nord, contenant des portraits peu flatteurs d’habitants, majoritairement immigrés, de cette banlieue d’Amiens.
- 2009 : Fakir accède à une diffusion nationale.
- 2016 : il est l’instigateur de la manifestation « Nuit Debout », place de la République à Paris. La même année, son documentaire, Merci Patron !, un documentaire critique et satirique qui suit une famille qui a perdu son emploi chez un fournisseur de LVMH est récompensé par le César du meilleur documentaire.
- 2017 : élu à l’Assemblée nationale en tant que député de la première circonscription de la Somme à la faveur d’une campagne menée tous azimuts, débordant de moyens et de bénévoles venus de toute la France (spectacles de marionnettes, concert du groupe Tryo, distribution d’exemplaires de Fakir et de DVD de Merci Patron !).
- 2019 : premières révélations de Mediapart quant à l’opération de surveillance initiée par LVMH dont il aurait été la cible pendant le tournage de Merci Patron ! entre 2013 et 2016. Le géant du luxe aurait investi plus de 2 millions d’euros à ces fins pendant cette période.
- 2022 : il est reconduit dans ses fonctions à l’Assemblée et doit céder la présidence de Fakir à un proche collaborateur.
Parcours militant
Mu d’une sensibilité de gauche anti-libérale affirmée, Ruffin est « structuré par la lutte des classes ».
L’homme n’a jamais adhéré à aucun parti. Il confesse seulement avoir cotisé à l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac) après avoir découvert son lancement, en 1998, en lisant Le Monde diplomatique.
Concernant ses préférences électorales, il s’est livré au journaliste de Libération Rachid Laïreche en 2021: « Je vote toujours bien à gauche, donc jamais pour le Parti socialiste au premier tour. J’ai fait du Laguiller et du Besancenot. Depuis 2012, j’ai opté pour Mélenchon. J’ai toujours voté pour des minoritaires ».
Fort du soutien de La France insoumise, des communistes, d’Europe Écologie-Les Verts et d’Ensemble, le candidat de Picardie debout !, le mouvement qu’il a créé, lance sa campagne dans la commune de Flixecourt, le 17 février 2017, avec de la musique, des chants et des marionnettes.
Parti avec 10 points de retard face au représentant local de Macron, un certain Nicolas Dumont, François Ruffin est finalement élu avec 4 000 voix d’avance.
De son propre aveu, il utilise plus l’Assemblée nationale comme une caisse de résonance que comme un moyen de concrétiser ses textes de lois. Aussi, la majorité de ses propositions, portant notamment sur les conditions de travail des auxiliaires de vie et des femmes de ménages de l’Assemblée, le burn-out en entreprise, la précarité étudiante ou les salaires des plus riches, sont révoquées par la majorité présidentielle.
Cinq ans plus tard, c’est en tant que non-inscrit que François Ruffin est d’abord présenté sur le trombinoscope de la nouvelle Assemblée nationale. Après la rupture consommée avec La France insoumise (LFI), le député réélu décide finalement de se rallier aux écologistes afin de ne pas rester isolé et bénéficier d’un temps de parole plus important.
À la suite de la dissolution surprise de l’Assemblée en juillet 2024, il ne conserve son siège que de justesse et ne doit sa survie politique qu’au retrait de la liste de la majorité présidentielle pendant l’entre-deux tours.
Publications choisies
- 2003 : Petits soldats du journalisme, Les Arènes.
- 2007 : Quartier Nord, Fayard.
- 2008 : La guerre des classes, Fayard.
- 2019 : Ce pays que tu ne connais pas, Les Arènes.
- 2019 : Il est où le bonheur, Les Liens qui libèrent.
- 2020 : Leur folie, nos vies : la bataille de l’après, Les Liens qui libèrent.
Filmographie
En tant que réalisateur
- 2016 : Merci Patron !
- 2020 : J’veux du soleil (co-réalisé avec Gilles Perret)
- 2021 : Debout les femmes ! (co-réalisé avec Gilles Perret)
- 2024 : Au boulot ! (co-réalisé avec Gilles Perret)
Ce qu’il gagne
Le triomphe inespéré de Merci Patron ! (qui a rapporté 3 110 030 euros pour un film ayant coûté au départ 158 000 euros) a rapporté des centaines de milliers d’euros à François Ruffin (si l’on additionne tous les droits perçus), à la fois principal actionnaire de la société de production Les Quatre Cents Clous, co-producteur à titre individuel, réalisateur, scénariste, auteur et acteur du film. À ces émoluments, il faut ajouter les bénéfices de l’association Fakir via les abonnements au journal ou la vente de DVD et de produits dérivés.
En 2017, l’homme avait omis de mentionner dans sa déclaration de patrimoine la société qu’il avait créée afin de recevoir les droits d’auteurs personnels de Merci Patron !.
En tant que député, François Ruffin perçoit 7 209,74 euros brut mensuel, soit 5 800 euros net. Toutefois, il honore sa promesse de campagne de se payer au SMIC. Un an près son élection, il confirme à Marianne se verser 1 100 euros par mois sur son compte et donner la majorité de sa rémunération nette (3000 euros) à des associations.
Il l’a dit
« À leurs côtés, j’ai connu la marche peu triomphale d’un fantassin de l’information. J’ai acquis les réflexes de survie, pour intégrer les médias et gagner ses galons : recopier l’AFP, produire vite et mal, imiter les concurrents, critiquer les livres sans les lire, ne surtout plus penser, trembler devant sa hiérarchie. Une vie de caserne trépidante, où se découvre ce journalisme insipide, aéfepéisé, routinisé, markétisé, sans risque et sans révolte, dépourvu de toute espérance, qui étouffe les rédactions de sa pesanteur », extrait de Les petits soldats du journalisme, reproduit par Acrimed, 15/03/2003.
« Que les choses soient dites sans fausse modestie : je suis l’un des meilleurs journalistes engagés de ce pays. », Lettre aux fakiriens, 2 mai 2013.
« Sans me vanter, et il n’y a pas de quoi, d’ailleurs, s’en vanter, mais j’ai connu ça, des années durant, la médiocrité, la nullité, le sentiment de n’être rien et de ne rien valoir, des années de dépression, de dépréciation, une merde, juste une merde, et l’envie d’en finir. Je connais ça encore, à l’occasion, des failles, des rechutes. J’en tire une force, de toutes ces faiblesses : l’empathie. Dans les blessures des autres, j’entends mes blessures. », Ce pays que tu ne connais pas, Les Arènes, 2019.
« Je revois ma biographie à travers ces quelques pages [Le Racisme de l’intelligence de Pierre Bourdieu, ndlr], mon parcours, mais aussi comment je mute. Je lis Charlie Hebdo, Cavanna, qui sont peut-être en train de me transformer à leur insu en « raciste » social. J’étais en train de renier les origines populaires qui sont les miennes en rejetant le foot, le camping, le bob Ricard, la chasse, l’accordéon. J’étais en train de devenir un connard de gauche, un snob, et là, Bourdieu est en train de me dire « réconcilie-toi ». Au fond, depuis la lecture de ce texte-là, j’ai peu changé. Politiquement, le cœur est là. Mon socle, aussi. », Rachid Laïreche, « François Ruffin, la revanche des bouseux », Les Arènes, 2021.
« Nous sommes là pour renouer avec l’histoire, la grande histoire du mouvement ouvrier. Quelle est-elle ? C’est à la fois la fierté du travail, la dignité par le travail, gagner sa vie en travaillant, et en même temps, libérer du temps hors-travail. C’est la fin du travail des enfants, et nous avions déjà les mêmes, alors, vos ancêtres, qui criaient à la paresse, à la compétitivité. C’est le congé maternité. C’est le dimanche chômé. C’est le samedi à l’anglaise. Ce sont les congés payés. C’est la retraite, cette « nouvelle étape de la vie ». Et c’est enfin, en 1982, la retraite à 60 ans… […] Parce que c’était le sens de l’histoire. Et c’est avec cette histoire que nous devons renouer. Une histoire où le travail, le travail nécessaire, le travail qui émancipe, où le travail se marie avec le droit au repos, le droit aux loisirs, le droit à l’oisiveté, que travail et repos se mêlent, s’épousent, pour accoucher d’un bel enfant : le bonheur », discours prononcé à l’Assemblée nationale, 07/02/2023.
Vie privée
Il est père de deux enfants: Joseph, né en 2006 et Ambre, née en 2008. Entre 2013 et 2018, il fut le compagnon de la coordinatrice générale de Fakir, Johanna Silva.
Sa nébuleuse
- Gilles Perret, co-réalisateur de ses documentaires. Ruffin fait sa rencontre en 2005 lors d’un reportage pour Là-bas si j’y suis devant le Tunnel du Mont Blanc.
- Vincent Bernardet, assistant parlementaire et ancien de Fakir. Il rompt avec son mentor lors de l’entre-deux tour des municipales
- Johanna Silva, ex-étudiante de Sciences-Po Lille, elle a 25 ans lorsqu’elle rencontre le journaliste. Employée comme boulangère avant d’intégrer Fakir, elle sera sa compagne pendant cinq ans avant d’accumuler les casquettes : productrice du film Merci Patron ! via la société Les Quatre Cent Clous créée pour l’occasion, organisatrice de « Nuit debout », attachée parlementaire. Elle lève le voile sur sa relation faite d’« emprise » et de « domination masculine » avec Ruffin dans un livre, paru en 2024.
- Fabian Lemaire, illustrateur, il est le directeur de publication de Fakir depuis l’été 2022.
- Olivier Azam, vidéaste, cadreur de Merci Patron !.
- Ses deux modèles en journalisme, Serge Halimi, qu’il rencontre après une conférence à l’université d’Amiens (« C’est un timide plein d’audace qui s’est mis en marche depuis longtemps, mais dans la bonne direction ! ») et François Cavanna, son « héros », dont le portrait était affiché au mur de sa chambre d’adolescent, qu’il rencontre à la bibliothèque municipale d’Amiens .
- Laurent Beccaria, fondateur de la maison d’édition des Arènes et son premier éditeur.
- Me Benjamin Sarfati, son avocat et ami.
- Olivier Legrain, multi-millionaire proche des courants d’extrême-gauche. Il envisage une candidature Ruffin en 2027.
Ils ont dit
« Dans ce réquisitoire, nous ne reconnaissons ni notre école, ni notre enseignement. Ni nous-mêmes. Et l’outrance des invectives nous estomaque. «Entreprise d’abrutissement», le CFJ mettrait en oeuvre, selon François Ruffin, une mécanique d’« asphyxie cérébrale » qui prépare des étudiants serviles à célébrer le vide dans un mépris du public. La description, délirante, nous ferait hurler de rire si les lecteurs des Petits Soldats du journalisme, et des médias qui s’en font l’écho, ne la prenaient pour argent comptant », tribune d’ex-étudiants du CFJ, Libération, 2003.
« La période la plus sombre a lieu au collège. François Ruffin raconte qu’il se fait traiter de « bouseux », de « péquenot ». Il n’est pas né du bon côté de la bourgeoisie. Il refuse d’intégrer les codes. Pas de vêtements de marque. Les conflits sont nombreux. Des mots, des coups, il perd souvent », Rachid Laïreche, François Ruffin, la revanche des bouseux, Les Arènes, 2021.
« C’est un être très tourmenté, c’est un hypersensible. Ça le rend attendrissant. Il ne fait pas semblant de souffrir, il a une douleur en lui. Il est constamment au bord de la falaise », Jean-Luc Mélenchon, Ibid.
« Tu vois, moi, je suis un prolo et François un petit bourge, c’est comme ça. Dans notre camp politique, j’ai croisé des tonnes de bourgeois qui se prennent pour des prolos, et ce n’est pas son cas. J’apprécie ça. C’est une belle qualité. », Daniel Mermet, Ibid.
« Et, finalement, François Ruffin n’est-il pas lui aussi devenu un patron ? Fakir a, certes, encore le statut d’association loi de 1901, mais engrange un joli petit chiffre d’affaires puisqu’il vend des journaux, des livres courts édités par sa propre maison d’édition (Fakir Éditions), des produits dérivés (tee-shirts, affiches, DVD…). En 2016, la structure a connu un tournant majeur avec la production de films, dont le premier sera un succès au box-office. Avec Merci Patron !, les caisses du journal se sont remplies d’un coup. En mars 2017, les comptes affichaient un solde positif de 653 978 euros. », Mérième Alaoui, François Ruffin ou l’ascension d’un opportuniste, Robert Laffont, 2021.
« Le fervent défenseur des salariés, des ouvriers en particulier, s’avérait en effet être un patron dur à vivre, une sorte d’« essoreuse » qui ne connaîtrait pas « le droit à la déconnexion » et qui paierait mal ses employés d’abord à Fakir, puis à l’Assemblée nationale », Ibid.
« Il me traitait ainsi simplement car j’ai un nom à particule, c’est vraiment ridicule. C’est de la mesquinerie, ce n’est pas de l’intelligence. S’il est encore sur la lutte des classes, il est en retard, quand même ! », Gilles de Robien, ancien maire UMP d’Amiens, Ibid.
Sur la publication de son enquête Quartier Nord : « Pour recueillir toutes ces bribes de vies cassées, ces confidences si précieuses, François Ruffin était prêt à aller plus loin que les simples services rendus. Avec un budget qui semble illimité, il n’hésite pas, comme il le raconte lui-même dans l’ouvrage, à sortir sa carte bleue ou son carnet de chèques pour racheter la Game Boy cassée du fils de Zoubir ou éponger ses dettes chez Finaref. Il ira jusqu’à acheter de la drogue pour un témoin en manque et facilitera même sa revente au détail. », Ibid.
« Quand on allait boire des coups, lui courrait gare du Nord reprendre son train pour Amiens, relève Christophe Chohin, rédacteur en chef adjoint à France 3, issu de la même promo. Alors qu’on pouvait profiter de la vie après les cours, lui avait son canard à sortir. C’était un bosseur. », Les Jours, 03/03/2024.
« Aujourd’hui, et c’est évidemment tant mieux, un mec qui frappe sa femme, ça ne passe pas, tout le monde condamne, et lui sait qu’il fait une énorme connerie. Collectivement, on est tous d’accord pour dire que c’est inacceptable. Par contre, quand Ruffin me traite avec un comportement que j’estime être d’une certaine brutalité, ce n’est pas quelque chose qui va être pensé comme violent. Pas assez pour être condamné, en tous les cas. Je pense quand même que lui sait qu’il a déconné, qu’il a été violent », Johanna Silva, Mediapart, 24/07/2024.
« Bien sûr, il s’est inspiré de Michael Moore. Il a longtemps bassiné ses invités en leur diffusant Roger et Moi (1989), où le réalisateur du Michigan pourchasse le patron de General Motors comme Ruffin poursuivra le tycoon de LVMH. Il apprécie aussi Ken Loach et Stephen Frears. Et de tacler la grisaille édifiante du ciné social français. […] Il y a chez Ruffin un côté canaille et arnaqueur. Il aimait les canulars radiophoniques de Jean-Yves Lafesse et a suivi son exemple. Il se présente en Robin des bois. Mais on ressent aussi chez lui des façons d’Arsène Lupin, une jubilation à se déguiser et à raconter des craques. Il détourne sans vergogne des concepts d’émission de télé-réalité pour les mettre au service de son propos. Dans Au boulot ! cela oscille entre Vis ma vie et Rendez-vous en terre inconnue. Voici son projet : Il s’agit de faire militant sans faire chiant », Libération, 04/11/2024.