« Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je n’appartiens pas au milieu médiatique parisien. » (Télérama, 31 janvier 2014)
« Un journaliste ça lèche, ça lâche, puis ça lynche. » Cette phrase de Jean-François Kahn sied à merveille à Franz-Olivier Giesbert tant celui-ci aurait pu faire de cette formule une devise. Complaisant, jusque dans l’intime avec les puissants, FOG n’oublie jamais d’immortaliser ces instants sur son petit bloc note spiralé avec l’intention, le jour venu, de les consigner dans un livre assassin. Celui qui a quitté début 2014 la direction du Point a passé sa vie dans une ambiguïté toute assumée avec philosophie, jonglant entre la droite et la gauche, entre la campagne et la ville, entre les chèvres et le Siècle, entre l’indépendance et la connivence. FOG, c’est la schizophrénie réfléchie.
Né à Wilmington aux États-Unis dans l’état du Delaware, Franz-Olivier Giesbert, journaliste et écrivain franco-américain, est issu d’une famille d’origine allemande, écossaise et juive (immigrée aux États-Unis avant la Première guerre mondiale) du côté paternel, et d’une famille d’imprimeurs normands catholiques du côté maternel. Son père, Américain, était du débarquement de Normandie sur les plages d’Omaha Beach le 6 juin 1944. Cette Normandie, Giesbert la rejoindra à l’âge de trois ans. Il y recevra une éducation catholique et de gauche, élevé par sa mère, professeur de philosophie et adjointe du maire PS d’Elbeuf, et par son père, dessinateur commercial. À l’adolescence, il milite un temps pour l’Algérie française avant de passer, à l’âge adulte, par un « bref attrait pour le communisme ».
Formation
FOG est diplômé en 1969 du Centre de formation des journalistes (CFJ), où il rencontre son ami Patrick Poivre d’Arvor et se lie avec son professeur Jacques Ozouf.
Parcours de journaliste
D’après Marion Van Renterghem, qui a publié un formidable papier sur Giesbert dans M. le magazine du Monde du 6 juillet 2012, celui-ci est « devenu journaliste pour contredire son père, qui méprisait la profession ». Il signe son premier papier sur l’élection présidentielle américaine à 18 ans dans le journal Liberté-Dimanche, propriété du groupe Paris Normandie dont sa famille maternelle est actionnaire. Lorsque celle-ci lui propose, à 19 ans, le poste de rédacteur en chef adjoint du quotidien Paris Normandie, il refuse et se dirige vers des études de droit avec l’objectif d’intégrer l’ENA ou de devenir avocat. En parallèle, il reste néanmoins durant 4 ans au sein du quotidien, où il s’occupe des pages littéraires.
En 1971, il fait un stage au Nouvel Obs à l’issue duquel, sur la recommandation de Jacques Ozouf, son professeur au CFJ, il intègre la rédaction. Il y est d’abord correspondant aux États-Unis puis chef du service politique grâce à l’aide de Jean Daniel. Enfin, il est propulsé directeur de la rédaction à 36 ans avec le but de relancer les ventes de l’hebdomadaire, qui s’effondrent sous le mandant de François Mitterrand. Un Mitterrand avec lequel FOG poussa la connivence jusqu’à l’extrême… Il rédigera d’ailleurs sa biographie, « François Mitterrand, une vie » (éd. Du Seuil, 1997). Durant cette période, il sauve le journal, selon l’aveu même de Claude Perdriel, mais l’ambiance en souffre beaucoup et sa présence génère beaucoup de tensions, notamment avec Jean Daniel.
En septembre 1988, c’est le choc : Giesbert rejoint l’ennemi. Le Figaro tout d’abord, opposant du Nouvel Obs, honni de la gauche ; Robert Hersant ensuite (propriétaire du Figaro), ennemi farouche de la famille maternelle de Franz, en lutte avec l’homme d’affaire dans le capital de Paris Normandie. Qui plus est, Hersant est lié à des faits de collaboration avec les Allemands. « Cet homme est dangereux », avait pourtant estimé FOG lorsqu’il était à l’Obs. Il devient directeur des rédactions et membre du directoire du Figaro. Le diner du Siècle a ses raisons que la raison ignore ! Du côté de l’Obs, c’est le scandale. FOG est qualifié de « traître », de journaliste « sans convictions ». La trahison est sur toutes les bouches. FOG n’en a que faire ; depuis le début, il ne roule que pour lui-même.
Durant cette période au Figaro, notre journaliste mène une vie de nabab où la mondanité est à son comble. Il s’achète une belle Mercedes, quitte sa femme pour la milliardaire Nahed Ojjeh… fille du ministre syrien de la défense, un pays alors en guerre contre la France. FOG n’en est pas à une contradiction près, et reçoit le tout-Paris dans l’hôtel particulier de sa nouvelle épouse.
C’est en 2000 que, sous l’influence de Claude Imbert, fondateur du Point, ce dernier fait de Franz-Olivier Giesbert le directeur de son magazine. En 2003, il devient PDG du groupe SEBDO Le Point. Grâce à sa politique de unes agressives et polémiques, les ventes de l’hebdomadaire passent de près de 300 000 en 1999 à environ 415 000 en 2010. FOG agace, divise, mais il gagne. « C’est de loin le meilleur patron de presse », dira Christophe Barbier, patron de L’Express, pourtant journal concurrent. Quoi qu’il en soit, il profite de ses unes enflammées pour soutenir, puis allumer Sarkozy. Vieille tradition « fogienne ». Le président de la République aurait même demandé sa tête à François Pinault en 2008, sans succès.
En 2011 il sort un livre sur Nicolas Sarkozy, « M. le Président », dans lequel il révèle des « off » et s’en prend sévèrement à lui. Comme à son habitude, FOG est passé par la connivence pour en aboutir au lynchage – comme il l’avait fait avec Jacques Chirac, sur lequel il a également publié un livre. Le tout pour son seul intérêt. « Chèvres, veaux, canards ou cochons : ils sont ses amis, ses semblables, ses frères, comme il dit, mais il les saigne de ses mains quand ils sont à point », écrit Marion Van Renterghem à propos de la vie de Giesbert à la campagne. Symboliquement, il en fait de même avec les hommes politiques.
Au début de l’année 2014, Franz-Olivier Giesbert démissionne de son poste de directeur du Point. Il demeure néanmoins « Conseiller de la direction de rédaction ».
Résident du quartier Saint-Victor (VIIe arr.) de Marseille depuis une quinzaine d’années, FOG est directeur éditorial de La Provence depuis juin 2017. Il est alors nommé directement par Bernard Tapie, son ami de longue date et actionnaire majoritaire de l’organe de presse. Retour d’ascenseur pour FOG qui était venu au secours du milliardaire en 2015 en dressant un portrait complaisant de Bernard Tapie dans les colonnes du Point. Le journalisme de révérence incarné par Giesbert suscite l’inquiétude dans les Bouches-du-Rhône et ce dernier récolte un vote de défiance de la rédaction quatre mois seulement après son arrivée. Pratiquant peu la neutralité, il déclare sa flamme dans un édito pour Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, en vue des élections municipales 2020. L’aveu de ses préférences quant au futur maire de Marseille a le don d’agacer non seulement le sénateur LR Pierre Gilles, mais aussi le SNJ de la rédaction de La Provence : « FOG a tout pour lui, lui aussi : la notoriété, l’expérience, les talents d’écriture. Il ne lui manque que la capacité à ne pas mélanger les genres ». Cet éloge entraînera le refus des journalistes de France 3 de collaborer avec La Provence dans le cadre du débat du premier tour des municipales, ces derniers arguant que l’absence de rigueur déontologique de FOG risquerait de rejaillir sur leur traitement de l’actualité. En novembre 2019, Mediapart révèle que La Provence aurait reçu plus d’un million d’euros de subventions publiques de la part du conseil départemental en échange d’articles favorables à Martine Vassal. Son départ de la rédaction, qui s’inscrit dans un plan de licenciement collectif orchestré par le PDG de La Provence Jean-Christophe Sarfati, est annoncé en décembre 2020.
En novembre 2020, Giesbert rallie le comité éditorial de Neo, un média en ligne qui marcherait dans les pas de Loopsider et Brut sur la forme (vidéos rythmées et percutantes au fort potentiel de vitalité) tout en portant un discours qui trancherait avec le ton libéral-libertaire des acteurs suscités. Selon son président Bernard de la Villardière, qui s’est associé pour l’occasion à la régie publicitaire de M6, Neo est un « média national, généraliste, qui cultive la proximité, qui met en valeur les initiatives locales, avec l’envie d’insister sur le commun, ce qui nous rassemble ». Au sein dudit comité éditorial, Giesbert siège aux côtés de Christine Goguet, directrice du mécénat et des partenariats du Centre des monuments nationaux, et Hubert Coudurier, directeur de l’information du Télégramme.
À la télévision
En plus de faire partie de l’élite de la presse papier, Franz-Olivier Giesbert est également présent sur beaucoup de plateaux de télévision. Il présente, sans grand succès, l’émission « Le Gai savoir » sur Paris Première en 1996. En 2001, il commence sa collaboration avec le service public. Il présente : de 2001 à 2006, « Culture et Dépendances » sur France 3, une émission littéraire ; de 2006 à 2009, « Chez FOG », émission politique, sur France 5 ; en 2009/2010 « Vous aurez le dernier mot » sur France 2, qui traite de l’actualité culturelle ; en 2010/2011, une autre émission culturelle intitulée « Semaine critique ! » sur France 2. À partir d’octobre 2011, il anime « Les grandes questions » sur France 5 et, tous les mois, l’émission « Le monde d’après » sur France 3, un magazine de société consacré à l’économie.
Durant la campagne présidentielle 2012, il assure, aux côtés d’Hélène Jouan, le rôle d’examinateur de l’émission politique « Des paroles et des actes » sur France 2. Il sera très violemment critiqué sur internet et les réseaux sociaux pour ses propos méprisants sur les petits candidats (ces « candidats qu’on aurait pu nous épargner ») lors de l’émission du 12 avril 2012. Un avis qu’il partage visiblement avec Jean-Michel Apathie, qui avait tenu le même genre de propos sur le plateau du « Grand Journal » et sur RTL à propos, notamment, du candidat Jacques Cheminade.
Il fait partie du panel des chroniqueurs réguliers de l’émission Les Terriens du Dimanche sur C8 jusqu’à l’arrêt brutal de l’émission en avril 2019.
Sa nébuleuse
Alain Minc, son meilleur ami à qui il dédicace ses livres en l’appelant « mon frère ».
Lors de ses fêtes organisées à l’hôtel particulier de son ex-femme syrienne, il reçoit notamment : l’écrivain Denis Tillinac, le patron de Havas Pierre Dauzier, l’éditeur Bernard Fixot et sa femme Valérie-Anne Giscard d’Estaing.
Il est également ami avec Pierre Mauroy, numéro deux du PS, avec qui il a écrit un livre, PPDA, qu’il a rencontré au CFJ, Laurent Joffrin et Jean-François Kahn.
Il a fréquenté le club Le Siècle, où Philippe Villin, alors vice-PDG du Figaro, l’a repéré en 1998. À propos de ce club, FOG déclare n’y avoir « pas mis les pieds depuis dix ans ! D’autres, au journal, y vont, et ils ont raison : on y rencontre un préfet, un directeur de prison, un banquier, un ancien ministre… C’est un club très utile, on y récolte plein d‘infos » (Télérama, 31 janvier 2014).
Marc Ladreit de Lacharrière, patron de Fimalac et 24ème fortune de France : « En 2014, Lacharrière, qui est aussi l’« ami » de longue date de… Franz-Olivier Giesbert, a également trouvé une nouvelle directrice pour sa revue, en la personne de Valérie Toranian, ancienne cheffe de l’hebdomadaire Elle – qui se trouve être, à la ville, et par une divertissante coïncidence, la compagne dudit FOG. » (Les éditocrates 2 — Le cauchemar continue, La Découverte, 2018)
Parcours militant
Il dit avoir ressenti un « bref attrait » pour le communisme. Il eut un temps sa carte au Parti Socialiste. Cependant, FOG ne semble pas vraiment engagé durablement à droite ou à gauche et suit sa propre voie, celle de ses seuls intérêts. « Je suis un bouchon au fil de l’eau, un prédateur sans plan de carrière : un truc m’intéresse, je prends. Je vois ma vie comme ça », se définira-t-il.
Ce qu’il gagne
Son salaire est inconnu. Cependant, voici quelques citations et déclarations à propos de ses revenus.
« J’ai des revenus fluctuants. Un peu comme ceux des agriculteurs… enfin, peut-être un peu supérieurs. » (Marianne, février 2013)
« Je ne suis pas très bien payé comme patron de journal. Je suis certainement l’un des moins bien payés, sinon le moins bien payé, de France. » (Marianne, février 2013)
« J’ai toujours souffert de gastrolâtrie, l’autre mot pour la gloutonnerie, et je m’étais laissé aller, une fois de plus, à mon péché mignon qui, en l’espèce, avait été très onéreux (ndlr : du vin et des truffes). Comme toujours dans ces cas-là, je me sentais affreusement coupable : le prix de mon vice représentait bien plus que la moitié d’un SMIC. Je serai toujours un incorrigible jouisseur hédoniste, prêt à tout pour une goinfrade. Il faudrait, me disais-je, que je songe à donner très vite aux pauvres : la générosité, c’est la meilleure façon de se faire du bien ; surtout quand on croit avoir mal agi. » (« M. le Président » (éd. Flammarion, 2001), page 51)
Publications
Romans
- 1982 : Monsieur Adrien
- 1992 : L’Affreux (Grand prix du roman de l’Académie française)
- 1995 : La Souille (Prix Interallié)
- 1998 : Le Sieur Dieu
- 2002 : Mort d’un Berger
- 2003 : L’Abatteur
- 2004 : L’Américain
- 2007 : L’Immortel (adapté au cinéma en 2010 sous le titre L’Immortel)
- 2008 : Le Huitième Prophète, éditions Gallimard
- 2009 : Le Lessiveur
- 2010 : Un très grand amour, éditions Gallimard (Prix Duménil)
- 2012 : Dieu, ma mère et moi, éditions Gallimard
- 2013 : La cuisinière d’Himmler, éditions Gallimard
- 2014 : L’Amour est éternel tant qu’il dure, éditions Gallimard
- 2016 : L’Arracheuse de dents, éditions Gallimard
- 2017 : Belle d’amour, éditions Gallimard
- 2019 : Le Schmock, éditions Gallimard
- 2020 : Dernier été, éditions Gallimard
Essais politiques
- 1987 : Jacques Chirac
- 1991 : Le Président
- 1993 : La Fin d’une époque
- 1996 : Le Vieil Homme et la Mort
- 1996 : François Mitterrand, une vie
- 2006 : La Tragédie du président
- 2011 : M. le Président : Scènes de la vie politique (2005–2011)
- 2012 : Derniers carnets — Scènes de la vie politique en 2012 (et avant), Flammarion, 2012
- 2012 : Dieu, ma mère et moi, Gallimard
- 2013 : La cuisinière d’Himmler, Gallimard
- 2013 : Dictionnaire d’anti-citations pour vivre très con et très heureux, Le Cherche Midi
- 2016 : Chirac, une vie
- 2016 : Une journée avec…, Pocket / Le Point, (dirigé avec Claude Quétel)
- 2017 : Le théâtre des incapables, Albin Michel
- 2017 : Une journée particulière, Perrin / Le Point (dirigé avec Claude Quétel)
Ils ont dit
« En 2017, deux années après qu’il a – n’écoutant que son courage – rédigé pour Le Point un article à la gloire d’un certain Bernard Tapie, Franz-Olivier Giesbert se voit confier la direction éditoriale du quotidien La Provence par son nouveau propriétaire : un certain Tapie, Bernard. Le monde est petit, et les bienfaits n’y sont jamais complètement perdus.
FOG, qui garde aussi une pige d’éditorialiste au Point, intègre ses nouvelles fonctions au mois de juin. Il rédige, presque aussitôt, un édito rageur : « Pour en finir avec la présomption de culpabilité ». Motif : deux journalistes de La Provence ont révélé, quelques jours plus tôt, que la police judiciaire a entendu, à la demande du Parquet national financier (PNF) et dans le cadre d’une enquête sur les conditions de passation, en 2013, du gigantesque marché public, d’un mon- tant de 2,2 milliards d’euros, de l’eau de Marseille, Jean-Claude Gaudin, maire de la ville, et Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
L’éditocrate, décidément spécialisé dans le secours aux élus nécessiteux, s’interroge : « Qu’est venu faire le PNF à Marseille ? Cherche-t-il la vérité ou veut-il distiller le soupçon, quitte à abîmer des réputations ? A‑t-il des objectifs politiques ? […] Y a‑t-il une seule justice en France, ou n’y a‑t-il pas huit ou neuf justices, au gré des saisons, à la tête du client, selon que l’on est puissant, pauvre, de gauche, de droite, Parisien ou Provençal ? » Il trouve, quant à lui, « pour le moins bizarre que Jean- Claude Gaudin ait été longuement entendu », et considère que l’hypothèse d’une indélicatesse de Martine Vassal « n’est pas crédible », Sébastien Fontenelle, Les éditocrates 2 — Le cauchemar continue, La Découverte, 2018.
« Surtout, le critique littéraire [Michel Crépu, ancien directeur de la revue des Deux Mondes] dénonce « l’arrogance » qui s’est emparée d’une revue à présent dirigée par Valérie Toranian, ex-directrice de la rédaction d’Elle, épaulée par son compagnon Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste au Point, qui enchaîne les couvertures consacrées à Eric Zemmour (juin 2015) ou Michel Onfray (décembre 2016 — janvier 2017) et les charges contre les « bien-pensants » menées par Philippe de Villiers ou Richard Millet (février-mars 2016). D’autant que Franz-Olivier Giesbert interloqua le comité de rédaction lorsqu’il lui lança, en mars 2015 : « Il faut arrêter d’enculer les mouches. », Nicolas Truong, Le Monde, 4 février 2017.
« Le pouvoir, il se vautre dedans pour l’observer. Il le désire pour le trahir et le raconter », Marion Van Renterghem, Le Monde, 6 juillet 2012.
« Avec ses “potes” journalistes Laurent Joffrin et Jean-François Kahn, le patron du grand hebdo de centre droit se gausse d’avoir concocté des plans “pour faire élire Hollande”. Comme toujours, il commence maintenant à l’avoir dans le viseur », Marion Van Renterghem, Le Monde, 6 juillet 2012.
« Franz, c’est Alain Duhamel qui aurait pris du LSD », Jean-Marie Rouart.
« Franz appelait tous les députés par leur prénom. Il leur parlait avec une liberté de ton incroyable. Du genre : “Et la baise, ça va en ce moment ?” ça les faisait marrer, ils se sentaient en confiance, ils lui racontaient tout », Jean-François Kahn.
« Franz avait une prescience de ce qui accrochait le lecteur, au prix de moyens vulgaires qui me déplaisaient. J’ai beaucoup aimé Franz. Des journalistes de la maison le trouvaient de droite. Je le protégeais. J’ai vécu son départ pour Le Figaro comme une trahison. Mais à vrai dire, je ne déteste pas les défauts de cet homme… », Jean Daniel.
« Franz est probablement le plus brillant journaliste de l’après-guerre, mais aussi le plus pervers et le plus déloyal. J’ai regretté son embauche quarante-huit heures après son arrivée. Il m’a empoisonné la vie pendant six ans », Philippe Villin, à l’époque vice-PDG du Figaro.
« C’est un autocrate absolu, un séducteur professionnel et un manipulateur génial », Yves de Chaisemartin, successeur de Philippe Villin au Figaro.
« Il a le guillemet facile », François Mitterrand.
« Franz est comme mon chat. Mon chat m’adore, m’attend, mais quand je m’approche, il s’éloigne. Il se laisse caresser, mais ne monte pas sur le lit », Pierre Charon.
« Il y a chez lui un mélange de cynisme et d’idéalisme contrarié », PPDA.
« Giesbert est irrésistible : il vous apporte des infos pour vous en soutirer, il vous fait croire que vous êtes au coeur du sujet quand vous n’êtes qu’à la périphérie », Jean-Pierre Raffarin.
« Franz nous ressemble. Il a la même mauvaise foi que nous, les politiques. Cette langue qu’on a entre nous, ce truc un peu ésotérique, il la parle aussi. On n’a pas besoin de finir nos phrases. On se livre sans prudence car il est des nôtres », Pierre Charon.
« C’est de loin le meilleur patron de presse », Christophe Barbier.
« Il veut mon programme pour me griller. Il est sans foi ni loi. Franz est de la race de ces grands voyous tellement géniaux qu’on leur passe tout », Christophe Barbier.
« C’est à moi que Nicolas Sarkozy s’adressait pour me demander régulièrement de virer Franz-Olivier Giesbert de la direction du Point », François Pinault, Challenges.
« Ses fameux cahiers à spirales font mouche sans complaisance à l’exception de Nicolas Sarkozy miraculeusement épargné (on ne sait jamais, s’il devenait président !) », La Dépêche du Midi (mai 2006)
« C’est une calamité du journalisme Franz-Olivier Giesbert ! », Pierre Carles, « Fin de Concession », 2010.
« Quand verra-t-on la biographie de Nicolas Sarkozy avec les propos “off” que vous ne dévoilez pas dans votre journal ? », Pierre Carles à FOG, « Fin de concession », 2010. Un an plus tard, FOG sortira « M. le Président »… avec les fameux off.
Il l’a dit
« Sarkozy s’est imaginé qu’il avait été élu président de la République et président du Point. »
« Je suis un faux fou. Un croyant primaire et tranquille face à la mort. La postérité, je m’en fous. Je suis un bouchon au fil de l’eau, un prédateur sans plan de carrière : un truc m’intéresse, je prends. Je vois ma vie comme ça. »
« Si l’on veut garder sa part d’ombre, il ne faut pas fréquenter les journalistes », La tragédie du président : scènes de la vie politique (1986–2006), Flammarion, 2006.
« C’est pas de ma faute si vous êtes malheureux mon pauvre gars » (à Pierre Carles), « Fin de concession », 2010.
« J’ai des revenus fluctuants. Un peu comme ceux des agriculteurs… enfin, peut-être un peu supérieurs. » (Marianne, février 2013)
« Je ne suis pas très bien payé comme patron de journal. Je suis certainement l’un des moins bien payés, sinon le moins bien payé, de France. » (Marianne, février 2013)
« J’ai toujours souffert de gastrolâtrie, l’autre mot pour la gloutonnerie, et je m’étais laissé aller, une fois de plus, à mon péché mignon qui, en l’espèce, avait été très onéreux (ndlr : du vin et des truffes). Comme toujours dans ces cas-là, je me sentais affreusement coupable : le prix de mon vice représentait bien plus que la moitié d’un SMIC. Je serai toujours un incorrigible jouisseur hédoniste, prêt à tout pour une goinfrade. Il faudrait, me disais-je, que je songe à donner très vite aux pauvres : la générosité, c’est la meilleure façon de se faire du bien ; surtout quand on croit avoir mal agi. » (« M. le Président » (éd. Flammarion, 2001), page 51)
« Eva Joly, c’est l’erreur de casting absolue, on ne comprend rien quand elle parle et tout le monde s’en fout », « Des paroles et des actes », France 2, 12/04/2012.
« Les unes sur les francs-maçons, ce n’est pas ce que l’on a fait de mieux », Télérama, 31 janvier 2014.
« Je reconnais mes erreurs : avec François Mitterrand, j’ai dépassé les limites. Il avait ce côté pygmalion, donnait des conseils sur la vie, l’amour, la littérature. On ne repartait jamais de chez lui sans un livre. Il rentrait dans vos vies… J’avais beaucoup d’affection pour lui, je suis allé à Latche plusieurs fois. La relation a été passionnelle, avec des hauts et des bas. On a été proches dans les années 70, puis à la fin de sa vie. Mais c’est l’exception qui confirme la règle, ça ne m’est arrivé avec aucun autre. Je ne pars pas en vacances avec des politiques, je dîne rarement… et je ne vais jamais aux conférences de presse ! Quel exercice humiliant ! J’ai souvent honte de mes confrères journalistes, de leur côté compassé, extasié, respectueux. Ce bestiaire ! Ce poulailler avec ses dindons, ses oies ! C’est pathétique ! », Télérama, 31 janvier 2014.
« J’ai une incapacité au militantisme », Télérama, 31 janvier 2014.
« Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je n’appartiens pas au milieu médiatique parisien », Télérama, 31 janvier 2014.
« Si la France en est là, n’est-ce pas à cause de ses rigidités et, notamment, de la barrière du salaire minimum qui bloque l’embauche des jeunes ou des immigrés? », JDD, 3 avril 2011.
« Je suis solidaire du monde des immigrés. Quand l’un d’eux est attaqué, je prends sa défense », JDD, 3 avril 2011.
« Des crises de la presse, j’ai passé ma vie professionnelle à en traverser. La presse a survécu à tout, y compris à la télévision. Mais je suis vraiment un type de l’écrit, j’adore le papier. Je ne comprends plus rien aux réunions sur le numérique. Je ne suis plus l’homme de la situation. Être à la tête d’un journal, ça vous dévore. J’ai passé ma vie à ne pas dormir pour des histoires de ventes, de pub en baisse…», Télérama, 13 janvier 2014.
« Le problème de ce film (Les Nouveaux Chiens de Garde, NDLR), c’est qu’il est con et vieux. Con, on voit très bien pourquoi. Et vieux, parce qu’il parle de la presse d’avant. On n’en est plus là, l’information elle ne passe plus par là. […] Il y a quand même une réalité numérique complètement dingue. Il y a des trucs qui existent qui sont extrêmement puissants. Par exemple du côté d’Alain Soral, on aime pas en parler, évidemment, puisque ça nous gêne, mais c’est énorme ! », LCP, 4 mai 2014.
« Je fais partie des connards qui ont diabolisé Le Pen », soir des élections européennes du 25 mai 2014, France 2
« Même si la comparaison peut paraître scabreuse, est-il si illégitime d’oser la formuler ? La France est soumise aujourd’hui à deux menaces qui, pour être différentes, n’en mettent pas moins en péril son intégrité : Daech et la CGT. Il va sans dire que ces deux organisations minoritaires ne sont pas de même nature, rassurons tout de suite la police de la bien-pensance. Mais, sur le plan tactique, elles peuvent avoir recours aux mêmes armes. L’intimidation, notamment. », Le Point, 1er juin 2016.
« Je n’oserai parler d’embrigadement idéologique mais force est de constater que la France est un pays où l’on apprend, dès la petite enfance, que tous nos ennuis viennent de l’ultralibéralisme, souvent qualifié de « sauvage ». Selon ses nombreux contempteurs, cette idéologie portée par l’Amérique conduirait à l’asservissement des peuples par les banquiers et les ploutocrates.
Contre le libéralisme, une grande partie du pays est donc entrée en résistance, chose plus facile que contre l’occupant nazi dans les années quarante. C’est tout juste si nos lycéens ne sont pas obligés d’apprendre par cœur pour les réciter à leurs parents les articles extravagants d’Alternatives économiques ou du Monde diplomatique. Les médias relaient ensuite les mêmes billevesées matin, midi et soir. Si nous sommes tombés si bas, prétendent-ils avec l’autorité de la conviction, ce serait à cause de cette idéologie libérale dont, pourtant, nous n’avons jamais été plus éloignés ! », Revue des Deux Mondes, juin 2017, pp 91–93.
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