Le « Rackham le rouge » de la Maison Ronde
Frédéric Schlesinger est né le 3 janvier 1953 dans le IXème arrondissement de Paris – certaines sources situent néanmoins son lieu de naissance à Montpellier. Il est le fils d’un gérant de société, Daniel Schlesinger et de Annie Alard, Directrice d’établissement spécialisé et psychanalyste. Divorcé, il est père de trois enfants.
Les débuts
Frédéric Schlesinger fait ses débuts en qualité d’indépendant. C’est à Montpellier que celui que ses amis appellent, « tignasse rousse » oblige, « Rackham le Rouge », commence sa carrière à l’antenne. Passionné de moto, il monte un média sur ces véhicules. Après avoir dirigé le réseau indépendant RFM Sud-Ouest – il était proche de Patrick Meyer, fondateur de RFM — il prend la direction générale du pôle Radio pour le groupe Lagardère ; il le quittera en 2003 à la mort de Jean-Luc Lagardère. Évoluant plusieurs années au sein du groupe privé, et être devenu l’administrateur de Médiamétrie, il rejoint le groupe Radio France. En 2006, il prend la direction de France Inter, qu’il assure jusqu’en 2009. Avec des audiences hautes et une « identité » fièrement revendiquée, son passage est plutôt bien perçu. Passant de conseiller auprès du président de Radio France à fondateur d’une entreprise de production audiovisuelle, de « conseil et de média design », il fait un passage par l’INA avant de revenir au sein du groupe Radio France.
À la rescousse d’Europe 1
En 2017, Schlesinger quitte Radio France, dont il était directeur délégué aux antennes et aux programmes, pour prendre la tête d’Europe 1. Son départ est perçu pour certains comme un « gros coup », dû à un Arnaud Lagardère avide de voir partir avec lui des talents. On lui attribuait d’ailleurs le « renouveau des stations de Radio France » et leurs audiences records (notamment pour France Inter et France Culture). Pour lui, « il s’agit boucler une histoire personnelle », comme lui a proposé Lagardère. Un mouvement du public au privé d’un conseiller du PDG de la Maison Ronde, Mathieu Gallet, qui a préféré rejoindre les rangs de Lagardère reçoit un accueil mitigé. Par ailleurs, son arrivée à la tête de la Radio arrive dans un contexte de crise : Denis Olivennes, dirigeant d’Europe 1 est écarté par Arnaud Lagardère alors que la radio voit ses audiences chuter.
Pour celui qui est alors (2017) le Vice-Président Directeur Général d’Europe 1, cette dernière est à l’origine des dernières innovations radiophoniques. « Tout ce qui fait la radio généraliste d’aujourd’hui a été inventé ici », explique-t-il. Aspirant à « parler à l’intelligence de ses auditeurs, « au centre de tout », le dirigeant entend alors « observer le monde avec lucidité mais aussi un sourire en coin ».
Le nouveau VP se donne alors pour but de faire revenir les 500 000 auditeurs qui avaient déserté la radio au cours des douze derniers mois passés. L’ambition : dessiner les piliers de la radio, « regarder de l’avant », « retrouver un temps d’avance », « respirer les années 2020 ». Il assure alors que les personnalités appréciées des antennes, à l’image de Christophe Hondelatte, Nicolas Poincaré ou Sonia Mabrouk, seront bien de cette nouvelle aventure. Il y réintègre Patrick Cohen, qui avait été animateur sur l’antenne dix ans plus tôt, louant son « extrême rigueur et son talent d’intervieweur » ; il fait venir des figures de France Inter pour la matinale, qu’il veut « éclectique et ouverte au monde du divertissement et de la culture », des visages de RMC pour le petit matin et de Canal + pour elle de dix heures à midi.
Départ d’Europe 1
L’engouement pour « monsieur audiences » sera de courte durée : l’hémorragie continuant, Schlesinger est remercié en avril 2018, alors même qu’il avait assuré avoir trois ans devant lui pour en assurer la reconstruction. Il sera remplacé par son ancien subalterne (il en était le directeur de la rédaction) de Radio France, Laurent Guimier, qui y fera également un passage éphémère. Il opposera à ce départ précipité (après un an d’exercice) que la perte d’auditeurs venait essentiellement des deux saisons précédentes et qu’il lui aurait fallu davantage de temps pour opérer une véritable reconquête des audiences.
Origines et formations
Il fait son lycée à l’établissement Joffre de Montpellier.
Il est titulaire d’une licence de sociologie.
Parcours professionnel
- De 1972 à 1980, il est gérant de l’établissement SARL Scratch Moto.
- De 1986 à 1990, il est fondateur et dirigeant du réseau local indépendant RFM Sud-Ouest, qui comporte huit stations.
- Parallèlement, de 1986 à 1989, il est gérant de la SARL CIA / SMRG, Centrale internationale d’achat / Schlesinger Montet Reboul Graby.
- De 1990 à 1993, il est directeur de Performances SA RFM.
- De 1993 à décembre 1997, il est membre du directoire et directeur général de RFM.
- De décembre 1997 à novembre 2001, il est directeur général du pôle Radio pour le groupe Lagardère, composé de RFM et Europe 2.
- De janvier 1998 à avril 2000, il est président du Syndicat des éditeurs radiophoniques nationaux, qui regroupe Nostalgie, Fun Radio, RTL2, RFM et Europe 2).
- En 1999, il devient administrateur de Médiamétrie.
- De novembre 2001 à septembre 2003, il est président-directeur général du groupe MCM ; il est aussi responsable des chaînes musicales du groupe Lagardère Thématiques, qui comporte notamment MCM, MCM2, MCMA, MCM Belgique et Mezzo.
- De novembre 2001 à septembre 2003, il y joint la fonction de directeur général adjoint de Lagardère Thématiques.
- De novembre 2003 au 2 mai 2006, il est directeur du Mouv’.
- Du 2 mai 2006 à septembre 2006, il est directeur délégué de France Inter.
- De septembre 2006 au 18 juin 2009, il est directeur de France Inter.
- Du 18 juin 2009 au 28 février 2010, il est conseiller auprès de la présidence de Radio France.
- En mars 2010, il fonde et préside la Société de production audiovisuelle, de conseil et de média design We Will Group.
- Du 1er décembre 2010 à juin 2011, il est directeur délégué à la production et aux éditions de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
- De juin 2011 à mai 2014, il est directeur délégué aux contenus de l’INA.
- De mai 2014 à mai 2017, il est directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France, membre du comité exécutif.
- De mai 2016 à novembre de la même année, il est directeur par intérim du réseau France Bleu.
- De mai 2017 à mai 2018, il est vice-président et directeur général d’Europe 1.
- De janvier 2018 à mai 2018, il est administrateur de Médiamétrie.
- Depuis juin 2018, il est fondateur et président de la société de conseil stratégique Schles.
Vie privée
S’il est d’abord passionné de moto, à la tête d’un magasin montpelliérain de deux-roues au début de sa vie professionnelle, Schlesinger est aussi grand amateur de rock. Il fut dans le clavier du groupe Regrets et composa la musique du « tube » J’veux pas rentrer chez moi seule.
Distinctions
Il est fait Chevalier des Arts et des Lettres le 23 novembre 2007.
Nébuleuse
Pendant son passage à Radio France, il est proche conseiller de Mathieu Gallet, dont il confesse qu’il « est un grand monsieur de l’audiovisuel public auprès duquel [il a] pris beaucoup de plaisir à travailler. Mais aussi un honnête homme à tous les points de vue. » Ce dernier sera condamné quelques mois plus tard par le système judiciaire qui le condamne pour favoritisme à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. Il refusera de prendre ses responsabilités comme le lui conseille alors le ministre de la Culture ; ce seront les « sages » du CSA qui le démettront contre son gré, à l’unanimité. Un honnête homme, en somme.
Il l’a dit
« Le rock c’est mon tropisme », Montpellier, ma ville, 28/07/2009.
« Lorsque j’entends dire que France Inter est une radio de gauche, cela me fait rire. Nous avons ouvert les fenêtres, investi tous les domaines culturels. C’est un espace de liberté fondamental où le débat démocratique s’exerce pleinement », Montpellier, ma ville, 28/07/2009.
« Tout ce qui fait la radio généraliste d’aujourd’hui a été inventé ici », La Lettre Pro, 07/09/2017.
« Europe 1, c’est simple. C’est une vision du monde, une radio qui partage le quotidien de celles et ceux qui l’écoutent, le média de la solidarité et de l’action concrète. Europe 1 s’engage auprès de ses auditeurs eux-mêmes acteurs et témoins de bouleversements politiques, économiques, sociaux et culturels sans équivalent, les bouleversements du 21ème siècle. Il s’agit de dresser le portrait des années 2020, en s’appuyant sur les piliers de la station qui sont aussi ceux de notre vie : l’information, le savoir, la connaissance pour mieux comprendre. Le divertissement, le rire et la curiosité pour avancer malgré tout », La Lettre Pro, 7/09/2017.
« Nous voulons faire d’Europe 1 une radio engagée qui répond à l’exigence de moralisation de l’espace public, qui dresse le portrait de son époque en se plaçant dans le tempo de l’Histoire qui s’écrit au quotidien, en France et dans le monde avec toute la réflexion nécessaire pour discerner les enjeux de demain. », L’Obs, 17/07/2017.
Ils l’ont dit
« C’est un animal à sang froid courtois et sans état d’âme. Force m’est d’admettre que l’adjectif “professionnel”, dont on se gargarise volontiers dans ce métier, convient tout à fait à son genre de beauté. Personnellement, je n’ai jamais eu à m’en plaindre », Didier Porte, Montpellier, ma ville, 28/07/2009.
« Schlesinger est un vrai mec de radio et de programmes. C’est aussi un excellent manager. Il est fort pour gérer les talents. Il sent les gens, les met sur les rails et les pousse quand il les a choisis. Pareil pour les directeurs d’antenne [Laurence Bloch à Inter, Laurent Guimier à France Info, etc., ndlr], qu’il a laissés bosser sans se mêler de tout.», Anonyme, personnalité de France Inter, Libération, 26/04/2017.
« C’est un très grand professionnel.», Jean-Pierre Elkabbach, Libération, 26/04/2017.