Rastignac de la droite
Né en 1988, journaliste et auteur Geoffroy Lejeune fait une carrière fulgurante. En mai 2016, à seulement 28 ans, il est catapulté rédacteur en chef de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Il remplace à ce poste Yves de Kerdrel, son mentor, qui assurait l’intérim depuis le départ d’Éric Branca en 2015. Sur la sellette et sur le point d’être remplacé par Jean-Michel Salvator à l’automne 2022, il est confirmé comme directeur de la rédaction mais perd son titre au Directoire de Valmonde et de directeur de la publication tout en lançant une vigoureuse campagne qui rapporte 5.000 abonnements. Le propriétaire du journal, Iskandar Safa, irrité par un ton trop violemment anti-Macron, le prive de son poste de directeur de la rédaction début juin 2023, préalable à un licenciement. Ce dernier est confirmé le 19 juin, son adjoint Tugdual Denis lui succède à la direction de la rédaction. Le 22 juin on apprend que Geoffroy Lejeune aurait été sollicité pour prendre la direction du Journal du dimanche, le JDD tombé dans l’escarcelle de Bolloré.
À un an des élections présidentielles de 2017, c’était une consécration pour ce journaliste très jeune mais informé, discret et professionnel. Il est alors l’auteur d’un roman de politique-fiction imaginant une candidature d’union des droites autour d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2017. Le roman contient en filigrane une analyse pointue de la tectonique des plaques à droite et comporte quelques épisodes que l’on peut qualifier de visionnaires.
Formation
Après des études de droit à l’université de Marseille, Geoffroy Lejeune intègre l’École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ), dont il sort diplômé en 2011.
Parcours professionnel
Geoffroy Lejeune découvre les coulisses de la politique en remplissant, en parallèle de ses études, le rôle d’attaché parlementaire pour un député UMP des Bouches-du-Rhône.
Après son école de journalisme, il fait ses classes au Point, où il écrit pour le site internet, le service Société et les pages « Le Point de la semaine».
Il est ensuite embauché à Valeurs actuelles, où il débute au service société, puis au service monde au moment de la chute de Kadhafi. Il intègre ensuite le service politique aux côtés d’Arnaud Folch, et suit la campagne présidentielle de 2012. Après la défaite de Sarkozy il suit la droite. En juin 2013, il est nommé rédacteur en chef adjoint par Yves de Kerdrel et prend la tête du service politique, Arnaud Folch passant directeur délégué des rédactions.
Fin mai 2016, Yves de Kerdrel annonce que Geoffroy Lejeune est nommé à la tête de la rédaction de Valeurs Actuelles, devenant le plus jeune rédacteur en chef d’un magazine de ce type et dont les ventes sont en progression constante depuis 2006. Son frère cadet Bastien Lejeune travaille aussi dans le magazine. Il dirige la partie web du journal depuis mars 2016, tout en consignant des articles avec d’Ornellas.
Les deux premiers défis du jeune rédacteur en chef sont de taille, puisqu’il s’agit de présenter une nouvelle formule pour les 50 ans du magazine, en octobre 2016, puis de suivre la présidentielle 2017 – sans une hypothétique candidature Zemmour cette fois.
L’ère Lejeune est caractérisée par certaines accointances, directes ou plus souvent indirectes avec le pouvoir élyséen de l’ère Macron, dont certaines remontent à loin. En effet, Yves de Kerdrel siégeait dans la commission Attali en 2007 aux côtés d’Emmanuel Macron, tandis que le rédacteur en chef de Valeurs, Louis de Raguenel, est entré en contact avec le conseiller en communication de l’Élysée, Sylvain Fort, via le groupe de Fourtou, un cercle informel (dont Camille Pascal était l’instigateur) qui se réunissait en 2011 afin d’œuvrer à la réélection de Sarkozy, sans parler de l’amitié de Lejeune pour le porte-parole du palais, Bruno Roger-Petit. Plusieurs sources s’accordent sur le fait que le président lit régulièrement l’hebdomadaire, dont il aurait dit qu’« il faut le lire pour comprendre ce que pense la droite » au grand dam de sa garde rapprochée (Joseph Zimet, Sibeth N’diaye, Alexis Kohler). Ce rapprochement apparemment contre-nature est confirmé par l’entretien accordé par le président à Louis de Raguenel dans l’avion présidentiel le 25 octobre 2019 qui paraît en kiosques le 31 octobre et excite la jalousie de nombreux confrères. Ceci au moment où Lejeune est sommé par les actionnaires en interne de mettre de l’eau dans le vin de sa ligne éditoriale, jugée trop réactionnaire par Mougeotte et Villeneuve qui ont appuyé la nomination d’Erik Monjalous au poste de rédacteur en chef. Cet entretien dans l’hebdomadaire apparaît comme une double aubaine, Macron espère grignoter l’électorat de droite en se présentant comme le garant de l’autorité régalienne et de l’ordre républicain, le journal réalise une vente exceptionnelle du numéro. Si Valeurs Actuelles se vend moins bien que sous Hollande (120 000 numéros écoulés en moyenne contre 80 000 en 2020), il a été adoubé en haut lieu et considéré comme respectable.
Sur un autre plan, c’est la pérennité économique du journal qui est attaquée à plusieurs niveaux, depuis le début du quinquennat Macron : Yann Barthès divulgue sur Instagram un dossier critique consacré à ses méthodes, espérant ainsi casser les ventes en kiosques. Il obtiendra un résultat contraire et le numéro sera un succès commercial éclatant. Plus tard, la meute délatrice des Sleeping Giants intime aux annonceurs de cesser toute collaboration avec le journal. Lejeune, dans les deux cas, monte en première ligne pour livrer la riposte médiatique, fait front et pare les attaques mal intentionnées et maladroites dirigées contre le journal et ce qu’il représente.
En janvier 2020, le président de SciencesPo Lille, Pierre Mathiot, cède aux desiderata des syndicats d’extrême-gauche qui faisaient pression pour interdire une conférence intitulée « À droite, où en sont les idées ? » où figuraient Geoffroy Lejeune et Charles Consigny. Geoffroy Lejeune déclare dans la foulée à CNews: « On invite Edwy Plenel et Fabrice Arfi de Mediapart mais on n’invite pas Valeurs Actuelles. Dans le débat public, le sectarisme se trouve exclusivement à gauche. » Suite à cette décision qui crée un tollé dans une partie du Landerneau médiatique, Pierre Mathiot ne tarde pas à recevoir des menaces de mort qui le poussent à porter plainte pour « diffamation, injures et menaces de mort ».
Le feu roulant des polémiques ne faiblit pas et, pour la première fois, Valeurs recule devant l’offensive à l’occasion de « l’affaire Obono ». Le 27 août 2020, l’hebdomadaire publie dans ces colonnes un récit uchronique qui place la députée dans la peau d’une esclave vendue par des noirs et subissant les affres de la traite négrière. Ce récit est agrémenté d’illustrations, dont l’une d’elles donne à voir le visage d’Obono entravée par des chaînes. Il n’en faut pas plus pour susciter les cris d’orfraie du landernau politico-médiatique, entraînant même les condamnations inattendues de figures comme Wallerand de Saint-Just ou Yves de Kerdrel. Emmanuel Macron, qui cajolait jusque-là la rédaction, donne le coup de grâce en appelant Danièle Obono pour l’assurer de son soutien, comme il l’avait fait pour Éric Zemmour (seule personnalité à défendre le journal) quelques mois plus tôt. La Ligue de Défense Noire Africaine, représentée par le repris de justice Sylvain Afoua, fait irruption dans les locaux déserts de la rédaction et exige de parler à Geoffroy Lejeune, qui s’exécute deux jours plus tard. La procession de Lejeune sur le plateau de BFM et la publication d’un communiqué où la rédaction présente ses excuses à l’intéressée ne suffisent pas à éteindre l’incendie : rappeler des vérités historiques déplaisantes, comme la castration des esclaves noirs par les Arabes ou la nature patriarcale des sociétés africaines, n’est plus à l’ordre du jour dans la France arc-en-ciel du nouveau millénaire. Geoffroy Lejeune y perd sa collaboration sur LCI alors que le parquet de Paris entame une enquête pour « injures racistes ».
Fin septembre 2021, il est condamné à ce titre pour « injure publique envers un particulier à raison de son origine » à 1.500 € d’amende en même temps que le directeur de la publication et l’auteur de l’article. En novembre 2022, Il est relaxé en appel alors que les deux autres personnes incriminées sont condamnées à 1.000 € d’amende avec sursis, une sorte de relaxe morale non assumée.
Menacé d’être remplacé par Jean-Michel Salvator à l’automne 2022, il perd son titre de directeur de la publication et réussit à conserver la direction de la rédaction en mobilisant cette dernière autour de lui et en relançant avec succès une politique d’abonnements. Ses relations réputées exécrables avec le propriétaire du journal, Iskandar Safa, lui vaudront d’être mis à pied début juin 2023, préalable à un licenciement conflictuel.
Parcours militant
Le seul engagement connu de Geoffroy Lejeune est une participation à des cellules de formation organisées par des catholiques engagés.
Publications
En mai 2015, Geoffroy Lejeune publie son premier ouvrage aux éditions RING. Il s’agit d’une œuvre de politique-fiction savamment conçue, de telle façon que le lecteur ait, du début à la fin de ce récit de campagne, un doute sur la véracité des faits relatés. Ainsi, « Une élection ordinaire » démarre sur une scène de dîner entre Patrick Buisson, Philippe de Villiers et Éric Zemmour à La Rotonde, un dîner qui a sans doute véritablement eu lieu. À ceci près que dans la fiction, il se conclut ainsi : « La solution, c’est toi qui l’as entre les mains, Éric. Il faut que tu ailles à la présidentielle ».
Ainsi démarre ce récit de campagne présidentielle, avec Éric Zemmour en candidat d’union des droites, sous la plume d’un jeune journaliste qui pourrait être Geoffroy Lejeune (à la différence qu’il découvre à peine la droite, à laquelle sa rédaction vient de l’affecter).
Fait marquant de cette campagne imaginée par l’auteur, des attentats perpétrés au mois de décembre, dont l’analyse est prémonitoire : « Les attentats de décembre avaient plongée la France dans un engourdissement trompeur. Aucun sursaut massif et populaire n’était venu s’opposer à la barbarie des fanatiques religieux qui avaient traumatisé le pays. Je m’étais interrogé sur cette passivité ; cette fois, seuls des anonymes avaient été touchés par les rafales de kalachnikov dans cette rame du métro parisien. Les vingt neuf victimes et la sauvagerie du mode opératoire auraient pu engendrer une réaction proportionnée, mais les Français apparaissaient résignés. »
Si la réalité rejoignait la fiction, Frédéric Mitterrand aurait encore à rallier le Front National, Marine Le Pen à suivre l’enterrement de son père à la télévision, et Henri Guaino et Marion Maréchal-Le Pen a quitter leur parti respectif pour rejoindre l’union des droites…
Collaborations
Geoffroy Lejeune tient une chronique politique quotidienne dans la matinale de Sud Radio. Il intervient régulièrement dans les débats politiques sur Europe 1 et I Télé. Il a également fait quelques passages dans l’émission de Thierry Ardisson, « Salut les Terriens ».
Depuis la rentrée 2018, il ferraille avec le psychanalyste et cofondateur du Média, Gérard Miller, chaque lundi à 17h sur LCI. Alors qu’il intervenait dans le « Quart d’heure Pujadas » et devait chroniquer dans le « Grand soir » (22h-minuit) de Julien Arnaud il est brusquement écarté le 31 août 2020 à la suite de l’affaire Obono (voir supra), la direction de LCI se joignant au quart d’heure de la haine style 1984 de George Orwell.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Il l’a dit
« Nous ne sommes pas sur la même ligne que le Front National, mais nous faisons des efforts pour ne pas être sectaires. Il faut parler à tout le monde, de Florian Philippot à François Bayrou », « Valeurs actuelles, le journal qui veut tirer la droite vers la droite », Le Monde, 28 mai 2016.
À propos de Marine Le Pen : « (elle) dérive vers un mélenchonisme économique mâtiné de fulgurances gay friendly », Valeurs actuelles du 26 mai 2016.
« Le choix de Valeurs actuelles pour annoncer ce tournant de la campagne n’était pas anodin. Le magazine était coutumier des titres racoleurs. Ses patrons surfaient sur un succès factice, et radicalisaient leur ton au gré des ventes qui ne cessaient d’augmenter. La presse tombait systématiquement dans le panneau, reprenant leurs couvertures les plus hardcore pour en faire des scandales. Eux vendaient, et se frottaient les mains. Le succès n’était que relatif, mais disait beaucoup d’une époque où le concept de modération était devenu une incongruité», dans son roman, Une élection ordinaire (Ring, mai 2015), sous la plume du narrateur.
« Il la trouvait affligeante. Sa certitude d’être appelée à un grand destin l’aveuglait. Le constat sur l’immigration dessinait une potentielle majorité électorale, et elle s’échinait à séduire les sympathisants de gauche. Elle avait sanctionné le pauvre Chauprade, coupable de s’être attaqué à la « cinquième colonne » islamiste en France, avait délaissé le concept de « Grand remplacement » cher à Renaud Camus pour le qualifier de « thèse complotiste ». Elle avait accueilli à bras ouverts les militants gays. Zemmour ricana. Marine croyait avoir inventé l’eau tiède avec son « ni droite ni gauche » mais singeait mal les premiers inventeurs du slogan. Son FN à elle n’était « ni de droite, ni de droite » », idem, sous la plume du narrateur.
« Il existe aujourd’hui en France une soif de changement, de rupture, de révolution presque, que personne ne réussit à incarner. Voilà pourquoi une parole libre et intelligente pourrait trouver sa place dans un débat public terne, usé, en un mot sclérosé. Les discours de Michel Onfray et d’Éric Zemmour séduisent précisément parce qu’ils sont libres», « Geoffroy Lejeune : Eric Zemmour et Michel Onfray séduisent parce qu’ils sont libres », interview au Figarovox, 3 octobre 2015.
À propos des rencontres de Béziers de mai 2016, parrainées par Valeurs actuelles: « J’ai été très surpris des propositions du public, surtout de l’énervement et la colère qu’on ressentait ( … ) Après il y a deux options : soit on les écoute, on essaie de comprendre ce qu’ils ont en tête ; soit on se fout de leur gueule, comme le fait Le Petit Journal. Moi je préfère les écouter », sur le plateau du Supplément de Canal Plus, dans une émission consacrée à « Valeurs actuelles, nouvelle boussole de la droite », Le Supplément, Canal+ : « Valeurs actuelle, nouvelle boussole de la droite », émission du 5 juin 2016.
« J’ai envie d’aller vers plus d’enquêtes, plus d’exclus, pour que les gens qui lisent Valeurs actuelles ne le fassent pas en se disant : ‘Enfin un journal avec lequel je suis d’accord !’, mais pour y apprendre des choses », Les Inrocks, 11 octobre 2016.
« Moi, je n’ai pas l’impression d’être jeune, répond Geoffroy, les aînés d’ici sont mes potes, ce poste à mon âge, OK, c’est flippant, mais tout le monde m’a aidé dans la rédac’, il y a eu une sorte de compassion pour ce qui m’arrivait. Le truc m’est tombé dessus, et ça me fait flipper, parce que je ne sais pas si je pourrai redescendre pour écrire des papiers. Contrairement à Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre, qui a pu revenir en ministre des Affaires étrangères. »Charles, 21 mai 2017.
« Il est urgent de supprimer l’éducation à la sexualité à l’école qui est là pour instruire ; c’est aux parents d’éduquer», LCI, 20 novembre 2017.
« La vraie raison de la création de cette école [l’ISSEP] c’est que c’est une fille qui a toujours été frustrée de ne pas avoir de légitimité autre que cette élection à 22 ans[…] Elle n’a pas réussi à trouver de boulot dans la vie professionnelle, il y a des gens qui voulaient l’embaucher mais qui se sont dits au dernier moment elle s’appelle Le Pen c’est compliqué pour l’entreprise, elle s’est rendue compte que pour travailler elle était obligée de créer sa boîte », C l’Hebdo au sujet de l’école de management lancée à Lyon par Marion Maréchal le Pen, 4 juin 2018.
« Son influence politique s’est rapidement affaissée, mais elle a surtout abandonné ce qu’on appelle le « catholicisme social » qui lui donnait une assise populaire. Longtemps, les gens ont vécu dans un bain culturel catholique. Leur journée était rythmée par les cloches, ils suivaient quelques offices, se retrouvaient à la messe le dimanche. Même si dans le secret de leur conscience, ils n’étaient pas nécessairement animés d’une foi intense, ils avaient recours aux services du curé dans les moments importants de leur vie : le mariage, la maladie, la mort. J’aime beaucoup l’idée de « foi du charbonnier » parfois décrite par Balzac comme le fait « d’aimer la sainte vierge comme on aime sa femme » : une piété filiale, un attachement dénué de réflexion théologique ou philosophique, une fidélité à une histoire et à des racines davantage qu’une révélation mystique. Je me situe parfaitement dans cette catégorie là ; cette foi simple constitua le ciment d’une civilisation. […] Et l’Église semble s’excuser d’exister encore. Récemment, en France, nous avons vécu un vaste mouvement d’insurrection de la part de ceux qu’on pourrait appeler les « laissés pour compte de la mondialisation », les gilets jaunes. Ces gens criaient une colère venue de loin et ils étaient soutenus par une majorité de la population. Un phénomène social de cet ordre ne peut échapper à aucune institution revendiquant d’avoir un projet pour les hommes. A défaut d’exercer une influence politique, l’Église aurait pu jouer son rôle en offrant un projet spirituel à ceux qui se battent contre une perte de sens globale. Il existe 104 diocèses en France, soit autant d’évêques, qui sont les représentants de l’Église dans le pays. Un d’entre eux, un seul, a jugé bon de se rendre à la rencontre des gilets jaunes. Peut mieux faire. »First Things, mai 2019.
« En 1996, Patrice Leconte mettait en scène dans son film Ridicule un Bernard Giraudeau étincelant, dans le rôle d’un abbé capable de démontrer à ses ouailles époustouflées l’existence de Dieu, avant de se vanter de pouvoir prouver l’exact inverse… Emmanuel Macron n’est pas curé mais il prêche en virtuose, jusqu’à devenir le président de l’oxymore permanent, érigé en mode de gouvernement. Le voilà capable d’expliquer à une femme voilée marocaine, restée illégalement sur le territoire, qu’elle doit rentrer chez elle car elle n’est pas en danger dans son pays, tout en faisant voter une loi — “asile et immigration” — élargissant le regroupement familial et en acceptant l’explosion du nombre de titres de séjour accordés sous sa présidence. Il est ce président chantre de l’apaisement qui promet, dans le domaine sociétal, de ne rien faire sans “consensus” avant de changer d’avis en constatant qu’il n’existe pas, faisant malgré tout voter la PMA sans père à l’Assemblée. Qui est cet homme capable de dire que le voile islamique « n’est pas conforme à la civilité » française, tout en se lavant les mains devant le débat qui agite le pays : ça « n’est pas [s]on affaire »… ?
Voilà quels nœuds nous souhaitions démêler au moment où l’Élysée nous proposa d’accompagner le voyage présidentiel à Mayotte et à La Réunion. », Valeurs Actuelles, 30 octobre 2019.
« Le verdict est tombé hier, le 17 novembre. Sachez pour comprendre la claque que cela représente pour eux qu’il est rarissime qu’un directeur de journal soit trainé au tribunal avec l’auteur de l’article incriminé et le directeur de la publication. N’étant ni l’un ni l’autre à l’époque des « faits », ma modeste personne n’aurait jamais dû siéger sur les bancs de la XVIIème chambre ni de la cour d’appel, mais en me visant ainsi, les parties civiles avouaient leur volonté de liquider un journal plutôt que d’éventuellement faire condamner un simple article. Nous sommes donc condamnés en appel. À quoi ? À rien. 1000 euros avec sursis. Condamnés pour le principe, comme si le jugement était une relaxe qui ne s’assume pas. Mais le pire, c’est que ma petite personne est relaxée. Pour un motif purement juridique, parce que la justice française a estimé que le cas de Valeurs ne justifiait pas de créer un précédent qui permettrait que des quidams embarquent dans les prétoires tous les directeurs de journaux que compte notre beau pays. », communiqué de Valeurs actuelles du 23/11/2022 après sa relaxation dans le procès de la pseudo-affaire Obono.
Ils l’ont dit de lui
« Je suis très fier de diriger un groupe de presse dont le navire amiral, Valeurs actuelles, a le plus jeune directeur de la rédaction de France”, Yves de Kerdrel à l’AFP, le 31 mai 2016
« Je me demande ce qui est le plus méprisable entre la parole de ces gens là et ceux qui, comme Monsieur Lejeune, font de l’argent pour inciter à ce que cette parole soit de plus en plus forte », le député PS Benoit Hamon, invité sur la plateau du « Supplément » de Canal Plus, juin 2016.
« Geoffroy Lejeune arrive au bon moment, il y avait besoin de dépoussiérer l’image de droite versaillaise de ce journal et de secouer les colonnes du temple avec quelqu’un de sanguin et de son temps », Patrick Buisson, Les Inrocks, 11 octobre 2016 (op.cit)
« Il considère que le terrain a longtemps été laissé libre aux Inrocks et à la gauche progressiste. veut mettre au centre du débat public les questions identitaires, et il pense que la transgression est nécessaire», Saïd Mahrane (Le Point) à son sujet, ibid.
« Geoffroy Lejeune est aujourd’hui le plus jeune directeur de rédaction en France. A défaut d’avoir été un acteur direct du mouvement de contestation en France, il en a été l’un des meilleurs observateurs au point qu’en 2015 la Manif pour Tous l’a choisi pour animer les débats avec les candidats aux régionales. Lejeune est surtout l’un des rares journalistes à avoir compris la révolte souterraine qui, depuis une dizaine d’années, traverse la France silencieuse. […] Nul doute que son intuition a participé de l’accroissement du lectorat de Valeurs Actuelles. Sa nomination à la tête de l’hebdomadaire après une trajectoire météorique est un des signes du basculement culturel et générationnel en cours. », Alexandre Devecchio, Les nouveaux enfants du siècle, 2016.
« En février dernier, des journalistes ont été entendus afin de déterminer les problèmes dans la rédaction. Selon Geoffroy, il a tapé du poing sur la table devant Iskandar Safa ; afin d’obtenir l’éloignement de Mougeotte et Villeneuve de la rédaction. Ces derniers semblent peu apprécier sa ligne droitière. », un membre de la rédaction de VA souhaitant rester anonyme, Le Média, 18 mai 2018.
« Christophe, journaliste pour le magazine depuis plusieurs années(2), nous affirme que « la proximité de Geoffroy Lejeune avec Marion Maréchal Le Pen peut causer des frictions en réunion de rédaction : il veille sur elle comme un agent veille sur sa star. » Il déplore aussi que depuis sa nomination « l’aspect militant a pris le pas sur le journalisme ». S’il rappelle que « VA a toujours eu une ligne et l’a assumée », il constate que certaines choses ont changé. « Des journalistes ne quittent jamais leur bureau et écrivent leurs papiers en se reposant uniquement sur des articles de confrères auxquels ils ajoutent un ton éditorial propre à VA », nous explique-t-il. De son côté, Damien remarque que les arrivées sont « plus issues de la mouvance militante que journalistique ». Le résultat est que, selon Christophe, « certains journalistes ont de la peine à défendre la ligne du journal particulièrement lorsqu’il s’agit de sujets sociétaux. » Grégoire, également journaliste au sein de l’hebdomadaire, va dans le même sens. Selon lui, « une certaine droite proche de la Manif pour tous ou de Villiers, qui flirte avec l’extrême droite, a pris le pouvoir et ce n’est pas au goût de tout le monde. », Ibid.
Sa nébuleuse
Yves de Kerdrel
À son arrivée au groupe Valmonde, cet ancien du Journal des Finances, des Echoset du Figaro, noue rapidement des liens avec les deux journalistes du service politique, à savoir Arnaud Folch et Geoffroy Lejeune. Au fur et à mesure des évolutions de la rédaction, cette confiance réciproque s’est traduite en nominations pour ceux qui ont été surnommé les « Kerdrel’s boys ». Kerdrel démissionne de son poste du directeur général du groupe Valmonde en mai 2018, une décision souhaitée par les actionnaires, et est remplacé par Erik Monjalous, ancien directeur commercial et marketing de l’AFP. Lejeune survit à son éviction.
Arnaud Folch
Ce journaliste aguerri, qui a fait ses classes à l’hebdomadaire Minute, forme avec Geoffroy Lejeune, depuis l’arrivée de celui-ci au service politique, un tandem redoutable. Ils se complètent ce qui leur permet de recouper leurs sources, et de boucler des papiers politiques informés. Si Arnaud Folch a la confiance de Marine Le Pen — celle-ci étant réputée vouer une solide détestation de Geoffroy Lejeune – ce dernier entretient quant à lui des relations très amicales avec Marion Maréchal-Le Pen.
Marion Maréchal-Le Pen
Geoffroy Lejeune et la députée du Vaucluse ont le même âge, et des amis communs. Le jeune rédacteur en chef ne cache pas par ailleurs son admiration pour elle. Plus que de contact privilégié on peut parler de relation amicale.
Bruno Roger-Petit
Lejeune commence à fréquenter celui qui n’est alors que l’éditorialiste phare de la revue Challenges alors qu’il n’est encore que chef du service politique de Valeurs Actuelles. Ils assistent ensemble à des matchs de football au Parc des Princes et Roger-Petit l’invite dans son émission «#BRP» diffusée sur Sport 365 (par exemple, « Wozniacki est-elle de droite ou de gauche ? », le 29 septembre 2014). La rédaction de Valeurs entre dans les bonnes grâces d’Emmanuel Macron dès que Roger-Petit entre en fonction comme porte-parole de l’Élysée, tant et si bien que Le Monde rapporte que ce sont les deux hommes qui ont « imaginé, puis organisé » la cérémonie de la remise de la Légion d’honneur à Michel Houellebecq (avec qui Lejeune a donné un entretien à la revue religieuse conservatrice américaine First Things), le 18 avril 2019. Lejeune est évidemment présent lors de la cérémonie, accompagné de Charlotte d’Ornellas.