L’Anglo-Saxon de TF1
Homme discret, anti-star, sérieux, marathonien, de Gilles Bouleau on ne connaît que son caractère et sa façon de présenter le 20H de TF1. Pur produit TF1, il n’était pourtant pas destiné à devenir présentateur vedette… ni l’exécuteur de Zemmour après l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle de 2022, peut-être par excès de zèle ?
Gilles Bouleau est né en mai 1962. Il est journaliste à la télévision française et présente le journal de 20 heures sur TF1 depuis juin 2012. Il est marié à la journaliste Élisabeth Tran (diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, chef de rubrique au service culture de TF1) et père de deux filles.
Dès 17 ans, Gilles Bouleau se fascine pour le fonctionnement des régimes totalitaires, collectionnant alors les ouvrages traitant notamment de l’Union Soviétique. Il grandit à Colombes, ville industrielle des pneus Kleber, qui est alors un véritable bastion du communisme. C’est à cette même époque qu’il décide d’intégrer Sciences-Po à Paris, ou il aura comme professeur un certain François Hollande. Il s’ennuie pendant trois ans dans la section service public qui prépare à l’ENA puis réussit en 1983 le concours d’entrée au CFJ.
Formation
Gilles Bouleau est diplômé du Centre de formation des journalistes de Paris (CFJ) et de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po).
Parcours professionnel
1986
Âgé de 24ans, Gilles Bouleau reçoit le Prix Jean d’Arcy. Un prix destiné aux jeunes journalistes. Cette même année il fait ses débuts sur TF1 au service Économie et Social. Il occupera ensuite successivement les services Politique Intérieurs, Enquêtes et Reportages, pour finir au service des Informations Générales.
1987
Il part en Yougoslavie durant la guerre civile. Peu de temps après, il descendra l’Amazonie à la rame pour rencontrer le chef Raoni.
1988
À peine embauché chez TF1, Gilles Bouleau est envoyé au Cap d’Agde pour couvrir la fête des jeunesses du Front National. Une première pour le jeune journaliste qui assiste en direct au fameux jeu de mot de Jean-Marie Le Pen sur le ministre Durafour, « Durafour crématoire ». Il couvrira également la présidentielle française.
1994
Gilles Bouleau devient Grand Reporter ainsi que Chef adjoint au service Arts et Spectacles.
1996 / 1999
Il présente la Matinale sur la chaine LCI (chaine filiale de TF1).
1999
Gilles Bouleau est rédacteur en chef adjoint pour l’émission « 19h Dimanche », à ce moment là présentée par Ruth Elkrief.
2001 / 2005
Il s’installe à Londres et occupe le poste de correspondant permanent pour TF1. Gilles Bouleau partira de Londres en Juillet 2005, quelques jours après les attentats dans le métro.
2005 / 2011
Gilles Bouleau quitte Londres pour devenir correspondant à Washington (toujours pour TF1). Il suivra la campagne de Barack Obama pour la maison Blanche.
2011
Il retourne en France et prend en charge les opérations spéciales. Mais c’est également durant cette période que la direction de TF1 le choisit pour occuper le poste de remplaçant pour le JT de 20H de la semaine. Il dirige également « une équipe chargée d’imaginer et d’organiser un flux de données graphiques et infographies intégrées aux journaux de TF1 ».
2012
À la suite de la démission de Laurence Ferrari, Gilles Bouleau est nommé présentateur et rédacteur en chef du JT de 20H de la semaine sur TF1, dans un premier temps par intérim, puis de manière définitive. Le 4 juin 2012 il présente son premier journal télévisé en tant que titulaire. En août il co-présente les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO de Londres avec Denis Brogniart, Amélie Mauresmo et Harry Roselmack.
2013
Le 10 juillet, il interview Bernard Tapie sur la saisie de ses biens dans l’affaire de l’arbitrage Adidas. Une interview qui lui vaut un titre sur le Nouvel Obs : « Tapie mis KO par Bouleau sur TF1 ».
2014
Il est sacré “Meilleur présentateur de JT” lors des TV Notes 2014.
Gilles Bouleau reçoit Pierre Bergé et Pascal Obispo sur son plateau dans le cadre du Sidaction. Devant 7 millions de téléspectateurs le journaliste affirme : « Est-ce que c’est dur aujourd’hui de faire appel à la générosité des français alors que grâce à ces progrès scientifiques, le SIDA est une maladie chronique ? C’est une maladie grave, mais on n’en meurt pas ». Une phrase qui fera le tour sur le web et provoquera l’indignation de plusieurs personnalités, des pétitions internet circuleront en demandant sa démission.
En reprenant le JT de 20H, Gilles Bouleau a permit à TF1 de faire remonter l’audience, mise à mal par le journal de Laurence Ferrari. Son JT creuse ainsi l’écart avec celui de France 2 de 300 000 téléspectateurs.
2021
Le 30 novembre, Gilles Bouleau reçoit Éric Zemmour comme invité sur son plateau, quelques heures après que ce dernier a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Pour autant, le présentateur ne tient pas à interroger le frais émoulu candidat sur son programme, mais s’efforce de le ramener à des polémiques annexes, notamment son doigt d’honneur à Marseille et ses jugements tranchés issus du Premier Sexe. Zemmour déplore les angles d’attaque de son ancien confrère et le lui fait savoir à la fin de l’entretien : « Je trouve simplement qu’il n’y a pas eu de questions sur mon projet politique, et je le regrette ». Selon une source BFM s’exprimant le lendemain, le néo-candidat s’emporte à la sortie du plateau et qualifie Bouleau de « connard ». De retour à son siège de campagne, il le comparera à un « procureur » avant de conclure par un heureux jeu de mots « Bouleau n’a pas fait son boulot ». Ce constat est même partagé par des commentateurs plus modérés, comme l’inénarrable Alain Duhamel ou l’ancien directeur de l’info de TF1 Gérard Carreyrou.
2024
Le 5 décembre 2024, il recadre sèchement et en direct Jean-Luc Mélenchon. Alors que ce dernier critique le récent discours d’Emmanuel Macron après la motion de censure et la démission du gouvernement Barnier, qualifiant d’anti républicains les propos du Président, Mélenchon ajoute : « il n’a jamais été élu dans aucune assemblée ». Gilles Bouleau rétorque directement : « Mais il a été élu Président de la République », avant de poursuivre « Vous-même, vous n’avez jamais été au second tour ».
Ce qu’il gagne
En juillet 2014 dans un portrait accordé au journal Libération Gilles Bouleau déclarait :
« Dans un autre pays, je l’aurai peut-être dit (…) Je gagne bien ma vie, c’est une rémunération à la hauteur de mes responsabilités mais l’argent n’a jamais été un moteur.»
Selon Télé2Semaines il gagnerait 40.000 euros par mois. Il a démenti ce chiffre, indiquant qu’il « gagne ce que gagne un bon gardien de but en France en 2e division », c’est à dire 30.000 € par mois selon Jeanmarcmorandini.com.
Dans le livre d’livre d’Aude Dassonville et Jamal Henni, « TF1, coulisses, secrets, guerres internes » (éditions Flammarion) on apprend que Gilles Bouleau est payé « quatre fois moins cher » que Patrick Poivre d’Arvor, qui était rémunéré 100.000 euros par mois. C’est à dire qu’il toucherait 25.000 €.
Une enquête du Dauphiné Libéré parue en 2018 estime que son salaire, comme celui des autres présentateurs de la chaîne, est compris entre 30 000 et 45 000 euros par mois.
Publications
L’Ordre du Temple Solaire : les secrets d’une manipulation (avec Arnaud Bédat et Bernard Nicolas), Flammarion, 2000
Parcours militant
Non renseigné
Collaborations
Non renseigné
Il a dit
« Fort de mes souvenirs des derniers débats lors des primaires de la Droite et de la Gauche, on se met en immersion bien avant le jour J. Depuis quelques jours, je fais des allers-retours à la Plaine Saint-Denis en banlieue parisienne où est situé notre plateau conçu spécialement pour l’occasion. Là, avec Anne-Claire et une équipe d’une dizaine de personnes, on s’enferme avec des sandwichs, une cafetière et des bases de données. On construit alors ce qui sera l’architecture du débat. L’idée étant d’être prêt lundi soir », Ouest-France, 16/03/2017, sur la préparation du débat de la présidentielle entre cinq des grands candidats (sur onze) à savoir Hamon (PS), Fillon (UMP/LR), Mélenchon (LFI), Le Pen (FN) et Macron (LREM).
« On anticipe ce que pourrait être la réponse de tel candidat à telle question. Le « fact checking », on préfère le faire bien avant et pas pendant ou après car là, c’est trop tard. On ferme les yeux et on imagine chaque séquence de ce débat », ibid.
« [le journaliste] est arbitre, présentateur, correcteur si une erreur factuelle intervient dans l’argumentaire d’un homme politique, mais il est aussi quelques fois casque bleu entre les hommes politiques. En tout cas, il ne cherche pas le buzz ni la superposition des paroles au point que cela en deviendrait inaudible. Enfin, il est un peu accoucheur, de façon à ce qu’à la fin on puisse avoir entendu de la matière pour mieux étayer son jugement », ibid.
« Le « JT » est une œuvre collective où tout le monde vient avec sa personnalité. Je me sens un humble et zélé serviteur de l’info », ibid.
« J’ai du mal à décrocher. Même le week-end, je me tiens très au courant. Pour décompresser, je cours », Gala, 24/11/2016.
« À quoi bon entasser des millions d’informations si le public n’en retient qu’un tiers ou la moitié ? Le parti pris, c’est celui de la clarté », interview donnée à Ozap, 2014.
« Les gens qui nous regardent se trouvent loin de la triangulation politique et des jeux à l’intérieur des partis. Ils se demandent simplement : qui est cette personne ? A‑t-elle de la substance ? De la solidité ? Que veut-elle faire ? Quelles sont ses références ? Poser des questions pertinentes, c’est un hommage à l’intelligence des hommes politiques ; ça les oblige à clarifier leur pensée », interview dans Le JDD, 2014.
« Jamais seul. J’y vais avec Claire Chazal, Catherine Nayl ou quelqu’un d’autre de la rédaction. Je ne veux pas qu’il se crée un rapport personnel » (à propos des repas avec les politiques), Le Parisien, 2014.
« Je suis très autocritique et cela se finit avec un bouillon de poule parce que je me trouve très imparfait et le journal imparfait », sur France Info, 2014.
« Enfant, je ne comprenais rien et j’avais envie de comprendre. Journaliste, c’est un métier, un savoir-faire, mais c’est la prolongation d’une curiosité naturelle », sur France Info, 2014.
« Des États-Unis, j’ai repris le commentaire d’une photo que j’ai ajouté en fin de journal comme une friandise », dans une interview accordée au journal Le Point, 2012.
« C’est une démocratie étonnante, qui s’est fédérée en peu de temps autour d’un candidat créé ex nihilo. En France, il faut des années de gestation pour devenir légitime » à propos de l’élection de Barack Obama, Libération, 2012.
« Si on se dévoile trop, il ne faut pas s’étonner du retour de bâton », Libération, 2012.
« Mes convictions n’ont pas vraiment évolué mais elles sont guidées, déformées par ma profession », Libération, 2012.
« L’un venait d’une famille épouvantablement bigote, l’autre était protestante, et moi, je suis athée, laïque, agnostique » (à propos de ses parents), Nouvel Obs, 2012.
« Le Pen est en sueur et, au détour de son discours, lâche son “Monsieur Durafour crématoire”… L’assistance est morte de rire, les vieux briscards de l’AFP ne percutent pas, j’ai la surprise du débutant. Il est 19 heures, j’appelle la rédaction, on a les images… », à propos des Journées de la Jeunesse du Front National en 1988, tiré d’un reportage du Nouvel Obs, 2012.
« Le journal de 20 heures de TF1 doit être “classieux” », dans Le républicain Lorrain, 2013.
Ils ont dit de lui
« Si vous voyez toutes les interviews de Monsieur Bouleau, pour tous les autres candidats, vous verrez la différence. Vous verrez la différence de ton, vous verrez la différence de questions. Vous verrez que devant les autres, il s’efface poliment, humblement, de façon larvaire. Et qu’avec moi, il s’est avéré un procureur pugnace, de mauvaise foi, me sortant des phrases de mon livre hors de leur contexte », Éric Zemmour, BFMTV, 30/11/2021.
« Le coureur qu’il est affiche des records personnels tout à fait respectables : 39 minutes au 10 km, 1 h 29 sur le semi-marathon et 3 h 16 sur le marathon. », Le Télégramme, 02/07/2017, au sujet de sa pratique de la course, alors qu’il faisait partie des concurrents du trail de 56 km de l’Ultramarin dans le Morbihan.
« Depuis trente ans dans le groupe TF1, Gilles Bouleau est excellent présentateur, sobre mais pas fade, bon connaisseur du milieu politique et surtout neutre », Bruno Masure, Élysée Académie, 2017.
« Il n’est pas le genre à poser en famille. On sait seulement de lui qu’il est compétent, professionnel, confraternel, qu’il s’est passionné pour l’économie, le sociétal, la culture. », Gala, 24/11/2016.
« Chaque matin, il se réveille – tôt ! Entre 6h30 et 7h – au son des matinales sur différentes radios. Sur sa tablette, il passe en revue les JT américains de la veille, disponibles en ligne. Puis il feuillette les quotidiens nationaux, Le Monde, Libération, le Figaro et les internationaux, Washington Post, New-York Times, Guardian…Arrivé dans son bureau, au deuxième étage de la tour TF1, où tournent en boucle les chaînes d’info, françaises et étrangères, il complète sa revue de presse avec l’Equipe, les Echos. Le soir. Avant de se coucher, il feuillette encore la presse spécialisée », ibid.
« Quand je l’ai connu à Sciences Po, c’était quelqu’un à la marge, à côté du mainstream. Il était à la fois déconneur et curieux de tout, une vraie éponge » relate Jean-Marc Lachaud, un de ses meilleurs amis Le JDD, 2014.
« Pour poser deux questions, Gilles lit 50 articles. Ce qui le caractérise, c’est une extrême exigence avec les autres et avec lui-même » Catherine Nayl, directrice de l’information de TF1, Le Parisien, 2014.
« Gilles sait ce qu’il veut. Bien sûr qu’il y a des choses qui peuvent l’énerver : le manque de rigueur ou le fait qu’un angle qu’il a demandé ne soit pas respecté… Mais ce n’est pas un sanguin : il n’explose pas et n’est pas cinglant » Catherine Nayl, directrice de l’information de TF1, dans Le Parisien, 2014.
« Il a un humour très british », selon ses collègues, Le Parisien, 2014.
« Il est difficile de deviner ses opinions, ce n’est pas un idéologue, plutôt un passionné par l’information, drôle de surcroît » Marie-France Etchegoin, une ancienne camarade de classe, journaliste au Nouvel Observateur, dans le journal Libération, 2012.
« Au milieu des années 1990, il était un peu au bord du chemin, les sujets qui plaisaient alors étaient plus bruts de décoffrage, son style jugé trop précieux » des confrères dans le Nouvel Obs, 2012.
« Gilles Bouleau n’est pas du genre grande gueule. Mais, de mémoire d’ancien, il se montrait très caustique et cruel sur les travers de TF1, son balladurisme en 1995, le dilettantisme de PPDA… » Jean-Sébastien Ferjoux, cofondateur d’Atlantico, qui l’a côtoyé à LCI, Nouvel Obs, 2012.
« Malheureusement, c’est à cause de paroles comme celles que vous venez de prononcer que les gens se sont éloignés de cette recherche et des dons pour le SIDA. À partir du moment où un journal du soir très important a titré ‘le SIDA, bientôt une maladie comme les autres’, la générosité des gens a complètement flanché » Pierre Bergé, sur le plateau de TF1, avril 2014.
« Malheureusement, c’est à cause de paroles comme celles que vous venez de prononcer que les gens se sont éloignés de cette recherche et des dons pour le SIDA. À partir du moment où un journal du soir très important a titré ‘le SIDA, bientôt une maladie comme les autres’, la générosité des gens a complètement flanché » Pierre Bergé, sur le plateau de TF1, avril 2014.
Sa nébuleuse
Claire Chazal, David Pujadas, Catherine Nayl (directrice de l’information de TF1).