Le stakhanoviste de l’indignation convenue
Physique sec et chevelure poivre et sel, Gilles Verdez est désormais connu du grand public pour sa participation en tant que chroniqueur à l’émission de divertissement de Cyril Hanouna « Touche pas à mon poste » sur la chaîne de la TNT D8 (du groupe Canal+). Sur ce plateau, il incarne, jusqu’à la caricature, la pensée conforme et politiquement correcte, multipliant les envolées anti-sexistes, anti-racistes, anti-fascistes anti-discriminations et anti-méchants de tous genres, aussi attendues que conventionnelles. Retour sur la carrière de celui qui est devenu l’archétype chimiquement pur de ce que Philippe Muray appelait un « mutin de panurge ».
Parcours professionnel
Gilles Verdez né en août 1964 à Saint-Germain-en-Laye. Il entame sa carrière en tant que journaliste sportif, spécialisé dans le football. Il participe notamment de nombreuses années à l’émission de radio « On refait le match » sur RTL. Dans ce cadre, il créé la polémique en déclarant après la finale de la coupe du monde de football de 2006 que « les Italiens sont des pourritures finies ».
Officiant également au quotidien Le Parisien (dont il deviendra l’un des rédacteurs en chef), le 5 mai 1992, il est blessé lors de la catastrophe du stade de Furiani.
A partir de novembre 2009, il devient directeur-adjoint de la rédaction du quotidien national France-Soir et également responsable du service des sports du journal d’août 2011 à la disparition de la version imprimée du quotidien fondé par Pierre Lazareff en janvier 2012.
Gilles Verdez a également une intense activité de chroniqueurs que ce soit à la radio ou à la télévision, notamment sur i>Télé et RFI.
En septembre 2013, il rejoint l’émission « Touche pas à mon poste ! », le divertissement de Cyril Hanouna, où il n’hésite pas à apparaître travesti et à participer à divers jeux ridicules tels que du « surf mécanique » déguisé en « Brice de Nice ».
Dans la distribution des rôles entre chroniqueurs, il occupe celui de la « conscience citoyenne », passant l’actualité télévisuelle au crible de sa sourcilleuse morale républicaine, cosmopolite et laïque.
Parallèlement, Gilles Verdez publie plusieurs livres sur le monde du football, dans lesquels il critique notamment la prise du contrôle du Paris Saint-Germain par l’émir du Qatar, arguant que le club parisien se trouve désormais transformé en arme diplomatique d’un pays étrangers aux vertus démocratiques plus qu’incertaines. Il égratigne aussi largement la figure de Franck Ribéry, présenté comme un homme orgueilleux, jaloux et instable, sans repères moraux et victime de son entourage.
Il est également l’auteur d’une biographie assez lisse et complaisante du nouveau premier ministre, Manuel Valls, qui a été récompensée par le prix de littérature politique Edgar Faure, remis chaque année depuis 2007 pour récompenser le meilleur ouvrage politique de l’année. Il est à noter que le jury de cette 7ème édition qui honora Gilles Verdez ne comprenait aucun journaliste, ni universitaire ni spécialiste du monde politique, mais uniquement des représentants du gotha politique national tels François Baroin, Christiane Taubira, Olivier Dassault, François Rebsamen et Isabelle Debré.
Il est le compagnon d’une esthéticienne d’origine sénégalaise, Fatou Ndiaye.
Sa nébuleuse
Cyril Hanouna, Arnaud Hermant, Matthieu Suc, Philippe Broussard.
Publications
- Les années Jacquet, avec Vanessa Caffin, éditions Solar, 1999
- Les années Lemerre, avec Vanessa Caffin, éditions Solar, 2001
- Le roman noir des bleus, avec Eugène Saccomano, éditions de La Martinière, 2010
- La face cachée de Franck Ribéry, avec Matthieu Suc, éditions Du Moment, 2011
- Le Conquistador: Manuel Valls, les secrets d’un Destin, avec Jacques Hennen, éditions Du Moment, 2013. Édition augmentée et actualisée en avril 2014 à l’occasion de la nomination de Manuel Valls à Matignon.
- Le PSG, le Qatar et L’argent : l’enquête interdite, avec Arnaud Hermant, éditions du moment, 2013
- Champions du monde 98 : secrets et pouvoir, avec Arnaud Ramsay, éditions du Moment, 2014
- Les Vipères du foot, avec Guillaume Évin, éditions du Moment, 2015
- Le système Benzema, avec Jacques Hennen, éditions Mazarine, 2016
- Tous menteurs ? Tout et son contraire en politique, éditions Le Cherche Midi, 2017
Distinctions
- Prix du scoop du Festival d’Anjou, 1991
- Prix de littérature politique Edgar-Faure, 2013
Il a dit
« C’est l’inventeur des talk-show de sport [Eugène Saccomano], je lui dois tout, parce que figurez-vous que c’était parce que j’étais dans ‘On refait le match’ que Cyril Hanouna, un jour, m’a croisé dans la rue et m’a dit : ‘pourquoi tu ne ferais pas chez moi ce que tu fais chez Eugène’ .C’est comme ça que ça a commencé, il y a huit ans ». Touche Pas à Mon Poste, 8 octobre 2019.
« Il y a eu un rapport de respect et de confiance avec Manuel Valls », Le Figaro, 17 avril 2014.
« Je trouve que votre livre est dangereux parce que c’est un livre de la France blanche, de la France nationaliste. Je trouve que vous nous ressortez une idée de l’histoire qui n’est plus enseignée depuis 1970. C’est une histoire qui flirte avec les thèmes identitaires de l’extrême-droite et que je trouve que sortir ce livre en ce moment, c’est dangereux et vous flirtez avec les problématiques extrême-droite », D8, « Touche pas à mon poste », à propos du livre « Hexagone » de Lorànt Deutsch.
« Il faut que le public sache que quand le Qatar a racheté le PSG il a surtout acheté le P de Paris, c’est à dire qu’il a racheté le club de la ville lumière pour accentuer son rayonnement à l’international. Le Qatar possède déjà des parts dans le capital d’entreprises du Cac 40 et est propriétaire de biens immobiliers de très grande valeur. Quand vous quittez la boutique du Psg sur les Champs Élysées la plupart des bâtiments et biens immobiliers sont la propriété de cet État. On peut se demander dans le monde actuel si un pays peut acheter un club de football. Il s’agit quand même d’une arme diplomatique », Sportandbiz.com, 21 mars 2013.
« Ce n’est pas les belles et leurs princes charmants mais les poufs et leurs presque blaireaux », D8, « Touche pas à mon poste », à propos de l’émission « La Belle et ses princes presque charmants ».
« Nous avons tous ressenti un immense frisson en regardant et écoutant Buffon chanter l’hymne italien. J’ai donc lancé le débat sur itélé avec François Pinet et Pascal Praud: pourquoi les Bleus ne chanteraient-ils pas TOUS la Marseillaise? Et ce, sans parti pris politique (ni droite, ni gauche en l’occurrence). Certains me répondent qu’on ne peut pas les contraindre. Voilà l’essence même du problème: il faut éduquer les jeunes, redonner à tous la possibilité d’être fiers de la France, sans nationalisme. Avec simplement le respect dû à l’Histoire », gillesverdez.tumblr.com
Ils ont dit
« C’est “l’affaire de la gifle” qui fait définitivement “basculer” Gilles Verdez, selon Ramsay. “Il est passé de l’autre côté du mur, devenant la ‘créature’ d’Hanouna, juge-t-il. Avant, il réussissait à faire la part des choses, sortant un livre sur Valls [Le conquistador, Manuel Valls, les secrets d’un destin, avec Jacques Hennen], puis en dansant un slow avec Alizée dans TPMP, ou en mettant un tutu. Maintenant, je ne vois pas comment il peut donner des conseils de déontologie à de jeunes journalistes et continuer à faire le fou sur C8.” […] Je suis un peu atterré, même si ce mot est peut-être un peu sévère. Pour moi, il faut choisir entre TPMP et le journalisme. », Arnaud Ramsay, L’Express, 22 février 2017.
« Le problème fondamental de Gilles (Verdez), c’est qu’il est véritablement coincé du cul. Dès qu’il y a une émission où l’on parle un peu de séduction, d’amour et d’un peu de sexe, ça y est, il se drape dans une sorte de chasteté… », Jean-Michel Maire, D8, « Touche pas à mon poste, 27 avril 2014.
« Du Doc, personnage de Retour vers le Futur, Gilles Verdez ne partage pas que l’air hagard et la chevelure improbable. Verdez et Roger-Petit sont des ersatz de Michelet version TNT qui grimpent dans leur Doloréane pour refaire le passé. « Je suis historien ! Je suis historien ! » s’est exclamé Verdez sur D8 face à Deutsch, comme pour se donner un semblant de légitimité avec son DEA ; sans visiblement savoir qu’un véritable historien sait éviter l’écueil de l’anachronisme et se garde de jugements moraux sur des époques révolues », Julien de Rubempré, lenouveaucenacle.fr, 9 novembre 2013.
« Le journaliste Gilles Verdez a enfin brisé le tabou Lorànt Deutsch. L’événement a eu lieu dans le cadre de l’émission de Cyril Hanouna, “Touche pas à mon poste”, sur D8, et il mérite d’être mentionné pour ce qu’il dit de la télévision de l’époque.(…) À la complaisance de Natacha Polony face à Deutsch, sur France 2, (“Tant mieux si vous faites aimer l’histoire !”) a succédé l’intransigeance de Gilles Verdez »,Bruno Roger-Petit, Le Nouvel Observateur, 6 novembre 2013, à propos du « clash » Gilles Verdez/Lorànt Deutsch.
Dans l’émission Touche pas à mon poste diffusée le 8 avril 2014, Gilles Verdez commente un extrait de l’émission Man vs Wild, où l’on voit l’animateur et acteur du programme de divertissement tuer un cochon pour le consommer : « Il y a des religions dans lesquelles on ne mange pas de porc, et je trouve que c’est totalement insultant. Je trouve ça totalement insultant franchement. Ça me révolte ! On ne tue pas un cochon pour le manger ! Il y a des gens qui sont heurtés par ça !»
Crédit photo : Acrobatedu5 via Flickr (cc)