Au cœur de la nébuleuse des lanceurs d’alerte
« Le journalisme, c’est publier quelque chose que quelqu’un ne veut pas voir publié. Tout le reste relève des relations publiques », George Orwell.
« La religion centrale des libéraux américains est devenue la censure. Réduire au silence, déprogrammer et surtout empêcher leurs adversaires d’être entendus est maintenant leur objectif prioritaire, leur arme de choix ». Glenn Greenwald, 15 avril 2022.
Ancien avocat d’affaires, par la suite spécialisé dans les litiges civiques et constitutionnels, Glenn Greenwald est depuis près de 20 ans entièrement dédié à la défense littérale et intransigeante de la constitution américaine et de ses garanties en matière de libertés individuelles. Son éthique l’amène, en octobre 2020, à démissionner du média qu’il avait créé, The Intercept, pour cause de censure. Il est depuis un dénonciateur féroce des libéraux-libertaires américains, complices des démocrates et des agences de renseignement.
Passé du droit au journalisme à l’occasion des dérives liberticides des années Bush, Glenn Greenwald, qui se présente comme incorruptible, a fait de la transparence absolue son cheval de bataille. Exilé au Brésil depuis 2005, il contribue à la fuite de secrets d’État américains dans le sillage de l’affaire Snowden, qu’il a chapeauté, notamment en fondant une publication en ligne spécialisée dans le journalisme de données sensibles, The Intercept.
De par son exercice passé du droit et son goût prononcé pour la contradiction, Glenn Greenwald dispose d’une vision positiviste de la vie civique et médiatique. Collaborateur privilégié des lanceurs d’alerte, il démontre au cours de sa carrière un grand attachement à l’idéal libertarien américain.
Portrait vidéo
État civil, formation
Glenn Greenwald est né le 6 mars 1967 à New York. Il grandit cependant à Fort Lauderdale, en Floride. Issu d’une famille modeste, il admire son grand-père, Louis Greenwald, qu’il définit comme un « vieux juif socialiste ». Alors qu’il n’est âgé que de 17 ans, il tente de briguer un siège au conseil municipal.
À partir de 1985, il est étudiant en Philosophie à l’Université George Washington, qui forme de très nombreux cadres politiques américains. Parce qu’il passe son temps à participer aux clubs de débats au lieu d’étudier, il mettra cinq ans à être diplômé d’un Bachelor of Arts (équivalent français de la licence). Il entame par la suite un cursus en Droit à l’Université de New York. Durant ces années, Glenn Greenwald est un activiste homosexuel, une position qu’il explique par la volonté de mettre à l’épreuve la réputation progressiste de l’Université de New York. Il obtient son Juris Doctor (doctorat professionnel en droit) en 1994.
Faits notoires
Glenn Greenwald commence sa carrière d’avocat dans un cabinet d’affaires. Il défend de grandes entreprises comme Bank of America, AT&T ou JP Morgan. Il a du mal à s’adapter à cet univers monotone, qui lui demande très souvent de se compromettre moralement.
Après avoir cofondé son cabinet d’avocats en 1996, il s’occupe de contentieux constitutionnels et civiques. Ainsi, n’hésite-il pas à défendre le néo-nazi Matthew F. Hale, en vertu du Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression. A ce sujet, Glenn Greenwald a confié fin 2013 au magazine Rolling Stones : « Pour moi, l’héroïsme, c’est d’être entièrement dédié à un principe que vous appliquez quand ce n’est pas facile. Pas seulement quand il va dans le sens de vos propres positions, ou quand il protège les personnes que vous appréciez, mais quand il défend et protège les personnes que vous détestez. »
Glenn Greenwald reste néanmoins frustré par l’issue de la majorité de ses procès, et le caractère injuste, selon lui, du système judiciaire américain. Il fréquente beaucoup les forums naissants de l’époque, et débat avec des conservateurs anti-avortements sur internet. De là naît son engouement pour cet espace de liberté totale, qui lui permet d’exercer son goût du débat hétérodoxe.
Il constate que le régime judiciaire américain post-11 septembre se veut de plus en plus liberticide. Il s’expatrie au Brésil en 2005, où il réside encore aujourd’hui. Cependant, il est dans l’impossibilité de pratiquer son métier d’avocat dans ce pays, et commence alors un blog politique, Unclaimed Territory, qui s’intéresse aux dérives liberticides du gouvernement Bush de l’Amérique post 11 septembre. À cette période, le New York Times détient d’ores et déjà des informations sur les écoutes massives de la NSA sur les citoyens américains. Le célèbre quotidien américain attendra néanmoins la réélection de George W. Bush pour divulguer ces informations à la fin de l’année 2005. Cette rétention d’informations scandalise Greenwald qui y voit là un dysfonctionnement majeur des institutions journalistiques américaines.
Greenwald continue à bloguer jusqu’à la mi-2012, date à laquelle intègre le vénérable quotidien britannique The Guardian en tant que chroniqueur indépendant. En mai 2013, il rencontre Edward Snowden, un jeune analyste de la NSA avec qui il entretenait un contact depuis 2012, et qui détient des informations classées portant sur des écoutes illégales de l’agence de renseignement américaine. Ils décident d’orchestrer la révélation publique de ces données, sous la supervision de l’antenne américaine du Guardian. Ce vaste système d’espionnage, qui met illégalement sur écoutes au moins 120 millions d’américains, est révélé conjointement par le Washington Post et le Guardian en juin 2013. De nombreuses révélations sont faites dans les semaines suivantes : la mise sur écoute de missions diplomatiques européennes, ou le programme PRISM, qui collecte les emails, textos et autres données de citoyens américains et étrangers, avec le concours de Yahoo, Google et Apple. Ces révélations ont un impact politique et médiatique majeur à travers le monde, et entachent considérablement l’image des États-Unis. À l’été 2013, le président Obama va même jusqu’à promettre de réformer les pratiques de l’agence de renseignement, bien qu’il juge la surveillance en question légitime et nécessaire.
En février 2014, Glenn Greenwald devient le directeur de publication du nouvellement fondé The Intercept. Ce site d’actualité se spécialise dans les affaires liées aux mesures liberticides et d’espionnage mises en œuvre par les États-Unis à travers le monde. Il fait avant tout la part belle aux enquêtes portant sur la surveillance globale, l’atteinte aux libertés civiques ou la corruption financière et politique. Le site est hébergé sur la plateforme First Look, financée par Pierre Omidyar, fondateur d’Ebay, qui y a investi 250 millions de dollars (183 millions d’euros). Cette proximité entre un richissime homme d’affaires et un site qui s’intéresse aux affaires de corruption avait suscité les critiques de certains médias alternatifs américains. Glenn Greenwald a cependant assuré que l’indépendance éditoriale de la nouvelle plateforme n’était pas mise en cause par l’origine des fonds qui lui étaient alloués. Dans les retombées médiatiques suivant la fondation de cette nouvelle publication, Glenn Greenwald a beaucoup été critiqué par ses confrères américains, qui font souvent l’objet de ses attaques.
Mais il n’est pas uniquement craint du gouvernement américain.
En juin 2019, il rend public dans The Intercept des messages privés échangés sur Telegram entre Sergio Moro et Deltan Dallagnol, respectivement juge et procureur dans l’affaire Lava Jato qui a précipité la destitution du président en exercice Lula da Silva. Le compte-rendu des conversations, obtenues via un hacker ayant collaboré avec Greenwald, révèle que le juge aurait outrepassé ses prérogatives pour accélérer la destitution au mépris des procédures d’usage, en plus de faire tout son possible pour empêcher Lula de sortir de détention lors de la campagne présidentielle. Il n’en faut pas plus pour susciter l’ire du gouvernement brésilien et de la part conservatrice du pays qui lui reprochent l’illégalité de ses méthodes et son mode de vie hétérodoxe (il a adopté deux enfants avec son conjoint, le député socialiste de Rio de Janeiro David Miranda). Il reçoit alors des milliers de menaces de mort ainsi que des messages homophobes, en plus de subir en guide représailles un contrôle fiscal poussé. Il est escorté en permanence par des gardes du corps lors de ses déplacements. Un député de la majorité et Jair Bolsonaro lui-même menacent de l’envoyer en prison tandis qu’un animateur de radio le gifle en plein visage lors d’une interview après avoir suggéré que la garde de ses enfants devrait lui être retirée.
Enfin, il est inculpé en 2020 pour cybercriminalité par un procureur de la République au motif d’avoir « aidé, encouragé et guidé » un groupe de hackers pour obtenir ces informations sensibles. La perspective d’un nouveau procès contre un lanceur d’alerte fait se mobiliser les défenseurs de la liberté de la presse à l’international dont maints journaux progressistes occidentaux, le New York Times en tête. Les accusations sont finalement levées par un juge fédéral qui s’en remet à la décision d’un juge de la Cour Suprême, Gilmar Mendes, qui avait estimé l’année précédente que le journaliste n’avait fait qu’exercer son droit d’informer sans inciter délibérément les hackers un commettre un forfait.
En octobre 2020, il se résigne à quitter The Intercept, le journal qu’il a lui-même créé, suite à la décision de la rédaction de The Intercept de censurer les révélations explosives du New York Post. Le quotidien, un des plus anciens titres de presse américains et propriété de Rupert Murdoch, fait état de la divulgation de documents et de photos issus du disque dur de l’ordinateur d’Hunter Biden, qui prouveraient que le fils du Vice-Président aurait monnayé l’accès à son père alors qu’il siégeait au conseil exécutif de la société d’exploitation d’hydrocarbures Burisma en Ukraine. Ce souhait de retirer tous les passages critiques de l’enquête à l’égard de Joe Biden à quelques jours de l’élection présidentielle convainc Greenwald de passer la main. Il défend sa décision sur son blog personnel : « Les mêmes tendances à la répression, à la censure et à l’homogénéité idéologique qui empoisonnent la presse nationale en général ont atteint le média que j’ai co-fondé avec, comme point d’orgue, la censure d’un de mes articles ».
Glenn Greenwald a collaboré ou collabore à de très nombreuses publications. Parmi elles, le New York Times, le Los Angeles Times, ou encore le journal brésilien O Globo etle quotidien indien The Hindu.
Publications
Seul le dernier ouvrage de Glenn Greenwald, paru en 2014 et portant sur les coulisses de l’affaire Snowden, a fait l’objet d’une traduction française : Nulle part où se cacher, JC Lattès, 2014.
Les autres livres ne sont pas traduits en français :
- How would a patriot act ? Defending American Values from a President run Amok. Working Assets Publishing, 2006.
- A Tragic Legacy : How a Good vs. Evil Mentality Destroyed the Bush presidency, Broadway Books, 2008.
- Great American Hypocrites : Toppling the Big Myths of Republican Politics, Broadway Books, 2008.
- With Liberty and Justice for Some: How the Law Is Used to Destroy Equality and Protect the Powerful, Picador, 2012.
Distinctions
- Premier prix Izzy, dans la catégorie « journalisme indépendant » en 2009.
- Prix du journalisme en ligne de la Online news association, catégorie Blog, en 2010.
Sa nébuleuse
Edward Snowden, Bradley Manning, Eric Bates, Laura Poitras, Pierre Omidyar.
Ce qu’il gagne
Durant son exercice du droit commercial, Glenn Greenwald affirme s’être enrichi considérablement, en gagnant 200 000 dollars par an en début de carrière.
Il l’a dit
Sur le « Russiagate » et l’affaire Weinstein : «Tant que les cibles des théories conspirationnistes sont considérées comme des méchants par les représentants des grands médias progressistes, les journalistes sont sans cesse valorisés professionnellement pour avoir publié des attaques non vérifiées et non prouvées — voire fausses — contre ces personnes, sans jamais subir de conséquences négatives lorsque leurs articles sont exposés comme ce qu’ils sont, des impostures minables. », The Intercept, 18 mai 2020.
Sur Jair Bolsonaro : « Je pense que personne ne réalise vraiment. Je veux dire, il est souvent dépeint à tort dans les médias occidentaux comme l’équivalent brésilien de Trump alors qu’il est se rapproche beaucoup plus du président philippin [Rodrigo] Duterte ou même du dictateur égyptien, le général [Abdel Fattah] el-Sisi, du point de vue de ses valeurs et de ce qu’il pourrait mettre en œuvre une fois au pouvoir. Je pense donc que tous ceux qui, au Brésil, font partie de la société civile brésilienne — journalistes, politiciens, artistes et autres — et qui l’ont critiqué dans le passé, devraient réfléchir à ce que signifierait son élection signifie pour eux personnellement. », CBC Radio, 26 octobre 2018.
« La chose la plus importante que mon grand-père m’a apprise, c’est que la façon la plus noble d’utiliser ses compétences, son intelligence et son énergie, est de défendre ceux qui sont marginalisés, face à ceux qui détiennent les pouvoirs les plus importants, et qu’en retour l’animosité de ces puissants doit être arborée comme une médaille d’honneur », Rolling Stones, 4 décembre 2013.
« En bref, les documents que Manning est accusé d’avoir divulgué ont révélé d’énormes manipulations, et une corruption en vigueur chez les acteurs politiques les plus puissants de ce monde. Et c’est pour cette raison qu’il a été traité aussi durement. Le Président Obama, qui plaide pour une administration transparente, est pourtant obsédé par la poursuite judiciaire des lanceurs d’alerte. Son département judiciaire en a beaucoup plus poursuivi, sous le chef d’accusation d’espionnage, que toutes les précédentes administrations réunies. Le traitement coercitif réservé à Manning a pour but de créer un climat de peur, d’envoyer un signal à ceux qui, dans le futur, découvriraient des informations relatives aux agissements occultes des Etats-Unis. L’exemple de Manning permettra de les en dissuader. Les véritables crimes révélés par cet épisode sont ceux commis par les plaignants, non par l’accusé. Pour ce qu’il a donné au monde, Manning mérite notre gratitude, et une médaille. Pas une vie en prison », The Guardian, 14 décembre 2011
Sur son adolescence en tant qu’homosexuel ayant grandi dans les années 1980 : « J’avais décidé de mener une guerre contre ce système et ses relais institutionnels, qui essayaient de me rejeter, de me condamner. En gros c’était : allez vous faire foutre ! Plutôt que d’être jugé par vous, je vais, moi, vous juger, car je n’accepte pas le fait que vous soyez en position d’émettre des jugements sur moi », Rolling Stones, 4 décembre 2013.
« Mon approche du journalisme est celle d’un procureur. Les gens disent quelque chose, je pars du principe qu’ils mentent, et je commence alors les recherches pour le prouver », The New York Times, 6 juin 2013
« Nous sommes censés tout savoir à propos des agissements du gouvernement. C’est pour cela qu’on les appelle serviteurs publics. Eux par contre, ne sont supposés rien savoir de ce que nous faisons, c’est pourquoi nous sommes appelés individus privés », No Place to Hide.
« Les journalistes américains, pendant des années, ont déclamé leur amour à Barack Obama. Les voilà qui maintenant, parlent communément de lui comme d’une sorte de grave menace à la liberté de la presse, comme le leader le plus répressif en la matière depuis Richard Nixon. Une volte-face considérable pour un politicien qui a accédé au pouvoir en promettant d’établir l’administration la plus transparente de l’histoire des États-Unis », No Place to Hide.
« Exprimons cela aussi clairement que possible. Tout journaliste qui considère comme vraies les histoires non vérifiées de la CIA ou d’autres agences gouvernementales sans avoir besoin de preuves ni faire preuve de scepticisme, est sans valeur. En fait, ils sont pires que sans valeur : ce sont des influences toxiques qui méritent un pur mépris… Ce ne sont pas des journalistes. Ce sont des porte-parole obséquieux de la CIA et d’autres autorités officielles ». Sur son blog, 16 avril 2021.
Ils l’ont dit
« La décision de Gleen Grenwald de démissionner de The Intercept découle d’un désaccord fondamental sur le rôle des rédacteurs en chef dans la production du journalisme et sur la nature de la censure. Glenn se réserve le droit absolu de publier ses articles sans interférence extérieure. Il estime que quiconque est en désaccord avec lui est corrompu, et que quiconque prétend retoucher ses propos est un censeur.
D’où l’accusation absurde qui voudrait que la direction de la rédaction et les journalistes de The Intercept, à la seule et notable exception de Glenn Greenwald, auraient piétiné leur intransigeance éditoriale car ils soutiendraient la candidature de Joe Biden. Un bref coup d’œil aux articles que The Intercept a publiés sur Biden suffira à réfuter ces affirmations. […]
Nous avons le plus grand respect pour le journaliste Glenn Greenwald et nous restons fiers de la plupart des travaux que nous avons réalisés avec lui au cours des six dernières années. Mais c’est Glenn qui s’est éloigné de ses racines journalistiques d’origine, et non The Intercept. », Betsy Reed, The Intercept, 29 octobre 2020.
« Glenn a sa façon d’approcher le journalisme. Il est très direct et transparent, et les gens qui travaillent pour lui le font parce qu’ils apprécient et qu’ils admirent cela. Il est intéressant de constater qu’il n’y a pratiquement pas eu de critiques de bonne foi de la légitimité de Glenn en tant que journaliste. Il a eu tout juste. Il a révélé un des plus grands scoops de notre époque, alors qu’il était sous une pression colossale », Eric Bates au Daily Beast, 10 février 2014
« Glenn Greenwald, en ce qui le concerne, n’a jamais tort. Et parce qu’il croit qu’il n’a jamais tort, il est un journaliste médiocre […] Le fait est que Greenwald a inextricablement lié ses idées politiques à sa pratique du journalisme, et c’est pourquoi il a dégradé à ce point cette dernière. Il veut tellement s’assurer que les conclusions qu’il tire sont nécessaires, justement parce qu’il y croit fermement, qu’il applique une narration préfabriquée à tous les objets auxquels il s’intéresse, même s’il doit pour cela forcer les choses pour qu’elles collent. Quand il est incapable de faire cela, alors il utilise tout simplement le double langage, la démagogie, l’hyperbole et les camouflages pour créer l’illusion de la rigueur », The Daily Banter, 11 février 2014
« Son approche du journalisme est différente. Au lieu d’essayer (ou de prétendre) d’être objectif, il est transparent au sujet de ses opinions, et défend explicitement leur validité. Il critique ses confrères journalistes pour leur manque d’esprit de contradiction. A l’inverse de la plupart des journalistes officiant dans les grands médias, il montre une certaine aversion pour les représentants officiels américains. Et quand il estime qu’ils ont enfreint la loi, il ne se prive pas d’appeler à des poursuites judiciaires contre eux, et au fait qu’ils soient emprisonnés pour leurs crimes. […] Le Premier Amendement et ses garanties en matière de liberté de la presse a été institué précisément pour protéger les critiques délibérées du gouvernement, ou les révélations sur des infractions à la loi de ce dernier, comme les documents qui changeraient le débat public en informant les citoyens. Il n’y a aucun moyen de criminaliser le travail de Greenwald sur la NSA sans à la fois s’attaquer à sa protection constitutionnelle élémentaire. Ce qui nous amène à penser qu’il est de l’intérêt de chaque citoyen américain de prendre sa défense », The Atlantic, 6 février 2014
« Snowden, Greenwald, et Assange ne partagent que de loin les mêmes convictions, et diffèrent dans leur degré de sophistication. Chacun d’entre eux a, à un moment donné, tenu des propos excentriques et ouvertement contradictoires. Mais de ce courant d’idées incohérent a émergé une perspective commune. Cette dernière n’est ni une doctrine clairement définie, ou une philosophie, mais quelque chose qui se rapproche d’une impulsion politique […] pouvant être décrite comme la paranoïa libertarienne. Quand les libéraux, de droite par exemple, ont décrit ces lanceurs d’alerte comme des camarades détenteurs de la vérité, dont le but n’était que de protéger la Constitution et l’Etat de personnes malfaisantes et autoritaires, ils se sont trompés. En réalité, les lanceurs d’alerte méprisent l’Etat moderne et libéral et progressiste, et ils veulent l’endommager » New Republic, 19 janvier 2014.
« Sur certaines thématiques, sa verve (de Greenwald, NDLR), est remplie de dispositifs droitiers. Par exemple au sujet de l’immigration, Greenwald a tenu des propos très durs. […] Il a ainsi écrit en 2005, que “l’immigration illégale provoque un désordre économique, social et culturel, et exerce une moquerie permanente de la loi. Elle est dommageable sur le simple plan de la justice.” […] Sur ce point donc, Greenwald se trouve dans une zone indéfinie du spectre politique, où l’extrême-gauche se confond avec l’extrême-droite, souvent sous le prétexte de l’idéologie libertarienne. Cela l’a amené à défendre des positions qui ont pu attirer ces deux extrêmes de la scène politique. Par exemple en attaquant la politique étrangère des Etats-Unis, en la qualifiant d’impériale des deux côtés du bipartisme. Dans ses écrits transparaît une critique des Etats-Unis à l’étranger, qui résonne autant avec les isolationnistes de la droite antédiluvienne, que de la nouvelle post-gauche anti-impérialiste. Son libéralisme social flatte aussi les penchants individualistes des libertariens de droite, et des activistes de gauche. Greenwald envisage de rapprocher ces groupes, de dissoudre la ligne habituelle de loyauté politique et d’unir les anti-impérialistes, et défenseurs des droits civiques de gauche, et les conservateurs libertariens de droite, favorables à un marché ouvert, dans un front populaire contre l’alliance établie entre les libéraux de centre gauche et les néoconservateurs », New Republic, 19 janvier 2014.
« La vindicte de Greenwald nuit à la qualité de son argumentaire général, souvent excellent. Greenwald est un très bon journaliste, qui fait un travail important. Mais il se limite tout seul en se comportant comme un petit surdoué suffisant », The Daily Banter, 5 décembre 2012
Crédit photo : capture d’écran vidéo Fox News (DR)