Troskyste ? libéral ? libertaire ? Tout cela mais surtout producteur
« Quoi de commun entre “Le journal du hard” et “Les infiltrés” ? Quel lien entre des reportages d’“Envoyé spécial” et “Braquo”, la dernière série policière de Canal+ ? Entre “Global mag”, le rendez-vous d’Arte sur l’environnement, et “L’effet papillon”, le magazine international de Canal+ ? Une même volonté en forme de slogan : “Raconter le monde à hauteur d’homme… avec un pas de côté”. Et une même entreprise, CAPA, qui produit des centaines d’heures par an de reportages, documentaires ou fictions pour les chaînes de télévision, publiques ou privées » « Les nouveaux défis de l’agence Capa » - Le Monde, 22 novembre 2009
Hervé Chabalier est né de parents enseignants le 7 septembre 1945 à Langogne (Lozère). De son engagement au sein de la mouvance trotskyste dans les années 1960, le fondateur et président de CAPA, a retenu l’importance de détenir les leviers du pouvoir culturel pour influer sur la société. Avec son agence de presse et de production, ce proche de l’UMP, insuffle une vision « libérale-libertaire » sur le petit écran.
Formation
Titulaire d’une licence d’histoire à la Sorbonne.
Centre de formation des journalistes (promo 1969).
Parcours professionnel
Après un passage à RTL et l’AFP en 1969, puis au service de politique intérieure sur la première chaîne de télévision française, il entre en octobre 1972 comme grand reporter au service « Notre époque » du Nouvel Observateur. Il traite des sujets brûlants : avortement, liberté sexuelle, toxicomanie, la dictature des colonels en Grèce, franquisme en Espagne. Il publie des enquêtes sur le racisme, la toxicomanie ou la réforme de l’ORTF (1974), dans le cadre des documents de la semaine.
1977
Il rejoint le Matin de Paris. Il y occupe le poste de grand reporter au service « Événement », promu rédacteur en chef du Matin magazine en 1981.
1979
Prix Albert-Londres
1982
Il devient rédacteur en chef du journal de 13 heures d’Antenne 2.
1983
Producteur des magazines Carte de presse et Dimanche plus
1985 à 1989
Direction de Sygma télévision
1989
Créateur de l’agence de presse et de télévision CAPA (« Chabalier Associated Press Agency »). Il produit de nombreux reportages, documentaires et émissions : « 24 Heures », diffusée sur Canal+ dans les années 1990, « Ruban rouge » (une émission hebdomadaire consacré au SIDA), « On aura tout lu ! » sur la Cinquième en 2001, « Madame, Monsieur, bonsoir » sur France 5 en 2006, qu’il coprésente avec David Pujadas, « Le vrai journal » de Karl Zéro et le magazine de reportage en caméra cachée « Les Infiltrés » sur France 2. Actuellement, CAPA Presse TV produit : Le Château – Dimanche+, L’Effet Papillon, Le Monde dans tous ses états, Le Monde en Marche, Consomag, Global Mag, Envoyé Spécial, Des Racines et des Ailes, Les Nouveaux Explorateurs, Enquêtes Criminelles, 1€70, Le Journal du Hard, Ondes de Choc, Garde a Vue, C’est Notre Histoire.
CAPA drama (production de fictions et docu-fictions) produit ou a produit : Braquo, Tango, Âge sensible, Police District, L’école du pouvoir, Le repaire de la Vouivre, Reporters, Françoise Dolto, L’ordre du temple solaire, Pasteur, Les temps changent, Ils voulaient tuer De Gaulle, Françoise Dolto, Sac des hommes de l’ombre, Carmen, Mariage surprise, Bac+70, Complot d’amateurs, Médecin-chef à la Santé, Goldman, La République des enfants.
Membre de la commission pour une nouvelle télévision publique en 2008, il intègre en février 2009, le « Conseil de la création artistique » animé par Marin Karmitz à la demande de Nicolas Sarkozy.
1996
Prix du Producteur français de télévision
2008
Officier de la Légion d’honneur
2009
Un reportage sur la pédophilie réalisé par CAPA est diffusé lors de l’émission d’investigation “Les Infiltrés” sur France 2. Le principe du programme est de tourner en caméra cachée. Fait rarissime, la diffusion du reportage mène à l’arrestation de 23 personnes. Une partie de la profession s’émeut d’une telle connivence et déplore que des journalistes puissent servir d’indicateurs de police.
2010
L’homme d’affaires Fabrice Larue, détenteur de Newen, la filiale de production de TF1 rachète 60% de CAPA.
2013
Reprenant les mêmes méthodes, CAPA a réalisé une enquête sur un cercle catholique traditionnaliste girondin fondé par un ancien membre du Front National, À l’extrême droite du père, qui est diffusée en 2010. On y voit des paroissiens, notamment des enfants, proférer et chanter des discours antisémites et racistes. Trois ans plus tard, Hervé Chabalier, David Pujadas et son journaliste Matthieu Beurrier sont mis en examen pour atteinte à la vie privée, publication d’un montage et escroquerie pour avoir fait usage d’une fausse qualité dans le but d’obtenir des propos et des images. À l’issue du procès en diffamation qui se tient en 2014, le tribunal correctionnel de Paris relaxe les journalistes, reconnaissant leur « bonne foi ».
2013–2017
Chabalier anime le Grand Débat sur Europe 1 chaque dimanche de 18h30 à 20 heures entre 2013 et 2015. Par la suite, il tient une chronique au cours de la matinale de la station intitulée L’œil d’Hervé Chabalier entre 2015 et 2017.
Parcours militant
Proche de l’UNEF en mai 1968 : « J’ai fait une licence d’histoire, je me sentais très concerné par les événements de Mai 68 à la Sorbonne… J’étais proche de l’Unef. » (Source : LesÉchos.fr)
Participe à la création des Jeunesses communistes révolutionnaires : « “fait le coup de poing avec les mecs d’Occident”… Des “écarts” qui lui vaudront une solide réputation aux Renseignements généraux… » (Source : L’Express.fr)
Publications
- Alcoolisme : Le parler vrai, le parler simple (Éditions Robert Laffont), 2011
- Un dernier pour la route (Éditions Robert Laffont), 2006
Collaborations
- Mai 2010 : Participe à la séance « le service public et le web » organisée par le Club Galilée.
- Septembre 2009 : Sortie sur les écrans de l’adaptation de son livre Le dernier pour la route avec François Cluzet dans son propre rôle.
- Avril 2009 : Participe à la journée « Médias et diversité sociale » organisée par l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) et le Bondy Blog.
- Février 2008 : Membre de la commission pour la nouvelle télévision publique présidée par Jean-François Copé.
- 2008 : Témoigne dans le film « C’est dur d’être aimé par des cons » : « Pour avoir reproduit les douze caricatures danoises ayant déclenché la colère des musulmans aux quatre coins du monde, Philippe Val, le patron de Charlie Hebdo, journal satirique français, est assigné en justice. Un procès hors norme que Daniel Leconte suit en temps réel. Pour décrypter, avec les acteurs clés, les enjeux politiques internationaux, médiatiques et idéologiques. Avec, en images : avocats, témoins, médias, conférences de rédaction, manifestations de soutien. Avec aussi les prises de positions des intellectuels et des hommes politiques, les réactions de l’accusation et des pays musulmans. Une réflexion sur l’Islam, sur la presse, sur l’état de l’opinion dans la société française mais aussi une tentative de réponse aux défis lancés par l’intégrisme à toutes les démocraties. »
- Novembre 2007 : Délégué général du Festival européen des 4 écrans. Le festival a été fondé en 2007 par Hervé Chabalier.
- 2006 : Membre du jury du « Prix international de l’enquête CFJ – Groupe Caisse d’Epargne »
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Il l’a dit
« Dans le journalisme, on me le reproche d’ailleurs de temps en temps, j’accorde beaucoup d’importance à la transmission du savoir. C’était dans mes gènes » « Hervé Chabalier, Président-fondateur de l’agence CAPA » - LesÉchos.fr, 11/08/2006
« J’avais reçu de mon passé, en Espagne sous Franco et en Afrique aux débuts de la décolonisation, deux valeurs fondamentales : le goût de la liberté et le refus de l’asservissement. (…) Le journalisme me permettait, grosso modo, de défendre les valeurs auxquelles je croyais, de défendre la veuve et l’orphelin. (…) Un journaliste est là pour gratter où cela fait mal. » Ibid.
« Aujourd’hui on ne connaît de l’Italie que les “Berlusconades”. Toute la médiatisation tourne autour de la personne du président du Conseil, au pouvoir depuis vingt ans. J’ai pris le parti de m’intéresser à l’autre Italie, celle qu’on ne connaît pas, et de montrer les forces, les mouvements et les gens qui désapprouvent le personnage et sa politique. (…) Des mouvements de rébellion ont émergé un peu partout en Italie et proposent des alternatives au système Berlusconi. Mais il n’existe pas encore de rassemblement de ces forces d’opposition. La colère est réelle, mais la radicalité fait peur dans ce pays qui n’a jamais connu de révolution et a toujours pratiqué l’art du compromis. » Source : france5.fr
« Le journaliste a un rôle important dans le fonctionnement de la démocratie. C’est un formidable privilège de pouvoir être lu, ou entendu, ou vu par ses concitoyens. Cela implique des devoirs : le travail, la rigueur, la vérification de l’information, l’honnêteté intellectuelle. Cela doit être le fondement de notre éthique. Notre métier consiste d’abord à aller chercher l’information puis à la transmettre. C’est basique. Et pourtant, je rencontre aujourd’hui trop de jeunes attirés avant tout par le mode de vie et le statut social que confère notre métier : ils n’ont pas de convictions professionnelles et ne mesurent pas le service cardinal que le journalisme remplit. Ils n’ont ni l’humilité ni la passion indispensables. » « Journaliste un métier à réinventer 60 ans de CFJ ».
Au sujet de l’euthanasie : « Oui, mais il se trouve que nous sommes dans un état laïque, je dis bien “laïque” et c’est notre droit de citoyen et d’humain de décider comment et quand on veut quitter ce bas monde. D’ailleurs la bataille pour le suicide assisté, qui est légale dans plusieurs pays européens va s’imposer très vite. Vous savez ma maxime “je n’ai pas de certitude mais j’ai une opinion” Notre corps, notre âme nous appartiennent et dans cette affaire, ce sont les individus et pas les politiques, les patients et pas les médecins ou les religions qui doivent être le centre du problème. », Europe 1, 29 novembre 2014.
Sa nébuleuse
Hervé Kouchner : « Hervé Chabalier ne cache pas son amitié avec Bernard Kouchner » — Le Figaro, 06 avril 2012. En avril 2012, la collection « Empreintes » réalisée par CAPA a diffusé un documentaire « Kouchner sans frontières ». En 2009, nommé directeur général délégué du groupe de production audiovisuelle CAPA. À 38 ans, Julien Kouchner se voit confier par le PDG et fondateur de CAPA, Hervé Chabalier, la mission d’adapter le groupe aux « nouveaux enjeux de l’industrie audiovisuelle ». Sans que cela soit officiel, Hervé Chabalier serait membre du club Le Siècle.
UMP : Membre de la commission pour la nouvelle télévision publique présidée par Jean-François Copé. Il a été fait Officier de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy en 2008.
Ils ont dit
« La justice a tranché: “Compte tenu des liens économiques entre la société CAPA et la société Vivendi, il était compréhensible que Philippe Val trouve dans cette coïncidence pour le moins singulière matière à alimenter sa dénonciation récurrente de la mainmise des grands groupes industriels sur les moyens d’information.” Le 26 mai 1999, Philippe Val signait dans Charlie Hebdo un édito qui relatait la coupe dont il fut l’objet au cours de l’émission Place de la République produite par CAPA, la société de production d’Hervé Chabalier. Lors de l’enregistrement, Val s’en prenait à « Bouygues, Lagardère, Jean-Marie Messier ». À la diffusion, le nom de Messier, patron de Vivendi et actionnaire de CAPA via Canal+ avait été supprimé. Coupe qualifiée par Val de « censure ». Malgré la publication d’un droit de réponse dans l’hebdomadaire satirique, CAPA a attaqué Val pour diffamation et a vu hier sa demande rejetée par la première chambre du tribunal de grande instance de Paris. » « CAPA perd contre « Charlie ». La société de production attaquait Val pour diffamation. » — Libération, 26 avril 2000
Au sujet du reportage sur la pédophilie : « Le SNJ avait demandé à la direction de France 2, le 22 octobre 2008, de renoncer à ce projet, car il portait en lui toutes les dérives possibles. Il n’était pas digne du service public. Quand l’information devient spectacle, on perd l’authenticité du journalisme. La direction du service public a décidé d’ignorer ces avertissements et ces questions et de laisser l’agence Capa monter seule au front. Les explications de cette dernière sont assez pitoyables et celles d’Hervé Chabalier sont bien loin de sa tribune dans Le Monde du 26 mars 2008, où il proclamait son attachement à la protection des sources au nom de la liberté d’expression, pierre angulaire de la démocratie, et trouvait inenvisageable qu’une autorité judiciaire puisse obliger un journaliste à révéler ses sources. Nous étions alors d’accord. », Dominique Praladié, secrétaire général du SNJ, Valeurs Actuelles, 15 avril 2010.
Crédit photo : France Inter, 30 décembre 2009