Né le 28 juillet 1964, Hervé Gattégno a été rédacteur en chef de l’édition française de Vanity Fair jusqu’en 2016, puis est devenu directeur de la rédaction du JDD jusqu’en octobre 2021. Il est marié et a trois enfants avec Anne-Cécile Sarfati, ex-avocate et ancienne rédactrice en chef du magazine féminin Elle. Descendant d’immigrés grecs, il grandit à Marseille dans un milieu bourgeois. Son père est ingénieur, marié à une mère au foyer. Début 2022 il rejoint L’Opinion, le quotidien du CAC40, comme éditorialiste.
Formation
Il est diplômé de l’École publique de journalisme de Tours et de l’École de journalisme et de communication de Marseille
Parcours professionnel
Il commence au Méridional (1988), quotidien régional marqué à droite qui vient d’être racheté par Jean-Luc Lagardère, avant de rejoindre le Nouvel Observateur (centre-gauche) où il travaille au service Enquêtes de 1989 à 1992.
Il passe au Monde en 1992 et s’y spécialise dans l’investigation. Il est nommé chef du service politique par Edwy Plenel en 1994 puis rédacteur en chef de la rubrique « France » et y reste jusqu’en 2007. Il pousse vers la sortie deux journalistes jouissant alors d’une bonne réputation, Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué, qui ne reviendront au Monde qu’après son départ. Selon Ariane Chemin, le journaliste fonctionnerait de manière « clanique. Il veut des gens à lui et sans doute estimait-il que nous n’avions pas fait assez allégeance ». Obstiné, il candidate tout de même à la direction du Monde début 2011, mais le choix des actionnaires se porte sur Érik Izraelewicz. Passé au Point – où il est rédacteur en chef de la cellule investigation – il est aussi chroniqueur depuis 2010 dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur RMC (Le parti pris de Gattegno). Il quitte l’hebdomadaire après que Franz-Olivier Giesbert lui ait préféré Étienne Gernelle pour sa succession à la tête du Point.
Il fait publier par le Point les enregistrements du majordome de Liliane Bettencourt, enquête sur les frégates de Taïwan pour le Monde et y publie des révélations sur les affaires Clearstream et Elf. Après son départ, il y publie encore en 2013 des chroniques qui relaient ses « parti pris » sur RMC chez Bourdin et quelques papiers politiques en 2015 et 2017.
Il se distingue aussi d’une autre manière dans l’affaire Kamal (1993–2005) en répercutant les accusations du franco-marocain Karim Kamal qui accuse son ex-femme de pédophilie pour obtenir la garde de sa fille sans que jamais le journaliste du Monde ne la rencontre.
En mai 2004 il est condamné en appel avec Jean-Marie Colombani à 3000 € d’amende pour diffamation envers Roland Dumas qu’il a accusé dans un article paru le 20 juin 2002 d’avoir fait prendre une décision favorable à Chirac par le conseil constitutionnel – et ce sans apporter de preuve. Il avait déjà été condamné en première instance, mais la cour d’appel a ajouté pour les deux journalistes 4500 € de dommages et intérêts à payer solidairement à Roland Dumas.
Dans Le Monde encore il écrit un article en 2005 à la gloire d’Iskander Safa, marchand d’armes… qui avait payé son voyage au Liban peu avant. À la police, il répond : « Le fait que M. Safa ait pris l’initiative de m’adresser un billet d’avion n’a aucunement porté atteinte à mon indépendance » (Bakchich, 18/09/2007).
Il est ensuite rédacteur en chef Enquêtes-Investigation chez Vanity Fair à partir du lancement de la version française en 2013. Il interviewe notamment l’ancien bras droit de Kaddhafi Béchir Saleh – cet article provoque une polémique. Auditionné par la police en septembre 2014, Pierre Péan l’accuse – sans en apporter les preuves – d’avoir écrit sur commandite d’une « cellule créée autour de Sarkozy pour contrer l’enquête sur le financement libyen » dans « l’objectif que Béchir Saleh ne parle pas ».
« Dans cette cellule figurait Alexandre Djouhri qui connaissait Bachir Saleh pour avoir fait des affaires ensemble. Tous les deux m’ont été présentés comme étant très très proches. Dans ce cadre-là, l’objectif était que Bachir Saleh ne parle pas. Et c’est dans cette mission qu’a été lancée cette interview dans Vanity Fair via son ami Hervé Gattegno », assène l’écrivain.
Mediapart reprend cette affaire – et ce témoignage – en novembre 2016 pour éclairer l’hypothétique « connivence » entre Hervé Gattegno et Alexandre Djouhri, que le premier s’empresse d’infirmer dans un droit de réponse musclé, auquel Edwy Plenel répond lui-même en persistant dans son affirmation.
Le 14 février 2017, Gattegno intente un procès à Edwy Plenel ainsi qu’aux deux journalistes auteurs de l’article, Fabrice Arfi et Karl Laske, pour diffamation. La 17e chambre correctionnelle condamne Mediapart en indiquant que les arguments de la défense ne permettent pas de prouver que le plaignant a pris part de façon délibérée à une campagne de désinformation. Le 21 novembre, la cour d’appel de Paris infirme le jugement précédent et reconnaît que Mediapart pouvait se targuer de bases factuelles solides qui justifiaient leurs assertions.
En juin 2016, il est nommé rédacteur en chef du Journal du Dimanche où il remplace Jérome Bellay. Il est notamment chargé de gérer le rapprochement avec Europe 1. En septembre 2017, il rend compte (CBNews, 3/9/2017) : « notre page d’indiscrets est réalisée en collaboration avec Europe 1. Idem pour le fact checking. On a concrètement instauré des mutualisations, particulièrement pour les reportages à l’étranger ».
Le 5 mars 2017 le JDD publie un entretien « très cadré » de Pénélope Fillon, en pleine polémique sur ses hauts revenus pour des emplois supposés fictifs. Elle s’y défend et L’Humanité (communiste) estime que cet entretien est mené par Hervé Gattegno avec « complaisance » et « empathie ».
En 2018, Alain Weill l’envisage un temps pour diriger l’Express, mais Gattégno décline la proposition, conscient que sa situation au sein du groupe Lagardère est confortable. Il sait déjà qu’il est en pole position pour reprendre Paris Match.
Ainsi, c’est tout naturellement qu’il est nommé directeur général de la rédaction de Paris Match en 2019, parallèlement à ses fonctions éditoriales au JDD. Parallèlement, il est également éditorialiste à Europe 1 le dimanche matin.
À l’issue du verdict de l’affaire des écoutes, qui voit Nicolas Sarkozy être condamné à trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, Hervé Gattegno vole au secours de l’ex-président dans son éditorial de Paris Match publié le 11 mars 2021. Cette prise de position indispose sa rédaction qui le désavoue à travers un communiqué largement relayé : « Il est une chose de donner la parole à un ancien président de la République, par ailleurs membre du conseil de surveillance du groupe Lagardère, propriétaire de Paris Match. Il en est une autre de commenter une décision de justice en prenant parti, et d’engager ainsi toute une rédaction profondément attachée à la liberté de la presse ». La proximité du patron de presse avec l’ancien président interroge en haut lieu et lui vaut d’être dans le viseur de la justice en juin 2021 dans le cadre d’une enquête diligentée par le Parquet national financier (PNF) pour « subornation de témoin ». La cause ? Le troublant revirement de Zied Takkiedine dans les colonnes de Paris Match, où celui-ci retire ses accusations concernant le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. Gattegno est suspecté par les enquêteurs de faire partie d’un complot visant à obtenir la rétractation de Takkiedine, même si l’intéresse nie énergiquement toute implication.
Ses comptes et ses appels téléphoniques sont épluchés par les policiers au mépris du respect des sources, ces derniers invoquant des faits d’une « particulière gravité ». L’affaire entraîne la mise en examen, puis l’incarcération de Mimi Marchand, fondatrice de l’agence photo Bestimage et bien connue du tout-Paris, qui s’était rendue elle-même au Liban pour superviser le reportage. Dans la foulée, la Société des journalistes de Paris Match, irritée par sa proximité avec les puissants, désavoue son directeur de la rédaction et lui adresse une lettre très critique en guise de coup de semonce.
Le 19 octobre 2021, selon le journal en ligne d’investigation Reflets, Hervé Gattegno quitte le JDD et Paris Match.
Exclusif: Hervé Gattegno quitte le @jdd. Effectif dès cette semaine. Selon des sources internes, licencié, il aurait signé un accord de départ. Une annonce devrait intervenir aujourd’hui.
— reflets.info (@_reflets_) October 19, 2021
https://twitter.com/julienmuguet/status/1450387224730775552
Il ne reste pas longtemps sans emploi pour rejoindre début 2022 le quotidien du CAC40 – L’Opinion – où il forme un duo éditorial avec Laurent Joffrin. Un numéro de duettistes, gentil flic faux méchant flic, qui ne devrait pas être trop hostile à la réélection du président sortant.
Parcours militant
Selon L’Express (2002), il est proche d’Arnaud Montebourg.
« Mais c’est surtout sur Le Monde et sur Hervé Gattegno que Montebourg va s’appuyer. Entre l’avocat et le journaliste d’investigation, tout a commencé en 1992, avec l’affaire du Carrefour du développement : Montebourg défend l’ancienne présidente de cette association, Hervé Gattegno suit le procès pour Le Nouvel Observateur. La relation de travail devient vite une histoire amicale : en 1997 […] le journaliste — qui, entre-temps, a rejoint la rédaction du Monde — assiste au mariage de l’avocat avec Hortense de Labriffe […] Plus tard, Arnaud Montebourg est lui aussi de la fête au mariage d’Hervé Gattegno, célébré à Marseille par le premier adjoint au maire, le député RPR Renaud Muselier. […]Le phénomène est générationnel, mais il va bien au-delà: entre la rédaction en chef du Monde, Hervé Gattegno et Arnaud Montebourg, il y a une concordance sur le fond. […]Hervé Gattegno, qui ne l’appelle qu’ «Arnaud», même dans le huis clos de son journal, assistait-il, au début d’octobre, à la conférence de presse qui lançait le NPS, tandis qu’un autre journaliste du Monde, assis plus loin dans la salle, posait les questions pour un article »
Guy Benhamou, qui écrit en 2004 Arnaud Montebourg, l’ambition à tout prix, donne des détails sur cette relation. Arnaud Montebourg, à l’époque connu comme avocat, n’a été cité que sept fois en 1994 dans Le Monde. « En revanche, l’année suivante, Montebourg apparaît dans trente-sept articles », alors que Hervé Gattegno vient d’y arriver. Et « cet accès privilégié à un journaliste du Monde, Montebourg sait le faire partager ». Notamment à un de ses confrères, Jean-Marc Fedida dont le client est éreinté dans un article de Gattegno : il obtient que l’avocat et le journaliste se rencontrent.
Au cours de ses papiers dans Le Point, même après son départ, il prend position tour à tour en défense de Nicolas Sarkozy accablé par les juges, contre les Le Pen – et pour l’exclusion du père du FN – ou encore pour une ingérence internationale et française contre Bachar-el-Assad en Syrie. Son arrivée début 2022 au quotidien économique L’Opinion semble marquer un tournant plus macroniste que sarkozyste.
Collaborations
Il figure parmi les intervenants de l’association artistique et philosophique Arte-Filosofia, créée à Cannes en 2001, et qui organise les Rencontres de Cannes chaque année.
Publications
- 1997 : « Journalisme et recel : aspects journalistiques », dans Jean-Yves Dupeux (dir.) et Alain Lacabarats (dir.), Liberté de la presse et droits de la personne, actes du colloque organisé le 20 juin 1997 par le Tribunal de grande instance de Paris et l’Ordre des avocats à la Cour de Paris, Dalloz, coll. « Thèmes et commentaires », Paris, 163 p. p. 131–136
- 1998 : L’Affaire Dumas, Stock, Paris, 278 p. ; nouv. éd. aug. sous-titrée Dernière édition avant procès, 2001, 400 p., au sujet de l’affaire Dumas
- 2006 : L’Irresponsable : Une présidence française, 1995–2007, Stock, Paris, 303 p., au sujet de la présidence Chirac
- 2007 : Femmes au pouvoir : Récits et confidences, avec Anne-Cécile Sarfati et la collaboration de Myriam Levain, Stock, Paris, 401 p.
Ce qu’il gagne
Il gagnait 8000 € par mois au Point, selon Bakchich (2007).
Sa nébuleuse
Edwy Plenel : Hervé Gattegno est considéré comme un « bébé Plenel » (Pierre Péan/Philippe Cohen, La face cachée du Monde, Mille et une nuits, 2003). Il a signé un appel qui demandait son maintien comme rédacteur-chef du Monde. Néanmoins, ils se seraient depuis fâchés, d’abord à cause du refus d’Hervé Gattegno de rejoindre Médiapart lancé en 2008, puis de leur concurrence sur l’affaire Bettencourt. À Libération, il confie : « J’ai participé aux premières réunions [de Mediapart], je n’ai pas senti le projet, explique-t-il. Edwy est un journaliste exceptionnel. J’ai passé quelques-unes des meilleures années de ma vie professionnelle avec lui. Mais il a besoin de contre-pouvoirs et j’ai senti qu’il n’en aurait pas à Mediapart. Au Monde, la dimension et la diversité de la rédaction agissaient comme un surmoi. Sa devise était : “Penser contre soi-même.” Croyez-vous vraiment qu’il le fasse encore ? ».
« Edwy Plenel repère Hervé Gattegno après la parution d’un article le concernant dans Le Nouvel Observateur. En 1992, il le recrute au Monde pour renforcer les effectifs du service investigation. Plenel ne se contente pas de flairer le talent de l’enquêteur, il devient, selon certains, son “père spirituel”. Le mimétisme opère tant que Gattegno se met même à fumer le cigare, rapportent plusieurs témoins de l’époque » (L’Express, 26/4/2018, op. Cit.)
Marc Francelet, qui aurait facilité son passage du Monde au Point : « Francelet se vante d’avoir tiré une belle épine du pied de son ami Gattegno, qui était tricard au Monde, en le faisant embaucher par l’hebdo Le Point, à 8 000 euros mensuel » (Bakchich, 18/9/2007, op.cit)
Alexandre Djouhri (Challenges, 2018, mais aussi Mediapart en 2016). Il se trouve en effet qu’un « rapport transmis aux juges, le 26 novembre 2014, par l’Office anti-corruption (OCLCIFF), relève par ailleurs que « les investigations mettent en évidence le rôle actif d’Alexandre Djouhri vis-à-vis d’Hervé Gattegno ». Et plus encore : « L’analyse des fadettes (factures détaillées) du portable suisse utilisé par Alexandre Djouhri fait apparaître, en janvier 2013, 61 communications entre le journaliste et l’intermédiaire en un an. Le 3 mai 2012, jour de l’exfiltration de Bachir Saleh, l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, de Paris vers le Niger, la ligne d’Alexandre Djouhri, qui est l’organisateur de la fuite, enregistre « une communication de 17 minutes » avec Hervé Gattegno », relève Mediapart (op. cit)
En 2021, Libération précise que les deux hommes se connaissent depuis bien plus longtemps, au moins depuis l’affaire Elf en 1994 : «“Le rôle du journaliste du Monde Hervé Gattegno était tel qu’il s’agissait presque d’une partie au dossier, avec des fuites incessantes”, s’exclame un magistrat. Alors «Monsieur Afrique» d’Elf, André Tarallo, craint que ses turpitudes soient dévoilées et confie sa «communication» à Alexandre Djouhri, un ancien loulou de banlieue qui va bientôt se mouvoir dans les coulisses du pouvoir et connaît déjà Gattegno.»
Paul Barril, d’après Gilles Gaetner (les journalistes ne devraient pas dire ça : quand la presse va trop loin… ou pas assez, 2017). Ce dernier lui donne des tuyaux, dont deux au moins sont crevés. En 1994 Barril certifie que grâce à la boîte noire, l’on pourra trouver la cause du crash du Falcon 50 du président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, problème l’avion n’avait pas de boîte noire.
En 2002, nouveau crash… lorsque Gattegno laisse entendre dans Le Monde que la maison conséquente construite au cap d’Antibes par le promoteur Christian Pellerin devait héberger Mitterrand dans ses vieux jours, l’ancien président aurait même visité les lieux le 29 novembre 1989. Ce jour là il était à Athènes, comme le confirme son exécuteur testamentaire André Rousselet.
Il l’a dit
« Il est à peu près certain que Bachar el-Assad utilise des armes chimiques contre son peuple. Face à cela, même des livraisons de missiles ne suffiraient pas — ce serait une façon commode de s’impliquer sans agir. C’est l’intervention d’une force internationale qui s’impose », Le Point, 29/05/2013.
« Si le FN a un honneur et si la “dédiabolisation” dont on nous rebat les oreilles existe vraiment, Marine Le Pen peut le prouver en excluant son père », Le Point, 21/06/2013.
Il faut « supprimer le défilé militaire du 14 juillet », a‑t-il plaidé sur RMC/BFM-TV le 11/07/2014. Et de renchérir : « la parade annuelle de nos armées est inutile et anachronique – il n’y a plus que les dictatures qui le font. C’est un déplacement de force déplacé. Et une démonstration de force gratuite qui est plutôt couteuse (en argent, en temps et en carburant – sans parler de l’empreinte carbone). Donc on pourrait s’en dispenser sans transformer la fête nationale en défaite nationale ».
« Emmanuel Macron est encore plus diviseur qu’Arnaud Montebourg », RMC/BFM-TV, 09/06/2015.
« Penser contre soi-même », disait jadis le grand journaliste auprès de qui, au Monde durant quatorze ans, j’ai appris tant de choses sur notre métier et la spécialité d’enquêteur, les efforts particuliers qu’elle exige et les rudesses auxquelles elle expose. Il s’appelait Edwy Plenel. Il faut croire que ce précepte n’a plus cours dans le média qu’il dirige, tant les certitudes y tiennent lieu de vérifications, tant les présupposés y supplantent les recoupements », droit de réponse à Mediapart, 25/11/2016.
« Nicolas Sarkozy n’est pas traité comme un justiciable ordinaire […] Il y a une compétition entre les magistrats pour avoir Nicolas Sarkozy dans son bureau», RMC/BFM-TV, 16/02/2017.
« Si on veut un débat sérieux, un débat où on aborde les vrais thèmes, il faut se concentrer sur les candidats qui peuvent prétendre vraiment gouverner le pays. Vous savez, avec onze candidats, dont un complotiste, deux trotskistes et celui qui veut coloniser la planète Mars, ce n’est plus un débat, c’est un jeu télévisé », Europe 1, 19/3/2017, au sujet de la volonté de TF1 de n’inviter au débat que cinq des onze candidats à la présidentielle [cité par Acrimed]
« Mon grand discours, en interne comme à l’extérieur, c’est qu’il faut en finir avec le fatalisme de la presse imprimée », CBNews, 03/09/2017.
« La phrase qu’on m’a entendu dire cent fois ici c’est : “Quand on est le Journal du Dimanche, on peut être soit le dernier journal de la semaine, soit le premier de la semaine qui vient “. Et évidemment, nous avons choisi d’être le plus souvent possible le journal qui donne le tempo de la semaine. Celui qui va lancer l’info qui va faire tout le début de la semaine […] Le deuxième objectif c’est de considérer que le JDD a vocation à être un journal de qualité, voire de référence, dans la presse du week-end. Nos concurrents, en dehors des chaînes d’info continues et du téléphone, ce sont le Parisien dimanche, l’Equipe et tous les suppléments dominicaux de la presse quotidienne régionale. Dans cet univers nous devons nous situer comme le journal qui touche des gens qui appartiennent à des milieux un peu plus qualifiés, qui s’intéressent à la culture, à l’actualité internationale, à l’économie. Nous ne sommes pas un journal populaire, nous sommes un journal grand public de qualité », ibid.
« Il y a une double page d’enquête. C’est un long récit, d’un seul tenant, pour donner de la majesté au texte. Je crois beaucoup à cette forme d’écriture. J’ai été au Monde, au Point, j’ai fait partie de l’équipe de création de Vanity Fair et je crois aux textes longs pour peu que le sujet en vaille la peine, que l’enquête soit de qualité et qu’il soit bien écrit. Nos études nous disent que nous avons un temps de lecture qui est probablement le plus long de tous les hebdos français », ibid.
« Nous sommes un hebdomadaire qui a une force unique puisqu’il est le seul à boucler deux heures avant sa parution. Ça veut dire que jusqu’à minuit le samedi, on peut changer des choses dans le journal. […] Nous sommes un hebdomadaire avec la réactivité d’un quotidien », ibid.
« Nous devons – et nous y arrivons — avoir un scoop au minimum par semaine. C’est très important pour la marque du JDD », ibid.
« Avec Macron c’est je décide, on ne discute pas », le JDD, 18/03/2018.
« C’est une fierté de diriger un journal comme Paris Match. C’est le premier journal français, le premier en termes de prestige, le premier par les ventes. C’est plus de 500.000 exemplaires par semaine, c’est le titre français le plus connu dans le monde », Europe 1, 31/10/2019.
« Ainsi donc, Nicolas Sarkozy était coupable. C’est ce qu’a estimé le tribunal qui lui a infligé une peine infamante (dont il a fait appel) : trois ans de prison dont un an ferme pour « trafic d’influence » et « corruption » — une première s’agissant d’un ancien chef d’État, ont relevé les experts. Coupable, mais de quoi exactement ? Difficile à dire », Paris Match, 11/03/2021.
« Les principes : si la loi protège nos enquêtes et nos sources, ce n’est pas pour couvrir les turpitudes des journalistes mais pour garantir le droit des citoyens à être informés. En démocratie, on n’enquête pas avec les moyens de l’État sur les journaux qui déplaisent, on n’arrête pas les journalistes dont les écrits dérangent ; la police ne fouille pas leurs ordinateurs ni ne surveille leurs téléphones. Disons-le ici avec force : Paris Match n’a commis aucun délit, soudoyé ni manipulé personne, participé à aucune manœuvre contraire à l’éthique », Libération, 09/06/2021.
« Je ne suis pas sarkozyste. Je n’ai jamais voté pour lui et n’ai pas l’intention de le faire. Il le sait, je le lui ai dit. Dans ma génération, je suis un des rares journalistes qui ne le tutoie pas », Libération, 08/07/2021.
On l’a dit à son sujet
« Alexandre Djouhri se serait vanté de pouvoir intoxiquer la presse, notamment Hervé Gattegno », Pierre Péan, La République des mallettes, éd. Fayard 2014
« Avant de faire le choix de ne plus mettre les pieds à Paris à la suite de la mise en examen de Claude Guéant en 2015, Djouhri pouvait téléphoner à Ramzi Khiroun, conseiller d’Arnaud Lagardère et porte-parole de Lagardère SCA, pour se plaindre d’un article de Paris Match, ou encore demander à Hervé Gattegno, ancien rédacteur en chef de Vanity Fair et aujourd’hui directeur de la rédaction du Journal du dimanche (JDD), de sortir « des conneries » sur les uns et les autres. « Ah bah, bien sûr ! », lui répondait le patron du JDD », Mediapart, 14/11/2016.
« Commencée il y a plus de cinq ans, en juillet 2011, l’enquête de Mediapart sur les liens d’argent entre la dictature libyenne et le clan sarkozyste s’est longtemps heurtée à un dénigrement médiatique, contestant le sérieux et la crédibilité de nos révélations, aujourd’hui amplement confirmées et largement prolongées par les informations judiciaires et les investigations policières. Sans jamais solliciter notre rédaction […] et par conséquent sans lui-même respecter le contradictoire dont aujourd’hui il se fait l’avocat, Hervé Gattegno fut à l’avant-garde de cette campagne, accordant crédit à un faux témoin […] et relayant la version mensongère d’un seul ancien dignitaire libyen, Bachir Saleh […] Venant d’un journaliste ayant la réputation d’un investigateur rigoureux, cet aveuglement incompréhensible a fini par intriguer les enquêteurs de la police judiciaire […] ils ont tenu à faire état sur procès-verbal de leurs découvertes et de leurs interrogations sur les manœuvres auprès des médias de l’intermédiaire Alexandre Djouhri, agissant explicitement dans l’intérêt de Nicolas Sarkozy dont il est proche, notamment auprès du groupe Lagardère que notre confrère a, depuis, rejoint. Loin de vouloir enseigner la déontologie à Hervé Gattegno, notre article se contentait de rendre compte de cet étonnement policier », Edwy Plenel, réponse au droit de réponse à Mediapart, 25/11/2016, op. Cit.
« Ce n’est pas nouveau : Le Point est à l’investigation journalistique ce que Bernard Madoff est à la finance… Et quand le magazine dépêche l’un de ses plus fins limiers — le très respecté et respectable Hervé Gattegno — sur la piste de Julien Coupat, les révélations tombent comme des obus à Verdun. Un très bel exemple de ce que le journalisme peut produire de plus infâme », Article 11, 29/04/2009.
« Par son expérience incontestable, ses qualités professionnelles reconnues et son caractère, Hervé Gattegno garantit l’exigence journalistique du JDD, son indépendance rédactionnelle et la poursuite des projets engagés, en particulier la réforme de sa maquette, le développement numérique et le rapprochement avec Europe 1 », Denis Olivennes à son sujet, 28/06/2016.
« Pas vraiment un hasard si [Sarkozy] a choisi de dégainer dans [le JDD]. Pour le comprendre, il suffit de connaître la guerre fratricide qui oppose depuis près d’une décennie Edwy Plenel et Hervé Gattegno, l’actuel directeur de la rédaction du JDD. Accorder un entretien à Gattegno, c’est l’assurance de pouvoir glisser une pique contre Plenel au passage. », L’Express, 16/04/2018.
« Hervé Gattegno a vraisemblablement des comptes à régler avec son passé plénelien », Fabrice Arfi à ce sujet, ibid.
« Peu importe si le sujet ne correspond pas à la ligne éditoriale de Vanity Fair. Peu importe si les articles sont globalement mal reçus par les journalistes de la rédaction. Hervé Gattegno, lui, en est sûr : Nicolas Sarkozy est innocent, et il ne se prive pas de l’écrire », ibid.
« Je vois que ce sondage est diffusé dans le JDD. J’ai déjeuné avec le patron du Journal du Dimanche, Monsieur Gattégno, et il m’a dit, “Madame Le Pen, je ne suis pas tenu par le CSA, par conséquent, laissez-moi vous expliquer la chose suivante : je ne vous interviewerai jamais dans mon journal et je vous traiterai exactement comme je traite le Nouveau Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot, un parti qui fait 1 % des voix.” C’est un journal militant et il a le droit de l’être », Marine Le Pen, Dimanche en politique, France Info, 28/03/2021.
« La première fois que je l’ai rencontré, il m’a dit qu’il avait vu Sarkozy pendant l’été au cap Nègre. Quelques jours plus tard, peu avant que Montebourg se déclare à la primaire de la gauche en 2016, il m’a commandé un article en me disant : “Arnaud n’a pas de programme, il faut que tu fasses comme s’il avait des idées” […] Sa relation aux politiques est assumée. Il a des amis, des affidés, des gens qu’il sert », Cécile Amar, ex-journaliste au JDD, Libération, 08/07/2021.
« Ces dernières années, Gattegno ne ferraille plus contre les puissants mais leur trouve toutes les circonstances atténuantes face aux “errements d’une justice déboussolée, tantôt désinvolte et tantôt tyrannique”, écrit-il dans Match. Il est prompt à dénoncer un “complot des juges”, rarement les manipulations visant à tromper la justice financière. “Il avait été au parti des juges, il est désormais passé à celui des avocats”, sourit une robe noire. L’avocat Jean Veil, un ami, l’encense en soulignant que “lui, au moins, ne piège pas les gens sur lesquels il écrit”.
La présomption d’innocence prévaut à ses yeux sur les soupçons judiciaires et, du coup, plutôt que de porter la plume dans la plaie, il tend le micro : rarement aux faibles et aux petits, surtout à des personnalités défendues par des avocats influents tel Jean Veil, Hervé Temime, Jacqueline Laffont. Qui, devenue son avocate, défend le fameux Safa ou Nicolas Sarkozy », Libération, 08/07/2021.
Crédit photo : capture d’écran vidéo RMC (DR)