Le modéré engagé
« Quelque part le réalisme est toujours une forme de pétainisme. »
JFK, Le Nouvel Obs, 7 juin 2011
Jean-François Kahn, communément appelé « JFK », est un journaliste et écrivain français très présent et estimé dans la sphère médiatique. Issu d’une famille d’origine juive alsacienne par son père, il est né à Viroflay (Seine-et-Oise) en juin 1938. Historien de formation, il est le fils du philosophe Jean-Kahn-Dessertenne, et le frère du chimiste Olivier Kahn ainsi que du généticien Axel Kahn. Sous l’Occupation, Jean-François Kahn portera le nom de jeune fille de sa mère, Ferriot, catholique pratiquante et ancienne “Croix de feu” et ne reprendra son nom de Kahn qu’à la fin des années 1950.
Connu pour ses positions libérales et sa critique du « néolibéralisme », qui trahit selon lui le vrai libéralisme en devenant une sorte de « communisme privatisé », JFK est avant tout l’un des cofondateurs de l’hebdomadaire Marianne. Proche du Modem de François Bayrou, il soutiendra le candidat à plusieurs reprises et se présentera même sur une liste Modem aux européennes de 2009.
Son ascension journalistique, marquée de nombreuses publications d’ouvrages alarmistes et d’un anti-sarkozysme acharné, se terminera en même temps que l’affaire DSK, lors de laquelle un commentaire de mauvais goût le contraindra à se retirer du journalisme.
Engagement militant
Durant ses études à l’université, Jean-François Kahn adhère au Parti communiste pendant 2 ans et demi, entre 1956 et 1958. Comme nombre de jeunes de sa génération, il s’enthousiasme pour Pierre Mendès France et son engagement politique de l’époque se situe à mi-chemin entre le réformisme mendésien et l’élan communiste.
Arrivé au rang de journaliste reconnu, il soutiendra François Bayrou à plusieurs reprises et se présentera aux européennes de 2009, sous l’étiquette du Mouvement démocrate.
Parcours
JFK n’est pas issu des grandes écoles de journalisme. Il passe son collège dans un cours privé dirigé par son propre père, cours où il a notamment pour condisciple un certain Jean-Edern Hallier. Il poursuit ensuite ses études secondaires au lycée Charlemagne, puis à Henri IV. Une fois son baccalauréat en poche, il conjugue activité militante et études d’histoire et d’économie à la Sorobonne et à l’IEDES (Institut d’Etudes et de développement économique et social). Il a fait une licence d’histoire, qu’il a obtenue, avant de s’en aller travailler dans le tri postal à la Gare du Nord, puis dans une société de crédit et enfin dans une imprimerie. C’est par la suite qu’il se lancera dans le journalisme. Il débute comme stagiaire au service économique du journal Paris Presse l’Intransigeant en 1959 et couvre la guerre d’Algérie. Il passe ensuite au Monde puis à L’Express en 1964 en tant que reporter sous la supervision de Françoise Giroud. C’est lui qui est notamment à l’origine des révélations sur l’affaire de l’enlèvement du leader marocain Ben Barka.
Après un passage comme chroniqueur sur Europe 1, il est nommé directeur de la rédaction des Nouvelles Littéraires en 1977 et contribue à redresser le titre. Au cours des années 70–80, il investit la télévision et les plateaux d’émissions politiques comme « L’Heure de vérité » sur Antenne 2. Il anime au cours de la même période deux émissions de chanson française : « Avec tambour et trompette » sur France Inter puis « Chantez-le moi » sur Antenne 2.
En 1984, il lance le magazine L’Événement du Jeudi, qui traite de l’actualité générale sur un ton virulent, avec un système original de souscriptions auprès des lecteurs. Le journal sera ainsi financé par pas moins de trente mille actionnaires également membres du club de L’Événement du jeudi, qui organisait concerts, dîners ou pièces de théâtre. JFK participe ainsi à lancer des jeunes journalistes qui, pour certains deviendront des indéboulonnables du système médiatiques français, notamment Philippe Labro, Jérôme Garcin et l’inséparable duo Domenach/Szafran. Après avoir été racheté par Lagardère puis récupéré par JFK, l’hebdomadaire devient un magazine culturel. Les ventes étant stagnantes, il décide alors de le revendre à France-Soir, qui en fait son supplément culturel en 2000. Devenu L’Événement France-Soir, il sera remplacé en février 2001 par TV Magazine, après 23 numéros parus.
En 1997, Jean-François Kahn crée l’hebdomadaire Marianne et assurera sa direction durant 10 ans. Après 2007, il continue à tenir une chronique intitulée « bloc-notes » jusqu’en 2011. En parallèle, il collabore à l’émission radio « Pourquoi pas dimanche ? » sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada. Il y tient une chronique hebdomadaire sur l’actualité politique française et européenne.
En 2011, en pleine affaire du Sofitel de New-York impliquant Dominique Strauss-Kahn et une accusation de tentative de viol sur une femme de chambre, JFK prend la défense du président du FMI en déclarant qu’il est « pratiquement certain qu’il n’y a pas eu tentative violente de viol ». Par ailleurs, il relativise l’affaire en estimant qu’il ne s’agit que d’un « troussage de domestique ». Ses propos provoquent un tollé. Accusé de manifester une « solidarité de caste » (par la Droite Populaire) et de justifier un viol, il présente ses excuses et annonce qu’il se retire du journalisme. Il déclarera que son expression était « totalement inacceptable », confiant avoir « rarement vécu une telle déchirure intérieure ».
En mai 2013, Marianne rappellera JFK pour ses « conseils » en matière de ligne éditoriale. Mais pour Télérama, pendant trois mois, ce dernier a eu « les pleins pouvoirs ». « Il a rendu la une plus agressive, réinjecté de la polémique dans les articles, viré les chroniqueurs, qui alourdissaient, selon lui, le journal, déboulonné les services », écrit l’hebdomadaire. Cependant, cela ne fera pas repartir les ventes du magazine, qui avait tout misé sur l’anti-sarkozysme avant de sombrer sous le mandat Hollande. « Les recettes d’antan du directeur des Nouvelles littéraires et fondateur de L’évènement du jeudi ne font plus miracle », conclut Télérama.
Depuis, JFK continue l’écriture de ses livres et se tient plus ou moins en marge du monde médiatique, même si ses essais sont complaisamment recensés par ses anciens confrères, Laurent Joffrin en tête.
Prises de position
Parmi les sujets souvent traités par JFK, on retrouve l’idée que le néolibéralisme est à l’opposé des « vraies valeurs libérales », devenant une sorte de « communisme privatisé ». Cette condamnation, qu’il claironne inlassablement d’articles en articles, est parfois convoquée maladroitement, comme lorsque il présente l’idéologie néolibérale comme « la cause du désastre » des émeutes de 2005. Dans un tout autre registre, il s’oppose à l’intervention de l’OTAN en Serbie en 1999 et à la guerre d’Irak en 2003, ce qui lui aliènera notamment les amitiés de futures figure de proue du néo-conservatisme hexagonal comme Bernard Kouchner ou Pierre-André Taguieff.
En 2005, il prend position pour le « oui » à la Constitution européenne tout en dénonçant le peu de temps de parole médiatique des partisans du « non ».
À l’élection présidentielle de 2007, il soutient ouvertement François Bayrou et s’engage dans un combat contre Nicolas Sarkozy. Il fera d’ailleurs paraître une longue enquête sur la campagne de celui-ci dans Marianne, à une semaine du premier tour.
En 2008, il s’investit en tant que candidat du Mouvement démocrate pour les élections européennes de 2009. Lors de celles-ci, il recueille 9,43 % des suffrages mais se désiste, conformément à sa promesse, au profit de la députée européenne sortante Nathalie Griesbeck. Lors des élections présidentielles de 2012, il soutient à nouveau François Bayrou. Au second tour, il appelle « tous les républicains et tous les démocrates » à « barrer la route » à Nicolas Sarkozy, dénonçant « un discours ouvertement pétainiste »…
En 2009, il crée le club de réflexion Crréa (centre de réflexion et de recherche pour l’élaboration d’alternatives), destiné à « travailler à des alternatives qui dépassent les discours anciens et les approches qui ont fait faillite ».
À partir de 2013, il critique ouvertement la stratégie du « front républicain » face au Front National, démontrant qu’elle ne fonctionne pas et laisse à penser que PS et UMP défendent un même système.
À partir de l’élection de Donald Trump, il déplore que l’emploi du terme « populisme » soit uniformément utilisé dans la grande presse comme un repoussoir sémantique. Selon lui, c’est « un cadeau pour Marine Le Pen » car cela suggère que c’est le peuple lui-même qui est incriminé pour ce qu’il est.
Ce qu’il gagne
Extrait d’un entretien à Gala, le 21 juin 2009 : « Je m’en fous complètement. L’argent ne joue aucun rôle dans ma vie. J’ai créé des journaux, ça ne m’a jamais rapporté un franc, rien ! C’est de famille. Mon père était prof de philo, il écrivait des choses merveilleuses mais tellement compliquées qu’il n’a jamais trouvé un éditeur. »
Publications
- La Guerre civile, Seuil, 1982
- Et si on essayait autre chose ?, Seuil, 1983
- Les Français sont formidables, Balland, 1987
- Esquisse d’une philosophie du mensonge, Flammarion, 1992
- La Pensée unique, Fayard, 1995
- On prend les mêmes et on recommence, Éditions Grasset & Fasquelle, 1997
- Les Poèmes politiques, Fayard, 1998
- Tout était faux, Fayard, 1998
- Demain la révolution, Flammarion, 1999
- Chacun son tour, Stock, 2000
- Complot contre la Démocratie, Denoël, 2000
- Le Retour de terre de Djid Andrew, Critique de la raison capitaliste, Fayard, 2000
- Victor Hugo un révolutionnaire, L’Extraordinaire Métamorphose, Fayard, 2001
- Moi, l’autre et le loup, Fayard, 2001
- Les rebelles, ceux et celles qui ont dit non, Plon, 2001
- Ce que Marianne en pense, Éditions Mille et une nuits, 2002
- Le Camp de la guerre, Critique de la déraison impure, Fayard, 2004
- Dictionnaire incorrect, Plon, 2005
- Comme deux frères — mémoire et visions croisées (avec Axel Kahn), Stock, 2006
- Les Bullocrates, Fayard, 2006
- Tout change parce que rien ne change, Fayard, 2006
- L’Abécédaire mal-pensant, Plon, 2007
- Sur l’invariance en politique, Fayard, 2008
- Où va-t-on ? Comment on y va, Fayard, 2008
- Pourquoi il faut dissoudre le PS, Larousse, 2008
- L’Alternative. Oui, c’est possible !, Fayard, 2009
- Dernières salves. Supplément au Dictionnaire incorrect et à l’Abécédaire mal-pensant, Plon, 2009
- Faut-il croire les journalistes ?, avec Philippe Gavi, Edwy Plenel, Jean-François Kahn et Serge July, Éditions Mordicus,? 2009
- Philosophie de la réalité. Critique du réalisme, Fayard, 2011
- Petit César : comment a‑t-on pu accepter ça…, Fayard, 2011
- Menteurs !, Plon, 2012
- La Catastrophe du 6 mai 2012, Plon, 2012
- L’Invention des Français, Fayard, 2013.
- Comment s’en sortir, Plon, 2013
- L’Horreur médiatique, Plon, 2014
- Marine Le Pen vous dit MERCI !, Plon, 2014
- À bas cette gauche‑là, Plon, 2015
- L’ineffaçable trahison, Plon, 2015
- Réflexion sur mon échec, entretiens avec Françoise Siri, Éditions de l’Aube, 2016
- M la maudite, Tallandier, 2018
- Droit dans le mur !, Plon, 2020.
- Mémoires d’outres vies (tome 1) : Je me retourne sidéré…, L’Observatoire, 2021.
- Mémoires d’outres vies (tome 2) : Malgré tout, on l’a fait, on l’a dit!, L’Observatoire, 2022.
Il l’a dit
« La gauche intellectuelle, plutôt que mépriser un Rioufol ou un Zemmour, aurait dû s’interroger sur l’intérêt qu’il y avait, pour son combat, à multiplier dans la presse « amie » des tribunes totalement ésotériques à force de recourir à un jargon supposément valorisant, mais qui n’est, en fait, que narcissique.», Jean-François Kahn, « Mémoires d’outre-vies (Tome 2), p. 518.
« En réalité, la conception du journal, la hiérarchisation des « nouvelles » qu’elle impliquait, avait valeur implicite de commentaire, commentaire plus lourd que le commentaire lui‑même et d’autant plus efficaces qu’il ne se donnait pas pour commentaire.
La conception, radicalement idéologique en vérité, d’un neutralisme journalistique au-dessus de la mêlée (la mêlée, en fin de compte, étant la vie), m’était tout à fait étrangère. Ce que j’avais vécu, jusqu’ici, c’était l’hypocrisie, la duplicité ou l’outrance partisane d’une presse qui se donnait cyniquement pour objective. « Presse d’information » disait-on – tu parles ! Aussi engagée, en fait, que la presse engagée. »
« En fait, mon adhésion au Parti communiste n’eut qu’un motif, et je ne le récuse nullement aujourd’hui : rejoindre la seule force organisée, après la trahison socialiste et la marginalisation des radicaux mendésistes, qui militât en faveur d’une paix négociée en Algérie et s’opposât, ensuite, à l’inconcevable expédition de Suez », Mémoires d’outres-vies Tome 1 : Je me retourne, sidéré…. , p.154–155.
« En réalité, la conception du journal, la hiérarchisation des « nouvelles » qu’elle impliquait, avait valeur implicite de commentaire, commentaire plus lourd que le commentaire lui‑même et d’autant plus efficaces qu’il ne se donnait pas pour commentaire.
La conception, radicalement idéologique en vérité, d’un neutralisme journalistique au-dessus de la mêlée (la mêlée, en fin de compte, étant la vie), m’était tout à fait étrangère. Ce que j’avais vécu, jusqu’ici, c’était l’hypocrisie, la duplicité ou l’outrance partisane d’une presse qui se donnait cyniquement pour objective. « Presse d’information » disait-on – tu parles ! Aussi engagée, en fait, que la presse engagée. », Ibid, p.259
« Hier – et ce fut une grave faute que l’on paye très cher – on qualifiait de « populiste » tout ce qui dérangeait, tout ce qui n’était pas conforme à la conception que les « qualifiants » avaient de l’ordre établi. De leur ordre établi. Concept-valise, paresseux, dans lequel on pouvait enfourner n’importe quoi, n’importe qui, et qui donnait à croire que c’est la racine « peuple » qui rendait le qualificatif diabolisant. Le lepénisme en fit ses choux gras. », Le Monde, 3 janvier 2019.
« Quand j’écrivais le chapitre sur Mai 68 pour mon livre [M la Maudite, ndlr], je me suis dit que j’allais le donner à un journal. Mais je ne pouvais pas le donner à un journal de droite, à cause du discours de la droite sur Mai 68 – la cause de tous nos malheurs, de toutes nos dérives, de tout ce qui ne va pas aujourd’hui. Ni à un journal de gauche car celle-ci cultive une vision idéalisée et reconstruite de l’événement ! Chaque camp a construit sa mythologie, l’une totalement négative, l’autre totalement divine. Or aucune ne correspond à la complexité de Mai 68. D’ailleurs, il n’y a pas « un » Mai 68, comme il n’y a pas « une » révolution française, contrairement à ce qu’affirme Clemenceau : 1789 est une révolution libérale et 1793 une révolution en partie totalitaire. », Revue des Deux Mondes, 27 avril 2018.
« 90% des évènements m’ont donné raison. Je dis ça d’autant plus que les gens sont furieux quand on dit ça. Ca met en colère quand vous dites « j’ai eu raison » : vous vous faites mal voir. Mais ils ont qu’à montrer que j’avais eu tort, à relire tout ce que j’ai écrit et à dire que je me suis trompé tout le temps. Mais non, voilà. », France Musique, 7 janvier 2017.
« J’ai deux désaccords avec vous [Emmanuel Macron, ndlr]. On ne peut s’en tenir ni au «ni-ni», ni au «et-et». Il faut aussi aller chercher des choses qui ne sont ni d’un côté, ni de l’autre ; il faut inventer ailleurs, autrement. L’autre risque, c’est de penser que dépasser la droite et la gauche, c’est se situer au milieu. C’est une vision très dangereuse. La vérité n’est jamais complètement d’un côté et jamais complètement de l’autre, mais l’un des rares endroits où elle n’est jamais, c’est au milieu ! Entre les résistants et les SS, elle est du côté des résistants, fussent-ils communistes. Entre les staliniens et les antistaliniens, elle est du côté des antistaliniens, fussent-ils très à droite. Pas au milieu. Dans le meilleur du gaullisme, il y avait une conception du dépassement du clivage gauche-droite qui est quand même plus intéressante que le milieu version Lecanuet. », Marianne, 30 septembre 2016.
« Depuis 30 ans, les intellectuels médiatiques comme Aymeric Caron ont monopolisé le combat contre le FN. Et pourtant, celui-ci n’a cessé de progresser. Au vu des résultats des dernières européennes, leur échec est manifeste. Loin d’avoir contribué à faire baisser le FN, leur refus de voir certaines réalités, notamment en matière d’insécurité ou d’immigration, a au contraire consciemment ou inconsciemment fait le jeu du Front national. Peut-être parce qu’ils ont tout renié et que leurs engagements se limitent désormais à affecter des postures, certains ont-ils besoin d’un diable qui remplisse la mangeoire », Le Figaro, 6 juin 2014
« Jean-Marie Le Pen est un monstre d’égoïsme, de narcissisme, d’égocentrisme et ses propos sont intolérables. Il est lui aussi incapable de se remettre en cause. Mais la difficulté à laquelle nous sommes confrontés, c’est que Marine Le Pen s’est nettement démarqué de ces propos. Nous ne pouvons plus faire comme si cela n’était pas le cas », Le Figaro, 6 juin 2014
« Or, que constatons-nous? Que là où il faudrait renverser les barrières, cisailler les fils de fer barbelés, sortir des tranchées, Internet, trop souvent, sert de réceptacle à des auto-enfermements. On ne dynamite pas, on bétonne. On ne révolutionne pas, on se crispe. Ici, le libéral tricote et retricote ses fondamentaux, jusqu’à nier la spécificité du néolibéralisme et jusqu’à censurer le constat des dégâts que cette mutation a provoqués. Là, l’altermondialiste de la gauche radicale décline et redécline une doxa qui n’intègre ni les expériences qui la démentent, ni le réel quand il la contredit », Le Huffington Post, 10 juillet 2013
« Les nervis d’extrême droite sont tous des tarés, mais tous les tarés ne sont pas des nervis d’extrême droite », Twitter (@JF_Kahn), 7 juin 2013
« Les Chinois ont cette particularité, en matière gastronomique, qu’ils sont capables de tout cuisiner, du bœuf, du porc, du canard, mais aussi du serpent, du chien et de la limace. Le Front National de Marine Le Pen, c’est pareil. Tout ce qui marche, il prend! C’est contradictoire, incohérent? Qu’importe, il prend! Silvio Berlusconi, George Bush, ça marche: il prend. Mais aussi Chavez. Et même Che Guevara. Pétain il prend, mais de Gaulle aussi. Mussolini, Peron, Churchill et Castro, il met tout dans le même sac et il secoue », Le Huffington Post, 25 juin 2013
« Vous l’auriez imaginé, vous, il y a six ans, que dans un fief radical-socialiste, le Front National obtiendrait 47% des suffrages ? », Twitter (@JF_Kahn), 24 juin 2013
« Petit Bonaparte prépare son retour de l’Ile d’Elbe. Il a déjà lancé son premier sous-marin d’attaque : Patrick Buisson », Twitter (@JF_Kahn), 14 juin 2013
« Un gouffre se creuse entre le pays légal et le pays réel. Et c’est la démocratie représentative qui s’en trouve défigurée. Dans ces conditions le “front républicain” ne peut que renforcer l’idée que l’UMP et le PS sont complices pour préserver l’ordre établi et participent du même système qu’ils entendent le verrouiller », Le Huffington Post, 19 juin 2013
« Qu’est-ce que le néolibéralisme? C’est l’inverse du véritable libéralisme. C’est l’éradication du pluralisme et de la concurrence. C’est la reconstitution du communisme, mais sur une base privatisée », Le Huffington Post, 12 juin 2013
« Aujourd’hui, les Lazareff d’hier ont laissé place aux Rothschild, Bouygues, Bolloré, Arnault, Lagardère, Tapie et Dassault », Le Huffington Post, 12 juin 2013
« Une pseudo gauche libérale-libertaire boboïsée et une droite du fric et de la trique, qui ne représentent que 30 % de l’opinion, contrôlent 90% des moyens d’information. Vous avez dit pluralisme libéral », Le Huffington Post, 12 juin 2013
« Je ne suis pas à 100% d’accord avec lui mais en tant que patriote, je suis convaincu que c’est l’homme dont la France à besoin pour incarner le changement dans un climat de haine et de clivages. Il est le seul qui pourra fédérer la population et instaurer une cohésion sociale autour d’un programme alternatif » (à propos de François Bayrou), Le Point, 4 décembre 2011
« C’est vrai, il n’était pas objectif. Il allait dans un sens comme un commissaire de police qui s’est mis en tête qu’un type est coupable. Mais en même temps il laissait la parole à toutes les sensibilités » (à propos de Michel Polac), Le Point, 7 août 2012
« Pour la première fois depuis des lustres, on entend un discours ouvertement pétainiste sortir de la bouche d’un président de la République encore en place (…) Tous les républicains, tous les démocrates qui refusent, par patriotisme, le discours de guerre civile et de lacération de notre nation commune, qu’ils se réclament de Jaurès, de Clemenceau, de De Gaulle, de Mendès France ou de Robert Schuman, doivent voter de façon à barrer la route à l’apprenti sorcier et à permettre qu’on tourne cette page » (à propos de Nicolas Sarkozy), le 24 avril 2012, par communiqué
« Il a le mensonge brut de décoffrage. On pourrait dire qu’il est franc du mensonge » (à propos de Nicolas Sarkozy) in « Menteurs ! », éditions Plon, 2012.
« Je ne suis pas de gauche. Hollande, contrairement aux autres, je pense qu’il a les épaules, mais il est le candidat d’une tribu cannibale ! Quant à Sarkozy, la seule question qui compte, c’est : “Qu’est-ce qui va mieux depuis cinq ans ?” Et personne ne peut me le dire ! », Le Point, 7 décembre 2011
« J’ai des désaccords avec François Bayrou. Je ne crois pas à l’idée du centre ; je crois qu’il faut être en avant. Mais, je raisonne en patriote. Il arrive à articuler deux dimensions : une dimension de réalisme à court terme et une autre pour sortir du système institutionnel et économico-financier. C’est un vote révolutionnaire qui pourrait déboucher sur une nouvelle utopie. En France, on est tellement bipolarisés : c’est hamburger ou pizza. Eh bien, moi, j’ai envie d’un boudin blanc avec un peu de truffe ! », Le Point, 7 décembre 2011
« Ils vivent tous dans la même ville, fréquentent les mêmes endroits, ce n’est pas le cas en Italie ou aux Etats-Unis, où les journalistes vivent éloignés les uns des autres… Ils proviennent souvent du même milieu sociologique — de gauche — et ont fréquenté les mêmes écoles, suivis les mêmes cursus. Bref, ils vivent dans le même milieu fermé et sont tous progressistes en matière de mœurs, bien-pensants, mais ont adopté des idées néolibérales sur le plan économique. Personne ne les oblige, ils sont sur cette ligne, car c’est ce qu’ils pensent majoritairement et sincèrement », La Libre Belgique, 1er février 2014
« Il y a deux ans, ses spectacles rassemblaient 3 à 400 personnes, aujourd’hui il remplit des salles de 6 à 7.000 personnes. La mesure d’interdiction de ses spectacles n’est pas un succès, on lui a au contraire fait une publicité inouïe. Une publicité de dissident, une publicité d’insoumis, une publicité de rebelle,… C’est tout à fait ridicule. En revanche, on aurait dû le mettre en prison depuis longtemps parce qu’il ne paie pas ses impôts, ne paie pas ses amendes, etc. On a fait preuve d’un laxisme incroyable en ne le sanctionnant pas pour ses délits » (à propos de Dieudonné), La Libre Belgique, 1er février 2014
« D’abord, à dix-huit ans, j’étais très pauvre. Il n’était pas concevable que j’achète une voiture. Puis très vite, je suis devenu grand reporter, je voyageais dans le monde entier et je n’avais pas la possibilité de passer mon permis. Et surtout, je déteste la voiture. On ne peut rien faire, c’est du temps perdu. En revanche, j’adore prendre le train, je travaille, je lis. C’est pour ça que l’on me prend pour un travailleur terrible ! En vérité, je suis assez paresseux. Mais comme je n’ai pas non plus de télévision, j’ai plus de temps libre, donc je donne l’impression de bosser énormément ! », Gala, 21 juin 2009
« Peuple élu : Une seule question se pose : a‑t-il été élu démocratiquement ? D’ailleurs, y avait-il d’autres candidats ? », In « Dictionnaire incorrect », 2005
« Plus sérieusement, on peut s’interroger sur sa légitimité [celle de BHL, ndlr] et sur la complaisance des média à son égard. BHL n’a aucune responsabilité politique, il n’est pas élu. Dans ces conditions, comment expliquer qu’il lui suffise d’un coup de téléphone pour bénéficier d’une dépêche AFP ? Sur le fond, je rappellerais simplement que BHL nous a entraînés dans la guerre en Libye dont nous payons aujourd’hui les conséquences, notamment au Mali. Comme tout le monde, je suis choqué par la violence des événements qui se déroulent en Ukraine. Mais je refuse totalement la vision simpliste et néo-stalinienne de BHL. Sait-il par exemple qu’une partie des manifestants de Kiev appartiennent à un parti d’extrême droite qui se revendique « national-socialiste » ? », Le Figaro, 21 février 2014
« Je considère le FN comme un parti légitime. Et j’affirme qu’avec 18% à la présidentielle, résultat dont je me désole, il soit seulement représenté par deux ou trois députés [sic], alors que EELV en a obtenu 18 malgré les 2,6% d’Eva Joly. Dans ces conditions, comment peut-on demander aux gens de croire à la démocratie, à la représentativité du Parlement, au pluralisme ? », Causeur, 29 août 2012
« Quelque part le réalisme est toujours une forme de pétainisme », Le Nouvel Obs, 7 juin 2011
Ils l’ont dit
« Communiste éphémère dans son jeune temps, enseignant pour un court moment, Kahn est surtout, et avant tout, journaliste. Reporter à Paris-Presse, à l’Express, à l’Obs, au Matin, directeur des Nouvelles Littéraires, créateur de deux journaux, l’Evénement et Marianne, chroniqueur radio, polémiste inépuisable, Kahn a tout écrit sur tout. Mais, à la différence de nombre de ses confrères, il a toujours travaillé ses sujets dans les livres, remontant aux sources, aux principes, à la philosophie qui permet de donner un cadre pérenne à l’analyse du moment. », Laurent Joffrin, Libération, 30 octobre 2018.
« Jean-François Kahn est en colère. Il n’y a là rien de surprenant. Comme dirait Ségolène Royal, c’est encore une colère saine. En tout cas, justifiée. Car les médias ne vont pas bien », Renaud Dély, Le Nouvel Obs, 7 mars 2014
« Dans “Marine Le Pen vous dit merci !” (1), petit livre rouge de colère et d’intelligence, Jean-François Kahn met le doigt sur l’une des raisons principales du succès du Front national : la France s’est prise en grippe », Franz-Olivier Giesbert, Le Point, 26 juin 2014
« Juste une petite proposition, comme ça, à l’adresse des candidats à la présidence de la République : faites en sorte que l’État subventionne les livres de Jean-François Kahn, tant ils sont d’utilité publique ! On peut aimer ou vomir le fondateur de Marianne, zapper ses interventions télé ou glorifier ses ouvrages, force est de reconnaître que le jeune homme de plus de 70 ans agit toujours dans le souci de l’intérêt commun, sinon républicain. Et que dans ses livres, le bon sens paysan est toujours de mise », Saïd Mahrane, Le Point, 21 janvier 2012
« Le dernier livre de Jean-François Kahn est un livre de colère. Il procède par emportements. Il est rongé par une inquiétude sincère. Il assène beaucoup et démontre peu. Il séduit par sa rage. Il agace par ses raccourcis. Il est le livre de cet honnête homme qui voit monter depuis des années la mer du populisme et qui veut crier : assez ! », Bruno Lemaire, Marianne, 24 juin 2013
Crédit photo : fondapol via Flickr (cc)