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Jean-François Kahn

26 avril 2022

Temps de lecture : 23 minutes
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Jean-François Kahn

Temps de lecture : 23 minutes

Le modéré engagé

« Quelque part le réal­isme est tou­jours une forme de pétainisme. »
JFK, Le Nou­v­el Obs, 7 juin 2011

Jean-François Kahn, communément appelé « JFK », est un journaliste et écrivain français très présent et estimé dans la sphère médiatique. Issu d’une famille d’origine juive alsacienne par son père, il est né à Viroflay (Seine-et-Oise) en juin 1938. Historien de formation, il est le fils du philosophe Jean-Kahn-Dessertenne, et le frère du chimiste Olivier Kahn ainsi que du généticien Axel Kahn. Sous l’Occupation, Jean-François Kahn portera le nom de jeune fille de sa mère, Ferriot, catholique pratiquante et ancienne “Croix de feu” et ne reprendra son nom de Kahn qu’à la fin des années 1950.

Con­nu pour ses posi­tions libérales et sa cri­tique du « néolibéral­isme », qui trahit selon lui le vrai libéral­isme en devenant une sorte de « com­mu­nisme pri­vatisé », JFK est avant tout l’un des cofon­da­teurs de l’heb­do­madaire Mar­i­anne. Proche du Modem de François Bay­rou, il sou­tien­dra le can­di­dat à plusieurs repris­es et se présen­tera même sur une liste Modem aux européennes de 2009.

Son ascen­sion jour­nal­is­tique, mar­quée de nom­breuses pub­li­ca­tions d’ou­vrages alarmistes et d’un anti-sarkozysme acharné, se ter­min­era en même temps que l’af­faire DSK, lors de laque­lle un com­men­taire de mau­vais goût le con­train­dra à se retir­er du journalisme.

Engagement militant

Durant ses études à l’u­ni­ver­sité, Jean-François Kahn adhère au Par­ti com­mu­niste pen­dant 2 ans et demi, entre 1956 et 1958. Comme nom­bre de jeunes de sa généra­tion, il s’enthousiasme pour Pierre Mendès France et son engage­ment poli­tique de l’époque se situe à mi-chemin entre le réformisme mendésien et l’élan communiste.

Arrivé au rang de jour­nal­iste recon­nu, il sou­tien­dra François Bay­rou à plusieurs repris­es et se présen­tera aux européennes de 2009, sous l’é­ti­quette du Mou­ve­ment démocrate.

Parcours

JFK n’est pas issu des grandes écoles de jour­nal­isme. Il passe son col­lège dans un cours privé dirigé par son pro­pre père, cours où il a notam­ment pour condis­ci­ple un cer­tain Jean-Edern Hal­li­er. Il pour­suit ensuite ses études sec­ondaires au lycée Charle­magne, puis à Hen­ri IV. Une fois son bac­calau­réat en poche, il con­jugue activ­ité mil­i­tante et études d’histoire et d’économie à la Sorobonne et à l’IEDES (Insti­tut d’Etudes et de développe­ment économique et social). Il a fait une licence d’his­toire, qu’il a obtenue, avant de s’en aller tra­vailler dans le tri postal à la Gare du Nord, puis dans une société de crédit et enfin dans une imprimerie. C’est par la suite qu’il se lancera dans le jour­nal­isme. Il débute comme sta­giaire au ser­vice économique du jour­nal Paris Presse l’In­tran­sigeant en 1959 et cou­vre la guerre d’Al­gérie. Il passe ensuite au Monde puis à L’Ex­press en 1964 en tant que reporter sous la super­vi­sion de Françoise Giroud. C’est lui qui est notam­ment à l’o­rig­ine des révéla­tions sur l’af­faire de l’en­lève­ment du leader maro­cain Ben Barka.

Après un pas­sage comme chroniqueur sur Europe 1, il est nom­mé directeur de la rédac­tion des Nou­velles Lit­téraires en 1977 et con­tribue à redress­er le titre. Au cours des années 70–80, il investit la télévi­sion et les plateaux d’émis­sions poli­tiques comme « L’Heure de vérité » sur Antenne 2. Il ani­me au cours de la même péri­ode deux émis­sions de chan­son française : « Avec tam­bour et trompette » sur France Inter puis « Chantez-le moi » sur Antenne 2. 

En 1984, il lance le mag­a­zine L’Événe­ment du Jeu­di, qui traite de l’ac­tu­al­ité générale sur un ton vir­u­lent, avec un sys­tème orig­i­nal de souscrip­tions auprès des lecteurs. Le jour­nal sera ain­si financé par pas moins de trente mille action­naires égale­ment mem­bres du club de L’Événe­ment du jeu­di, qui organ­i­sait con­certs, dîn­ers ou pièces de théâtre. JFK par­ticipe ain­si à lancer des jeunes jour­nal­istes qui, pour cer­tains devien­dront des indéboulonnables du sys­tème médi­a­tiques français, notam­ment Philippe Labro, Jérôme Garcin et l’inséparable duo Dom­e­n­ach/Szafran. Après avoir été racheté par Lagardère puis récupéré par JFK, l’heb­do­madaire devient un mag­a­zine cul­turel. Les ventes étant stag­nantes, il décide alors de le reven­dre à France-Soir, qui en fait son sup­plé­ment cul­turel en 2000. Devenu L’Événe­ment France-Soir, il sera rem­placé en févri­er 2001 par TV Mag­a­zine, après 23 numéros parus.

En 1997, Jean-François Kahn crée l’heb­do­madaire Mar­i­anne et assur­era sa direc­tion durant 10 ans. Après 2007, il con­tin­ue à tenir une chronique inti­t­ulée « bloc-notes » jusqu’en 2011. En par­al­lèle, il col­la­bore à l’émis­sion radio « Pourquoi pas dimanche ? » sur les ondes de la Pre­mière chaîne de Radio-Cana­da. Il y tient une chronique heb­do­madaire sur l’ac­tu­al­ité poli­tique française et européenne.

En 2011, en pleine affaire du Sof­i­tel de New-York impli­quant Dominique Strauss-Kahn et une accu­sa­tion de ten­ta­tive de viol sur une femme de cham­bre, JFK prend la défense du prési­dent du FMI en déclarant qu’il est « pra­tique­ment cer­tain qu’il n’y a pas eu ten­ta­tive vio­lente de viol ». Par ailleurs, il rel­a­tivise l’af­faire en esti­mant qu’il ne s’ag­it que d’un « trous­sage de domes­tique ». Ses pro­pos provo­quent un tol­lé. Accusé de man­i­fester une « sol­i­dar­ité de caste » (par la Droite Pop­u­laire) et de jus­ti­fi­er un viol, il présente ses excus­es et annonce qu’il se retire du jour­nal­isme. Il déclar­era que son expres­sion était « totale­ment inac­cept­able », con­fi­ant avoir « rarement vécu une telle déchirure intérieure ».

En mai 2013, Mar­i­anne rap­pellera JFK pour ses « con­seils » en matière de ligne édi­to­ri­ale. Mais pour Téléra­ma, pen­dant trois mois, ce dernier a eu « les pleins pou­voirs ». « Il a ren­du la une plus agres­sive, réin­jec­té de la polémique dans les arti­cles, viré les chroniqueurs, qui alour­dis­saient, selon lui, le jour­nal, déboulon­né les ser­vices », écrit l’heb­do­madaire. Cepen­dant, cela ne fera pas repar­tir les ventes du mag­a­zine, qui avait tout misé sur l’an­ti-sarkozysme avant de som­br­er sous le man­dat Hol­lande. « Les recettes d’antan du directeur des Nou­velles lit­téraires et fon­da­teur de L’évènement du jeu­di ne font plus mir­a­cle », con­clut Téléra­ma.

Depuis, JFK con­tin­ue l’écri­t­ure de ses livres et se tient plus ou moins en marge du monde médi­a­tique, même si ses essais sont com­plaisam­ment recen­sés par ses anciens con­frères, Lau­rent Jof­frin en tête.

Prises de position

Par­mi les sujets sou­vent traités par JFK, on retrou­ve l’idée que le néolibéral­isme est à l’op­posé des « vraies valeurs libérales », devenant une sorte de « com­mu­nisme pri­vatisé ». Cette con­damna­tion, qu’il claironne inlass­able­ment d’articles en arti­cles, est par­fois con­vo­quée mal­adroite­ment, comme lorsque il présente l’idéologie néolibérale comme « la cause du désas­tre » des émeutes de 2005. Dans un tout autre reg­istre, il s’op­pose à l’in­ter­ven­tion de l’OTAN en Ser­bie en 1999 et à la guerre d’I­rak en 2003, ce qui lui alièn­era notam­ment les ami­tiés de futures fig­ure de proue du néo-con­ser­vatisme hexag­o­nal comme Bernard Kouch­n­er ou Pierre-André Taguieff.

En 2005, il prend posi­tion pour le « oui » à la Con­sti­tu­tion européenne tout en dénonçant le peu de temps de parole médi­a­tique des par­ti­sans du « non ».

À l’élec­tion prési­den­tielle de 2007, il sou­tient ouverte­ment François Bay­rou et s’en­gage dans un com­bat con­tre Nico­las Sarkozy. Il fera d’ailleurs paraître une longue enquête sur la cam­pagne de celui-ci dans Mar­i­anne, à une semaine du pre­mier tour.

En 2008, il s’in­vestit en tant que can­di­dat du Mou­ve­ment démoc­rate pour les élec­tions européennes de 2009. Lors de celles-ci, il recueille 9,43 % des suf­frages mais se désiste, con­for­mé­ment à sa promesse, au prof­it de la députée européenne sor­tante Nathalie Gries­beck. Lors des élec­tions prési­den­tielles de 2012, il sou­tient à nou­veau François Bay­rou. Au sec­ond tour, il appelle « tous les répub­li­cains et tous les démoc­rates » à « bar­rer la route » à Nico­las Sarkozy, dénonçant « un dis­cours ouverte­ment pétainiste »…

En 2009, il crée le club de réflex­ion Crréa (cen­tre de réflex­ion et de recherche pour l’élaboration d’alternatives), des­tiné à « tra­vailler à des alter­na­tives qui dépassent les dis­cours anciens et les approches qui ont fait faillite ».

À par­tir de 2013, il cri­tique ouverte­ment la stratégie du « front répub­li­cain » face au Front Nation­al, démon­trant qu’elle ne fonc­tionne pas et laisse à penser que PS et UMP défend­ent un même système.

À par­tir de l’élection de Don­ald Trump, il déplore que l’emploi du terme « pop­ulisme » soit uni­for­mé­ment util­isé dans la grande presse comme un repous­soir séman­tique. Selon lui, c’est « un cadeau pour Marine Le Pen » car cela sug­gère que c’est le peu­ple lui-même qui est incrim­iné pour ce qu’il est.

Ce qu’il gagne

Extrait d’un entre­tien à Gala, le 21 juin 2009 : « Je m’en fous com­plète­ment. L’argent ne joue aucun rôle dans ma vie. J’ai créé des jour­naux, ça ne m’a jamais rap­porté un franc, rien ! C’est de famille. Mon père était prof de phi­lo, il écrivait des choses mer­veilleuses mais telle­ment com­pliquées qu’il n’a jamais trou­vé un éditeur. »

Publications

  • La Guerre civile, Seuil, 1982
  • Et si on essayait autre chose ?, Seuil, 1983
  • Les Français sont for­mi­da­bles, Bal­land, 1987
  • Esquisse d’une philoso­phie du men­songe, Flam­mar­i­on, 1992
  • La Pen­sée unique, Fayard, 1995
  • On prend les mêmes et on recom­mence, Édi­tions Gras­set & Fasquelle, 1997
  • Les Poèmes poli­tiques, Fayard, 1998
  • Tout était faux, Fayard, 1998
  • Demain la révo­lu­tion, Flam­mar­i­on, 1999
  • Cha­cun son tour, Stock, 2000
  • Com­plot con­tre la Démoc­ra­tie, Denoël, 2000
  • Le Retour de terre de Djid Andrew, Cri­tique de la rai­son cap­i­tal­iste, Fayard, 2000
  • Vic­tor Hugo un révo­lu­tion­naire, L’Ex­tra­or­di­naire Méta­mor­phose, Fayard, 2001
  • Moi, l’autre et le loup, Fayard, 2001
  • Les rebelles, ceux et celles qui ont dit non, Plon, 2001
  • Ce que Mar­i­anne en pense, Édi­tions Mille et une nuits, 2002
  • Le Camp de la guerre, Cri­tique de la dérai­son impure, Fayard, 2004
  • Dic­tio­n­naire incor­rect, Plon, 2005
  • Comme deux frères — mémoire et visions croisées (avec Axel Kahn), Stock, 2006
  • Les Bul­locrates, Fayard, 2006
  • Tout change parce que rien ne change, Fayard, 2006
  • L’Abécé­daire mal-pen­sant, Plon, 2007
  • Sur l’in­vari­ance en poli­tique, Fayard, 2008
  • Où va-t-on ? Com­ment on y va, Fayard, 2008
  • Pourquoi il faut dis­soudre le PS, Larousse, 2008
  • L’Al­ter­na­tive. Oui, c’est pos­si­ble !, Fayard, 2009
  • Dernières salves. Sup­plé­ment au Dic­tio­n­naire incor­rect et à l’Abécé­daire mal-pen­sant, Plon, 2009
  • Faut-il croire les jour­nal­istes ?, avec Philippe Gavi, Edwy Plenel, Jean-François Kahn et Serge July, Édi­tions Mordi­cus,? 2009
  • Philoso­phie de la réal­ité. Cri­tique du réal­isme, Fayard, 2011
  • Petit César : com­ment a‑t-on pu accepter ça…, Fayard, 2011
  • Menteurs !, Plon, 2012
  • La Cat­a­stro­phe du 6 mai 2012, Plon, 2012
  • L’Invention des Français, Fayard, 2013.
  • Com­ment s’en sor­tir, Plon, 2013
  • L’Hor­reur médi­a­tique, Plon, 2014
  • Marine Le Pen vous dit MERCI !, Plon, 2014
  • À bas cette gauche‑là, Plon, 2015
  • L’in­ef­façable trahi­son, Plon, 2015
  • Réflex­ion sur mon échec, entre­tiens avec Françoise Siri, Édi­tions de l’Aube, 2016
  • M la mau­dite, Tal­landi­er, 2018
  • Droit dans le mur !, Plon, 2020.
  • Mémoires d’outres vies (tome 1) : Je me retourne sidéré…, L’Observatoire, 2021.
  • Mémoires d’outres vies (tome 2) : Mal­gré tout, on l’a fait, on l’a dit!, L’Observatoire, 2022.

Il l’a dit

« La gauche intel­lectuelle, plutôt que mépris­er un Rioufol ou un Zem­mour, aurait dû sinter­roger sur lintét quil y avait, pour son com­bat, à mul­ti­pli­er dans la presse « amie » des tri­bunes totale­ment ésotériques à force de recourir à un jar­gon sup­posé­ment val­orisant, mais qui nest, en fait, que nar­cis­sique.», Jean-François Kahn, « Mémoires dout­re-vies (Tome 2), p. 518.

« En réalité, la con­cep­tion du jour­nal, la hiérar­chi­sa­tion des « nou­velles » quelle impli­quait, avait valeur implicite de com­men­taire, com­men­taire plus lourd que le com­men­taire lui‑même et dautant plus effi­caces quil ne se don­nait pas pour commentaire.
La con­cep­tion, rad­i­cale­ment idéologique en vérité, dun neu­tral­isme jour­nal­is­tique au-dessus de la mêlée (la mêlée, en fin de compte, étant la vie), m’était tout à fait étrangère. Ce que javais vécu, jusquici, c’était lhypocrisie, la duplic­ité ou lout­rance par­ti­sane dune presse qui se don­nait cynique­ment pour objec­tive. « Presse dinfor­ma­tion » dis­ait-on tu par­les ! Aus­si engagée, en fait, que la presse engagée. »
« En fait, mon adhé­sion au Par­ti com­mu­niste neut quun motif, et je ne le récuse nulle­ment aujourdhui : rejoin­dre la seule force organ­isée, après la trahi­son social­iste et la mar­gin­al­i­sa­tion des rad­i­caux mendé­sistes, qui mil­itât en faveur dune paix négo­ciée en Algérie et sopposât, ensuite, à lincon­cev­able expédi­tion de Suez », Mémoires dout­res-vies Tome 1 : Je me retourne, sidéré…. , p.154–155.

« En réalité, la con­cep­tion du jour­nal, la hiérar­chi­sa­tion des « nou­velles » quelle impli­quait, avait valeur implicite de com­men­taire, com­men­taire plus lourd que le com­men­taire lui‑même et dautant plus effi­caces quil ne se don­nait pas pour commentaire.
La con­cep­tion, rad­i­cale­ment idéologique en vérité, dun neu­tral­isme jour­nal­is­tique au-dessus de la mêlée (la mêlée, en fin de compte, étant la vie), m’était tout à fait étrangère. Ce que javais vécu, jusquici, c’était lhypocrisie, la duplic­ité ou lout­rance par­ti­sane dune presse qui se don­nait cynique­ment pour objec­tive. « Presse dinfor­ma­tion » dis­ait-on tu par­les ! Aus­si engagée, en fait, que la presse engagée. », Ibid, p.259

 « Hier – et ce fut une grave faute que lon paye très cher on qual­i­fi­ait de « pop­uliste » tout ce qui dérangeait, tout ce qui n’était pas con­forme à la con­cep­tion que les « qual­i­fi­ants » avaient de lordre établi. De leur ordre établi. Con­cept-valise, paresseux, dans lequel on pou­vait enfourn­er nimporte quoi, nimporte qui, et qui don­nait à croire que cest la racine « peu­ple » qui rendait le qual­i­fi­catif dia­bolisant. Le lep­énisme en fit ses choux gras. », Le Monde, 3 jan­vi­er 2019.

« Quand j’écrivais le chapitre sur Mai 68 pour mon livre [M la Mau­dite, ndlr], je me suis dit que jallais le don­ner à un jour­nal. Mais je ne pou­vais pas le don­ner à un jour­nal de droite, à cause du dis­cours de la droite sur Mai 68 la cause de tous nos mal­heurs, de toutes nos dérives, de tout ce qui ne va pas aujourdhui. Ni à un jour­nal de gauche car celle-ci cul­tive une vision idéalisée et recon­stru­ite de l’événe­ment ! Chaque camp a con­stru­it sa mytholo­gie, lune totale­ment néga­tive, lautre totale­ment divine. Or aucune ne cor­re­spond à la com­plex­ité de Mai 68. Dailleurs, il ny a pas « un » Mai 68, comme il ny a pas « une » révo­lu­tion française, con­traire­ment à ce quaffirme Clemenceau : 1789 est une révo­lu­tion libérale et 1793 une révo­lu­tion en par­tie total­i­taire. », Revue des Deux Mon­des, 27 avril 2018.

« 90% des évène­ments m’ont don­né rai­son. Je dis ça d’autant plus que les gens sont furieux quand on dit ça. Ca met en colère quand vous dites « j’ai eu rai­son » : vous vous faites mal voir. Mais ils ont qu’à mon­tr­er que j’avais eu tort, à relire tout ce que j’ai écrit et à dire que je me suis trompé tout le temps. Mais non, voilà. », France Musique, 7 jan­vi­er 2017.

« J’ai deux désac­cords avec vous [Emmanuel Macron, ndlr]. On ne peut s’en tenir ni au «ni-ni», ni au «et-et». Il faut aus­si aller chercher des choses qui ne sont ni d’un côté, ni de l’autre ; il faut inven­ter ailleurs, autrement. L’autre risque, c’est de penser que dépass­er la droite et la gauche, c’est se situer au milieu. C’est une vision très dan­gereuse. La vérité n’est jamais com­plètement d’un côté et jamais com­plètement de l’autre, mais l’un des rares endroits où elle n’est jamais, c’est au milieu ! Entre les résis­tants et les SS, elle est du côté des résis­tants, fussent-ils com­mu­nistes. Entre les stal­in­iens et les anti­stal­in­iens, elle est du côté des anti­stal­in­iens, fussent-ils très à droite. Pas au milieu. Dans le meilleur du gaullisme, il y avait une con­cep­tion du dépasse­ment du cli­vage gauche-droite qui est quand même plus intéres­sante que le milieu ver­sion Lecanuet. », Mar­i­anne, 30 sep­tem­bre 2016.

« Depuis 30 ans, les intel­lectuels médi­a­tiques comme Aymer­ic Caron ont monop­o­lisé le com­bat con­tre le FN. Et pour­tant, celui-ci n’a cessé de pro­gress­er. Au vu des résul­tats des dernières européennes, leur échec est man­i­feste. Loin d’avoir con­tribué à faire baiss­er le FN, leur refus de voir cer­taines réal­ités, notam­ment en matière d’in­sécu­rité ou d’im­mi­gra­tion, a au con­traire con­sciem­ment ou incon­sciem­ment fait le jeu du Front nation­al. Peut-être parce qu’ils ont tout renié et que leurs engage­ments se lim­i­tent désor­mais à affecter des pos­tures, cer­tains ont-ils besoin d’un dia­ble qui rem­plisse la man­geoire », Le Figaro, 6 juin 2014

« Jean-Marie Le Pen est un mon­stre d’é­goïsme, de nar­cis­sisme, d’é­go­cen­trisme et ses pro­pos sont intolérables. Il est lui aus­si inca­pable de se remet­tre en cause. Mais la dif­fi­culté à laque­lle nous sommes con­fron­tés, c’est que Marine Le Pen s’est net­te­ment démar­qué de ces pro­pos. Nous ne pou­vons plus faire comme si cela n’é­tait pas le cas », Le Figaro, 6 juin 2014

« Or, que con­sta­tons-nous? Que là où il faudrait ren­vers­er les bar­rières, cisailler les fils de fer bar­belés, sor­tir des tranchées, Inter­net, trop sou­vent, sert de récep­ta­cle à des auto-enfer­me­ments. On ne dyna­mite pas, on bétonne. On ne révo­lu­tionne pas, on se crispe. Ici, le libéral tri­cote et ret­ri­cote ses fon­da­men­taux, jusqu’à nier la spé­ci­ficité du néolibéral­isme et jusqu’à cen­sur­er le con­stat des dégâts que cette muta­tion a provo­qués. Là, l’altermondialiste de la gauche rad­i­cale décline et redé­cline une doxa qui n’intègre ni les expéri­ences qui la démentent, ni le réel quand il la con­tred­it », Le Huff­in­g­ton Post, 10 juil­let 2013

« Les nervis d’extrême droite sont tous des tarés, mais tous les tarés ne sont pas des nervis d’extrême droite », Twit­ter (@JF_Kahn), 7 juin 2013

« Les Chi­nois ont cette par­tic­u­lar­ité, en matière gas­tronomique, qu’ils sont capa­bles de tout cuisin­er, du bœuf, du porc, du canard, mais aus­si du ser­pent, du chien et de la limace. Le Front Nation­al de Marine Le Pen, c’est pareil. Tout ce qui marche, il prend! C’est con­tra­dic­toire, inco­hérent? Qu’importe, il prend! Sil­vio Berlus­coni, George Bush, ça marche: il prend. Mais aus­si Chavez. Et même Che Gue­vara. Pétain il prend, mais de Gaulle aus­si. Mus­soli­ni, Per­on, Churchill et Cas­tro, il met tout dans le même sac et il sec­oue », Le Huff­in­g­ton Post, 25 juin 2013

« Vous l’auriez imag­iné, vous, il y a six ans, que dans un fief rad­i­cal-social­iste, le Front Nation­al obtiendrait 47% des suf­frages ? », Twit­ter (@JF_Kahn), 24 juin 2013

« Petit Bona­parte pré­pare son retour de l’Ile d’Elbe. Il a déjà lancé son pre­mier sous-marin d’attaque : Patrick Buis­son », Twit­ter (@JF_Kahn), 14 juin 2013

« Un gouf­fre se creuse entre le pays légal et le pays réel. Et c’est la démoc­ra­tie représen­ta­tive qui s’en trou­ve défig­urée. Dans ces con­di­tions le “front répub­li­cain” ne peut que ren­forcer l’idée que l’UMP et le PS sont com­plices pour préserv­er l’ordre établi et par­ticipent du même sys­tème qu’ils enten­dent le ver­rouiller », Le Huff­in­g­ton Post, 19 juin 2013

« Qu’est-ce que le néolibéral­isme? C’est l’inverse du véri­ta­ble libéral­isme. C’est l’éradication du plu­ral­isme et de la con­cur­rence. C’est la recon­sti­tu­tion du com­mu­nisme, mais sur une base pri­vatisée », Le Huff­in­g­ton Post, 12 juin 2013

« Aujourd’hui, les Lazareff d’hier ont lais­sé place aux Roth­schild, Bouygues, Bol­loré, Arnault, Lagardère, Tapie et Das­sault », Le Huff­in­g­ton Post, 12 juin 2013

« Une pseu­do gauche libérale-lib­er­taire boboïsée et une droite du fric et de la trique, qui ne représen­tent que 30 % de l’opinion, con­trô­lent 90% des moyens d’information. Vous avez dit plu­ral­isme libéral », Le Huff­in­g­ton Post, 12 juin 2013

« Je ne suis pas à 100% d’ac­cord avec lui mais en tant que patri­ote, je suis con­va­in­cu que c’est l’homme dont la France à besoin pour incar­n­er le change­ment dans un cli­mat de haine et de cli­vages. Il est le seul qui pour­ra fédér­er la pop­u­la­tion et instau­r­er une cohé­sion sociale autour d’un pro­gramme alter­natif » (à pro­pos de François Bay­rou), Le Point, 4 décem­bre 2011

« C’est vrai, il n’é­tait pas objec­tif. Il allait dans un sens comme un com­mis­saire de police qui s’est mis en tête qu’un type est coupable. Mais en même temps il lais­sait la parole à toutes les sen­si­bil­ités » (à pro­pos de Michel Polac), Le Point, 7 août 2012

« Pour la pre­mière fois depuis des lus­tres, on entend un dis­cours ouverte­ment pétain­iste sor­tir de la bouche d’un prési­dent de la République encore en place (…) Tous les répub­li­cains, tous les démoc­rates qui refusent, par patri­o­tisme, le dis­cours de guerre civile et de lacéra­tion de notre nation com­mune, qu’ils se récla­ment de Jau­rès, de Clemenceau, de De Gaulle, de Mendès France ou de Robert Schu­man, doivent vot­er de façon à bar­rer la route à l’ap­pren­ti sor­ci­er et à per­me­t­tre qu’on tourne cette page » (à pro­pos de Nico­las Sarkozy), le 24 avril 2012, par com­mu­niqué

« Il a le men­songe brut de décof­frage. On pour­rait dire qu’il est franc du men­songe » (à pro­pos de Nico­las Sarkozy) in « Menteurs ! », édi­tions Plon, 2012.

« Je ne suis pas de gauche. Hol­lande, con­traire­ment aux autres, je pense qu’il a les épaules, mais il est le can­di­dat d’une tribu can­ni­bale ! Quant à Sarkozy, la seule ques­tion qui compte, c’est : “Qu’est-ce qui va mieux depuis cinq ans ?” Et per­son­ne ne peut me le dire ! », Le Point, 7 décem­bre 2011

« J’ai des désac­cords avec François Bay­rou. Je ne crois pas à l’idée du cen­tre ; je crois qu’il faut être en avant. Mais, je raisonne en patri­ote. Il arrive à artic­uler deux dimen­sions : une dimen­sion de réal­isme à court terme et une autre pour sor­tir du sys­tème insti­tu­tion­nel et éco­nom­i­co-financier. C’est un vote révo­lu­tion­naire qui pour­rait débouch­er sur une nou­velle utopie. En France, on est telle­ment bipo­lar­isés : c’est ham­burg­er ou piz­za. Eh bien, moi, j’ai envie d’un boudin blanc avec un peu de truffe ! », Le Point, 7 décem­bre 2011

« Ils vivent tous dans la même ville, fréquentent les mêmes endroits, ce n’est pas le cas en Ital­ie ou aux Etats-Unis, où les jour­nal­istes vivent éloignés les uns des autres… Ils provi­en­nent sou­vent du même milieu soci­ologique — de gauche — et ont fréquen­té les mêmes écoles, suiv­is les mêmes cur­sus. Bref, ils vivent dans le même milieu fer­mé et sont tous pro­gres­sistes en matière de mœurs, bien-pen­sants, mais ont adop­té des idées néolibérales sur le plan économique. Per­son­ne ne les oblige, ils sont sur cette ligne, car c’est ce qu’ils pensent majori­taire­ment et sincère­ment », La Libre Bel­gique, 1er févri­er 2014

« Il y a deux ans, ses spec­ta­cles rassem­blaient 3 à 400 per­son­nes, aujourd’hui il rem­plit des salles de 6 à 7.000 per­son­nes. La mesure d’interdiction de ses spec­ta­cles n’est pas un suc­cès, on lui a au con­traire fait une pub­lic­ité inouïe. Une pub­lic­ité de dis­si­dent, une pub­lic­ité d’insoumis, une pub­lic­ité de rebelle,… C’est tout à fait ridicule. En revanche, on aurait dû le met­tre en prison depuis longtemps parce qu’il ne paie pas ses impôts, ne paie pas ses amendes, etc. On a fait preuve d’un lax­isme incroy­able en ne le sanc­tion­nant pas pour ses dél­its » (à pro­pos de Dieudon­né), La Libre Bel­gique, 1er févri­er 2014

« D’abord, à dix-huit ans, j’étais très pau­vre. Il n’était pas con­cev­able que j’achète une voiture. Puis très vite, je suis devenu grand reporter, je voy­ageais dans le monde entier et je n’avais pas la pos­si­bil­ité de pass­er mon per­mis. Et surtout, je déteste la voiture. On ne peut rien faire, c’est du temps per­du. En revanche, j’adore pren­dre le train, je tra­vaille, je lis. C’est pour ça que l’on me prend pour un tra­vailleur ter­ri­ble ! En vérité, je suis assez paresseux. Mais comme je n’ai pas non plus de télévi­sion, j’ai plus de temps libre, donc je donne l’impression de boss­er énor­mé­ment ! », Gala, 21 juin 2009

« Peu­ple élu : Une seule ques­tion se pose : a‑t-il été élu démoc­ra­tique­ment ? D’ailleurs, y avait-il d’autres can­di­dats ? », In « Dic­tio­n­naire incor­rect », 2005

« Plus sérieuse­ment, on peut s’in­ter­roger sur sa légitim­ité [celle de BHL, ndlr] et sur la com­plai­sance des média à son égard. BHL n’a aucune respon­s­abil­ité poli­tique, il n’est pas élu. Dans ces con­di­tions, com­ment expli­quer qu’il lui suff­ise d’un coup de télé­phone pour béné­fici­er d’une dépêche AFP ? Sur le fond, je rap­pellerais sim­ple­ment que BHL nous a entraînés dans la guerre en Libye dont nous payons aujour­d’hui les con­séquences, notam­ment au Mali. Comme tout le monde, je suis choqué par la vio­lence des événe­ments qui se déroulent en Ukraine. Mais je refuse totale­ment la vision sim­pliste et néo-stal­in­i­enne de BHL. Sait-il par exem­ple qu’une par­tie des man­i­fes­tants de Kiev appar­ti­en­nent à un par­ti d’ex­trême droite qui se revendique « nation­al-social­iste » ? », Le Figaro, 21 févri­er 2014

« Je con­sid­ère le FN comme un par­ti légitime. Et j’affirme qu’avec 18% à la prési­den­tielle, résul­tat dont je me désole, il soit seule­ment représen­té par deux ou trois députés [sic], alors que EELV en a obtenu 18 mal­gré les 2,6% d’Eva Joly. Dans ces con­di­tions, com­ment peut-on deman­der aux gens de croire à la démoc­ra­tie, à la représen­ta­tiv­ité du Par­lement, au plu­ral­isme ? », Causeur, 29 août 2012

« Quelque part le réal­isme est tou­jours une forme de pétain­isme », Le Nou­v­el Obs, 7 juin 2011

Ils l’ont dit

« Com­mu­niste éphémère dans son jeune temps, enseignant pour un court moment, Kahn est surtout, et avant tout, jour­nal­iste. Reporter à Paris-Presse, à lExpress, à lObs, au Matin, directeur des Nou­velles Lit­téraires, créa­teur de deux jour­naux, lEvéne­ment et Mar­i­anne, chroniqueur radio, polémiste inépuis­able, Kahn a tout écrit sur tout. Mais, à la différence de nom­bre de ses con­frères, il a tou­jours tra­vail­lé ses sujets dans les livres, remon­tant aux sources, aux principes, à la philoso­phie qui per­met de don­ner un cadre pérenne à lanalyse du moment. », Lau­rent Jof­frin, Libéra­tion, 30 octo­bre 2018.

« Jean-François Kahn est en colère. Il n’y a là rien de sur­prenant. Comme dirait Ségolène Roy­al, c’est encore une colère saine. En tout cas, jus­ti­fiée. Car les médias ne vont pas bien », Renaud Dély, Le Nou­v­el Obs, 7 mars 2014

« Dans “Marine Le Pen vous dit mer­ci !” (1), petit livre rouge de colère et d’in­tel­li­gence, Jean-François Kahn met le doigt sur l’une des raisons prin­ci­pales du suc­cès du Front nation­al : la France s’est prise en grippe », Franz-Olivi­er Gies­bert, Le Point, 26 juin 2014

« Juste une petite propo­si­tion, comme ça, à l’adresse des can­di­dats à la prési­dence de la République : faites en sorte que l’É­tat sub­ven­tionne les livres de Jean-François Kahn, tant ils sont d’u­til­ité publique ! On peut aimer ou vom­ir le fon­da­teur de Mar­i­anne, zap­per ses inter­ven­tions télé ou glo­ri­fi­er ses ouvrages, force est de recon­naître que le jeune homme de plus de 70 ans agit tou­jours dans le souci de l’in­térêt com­mun, sinon répub­li­cain. Et que dans ses livres, le bon sens paysan est tou­jours de mise », Saïd Mahrane, Le Point, 21 jan­vi­er 2012

« Le dernier livre de Jean-François Kahn est un livre de colère. Il procède par emporte­ments. Il est rongé par une inquié­tude sincère. Il assène beau­coup et démon­tre peu. Il séduit par sa rage. Il agace par ses rac­cour­cis. Il est le livre de cet hon­nête homme qui voit mon­ter depuis des années la mer du pop­ulisme et qui veut crier : assez ! », Bruno Lemaire, Mar­i­anne, 24 juin 2013

Crédit pho­to : fon­dapol via Flickr (cc)

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