Pilier du groupe Lagardère
Jérôme Bellay, de son vrai nom Dominique Quenin, est né le 10 octobre 1942 à Châlons-en-Champagne. Il est marié à la chanteuse Karen Cheryl (la journaliste Isabelle Morizet, de son vrai nom) qui travaille sur Europe 1 de 2001 à 2008 et depuis 2012.
Formation universitaire
Jérôme Bellay est titulaire d’un baccalauréat. À 18 ans il avait passé le concours de l’IDHEC et voulait faire du cinéma.
Parcours professionnel
Jérôme Bellay débute sa carrière dans la presse écrite en 1961, dans le quotidien L’Union de Reims, avant d’entrer à l’ORTF en 1965 où il couvre l’actualité à Cayenne. Il est ensuite correspondant d’Antenne 2 et de TF1 à Bruxelles en 1973 puis nommé rédacteur en chef d’Antenne 2 en 1975.
Il est nommé en 1981 directeur de l’information de Radio France. Professionnel reconnu, il est le créateur de France Info en 1987, dont il assure la direction de l’information jusqu’en 1989. En 1994, il créée la chaine LCI, filiale de TF1. En 1996, il rejoint le groupe Lagardère, pour assurer la direction générale de l’antenne d’Europe 1, alors en lourde perte d’audience. Il y applique le concept de “News and Talk”, basé sur l’information et des débats sur l’actualité. Il est remplacé en 2005 par Jean-Pierre Elkabbach, mais reste administrateur de Lagardère active broadcast et membre du comité de direction de Lagardère active.
Depuis septembre 2000, Jérôme Bellay est président-directeur-général de la société Maximal Production, qui produit des reportages, des documentaires et des magazines d’information, notamment l’émission quotidienne C dans l’air d’Yves Calvi. La société dépend depuis 2008 de Lagardère entertainment, filiale de Lagardère active, qui réunit l’ensemble des activités de production et de distribution audiovisuelles du groupe Lagardère. Maximal Production a produit notamment l’intervention télévisée du président de la République du 27 octobre 2011, consacrée à la crise de la zone euro : une émission basée, d’après TF1, sur “une idée originale de Jérôme Bellay” (Le Monde – 17-10-2011). Maximal Production assure, en janvier 2012, une nouvelle intervention du chef de l’État diffusée sur 9 chaînes de télévision.
À l’été 2011, Jérôme Bellay est nommé au poste clé de directeur du Journal du Dimanche, autre titre phare du groupe Lagardère, en remplacement d’Olivier Jay. Jérôme Bellay dira aux journalistes du JDD « Je ne serai pas de ceux qui feront tout pour que Nicolas Sarkozy ne soit pas réélu ».
En octobre 2015 il est dans la tourmente après la une du JDD sur Marine Le Pen « un français sur trois prêt à voter pour elle ». « Fait aggravant : produite par M. Bellay, l’émission « C Politique » du 11 octobre a comme invitée… Marine Le Pen. Le directeur de la rédaction du JDD est soupçonné d’avoir utilisé son journal pour faire prospérer son émission. « Ça faisait petite entreprise », se souvient un journaliste de l’hebdomadaire », relève Le Monde (30/05/2016). Arnaud Lagardère s’était plaint de cette Une à l’époque, et le 16 octobre 2015 la société des journalistes adopte une motion de défiance contre Jérome Bellay, visant des « des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie ».
Fin mai 2016, il annonce qu’il quitte ses fonctions de directeur de la rédaction du Journal du dimanche et de dirigeant de Maximal Productions. C’est la fin d’un feuilleton politico-financier qui voit Jérome Bellay céder à la pression du pouvoir de Hollande, relayée notamment par Delphine Ernotte et Ramzi Khiroun, selon TéléObs.
Il continue à s’impliquer dans l’ombre dans la carrière d’Yves Calvi qu’il a suivi à LCI fin août 2016 puis à Canal+ en septembre 2017. Selon MCE TV, « très écouté par Vincent Bolloré, Cyril Hanouna voit en Yves Calvi l’homme de la situation pour le 18h-20h sur Canal+. Après le flop du Grand Journal et le peu d’audience du Petit Journal, la chaîne cryptée a besoin de muscler ce créneau horaire très stratégique. L’animateur de TPMP aurait organisé une rencontre entre Yves Calvi, son producteur historique, Jérôme Bellay, et les dirigeants de la chaîne cryptée ». Le Parisien enfonce le clou : lors de cette rencontre, « à table, il y a aussi le charismatique producteur Jérôme Bellay, avec qui Calvi a créé « C dans l’air » sur France 5 et sans qui rien ne se fait ».
Contre toute attente, Jérôme Bellay fait son grand retour à la tête du Journal du Dimanche à l’âge vénérable de 79 ans en octobre 2021. Nommé directeur général de la rédaction, il est secondé par Cyril Petit, ex-directeur adjoint du quotidien du dimanche, est promu directeur de la rédaction. Il est vrai qu’Hervé Gattegno, directeur du JDD et de Paris Match, était sur la sellette depuis quelques mois en raison des tourments judiciaires causées par l’affaire Takkiedine et de sa gestion erratique de l’hebdomadaire. Selon une connaissance du milliardaire officiant à Paris Match consultée par Libération, il « est évident que c’est Bolloré qui a dit stop ». En rachetant la part de capital détenu par le fond Amber dans Lagardère Active, le milliardaire breton est devenu le propriétaire réel du titre de presse et il se dit qu’il aurait peu goûté la « photo volée » d’Éric Zemmour en une de Paris Match.
Parcours militant
Il n’est pas encarté mais plus proche de la droite. TéléObs (24/04/2017, op. Cit.) dira « Jérôme Bellay […] Denis Olivennes… Les deux partagent un tropisme sarkozyste tandis que Ramzi Khiroun en pince pour la gauche ».
En 2001 pour le Télégramme il tranche le débat : « Quand la gauche est au pouvoir, on dit que je suis de droite. Quand c’est la droite, on me dit de gauche. Je suis inclassable parce que c’est comme ça ».
Publications
- Le seigneur des dos-pelés (1979)
- Le chercheur d’opale (1983)
- La nuit du Crystal (2007)
- Entre les lignes ou le journaliste assassiné (2008)
- Le Bal des pompiers, par Jérôme Bellay, Le Cherche Midi, 239p., 17 € (2014)
Collaborations
-
Ce qu’il gagne
-
Il l’a dit
« J’estime qu’une femme qui parle d’insécurité n’a pas à être taxée de racisme. Quand bien même il y aurait eu des propos discutables, il faut m’expliquer comment on peut combattre des idées sans qu’elles soient exprimées. » (Le Soir – 28 septembre 1996)
« Je suis un individualiste social trop timide pour être mondain. Et puis, je connais trop les gens des médias. Ils m’ont fait du mal », Le Télégramme, 15/07/2001 (op. Cit.)
« Si j’étais proche de l’UMP, cela ferait longtemps que je serais patron de France 2 et France 3 ! Avec mon savoir-faire et ma personnalité, si, en plus, je suis dans les papiers du pouvoir, il faut me donner la plus grosse responsabilité… Il n’y a pas moins politique que moi. » (Stratégies magazine n°1303)
« Je défends des valeurs de radio contre des valeurs de commerce. Vous savez, quand on fait quelque chose, cela vous ressemble. Donc, forcément, Europe 1 me ressemble. Je suis un journaliste avec de l’expérience. Jean-Luc Lagardère me disait : une radio, c’est l’affaire d’un homme », Stratégies, 20/11/2003.
Sa nébuleuse
Jérôme Bellay est PDG de Maximal Production, qui fait partie du groupe Lagardère Entertainment, lui-même dépendant de la branche Lagardère Active qui détient également 17 % du groupe Le Monde SA et 20 % de Canal+ France (groupe issu de la fusion des bouquets satellitaires CanalSatellite et TPS). Ce pôle dispose en outre d’une dizaine de chaînes thématiques, notamment dans la musique (MCM, Europe 2 TV…) ou les programmes destinés à la jeunesse (Canal J, Gulli). Le groupe reste seul maître à bord de la radio Europe 1, dirigée début 2011 par l’énarque et normalien Denis Olivennes, ancien directeur général délégué du Nouvel Observateur, qui a également pris en charge la direction opérationnelle d’un nouveau pôle d’information de Lagardère active regroupant Europe 1, donc, mais aussi Paris Match, Le Journal du Dimanche, ainsi que Newsweb, filiale d’informations en ligne du groupe qui édite le JDD.fr (source : Les médias en servitude – éditions Polemia, décembre 2011).
Son départ de Maximal productions est forcé, constate Le Monde (30/05/2016, op. Cit) : « France Télévisions a engagé une renégociation, afin, notamment, d’en réduire le coût. Le 9 mai, c’est la douche froide : le présentateur de « C dans l’air » et « poulain » de M. Bellay, Yves Calvi, annonce qu’il rejoint LCI, prenant par surprise France Télévisions et Maximal, selon plusieurs sources. Ce départ est interprété comme un signal : la position de Jérôme Bellay s’affaiblit, même auprès de ses proches. France Télévisions en profite pour enfoncer le clou et réagir au départ de M. Calvi, pilier de France 5. Le groupe impose une nouvelle société de production, « Together », dirigée par l’ancien de Canal+, Renaud Le Van Kim, pour coproduire « C dans l’air » aux côtés de Maximal. Une configuration difficile à accepter pour M. Bellay, qui se vit comme le père de l’émission. Il jette l’éponge ».
Après une petite année passée sur LCI, Calvi revient dans le giron de Bellay qui redevient son producteur sur la nouvelle émission d’info qu’il présente sur Canal+, « L’info du vrai ».
On l’a dit à son sujet
« si Jérôme Bellay est bien à l’origine de la réussite de France Info et de LCI, il n’a pas pu faire grand-chose pour RMC dont il fut le directeur d’antenne, faute d’accord de la part de ses actionnaires. A Europe 1, Jérôme Bellay pourra en tout cas satisfaire son féroce appétit de réformateur. ATF1, où il venait de se faire doubler par Robert Namias à la direction de la rédaction, il était resté sur sa faim », Libération, 15/07/1996.
« Tout l’homme est dans la formule. Ça passe ou ça casse. En général ça passe… Ce qu’il y a de terrible avec les réputations, c’est qu’elles collent à la peau. Depuis toujours, Jérome Bellay, 59 ans, costaud, l’air bourru d’un ours mal réveillé, intrigue d’autant plus qu’il ne s’embarasse pas des inimitiés qu’il provoque sur son passage », Le Télégramme, 15/07/2001.
« Doté des pleins pouvoirs, il supprime les conférences de rédaction où les journalistes discutent collectivement des sujets, s’enferme et conçoit seul, sans aucune aide, toute la tranche du matin : les invités, les sujets, les reportages, l’actualité, les magazines, tout… Un cadre descend les ordres du patron et les fait appliquer. Bellay entretient avec Catherine Nay ou Alain Duhamel des relations notoirement exécrables. Le tsar n’aime pas les stars. Ni les élus du personnel. Pas question d’accueillir les hommes politiques ou les grands patrons invités dans les émissions, un privilège d’ordinaire très prisé. Mais que François Hollande ait demandé à le rencontrer le flatte », Challenges, 18/06/2014.
« Derrière la rugosité du caractère, Bellay a les qualités d’un grand patron de rédaction. « C’est un des rares qui vous sort de votre case, témoigne Axel de Tarlé. Il voit plus loin que ce que vous faites, il vous imagine ailleurs. Cela donne un coup d’accélérateur à une carrière. » Impossible de citer tous les anciens de l’école Bellay lancés par lui aujourd’hui connus et reconnus. Paradoxalement, ce patron sans concession souffre de cette image de dur. Il se raccroche aux femmes. « Elles ne pensent pas que je suis un ours », assure-t-il. L’écorché vif a mal vécu les manifestations des filles grimées de l’association La Barbe qui stigmatisait l’absence de femmes sur les plateaux de ses émissions. Depuis, Bellay s’épuise en défense, citant inlassablement la liste de celles qu’il a engagées, lancées, soutenues : Alba Ventura, Caroline Roux, Arlette Chabot… Il assure qu’il préfère travailler avec elles. » Ibid.
« Jérôme appartient à l’espèce rarissime des seigneurs de l’information », Arnaud Lagardère, 30/05/2016.
« “Rude”, “bourru”, “intransigeant”, “inventif”, “tout sauf un courtisan”… Le grand patron de presse ‑écrivain à ses heures- a un sacré caractère, décrit Challenges, qui lui a consacré un portrait en 2014 », L’Express, 30/05/2016.
« Bellay et Calvi, c’est un duo indéfectible. Lorsqu’ils se rencontrent, en 1988, à France Info, Bellay, 45 ans, est déjà une figure de la profession quand Calvi n’est qu’un débutant. Ensemble, ils vont arpenter le paf : Télé Lyon Métropole, RMC, LCI, Europe 1. L’un, tout en rugosité, l’autre tout en souplesse. En 2001, ils créent “C dans l’air”, un talk-show d’actualité, formidable succès qui structure l’audience et l’image de France 5. Calvi règne en plateau, Bellay régit la liste des invités et, surtout, l’oreillette — il est compris à demi-mot », TéléObs, 24/04/2017.
« Calvi embrasse un public allant des férus de politique à celui, plus populaire, de RTL dont il anime la matinale. Bellay, l’homme de l’ombre, patron du “Journal du dimanche” et producteur télé, cumule les leviers d’influence : les politiques courtisent “le JDD” et accourent dans son émission “C politique”, sur France 5. Intelligentsia, économistes, experts colonisent “C dans l’air” », ibid.
« Il incarne ce que Delphine Ernotte fustigeait en prenant ses fonctions : l’archétype du mâle blanc de plus de 50 ans qui squatte la télé. Bellay en a 73 et assume crânement son machisme », ibid.
« J’ai du respect pour lui. Il faut juste savoir que si vous n’êtes pas journaliste, vous êtes un sombre connard, et qu’à ses yeux, il est inconcevable qu’un mec, dans l’organigramme de Lagardère, l’em… », un ancien dirigeant de France Télévisions à son sujet, ibid.
« Il est parti [de Lagardère] sans chèque de départ, précisera, tout étonné, Denis Olivennes, en comité exécutif. Et donc non tenu par une clause de confidentialité », ibid.
Crédit photo : Bibliothèque municipale de Lyon — 1989 (cc)