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Julie Joly

2 mai 2020

Temps de lecture : 6 minutes
Accueil | Portraits | Julie Joly
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Julie Joly

Temps de lecture : 6 minutes

L’adepte des grandes écoles parisiennes

Née à Paris en 1974, peu connue du grand public, elle l’est bien plus du milieu parisien de la formation journalistique. Julie Joly est directrice depuis 2012, du Centre de formation des journalistes (CFJ), fondé en 1946, et membre de la Conférence des grandes écoles. Si l’on a récemment entendu parler d’elle, c’est pour sa nomination au “Comité relatif à l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes” de Radio France en tant que “personnalité indépendante” le 24 avril 2020.

Formation

Après une Pré­pa HEC au lycée Hen­ri IV, elle intè­gre HEC Paris en 1994. Diplômée en 1997, elle passe par la suite à l’ESCP, dont elle sort en 1998 avec un mas­ter en journalisme.

De La Tribune au CFJ

Julie Joly a com­mencé sa car­rière en 1999, comme cor­re­spon­dante en Alle­magne pour La Tri­bune. Quelques mois plus tard, elle rejoint L’Express, d’abord en tant que jour­nal­iste au ser­vice économie, puis au ser­vice poli­tique et société, dont elle devient rédac­trice en chef adjointe en 2010, jusqu’à son départ du jour­nal en 2012.

Elle devient alors direc­trice du Cen­tre de for­ma­tion des jour­nal­istes (CFJ), en rem­place­ment de Christophe Deloire. Elle accélère la trans­for­ma­tion de l’école en changeant notam­ment, les modal­ités d’accès à cette dernière. C’est elle qui sup­prime en 2018, l’épreuve écrite d’admissibilité lors du con­cours d’entrée (pour la rem­plac­er par un dossier de can­di­da­ture), met­tant fin aux QCM d’actualité et de cul­ture générale, réputés être “deux épreuves très dif­fi­ciles qui per­me­t­taient à l’école de sélec­tion­ner les étu­di­ants les plus infor­més”. Déci­sion jus­ti­fiée par la volon­té de l’école de “voir com­ment ils [NDLR, les futurs étu­di­ants] réfléchissent, com­ment ils se posent des ques­tions, com­ment ils perçoivent l’utilité de notre méti­er. L’objectif est que nous ayons le choix entre des intel­li­gences plus divers­es car il n’y a pas un pro­fil de journaliste.”

Elle a aus­si dévelop­pé de nom­breux parte­nar­i­ats entre le CFJ et divers­es grandes écoles et uni­ver­sité comme HEC, l’ESCP-Europe, l’École nationale supérieure de la rue d’Ulm et Paris1-Pan­théon Sor­bonne. C’est aus­si à elle que l’on doit l’augmentation de 40% des frais de sco­lar­ité, faisant du CFJ, la seule for­ma­tion de jour­nal­isme recon­nue par la pro­fes­sion, “financée qua­si exclu­sive­ment par la taxe d’apprentissage et les frais de sco­lar­ité”.

En 2016, le CFJ a créé l’École W, école de jour­nal­isme et de com­mu­ni­ca­tion post-bac en trois années, “pour for­mer ses étu­di­ants à la créa­tion de con­tenus inno­vants” et aux “métiers qui n’existent pas encore”, Joly en est dev­enue par la même occa­sion, la direc­trice générale. Cette école, très axée sur le numérique, a depuis sa créa­tion, comme prési­dent de son con­seil stratégique, Ludovic Blech­er, à la tête du Dig­i­tal News Inno­va­tion Fund de Google.

Une habituée des nominations dans diverses structures

En par­al­lèle de ses postes de direc­trice, Joly est mem­bre de bon nom­bre de con­seils d’administration. Elle l’est de celui de Reporters sans fron­tières, ONG dont Christophe Deloire, qu’elle a rem­placé en 2012 à la tête du CFJ, est secré­taire général depuis… 2012.

Elle est aus­si mem­bre des con­seils d’administration de la Con­férence des grandes écoles, de la Con­férence des écoles de jour­nal­isme, du médiaClub’Elles, et enfin, elle est mem­bre du comité directeur du LabEx Tep­sis, lab­o­ra­toire de recherche en “sci­ences his­toriques et sociales du poli­tique”, adossé à l’EHESS.

Bien plus récem­ment, Joly a fait son entrée au “Comité relatif à l’hon­nêteté, à l’indépen­dance et au plu­ral­isme de l’in­for­ma­tion et des pro­grammes” de Radio France, en tant que “per­son­nal­ité indépen­dante”. Cette nom­i­na­tion a été approu­vée par le Con­seil d’administration de Radio France le 24 avril 2020. Elle y siégera pen­dant 3 ans et rem­place Mon­i­ca Mag­gioni, une jour­nal­iste ital­i­enne, vice-prési­dente de l’Union européenne de Radiotélévision.

Sa nébuleuse

Dans sa nébuleuse, on peut men­tion­ner Ludovic Blech­er, avec lequel elle occupe les postes les plus impor­tants de l’École W depuis sa créa­tion. Ce dernier n’est pas n’importe qui puisqu’après 6 années chez Libéra­tion, il a été le directeur de l’ancien fonds pour “l’in­no­va­tion numérique de la presse” (FINP) ou, “fonds Google”, pen­dant 2 ans (2013–2015). Ensuite, il est passé à la tête du Dig­i­tal News Inno­va­tion Fund de Google, qu’il dirige tou­jours, en par­al­lèle du pro­gramme Inno­va­tion de la Google News Ini­tia­tive qu’il a rejoint en 2018. Des accoin­tances qui lais­sent présager que le CFJ et l’École W ne seront pas en pre­mière ligne pour per­me­t­tre au jour­nal­isme de s’affranchir de l’emprise des GAFA.

Blech­er a aus­si fait un tour du côté des poli­tiques publiques en étant nom­mé au Con­seil nation­al du numérique de 2013 à 2016.

Ce qu’elle gagne

Non ren­seigné.

Elle l’a dit

La pre­mière cause qu’un jour­nal­iste doit défendre, c’est l’information, pas les bébés pho­ques. Même si nous avons tous nos con­vic­tions, il faut qu’un jour­nal­iste trou­ve plus de plaisir à faire com­pren­dre une infor­ma­tion qu’à défendre sa cause.” Le Figaro, 5 mai 2019.

Au sujet de la Ligue du LOL : c’est un “com­porte­ment de meutes de cyber-délin­quants”, “en par­tie struc­turel, lié à la pro­fes­sion de jour­nal­iste et au car­ac­tère de ses étu­di­ants”. “Que les jour­nal­istes aiment plus que d’autres s’exprimer, par­ler et échang­er est assez logique, c’est même l’ADN de leur méti­er. Mais le fait qu’on demande aux étu­di­ants en jour­nal­isme et en com­mu­ni­ca­tion d’être sans arrêt sur les réseaux soci­aux crée une hyper­sol­lic­i­ta­tion pour com­mu­ni­quer en petits groupes, où les échanges sont bien plus vir­u­lents que dans la réal­ité, explique-t-elle. C’est une délin­quance avec un usage détourné de nos pro­pres armes que sont ces réseaux.” Le Figaro, 22 févri­er 2019.

Pour jus­ti­fi­er la sup­pres­sion des épreuves écrites d’admission au CFJ : “Nous nous sommes ren­du compte que tous les ans, par­mi les 130 can­di­dats admis­si­bles, les meilleurs n’étaient pas pris à l’école car ils n’avaient pas les qual­ités humaines néces­saires telles que la curiosité, l’ouverture au monde ou l’empathie.” Le Figaro, 9 mars 2018.

Ces plate­formes [NDLR, Google et Face­book] ont un impact con­sid­érable sur la dis­tri­b­u­tion de con­tenu, la récep­tion, la qual­ité, leur hiérar­chi­sa­tion. Cela influe sur la posi­tion du jour­nal­iste, du com­mu­ni­cant… Où se situe-t-on, si tout ce que les gens pub­lient est reçu au même niveau ? Ce duo­p­o­le ouvre un para­doxe effrayant qu’il nous fau­dra bien dépass­er : jamais l’ac­cès au savoir n’a été aus­si ouvert, et jamais les men­aces d’aveu­gle­ment n’ont été aus­si grandes. Ces plate­formes changent aus­si pro­fondé­ment notre manière de tra­vailler. Et c’est encore plus vrai pour les plus jeunes. Comme les for­mer quand ils pensent tout savoir ou tout trou­ver sur Google. Que fait-on de la mémoire, de l’échange physique, de la vérité ? W et le CFJ ne sont pas financés par les GAFA, mais les deux écoles sont mem­bres du Google News Lab Uni­ver­si­ty Net­work.” Sto­ry Jun­gle, 22 décem­bre 2017

Des défauts, ils [NDLR, les jour­nal­istes] en ont, c’est cer­tain. La poignée de bien-pen­sants, de méga­los, de francs-tireurs ou de médiocres con­tin­uera longtemps d’exaspérer l’opinion, et avec elle l’ensemble de la pro­fes­sion. Depuis sa créa­tion en 1946, toute l’ambition du CFJ est pré­cisé­ment de les com­bat­tre et de porter tou­jours plus haut l’exigence de rigueur, d’objectivité et d’indépendance des déten­teurs de la si pres­tigieuse carte de presse.” Site de la Con­férence des grandes écoles, 3 sep­tem­bre 2012.

Pho­to : cap­ture d’écran vidéo “Regards croisés sur l’al­ter­nance” (Afdas), via YouTube

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