Journaliste ou indicateur de police ?
Dernière modification le 26/02/2020
« Le “gage de qualité” d’un article est d’expliquer et, pour expliquer, il faut choisir. » Commentaire de l’article « Suisse : des affiches citoyennes contre la double peine », rue89.nouvelobs.com, 13 novembre 2010.
Né en juin 1982, Julien Martin est un journaliste politique, chargé de créer du contenu pour les sites d’information pour lesquels il travaille (Rue89 et désormais L’Obs). Avec plus d’un millier d’articles en tout genre à son actif, le premier salarié embauché par Rue89 en 2007 a de la bouteille d’un point de vue journalistique. Le ton partial et militant des débuts s’est peu à peu dilué dans l’eau tiède macroniste déversée par son nouvel employeur.
Il sait qu’il faut garder, vis-à-vis de l’opinion publique, l’idée que son travail reste impartial et exempt de toutes prises de position politiques. D’ailleurs, il s’emploie dans les commentaires de ses propres articles à le soutenir mordicus. Alors, pour relater un événement, Julien Martin va choisir adroitement ses interlocuteurs, les informations retenues et les sujets qu’il va traiter. Il sait qu’il pourra dès lors se cacher derrière ses sources ou les personnes interviewées pour se justifier en déclarant « ce n’est pas moi qui le dit » ou « je ne fais que rapporter des faits », pour faire passer son parti-pris volontairement engagé et militant dans ses articles.
Ses cibles privilégiées ? En premier lieu le couple Balkany, auquel il consacre un portrait en vitriol en 2014 (sobrement intitulé Les Balkany) : son fil twitter est parsemé de liens en rapport avec ceux qu’il désigne comme les « Thénardier de la République ». Puis viennent les membres du gouvernement de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, avec toujours un ton polémique pour tenter de faire « buzzer » mais surtout, avec un angle d’attaque morale sur la conduite de l’État. Car Julien Martin a une haute conscience de sa mission journalistique, celle d’éclairer la population à la lumière de sa pensée politique mondialiste, qui est celle de la caste parisiano-centrée des salles de rédaction coupée de la population, avec ses vues simplistes : la droite c’est déjà le début de l’extrême droite et la gauche ne va jamais assez loin dans sa politique de gauche.
Dans L’Obs, demain, les Bonnie and Clyde du PS, #Montebourg et #Filippetti https://t.co/nzaIcz45Pn
— Julien Martin (@Jul_Martin) 15 Juillet 2015
Formation
2004
Maîtrise de droit privé, Rennes I. Julien Martin indique être passé par l’Institut d’Études Politiques de Rennes.
2007
Centre de Formation des Journalistes (CFJ), spécialisation multimédia, Paris.
Parcours professionnel
2003–2005
Correspondant local pour Ouest-France à Rennes.
2006–2007
Pigiste au magazine Direction(s).
2006–2007
Pigiste au desk sport de l’AFP. Il indique dans sa présentation à Rue89, avoir travaillé en tant que pigiste à Libération, Le monde.fr.
2007–2011
Journaliste politique et premier salarié embauché par Rue89 : « je me suis lancé dans l’aventure Rue89 dès sa gestation et un premier e‑mail en date du 28 janvier 2007. Une aventure essentiellement composée d’articles politiques (et de discussions dans les commentaires) (et de bugs). Elle a pris fin, me concernant, le 31 [sic] avril 2011. Elle fut mirifique. »
2008–2010
Chroniqueur politique à « Parlons Net » sur France Info.
2010–2011
Chroniqueur politique à la matinale du Mouv’.
Avril 2011
Journaliste politique au Nouvel observateur.
2018
Toujours à L’Obs, chef adjoint du pôle France.
Parcours militant
Le 30 juin 2015, Résistance Républicaine et Riposte Laïque organisaient un rassemblement place de la Bourse à Paris sur le thème « Attentats islamiques –Valls Cazeneuve démission ». Choqué par les discours tenus par les orateurs sous les fenêtres de L’Obs, Julien Martin est allé demander à la police présente pour encadrer la manifestation d’arrêter l’organisateur, Pierre Cassen ! Voici le déroulement de la scène rapporté par le journaliste sur Facebook et diffusé par BuzzFeed. « On était bien évidemment choqués à L’Obs d’entendre de tels slogans sous nos fenêtres. Je suis alors descendu voir trois CRS pour leur demander ce qu’ils attendaient pour interpeller Pierre Cassen. Ils me répondent d’aller voir le commissaire, qui surveille la manifestation dans un coin de la place. Je me dirige vers lui, mais il est au téléphone. J’attends 5/10 minutes qu’il finisse sa conversation, puis je me présente et lui demande si la manifestation est autorisée. Là, le jeune gradé commence à ironiser : “Monsieur, sachez qu’on ne dit pas qu’une manifestation est autorisée, elle est déclarée à la préfecture qui accepte ou non sa tenue.” OK. La conversation se poursuit sur le même ton : — “Très bien, mais cela ne vous gêne pas d’écouter de tels slogans sans bouger ?” — “En tant que journaliste, vous devez être attaché à la liberté d’expression, non ?” — “Tout à fait, mais elle est limitée par la loi et là la loi est très clairement bafouée…” — “Oh, vous savez, aux États-Unis, on entend ça tous les jours !” — “Oui, on peut aussi se trimballer avec une arme, mais si j’en avais une, je ne suis pas certain que cet argument vous convainque…” Il esquisse un sourire, et je continue : — “Donc là, vous ne faites rien ?” — “Non, on ne peut rien faire, mais si vous voulez, vous pouvez porter plainte et on verra bien.”[…] L’air toujours satisfait, il me salue et compose à nouveau un numéro sur son téléphone. Je repars en espérant qu’une association porte plainte, sachant que la manifestation est filmée…» Pierre Cassen et son groupe Riposte Laïque ont vertement réagi dans différents articles (voir § Ils ont dit), en traitant Julien Martin d’indicateur de police ou de militant d’extrême gauche ayant une culture fasciste. En tout cas, ces méthodes de dénonciation vont à l’encontre de l’éthique professionnelle des journalistes, qui leur enjoint de « défendre la liberté d’expression, d’opinion, de l’information, du commentaire et de la critique » et de « ne pas confondre pas son rôle avec celui du policier ou du juge. »
Julien Martin, indic de police du Nouvel Obs, a demandé l’arrestation de Pierre Cassen. http://t.co/5cpOIQsven pic.twitter.com/H5TG6YKJtq — Riposte Laique (@1RiposteLaique) 7 Juillet 2015
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Publications
Une génération se la raconte, Paris, Ensad impr., 2007. 87 p. (Résumé : « Projet scolaire en partenariat entre l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) et le Centre de formation des journalistes (CFJ), encadrés par Anne Mattler [journaliste à Libération, ndlr]. Le groupe de travail était constitué d’ étudiants en journalisme du CFJ : Clément Daniez, Laure Equy, Anne de Malleray, Julien Martin, Auréliano Tonet, Delphine Veaudor coachés par Laurent Carpentier ; d’étudiants en design graphique de l’Ensad : Aurélie Carbillet, Sophie Chenevière, Hyun Joo Lee, François Prosper (coordination), Edgard Sisto, encadrés par Dirk Behage ; et d’étudiants en photographie : Aurélia Blanc, Alice Cuvelier, Benjamin Girard, Mathieu Grac, Nina Pieroth, João Torres, encadrés par Jean-Claude Pattacini. »).
Les Balkany, Paris, les éditions du Moment, 2014. p. 181
Collaborations
Non renseigné.
Il l’a dit
« Je crois que ce qui est le plus important est de respecter toujours la même règle : tenter d’être le plus objectif possible. Autrement dit, si j’ai une information sur une personne, je la traite impartialement et la publie, que j’ai plutôt un a priori positif ou négatif sur elle. D’ailleurs, cela se vérifie quasiment à chaque fois : plus on fait des articles qui dérangent un politique, plus celui-ci vous respecte, à condition bien sûr que l’attaque soit juste. Ce serait bête de se priver ! Après, s’il le prend mal, c’est son problème. Et ça n’empêche pas d’écrire encore sur lui », commentaire de l’article « Etre à tu et à toi en politique : connivence ou transparence ? », rue89.nouvelobs.com, 11/09/2010.
« Le titre est un clin d’œil, un brin provocateur, à la déclaration “c’est notre petit Arabe” que l’intéressé ne juge pas insultante », commentaire de l’article « Le “petit Arabe” à côté de Brice Hortefeux dépose plainte », rue89.nouvelobs.com, 29/09/2009.
« Je suis plutôt d’accord avec vous sur votre analyse d’Europe Écologie. Je ne dénigre pas leurs propositions dans cet article, je dis seulement qu’ils devraient faire attention à leur positionnement politique », commentaire de l’article « Et si les écolos se voyaient trop beaux ? », rue89.nouvelobs.com, 24/09/2009.
« D’autre part, les supporteurs de Ségolène Royal oublient très rapidement certains articles. Rue89 a été le premier ‑et reste l’un des seuls- à avoir confirmé la mission de Ségolène Royal au Pnud, entretien et courriers à l’appui », commentaire de l’article « Ségolène Royal, la femme que “rien n’inquiète” », rue89.nouvelobs.com, 04/09/2009.
« Je ne le répéterai jamais assez : je ne suis ni pour ni contre Ségolène Royal, j’essaie simplement d’être neutre comme pour les autres politiques. Parfois, les articles sont en sa faveur, parfois ils sont contre, mais c’est toujours argumenté », commentaire de l’article « Royal demande pardon pour Sarkozy : une stratégie payante ? », rue89.nouvelobs.com, 20/04/2009.
« C’est un vieux débat. On se pose à chaque fois la question. Doit-on ou non parler de Le Pen ? Rien ne sert certes d’en parler à chacune de ses déclarations, mais je pense qu’à l’ignorer, on fait aussi son jeu, on lui permet plus que jamais de se poser en victime », commentaire de l’article « Pétain, le Taser et les races : Le Pen veut récupérer ses électeurs », rue89.nouvelobs.com, 15/02/2009.
« Cet homme n’a jamais rien voulu faire comme les autres. Dès le lycée et sa relation avec Brigitte, sa professeure de 24 ans son aînée, puis à chaque étape de sa vie, tantôt philosophe au côté de Paul Ricœur tantôt banquier d’affaires chez Rothschild, Emmanuel Macron a toujours eu le goût de la transgression. Il semble même en avoir fait une règle de vie, sa règle. Et il l’applique dès ses premiers pas au gouvernement. Le jour de sa nomination à Bercy, à l’été 2014, paraît une interview dans laquelle il remet en question rien de moins que le totem des 35 heures. », nouvelobs.com, 05/05/2017.
Des titres chocs et des articles orientés pour :
La défense des Roms
- « Les preuves de l’existence d’un fichier ethnique sur les Roms » (lien)
- « Roms : ce que les eurodéputés ont dit à la France de Sarkozy » (lien)
- « Plainte contre la France pour violation des droits des Roms » (lien)
- Citation dans l’article : « La France éprouve manifestement des difficultés à accepter ce droit dès lors que les déshérités, notamment Roms, s’en prévalent. A leur encontre, tout est permis : interpellations arbitraires, destructions de biens, accusations sans preuve de séjours supérieurs à trois mois, d’indigence en l’absence de toute trace de recours aux services sociaux, etc. »
La droite
- « L’aboyeur Lefebvre se musèle avant les remaniements » (lien)
- « Estrosi veut faire payer un buste de Jean-Paul II aux Niçois » (lien)
- « Pourquoi Mitterrand a fait annuler deux concerts au Louvre » (lien)
- Citation dans l’article : « C’est une nouvelle preuve que ce ministère n’a pas le moindre respect pour la musique. Sauf quand il nous contacte en période électorale pour faire venir deux mecs à un meeting, ou quand il s’agit d’ouvrir le Champ de Mars à Johnny Hallyday. »
- « Déchéance de la nationalité : Sarkozy contredit Nicolas » (lien)
- « Si le chef de l’État s’éloigne aujourd’hui de cette position, il se rapproche en revanche du programme du Front national. Encore dans ses vœux pour 2010, Jean-Marie Le Pen réclamait que soient rendues “plus sévères les procédures de naturalisation et de déchéance de la nationalité.” Il a été entendu », « Déchéance de la nationalité : Sarkozy contredit Nicolas », rue89.nouvelobs.com, 30/07/2010.
- « Comment Juppé et Sarkozy ont protégé l’Église traditionaliste » (lien)
- « Le maire de Bordeaux, le chef de l’État et son directeur de cabinet n’ont pas hésité à bafouer la justice dans cette “affaire d’État”. […] Une affaire qui révèle comment Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Christian Frémont, ancien préfet de Gironde devenu directeur de cabinet à l’Élysée, ont protégé l’Église traditionaliste dénoncée dans ce reportage [À l’extrême droite du père]. »
Le Parti socialiste
- « Cambadélis, capitaine abandonné d’un PS à la dérive » (lien)
- « Hollande en Haïti : la tête haute et la dette basse » (lien)
- « Départementales : pourquoi le PS est dans un déni de réalité » (lien)
- « Corrèze : “On ira voter. Pour Hollande. On ne tire pas sur une ambulance” » (lien)
- « Valls prend les mêmes (discours) et recommence » (lien)
- « Benoît Hamon enfile les gants au gymnase Japy » (lien)
- « Benoît Hamon, attaqué de toutes parts, monte sur le tatami en meeting à Paris » (lien)
Sa nébuleuse
Alexandre Le Drollec : rédacteur du pôle France à L’Obs, avec lequel il cosigne quelques articles ; Nolwenn le Blevennec : ancienne rédactrice en chef de Rue 89.
Ils ont dit
« Mais nous n’avons pas trouvé trace d’une demande d’un professionnel de l’information, muni d’une carte de presse, se prévalant de la profession de journaliste pour exiger d’un membre des forces de l’ordre l’arrestation de l’organisateur d’une manifestation. Le vaillant Julien Martin (qui paraît cultiver une ressemblance physique avec Léon Trotski jeune) a donc réussi une première, dans une profession qui s’était pourtant déjà bien distinguée quant à la partialité du traitement de l’information », « L’indicateur de police de L’Obs Julien Martin peut-il garder sa carte de presse ? », ripostelaique.com, 09/07/2015.
« Or, non seulement ce commissaire politique en herbe n’a pas respecté la liberté d’opinion et d’expression de Pierre Cassen et des organisateurs (première faute), mais il a confondu son rôle avec celui d’un policier, allant jusqu’à se conduire en supplétif des forces de l’ordre, leur intimant presque l’ordre d’arrêter le fondateur de Riposte Laïque (deuxième très grosse faute) », idem.
« Un deuxième journaleux, adepte lui aussi du monde enchanté des Khmers rouges, a sévi ; un nommé Julien Martin, du Nouvel Obs, dont la réaction est révélatrice de l’esprit de petit flic qui anime cette caste de plus en plus agressive avec une parole qui n’est pas la sienne, celle des patriotes », « Les journaleux Perrotin et Martin en rage : la police n’a pas arrêté Pierre Cassen ! », ripostelaique.com, 07/07/2015.
« Les “Je suis Charlie”, cela ose tout, c’est à cela qu’on les reconnaît », idem.