« Karaba la sorcière, pourquoi es-tu si méchante ? »
Née le 29 octobre 1985 à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) de parents togolais, Laëtitia Avia a connu le parcours qui fait l’orgueil d’une République s’efforçant péniblement de maintenir un semblant d’apparences méritocratiques. Des cages d’escalier des HLM au perchoir de l’Assemblée, en passant par les cabinets feutrés des avocats d’affaires, la jeune avocate avait tout pour être la tête de gondole du pouvoir macronien, comme elle fut celle de la diversité à Sciences-Po Paris au début du siècle. Mais ses nombreuses frasques, ont creusé de sérieuses entailles dans cette image d’Épinal, au moment même où la loi qui porte son nom était retoquée par le Conseil Constitutionnel. Et la jeune femme de devenir subitement l’épine empoisonnée fichée dans le dos de LREM. Élue députée de Paris en 2017, elle sera battue en 2022 par une concurrente Nupes. En juin 2023 elle est condamnée à six mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour harcèlement moral de ses collaborateurs. Elle monnaie désormais ses conseils en politique numérique auprès des réseaux démocrates et proches de Soros outre-Atlantique.
Formation
Laëtitia Avia suit ses études secondaires au lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen où elle décroche un bac ES. Ce lycée est un des premiers établissements scolaires ZEP à mettre en place un partenariat (Convention Éducation Prioritaire) permettant à des élèves provenant de quartiers défavorisés d’accéder à Sciences Po selon une admission parallèle. La jeune femme saisit sa chance et est admise à l’IEP Paris en 2003, où elle obtient un master en droit économique, spécialité droit et régulation des marchés (2008) et un Master of Laws en droit comparé (2009) obtenu à l’université McGill de Montréal. Son mémoire, supervisé par Geneviève Saumier, est consacré à l’analyse de l’éventuelle introduction des recours collectifs dans le droit français. Elle passe avec succès le concours d’avocat l’année suivante.
Parcours professionnel
Alors fraîchement diplômée, elle est repérée par l’influent avocat d’affaires et membre de la commission Attali, Jean-Pierre Darrois. Celui-ci la prend sous son aile et la propulse secrétaire générale de la commission Darrois, qui doit proposer au gouvernement une feuille de route sur la réforme de la profession d’avocat, au fonctionnement encore trop archaïque dans un contexte de mondialisation heureuse. C’est à cette occasion que l’étudiante fait la connaissance d’Emmanuel Macron qui est le rapporteur de cette commission, comme il fut celui de la commission Attali quelques mois plus tôt.
Elle œuvre comme juriste spécialisée dans la fusion-acquisition au sein du cabinet Barrois, où elle entre comme stagiaire en 2008 avant de l’intégrer en tant que collaboratrice en 2009. Pendant cette période, elle réalise un stage à l’autorité des marchés financiers, puis est affectée à la direction juridique du Fonds Stratégique d’Investissement, ancêtre de Bpifrance. Elle rejoint le cabinet Deprez-Perrot (devenu depuis Nerio Legal) en qualité d’associée en 2014, avant de fonder son propre cabinet dédié au contentieux en droit commercial et boursier en avril 2016 aux côtés d’Adrien Perrot, « à deux pas de la rue Saint- Guillaume, dans les anciens locaux de maître Eric Dupond-Moretti. »
Parallèlement, elle a été maître de conférences à Sciences Po entre 2011 et 2017, où elle enseignait le contentieux économique et le droit des sociétés, et chargée de cours à l’université Paris XIII où elle enseignait le contentieux AMF (Autorité des Marchés Financiers).
Après avoir été éjectée de son siège de député par la candidate de la NUPES Eva Sas, elle se reconvertit en tant qu’analyste pour des organismes internationaux en matière de politique numérique, et plus particulièrement sur la restriction de la liberté d’expression en ligne. À l’occasion du Internet Safer Day, elle participe à un échange avec le député européen Sandro Gozi au cours duquel elle s’en prend à Elon Musk et plaide pour une régulation plus ferme du réseau social.
Plusieurs anciens collaborateurs avaient porté plainte contre elle lors de son mandat de députée de Paris, évoquant des humiliations répétées. Elle est condamnée le 5 juillet 2023 à six mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour harcèlement moral. Elle se reconvertit dans les réseaux atlantistes financés entre autres par George Soros.
Publications
Non renseigné.
Parcours militant
Elle fait la connaissance du futur candidat Macron à 23 ans, dont Libération affirme que « chaque hiver, ils s’échangent leurs vœux et, par mails, elle le tient au courant de son évolution » (Libération). Son cœur penche à gauche et elle n’en fait pas mystère : « Je n’avais pas d’engagement politique au sens où je n’étais pas encartée, explique-t-elle. Mais j’étais active au sein d’associations africaines et d’organisations prônant l’égalité des chances. Comme électrice, je votais plutôt à gauche. Disons : du MoDem au PCF. La maire de ma ville était communiste et faisait du bon travail… Donc, je la soutenais. » (Jeune Afrique).
Fleurant le bon filon, elle prend sa carte à En marche! dès la création du parti en 2016. Elle s’implique avec détermination dans l’élaboration du programme du candidat Macron en qualité d’experte justice. Suite aux présidentielles, elle est candidate sous la bannière d’En Marche! dans la 8ème circonscription de Paris, traditionnellement socialiste, où elle remporte une victoire éclatante au second tour en récoltant 64,6% des suffrages. Parallèlement, elle est membre du bureau exécutif et porte-parole de La République En Marche. Elle se fait omettre du barreau pour mieux se consacrer à ses nouvelles fonctions. Elle sera battue aux élections législatives de juin 2022 par une concurrente Nupes, obtenant 46% des voix au deuxième tour.
Itinéraire d’une loi
Lors du dîner du Crif se déroulant en mars 2018, Emmanuel Macron annonce qu’il confie une mission contre la cyberhaine à la députée Avia, Gil Taïeb, vice-président du Crif, et Karim Amellal, un écrivain et enseignant franco-algérien. Un rapport détaillé est remis au Premier Ministre en septembre 2018, où apparaissent déjà les lignes de force de la loi à venir, dont Avia sera le rapporteur : des amendes dissuasives pour les opérateurs en cas de modération laxiste, un délai de 24 heures pour le retrait de contenus haineux, procédure de signalement unique. Le pouvoir de décision repose d’abord uniquement sur les plateformes, puis, grâce à l’intervention du Conseil d’État, cette prérogative est étendue aux moteurs de recherche.
Le texte du projet de loi est déposé à l’Assemblée en mars 2019 et sa mise en application soulève des problèmes de constitutionnalité; après quelques va-et-vient, il est finalement adopté le 9 juillet 2019 à la quasi-unanimité. Mais il doit être notifié en urgence à la Commission Européenne en août, comme tout projet de loi qui entend créer des entraves au marché unique de l’information. Suite à l’examen approfondi du projet de loi, celle-ci doute de sa conformité avec le droit européen, notamment en raison de restrictions sur le commerce électronique que pourrait engendrer l’application des articles 4 et 5. En définitive, Bruxelles recommande à la France, qui n’en a cure, de reporter ce projet de loi. Retour à la case départ. Ainsi, celui-ci est réintroduit par la Commission des Lois à l’Assemblée en nouvelle lecture, après modification par les sénateurs de la mesure phare de la suppression en moins de 24 heures, puis adopté à nouveau le 13 mai 2019, dans la foulée des révélations sur les saillies racistes et homophobes de la députée. Les sénateurs de droite, qui avaient lourdement amendé le texte et fait échouer les efforts de la commission mixte paritaire, saisissent aussitôt le Conseil Constitutionnel qui retoque la loi en juin 2020.
Partie par la porte, la loi revient par la fenêtre sous un prétexte burlesque et sous le couvert de la loi sur le séparatisme dont les décrets d’application sortiront début 2022, permettant leur application pour les élections à venir. Son article 42 renforce les mesures liberticides contre « les discours de haine », encourage la collaboration des plateformes numériques avec les autorités judiciaires et les contraint sous peine d’amendes à renforcer tous moyens humains et numériques en faveur de la censure dite « anti-haine ». Comprendre par là tout discours frontal s’opposant à l’oligarchie libérale libertaire et à ses intérêts matériels et moraux.
Un caractère bien trempé
Le 5 juillet 2017, Le Canard Enchaîné rend public un rapport de la police municipale qui se révèle accablant pour la députée fraîchement élue. Elle aurait mordu un chauffeur de taxi, suite au refus de celui-ci d’accepter un paiement par carte bancaire, le terminal étant hors service. Le chauffeur aurait redémarré la voiture pour la diriger vers le distributeur le plus proche. L’intéressée nie en bloc, arguant qu’elle n’a fait que toucher l’épaule du chauffeur, qui lui aurait pris sa carte de force tout en refusant obstinément d’arrêter le véhicule. Là où le bât blesse, c’est qu’elle aurait reconnu avoir mordu le conducteur devant les policiers municipaux lorsque ceux-ci se sont présentés sur les lieux de l’agression. La jeune femme finit par porter plaine pour séquestration, tandis que le chauffeur porte plainte pour coups et blessures.
Trois années plus tard, elle est soupçonnée d’avoir fait plancher ses attachés parlementaires dans sa permanence du XIIe arrondissement en vue de préparer la campagne parisienne de la candidate macroniste Agnès Buzyn lors élections municipales 2020, une pratique proscrite par le code électoral.
Elle défraye la chronique à nouveau en mars 2020. Alors que la France s’apprête à se confiner pour une durée indéterminée, David Perrotin rapporte dans Libération que la députée aurait lourdement insisté pour que son assistante parlementaire interrompe son confinement et vienne la rejoindre à Paris. Elle aurait même sollicité préalablement le ministre de l’Intérieur afin d’obtenir son feu vert, alors même que cette décision contrevient à toutes les précautions sanitaires établies par le gouvernement et que sa collaboratrice est atteinte d’une maladie auto-immune. Avia dément les allégations, ce qui pousse la collaboratrice à annoncer, dans un courrier adressé au président de l’Assemblée, sa démission devant ce concentré de tyrannie et de mauvaise foi. Perrotin tient sa proie et ne la lâchera pas avant de lui asséner le coup de grâce.
Celui-ci intervient fort opportunément, à la veille du vote du projet de loi à l’Assemblée, le 12 août 2020. Mediapart publie un réquisitoire contre la députée, reprenant les témoignages anonymisés de cinq de ses ex-collaborateurs et des captures d’écran de discussions privées. Il apparaît que la parlementaire userait en privé d’un langage fleuri qui n’a rien à envier à celui des « trolls » et des « têtes d’œuf » qu’elle décriait dans sa fameuse diatribe : « tu es un faux Chinois, tu ne maîtrises pas Mac », « on a voté l’amendement des PD », ou encore « c’est ce qu’il se passe lorsque tu mets un gay à la com’ ». Au-delà des petites phrases, le comportement décrit n’est pas sans faire penser à celui d’un dictateur d’une république bananière, comme lorsqu’elle exige d’un de ses assistants de lui brumiser les jambes ou de demander à son équipe de produire un faux témoignage pour justifier la mise à pied d’une collaboratrice. Avia suit la même stratégie de défense, désormais éprouvée : dénégations publiques, suivies d’une plainte, pour diffamation cette fois. Il s’agirait, selon elle, de « bouts de messages privés «qui» ont été tronqués, détournés et décontextualisés. C’est de la manipulation honteuse, animée par un seul objectif : me nuire et porter atteinte à mon combat politique ».
Pour couronner le tout, on apprend également dans l’article que la députée se serait efforcée de caviarder le passage relatif à son altercation avec le chauffeur de taxi sur sa page Wikipédia : « Maintenant, c’est une de tes priorités à la rentrée, c’est ma e‑réputation […]. Le site Internet, je veux qu’on avance. Et Wikipédia. Wikipédia il y a plusieurs choses à faire. Il faut prendre le contrôle sur cette page. Il ne suffit pas juste de supprimer le paragraphe sur Le Canard enchaîné, il faut le réécrire de toute façon et le sourcer quand on le réécrit ».
Le coup est rude, même si l’état-major de LREM l’assure, officiellement, de son soutient dans cette tempête médiatique.
Les accusations de harcèlement débouchent sur un procès qui se tient trois ans plus tard, en mai 2023, au tribunal correctionnel de Paris où l’avocate, qui n’est plus député, fait à nouveaux face à ses anciens assistants parlementaires. Jugée pour harcèlement moral, elle réfute avec obstination toutes les allégations portées à son encontre.
Collaborations
Non renseigné.
Vie privée
Laetitia Avia est le troisième enfant, le premier né en France, d’un couple d’immigrés togolais, le père chauffeur bagagiste, la mère aide-soignante. La famille grandit dans le quartier Biron de Saint-Ouen, situé de plein pied dans le Marché aux Puces. L’avocate est marié à Jean-Marc Béguinet, auparavant ingénieur chez le fabricant de drones Parrot et travaillant actuellement pour la marque de montres Tag Heuer. Le couple réside à Vincennes et possède une maison de campagne dans le Morvan.
Elle l’a dit
« On brandit parfois des principes qui ne sont pas mis en jeu. Au Canada, l’indépendance n’empêche pas les avocats de travailler dans les entreprises, ce n’est pas incompatible. », La Lettre des Juristes d’Affaires, janvier/février 2018.
« Nous avons la responsabilité de veiller à ce qu’Internet reste un lieu d’échange, de débat, de communication, d’information, mais pas le terrain de jeu des professionnels du harcèlement, sans être inquiété. Ce qui n’est pas toléré dans le rue ne doit pas l’être sur Internet. […] À vous mes chers trolls, haters, têtes d’œuf anonymes, qui vous croyez seuls cachés derrière vos écrans, vous qui êtes infiniment petits et lâches, sachez que nous nous battrons pour vous trouver et vous mettre face à vos responsabilités, car ce que nous engageons, c’est la fin de l’impunité. », Discours de défense du projet de loi, 3 juillet 2019.
« J’ai créé mon compte Facebook en 2005, avant même qu’il n’arrive en France. Je suis d’ailleurs présente sur tous les réseaux sociaux, et je ne compte pas en partir. Les trolls seront prévenus. Car, au moment où on se parle, je sais que je suis en train de me faire insulter. Des messages comme «sale négresse», j’en ai reçu un hier. […] C’est un enjeu de santé publique dont on traite ici. Ce n’est pas la marotte d’une politicienne. C’est le travail d’une députée qui est très exposée aux contenus haineux, qui voit à quel point ça peut générer de la souffrance et qui souhaite que des mesures efficaces soient mises en œuvre. », CNEWS, 3 juillet 2019.
Sa nébuleuse
Jean-Michel Darrois : Surnommé « l’avocat qui murmure à l’oreille des patrons, l’homme règne sur un des cabinets les plus rentables de France, Darrois Villey Maillot Brochier (80,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018). Il gagne sa réputation grâce aux nombreuses OPA que son cabinet facilite aux cours des années 90, qui sont celles de la généralisation des fusions-acquisitions : rachat de Perrier par Nestlé en 1992, celui d’UAP par Axa en 1996, ou encore celui d’Elf par TotalFina. En outre, il obtient l’acquittement de Laurent Fabius, son ami de cinquante ans, dans l’affaire du sang contaminé. Il est réputé proche de François Pinault et de Martin Bouygues, dont il a contribué à consolider les empires respectifs, et peut se targuer d’un des plus importants carnets d’adresses de la place de Paris. Laetitia Avia ne prend pas de décision importante sans se référer à son mentor, comme elle l’avoue sans peine.
Adrien Perrot : Associé-fondateur du cabinet APE. Co-fondateur de l’Incubateur du Barreau de Paris. Il se substitue à Avia en tant qu’expert du programme justice pendant la campagne lorsque la future députée est appelée sur le terrain. « Avec Adrien, nous avons toujours été très exigeants vis-à-vis de notre profession dont nous avons une vision progressiste. Une profession doit se donner les moyens d’évoluer ».
Club du XXIè siècle : Le club est fondé en 2003 par Hakim El-Karoui, plume de Raffarin à Matignon et auteur du fameux rapport sur l’islam de France, Rachida Dati et Béchir Mena. « Membre de plusieurs groupes de réseautage rassemblant les élites de la diversité, dont le Club XXIe siècle, elle croit à l’entraide communautaire — «une façon de pallier l’absence de carnets d’adresses» — et au mentorat. » (Libération) « Fleur Pellerin en était la présidente jusqu’à son entrée au gouvernement. Avant elle, Rachida Dati, Rama Yade et Jeannette Bougrab, toutes ministres sous l’ère Sarkozy, y ont aussi appartenu – ainsi que nombre de chefs d’entreprise, de juristes, de banquiers et de hauts fonctionnaires, la plupart d’origine immigrée. » (Vanity Fair)
African Business Lawyers Club : « Créé en mai 2011 sous forme d’association loi 1901, l’African Business Lawyers Club (en abrégé « ABLC » ou le « Club ») est un club réunissant de jeunes professionnels du droit animés par la volonté de promouvoir, auprès d’investisseurs et de praticiens intéressés par l’Afrique, une meilleure perception de la pratique des affaires en Afrique. » Parmi les partenaires de l’association, on compte Medef International, Deloitte ou encore l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Center for American Progress : Sur son compte LinkedIn, l’ancienne député met en avant sa collaboration avec ce think-tank progressiste auquel elle fournit ses analyses sur le thème de la politique numérique et de la démocratie. En clair, elle continue toujours son combat contre la liberté d’expression sur Internet, mais sur la scène internationale cette fois, forte de son expertise « française et européenne ». Cet organisme a été fondé par John Podesta, l’ancien directeur de campagne de Bill et Hillary Clinton. Il est actuellement dirigé par Patrick Gaspard, un ancien diplomate américain d’origine haïtienne, membre influent du bureau politique d’Obama lors de son premier mandat, qui a présidé la fondation Open Society de 2017 à 2020.
Comité ONU Femmes France : « ONU Femmes France réunit des femmes et des hommes volontaires issus de différents secteurs d’activité (secteurs privé, associatif et institutionnel) et regroupant des compétences complémentaires, engagés autour d’un projet commun en faveur des droits des femmes et de la promotion de l’égalité femmes-hommes. »
Ambassadrice du projet EllesVotent et membre du Conseil Consultatif de cette initiative mise en œuvre en 2014, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’attribution du droit de vote aux femmes.
On a dit à son sujet
« Avia plaide de son côté, dans un mémoire écrit en 2012, pour l’introduction en droit français du mécanisme américain de la class action pour les actionnaires de sociétés.
Une “class action” (action de groupe en français) est un moyen pour un groupe de personnes ayant subit un préjudice identique d’obtenir une indemnisation collective rapide. À l’issue d’une analyse assez méprisante pour notre droit par rapport а un système américain présenté comme “moderne”, L. Avia plaide pour l’introduction en France de ce mécanisme pour les personnes ayant subit un dommage de la part de l’entreprise dont ils sont actionnaires. Cela leur permettrait d’obtenir plusieurs milliers d’euros de réparation en cas de mauvais investissement. En clair, cela donne le droit aux actionnaires d’attaquer une entreprise dans laquelle ils ont investi sous prétexte qu’elle leur fait perdre de l’argent. Or, n’est-ce pas lа le propre du risque de l’investissement ?
L. Avia entraperçoit d’elle-même toute l’ignominie et l’absurdité de conférer une telle prérogative aux actionnaires. Sous couvert d’une objection idéologique (comme si son propos ne l’était pas) elle admet que l’esprit de justice des “class action” ne se concilie pas spontanément avec l’univers de la finance dominée par la prise de risque et la spéculation. C’est donc sciemment qu’elle fait fi des conséquences funestes de cette procédure sur l’emploi et sur l’investissement dans l’économie réelle. », Mediapart, 5 juin 2017.
« Les premiers mois rue Saint-Guillaume sont un calvaire : « C’était les débuts de la téléréalité, on nous appelait “la ZEP Academy”.» Elle demande à être réorientée, la direction de Sciences Po décide l’inverse. Elle sera l’ambassadrice du programme. Visites dans les lycées, interviews dans la presse, voyages. Autant de shoots d’ego, mais toujours cette impression de jouer un rôle, « la Parisienne ou la banlieusarde », selon le côté du périph. La fusion des facettes se fait à l’étranger, lors de son année d’études à Toronto. Aujourd’hui, celle qui a voté Bayrou en 2007 et Hollande en 2012, se dit ravie de ne plus avoir à choisir entre droite et gauche. Logiquement, ses modèles sont anglo-saxons, libéraux et, à ses yeux, presque apolitiques. Condoleezza Rice d’abord, faucon bushiste, « une femme si solide, pas une mèche de travers ». Puis Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook, à laquelle elle a piqué son credo : « La décision la plus importante pour votre vie pro, ce sera le choix de votre compagnon. » Le mot « féministe » l’a longtemps « embêtée » mais, depuis qu’elle est « en marche », elle l’endosse enfin, « sans être une Femen ». », Libération, 7 juin 2017.
« Je veux vous parler d’une femme, (…) dont les parents, chauffeur bagagiste et aide-soignante, ne s’attendaient pas à ce qu’elle accède à une grande école parisienne, puis devienne avocate, puis travaille dans les cabinets les plus prestigieux, puis fonde son propre cabinet», déclarait en juillet 2017 Édouard Philippe, devant une Assemblée nationale toute ouïe, dans son discours de politique générale. «Cette jeune femme siège aujourd’hui sur vos bancs. Sa réussite est le fruit de son travail, son engagement, de sa ténacité, elle la doit aussi à la décision d’un responsable public, en l’occurrence le directeur de Sciences Po, qui avait quelques années auparavant décidé de bousculer son institution pour l’ouvrir à des formes d’excellence peut-être un peu moins classiques. », Édouard Philippe, Discours de politique générale, 4 juillet 2017.
« C’était sans doute la meilleure parmi mes élèves, qui étaient bien sûr tous excellents. Elle était déterminée, lumineuse avec une personnalité très forte. », Jean-Michel Darrois, La Lettre des Juristes d’Affaires, janvier/février 2018.
« Cette semaine, Madame Avia a reçu une lettre anonyme à l’Assemblée nationale dans laquelle elle est comparée à « une grosse truie venue d’Afrique ». Il est évident que le propos est d’une rare violence, d’un racisme absolu et d’une bêtise sans nom. […] Alors oui, la lettre reçue par Madame Avia est d’une bêtise crasse. Mais être exposé aux insultes quotidiennes, c’est le propre d’une personnalité politique. Ce qu’on attend d’elle, c’est de savoir y faire face et non de se lamenter dans une posture de victime. Il faut savoir laisser les basses œuvres mourir de leur propre poison. Le mépris que l’on doit avoir pour ce genre d’insulte doit conduire à répondre par la plus parfaite indifférence. Répliquer, c’est s’abaisser à son niveau et discréditer la fonction que l’on représente. Il y a sans doute mieux à faire que de jouer avec son physique ou sa couleur de peau pour s’attirer les faveurs de l’opinion. », Causeur, 2 mars 2018.
« Trois anciens salariés évoquent aussi la fois où un conseiller de Paris et militant LREM a envoyé une photo de son sexe par erreur dans une boucle Telegram de députés. Elle a fait une capture d’écran très rapidement et depuis montre cette photo à qui veut la voir, ainsi qu’à des députés.
Même après l’affaire Griveaux, quand il apparaissait évident que cela participait à une forme de harcèlement, elle continuait d’exhiber cette photo pour se moquer de lui », raconte Sophie. Un témoignage corroboré par trois autres assistants parlementaires.
Parfois, on se demandait pourquoi elle avait voulu représenter LREM et faire de la politique », témoigne Benoît, qui estime que la députée « méprise ses électeurs ». Laetitia Avia délèguerait en effet la majorité de ces rendez-vous en circonscription. « Les rares fois où elle vient à sa permanence, elle fait tout pour ne pas répondre à ses administrés », Mediapart, 12 mai 2020.
« Avia, c’est une gamine de 4e B au collège qui n’a pas grandi et pour qui la vie est une cour de récré. Mais ça peut faire très mal quand c’est vous qui êtes ciblé », Libération, 13 mai 2020.
« Je n’ai pas de commentaires à faire sur des rumeurs de presse telles que vous les relayez. […] Je tiens néanmoins, et très chaleureusement à saluer le travail qui est le sien en matière de lutte contre les discriminations et de lutte contre la haine sur les réseaux sociaux. Elle en a témoigné en portant avec beaucoup de brio une proposition de loi que vous connaissez aujourd’hui. », Sibeth N’Diaye, Valeurs Actuelles, 13 mai 2020.
« La séquence « arroseur arrosée » qui frappe Laetitia Avia au-delà de son côté savoureux, pose très exactement le problème de l’application du texte qu’elle a fait adopter. Des propos prononcés dans un cadre semble-t-il familier, sur l’ambiance duquel on ne dispose d’aucune information, sont présentés comme autant de « dérapages » homophobes et racistes. Il est impossible de savoir si ce qu’elle a dit ou écrit était du premier ou du second degré. Et les témoignages de son entourage sur son caractère et ces comportements ne peuvent pas nous renseigner, permettant seulement de savoir ce qui était déjà une évidence que ladite personne était un modèle de brutalité et d’arrogance. Quant à son discours à la tribune de l’Assemblée, avec sa petite litanie d’insultes elles-même haineuses démontrent à quel point cette soi-disant « lutte contre la haine » n’est qu’un prétexte. Alors ce ne sont pas l’ambiguïté de certains propos qui rend l’application de la loi problématique, c’est le fait que cette loi soit radicalement inconstitutionnelle. », Régis de Castelnau, Atlantico, 15 mai 2020.
« L’achat de médicaments qu’elle leur a demandé ? Pour la «pharmacie du bureau» ou un «11-Novembre» où elle travaillait et ne se sentait pas bien. La réservation d’un restaurant pour la Saint-Valentin avec son mari ? Cela relevait du travail «de terrain» car elle était toujours en «représentation», réplique-t-elle. La présidente relève notamment que trois collaborateurs ont déclaré avoir perdu confiance en eux après ses critiques, ce qui a selon eux grevé leurs ambitions professionnelles. «Je pense que ce sont des mensonges», estime l’ex-élue en secouant la tête », Le Figaro, 11/05/2023.
« Tous décrivent à la barre les accès de colère de la députée et ses remarques acerbes ou déplacées. À l’instar d’Aurélie qui a travaillé près d’un an et demi avec elle. Elle assure avoir subi des moqueries sur ses cheveux blancs – Laetitia Avia lui prendra même un rendez-vous chez le coiffeur – ou avoir été affublée du surnom « poubelle de table » par la députée. « C’est pas de l’humour, jamais, surtout quand c’est répété un nombre incalculable de fois dans des repas d’équipe », insiste-t-elle à la barre », 20 Minutes, 11/05/2023.