Un « fabricant de démocratie »
Laurent Guimier est un journaliste français qui a fait une longue partie de sa carrière à Europe 1 avant de rejoindre le groupe de France Télévisions. Né le 31 mars 1971 à Lisieux, il est le fils de fonctionnaires territoriaux. Il est marié à la journaliste Anne Raffarin-Annemiche. Diplômé de l’institution Frémont de Lisieux, il intègre ensuite l’Institut d’études politiques de Paris dont il sort diplômé en 1992 et rejoint ensuite le Centre de Formation des Journalistes dont il est diplômé en 1994. Évincé de France Télévisions en octobre 2022 par Delphine Ernotte, il rejoint, en tant que directeur, Whynot Media le pôle médias créé par l’armateur Rodolphe Saadé en mars 2023 avant d’être remplacé début 2024 par Jean-Christophe Tortora, gardant d’incertaines missions.
À Europe 1
Après avoir contribué à la fondation d’une radio associative locale où il contribue en qualité de chroniqueur, Laurent Guimier commence véritablement sa carrière à Europe 1 en 1994, où il occupera trois ans durant le rôle de reporter. Journaliste au service politique de 1997 à 1998, il en est ensuite chroniqueur avant d’accepter le poste de correspond à Bordeaux-Aquitaine. Nommé Directeur de la rédaction au Figaro, de 2006 à 2008, il sera le présentateur du Talk Orange-Le Figaro en 2008.
Nommé ensuite Directeur de la rédaction d’Europe 1, puis Directeur de l’information numérique du pôle actualités de Lagardère Active, il va animer l’antenne de cette radio des émissions aspirant à tisser des liens avec les réseaux sociaux en mettant en œuvre un « Laboratoire sur une nouvelle façon de faire de l’information, de l’info que l’on va chercher sur Internet et qui se construit en direct avec des internautes, des blogueurs, des gens sur Twitter et puis des invités de référence traditionnels ». Dans Tout est dit, le journaliste entendait, dans le contexte de la présidentielle, faire de la synthèse d’informations un argument d’écoute.
Cette connexion du Web à la radio se ressent également avec la création de sa chronique dite de « fact-checking » (vérification de l’information), appelée « Le Vrai-faux de l’info », concept dont on retrouve le principe dans « Le vrai du faux », émission de radio de France Info, ou le « Vrai ou Fake » de FranceTVinfo – plateforme médiatique dans laquelle il allait bientôt être nommé. Il se déclarera par ailleurs particulièrement fier d’être membre de la radio classée par l’Express comme la « plus active » sur les réseaux sociaux, « considérant » que c’est « comme cela que l’on doit concevoir aujourd’hui une entreprise de presse ».
En 2018, il opère un bref retour à Europe 1, destiné à enrayer la chute d’audience importante rencontrée par la radio. Il occupe alors le poste de vice-président directeur général d’Europe 1, de RFM et de Virgin Radio. Un sauvetage qui se transformera en naufrage : il n’occupera ses nouvelles fonctions que treize mois, limogé par Arnaud Lagardère lui-même. Il soulignera a posteriori avoir quitté Europe 1 suite à un « profond désaccord industriel » avec Arnaud Lagardère.
De Radio France à France Info TV puis Saadé
En mai 2014, le journaliste intègre le groupe Radio France pour prendre la tête de la radio d’information en continu franceinfo. Il y effectue des changements, supprimant plus de la moitié des quatre-vingt-dix chroniques hebdomadaires et y immisçant des rappels de titre fréquents et davantage de flexibilité dans les programmes face aux actualités inattendues.
En parallèle de son travail radiophonique, il accepte d’autres projets. Fraîchement nommée PDG de France Télévisions dont elle aspire à renouveler le groupe, Delphine Ernotte décide de lancer une chaîne d’informations en continu sur le web en s’associant à Radio France pour mener à bien le projet. À la tête du comité de pilotage, Laurent Guimier mène le projet en compagnie du directeur délégué à l’information de France Télévisions Germain Dagognet : c’est la naissance de la chaîne de télévision publique d’information continu France Info. Un travail pour lequel le normand n’hésite pas à déclarer : « Ce que nous bâtissons avec France Télévisions est historique ».
En juin 2020, il rejoint donc naturellement les rangs de France Télévisions et est nommé au poste de directeur de l’information du groupe par Delphine Ernotte dans un contexte tendu pour le celui-ci. Devenu membre du comité de direction de France Télévisions annonce « souscrire totalement » à la volonté de Delphine Ernotte « de marquer encore plus la différence du service public sur l’information ». Il confie au Figaro aspirer à « fabriquer de la démocratie tout le temps, là où certains contribuent à fragmenter l’information ». Pour faire face à ce qu’il qualifie de « radicalisation » de la génération des « vingtards », jugée permise par les réseaux sociaux, ce membre du comité de rédaction de France Télévisions entend « impliquer davantage [les jeunes] dans le débat ».
Attaché à une approche journalistique toujours plus liée aux réseaux sociaux, Laurent Guimier se voit confier à la veille de la présidentielle un pôle clef de l’information du groupe public d’informations, qu’il conçoit comme « la dernière agora où on peut débattre et s’entendre ». Avec des prises de position politiquement correctes (il se dit « fier d’être choisi [ndlr. aux côtés du frère de Denis Olivennes, Frédéric] par le jury de l’AutreCercle, dans la liste des Dirigeant.e.s Allié.e.s 2021 à l’occasion de la cérémonie des #RolesModelesLGBT. Chaque jour engagé pour l’inclusion des personnes LGBT+ au travail »), Guimier annonce devoir faire face à de nouveaux défis au sein du groupe. Espérant relever celui de la « partialité supposée » du service public, Laurent Guimier espère le résoudre et assure dans cette perspective : « Nous devons prouver que nous sommes honnêtes ». Tout un programme…
Évincé en octobre 2022 par Delphine Ernotte dans sa chasse « aux mâles blancs de plus de 50 ans », il rebondit dès mars 2023 dans la holding médias de l’armateur Rodolphe Saadé (La Provence, Corse Matin, des participations dans M6, Brut). Nommé directeur général, il ne restera que 9 mois à ce poste, remplacé par Jean-Christophe Tortora, patron de La Tribune, tout en conservant des « missions » au sein de la holding.
Formation
- 1992 : Diplômé de Sciences Po Paris – Communication et Ressources humaines
- 1994 : Centre de Formation des Journalistes
Parcours professionnel
1987 : il fait ses débuts à Cocktail FM, radio associative de Lisieux pour laquelle il présente les informations du week-end.
Entre 1988 et 1994, il est le collaborateur régulier de plusieurs éditions locales du quotidien Ouest-France.
« Reporter » dès 1994, il commence sa carrière à Europe 1 où il s’occupe d’abord des informations générales, puis du service politique et du service société. En juin 2003, il est nommé à Bordeaux en qualité de permanent de la région où il restera jusqu’à septembre 2004. En 2005, il devient rédacteur en chef de l’information matinale en 2005. Pendant cette période (de 2000 à 2005), il est collaborateur occasionnel à l’émission quotidienne « C dans l’air sur France 5 ».
De décembre 2006 à juillet 2008, il prend la tête de la rédaction du site Web du Figaro. Lorsqu’il quitte le Figaro, le site recense 3,17 millions de visiteurs uniques et devient le premier site d’information en France en dépassant Le Monde.
De juillet 2008 à mai 2010, il occupe le poste de Directeur de la rédaction d’Europe 1, nommé par Alexandre Bompard.
Le 25 mai 2010, il prend ses fonctions de Directeur Général Adjoint Editorial de Newsweb – nommé par le Président du Directoire Lagardère Active Didier Quillot. Il a alors la responsabilité des sites du groupe (Europe1.fr, Le JDD.fr et ParisMatch.com). Il y reste jusqu’à janvier 2012.
À la fin 2011, il conçoit le pure player Le Lab d’Europe 1 avec Benoît Raphaël, site tissant des liens forts entre Web et analyse médiatique, qui doit permettre d’exhumer des contenus politiques notamment issus de la plateforme Twitter.
En 2012, il est nommé Directeur de l’information numérique du pôle actualités de Lagardère Active. Il anime parallèlement les émissions « Des clics et des claques » et « Tout est dit », dédiées à l’analyse de l’information venue du Web et des petites phrases politiques quotidiennes. Il proposera ensuite la création de sa chronique dite de « fact-checking » (vérification de l’information), appelée « Le Vrai-faux de l’info », concept dont on retrouve le principe dans « Le vrai du faux », émission de radio de France Info, ou le « Vrai ou Fake » de FranceTVinfo – plateforme médiatique dans laquelle il allait bientôt être nommé.
Entre 2013 et 2014, il collabore en qualité de chroniqueur sur Europe 1 dans l’émission présentée par Cyril Hanouna Les Pieds dans le plat, qui se soldera par un échec d’audience.
Le 12 mai 2014, le journaliste intègre le groupe Radio France pour prendre la tête de la radio d’information en continu franceinfo. Parallèlement à son activité radiophonique, il est à la tête du comité de pilotage destiné à lancer une chaîne d’informations en continu à laquelle aspire la nouvelle PDG de France Télévisions Delphine Ernotte. Laurent Guimier mène le projet en compagnie du directeur délégué à l’information de France Télévisions Germain Dagognet.
De novembre 2015 à mai 2018, il est administrateur de l’Agence France-Presse, y représentant le service public national.
De mai 2017 à mai 2018, il est directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France, dont il est également membre du comité exécutif.
En 2018, son retour à Europe 1 (en qualité de vice-président et directeur général d’Europe 1, RFM et Virgin Radio) est destiné à enrayer la chute d’audience importante rencontrée par la radio. Il occupe alors le poste de vice-président directeur général d’Europe 1, de RFM et de Virgin Radio. Il n’occupera ses nouvelles fonctions que treize mois, limogé par Arnaud Lagardère lui-même.
D’octobre 2019 à juin 2020, il occupe le poste de « vice-président, chief content officer et administrateur » de Relaxnews, renommée depuis janvier 2020 ETX Studio (Editorial Transformative Xperience).
En juin 2020, il rejoint les rangs de France Télévisions et est nommé au poste de directeur de l’information du groupe par Delphine Ernotte. Depuis le 7 septembre 2020, il est directeur de l’information de France Télévisions et membre du Comité de direction. Depuis octobre de cette même année, il est membre du comité de stratégie éditoriale de France Télévisions.
Depuis 2021, il est administrateur du Centre de formation des journalistes.
Sa nébuleuse
- Alexandre Bompard, qui le nomme à la Direction de la rédaction d’Europe 1 en 2008.
- Marc-Olivier Fogiel, Patrick Cohen et Marie Drucker, personnalités autour desquelles il réorganise les tranches d’information à Europe 1 en 2008.
- Denis Olivennes, ex-PDG d’Europe 1, qui lui confie la coordination des quatre sites d’informations du groupe (Europe 1, le JDD, Paris Match, Le Lab).
- Guy Birenbaum est son conseiller lorsqu’il revient à la tête d’Europe 1 en 2018.
Publications
- Laurent Guimier, Nicolas Charbonneau, Docteur Jack et Mister Lang, éditions du Cherche Midi, 2004.
- Laurent Guimier, Nicolas Charbonneau, Génération 69 : les trentenaires ne vous disent pas merci, éditions Gallimard. 2006.
- Laurent Guimier, Nicolas Charbonneau, Le roi est mort ? Vive le roi ! : enquête au cœur de notre monarchie présidentielle, éditions Michalon. 2006.
- Laurent Guimier, Nicolas Charbonneau, Le roman des maisons closes, éditions du Rocher. 2010.
- Laurent Guimier, Elections présidentielles, archives Gamma : archives photographiques de la Vème République. Editions Gründ. 2012.
- Laurent Guimier, Kim Biegatch, Les Mots de l’actu… pour les nuls, éditions First. 2014
- Laurent Guimier, Nicolas Charbonneau, La Vème République pour les nuls, éditions First. 2015.
- Laurent Guimier, Jacques Chirac : une vie pour la France, éditions Gründ. 2019.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Il l’a dit
« J’essaie de faire […] du journalisme d’agrégation ou du journalisme enrichi. C’est-à-dire que nous allons chercher partout, sur le Web mais aussi chez les concurrents y compris en radio, avec cette promesse: ce n’est pas la peine d’écouter les autres, nous l’avons fait pour vous. Nous enrichissons l’information en allant la piocher partout. » Le Figaro, 10 janvier 2012.
« Beaucoup estimaient que Franceinfo, coincée entre BFMTV et le Web, n’avait aucun avenir. Nous avons prouvé le contraire », Le Figaro, 18 novembre 2016.
« Ce que nous bâtissons avec France Télévisions est historique », Le Figaro, 18 novembre 2016.
« Cette radio [ndlr. Europe 1] était malade, il fallait la transformer radicalement et rapidement. Je crains, au vu de ce qui se passe aujourd’hui, d’avoir eu raison », Le Figaro, 7 septembre 2020.
« La volonté de Delphine Ernotte est de marquer encore plus la différence du service public sur l’information. Je vais mettre en œuvre cette vision à laquelle je souscris totalement. Nous devons fabriquer de la démocratie tout le temps, là où certains contribuent à fragmenter l’information » , Le Figaro, 7 septembre 2020.
« Le premier défi, c’est celui de la partialité supposée. Le service public, par définition, doit donner la parole à tout le monde. On se doit d’instruire à charge et à décharge. Sur tous les supports, matin, midi et soir, on doit prouver que nous sommes honnêtes », La Nouvelle République, 29 septembre 2021.
« La mesure d’audience est une école d’humilité ! », Télé Loisirs.fr, le 29 octobre 2020.
« Chaque jour engagé pour l’inclusion des personnes LGBT+ au travail », Twitter, le 12 octobre 2021.
Ils l’ont dit
« Laurent Guimier a insufflé l’esprit du figaro.fr. C’est un très bon professionnel doublé d’un excellent meneur d’équipe, qui donne envie de travailler pour lui. Partout où il est passé, il a su reprendre en main des situations compliquées. C’est un homme de défi. » Francis Morel, Directeur général du Figaro, cité par Le Figaro, 18 novembre 2016.
« Lefigaro.fr de 2006 faisait office de Petit Poucet face au mastodonte lemonde.fr. En deux ans, Laurent Guimier est pourtant parvenu à le transformer en leader de l’information en ligne », Le Figaro, 18 novembre 2016.
Crédit phot : JITVB via Flickr (cc)