Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Laurent Guimier

24 janvier 2024

Temps de lecture : 12 minutes
Accueil | Portraits | Laurent Guimier
Accueil | Portraits | Laurent Guimier

Laurent Guimier

Temps de lecture : 12 minutes

Un « fabricant de démocratie »

Laurent Guimier est un journaliste français qui a fait une longue partie de sa carrière à Europe 1 avant de rejoindre le groupe de France Télévisions. Né le 31 mars 1971 à Lisieux, il est le fils de fonctionnaires territoriaux. Il est marié à la journaliste Anne Raffarin-Annemiche. Diplômé de l’institution Frémont de Lisieux, il intègre ensuite l’Institut d’études politiques de Paris dont il sort diplômé en 1992 et rejoint ensuite le Centre de Formation des Journalistes dont il est diplômé en 1994. Évincé de France Télévisions en octobre 2022 par Delphine Ernotte, il rejoint, en tant que directeur, Whynot Media le pôle médias créé par l’armateur Rodolphe Saadé en mars 2023 avant d’être remplacé début 2024 par Jean-Christophe Tortora, gardant d’incertaines missions.

À Europe 1

Après avoir con­tribué à la fon­da­tion d’une radio asso­cia­tive locale où il con­tribue en qual­ité de chroniqueur, Lau­rent Guimi­er com­mence véri­ta­ble­ment sa car­rière à Europe 1 en 1994, où il occu­pera trois ans durant le rôle de reporter. Jour­nal­iste au ser­vice poli­tique de 1997 à 1998, il en est ensuite chroniqueur avant d’accepter le poste de cor­re­spond à Bor­deaux-Aquitaine. Nom­mé Directeur de la rédac­tion au Figaro, de 2006 à 2008, il sera le présen­ta­teur du Talk Orange-Le Figaro en 2008.

Nom­mé ensuite Directeur de la rédac­tion d’Europe 1, puis Directeur de l’in­for­ma­tion numérique du pôle actu­al­ités de Lagardère Active, il va ani­mer l’antenne de cette radio des émis­sions aspi­rant à tiss­er des liens avec les réseaux soci­aux en met­tant en œuvre un « Lab­o­ra­toire sur une nou­velle façon de faire de l’in­for­ma­tion, de l’in­fo que l’on va chercher sur Inter­net et qui se con­stru­it en direct avec des inter­nautes, des blogueurs, des gens sur Twit­ter et puis des invités de référence tra­di­tion­nels ». Dans Tout est dit, le jour­nal­iste entendait, dans le con­texte de la prési­den­tielle, faire de la syn­thèse d’informations un argu­ment d’écoute.

Cette con­nex­ion du Web à la radio se ressent égale­ment avec la créa­tion de sa chronique dite de « fact-check­ing » (véri­fi­ca­tion de l’information), appelée « Le Vrai-faux de l’info », con­cept dont on retrou­ve le principe dans « Le vrai du faux », émis­sion de radio de France Info, ou le « Vrai ou Fake » de FranceTV­in­fo – plate­forme médi­a­tique dans laque­lle il allait bien­tôt être nom­mé. Il se déclar­era par ailleurs par­ti­c­ulière­ment fier d’être mem­bre de la radio classée par l’Express comme la « plus active » sur les réseaux soci­aux, « con­sid­érant » que c’est « comme cela que l’on doit con­cevoir aujour­d’hui une entre­prise de presse ».

En 2018, il opère un bref retour à Europe 1, des­tiné à enray­er la chute d’audience impor­tante ren­con­trée par la radio. Il occupe alors le poste de vice-prési­dent directeur général d’Europe 1, de RFM et de Vir­gin Radio. Un sauve­tage qui se trans­formera en naufrage : il n’occupera ses nou­velles fonc­tions que treize mois, limogé par Arnaud Lagardère lui-même. Il soulign­era a pos­te­ri­ori avoir quit­té Europe 1 suite à un « pro­fond désac­cord indus­triel » avec Arnaud Lagardère.

De Radio France à France Info TV puis Saadé

En mai 2014, le jour­nal­iste intè­gre le groupe Radio France pour pren­dre la tête de la radio d’information en con­tinu fran­ce­in­fo. Il y effectue des change­ments, sup­p­ri­mant plus de la moitié des qua­tre-vingt-dix chroniques heb­do­madaires et y immisçant des rap­pels de titre fréquents et davan­tage de flex­i­bil­ité dans les pro­grammes face aux actu­al­ités inattendues.

En par­al­lèle de son tra­vail radio­phonique, il accepte d’autres pro­jets. Fraîche­ment nom­mée PDG de France Télévi­sions dont elle aspire à renou­vel­er le groupe, Del­phine Ernotte décide de lancer une chaîne d’informations en con­tinu sur le web en s’associant à Radio France pour men­er à bien le pro­jet. À la tête du comité de pilotage, Lau­rent Guimi­er mène le pro­jet en com­pag­nie du directeur délégué à l’in­for­ma­tion de France Télévi­sions Ger­main Dagognet : c’est la nais­sance de la chaîne de télévi­sion publique d’information con­tinu France Info. Un tra­vail pour lequel le nor­mand n’hésite pas à déclar­er : « Ce que nous bâtis­sons avec France Télévi­sions est historique ».

En juin 2020, il rejoint donc naturelle­ment les rangs de France Télévi­sions et est nom­mé au poste de directeur de l’in­for­ma­tion du groupe par Del­phine Ernotte dans un con­texte ten­du pour le celui-ci. Devenu mem­bre du comité de direc­tion de France Télévi­sions annonce « souscrire totale­ment » à la volon­té de Del­phine Ernotte « de mar­quer encore plus la dif­férence du ser­vice pub­lic sur l’information ». Il con­fie au Figaro aspir­er à « fab­ri­quer de la démoc­ra­tie tout le temps, là où cer­tains con­tribuent à frag­menter l’information ». Pour faire face à ce qu’il qual­i­fie de « rad­i­cal­i­sa­tion » de la généra­tion des « ving­tards », jugée per­mise par les réseaux soci­aux, ce mem­bre du comité de rédac­tion de France Télévi­sions entend « impli­quer davan­tage [les jeunes] dans le débat ».

Attaché à une approche jour­nal­is­tique tou­jours plus liée aux réseaux soci­aux, Lau­rent Guimi­er se voit con­fi­er à la veille de la prési­den­tielle un pôle clef de l’information du groupe pub­lic d’informations, qu’il conçoit comme « la dernière ago­ra où on peut débat­tre et s’entendre ».  Avec des pris­es de posi­tion poli­tique­ment cor­rectes (il se dit « fier d’être choisi [ndlr. aux côtés du frère de Denis Olivennes, Frédéric] par le jury de l’Autre­Cer­cle, dans la liste des Dirigeant.e.s Allié.e.s 2021 à l’oc­ca­sion de la céré­monie des #RolesMod­e­lesLGBT. Chaque jour engagé pour l’in­clu­sion des per­son­nes LGBT+ au tra­vail »), Guimi­er annonce devoir faire face à de nou­veaux défis au sein du groupe. Espérant relever celui de la « par­tial­ité sup­posée » du ser­vice pub­lic, Lau­rent Guimi­er espère le résoudre et assure dans cette per­spec­tive : « Nous devons prou­ver que nous sommes hon­nêtes ». Tout un programme…

Évincé en octo­bre 2022 par Del­phine Ernotte dans sa chas­se « aux mâles blancs de plus de 50 ans », il rebon­dit dès mars 2023 dans la hold­ing médias de l’armateur Rodolphe Saadé (La Provence, Corse Matin, des par­tic­i­pa­tions dans M6, Brut). Nom­mé directeur général, il ne restera que 9 mois à ce poste, rem­placé par Jean-Christophe Tor­to­ra, patron de La Tri­bune, tout en con­ser­vant des « mis­sions » au sein de la holding.

Formation

  • 1992 : Diplômé de Sci­ences Po Paris – Com­mu­ni­ca­tion et Ressources humaines
  • 1994 : Cen­tre de For­ma­tion des Journalistes

Parcours professionnel

1987 : il fait ses débuts à Cock­tail FM, radio asso­cia­tive de Lisieux pour laque­lle il présente les infor­ma­tions du week-end.

Entre 1988 et 1994, il est le col­lab­o­ra­teur réguli­er de plusieurs édi­tions locales du quo­ti­di­en Ouest-France.

« Reporter » dès 1994, il com­mence sa car­rière à Europe 1 où il s’occupe d’abord des infor­ma­tions générales, puis du ser­vice poli­tique et du ser­vice société. En juin 2003, il est nom­mé à Bor­deaux en qual­ité de per­ma­nent de la région où il restera jusqu’à sep­tem­bre 2004. En 2005, il devient rédac­teur en chef de l’information mati­nale en 2005. Pen­dant cette péri­ode (de 2000 à 2005), il est col­lab­o­ra­teur occa­sion­nel à l’émission quo­ti­di­enne « C dans l’air sur France 5 ».

De décem­bre 2006 à juil­let 2008, il prend la tête de la rédac­tion du site Web du Figaro. Lorsqu’il quitte le Figaro, le site recense 3,17 mil­lions de vis­i­teurs uniques et devient le pre­mier site d’information en France en dépas­sant Le Monde.

De juil­let 2008 à mai 2010, il occupe le poste de Directeur de la rédac­tion d’Europe 1, nom­mé par Alexan­dre Bompard.

Le 25 mai 2010, il prend ses fonc­tions de Directeur Général Adjoint Edi­to­r­i­al de Newsweb – nom­mé par le Prési­dent du Direc­toire Lagardère Active Didi­er Quil­lot. Il a alors la respon­s­abil­ité des sites du groupe (Europe1.fr, Le JDD.fr et ParisMatch.com). Il y reste jusqu’à jan­vi­er 2012.

À la fin 2011, il conçoit le pure play­er Le Lab d’Europe 1 avec Benoît Raphaël, site tis­sant des liens forts entre Web et analyse médi­a­tique, qui doit per­me­t­tre d’exhumer des con­tenus poli­tiques notam­ment issus de la plate­forme Twitter.

En 2012, il est nom­mé Directeur de l’in­for­ma­tion numérique du pôle actu­al­ités de Lagardère Active. Il ani­me par­al­lèle­ment les émis­sions « Des clics et des claques » et « Tout est dit », dédiées à l’analyse de l’information venue du Web et des petites phras­es poli­tiques quo­ti­di­ennes. Il pro­posera ensuite la créa­tion de sa chronique dite de « fact-check­ing » (véri­fi­ca­tion de l’information), appelée « Le Vrai-faux de l’info », con­cept dont on retrou­ve le principe dans « Le vrai du faux », émis­sion de radio de France Info, ou le « Vrai ou Fake » de FranceTV­in­fo – plate­forme médi­a­tique dans laque­lle il allait bien­tôt être nommé.

Entre 2013 et 2014, il col­la­bore en qual­ité de chroniqueur sur Europe 1 dans l’émission présen­tée par Cyril Hanouna Les Pieds dans le plat, qui se sol­dera par un échec d’audience.

Le 12 mai 2014, le jour­nal­iste intè­gre le groupe Radio France pour pren­dre la tête de la radio d’information en con­tinu fran­ce­in­fo. Par­al­lèle­ment à son activ­ité radio­phonique, il est à la tête du comité de pilotage des­tiné à lancer une chaîne d’informations en con­tinu à laque­lle aspire la nou­velle PDG de France Télévi­sions Del­phine Ernotte. Lau­rent Guimi­er mène le pro­jet en com­pag­nie du directeur délégué à l’in­for­ma­tion de France Télévi­sions Ger­main Dagognet.

De novem­bre 2015 à mai 2018, il est admin­is­tra­teur de l’Agence France-Presse, y représen­tant le ser­vice pub­lic national.

De mai 2017 à mai 2018, il est directeur délégué aux antennes et aux pro­grammes de Radio France, dont il est égale­ment mem­bre du comité exécutif.

En 2018, son retour à Europe 1 (en qual­ité de vice-prési­dent et directeur général d’Europe 1, RFM et Vir­gin Radio) est des­tiné à enray­er la chute d’audience impor­tante ren­con­trée par la radio. Il occupe alors le poste de vice-prési­dent directeur général d’Europe 1, de RFM et de Vir­gin Radio. Il n’occupera ses nou­velles fonc­tions que treize mois, limogé par Arnaud Lagardère lui-même.

D’octobre 2019 à juin 2020, il occupe le poste de « vice-prési­dent, chief con­tent offi­cer et admin­is­tra­teur » de Relaxnews, renom­mée depuis jan­vi­er 2020 ETX Stu­dio (Edi­to­r­i­al Trans­for­ma­tive Xperience).

En juin 2020, il rejoint les rangs de France Télévi­sions et est nom­mé au poste de directeur de l’in­for­ma­tion du groupe par Del­phine Ernotte. Depuis le 7 sep­tem­bre 2020, il est directeur de l’information de France Télévi­sions et mem­bre du Comité de direc­tion. Depuis octo­bre de cette même année, il est mem­bre du comité de stratégie édi­to­ri­ale de France Télévisions.

Depuis 2021, il est admin­is­tra­teur du Cen­tre de for­ma­tion des journalistes.

Sa nébuleuse

  • Alexan­dre Bom­pard, qui le nomme à la Direc­tion de la rédac­tion d’Europe 1 en 2008.
  • Marc-Olivi­er Fogiel, Patrick Cohen et Marie Druck­er, per­son­nal­ités autour desquelles il réor­gan­ise les tranch­es d’information à Europe 1 en 2008.
  • Denis Olivennes, ex-PDG d’Europe 1, qui lui con­fie la coor­di­na­tion des qua­tre sites d’informations du groupe (Europe 1, le JDD, Paris Match, Le Lab).
  • Guy Biren­baum est son con­seiller lorsqu’il revient à la tête d’Europe 1 en 2018.

Publications

  • Lau­rent Guimi­er, Nico­las Char­bon­neau, Doc­teur Jack et Mis­ter Lang, édi­tions du Cherche Midi, 2004.
  • Lau­rent Guimi­er, Nico­las Char­bon­neau, Généra­tion 69 : les trente­naires ne vous dis­ent pas mer­ci, édi­tions Gal­li­mard. 2006.
  • Lau­rent Guimi­er, Nico­las Char­bon­neau, Le roi est mort ? Vive le roi ! : enquête au cœur de notre monar­chie prési­den­tielle, édi­tions Michalon. 2006.
  • Lau­rent Guimi­er, Nico­las Char­bon­neau, Le roman des maisons clos­es, édi­tions du Rocher. 2010.
  • Lau­rent Guimi­er, Elec­tions prési­den­tielles, archives Gam­ma : archives pho­tographiques de la Vème République. Edi­tions Gründ. 2012.
  • Lau­rent Guimi­er, Kim Bie­gatch, Les Mots de l’actu… pour les nuls, édi­tions First. 2014
  • Lau­rent Guimi­er, Nico­las Char­bon­neau, La Vème République pour les nuls, édi­tions First. 2015.
  • Lau­rent Guimi­er, Jacques Chirac : une vie pour la France, édi­tions Gründ. 2019.

Ce qu’il gagne

Non ren­seigné.

Il l’a dit

« J’es­saie de faire […] du jour­nal­isme d’a­gré­ga­tion ou du jour­nal­isme enrichi. C’est-à-dire que nous allons chercher partout, sur le Web mais aus­si chez les con­cur­rents y com­pris en radio, avec cette promesse: ce n’est pas la peine d’é­couter les autres, nous l’avons fait pour vous. Nous enrichissons l’in­for­ma­tion en allant la piocher partout. »  Le Figaro, 10 jan­vi­er 2012.

« Beau­coup esti­maient que Fran­ce­in­fo, coincée entre BFMTV et le Web, n’avait aucun avenir. Nous avons prou­vé le con­traire », Le Figaro, 18 novem­bre 2016.

« Ce que nous bâtis­sons avec France Télévi­sions est his­torique », Le Figaro, 18 novem­bre 2016.

« Cette radio [ndlr. Europe 1] était malade, il fal­lait la trans­former rad­i­cale­ment et rapi­de­ment. Je crains, au vu de ce qui se passe aujourd’hui, d’avoir eu rai­son », Le Figaro, 7 sep­tem­bre 2020.

« La volon­té de Del­phine Ernotte est de mar­quer encore plus la dif­férence du ser­vice pub­lic sur l’information. Je vais met­tre en œuvre cette vision à laque­lle je souscris totale­ment. Nous devons fab­ri­quer de la démoc­ra­tie tout le temps, là où cer­tains con­tribuent à frag­menter l’information » , Le Figaro, 7 sep­tem­bre 2020.

« Le pre­mier défi, c’est celui de la par­tial­ité sup­posée. Le ser­vice pub­lic, par déf­i­ni­tion, doit don­ner la parole à tout le monde. On se doit d’instruire à charge et à décharge. Sur tous les sup­ports, matin, midi et soir, on doit prou­ver que nous sommes hon­nêtes », La Nou­velle République, 29 sep­tem­bre 2021.

« La mesure d’au­di­ence est une école d’hu­mil­ité ! », Télé Loisirs.fr, le 29 octo­bre 2020.

« Chaque jour engagé pour l’in­clu­sion des per­son­nes LGBT+ au tra­vail », Twit­ter, le 12 octo­bre 2021.

Ils l’ont dit

« Lau­rent Guimi­er a insuf­flé l’e­sprit du figaro.fr. C’est un très bon pro­fes­sion­nel dou­blé d’un excel­lent meneur d’équipe, qui donne envie de tra­vailler pour lui. Partout où il est passé, il a su repren­dre en main des sit­u­a­tions com­pliquées. C’est un homme de défi. » Fran­cis Morel, Directeur général du Figaro, cité par Le Figaro, 18 novem­bre 2016.

« Lefigaro.fr de 2006 fai­sait office de Petit Poucet face au mastodonte lemonde.fr. En deux ans, Lau­rent Guimi­er est pour­tant par­venu à le trans­former en leader de l’in­for­ma­tion en ligne », Le Figaro, 18 novem­bre 2016.

Crédit phot : JITVB via Flickr (cc)

Derniers articles

Voir aussi