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Lucile Bellan

3 octobre 2019

Temps de lecture : 12 minutes
Accueil | Portraits | Lucile Bellan
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Lucile Bellan

Temps de lecture : 12 minutes

Journaliste, auteur et polyamoureuse

Mariée et mère de trois enfants, Lucile Bellan est journaliste sur Slate et auteur d’un ouvrage sur la vie affective et sexuelle contemporaine.

La trente­naire (en 2019) fait car­rière dans le jour­nal­isme en tant qu’autodidacte. Après un pre­mier mariage et un divorce, la jour­nal­iste ren­con­tre Thomas Mes­sias, pro­fesseur de math­é­ma­tiques et jour­nal­iste free­lance, avec laque­lle elle se remarie.

Elle déclare par ailleurs dans un arti­cle de Stratégie pra­ti­quer le polyamour. « Per­son­nelle­ment, je suis polyamour dou­ble, c’est-à-dire que je me lim­ite à deux per­son­nes car cela demande beau­coup d’investissement et surtout de l’organisation » déclare-t-elle avec pragmatisme.

Après son échec lors d’une pre­mière année en psy­cholo­gie, Lucile Bel­lan décide de se lancer dans le jour­nal­isme en auto­di­dacte. Elle relaye ses arti­cles sur son site, site qui lui sert de vit­rine professionnelle.

Lucile Bel­lan com­mence sa car­rière à son arrivée à Paris en 2014, en tant que pigiste dans dif­férentes revues et radios plus ou moins con­nues, comme Radio Cam­pus Paris ou encore Artis­tikre­zo. C’est à cette époque qu’elle est remar­quée par Julien Wel­ter, qui lui pro­pose de par­ticiper aux cri­tiques ciné­ma de Radio Cam­pus Paris.

Elle est depuis 2014 respon­s­able de la rubrique cour­ri­er du cœur « C’est com­pliqué » du mag­a­zine en ligne Slate.

Formation

Après un bac­calau­réat lit­téraire option théâtre, Lucile Bel­lan entame des études en psy­cholo­gie à Tours, mais se ravise après un échec en pre­mière année. Elle décide alors d’abandonner ses études et de se lancer dans le jour­nal­isme en autodidacte.

Parcours professionnel

Pour lancer sa car­rière de jour­nal­iste, elle démé­nage à Paris et com­mence à piger pour dif­férentes revues et radios. Elle prof­ite des débuts des médias en ligne sur Inter­net pour se faire petit à petit connaître.

Elle se lance rapi­de­ment dans le for­mat audio, avec une émis­sion dédiée au ciné­ma sur Radio Cam­pus Paris que lui pro­pose Julien Wel­ter, ce qui lui vaut par la suite de par­ticiper aux débats ciné­mas de la mati­nale d’Europe 1.

Eclec­tique dans ses choix de média autant que de sujets, Lucile Bel­lan écrit autant sur le ciné­ma que sur la vie de cou­ple ou le fémin­isme, avec des par­tic­i­pa­tions tant dans des médias spé­cial­isés comme Artis­tikre­zo que dans des médias féminins comme Gala, pour lequel elle chronique l’actualité des peo­ple, et Femme Actuelle. Elle signe pour ces médias de nom­breux arti­cles encore fin 2019.

En 2014, Johan Huf­nagel quitte son poste de rédac­teur en chef du site Slate. Lec­trice du mag­a­zine, Lucile Bel­lan le con­tacte à cette occa­sion sur Twit­ter. Elle racon­te dans une inter­view don­née au site Les Auto­di­dactes : « Tout à fait sans arrière-pen­sée, je lui ai envoyé un mes­sage pour lui souhaiter bon vent et lui dire que je regret­tais que n’ayons pas col­laboré ensem­ble à Slate (je me sen­tais plus capa­ble de sign­er des arti­cles pour Slate que pour Libéra­tion). On a échangé quelques mes­sages et il m’a dit qu’il avait en réal­ité un pro­jet pour moi. »

Cet échange débouche sur une embauche et la jour­nal­iste est désor­mais con­nue pour ses arti­cles et pod­casts « vie de cou­ple » dans la rubrique « C’est com­pliqué ». La rubrique renou­velle le genre du « cour­ri­er du cœur », en pro­posant des répons­es aux prob­lé­ma­tiques sen­ti­men­tales et sex­uelles posées par des lecteurs, de manière à bross­er touche par touche un por­trait de la vie sen­ti­men­tale et sex­uelle de nos con­tem­po­rains. Les répons­es sont d’abord pub­liées sous forme d’articles, puis, à l’arrivée de Christophe Car­ron en tant que rédac­teur en chef du site, Lucile Bel­lan s’essaye au for­mat podcast.

C’est cette expéri­ence de presque 5 ans qui per­met à Lucile Bel­lan de sign­er l’ouvrage Aimer, C’est Com­pliqué, inspiré de ces chroniques, aux édi­tions Leduc en juin 2019. L’ouvrage pro­pose une vision mod­erne de l’affectivité et de la sex­u­al­ité à tra­vers 15 his­toires d’amour qui sont autant de pro­fils de sex­u­al­ités hors normes.

Parcours militant

Sa vie de femme et de mère de trois enfants est égale­ment une source d’inspiration pour la jour­nal­iste, qui pub­lie quo­ti­di­en­nement des arti­cles sur le sujet sur son blog Les Filles Elec­triques. Cer­tains de ses arti­cles sont repris sur le site du Huff­in­g­ton Post mais le blog lui-même est désor­mais fermé.

Son mari Thomas Mes­sias, pro­fesseur de math­é­ma­tiques et jour­nal­iste free­lance, se revendique pro-fémin­iste, et par­ticipe comme elle notam­ment au média en ligne Slate, pour lequel il signe de nom­breux arti­cles et pod­casts sur des ques­tions de « genre ». Il ani­me ain­si le pod­cast « Mans­plan­ning » du même média, dans lequel il remet en ques­tion la notion de masculinité.

La jour­nal­iste se con­sid­ère avec son mari comme vic­time de la Ligue du LOL, dont elle dit avoir subi le har­cèle­ment pen­dant plusieurs années. Elle racon­te dans un arti­cle de Yann Gal­lic pub­lié le 11 févri­er sur le site de France Inter :

« Après avoir lais­sé un mes­sage sur Twit­ter, mon mari est devenu la cible de la Ligue du Lol. J’ai alors pris sa défense, et je suis dev­enue une vic­time à mon tour. Ces gens ont récupéré toutes les infor­ma­tions qu’on pub­li­ait sur les réseaux soci­aux ou dans notre tra­vail, par­fois des pho­tos de soirées aux­quelles on par­tic­i­pait, pour les détourn­er. Ils cher­chaient surtout à dis­créditer notre tra­vail de jour­nal­iste. Ce n’était pas des insultes mais plutôt des mes­sages et des com­men­taires réguliers sur Inter­net afin de nous faire pass­er pour des crétins. Ils ont bal­ancé des rumeurs sur la moral­ité de mon mari. Mon iden­tité a été usurpée sur Twit­ter et Tum­blr, a pri­ori par des mem­bres de la Ligue du Lol Leur but assumé était de me prou­ver que j’étais com­plète­ment bête et que, si je m’exprimais, j’allais au-devant de moqueries. C’est d’ailleurs ce qui se pas­sait à chaque fois ».

Out­re les cri­tiques acerbes sur ses pub­li­ca­tions, elle racon­te avoir été vic­time sur Twit­ter d’une usurpa­tion d’identité. Ses souf­frances sem­blent avoir été mon­tées en épin­gle pour favoris­er une car­rière rapide.

Elle pub­lie le 8 mars 2019 sur Slate une tri­bune appelant à des « actions con­crètes de la part des médias pour lut­ter con­tre le har­cèle­ment ». Elle reste mal­gré ses pris­es de parole et son témoignage moins con­nue que d’autres vic­times alléguées de l’affaire, comme Léa Leje­une, rapi­de­ment dev­enue une fig­ure cen­trale du pseu­do scandale.

Publications

Forte de son expéri­ence de chroniqueuse « cour­ri­er du cœur » à Slate, Lucile Bel­lan pub­lie en juin 2019 aux édi­tions Leduc Aimer c’est com­pliqué. Elle présente sa démarche dans une courte vidéo de com­mu­ni­ca­tion.

A tra­vers 15 « his­toires d’amour », l’ouvrage explore les méan­dres de la vie affec­tive et sen­ti­men­tale de nos con­tem­po­rains. La pre­mière de cou­ver­ture de l’ouvrage décrit ain­si comme suit l’ouvrage : « bisex­u­al­ité, polyamour, fétichisme… 15 his­toires d’amour et de sexe pour savoir qui on est ».

Ce qu’elle gagne

Non con­nu.

Sa nébuleuse

Thomas Mes­sias : pro­fesseur et jour­nal­iste, il est le mari de Lucile Bel­lan, avec laque­lle il a trois enfants. Auteur pour Slate, son nom émerge à l’occasion de l’affaire de la Ligue du LOL, dont il se présente comme victime.

Julien Wel­ter : actuelle­ment jour­nal­iste chez Tel­era­ma, c’est lui qui con­tacte la jour­nal­iste pour enreg­istr­er des chroniques ciné­ma pour Radio Cam­pus Paris. Il est égale­ment sélec­tion­neur pour le Fes­ti­val de Cannes.

Johan Huf­nagel : co-fon­da­teur et ancien rédac­teur en chef du site Slate, le jour­nal­iste est actuelle­ment à la direc­tion web de Libéra­tion. C’est au moment de son départ du webzine en 2014 que Lucile Bel­lan le con­tacte par Twit­ter et qu’il lui con­fie la respon­s­abil­ité de la nou­velle rubrique cour­ri­er du cœur que souhaite lancer la nou­velle rédac­tion. Mal­gré ce patron­age, les deux jour­nal­istes n’ont jamais à pro­pre­ment par­ler collaboré.

Christophe Car­ron : ancien rédac­teur en chef adjoint de Voici, ancien rédac­teur en chef du Grand Jour­nal et actuel rédac­teur en chef du site Slate depuis 2017, c’est avec lui que Lucile Bel­lan fait évoluer sa rubrique, « C’est Com­pliqué », du for­mat arti­cle au for­mat pod­cast. Le suc­cès de son tra­vail vaut à la jour­nal­iste ses let­tres de noblesse en tant que jour­nal­iste radio. Le jour­nal­iste est mis en cause comme par­tic­i­pant à la Ligue du LOL. Il n’est toute­fois pas inquiété pour autant, puisqu’il n’aurait été que « spec­ta­teur » du har­cèle­ment sans y participer.

Elle l’a dit

Sur son par­cours d’autodidacte : « Qu’ont de plus ceux qui sor­tent des écoles ? Ils se con­nais­sent. Je n’ai pas de pro­mo­tion, pas de réseau à la base, je n’ai jamais fait de stage, ce qui est quand même une bonne façon de se faire con­naître. C’est ça qui m’a man­qué. J’ai tou­jours eu le sen­ti­ment d’être une bête curieuse pour les jeunes diplômés… alors que moi j’enviais leur joli diplôme qui aurait fait plaisir à mes par­ents. Je ressens donc encore tou­jours un décalage mais je crois que je l’accepte de plus en plus. Mon par­cours est unique, c’est comme ça. » dans une inter­view don­née au site Les Auto­di­dactes.

Sur l’instinct mater­nel : « Je suis dev­enue une maman. Sans me faire vio­lence. Je suis une maman comme je suis en per­son­ne. J’ai dévelop­pé cette facette au fur et à mesure des années et de l’ex­péri­ence, au fur et à mesure des enfants aus­si (je suis cer­taine­ment “une meilleure mère” que je ne l’é­tais il y a 5 ans). C’est l’amour que je leur porte qui a su me guider. Mais je sais que cette “fibre mater­nelle” dont on par­le tant, n’ex­iste pas. Qu’elle est cul­pa­bil­isante et même étouf­fante. Je suis dev­enue une mère mais j’au­rais pu ne jamais en avoir l’oc­ca­sion, ou juste en avoir décidé autrement. C’est cette idée que je vais essay­er de trans­met­tre à mes filles. » dans un bil­let du blog de Lucile Bel­lan Les Filles Elec­triques repris sur le site du Huff­in­g­ton Post le 15 novem­bre 2015.

Sur le har­cèle­ment dont elle aurait fait l’objet sur Twit­ter de la part de la Ligue du LOL : « Je pub­li­ais, que ce soient des arti­cles sur des médias ou des réflex­ions plus ou moins per­ti­nentes sur mon blog per­son­nel, et c’était remis en ques­tion, démon­té, moqué par des jour­nal­istes de médias pres­tigieux ou que je respec­tais. En soirée, on m’a opposé le « inter­net, c’est pas la vraie vie », mais je crois que c’est une excuse bien facile et évidem­ment totale­ment incor­recte quand on tra­vaille sur inter­net comme eux et moi. Je tra­vaille, je mange, je m’informe, je me diver­tis devant mon écran. J’existe autant en ligne que dans la vie. Avec les années, la Ligue du LOL, c’est devenu une sorte d’hydre ter­ri­fi­ante. Celles et ceux qui en ont été vic­times parta­gent leur his­toire, croisent en soirée ceux qui en fai­saient ou en font par­tie. Ces per­son­nes se méfient, elles ont quit­té les réseaux soci­aux, ont pris le par­ti de ne jamais tra­vailler pour cer­tains médias. On con­fronte les infor­ma­tions, les trau­ma­tismes, les noms des harceleurs comme pour don­ner du corps à ce qui ressem­ble presque à un fan­tasme telle­ment c’est fou. » dans un arti­cle de la jour­nal­iste sur elle-même pub­lié sur Slate le 11 févri­er 2019.

Sur le polyamour : « On retrou­ve les poly­bataires [con­trac­tion des ter­mes polyamour et céli­bataire] ; le cou­ple libre à deux ; les solopoly [plusieurs parte­naires sans vivre avec] ; les polyamours intel­lectuels ; sex­uels… Per­son­nelle­ment, je suis polyamour dou­ble, c’est-à-dire que je me lim­ite à deux per­son­nes car cela demande beau­coup d’investissement et surtout de l’organisation. […] Quand 50 Nuances de Grey est sor­ti, il a fal­lu rétablir la vérité sur le BDSM qui implique le con­sen­te­ment, con­traire­ment à ce qui est mon­tré dans cette saga. Il en va de même pour le polyamour », dans un arti­cle de Marie-Car­o­line Royet pub­lié le 26 juil­let 2019 dans Straté­gies.

« Le polyamour, c’est une éthique du cou­ple ou de la famille ou de la rela­tion amoureuse et sex­uelle. C’est un sys­tème à plusieurs, plusieurs per­son­nes qui d’ailleurs n’ont pas for­cé­ment de rela­tion sex­uelles – ce n’est pas du lib­erti­nage, et où cha­cun exprime à la fois ce qu’il est et ce dont il a envie », dans « C’est que de la Télé » le 17 sep­tem­bre 2019 sur C8.

On a dit à son sujet

« Lucile Bel­lan, on ne peut que la trou­ver cool de suite, elle est orig­i­nale, sin­gulière et son par­cours est à l’im­age de sa ténac­ité. » en présen­ta­tion de l’interview de Lucile Bel­lan sur le site Les Auto­di­dactes.

Sur la ligue du LOL dont elle se pré­tend victime :

« Au juste, qui sont les jour­nal­istes femmes visées par la Ligue du LOL ? Dans les témoignages pub­liés sur Twit­ter ou dans les médias, on décou­vre plusieurs jour­nal­istes vic­times. Or, au moment des faits dénon­cés, la grande majorité n’était pas jour­nal­iste ce qu’aucun média ne pré­cise. Lucille B. , Nora B. , Mélanie W. , Flo­rence P. et Thomas M. ne sont pas encore jour­nal­istes et ne représen­tent cer­taine­ment pas une men­ace pour les jour­nal­istes de la Ligue du LOL, qui sont pour la plu­part en con­trat dans des rédac­tions.» (Medi­um), repris par l’Ojim,

« Si l’on se penche sur les faits, il ne reste pas grand chose du sto­ry­telling “un groupe de jour­nal­istes hommes a harcelé d’autres jour­nal­istes femmes et issues des minorités pour pren­dre le pou­voir”. Une lec­ture plus juste de l’affaire serait la suiv­ante : une bande de petits cons se moquaient de tout le monde ou presque sur le Twit­ter de l’époque. Au milieu de ces ricane­ments répétés, on trou­ve des pro­pos sex­istes, homo­phobes ou racistes mais le har­cèle­ment sex­iste n’était pas le but pre­mier de l’affaire. Ce groupe Face­book n’a pas été créé pour “harcel­er des fémin­istes”, c’est une lec­ture erronée et mil­i­tante de l’affaire qui l’a fait pass­er pour cela ». (Medi­um, ibid)

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