L’œil de l’extrême-gauche
Né en 1989 en région parisienne, Mannone Cadoret est un photographe et militant d’extrême-gauche, soutien des milieux salafistes. Son pseudonyme professionnel est NnoMan. Venu à la politique par le biais de la lutte contre le CPE en 2006, il est engagé depuis plusieurs années dans de nombreuses luttes sur lesquelles la gauche alternative a mis le grappin (régularisation des immigrés, promotion de la diversité, antiracisme, Notre-Dame des Landes, dénonciation des violences policières, etc.).
Il est aussi un militant politique, encarté dans un petit parti francilien officiellement promoteur de la diversité et de l’antiracisme, mais officieusement communautariste, le mouvement Émergence. Il a été candidat pour ce parti aux régionales de 2010 et aux législatives de 2012 dans les Hauts-de-Seine, réalisant des scores inférieurs à 1%.
L’interdiction de manifester, qui a été prononcée à son encontre le 16 mai 2016 par la préfecture de Paris – pour la manifestation du 17 mai – et qui a été rapportée dans la foulée après une violente polémique, l’a mis en lumière. Cette mesure avait été prononcée avec une dizaine d’autres, contre des militants d’extrême-gauche des collectifs Action antifasciste Paris-Banlieue et Mouvement indépendant inter-luttes. Ses photos apparaissent sur l’AFP – via la plateforme d’actualité participative Citizenside – mais encore Politis, Paris Match ou l’Humanité.
Chez Mannone Cadoret, la frontière entre militantisme politique et journalisme – photographe, et plus occasionnellement photo-journaliste – est ténue. Au point que ses parcours militant et professionnel sont quasi-indissociables. Au point de se faire interdire de manifestation par la préfecture de Paris, qui remarque sa présence constante là où sont les affrontements, et prend cette mesure en même temps que pour d’autres militants d’extrême-gauche violents.
Au point surtout de s’en prendre à d’autres journalistes pour des motifs idéologiques. En juin 2016, il s’attaquait ainsi à un reporter à Paris, en le traitant de « facho » et l’expulsait physiquement de la manifestation qu’il couvrait. Il détient une carte d’agence de presse numérotée, mais pas de carte de presse ; il n’est cependant pas nécessaire d’avoir une carte de presse pour être considéré comme journaliste professionnel.
Et sur sa page Facebook, il relayait les accusations du collectif Quartiers Libres contre un journaliste, Jimmy Leopold, accusé d’être proche du FN. Détenteur d’une carte de presse, il travaille pour l’agence Ligne de Conduite (LDC) et avait été roué de coups par des militants antifascistes en mars 2016. Ce dernier a été candidat du FN en 2010 en Basse-Normandie. Manonne Cadoret enfonçait le clou : « qu’en est il de ce ” journaliste ” qui déclare soutenir le FN, ex candidat FN, que j’ai vu très proche des mouvements anti Islam à Calais ? Que dire de ces gens qui sous couvert de journalisme, alimentent la haine anti roms (en les coursant dans le métro), filment des visages en manif pour donner des informations précieuses pour la répression post manif ». L’hôpital qui se fout de la charité ?
Formation
Mannone Cadoret a étudié au collège Pierre de Ronsard à l’Haÿ les Roses de 2001 à 2004, puis au lycée polyvalent Frédéric Mistral à Fresnes de 2005 à 2008. En 2006 il s’installe à Anthony et est l’un des porte-paroles de la contestation anti-CPE dans son lycée. Il commence alors à militer. Après avoir obtenu son bac en 2008 sans mention, il entame par la suite des études en sciences politiques à l’université Paris VIII Vincennes Saint-Denis.
Parcours professionnel
Depuis janvier 2012 il fait partie du collectif de photographes Oeil (Our eye is life) pour lequel il a réalisé de nombreux reportages en France et à l’étranger sur des luttes sociales ou politiques, sur des thématiques de l’extrême-gauche, sur les migrants, etc. En décembre 2014, « Le Collectif OEIL — Our Eye Is Life, regroupe trois photographes, Nnoman, Julien Pitinome et Eros Sana, aux parcours différents et tous issus des quartiers populaires. Attachés à une vision sociale et engagée de la photographie, convaincus par la dialectique unité/diversité, les membres du Collectif OEIL veulent mettre en partage leur vision des mondes. »
Il vend ses photos à l’AFP, Paris-Match, l’Humanité ou encore Politis. Depuis septembre 2014 il est chroniqueur de l’émission « les Zinformés » sur la radio communautaire Beur FM. Son site nnoman.com existe depuis le 20 janvier 2010 ; cependant, jusque fin 2014, ce fut un site… chinois. Il n’appartient au militant-photographe que depuis la toute fin 2014. Sur la version du 18 décembre 2014 il se présente comme un membre du collectif Œil. Le site n’acquiert une allure professionnelle et ne s’étoffe avec les liens de ses reportages et publications que le 11 janvier 2016.
Une de ses photos publiée par Paris-Match porte le double crédit NnoMan Cadoret / Anadolu Agency ; cette agence a été fondée par Mustafa Kemal Atatürk et est l’agence officielle du gouvernement turc ; elle est directement financée par l’état turc. La Turquie est aujourd’hui un régime présidentiel autoritaire, ayant l’apparence d’une démocratie, mais où les minorités, notamment arméniennes et kurdes, sont persécutées. Depuis début 2016, un nouveau soulèvement kurde à l’est du pays forme le prétexte à une opération militaire de l’armée turque; des massacres de civils ont été signalés, notamment dans la ville frontalière de Nusaybin divisée en deux par les combats entre insurgés kurdes et armée turque.
Parcours militant
En 2006, sa première expérience militante est, selon Mannone Cadoret lui-même, le moment où il se rend au gymnase de Cachan suite à l’évacuation du squat local ; installé depuis 2003 dans une ancienne cité universitaire, c’était avec près de 700 habitants – migrants clandestins pour la plupart – le plus grand squat de France. La même année, il s’installe à Antony et est l’un des porte-paroles de la contestation anti-CPE dans son lycée. Il s’investit ensuite contre le mal-logement, pour la régularisation des sans-papiers, contre le racisme et pour la désobéissance civile. Il se rapproche notamment des déboulonneurs de pub et de la Brigade anti-négrophobie. Depuis 2007, il est animateur en centres de loisir à Antony.
En 2010, il est tête de liste aux régionales pour les Hauts-de-Seine du parti Émergence. La liste fait 0,42% en Ile de France. En 2012, il se présente sur la circonscription Anthony-Sceaux avec un colistier nommé Mohammed Belkhin ; ils font 0,76%, soit 410 voix. Officiellement, le parti affirme rejeter « l’individualisme, l’égoïsme, le libéralisme ou le communautarisme » et soutenir « le partage, l’ouverture, la solidarité, l’inter-culturalisme, le lien intergénérationnel » dans une charte adoptée le 21 mars 2012. Cependant le mouvement présente pour l’essentiel des personnes issues des minorités ou marquées très à gauche et a été qualifiée en 2010 par le PS du Val-de-Marne de « communautaire d’extrême-gauche ». D’importance assez mineure, ce parti s’est construit sur une « culture urbaine hip-hop » autour d’une « jeune génération, à l’image des quartiers populaires, c’est à dire métissée ». Cependant, il a rapidement rompu avec les militants historiques des quartiers populaires, refusant de se mettre au service des écuries politiques existantes – Parti Communiste, EELV ou PS – et donc n’a pu obtenir de réelle percée électorale.
Un long article de la revue Que faire en 2010 s’intéresse à ce parti, en interviewant deux de ses chevilles ouvrières, Nadia Aidli et Almamy Kanouté. Le parti Émergence clarifie son positionnement politique en affirmant « De par son programme et sa composition, Émergence est à l’opposé de la politique économique et sociale mise en place par la droite et inspirée par l’extrême droite. » Cependant, il ne soutient pas la gauche non plus : « Les partis de gauche et même d’extrême gauche ont toujours occulté les problèmes de racisme et de discriminations derrière la question sociale ». En revanche, comme l’expliquent les deux militants à la revue Que Faire, les ponts ne sont pas rompus avec toute l’extrême-gauche politique : « de nombreux acteurs d’Émergence sont sensible au discours du NPA tel qu’il est formulé par Olivier Besancenot. Cependant les rencontres sont rares entre ces militants associatifs des quartiers populaires et les militants du NPA en région parisienne ». Le programme est ouvertement à gauche, ainsi que la présentation du parti, qui s’annonce comme un collectif de militants associatifs « actives et actifs localement sur les plans culturels, sportifs et citoyens, (se) mobilisent aussi sur des sujets plus graves : soutenir les sans papiers dans leur combat pour l’obtention de droits, lutter pour des logements décents pour tous aux côtés des mal logés, dénoncer les brutalités policières, mobiliser sur les enjeux de solidarités internationales (Afrique, Palestine), etc. »
Interviewé par le média malien Bakel-info.com le fondateur du parti Almamy Kanouté, conseiller municipal élu avec une liste indépendante à Fresnes en 2008 (11.11%) affirme qu’il est souvent « en manifestation lorsque des membres de la communauté noire vivant en France subissent des injustices et des inégalités ». Occultant les origines nationales et ethniques des nombreux africains d’origine vivant en France, il se concentre sur la couleur de peau, ce qu’il appelle « les causes noires », ce qui constitue une démarche troublante par ses références racistes. Il affirme que son parti est « le reflet de la volonté de certains citoyens de s’investir sans être broyé par les machines politiques existantes » et sert à représenter notamment les Maliens installés en France. Il explique porter la barbe non pour un motif religieux, mais « par fierté afro ». Il se prononce aussi contre la démocratie à l’occidentale en Afrique : « tant qu’on continuera à diriger les pays comme les ex-colonisateurs nous ont appris, on aura des problèmes. On ne peut plus faire croire aux gens que les hommes au pouvoir, en mimant une organisation qui n’est pas traditionnelle, africaine, qu’on peut arriver à voir le bout [du tunnel] ».
En 2011, lorsque 8 militants du collectif anti-négrophobie, dont Mannone Cadoret, viennent à la journée de commémoration de la traite négrière à Paris, jardin du Luxembourg, où ils ont reçu des invitations nominatives, et mettent leurs T‑shirts anti-négrophobie, ils sont expulsés manu militari par le service d’ordre et la police. Trois d’entre eux, dont Mannone, sont plaqués au sol, puis conduits dans un commissariat où ils sont retenus – sans être placés en garde à vue – le temps de la cérémonie qui se déroule en présence du président Nicolas Sarkozy. Cela se fait en-dehors de tout cadre légal. Le collectif Anti-Négrophobie est une émanation de l’Alliance Noire citoyenne, dont Mannone Cadoret est aussi un militant.
En octobre 2011 il est dans la manifestation des Indignés à Paris ; il publie une vidéo de la charge policière, qui est sa première sur sa chaîne YouTube. Il publie plus régulièrement à partir de la montée en puissance de la contestation contre la loi Travail, en mars 2016.
En juin 2011 il signe un appel du collectif « Mamans toutes égales » publié sur le site du Parti des Indigènes de la République. Cet appel s’élève contre les exclusions de mères d’élèves voilées des sorties scolaires et des réunions à l’intérieur des écoles, au motif du respect de la laïcité. L’appel est véhément : « nous refusons cette logique de guerre et de mise au ban, qui désigne les femmes portant le foulard comme des pestiférées, tend à les disqualifier aux yeux de leurs propres enfants, et leur adresse ce message implicite : “Restez dans vos cuisines !” ». Mannone Cadoret le signe au nom de son parti Émergence et n’indique pas, contrairement à la majorité des autres signataires, de situation professionnelle ou étudiante.
En juin 2013 il remercie les électeurs qui lui ont fait confiance un an auparavant, et annonce sur son site que le Mouvement Émergence présentera plusieurs listes pour les municipales de 2014 ; il en fait toujours partie : « en un an, le Mouvement Émergence a avancé. Nous rencontrons de plus en plus d’individus, membres de la société civile, qui désirent rejoindre notre mouvement ». Son site n’est plus mis à jour depuis cette date. Le mouvement Émergence semble, lui, continuer à exister, même si son leader Almamy Kanouté a été déclaré inéligible en 2013 pour trois ans après avoir omis de déposer son compte de campagne lorsqu’il était candidat aux législatives. Il n’a néanmoins pas disparu de la circulation, puisqu’en 2016 il s’investissait dans le mouvement citoyen (marqué à gauche) Nuit Debout et a fait une tentative (ratée) de l’implanter en banlieue. Comme Mannone Cadoret, Almamy Kanouté est aussi chroniqueur dans l’émission « les Zinformés » de la radio communautaire Beur FM.
À l’automne 2015, il est la cheville ouvrière de la mobilisation d’associations pro-environnementales, syndicales (marquées à gauche, comme la CGT et Sud-Solidaires) ou engagées contre les inégalités sociales contre la COP 21. Il coordonne la mobilisation en Ile-de-France. Un article d’octobre 2015 dans la revue Anti‑K (anticapitaliste) présente les actions qu’il met en place, notamment des rencontres entre des organisations de terrain américaines, dites grassroots, regroupées dans un collectif nommé GGJA, et des roms expulsés du bidonville du Samaritain en août 2015 ; Mannone avait réalisé un reportage photo dans ce bidonville. Le lien avec la COP 21 ? La dénonciation de l’accaparement des ressources par les élites, et d’une planification urbaine capitaliste qui rejette les pauvres toujours plus loin, « vers des lieux désertés depuis des lustres par les investissements, où il n’a plus de logement social, et pas d’emplois ». Tout cela s’inscrit pour les militants français ou américains dans une « perspective de classe, du genre, de la question migratoire ». Ces rencontres ont aussi permis de donner la parole à des groupes mêlant communautarisme et combats d’extrême-gauche, tels que le groupe afro-féministe Mwasi, ou encore le groupe La voix des Roms, qui fait le lien entre racisme et pollution : « le racisme est une méthode de gouvernement, intégrée dans un système. Ce système est fonction de rapports de force et de pouvoir. C’est pareil pour le climat. C’est un problème global. Si un État achète des droits à polluer, cela a des liens avec le colonialisme. »
Le 16 mai 2016, il se retrouve sous les feux de l’actualité après avoir été interdit de manifestation pour le 17 mai par la Préfecture de Paris ; cette mesure avait été prise en même temps pour une dizaine de militants d’extrême-gauche et antifascistes à Paris, vus au cœur des violences qui émaillaient les manifestations contre la Loi Travail dans la capitale. Après un important battage médiatique – c’était la première fois qu’un photographe se trouvait interdit de manifestation – cette mesure a été reportée dès le lendemain par la Préfecture de Paris, qui a annoncé avoir ignoré la profession de Mannone Cadoret. Il a néanmoins été empêché d’entrer dans la manifestation le 17 mai par des policiers, qui refusaient qu’il pénètre dans le rassemblement avec son masque et ses lunettes que lui estime indispensable : « quand on est en première ligne et qu’il y a des bouteilles de verre qui volent ! ». Bouteilles qui ne sont sûrement pas lancées par les forces de l’ordre… Néanmoins, il arrive enfin à rentrer dans la manifestation en franchissant un cordon de gendarmes mobiles qui ne l’arrêtent pas alors que son visage est masqué. Le même jour, le militant d’extrême-gauche Gaspard Glanz est interpellé avec deux de ses collègues du média Taranis News, proche de la même mouvance politique, et refoulé par la police. Ils rentrent à nouveau dans la manifestation après avoir déjoué la surveillance policière.
En 2020, il apporte son soutien à la mosquée salafiste de Pantin, mise en cause dans l’assassinat de Samuel Paty et sous le coup d’une fermeture administrative par les autorités. Après que des tags « Je suis Charlie » ont été apposés sur les murs de l’édifice, il incrimine immédiatement « l’extrême-droite » qu’il appelle à « combattre par tous les moyens ».
Collaborations
- Ses photos apparaissent sur l’AFP, via la plateforme citoyenne Citizenside
- Elles sont aussi publiées par Politis, plutôt marqué à gauche, ou encore Paris Match, pour illustrer les rassemblements anti-migrants à Calais. On peut aussi les trouver dans les colonnes du journal communiste L’Humanité, pour illustrer un article intitulé « la police assassine, la justice acquitte». Tout un programme.
- Il intervient aussi auprès d’associations communautaristes, tels que les étudiants africains de la Sorbonne, notamment pour défendre le prêcheur africain et musulman Malcolm X qui fut aussi un militant suprémaciste noir qui n’a cessé de prêcher sa haine contre les blancs.Il intervient aussi dans des établissements scolaires avec son collectif Oeil sur des thématiques liées à l’antiracisme. En mars 2014 il était par exemple au collège Henri Dunant d’Evreux pour présenter son reportage en Afrique du sud en janvier 2014 – y compris sur les townships blancs – et expliquer son métier de photographe engagé. Entre fin mars et début avril 2016 il intervenait de la même façon dans le cadre d’une « semaine citoyenne » au lycée Van Gogh à Aubergenville (78) où il expliquait aux élèves son métier et les enjeux de ses photographies.Il collabore au magazine Fumigène depuis qu’il a été relancé en 2015 ; ce trimestriel marqué à gauche souhaite donner la parole aux quartiers “populaires”. Son premier numéro de 2015 était consacré aux dix ans des émeutes des banlieues de 2005.
Publications
Il a publié notamment sur son site plusieurs reportages thématiques, consacrés aux conditions de vie des Roms, aux migrants de la jungle de Calais ou encore à la Loi Travail.
Sur le site du collectif Œil (Our eye is life), on trouve aussi d’autres reportages, notamment celui qui est consacré à la cause des Rohingyas, une minorité musulmane opprimée en Thaïlande. Il y écrit de courtes introductions en français et anglais, et réalise parfois aussi les photos. Un autre reportage, qu’il a écrit et dont il a réalisé les photos, est publié six mois après la mort du militant anti-fa Clément Méric, érigé en martyr de l’extrême-gauche. Il relate la manifestation du 8 juin 2013 en sa mémoire, en occultant soigneusement qu’elle avait dégénéré et que de graves débordements ont eu lieu, comme les jours précédents. Pour le même collectif, il a réalisé plusieurs reportages à l’étranger, notamment au Sénégal lors du Forum social mondial (février 2011), en Palestine (février 2012 et lors d’une opération militaire israélienne en juillet 2014), en Tunisie lors du forum social mondial (mars 2013), à Taïwan (janvier 2014) ou encore en Afrique du Sud (janvier 2014). Ce dernier reportage a fait l’objet d’une exposition en mairie du IIe arrondissement de Paris du 1 au 13 décembre 2014.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Sa nébuleuse
Ses partenaires sont listés sur son site. On y trouve le Collectif Our Eye is Life, la radio communautaire Beur FM, le magazine ouvertement « banlieusard » et plutôt marqué à gauche Fumigène, le média Bastamag, marqué à gauche, ou encore Taranis News, fondée par le militant d’extrême-gauche Gaspard Glanz qui filme régulièrement les violences en manifestation et vend ses images à l’AFP, M6 ou Canal +.
Il est aussi proche de militants communautaristes, notamment le producteur et militant associatif Sadia Diawara ou encore le fondateur du parti Émergence Almamy Kanoute. Tous deux sont d’origine malienne. Mannone Cadoret a aussi de nombreuses connexions avec les réseaux d’extrême-gauche à Paris, qu’ils militent contre la Cop21, pour la régularisation des sans-papiers ou qu’ils soient des militants antifascistes.
Il l’a dit
« Plus jeune, en participant à des manifestations, j’ai vu des personnes souffrir d’injustices : elles étaient frappées ou arrêtées sans raisons. J’ai commencé la photo pour être une sorte de haut-parleur des révoltes, à un moment où les médias ne traitent pas complètement le sujet. Et comme à la syntaxe des mots, je préfère celle des images, j’ai donc saisi mon appareil pour agir. Je disparais derrière la photo, derrière mon appareil. Il est pour moi comme un refuge et à la fois comme un rempart. J’ai une sorte de sentiment d’invulnérabilité derrière mon boîtier. Même si avec j’essaye de rendre belles les choses et les personnes ». Présentation de NnoMan sur le site du collectif Our Eye Is Life.
« Je ne peux tolérer qu’en France, pays de mes racines, de mes ancêtres, des hommes et des femmes puissent vivre dans de telles situations de précarité et d’exclusion. Je dois prendre cette lutte contre les discriminations, les injustices à bras le corps car je refuse de laisser les rennes du pays, de nos villes, de nos circonscriptions à certains irresponsables politiques, qui défendent les intérêts de quelques-uns, au détriment de tous les autres. » Interview au site place-condorcet.fr le 4 décembre 2012
« Je laisse la langue de bois au PS et autres individus carriéristes qui vendent du rêve au citoyens. Ce que j’ai appris du PS c’est que vous faites de la politique de racolage, de décoration. », dans un commentaire au site place-condorcet.fr en date du 14 juin 2012.
« A titre personnel j’ai voté pour que Nicolas Sarkozy parte, pas pour François Hollande. Le constat est simple mais désolant: aucune solutions concrètes contre le chômage, toujours plus d’expulsions de sans-Papiers ( familles, enfants…) , des conditions de vie de plus en plus difficiles, des démantèlements de camps de Roms d’une violence sans précédent, une non considération de la voix de la population ( meilleur exemple actuel: les violences policières sur les militants contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes) […] On constate un recul quasi systématique sur les questions sociétales. », ibid.
« Je suis en effet très attaché à la cause palestinienne. Je me suis rendu une fois en Palestine et j’y ai observé la vie sur place. […] On se rend compte petit à petit de l’oppression! Sur place, les individus ne peuvent pas sortir (ou très rarement lorsqu’ils sont âgés) ils sont condamnés à vivre dans une prison à ciel ouvert. Les produits de consommation sont quasiment tous israéliens ou américains. Ils sont donc enfermés et ont l’obligation de consommer pour leur oppresseur. […] Je suis extrêmement choqué de voir cette terre, ce peuple se faire autant torpiller depuis tout ce temps sans qu’Israël ne reçoive de sanction. Le Monde entier assiste à un massacre, un génocide et rares sont ceux qui osent dénoncer. […] Je suis foncièrement anti-sioniste », ibid.
« Les agents ont annoncé à mes parents que j’étais assimilé à un casseur », Mannone Cadoret sur Buzzfeed au sujet de son interdiction de manifester, annoncée le 14 mai par des policiers à ses parents. Cette mesure a été rapportée par la Préfecture de Paris devant le tribunal administratif de Paris le 17 mai au matin.
« J’ai du mal à croire que c’est une erreur. Peut-être que le fait que je couvre régulièrement des rassemblements “antifascistes” ou que des militants reprennent mes photos montrant des violences policières, dérange », ibid.
« Il y a beaucoup d’ignorance sur la question des réfugié·es. Par exemple, à Calais, les gens pensent pour la plupart, que dans la jungle, il y a 10 000 SDF, qui viennent ici pour s’en sortir. Un trajet Kaboul-Calais coûte environ 10 000 euros. La jungle était composée en réalité de jeunes diplômés, d’avocat·es, de médecins, web-designers… Mais très peu le savent car très peu prennent le temps de s’informer. Les gens ont peur. On se plaint des déserts médicaux en province ou en banlieue et on ne donne pas sa chance à un médecin syrien… C’est indéniable, dans un pays qui place le Front national au second tour des présidentielles, que la partie des Francais·es qui rejettent les réfugié·es est importante. Il faut combattre l’idéologie d’extrême-droite par tous les moyens nécessaires. Moi, je le fais par la photo », Interview donnée au site Le Comptoir le 11 décembre 2018.
« Il y a des gens qui prennent des risques pour la lutte, et les images peuvent contribuer à les discréditer, ou pire, à aider la police et la justice à les arrêter. Nous ne sommes pas – je ne suis pas – l’antichambre de la police, et je fais systématiquement attention à ce que je shoote et ce que je diffuse. On a une grande responsabilité », Ibid.
On l’a dit à son sujet
« Considérant que M. Mannone Cadoret a été remarqué à de nombreuses reprises à des manifestations contre, notamment, les violences policières et la réforme du code du travail ; que ses manifestations ont dégénéré en troubles graves à l’ordre public et notamment des affrontements violents avec les forces de l’ordre ; que des groupes d’individus masqués et portant des casques sont systématiquement à l’origine de ces désordres ; qu’il y a dès lors tout lieu de penser que la présence de M. Mannone Cadoret aux rassemblements organisés contre les projets de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections contre les entreprises et les actifs vise à participer à des actions violentes ; que compte tenu de ses éléments, il y a lieu d’interdire sa présence à la manifestation organisée le 17 mai 2016 ». Extrait de l’arrêté d’interdiction de séjour du journaliste à Paris, pour l’empêcher de se rendre à la manifestation du 17 mai – Préfecture de Paris.
« Les photos du requérant ayant été reprises par des médias étrangers mais aussi nationaux aussi prestigieux que Paris Match. Il faut donc croire que c’est la capacité du requérant à être au bon endroit au bon moment qui pose difficultés à la Préfecture de Paris, plus que la réalité d’atteinte à l’ordre public dont il n’est en fait que le témoin privilégié et de nombreux lecteurs de la presse où ses photos sont diffusées à travers lui » Me Hosni Moati, avocat de Mannone Cadoret, dans un référé-liberté contre l’interdiction de manifester déposé le 16 mai au tribunal administratif de Paris.
« C’est un journaliste engagé, comme beaucoup d’autres journalistes. Il couvre de nombreux événements et a également publié des clichés ou des vidéos témoignant de violences policières. Mais une question seulement est à poser: est-il susceptible de troubler l’ordre public? Non. L’interdire de couvrir cette manifestation, c’est vouloir le bâillonner », Me Hosni Moati pour Buzzfeed, op.cit.