Russophile mais poutinophobe
« La Russie, je l’ai aimée pour sa littérature, sa culture, je l’ai aimée pour Anna Politkovskaïa, je l’ai aimée pour toutes ses années 90 où il y avait ce magnifique espoir d’une société civile qui se créait, d’une ouverture, et Boris Nemtsov était symbolique de cet ouverture-là. Et malheureusement cette Russie-là est en train d’être tuée, est en train de disparaître à petit feu. » Europe 1, 2 mars 2015
Née à Londres en 1969, fille de « parents engagés » et sœur de la musicienne Émily Loizeau, Manon Loizeau est une journaliste et documentariste française, auteur de nombreux documentaires dans des zones à risques. Grande combattante en faveur « des peuples opprimés », cette admiratrice de la Russie des années 90 a fait de Vladimir Poutine le maître incontesté de son grand panthéon de l’horreur.
Père français, journaliste au Matin de Paris et « poète très engagée dans les manifs de sans-papiers », mère anglaise, artiste, elle est la petite-fille de la comédienne britannique Peggy Ashcroft qui fut mariée à un russe. Son grand-père fut l’avocat de George Blake, un agent double britannique qui espionnait pour le compte du KGB dans les années 50. Encouragée en ce sens par sa grand-mère, Manon Loizeau s’est découvert jeune un amour de la Russie, où elle a vécu plusieurs années et se sent « chez elle ». Récompensée par de nombreux prix, ses documentaires (au Yémen, en Tchétchénie, en Russie, en Syrie, en Iran…) sont particulièrement appréciés par les chaînes de télévisions « mainstream » désireuses de conforter leur ligne éditoriale, prônant la supériorité du monde « libre » et « démocratique ».
Pour autant, son documentaire « États-Unis : à la conquête de l’est » (2005), fait office de véritable ovni dans sa filmographie dans la mesure où, pour une fois, il s’intéresse aux agissements étasuniens et non à un quelconque dictateur du Camp du Mal. En résumé, le document montre comment les États-Unis, par le biais d’organisations et de fondations « humanitaires », ont financé et aidé secrètement les révolutions serbe, géorgienne, ukrainienne et kirghize. Un film qui reste néanmoins une goutte d’eau dans un océan de conformisme pro-occidental.
Formation
Manon Loizeau est titulaire d’un DEUG de russe, d’une maîtrise de littérature anglaise, et d’une maîtrise de sciences politiques de l’Institut d’études politiques de Paris (1993). Elle parle couramment le russe.
Parcours
Dès la fin de ses études, elle fait des stages au Nouvel Observateur et à Libération. La même année, elle s’installe à Moscou et réalise des piges, en tant que correspondante, au Monde, au Nouvel Observateur et à la BBC. Lors de cette période, elle pige également pour Marie-Claire, magazine qu’elle lit « depuis qu’elle a 15 ans ». Ce qui devait à l’origine consister en un séjour de trois semaines se mue en un séjour de dix ans.
Repérée par Christophe Barreyre, elle travaille dès 1996 pour l’agence Capa en tant que journaliste indépendante. Elle réalise alors ses premiers films, « Les enfants de Tchernobyl » (1996) et « Grandir sous camisole » (1997), passant ainsi de l’écrit à l’image. Au début des années 2000, elle se rend clandestinement en Tchétchénie et réalise deux documentaires sur l’occupation russe (« Grozny, chronique d’une disparition », en 2003, et « Naître à Grozny », en 2004).
S’en suivra un documentaire sur le rôle des États-Unis dans les révolutions colorées (2005), sur les femmes qui tuent leurs enfants en Inde (2006), ou encore sur la Géorgie (2008). En 2009, après un sujet sur les « meurtres en série au pays de Poutine », très à charge contre le leader russe, elle fait entrer clandestinement dix petites caméras en Iran et couvre ainsi les manifestations d’hostilité au pouvoir.
En 2011, c’est elle qui entre clandestinement en Syrie pour couvrir la révolte contre le gouvernement de Bachar al-Assad pour l’émission « Envoyé spécial » sur France 2. Après un documentaire sur « l’immigration, aux frontières du droit » (2011), où elle critique la politique migratoire de la France, présentée comme répressive, et un sujet sur la colère des femmes yéménites (2013), elle effectue en 2014 son retour en Tchétchénie, dix ans plus tard, avec le documentaire « Tchétchénie, une guerre sans traces ».
En 2015 et 2017, elle s’intéresse en particulier à la façon dont les conflits bouleversent la vie des femmes et à illustrer la libération de leur parole, que ce soit au Yémen ou en Syrie. Elle revient finalement à ses premières amours avec un reportage sur la Biélorussie, par ailleurs un des rares reportages consacrés à ce pays qui demeurait jusque là hors des radars médiatiques.
Documentaires
- Les enfants de Tchernobyl (1996)
- Grandir sous camisole (1997)
- Grozny, chronique d’une disparition (2003)
- Naître à Grozny (2004)
- Retour à Beslan (2004)
- États-Unis à la conquête de l’est (2005)
- La Malédiction de naître fille (2006)
- Carnets de route en Géorgie (2008)
- Meurtres en série au pays de Poutine (2009)
- Chronique d’un Iran interdit (2010)
- L’immigration, aux frontières du droit (2011)
- Syrie interdite (2011)
- Yémen, le cri des femmes (2013)
- Tchétchénie, une guerre sans traces (2014)
- Yémen le cri des femmes (2015)
- Syrie : le cri étouffé (2017)
- Biélorussie, la dernière dictature d’Europe (2020)
Récompenses
- (2004) Festival du scoop et du journalisme d’Angers — Lauréate prix Spécial du Jury/Conseil général 49 pour le reportage « La maternité à Grozny »
- (2006) Prix Albert-Londres de l’audiovisuel avec Alexis Marant pour « La Malédiction de naître fille » (Capa pour Arte, TSR et SRC)
- (2006) Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société, lauréate catégorie Films de + de 40 minutes pour « La malédiction de naître fille »
- (2008) Festival du scoop et du journalisme d’Angers — Lauréate prix de l’Actualité/Château-Gontier pour le reportage « Dans les braises du Caucase »
- (2009) Festival du scoop et du journalisme d’Angers — Lauréate prix du Public/Planète pour le reportage « Au cœur de la révolte iranienne »
- (2012) Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société, lauréate catégorie Films de plus de 40 minutes pour « Chroniques d’un Iran interdit »
- (2013) Membre du jury de la 20ème édition du FIGRA, Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société, catégorie Films de plus de 40 minutes.
- (2013) Membre du jury du prix Albert Londres
- (2014) Prix de la journaliste de l’année Marie Claire
- (2015) Festival du Forum International sur les Droits Humains — Lauréate prix du jury de l’organisation mondiale contre la torture (OMCT) pour « son engagement en faveur des droits humains » (« Tchétchénie, une guerre sans traces »)
- (2017) « Syrie, un cri étouffé » est sélectionné au festival Bayeux-Calvados des reporters de guerre.
- (2021) présidente du jury de la 28ème édition du FIGRA
Elle l’a dit
« La filiation est fondatrice dans mon parcours de documentariste. Cette attirance pour l’ailleurs et ce bagage d’empathie envers cet « étrange étranger » proviennent de mon enfance. Mes parents nous ont élevées, ma sœur Emily et moi, dans l’idée qu’il faut accueillir l’autre qui vient de la route ou de la nuit. Aujourd’hui, on l’appelle « le migrant ». Je préfère parler d’être humain », La Chronique d’Amnesty International, novembre 2021.
« À la fin des années 80, c’était la fin de L’URSS et la chute du mur de Berlin. La jeune génération de Russes, que je fréquentais, croyait en un monde enfin plus libre qui s’ouvrait. Aujourd’hui, c’est un tel bond en arrière, le monde se referme sur ses frontières. On vit une époque troublante d’acceptation générale face à des régimes de plus en plus autoritaires », Ibid.
« La propagande agit là-bas (en Russie, ndlr) comme un lavage de cerveau et creuse un fossé qui mettra beaucoup de temps à disparaître. Jusqu’à présent, seuls les Américains étaient identifiés comme des ennemis, désormais les Européens le sont au même niveau », Télérama, 24 février 2015
« Les Russes sont persuadés que nous voulons qu’ils soient une puissance humiliée. Alors même si avec l’Ukraine on assiste à un véritable braquage identitaire et nationaliste, il faut les écouter, comprendre leurs blessures, et dialoguer avec eux comme l’ont fait François Hollande et Angela Merkel. C’est l’unique façon de tenter de parvenir à la paix », ibid.
« Le réveil de “l’ours russe” peut se révéler terrible. Rétablir le dialogue est la seule issue si on ne veut pas voir l’Ukraine sombrer dans le chaos et la guerre totale. Les Ukrainiens sont épuisés par presque un an de conflit, et des milliers de morts. Malheureusement le double jeu du Kremlin et les provocations va-t-en-guerre des séparatistes prorusses sont imprévisibles et peuvent faire craindre le pire », ibid.
« Il y a quand même des sacrés bruits de bottes de l’armée russe et de mercenaires en Ukraine », « Ce soir (ou jamais!) », France 3, 13 mars 2015
« L’ambiance et le climat de guerre froide sont attisés par toutes les chaînes de télévisions russes », ibid.
« Je pourrais faire un numéro 2 de “Meurtres en série au pays de Poutine” », ibid.
« Je ne pense pas que Poutine soit le commanditaire des meurtres, je pense qu’il y a certainement un climat qui a été instauré sous Poutine qui favorise ce genre d’assassinats politiques », ibid.
« C’est un vrai luxe d’avoir six mois pour préparer un sujet. Travailler en équipe permet aussi de se sentir soutenue sur des sujets délicats », Le Monde, 14 octobre 2005
« Au départ, je pensais faire un film sur le complot américain, avance Manon Loizeau. Mais, aujourd’hui, je m’interroge. Pourquoi l’Europe est-elle absente ? Jusqu’où les Américains vont-ils réussir à imposer leur idéologie de la démocratie ? » (à propos de son documentaire “États-Unis : à la conquête de l’Est”), ibid.
« Au départ je voulais faire des sujets plus culturels, sur le théâtre notamment », ibid.
« Je suis allée en Russie, à 13 ans, en voyage scolaire. C’était un pays interdit, je savais que je ne pourrais peut-être pas revenir. J’ai décrété que je voulais vivre en Union Soviétique : j’étais à l’aéroport de Moscou, je me suis cachée… », Histoires Ordinaires, 15 juin 2011
« Les années 90 (en Russie, ndlr) ont été des années incroyables, la première période d’ouverture de l’Histoire, le rêve d’une génération. Pendant dix ans, on a rêvé ensemble, c’était l’anarchie mais il y avait l’espoir », ibid.
« J’ai toujours fait des histoires, filmé des hommes et des femmes d’exception, en résistance ou en lutte contre un système », ibid.
« Il y a deux ans, j’ai décidé de faire une pause. Je venais de faire le film sur Anna (Politkovskaïa, assassinée en 2006, ndlr) et sur les assassinats politiques sous Poutine. Je me rendais compte que tous les gens dont je parlais dans ce film étaient des gens qui m’avaient fait aimer ce pays. Je me suis dit que j’allais devenir soit cynique soit amère, je ne voulais pas, j’aime trop ce pays », ibid.
« Never take “no” for an answer, ne jamais prendre “non” pour une réponse. Quand on me dit “non”, je dois contourner le “non”. La Tchétchénie m’a aussi appris cela : en Russie, la première chose qu’on vous dit, c’est “niet”… », ibid.
« J’ai proposé à Arte de faire un film de 80 minutes sans aller dans le pays (Iran, ndlr). Tout le monde s’est engouffré dans le projet sans se poser de questions. Une chaîne qui dit “on prendra le temps qu’il faut”, qui est prête à lâcher dix caméras, c’était magique », ibid.
« J’avais très peur pour elles. Je suis restée quatre mois sans nouvelles de celle qui a filmé les scènes du début. J’ai dit “on arrête”. C’était trop risqué. Le risque ne vaut pas une image. Les filles qui ont filmé les mères au cimetière, ont pris un risque inouï.” Je me suis toujours dit : ” s’il arrive quelque chose à quelqu’un qui m’a aidé ou a témoigné, j’arrête tout de suite” », ibid.
« Je me retrouvais dans cette nécessité que l’on ressent de témoigner pour son peuple, cela m’était familier », ibid.
« Les dictatures ne seront plus jamais les mêmes. On saura toujours ce qui se passe. Cela vient du peuple. On ne reviendra pas en arrière. Les images sortiront très vite et si on ne peut pas se déplacer, cela n’empêche pas de raconter », ibid.
« Une chose est sûre : si les femmes ont impulsé la révolte, les hommes les ont adoubées. Elles ont permis à ces derniers de retrouver leur fierté. Et ont fait renaître le mythe la reine de Saba » (à propos du Yémen), Géopolitis, 5 décembre 2013
« Boris Nemtsov craignait pour sa vie. Et c’est quand même pas un hasard que deux jours avant son appel à manifester contre la guerre en Ukraine, il ait été tué. Aujourd’hui (la Russie) c’est un régime qui ne tolère plus de voix d’opposition. Après, c’est trop tôt pour se prononcer. Ce n’est sans doute pas le Kremlin qui a commandité son assassinat. De toute façon, en Russie, on ne sait jamais qui commandite les assassinats (…) mais c’est peut-être le signe que le parti des va-t-en-guerre est en train de gagner », Europe 1, 2 mars 2015
« La Russie, je l’ai aimée pour sa littérature, sa culture, je l’ai aimée pour Anna Politkovskaïa, je l’ai aimée pour toutes ses années 90 où il y avait ce magnifique espoir d’une société civile qui se créait, d’une ouverture, et Boris Nemtsov était symbolique de cet ouverture-là. Et malheureusement cette Russie-là est en train d’être tuée, est en train de disparaître à petit feu », ibid.
« Le fait que ce soit un prix Marie Claire prend un vrai sens pour moi, parce que c’est un journal que je lis depuis 15 ans, et pour lequel j’ai pigé il y a longtemps. Un journal qui a toujours donné leur place aux grands reportages, à la parole des femmes qui combattent et qui luttent mais sans que ce soit des papiers féminins. (…) Et souvent Marie Claire m’a inspiré pour faire des films », Marie Claire, 21 octobre 2014
« Pendant la guerre en Tchétchénie j’ai fait un reportage sur la maternité de Grozny, qui parlait de femmes qui voulaient absolument donner la vie et qui aidaient des femmes tchétchènes à donner la vie et c’était un acte de résistance. Un homme ne serait peut-être pas allé chercher ce genre de sujet », ibid.
« Le système kadyrov, c’est une petit Corée du nord à l’intérieur de la Russie », ibid.
« Je crois que nous, Occidentaux, nous n’avons toujours pas mesuré à quel point la chute de l’URSS a été traumatisante, non seulement pour les ex-kgébistes et les militaires, mais aussi pour la majorité des Russes, qui ont toujours construit leur identité en référence à la notion d’empire », Télérama, 26 février 2008
« Les Russes ont toujours aimé avoir un dirigeant, et Poutine a répondu à cette attente. Aujourd’hui, non seulement le pays est obsédé par cette reconstruction de la fierté nationale, mais en plus, il est en train de se recréer un ennemi extérieur, en l’occurrence l’Occident », ibid.
Ils l’ont dit
« Manon Loizeau a été élevée à l’école Capa… C’est une excellente enquêtrice qui a toujours pris des risques dans ce qu’elle faisait. Mais en même temps, ce n’est pas une mercenaire. Je n’aime pas cet esprit-là, faire des coups pour faire des coups. Manon sait être proche des gens avec qui elle travaille sur le terrain », Hervé Chabalier, patron de Capa, Le Monde, 14 octobre 2005
« La Tchétchénie, les Républiques de l’ex-empire soviétique, la Russie de Vladimir Poutine… Manon Loizeau est intarissable quand elle évoque ces régions du monde auxquelles elle consacre une grande partie de sa vie », Guillaume Fraissard, Le Monde, 14/10/05
« Comme aimantée par le danger, Manon Loizeau a souvent opéré dans des pays en guerre (Syrie, Iran, Irak, Ukraine, Tchétchénie, Yémen…) ou sous le joug de pouvoirs violents et autoritaires », Olivier Milot, Télérama, 24 février 2015
« Dans un film exceptionnel, fort notamment des images et paroles clandestines recueillies par d’héroïques Iraniennes-reporters, la journaliste Manon Loizeau a soulevé, le 14 juin sur Arte, la chape de plomb du régime islamiste », Michel Rouger , Histoires Ordinaires, 15 juin 2011
« Manon Loizeau, 42 ans et déjà près de vingt ans de journalisme au plus près des populations luttant pour la liberté », ibid.
« Démonstration éclatante, au-delà de tout jugement partisan ou politique, que la Russie actuelle file un mauvais coton » (à propos de son documentaire sur la Tchétchénie), Les Inrocks, 3 mars 2014
« Grâce à des témoignages inestimables d’ex-agents du FSB (ceux restés fidèles à la “corporation”, mais aussi les “traitres”), Manon Loizeau présente une version des faits argumentée faisant part aux propos des uns et des autres sans les déformer, ce qui, pour moi, est une qualité rare », Une Russe à Paris, 4 mars 2008
«Toutes deux [Émily et Manon Loizeau, ndlr] défendent des causes nées des mêmes préoccupations : l’ouverture à l’autre, l’envie d’un monde meilleur, délivré des tyrannies politiques ou environnementales. […] Pendant que Manon tourne en Syrie « Le cri étouffé » (« Silent War »), sur le viol comme arme de guerre, Émily écrit la musique des « Enfants de la jungle », sur les mineurs exilés qui campent à Calais. L’une écrit « Le chagrin des oiseaux » et l’autre joue dans le clip « Sisters ». Les deux quadragénaires fonctionnent ainsi depuis plus de 20 ans, mêlant leurs envies artistiques aux besoins de faire partager leurs indignations », Sud Ouest, 25/01/2018.
« À travers plusieurs témoignages d’opposants, dont celui du défenseur des droits humains Ales Bialiatski, Manon Loizeau promène sa caméra dans un pays divisé entre ceux qui regardent vers Moscou et acceptent chaque jour un peu plus un pouvoir autoritaire par crainte d’une contagion de la crise ukrainienne et ceux qui — avec courage et depuis des années — tentent de résister au rouleau compresseur de l’Etat, continuant d’aider les victimes de la répression et luttant pour la mémoire de ceux que le régime a effacés. Elle souligne au passage les errements de l’Union européenne face à cet encombrant voisin qui joue habilement des guerres d’influence entre Bruxelles et Moscou », RTS, 18/03/2018.
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