De LCP-AN à la communication
Un temps présidente de la Chaîne Parlementaire de l’Assemblée Nationale (LCP-AN), précédemment journaliste et chef du service politique intérieure de France Info, Marie-Ève Malouines est née en mai 1961 à Karachi (Pakistan). Auteur de cinq portraits de personnalités (dont deux consacrés à Ségolène Royal) et présentée le plus souvent comme une fine connaisseuse des arcanes du pouvoir français, Marie-Ève Malouines est d’une relative discrétion sur sa biographie ou ses opinions. D’origine antillaise, elle a deux enfants et réside à Paris et à Saint-Malo où elle est propriétaire d’une maison bien que son nom n’a, selon elle, rien à voir avec la ville bretonne.
Formation
Marie-Eve Malouines est titulaire d’une licence en lettres modernes (université Paris III – Censier). Parallèlement, elle fait des piges à Radio Melun durant ses études.
Parcours professionnel
De 1988 à 1990
Elle débute sa carrière sur les stations du réseau France Bleu, en se spécialisant en politique, à Marseille.
1989 à 1995
Journaliste politique à France Inter, d’abord aux informations générales puis à partir de 1990 au service politique.
Depuis 1995
Nommée au service politique de France Info suite au départ de son supérieur hiérarchique Jean-Michel Blier à France 3. Elle entre en fonction en juillet 2004. Elle lance en 2008 le premier « zapping » radio des déclarations politiques des invités des médias audio-visuels.
Depuis 2004
Co-animatrice de l’émission « questions d’info » sur LCP-Assemblée nationale, présentée par Frédéric Haziza de LCP-Assemblée nationale, avec Françoise Fressoz du Monde et Sylvie Maligorne, puis Frédéric Dumoulin (AFP).
Depuis 2008
Vice-présidente de l’Association des journalistes parlementaires.
6 mai 2015
Nommée à la présidence de la chaîne Parlementaire de l’Assemblée Nationale (LCP-AN). Elle a été préférée à Gérard Leclerc, titulaire du poste depuis 2009 et candidat à sa succession. Marie-Ève Malouines, qui souhaite orienter vers les jeunes une chaîne à l’audience pour l’heure confidentielle (0,4% de parts de marché) malgré des moyens importants soit 16,9 millions d’euros de budget en 2014 et 70 salariés, prendra ses fonctions le 8 juin 2015. Dans Le Monde, elle détaille les objectifs de sa présidence : « rajeunir le public en développant la chaîne sur les réseaux sociaux, rendre compte de manière plus suivie du travail parlementaire, développer une ambitieuse programmation de documentaires, tous suivis d’un débat ».
Janvier 2018
Alors qu’elle décide de réintégrer Frédéric Haziza dans la rédaction de la chaîne après qu’une journaliste l’ait accusé d’agression sexuelle, elle récolte une motion de défiance signée par 25 salariés en interne en plus d’une communiqué cinglant émanant de la Société des Journalistes de la chaîne. Son avenir, mêlé désormais à celui d’Haziza au sein de LCP, s’obscurcit nettement.
Mars 2018
L’Assemblée Nationale décide de ne pas la prolonger à la tête de la chaîne publique et lui préfère, à 13 voix contre 7, le documentariste Bertrand Delais. Ce dernier est réputé proche de la macronie, et pour cause : il a réalisé deux portraits d’Emmanuel Macron, dont un intitulé « En Marche vers l’Élysée ». Selon la députée insoumise Clémentine Autain, « Toutes les oppositions ont voté contre (Delais, NDLR) et la macronie a fait bloc […] Pour le 50ème anniversaire de 1968, ce parfum d’ORTF est un signal dramatique pour la démocratie. Bertrand Delais a fait 2 reportages sur Macron. Il est un soutien affiché. Ce choix est scandaleux. Il confirme le mépris de la macronie pour le pluralisme ».
Octobre 2020
Elle ouvre son cabinet de conseil en communication politique meVem.
Parcours militant
Non renseigné.
Vie privée
Fille d’un ingénieur et dessinateur industriel souvent en mission à l’étranger, elle suit les pérégrinations de son père lors de son enfance. Elle vit successivement en Gironde, en Moselle, sur l’île de Sainte-Croix (une des îles Vierges) avant que la famille ne vienne se fixer en région parisienne. Ses parents participaient régulièrement au dépouillement lors des soirées électorales dans leur circonscription : « assister à ces scrutins républicains a fait partie de mon éducation ».
Ce qu’elle gagne
Non renseigné.
Publications
- Deux hommes pour un fauteuil, Chroniques de la cohabitation 1997–2001, Fayard, 2001, 350 p.
- La madone et le culbuto ou l’inlassable ambition de Ségolène Royal et François Hollande, Fayard, 2006, 360 p.
- Ségolène Royal, l’insoumise (avec Carl Meeus), Fayard, 2007, 345 p.
- Nicolas Sarkozy: Le pouvoir et la peur, Stock, 2010, 240 p.
- François Hollande ou la force du gentil, Fayard, 2010, 240 p.
- Paris de femmes, Fayard, 2014, 312 p.
Elle a également fourni la trame d’une bande dessinée consacrée à François Hollande à l’Élysée ; le dessinateur est Christophe Faraut, alias Faro, dessinateur de presse. Deux tomes sont déjà parus.
- Moi, Président (tome 1), Jungle, 2013, 54 p.
- Moi, Président (tome 2), Jungle, 2014, 54 p.
- Seul en son palais, pourquoi nos présidents s’enferment à l’Élysée, 2016, 198p.
Faits marquants
En janvier 2009
Elle refuse la légion d’honneur : « Je ne vois vraiment rien, dans mon parcours, qui puisse justifier une telle distinction ». C’est Roger Karoutchi, alors secrétaire d’État chargé des relations entre le gouvernement et le Parlement qui avait établi la liste des promus. L’État a expliqué son choix par le fait qu’elle appartenait à l’association de la presse parlementaire, comme Françoise Fressoz, chef du service politique au quotidien Le Monde qui a également refusé la décoration.
Selon l’hebdomadaire économique Challenges Marie-Ève Malouines aurait bénéficié d’une voie royale pour prendre la tête de la chaîne parlementaire : en témoigneraient la volonté maintes fois répétée en privé de Claude Bartolone de porter une femme à la tête de la chaîne – ce que Le Monde a confirmé par ailleurs – mais aussi le désintérêt des candidats pour une élection qui semblait être jouée d’avance. Ainsi, contrairement aux appels à candidatures précédents, cette fois il n’y avait que deux candidats – dont le président de la chaîne en exercice – contre cinq à dix auparavant.
Elle l’a dit
« Jean-Marie Le Pen, qui avait toujours été très fort sur ce thème [l’insécurité], n’avait rien à dire et on l’a traité du point de vue journalistique comme on le traitait auparavant, en cherchant à démontrer qu’il était raciste, xénophobe, qu’il utilisait l’insécurité et l’immigration à des fins électorales alors qu’il ne disait pas du tout cela », « La presse et le Front National », Hors-série des Cahiers du journalisme, avril 2003.
« Cette liste étant publique, je tiens à préciser que je n’ai jamais réclamé une telle distinction, ni même été sollicitée en vue d’une telle démarche. Je ne vois vraiment rien, dans mon parcours, qui puisse justifier une telle distinction, c’est pourquoi je me vois dans l’obligation de refuser cette prestigieuse décoration », « Françoise Fressoz et Marie-Ève Malouines refusent la légion d’honneur », libération.fr, 05/01/2009
Au moment de la sortie de son livre sur Nicolas Sarkozy en 2010 : « la peur, c’est son moteur [à Sarkozy], c’est ce qui l’incite à agir, à combattre cette peur, à la juguler. Le pouvoir, il le veut pour se rassurer, pour être le plus fort. Et la peur c’est aussi un mode de gestion. On n’ose pas lui parler car on a peur de sa réaction, il n’ose pas déléguer car il a peur d’être trahi. ( …) L’abandon pour lui c’est le summum de ce qui ne se fait pas ».
« [François Hollande] se dit le pouvoir il faut le changer de l’intérieur. Investir ses rouages, investir ses institutions, investir ses lieux de pouvoir. Il a une stratégie d’infiltration, et il le dit, il faut conquérir et subvertir le pouvoir (…) Donc c’est une stratégie réfléchie d’investir le pouvoir pour le subvertir et donc c’est pour ça qu’il choisit des gens qui peuvent permettre cette stratégie », « Marie-Ève Malouines : François Hollande est-il “gentil”? », dailymotion.fr, 15/02/2012
Lors d’un dialogue avec des enfants sur la question du mariage homosexuel. Question d’un enfant : « Est-ce que dans les pays où on a autorisé le mariage homosexuel il y a eu des problèmes ? » Réponse de Marie-Ève Malouines : « Oui, il y a eu des problèmes dans plein d’autres pays qui ont autorisé le mariage homosexuel et c’est d’ailleurs une des références pour les législateurs de gauche aujourd’hui, c’est qu’il disent qu’il y a eu beaucoup de problèmes, beaucoup de manifestations, beaucoup de gens qui n’étaient pas d’accord et puis une fois que le texte a été voté, et bien, c’est rentré dans les mœurs et puis les gens se marient et ça ne crée plus de problèmes, donc ils disent oui il y a des manifestations quand ça se fait, et puis après, en France comme ailleurs, ça se passera très bien », « Encore plus de questions-réponses sur le mariage homo avec Marie-Ève Malouines », franceinfo.fr, 02/02/2013
Lors de son audition par le comité de sélection de l’Assemblée Nationale pour la présidence de la chaîne LCP-AN le 13 avril 2015 : « Je constate également que la presse est dans le collimateur de l’opinion. Nous vivons un bouleversement total du système d’information. Internet modifie totalement les pratiques, les accès aux sources d’information se multiplient (…) l’information nous parvient à l’état brut, de partout, dans tous les sens (…). Trop souvent l’important est de faire du bruit, du buzz. La vie politique apparaît souvent réduite à des enjeux de pouvoir cyniques, lointains, inutiles, quand ce n’est pas risibles ».
« Je n’aime pas le développement de ce journalisme qui se met en scène et pense que ses questions sont plus intéressantes que les réponses de l’interlocuteur », Le Monde, 10/06/2017.
Sa nébuleuse
Association des Journalistes Parlementaires, Frédéric Haziza, Françoise Fressoz, Frédéric Dumoulin.
Ils ont dit
Au sujet du livre publié par Marie-Ève Malouines sur Nicolas Sarkozy (Le pouvoir et la peur), Bernard Gensane, sur Le Grand Soir : « Pendant 230 pages, l’auteur va tourner autour du problème sans jamais donner de vraies réponses. Il aurait fallu être autrement armé, psychologiquement parlant, pour s’élever au-dessus d’évidences rencontrées à satiété dans les médias depuis trois au quatre ans, pour atteindre le cœur du personnage de Sarkozy. (…) L’incapacité de Marie-Ève Malouines à aller à la racine des choses est due à une limite qu’elle partage avec son sujet d’études : elle ne trouve jamais la bonne distance. Peut-être parce qu’elle a trop fréquenté le milieu politique, M.-E. Malouines se retrouve dans la position de la phalène attirée et éblouie par la première lumière qui troue l’obscurité. »
Crédit photo : DR France Info