Du trotskysme à la superclasse mondiale
Michel Field (pseudonyme) est né le 17 juillet 1954 à Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse). Il est le fils de Jacqueline Lévy et d’Erwin Feldschuh, un ouvrier autrichien réfugié en France après l’Anschluss. Protégé de Delphine Ernotte, le Monsieur Culture de France Télévisions est plus installé que jamais.
Formation universitaire
Agrégé de philosophie. Professeur à l’École normale d’institutrices de Douai puis à l’École normale d’instituteurs de Versailles. Enseignant dans les universités de Nanterre et Vincennes à Saint-Denis.
Parcours professionnel
2021
Suite aux révélations du comportement incestueux d’Olivier Duhamel, Europe1 prend la décision d’arrêter l’émission « Mediapolis » qu’il avait lancé avec Michel Field en 2007. Ce dernier n’animait plus l’émission depuis 2015, même s’il était resté proche de son influent ami. En effet, il est occupé à lancer la chaîne éphémère Culturebox, émanation de France Télévisions. Selon son directeur, « l’idée, c’est d’ouvrir une grande salle de spectacle où les Français pourront pallier l’absence de possibilité d’aller dans les vraies. D’ouvrir une chaîne éphémère, car son destin est de fermer le plus rapidement possible : on le souhaite, parce que ça voudra dire que les salles de spectacles et les lieux culturels rouvrent ».
2018
Passé par la porte, l’inoxydable revient par la fenêtre. A la faveur de la volonté de Delphine Ernotte de liquider les directions des chaînes au profit de pôles thématiques transversaux, Field hérite de la culture et du spectacle vivant.
Mai 2017
La campagne présidentielle sera fatale à Field, qui paie son management brutal (ses relations avec Elise Lucet et David Pujadas furent pour le moins exécrables) et des accusations de complaisance dans une rédaction qui n’aime pas être bousculée. Il donne sa démission avant une seconde motion de défiance s’apprêtait à être votée contre lui et peu de temps après la publication d’une tribune dans Libération où il tente de défendre vainement son action à la tête de l’information de l’audiovisuel public.
Décembre 2015
Il est nommé directeur exécutif de l’information de France Télévisions par Delphine Ernotte, en remplacement de Pascal Golomer. Michel Field a fait consensus, il fallait selon Le Monde, « une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. » Car cet « homme de réseaux, agitateur d’idées » est une « pièce importante de l’équipe Ernotte [la présidente de France Télévisions] depuis sa constitution. » Et en vue de l’élection présidentielle de 2017, Michel Field a l’avantage de réconcilier la droite et la gauche, avec une image de gauche auprès du grand public il cultive une amitié avec l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy.
Depuis son arrivée surprise décembre 2015, selon Le Parisien, « le nouveau patron de l’info de France Télévisions, a réussi à s’attirer les foudres de ses rédactions. » Les journalistes de la rédaction dénoncent pêle-mêle, l’arrêt du magazine « Des paroles et des actes », la refonte d’« Envoyé spécial » et une nouvelle émission politique produite en externe à la rentrée. Pour un journaliste « on n’a jamais vu un management aussi désinvolte. »
2015
Il prend la direction de France 5. Il quitte Europe 1, LCI et la chaîne Histoire. Le courriel de Michel Field aux salariés de LCI : « Avant de quitter LCI la semaine prochaine, je voulais vous adresser ces quelques mots. Je n’ai pas souhaité faire de ” pot de départ ” : ce rituel a pu être joyeux, mais sa répétition ces derniers temps, dans le contexte qu’on sait, laisse à chacun(e), je crois, un goût plus amer que savoureux. (…) Vous dire que j’ai passé dix ans avec vous, et que cette décennie restera comme une des plus belles expériences professionnelles que j’ai pu vivre, malgré les menaces sur l’avenir encore incertain de la chaîne. » (lien)
Anime l’émission Historiquement show sur la chaîne de télévision Histoire.
2008 à 2015
Il anime sur TF1 « Au Field de la nuit », un magazine culturel de 52 minutes diffusé en troisième partie de soirée
2011 à 2012
Rendez-vous à l’hôtel en direct de l’hôtel Costes sur Europe 1.
2010 à 2011
- Émission quotidienne Café découvertes sur Europe 1.
- En 2005, il intègre LCI pour « Oui/Non », « Le Ring », « Le 17/20 ».
- Depuis 1995, sur Europe 1, il anime la tranche 18h/20h, Écolographie. Depuis septembre 2007, il propose avec Olivier Duhamel Médiapolis, un magazine hebdomadaire d’une heure où ils décortiquent les nouvelles relations dans les médias et le monde politique. Présentateur de Rendez-vous à l’hôtel en direct de l’hôtel Costes.
- En 2000, Michel Field s’associe à Serge Kraïf, industriel dans le textile (La Compagnie de Californie), pour créer une des premières télévisions sur le net, Alatele.com.
- Il lance en 1997 sa propre société de production « Field Compagnie SA » produisant : « Public » pour TF1 (1997–1999), « Prise directe » (2000) France 3, « Ce qui fait débat » (2000), « Chante la vie chante » (2000), « Bandes à part » TF6.
- Animateur « Génération Europe 1 » (1995–1997).
- Animateur de « Découvertes » (1994–1995).
- Présentateur de « Pas si vite », « L’Hebdo » (1994–1997), Canal+.
- Présentateur de « La grande famille », Canal+.
- Présentateur de « Le cercle de minuit » (1992–1994), TF1.
- Chroniqueur à « Ciel mon Mardi ! » (1989–1992).
- « Panorama » sur France Culture (1984–1992).
- Collabore aux Nouvelles littéraires (1984–1985), Le matin de Paris, L’Autre journal.
Parcours militant
Leader du mouvement lycéen contre la Loi Debré (1973)
« Le 14 mars [1973] se tient à Jussieu, amphi Guy de la Brosse,la première coordination nationale des comités contre la Loi Debré. Le mot d’ordre adopté est celui de «rétablissement et extension des sursis», alors que l’AJS préfère ne s’en tenir qu’au simple «rétablissement», fidèle à sa ligne de «défense des acquis». La coordination parisienne est chargée de l’exécution des décisions, et un collectif de cinq personnes est désigné en son sein. Il y a Pierre Morville pour Révolution, Marc Rosenblat pour l’AJS, et trois de la LC : Michel Field, Isabelle Alleton et moi-même. La LC [Ligue Communiste] impose Michel Field comme porte-parole médiatique. » (germe-inform.fr)
Rouge
Collabore à « Rouge » (en compagnie d’Edwy Plenel, Patrick Rotman et Henri Weber) tenant la rubrique lycéenne sous les pseudonymes de Beauchamp et Saturnin. Fonde la revue « Quel corps ! » avec Charly Najman et Jean-Marie Brohm en 1973.
Ligue Communiste Révolutionnaire
Adhérent à la « Ligue Communiste », au « Front Communiste » puis à la « Ligue Communiste Révolutionnaire ». Il a pour camarade de lutte le futur haut fonctionnaire Denis Olivennes, ancien directeur du Nouvel Obs et actuel directeur général de Libération. En 1997, lors de son passage à la chaine privée TF1, Alain Krivine, alors porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire depuis sa création en 1969 et ami de Michel Field, exprimait toute son admiration à son ancien camarade trotskyste : « Le parcours de Michel Field prouve que la Ligue sert à quelque chose… (…) Outre “L’Hebdo” sur Canal, je retiendrai surtout son émission-forum consacrée au CIP sur France 2, qui, selon moi, est le type même de la télévision citoyenne et un grand moment de démocratie. N’importe quel journaliste n’aurait pas pu réaliser cela. Il faut avoir milité et géré des assemblées générales pour maîtriser une telle émission. (…) Même s’il n’est plus militant de la Ligue, Field continue à cultiver un fond de militantisme de gauche, qu’il a traduit par exemple dans “L’Hebdo” en donnant la parole aux sans-papiers. Je crois qu’il se bat pour des valeurs, et c’est sans aucun doute sa contribution au débat démocratique. C’est un très bon journaliste de télévision, et je crois qu’en la matière ce devrait être la règle et non pas l’exception. » « Alain Krivine : “un journaliste citoyen” (Le Monde, 01/09/1997).
Responsable des Comités d’actions lycéens.
Publications
- L’École dans la rue, Grasset, 1973
- Le Passeur de Lesbos, Robert Laffont, 1984
- Impasse de la nuit, éd. Bernard Barrault, 1986
- Excentriques, Bernard Barrault, 1987
- L’Homme aux pâtes, Bernard Barrault, 1989
- Contes cruels pour Anaëlle, Robert Laffont, 1995
- Le Livre des rencontres, Robert Laffont, 2002
- Le Grand Débat, Robert Laffont, 2006
- Le Starkozysme, éditions du Seuil, 2008
- Le Soldeur, éd. Julliard, 2014
- Le Vieux Blanc d’Abidjan dans sa prison de Yopougon, Julliard, 2016
- Paris-émois, éd. Mialet-Barrault, 2021
Collaborations
En 2012, participe à un clip contre l’abstention aux élections présidentielles, à l’initiative du mouvement Pluricitoyen lancé par l’historien François Durpaire.
En 2005, il accepte « par fidélité et par amitié » d’animer un meeting de Nicolas Sarkozy en soutien au Traité constitutionnel européen. (Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, nouvelle édition actualisée et augmentée, p. 24)
En 2004, Michel Field assurait ses fins de mois « en se livrant à des ménages, moments de promotions télévisuels surréalistes où un animateur télé, ancien trotskyste et agrégé de philo se livre à un éloge incroyable d’une biscotte de supermarché et des nouvelles modalités de passage en caisse mises en place par l’enseigne Casino ».
En 1996, il sera l’un des quatre journalistes sélectionnés par Claude Chirac, conseillère en communication de l’Élysée, pour interroger le président Jacques Chirac.
Ce qu’il gagne
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Il l’a dit
« Il y a deux penseurs qui m’ont énormément marqué, c’est Gilles Deleuze et Edouard Glissant qui avait commencé à dire : “Non, il vaut mieux une identité plurielle”. Moi, j’aimerais avoir été cette sorte d’identité plurielle, à la fois masculin/féminin, sérieux/joueur, un peu le dieu Hermès », France Info, 07/04/2021.
« En tant que militant révolutionnaire, nous pensons que nous changerons cette société, effectivement, parce que nous y serons contraints par les gens d’en face par la force. Et nous pensons que la lutte armée n’est pas à exclure, à priori. » Les Nouveaux chiens de garde — Dailymotion
Sa nébuleuse
Membre du Club Le Siècle — Bakchich — Diner du club “Le Siècle”
Les anciens trotkystes : Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire depuis sa création en 1969, a bien connu Michel Field lorsque ce dernier était militant de cette organisation : « Le parcours de Michel Field prouve que la Ligue sert à quelque chose… A part son passage chez Dechavanne, où il faisait le guignol, et où il m’a fortement déçu, j’estime qu’il s’est bien rattrapé depuis sur France 2 et Canal Plus. Mais faire le clown est peut-être un passage obligé pour faire de la télévision… Ses magazines sont très intelligents et pas du tout dégradants. Outre “L’Hebdo” sur Canal, je retiendrai surtout son émission-forum consacrée au CIP sur France 2, qui, selon moi, est le type même de la télévision citoyenne et un grand moment de démocratie. N’importe quel journaliste n’aurait pas pu réaliser cela. Il faut avoir milité et géré des assemblées générales pour maîtriser une telle émission. Quant à son passage sur TF 1, je crois que tout le monde est au pied du mur. Le problème est de savoir si Field va pouvoir continuer à travailler comme il l’entend, et si TF 1 va le tolérer. Quoi qu’il en soit, remplacer Anne Sinclair est sans doute la meilleure des choses car “7 sur 7” était la caricature du débat politique. Même s’il n’est plus militant de la Ligue, Field continue à cultiver un fond de militantisme de gauche, qu’il a traduit par exemple dans “L’Hebdo” en donnant la parole aux sans-papiers. Je crois qu’il se bat pour des valeurs, et c’est sans aucun doute sa contribution au débat démocratique. C’est un très bon journaliste de télévision, et je crois qu’en la matière ce devrait être la règle et non pas l’exception. » Le Monde — 31 août 1997, « Michel Field au pied du mur TF1 Alain Krivine : un journaliste citoyen ».
C’est aussi par le biais de la Ligue qu’il fait la rencontre de Delphine Ernotte. Denis Pingaud, ancien camarade et chef d’orchestre de la campagne de Delphine Ernotte, est l’homme Field dès le printemps 2015 dans le premier cercle de l’ex-numéro deux d’Orange.
Ami de Patrick Buisson, le conseiller de Nicolas Sarkozy et ancien co-animateur avec ce dernier de « Questions qui fâchent » sur LCI : « Patrick Buisson est un des rares intellectuels de droite. Un intellectuel organique de droite » Le Figaro — 29 mars 2012
Sonia Djallali : Pour le quotidien Le Parisien, cette coordinatrice auprès du directeur de l’information, Michel Field, est « surnommée la Régente ». Selon un journaliste anonyme, « elle est présente à toutes les réunions. C’est son éminence grise et elle a son oreille, mais on ne sait pas qui c’est. » Sonia Djallali est sa proche collaboratrice depuis plusieurs années, d’abord à LCI, puis à France 5 et maintenant à France Télévisions.
Crédit photo : capture d’écran vidéo ONPC/France 2 via Youtube