Trop poly…glotte pour être honnête ?
« Je ne fais pas partie de ceux qui mettent les hommes politiques au pilori. Je crois au contraire qu’il y a beaucoup d’hommes politiques qui s’investissent énormément, pour simplement essayer de rendre la vie de leurs concitoyens un peu meilleure. »
Nelson Monfort est un journaliste sportif français né en mars 1953 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) d’une mère néerlandaise et d’un père américain qui, lors de la seconde guerre mondiale, a servi auprès du général Patton durant la bataille des Ardennes, en décembre 1944. Grâce à l’éducation de ses parents, Nelson Monfort assure disposer d’une culture internationale qui le met à l’abri de tout chauvinisme. Marié, deux enfants. Sa fille Victoria présente périodiquement « Voyage au bout de la nuit » sur la chaîne C8.
Parcours professionnel
Le jeune Nelson est très studieux. Il passe une licence de droit, intègre Sciences Po Paris et se spécialise dans les relations internationales. En 1976, il part un an aux États-Unis, effectuer un stage à San Francisco dans le domaine de la finance. Il en revient bilingue, avec cet anglais nasillard qui va faire son succès. En attendant, il abandonne la finance et se lance dans le journalisme. Il collabore à divers publications : Historia, Le Quotidien de Paris, Le Figaro, Tennis Magazine, Montagne Magazine, Le Journal du Dimanche, et surtout … Le Progrès de Lyon, où il fait la connaissance d’André Chêne, le père du journaliste sportif Patrick Chêne, qui travaille déjà à la télé. Monfort donne également de la voix sur RMC et Europe 1. Mais c’est le 11 octobre 1987 que sa carrière prend un tour décisif. Pour FR3, à l’issue du tournoi féminin du Cap d’Agde, il interviewe, en anglais, les deux finalistes, les championnes américaines Chris Evert et Martina Navratilova. Maniant également l’espagnol et l’italien, le polyglotte invente une nouvelle profession : « intervieweur sportif ». Et depuis 25 ans, pour France Télévisions, que ce soit au bord des piscines, sur les pistes d’athlétisme, à Roland-Garros ou sur les patinoires, il plante son micro sous le nez des champions. Bien que ses détracteurs le surnomment « mets l’son moins fort », il est considéré comme le journaliste le plus populaire de France.
Dates clés
De 1989 à 1996 : il commente le golf sur France 3 et présente l’émission « L’heure du Golf ».
1990 : son premier Roland-Garros.
Février 1992 : Albertville. Ses premiers Jeux olympiques d’hiver.
Juillet-août 1992 : Barcelone. Ses premiers Jeux Olympiques d’été.
1995 : il assure les commentaires du patinage artistique.
2005 : pour le patinage, il est associé à l’ancien champion Philippe Candeloro, pour former un duo « comique », dont les marionnettes font bientôt leur entrée aux « Guignols de l’info », sur Canal Plus.
Extras
1999 : il partage le micro avec Fabienne Egal pour présenter « Jeux sans frontières ».
2009 : aux côtés de son complice Philippe Candeloro, il anime « Intervilles »
Un blâme
Le 20 mai 2009, Nelson Monfort est invité à Disneyland Paris pour faire la promotion de « Fête le mur », une association créée par Yannick Noah pour développer le tennis dans les quartiers défavorisés. Or quelques jours plus tard, sur France 4, pour parler tennis à l’occasion du tournoi de Roland-Garros, il reçoit… Mickey, enfin sa marionnette en peluche. Pour cette pub déguisée, il récoltera un blâme de la direction de France Télévisions.
Une suspension
En février 2011, à la veille des championnats d’Europe d’athlétisme en salle, on apprend que, parallèlement à son rôle d’intervieweur sur France 2, il sera consultant spécial du site internet athlenergy.com, financé par Areva, le géant français du nucléaire. Une double casquette qui provoque la polémique. Le journaliste sportif de France 2, Alain Vernon, syndiqué à la CGT, réclame une sanction exemplaire pour le « récidiviste ». Pour calmer le jeu, Daniel Bilalian, le patron des sports sur le service public, suspend provisoirement d’antenne Monfort, qui ne commentera donc pas les championnats d’Europe en salle.
Un clash
A France 2, Nelson partage son bureau avec Patrick Montel, en compagnie duquel, sur les stades, il commente l’athlétisme. Or de retour après un reportage, en mai 2012, Montel constate la disparition d’une armoire dans laquelle il conservait toutes ses archives, notamment des cassettes vidéo. Il mène l’enquête et apprend du personnel d’entretien que ses précieuses cassettes ont été mises au rebut, à la demande d’un journaliste que l’armoire exaspérait. Le journaliste « exaspéré » s’appelle Nelson Monfort. Fou de rage, Patrick Montel, sur son blog, le 3 mai, brosse un portrait au vitriol de Monfort, titré : « Mon collègue est un délinquant ».
Il croit en Dieu…
De confession protestante, Nelson Monfort croit en Dieu. Et invité dans « le jour du seigneur », l’émission religieuse de France 2, il a fait des confidences. On a ainsi appris qu’avant Roland-Garros, il demandait service au bon Dieu : « Lorsqu’arrive chaque année le tournoi de Roland-Garros, j’ai un petit endroit, une sorte de petite chapelle, à Boulogne, dans laquelle je me rends, pour qu’il m’aide à ce que tout se passe bien. J’ai l’impression que ça m’aide pas mal. Et quand ça se passe particulièrement bien, j’y retourne après le tournoi pour dire merci. C’est un petit rituel sympathique. »
… et aux extra-terrestres
Le 10 février 2007, sur le plateau de « On n’est pas couché », l’émission de Ruquier sur France 2, Nelson Monfort fait une révélation. Une nuit, il a vu un OVNI. Avec son épouse, il assure avoir observé, à la station des Arcs, en 1985, « un objet rectangulaire très brillant qui ne faisait aucun bruit et volait à une allure réduite, et qui soudain est parti à une vitesse folle ». Depuis, il est passionné par les phénomènes paranormaux, et convaincu de l’existence des extraterrestres, comme, selon lui, « 48% des Français ». Il consacre un livre à cette passion, OVNI : sommes-nous seuls ? (Michel Laffon, 2019).
Un humour pas toujours fair-play
Le 30 juillet 2010, lors d’un discours à Grenoble, le président Nicolas Sarkozy annonce des mesures choc pour expulser les Roms. A‑t-il alors exercé une mauvaise influence sur Nelson Monfort ? Une semaine plus tard, se disputent en Roumanie, à Bucarest, les championnats d’Europe de natation. Au micro, Nelson, avec à ses côtés une consultante, Roxana Maracineanu, d’origine roumaine. Lors d’une interview de la nageuse Aurore Mongel, Nelson Monfort lui lance, hilare : « Roxana est votre première supportrice et la trésorière de votre fan-club. Attention parce qu’avec les Roumains, il faut faire attention sur ce plan-là. » Déjà aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver, en février 2010, il avait commis des jeux de mots qui n’amusaient pas les associations de lutte contre le racisme. Amené à commenter des épreuves de sprint sur glace (le short-track, où figurent de nombreux asiatiques), il avait déclaré, après la chute de la Coréenne Ha-Ri Cho, que « l’équipe d’haricot était cuite » ; et devant la profusion des Lee, il avait proposé de « refaire les Lee », pour faire des « lits au carré ».
Accusé de misogynie
En février 2014, il commente aux côtés de Philippe Candeloro les épreuves de patinage artistique des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi. Des téléspectateurs, ainsi que des athlètes, s’indignent alors de remarques portant sur le physique des athlètes, et prononcées, dans un registre humoristique, par le binôme. L’ancien journaliste sportif de France Télévisions, Pierre Fulla, va jusqu’à parler de “pollution sonore”, tandis que la ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, évoque le rôle du CSA dans les questions relatives au sexisme dans les médias. Dans l’émission C à vous du 26 février 2014, Nelson Monfort répond à ces critiques : « Ça m’a blessé parce que c’est tout simplement faux. Vous savez, je suis marié et père de deux filles. Dire que je suis sexiste est tellement ridicule, tellement éloigné de la vérité, que je ne peux pas répondre.» Il se déclare par ailleurs solidaire de Philippe Candeloro, qui a tenu la majorité des propos mis en cause.
Violons d’Ingres
Il aime la musique classique, l’opéra, le théâtre, la littérature russe, la cuisine japonaise, Jean Ferrat, dont il a écrit une biographie (Jean Ferrat, éditions du Rocher, 2011), et connaît 50 chansons par cœur. De 2007 à 2009, sur Radio Classique, il a présenté l’émission « Les Mélodies de Nelson ».
Bibliographie
- Nelson Monfort hors antenne, éditions Solar, 2000
- C’est à vous, Nelson !, éditions du Moment, 2009
- Jean Ferrat, éditions du Rocher, 2011
- Apprendre l’Espagnol avec la méthode de langue Nelson Monfort, Berlitz, 2011
- Apprendre l’anglais avec la méthode de langue Nelson Monfort, Berlitz, 2011
- Le Roman de Londres, éditions du Rocher, 2012
- Le Roman de Charles Trenet, éditions du Rocher, 2013
- Sport Mes héros et légendes, éditions Place des Victoires, 2013
- Les Perles des journalistes sportifs, éditions Fortuna, 2015
- OVNI : sommes-nous seuls ?, Michel Laffon, 2019
Il l’a dit
Sur la religion : « Je fréquente souvent intimement le Seigneur. Ce sont souvent des moments d’écoute et de musique. Dans ma tête, j’ai des airs religieux de Bach pratiquement toute la journée, et ça m’aide énormément. Enormément. C’est une musique permanente, c’est une clarté, c’est une lumière », Le Jour du Seigneur.
Sur son père, qui a servi le général Patton durant la bataille des Ardennes : « Mon père, “ce héros au sourire si doux”, le poème de Victor Hugo, ça lui allait admirablement bien. C’est quelqu’un auquel j’essaye timidement de ressembler mais j’en suis fort loin. En tout cas, ça me donne un recul nécessaire et indispensable par rapport au mirage de la fonction que j’exerce », Radio Télévision Suisse, 8 juillet 2012.
Sur le racisme : « Le pire, c’est quand au terme d’épreuves comme les Jeux Olympiques ou les championnats du monde d’athlétisme, qui sont un véritable arc en ciel de couleurs, je reçois des lettres, anonymes évidemment, pour me dire que je fais l’apologie des Noirs », Radio Télévision Suisse.
A propos de l’OVNI qu’il a vu : « Je ne suis pas un illuminé. Je ne bois jamais une goutte d’alcool. Vous n’êtes pas obligés de me croire mais je sais ce que j’ai vu », février 2007, « On n’est pas couché ».
Ils ont dit
Alain Vernon, délégué CGT à France Télévisions, suite à la collaboration de Nelson Monfort avec Areva : « C’est un pleurnichard qui a été pris la main dans le pot de confiture. Et un récidiviste, en plus. On attend toujours un geste fort de la direction de France Télévisions. »
Patrick Montel, sur son blog le 3 mai 2012, après la destruction de ses archives, ordonnée par Nelson Monfort : « J’en suis arrivé à la conclusion qu’un tel comportement n’était en rien dicté par la volonté de nuire. Que son attitude n’était dictée que par le confort de sa seule personne. Pour cet homme poli et avenant, les autres n’existent pas. Ils ne sont que des virtualités commodes, des miroirs dans lequel se reflète l’égoïsme monstrueux. »
« Des JO de merde commentés par deux trous du cul », Charlie Hebdo 2014
Crédit photo : jerome choain via Wikimedia (cc)