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Olivier Berruyer

8 octobre 2021

Temps de lecture : 15 minutes
Accueil | Portraits | Olivier Berruyer
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Olivier Berruyer

Temps de lecture : 15 minutes

Un économiste à la réinformation

Est-il possible de proposer une information alternative crédible, documentée et rigoureuse ? Doit-elle nécessairement tomber dans l’écueil consistant à accentuer les travers du système médiatique dominant en se donnant les attributs très vagues de « l’indépendance » ou de la « citoyenneté », autrement dit faire preuve de cet excès de vertuisme que dénonçait Philippe Muray ? Réinformer ne consiste pas nécessairement à se montrer plus royaliste que le roi, en changeant simplement la forme mais en préservant le fond, exacerbé et fanatisé de manière à se réclamer de la transgression et de l’iconoclasme. Il semblerait qu’Olivier Berruyer, économiste de formation, actuaire de profession, ait fondamentalement intégré cette donnée à son travail de réinformation : honnête et sans concessions.

Fam­i­li­er de cer­tains plateaux télévisés, comme ceux de BFM Busi­ness, de l’émis­sion « Ce soir (ou jamais !) » de Frédéric Tad­déï, ou de France 24, il est surtout le rédac­teur en chef, depuis son lance­ment en 2010, du blog Les-Crises.fr qui décor­tique l’ac­tu­al­ité économique, et offre à com­pren­dre les crises ban­caires, moné­taires et insti­tu­tion­nelles. On y retrou­ve une ligne idéologique et économique proche de celle de Jacques Sapir, c’est-à-dire sou­verain­iste, euroscep­tique, et cri­tique à l’en­con­tre de l’ul­tra­l­ibéral­isme et de la finan­cia­ri­sa­tion de l’économie.

Mais depuis les soubre­sauts de la crise en Ukraine (Euro­maï­dan ren­verse le prési­dent en novem­bre 2013, rat­tache­ment de la Crimée à la Russie en mars 2014), c’est sur le ter­rain géopoli­tique qu’O­livi­er Berruy­er entend don­ner un autre son de cloche que celui que l’on entend habituelle­ment dans les médias français, car­ac­térisé par une hos­til­ité de principe à la Russie. Cette prise de posi­tion qua­si-unanime des médias a con­duit a cer­tains jour­nal­istes à dis­tiller, sans ver­gogne, un nom­bre sidérant de men­songes, de con­tre-vérités ou d’analy­ses biaisées visant à faire des « révoltés » ukrainiens des mar­tyrs de la con­struc­tion européenne, sac­ri­fiés sur l’au­tel de l’im­péri­al­isme russe tout droit échap­pé du XIXème siè­cle. Le tout au détri­ment d’une analyse géopoli­tique que l’on serait en droit de souhaiter plus dis­tan­ciée et surtout plus équilibrée.

Le blogueur s’est donc attaché à décon­stru­ire la nar­ra­tion offi­cielle forgée par les médias dom­i­nants, par le biais d’un tra­vail con­sid­érable, qu’il est pos­si­ble de con­sul­ter ici. Olivi­er Berruy­er a mis en lumière une quan­tité impres­sion­nante de manip­u­la­tions et de bidon­nages, mais aus­si des vrais men­songes, qui pour la plu­part, une fois dénon­cés, ont été immé­di­ate­ment recou­verts d’une chape de silence. Ecumant les médias russ­es, améri­cains, anglais, alle­mands et ukrainiens, il fait ce que devraient faire tous les jour­nal­istes, de l’in­for­ma­tion recoupée.

Son « dossier » sur l’Ukraine est donc très vite devenu une source indis­pens­able pour de nom­breux inter­nautes cher­chant à com­pren­dre de manière glob­ale et la plus objec­tive pos­si­ble les événe­ments sec­ouant l’Ukraine depuis main­tenant un an. Tra­vail salu­taire de réin­for­ma­tion qui, une fois n’est pas cou­tume, ne provient pas d’un indi­vidu dis­posant de la carte de presse.

Formation

Olivi­er Berruy­er est diplômé de l’In­sti­tut de sci­ence finan­cière et d’as­sur­ances, et de l’EM Lyon Busi­ness School.

Parcours professionnel

Actu­aire de pro­fes­sion (« spé­cial­iste de l’application du cal­cul des prob­a­bil­ités et de la sta­tis­tique aux ques­tions d’assurance, de finance et de prévoy­ance sociale » selon Wikipé­dia), Olivi­er Berruy­er siège au con­seil d’ad­min­is­tra­tion de l’In­sti­tut des actu­aires. Il a par ailleurs été l’in­vité réguli­er de nom­breux médias. Par­mi eux, BFM Busi­ness, France 3, Radio Ici & Main­tenant, ou encore France 24. En tant que jour­nal­iste ama­teur, il est le créa­teur du blog Les-Crises.fr, lancé en octo­bre 2010. Selon le site de classe­ment de la fréquen­ta­tion des blogs, Teads Labs, Les-Crises.fr est actuelle­ment le blog d’é­conomie le plus con­sulté en France.

À la ren­trée 2021, il annonce lancer un nou­veau média en ligne, Elu­cid. Lancé le 7 octo­bre 2021, Elu­cid est un média en ligne « qui se donne pour mis­sion de trans­met­tre les con­nais­sances fon­da­men­tales pour redonner le pou­voir aux citoyens ». Trai­tant de l’actualité française et inter­na­tionale avec un ancrage dans le temps long et sans course au buzz, le nou­veau média veut égale­ment con­stituer « une bib­lio­thèque d’auto-défense intel­lectuelle » en chroni­quant des ouvrages fon­da­men­taux ou en offrant des vidéos de vul­gar­i­sa­tion économique. Le site est payant avec une offre de 7 € par mois pour un engage­ment d’un an. Une manière pour Les Crises de moné­tis­er son offre jusqu’ici gratuite.

Faits notoires

Le 9 mai 2014, Olivi­er Berruy­er est l’invité de l’émis­sion Arrêt sur Images, ani­mée par Daniel Schnei­der­mann, épaulé par la jour­nal­iste Lau­re Daussy. Face à lui, Piotr Smo­lar, du Monde, et Veroni­ka Dor­man, jour­nal­iste à Libéra­tion. Tous deux sont chargés du traite­ment de la crise ukraini­enne dans leur quo­ti­di­en respec­tif. D’emblée, Lau­re Daussy fait preuve d’une forte hos­til­ité à l’égard de Berruy­er. Lui coupant la parole à de nom­breuses repris­es, elle passe à la moulinette inquisi­to­ri­ale toutes ses affir­ma­tions, leur prê­tant des sous-enten­dus inavouables, le tout avec un air sar­donique qu’elle con­servera tout au long du débat. Lau­re Daussy avait vis­i­ble­ment à cœur de défendre le tra­vail de ses con­frères jour­nal­istes épinglés par Berruy­er. Leur manque de déon­tolo­gie (comme lorsque le jour­nal de France 3 omet­tait de pré­cis­er que les vic­times d’un trag­ique incendie, à Odessa, étaient pro-russ­es) n’a selon elle pas de fonde­ment idéologique : les jour­nal­istes ne dis­po­saient tout sim­ple­ment pas de l’information. Rien n’est donc jamais sci­em­ment caché et il y a eu, tou­jours selon elle, « plein de reportages pour mon­tr­er à Kiev la présence de néo-nazis ».

En lisant le mak­ing off de l’émis­sion, on y apprend que Lau­re Daussy avait, au cours de la pré­pa­ra­tion de celle-ci, émis des réserves quant à la présence de Berruy­er sur le plateau. Han­tise même de la con­tra­dic­tion ? Quoiqu’il en soit l’atmosphère de l’émission s’en ressent. Dans la défense de l’orthodoxie et de la cor­po­ra­tion, elle est épaulée par les deux jour­nal­istes du Monde et de Libé qui révè­lent néan­moins une inca­pac­ité inquié­tante à pro­duire des argu­ments, si ce n’est de martel­er la vision offi­cielle des événe­ments comme un dogme, avec une cer­taine con­de­scen­dance à l’en­con­tre de Berruy­er, sans cesse rap­pelé à sa con­di­tion de «non-jour­nal­iste», et donc inapte à pro­duire une vérité sur le sujet.

Mal­gré tout, Olivi­er Berruy­er con­va­inc au cours de cet oral, par la solid­ité de ses argu­ments, la supéri­or­ité de sa grille de lec­ture et sa pugnac­ité, mais aus­si par un tal­ent cer­tain à manier l’ironie. Il parvient aus­si à se maîtris­er face à des con­tra­dicteurs qui voient en sa sim­ple présence un crime de lèse-majesté. Ain­si, lorsqu’O­livi­er Berruy­er qual­i­fie le gou­verne­ment de Kiev de « néo-nazi », le jour­nal­iste au Monde lui rétorque qu’on nage en « plein n’im­porte quoi ». Il sem­ble pour­tant ignor­er la présence de min­istres issus des groupes néo-nazis Svo­bo­da et Pravyi Sek­tor dans le nou­veau gou­verne­ment. Selon lui, Svo­bo­da n’a pas d’importance dans le milieu pro-Kiev et il en donne pour preuve que ce par­ti poli­tique a été hué sur le Maï­dan. De quoi rel­a­tivis­er le fait que ses mem­bres occu­pent des min­istères anec­do­tiques comme celui de la défense, de l’é­d­u­ca­tion, de la jeunesse ou de l’é­colo­gie ? Par la suite, le cor­re­spon­dant du quo­ti­di­en de référence s’embourbera dans un plaidoy­er con­fus, et surtout con­tra­dic­toire, puisqu’il con­cèdera à chaque fois à Berruy­er le bien fondé de ses affir­ma­tions tout en essayant de les tem­pér­er par une rhé­torique faiblarde. « C’est vous qui don­nez des oscars aux jour­nal­istes français ? », lancera-t-il finale­ment au blogueur, dans un mélange d’ironie et d’orgueil.

Quant à Véroni­ka Doran, en duplex depuis Moscou, elle ponctue de sourires nar­quois et un brin hébétés ses affir­ma­tions con­formistes et manichéennes tout au long de l’émission. Rési­dant au cœur de la pro­pa­gande, qu’elle pense prob­a­ble­ment sur­plomber en toute majesté, elle s’en fera pour­tant le plus zélé relais, mais du point de vue adverse… Elle dode­lin­era donc de la tête au moment où Smo­lar affirme que la pro­pa­gande russe est par­v­enue à impos­er sa nar­ra­tion, selon laque­lle les médias occi­den­taux mentent sci­em­ment. Une sit­u­a­tion men­tale, à n’en pas douter, tout à fait orwelli­enne : ceux qui fusti­gent la pro­pa­gande à longueur de temps, ne sont pas for­cé­ment les plus à‑même d’échap­per à ses impli­ca­tions les plus tragiques.

Cette joute ver­bale aura donc été une par­faite illus­tra­tion de l’in­ca­pac­ité du jour­nal­isme offi­ciel non seule­ment à pro­pos­er un tra­vail équili­bré, apaisé et aus­si neu­tre que pos­si­ble, mais surtout à con­sid­ér­er avec respect toute cri­tique, ou tra­vail alter­natif, qui n’é­man­erait pas de lui.

Mais la con­tes­ta­tion du tra­vail de Berruy­er ne s’arrête pas là. L’enquête de Cécile Vais­sière Les réseaux du Krem­lin en France, parue en 2016 aux édi­tions Les Petits Matins, n’est pas ten­dre avec le blogueur et l’accuse d’être un agent de dés­in­for­ma­tion favor­able au Krem­lin. Celui-ci aurait la « volon­té de déformer les faits, d’attaquer ou de tromper, au moins en ce qui con­cerne les ques­tions rus­so-ukraini­ennes ». L’intéressé pub­lie un droit de réponse sur son blog et porte plainte pour diffama­tion con­cer­nant des pas­sages du livre. Par­mi les six plaig­nants et sur la ving­taine de pas­sages incrim­inés, Olivi­er Berruy­er est le seul à obtenir gain de cause.

En out­re, à par­tir de 2017, il affirme qu’il portera désor­mais sys­té­ma­tique­ment plainte en cas de diffama­tion. La liste des calom­ni­a­teurs dresse un por­trait fidèle des chiens de garde de la pen­sée autorisée, tous plus fam­i­liers les uns que les autres aux lecteurs de l’OJIM : Adrien Séné­cat et Samuel Lau­rent des Décodeurs, Raphaël Glucks­mann, Jean Qua­tremer, Lau­rent Jof­frin ain­si que la rubrique Dés­in­tox de Libéra­tion et Rudy Reich­stadt. Berruy­er fait remar­quer que deux d’entre eux, Glucks­mann et Reich­stadt, furent d’anciens mem­bres du Cer­cle de l’Oratoire et que les intel­lectuels ayant adhéré à ce cer­cle de pen­sée néo-con­ser­va­teur (par­mi lesquels Frédéric Encel, Bruno Ter­trais) lui vouent une hos­til­ité par­ti­c­ulière­ment mar­quée sur les réseaux soci­aux. Berruy­er trou­ve toute­fois une alliée de poids en la per­son­ne d’Aude Lancelin, ce qui explique qu’il ait été invité à s’exprimer sur les ondes du Média, canal offi­ciel de la France Insoumise.

Adrien Séné­cat et le directeur de la pub­li­ca­tion du Monde sont con­damnés en décem­bre 2019 à lui vers­er 1500 € de dom­mages et intérêts, le jour­nal­iste ayant ten­té de faire croire que Berruy­er sup­pri­mait volon­taire­ment de son blog les arti­cles qui ne lui don­naient plus rai­son. Samuel Lau­rent est égale­ment con­damné pour avoir qual­i­fié Berruy­er de « faus­saire » sur Twitter.

Parcours militant

En 2011, Olivi­er Berruy­er fonde l’association DiaCri­sis. Adossée au blog Les-Crises.fr, elle est décrite comme une asso­ci­a­tion sci­en­tifique et éduca­tive, ayant pour objet «la recherche, l’information et l’éducation du pub­lic à pro­pos des crises de toute nature aux­quelles est ou sera con­fron­tée notre Société». DiaCri­sis est aus­si une plate­forme de finance­ment du site, à tra­vers un sys­tème de dona­tions des lecteurs.

En novem­bre 2013, il sou­tient les fon­da­teurs de Nou­velle Donne, pour leurs posi­tions en faveur de la régu­la­tion ban­caire, et con­tre le financiarisme.

Il l’a dit

Au sujet du traite­ment médi­a­tique occi­den­tal de la crise ukraini­enne : «Je ne pen­sais pas qu’on vivrait un tel bour­rage de crâne et un tel flot de haine déver­sé par les médias 100 ans après 1914… Faute de moyens pour en faire plus, l’objet de ce blog, en ce moment est de dénon­cer la pro­pa­gande à l’œuvre dans NOS médias financée par NOTRE argent – car notre pays n’a pas l’excuse d’un régime rel­a­tive­ment autori­taire usant de pro­pa­gande comme c’est le cas en Russie », Les-Crises.fr, édi­to du 2 octo­bre 2014.

Au sujet du gou­verne­ment ukrainien soutenu par l’oc­ci­dent : «Le gou­verne­ment com­prend 4 fac­tions : les ultra-libéraux / les européistes, une pincée de société civile issue de Maid­an, les nazis et les voy­ous (le cumul est ici pos­si­ble, et même large­ment pra­tiqué…). Un mélange hétéro­clite mais cohérent : des ban­quiers prêts à obéir au FMI, de « busi­ness­men » nés de la chute de l’URSS for­més aux États-Unis, des « min­istres pro­fes­sion­nels » pro-européens, trem­pés dans les scan­dales de cor­rup­tion, proches des clans oli­gar­ques », Les-Crises.fr, 12 mars 2014.

«Le tra­vail que j’es­saye de faire sur mon blog, c’est de dénon­cer ce qui se passe en France, au niveau de la pro­pa­gande en France. La pro­pa­gande russe il y en a, qu’ils s’en occu­pent, moi j’es­saye de voir ce qui con­cerne les français, ce qui me con­cerne, et que j’ai mon mot à dire de ce qu’il se passe en France », Arrêt sur Images, 9 mai 2014.

« La pre­mière est que cha­cun jugera les méth­odes de Rudy Reich­stadt : aucune véri­fi­ca­tion auprès du site cible avant pub­li­ca­tion, amal­games « plus que bor­der », aucune infor­ma­tion de ses lecteurs quand le dessin est cor­rigé (tou­jours rien 24 heures après mal­gré ma demande)… Cela illus­tre plus générale­ment la méth­ode qui se développe actuelle­ment, de général­i­sa­tion mal­hon­nête, con­sis­tant à faire pass­er une petite erreur non sub­stantielle – comme tout le monde en com­met, et tout par­ti­c­ulière­ment Con­spir­a­cy Watch – en une preuve de pré­ten­due « non fia­bil­ité » d’une per­son­ne ou d’un site. », Les Crises, 6 août 2017.

Ils l’ont dit

« Je suis citoyen des États-Unis et j’ai une part de respon­s­abil­ité dans ce que fait mon pays. J’aimerais le voir agir selon des critères moraux respecta­bles. Cela n’a pas grande valeur morale de cri­ti­quer les crimes de quelqu’un d’autre – même s’il est néces­saire de le faire, et de dire la vérité. Je n’ai aucune influ­ence sur la poli­tique du Soudan, mais j’en ai, jusqu’à un cer­tain point, sur la poli­tique des États-Unis », Noam Chom­sky, 2001.

« Les jour­nal­istes des medias tra­di­tion­nels ne sont plus en sit­u­a­tion d’of­frir une con­sécra­tion à qui que ce soit. L’in­flu­ence de Berruy­er sur la Toile est au moins égale à la vôtre », Daniel Schnei­der­mann, sur le plateau d’Ar­rêt sur Images, émis­sion du 9 mai 2014. Il répondait à Piotr Smo­lar, cor­re­spon­dant du Monde en Ukraine, qui lui reprochait de don­ner une tri­bune à l’ex­per­tise d’O­livi­er Berruyer.

« Ce culte du pro­fes­sion­nal­isme a eu une influ­ence déci­sive sur le jour­nal­isme mod­erne. Les jour­naux auraient pu servir à pro­longer et à élargir les assem­blées com­mu­nales. Au lieu de quoi, ils ont adhéré à un idéal fal­lac­i­eux d’ob­jec­tiv­ité et ont défi­ni leur but comme la dif­fu­sion d’in­for­ma­tions fiables – autrement dit, de type d’in­for­ma­tion qui tend non pas à pro­mou­voir le débat mais à y couper court. Le trait le plus curieux de tout ceci est, bien sûr, que si les Améri­cains se trou­vent inondés d’in­for­ma­tions, grâce aux jour­naux, à la télévi­sion et aux autres média, les enquêtes rap­por­tent régulière­ment que leur con­nais­sance des affaires publiques est con­stam­ment en déclin. En cet « âge de l’in­for­ma­tion », le peu­ple améri­cain est notoire­ment mal infor­mé. L’ex­pli­ca­tion de cet appar­ent para­doxe crève les yeux, même si on l’énonce rarement : une fois exclus effec­tive­ment du débat pub­lic pour motif d’in­com­pé­tence, la plu­part des Améri­cains n’ont que faire des infor­ma­tions qui leur sont infligées en de si grandes quan­tités. Ils sont devenus presque aus­si incom­pé­tents que leurs cri­tiques l’ont tou­jours pré­ten­du – ce qui nous rap­pelle que c’est le débat lui-même, et le débat seul, qui donne nais­sance au désir d’in­for­ma­tions util­is­ables. En l’ab­sence d’échange démoc­ra­tique, la plu­part des gens n’ont aucun stim­u­lant pour les pouss­er à maîtris­er le savoir qui ferait d’eux des citoyens capa­bles », Christo­pher Lasch – La Révolte des élites, 1994.

« Donc les uni­ver­sités d’été des social­istes fron­deurs, qui se tien­dront le week-end prochain à La Rochelle, ont décidé d’in­viter Olivi­er Berruy­er, le web­mas­ter du site Les-Crises.fr, pour une table-ronde autour du thème : “Notre adver­saire, c’est tou­jours la finance”. Les-Crises.fr occupe une place toute par­ti­c­ulière dans la com­plosphère : le site relaie des posts issus de sites com­plo­tistes (comme l’A­gence Info Libre, site ani­mé par des pro-Dieudon­né notoires), la prose de l’his­to­ri­enne stal­in­i­enne Annie Lacroix-Riz, mais aus­si de Gor­don Duff (du site anti­sémite Vet­er­ans Today), de l’au­teur com­plo­tiste Paul Craig Roberts ou de Rus­sia Today. », Rudy Reich­stadt, Face­book, 3 sep­tem­bre 2016.

« C’est Olivi­er Berruy­er, blogueur économique – qui frise sou­vent le con­spir­a­tionnisme – qui a inspiré cette idée, en com­pi­lant sur son blog une série de Tweets évo­quant la destruc­tion du « dernier hôpi­tal d’Alep » sur une péri­ode de plusieurs mois. Le site con­spir­a­tionniste Réseau inter­na­tion­al a fait le même type de décompte, dénonçant un matraquage médi­a­tique. Mais la com­pi­la­tion du blogueur est com­posée de mes­sages venus d’un peu partout dans le monde, et pas for­cé­ment de jour­nal­istes. On y trou­ve pêle-mêle un con­sul­tant en stratégie vivant aux États-Unis, un chercheur lon­donien, une télévi­sion pak­istanaise, un compte qui se revendique du réseau Anony­mous… Attribuer à ces ini­tia­tives isolées la qual­ité de « média » sem­ble pour le moins exagéré. » Samuel Lau­rent et Adrien Séné­cat, Les Décodeurs du Monde, 15 décem­bre 2016.

« Ce dernier par­lera longue­ment des con­séquences qu’a eues son classe­ment en rouge par le Decodex du Monde. «Quel employeur a envie d’avoir dans son entre­prise quelqu’un qui est classé au même niveau qu’Alain Soral?», lance-t-il de manière rhé­torique. Selon lui, Le Monde a mené une croisade con­tre sa per­son­ne, qu’il com­pare à un com­bat entre «Mimie Mathy et Mike Tyson». Olivi­er Berruy­er assure avoir été vic­time d’une mise au ban médi­a­tique et ne plus avoir accès aux médias main­stream, lui qui était invité par France Inter, BFM Busi­ness ou encore France 24. », Sput­nik France, 24 sep­tem­bre 2019.

Crédit pho­to : DR

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