Avec un peu plus de 35 000 cartes de presse, difficile de se faire un nom dans la profession. Il y a ceux dont on connait le poids et l’influence publique et il y a les plus petits qui pourtant sur une échelle locale pèsent lourd. C’est le cas d’Olivier Biscaye, encore peu connu nationalement mais bien ancré du côté de Nice…
Olivier Biscaye, né en janvier 1977 à Carcassonne, est le directeur des rédactions du groupe Nice-Matin.
Formation universitaire
Scolarité à Castelnaudary. Il est diplômé de l’institut Universitaire de Technologie de Journalisme de Bordeaux et titulaire d’un DEUG d’histoire.
Parcours professionnel
Olivier Biscaye débute dans la profession de journaliste en septembre 1998 au Canada dans une école internationale. Il profite en effet de ce voyage pour travailler dans une station de télévision à Vancouver (VTV) et pour perfectionner son anglais. Durant cette même année, il fera plusieurs reportages dans les quartiers difficiles, et montera des reportages pour une radio locale.
De retour sur le vieux continent, il enchaine les petits contrats avec différentes maisons de presse comme Le Progrès (Lyon) ou Le Courrier de Varsovie (Pologne). C’est d’ailleurs en Pologne qu’il effectue son service militaire en tant que coopérant.
Un an plus tard, en 1999, il pose véritablement ses valises pour la première fois au service politique du Journal de l’Ile de la Réunion.
En 2003, il est nommé rédacteur en chef du Journal d’Elbeuf (hebdomadaire local français diffusé le jeudi dans les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime), journal qui sera cédé en 2007 au groupe Publihebdos.
Il occupe ensuite successivement les postes de directeur de l’information et directeur des rédactions du groupe Les Hebdos Normands.
Du Journal de l’Île de la Réunion à Nice-Matin, qu’il rejoint en 2008, en passant par le Journal d’Elbeuf et Les Hebdos Normands, tous ces journaux appartiennent (à l’exception du Journal d’Elbeuf aujourd’hui) au même groupe de presse française : Hersant Média. Le groupe Nice-Matin étant sa dernière « prise » en aout 2007. C’est à l’occasion de cette prise en main du groupe Nice-Matin par Hersant Média qu’Olivier Biscaye est nommé directeur des rédactions dès le 1er juin. Il est alors chargé de conduire le volet éditorial du journal et de mettre en place une équipe web de neuf personnes qui lui sera directement rattachée. Il s’intéresse tout particulièrement à l’actualité politique, économique, régionale et nationale.
Olivier Biscaye, il ne s’en cache pas, est un pur produit de « l’Académie Hersant ».
En 2009, il est promu directeur des rédactions du groupe Nice-Matin (comprenant les quotidiens Var-Matin, Corse-Matin, Nice-Matin), poste qu’il occupe encore actuellement. Âgé alors de seulement 32 ans, il se retrouve à la tête des rédactions du plus grand quotidien des Alpes-Maritimes et anime également des débats sur une radio locale (Radio Émotion).
De 2008 à 2013 le groupe Nice-Matin connait une perte de vitesse dans la diffusion de ces quotidiens, passant de 114 598 exemplaires diffusés à 98 304. Le quotidien ne trouvant pas de repreneur est en chute libre. Alors que les salariés multiplient les critiques de leur hiérarchie, Olivier Biscaye ne sort pas indemne de la tourmente. Il est l’objet, en mars 2010, d’une motion de défiance des journalistes de son quotidien. Certains politiques locaux en viennent même à critiquer ouvertement les liens trop étroits du quotidien avec la municipalité. Celle-ci donne des subventions au journal, celui-là publie régulièrement des articles valorisants pour le maire UMP de Nice, Christian Estrosi, tout juste réélu pour un second mandat. À plusieurs reprises le jeune directeur des rédactions se fait rappeler à l’ordre par certains journalistes et par des hommes politiques de gauches.
La côte d’Azur a cette particularité de n’avoir qu’un seul grand quotidien en dehors des journaux dits « gratuits » (Métro, Direct-Matin, 20 minutes), Nice-Matin est ainsi le quotidien le plus lu, faisant la pluie et le beau temps médiatique sur la région.
Il quitte le groupe Nice-Matin en octobre 2014, au moment de la reprise du journal à la barre du tribunal de commerce. En fortes difficultés, le journal sera finalement repris par une société coopérative des salariés et Bernard Tapie, conditionné à la vente des 50% des parts de Nice-Matin dans Corse-Matin à la Provence, puis par le groupe Nethys en 2016, lui-même en voie de désengagement au printemps 2018. Tapie quant à lui est resté co-actionnaire… seulement sept mois.
Consultant pour HPE Médias de janvier 2015 à juin 2016, il participe au lancement de l’édition PACA pour le groupe Valmonde, organise des débats, collabore à des éditions du Point et de Regards sur les primaires puis la présidentielle 2017…
D’août 2016 à août 2017 il est directeur général adjoint de la Manche Libre / Tendance Ouest.
En octobre 2017 il prend la direction de la rédaction du magazine Stratégies.
Cependant dès février 2018 il est nommé rédacteur en chef adjoint du Midi Libre, au sein du groupe la Dépêche. Il est nommé directeur de la rédaction du Midi Libre en septembre 2018, succédant à Philippe Palat, directeur de la rédaction depuis dix ans.
Ce qu’il gagne
À l’occasion d’une entrevue vidéo accordée à l’École de Journalisme de Nice (EDJ), Olivier Biscaye déclare toucher « un peu plus de 6000 € » par mois.
Sa nébuleuse
École de Journalisme de Nice. Groupe de presse Hersant Média. Les hommes politiques de la Côte d’Azur.
Ses publications
- Citoyens en bon état général, 2007, éd. D Papyrus.
- Bruno le Maire, l’Insoumis, 2015, éd. Du Moment.
- Ennemis de trente ans, 2016, avec Anita Hausser, éd. Du Moment.
- Les politiques aussi ont une mère, 2017, avec Bernard Pascuito, éd. Albin Michel.
Il a dit
« Il faut toujours aller au bout de ses rêves. Là-bas, on apprend que pour réussir, il faut se battre. Et, bizarrement, la vie n’est pas stressante. On prend le temps, à Vancouver, d’apprécier les choses. Les gens sont disponibles. Enfin, j’aime le contact avec des gens différents, avec d’autres façons de vivre », La Dépêche, 1999.
« Je serais prêt à reconsidérer mon salaire si Nice-Matin se trouvait en difficulté », Marianne, 2013.
« Tout dire mais expliquer les enjeux. Peser, équilibrer, c’est la ligne que les médias doivent tenir », 2013.
« Si on roulait pour la “Sarkozie”, comme certains le prétendent, croyez-vous que nous aurions mis en Une de nos éditions les résultats du dernier sondage qui donne Michel Vauzelle largement gagnant ?», 2010.
« Sincèrement, non. Nice-Matin ne pourrait pas travailler, ni exister. Mais petit à petit, on essaie de réduire cet apport car c’est vrai qu’il y en a trop », interview donnée à l’Association du Journalisme de Cannes (à propos des gains apportés par la publicité des collectivités territoriales), novembre 2012.
« Je ne tolérerai aucune critique. C’est mon projet, je le porterai jusqu’au bout. S’il échoue, j’en assumerai les conséquences, mais en attendant, je ne veux rien entendre », à propos de la mise en place d’une nouvelle formule du journal, 2009.
« Je suis un bébé Hersant, c’est l’expression que j’utilise moi-même. J’ai fait toutes mes armes chez Hersant », Télérama, juin 2014.
« Jusqu’en 2008, les politiques étaient ici chez eux. Je suis arrivé et je leur ai dit : Désolé, ça va changer, il va y avoir un patron dans la maison ! », ibid.
« C’est une chance pour nous d’avoir des hyper actifs comme Estrosi, Ciotti, Luca ! Ils cumulent les postes et les responsabilités. Ils fournissent beaucoup. Tous les jours ! Il y a du grain à moudre », ibid.
« Je revendique à mille pour cent nos efforts sur l’info locale. Nous sommes un quotidien régional, c’est notre coeur de métier. Toute la difficulté est de savoir parler intelligemment, avec discernement, de ce qui se passe dans nos villes. C’est ça, le sens de notre travail », ibid.
Ils ont dit de lui
« Monsieur Biscaye est un jeune directeur des rédactions, arrivé il y a peu. Il a une approche difficile sur le dialogue social », Le Post, 2010.
« On fait beaucoup sur l’UMP. À Toulon, il y a Falco, Secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants et à Nice, Estrosi, ministre chargé de l’Industrie. Deux personnalités pesantes. La rédaction trouve que la hiérarchie a une épine dorsale souple. La pub institutionnelle représente 20% de la pub du journal. C’est énorme », Le Post, 2010 (à propos de la ligne éditorialiste du journal).
« Faire pression pour que les titres du groupe Nice Matin respectent certaines règles de déontologie », Patrick Mennucci directeur de campagne du président de la région PACA Michel Vauzelle (Parti Socialiste) lors de la dernière campagne des régionales, 2010.
« Méthodes de management iniques et brutales (…) double discours de la direction des rédactions à ses journalistes (…) choix de la ligne éditoriale (politique de l’OJD et orientation politicienne), en contradiction avec le traitement objectif de l’information (…) Unes racoleuses (…) asservissement aux politiques et autres “budgets publicitaires” au mépris des règles élémentaires de déontologie », tiré de la motion de défiance des journalistes de Nice-Matin adressé au directeur des rédactions, 5 mars 2010.
« Ce journal n’est pas le joujou de son directeur de la rédaction »,assemblée générale des journalistes de Nice-Matin, 5 mars 2010.
« Il y a surtout une autocensure, des petites lâchetés des journalistes qui s’autocensurent pour ne pas déplaire à leurs interlocuteurs. Il y a beaucoup de journalistes trop complaisants. Ceux qui ont pleuré qu’ils étaient censurés, ils se retrouvent aujourd’hui au service communication des mairies, donc vous savez… », Le Post, 2010.
« Quand il est arrivé, mieux valait être d’accord avec lui. Sinon, tu pouvais dégager… Bon, politiquement, il est de droite. Mais il n’y a pas de problème, tout le monde est au courant », un journaliste de Nice-Matin pour Télérama, juin 2014.
« Biscaye est partout. Sur un plateau télé ou sur une estrade, il est impeccable », un journaliste de Nice-Matin pour Télérama, juin 2014.
« En 2008, les municipalités de droite exfiltrent [de Nice-Matin] à leur avantage les pigistes, journaleux, directeurs locaux, défroqués dans leur service communication, relations publiques, direction de cabinet…et profitent ainsi de la bienveillance éditoriale du groupe Hersant. L’essaimage fait des ravages parmi les lecteurs. Alarmée, la rédaction vote à l’assemblée générale de mars 2010 une motion de défiance à l’égard d’Olivier Biscaye, directeur des rédactions du groupe Nice-Matin, soulignant notamment “l’orientation politicienne” de la ligne éditoriale du journal “en contradiction avec le traitement objectif de l’information [et] qui remet en cause l’indépendance des journalistes”. Mais rien ne change. Deux ans plus tard, en 2012, les difficultés du journal s’accentuent au point que les journalistes craignent à la fois “un plan social et une vente à la découpe” », Lavandou Tribune, 01/06/2014.
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