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Patrick Drahi

18 juin 2020

Temps de lecture : 43 minutes
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Patrick Drahi

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Un empire au cœur du système

À la tête d’un empire économique colossal, Patrick Drahi a commencé à s’intéresser aux médias à partir des années 2000, rachetant Libération, L’Express, L’Expansion, Studio Ciné Live, Lire, Mieux vivre votre argent, Classica, etc., avant de lorgner vers le groupe NextRadioTV. Il est un homme clé des médias, à moins que son empire à crédit ne s’effondre comme un château de cartes… En attendant, l’Ojim a pris soin de réunir ce que l’on sait sur lui pour dresser le portrait le plus précis et le plus complet réalisé à ce jour.

Le point de vue de Bernard-Hen­ri Lévy : « Français d’âme et de cœur et ressor­tis­sant suisse, citoyen israélien né à Casablan­ca, Cit­i­zen Drahi rég­nant sur ce ter­ri­toire sans lim­ite ni fron­tière que nous assig­nent les tech­nolo­gies dont vous êtes l’industriel, vous êtes aus­si l’un de ces “Gidi­ens” que l’“idéologie française” réprou­ve depuis un siè­cle mais dont nous avons cru­elle­ment besoin en ces temps de lour­deur indigène et d’étouffement chau­vin – vous êtes l’un de ces citoyens du monde impos­si­bles à assign­er à une “souche”, à enfer­mer dans une appar­te­nance, à épuis­er dans l’un de ces trois “n” (le natal, le nation­al, le naturel) », « Patrick Drahi, les Juifs et l’argent », crif.org, 14/05/2015.

Patrick Drahi est né en août 1963 à Casablan­ca dans une famille de la com­mu­nauté juive de la ville. Ses deux par­ents sont orig­i­naires d’Algérie, qu’ils fuient au moment de l’indépendance. Son grand-père « était tailleur, ils ont tous hérité du “gène” des maths. Il compte sept ascen­dants qui ont été pro­fesseurs de maths, dont ses deux par­ents ! ». Durant la Sec­onde Guerre mon­di­ale, à la suite des lois pris­es en 1941 par le gou­verne­ment de Vichy restreignant l’ac­cès des Juifs à cer­taines pro­fes­sions, son père est ren­voyé de l’é­cole où il exerçait parce qu’il « n’é­tait plus assez français » (Patrick Drahi, l’in­sa­tiable mil­liar­daire des télé­coms », tempsreel.nouvelobs.com, 04/04/2014.

Le con­flit israé­lo-arabe ayant ressus­cité l’ardeur anti-juive au Maroc, et alors que l’enseignement arabe devient oblig­a­toire dans les écoles du pays, Mar­cel et Lucette Drahi, qui ne par­lent que le français, se résig­nent à un sec­ond exil. Patrick Drahi et ses par­ents arrivent en 1978 à Montpellier.

La famille Drahi

Patrick se marie civile­ment en 1990 à la mairie du XIVe arrondisse­ment de Paris, puis dans une église ortho­doxe, avec une Syri­enne ortho­doxe et étu­di­ante en médecine, Lina (Zenie de son nom de jeune fille) ren­con­trée lors d’une soirée étu­di­ante. Selon le Wall Street Jour­nal, Patrick Drahi a demandé Lina en mariage et elle a accep­té une heure seule­ment après leur pre­mière ren­con­tre (« An hour into meet­ing his future wife, Lina, at a col­lege par­ty in the late 1980s, Mr. Drahi pro­posed mar­riage. She said yes », « Lit­tle-Known French Bil­lion­aire Cir­cles U.S. Cable Mar­ket », Wall Street Jour­nal, 10/07/2015). Sa femme est depuis con­ver­tie au judaïsme. Ils ont eu ensem­ble qua­tre enfants : Angeli­na, data sci­en­tist pour Altice U.S; Gra­ziel­la, direc­trice d’Altice Mobile, et deux jumeaux, David et Nathan, respec­tive­ment doc­teur en physique (siégeant au board d’Altice U.S) et ban­quier d’affaires à la City. Tous les qua­tre ont étudié « dans les meilleures écoles à Bris­tol, Genève et Tel-Aviv, et sem­blent pro­gram­més pour repren­dre un jour les com­man­des. » Le « rêve absolu » de Patrick Drahi est que ses qua­tre enfants vien­nent tra­vailler avec lui, « ils sont déjà au courant de ce qui se passe dans le groupe et don­nent sou­vent leur avis. »

Religion

Né dans une famille appar­tenant à la com­mu­nauté juive de Casablan­ca, comme Gad Elmaleh, Alber Elbaz ou Valérie Bénaïm, Patrick Drahi est assez dis­cret sur son engage­ment religieux. Les sites améri­cains et israéliens, tou­jours très friands de con­naître la pra­tique religieuse des per­son­nal­ités, le dépeigne plutôt comme peu act­if dans la com­mu­nauté juive en France ou en Europe, voire détaché du judaïsme («  So far as is known, Drahi is not active in the Jew­ish com­mu­ni­ty in France or Europe, sug­gest­ing that he is focused on his busi­ness­es, and that he has lit­tle affil­i­a­tion for his reli­gion. He resides with his wife and four chil­dren in Gene­va », « “Globes” pro­files French Jew­ish busi­ness­man and Hot own­er Patrick Drahi. »). Pour­tant, les époux Drahi renou­vel­lent leurs vœux en 2013, à la syn­a­gogue Beth Yaa­cov (Grand Syn­a­gogue) de Genève (à moins d’une homonymie car il sem­ble que le cou­ple a essayé de cam­ou­fler leurs noms). En tout cas, la famille Drahi est active au sein de la Com­mu­nauté juive libérale de Genève, leurs filles y ont fait leur benot-mitz­vah (céré­monie de la majorité religieuse pour les filles). Et chaque ven­dre­di soir (le soir du shab­bat), « Patrick Drahi saute dans un jet de loca­tion pour les retrou­ver, rassem­blés dans l’une ou l’autre de ses pro­priétés. ».

Sa nationalité

Lors de son instal­la­tion en Israël en 2009, dans la ville de Tel-Aviv, et sa prise de pos­ses­sion du groupe HOT, Patrick Drahi devient un ressor­tis­sant fran­co-israélien, prenant « la nation­al­ité israéli­enne — la lég­is­la­tion l’im­posant à tout action­naire détenant plus de 20% d’un opéra­teur. ». Qua­tre plus tard, en mai 2013, par une som­ma­tion juridique de son avo­cat Alexan­dre Mar­que du cab­i­net Franklin, Patrick Drahi fai­sait savoir qu’il ne souhaitait pas fig­ur­er dans le classe­ment Chal­lenges des 500 pre­mières for­tunes français­es car : « M. Drahi a pris la nation­al­ité israéli­enne et renon­cé à la nation­al­ité française. La perte de la nation­al­ité lui est défini­tive­ment acquise. Il ne s’agit pas d’une dou­ble nation­al­ité fran­co-israéli­enne. » En pleine polémique avec Arnaud Mon­te­bourg lors du rachat de SFR, le min­istre du Redresse­ment Pro­duc­tif jugeant que Patrick Drahi man­quait de patri­o­tisme français (« il va fal­loir que M. Drahi rap­a­trie l’ensem­ble de ses pos­ses­sions et biens en France »), cette infor­ma­tion fait désor­dre. L’homme d’affaires rejette ces accu­sa­tions comme étant hors de pro­pos : « Si c’était l’anglais Voda­fone qui avait racheté SFR, aurait-on demandé à son directeur général de venir vivre à Paris ? Quand j’achète des entre­pris­es en République domini­caine, au Por­tu­gal, en Israël, per­son­ne ne me demande de venir vivre sur place. On se réjouit sim­ple­ment de mon investisse­ment ». Son entourage affirme ain­si au mag­a­zine Chal­lenges qu’il est tou­jours français, « au moment où il a demandé la nation­al­ité israéli­enne, il n’a pas fait dans les temps les démarch­es pour aban­don­ner sa nation­al­ité d’o­rig­ine. Cela s’est joué à 15 jours près. »

Israël

Patrick Drahi a com­mencé à s’intéresser à Israël pour des raisons « pro­fes­sion­nelles et intel­lectuelles » (challenges.fr), puis dans la foulée du rachat du pre­mier cablo-opéra­teur israélien, Hot, en 2009, il s’est instal­lé dans l’État hébreux. C’est un ancien col­lab­o­ra­teur de Xavier Niel, Michaël Golan, qui l’a intro­duit dans le milieu des affaires local, avant de le trahir en revenant dans le giron de Niel en 2010, afin de lancer l’année suiv­ante un opéra­teur mobile con­cur­rent de Hot, Golan Tele­com, dont Niel détient 30% à titre per­son­nel. D’où le déclenche­ment d’une féroce guerre des prix dans le secteur des opéra­teurs mobiles israéliens en 2012, ali­men­tée par la rival­ité Niel-Drahi, qui s’avère être très sim­i­laire à la sit­u­a­tion française. Prenant la nation­al­ité israéli­enne, habi­tant « un très bel apparte­ment dans la tour Roth­schild qui sur­plombe Tel-Aviv » (challenges.fr), choi­sis­sant ce lieu de rési­dence car « c’est une ville for­mi­da­ble, avec une super-ambiance et un dynamisme entre­pre­neur­ial incroy­able » (actuj.com). Devenu l’Israélien le plus riche du pays en 2015 (lepoint.fr), investis­sant de plus en plus dans le pays, Patrick est devenu, en quelques années, une per­son­nal­ité israéli­enne impor­tante. Fidèle à sa stratégie de mutu­al­i­sa­tion des con­tenants (réseaux câblés, fréquences mobiles) et des con­tenus (pro­grammes audio­vi­suels), l’opérateur Hot dis­tribue 190 chaînes et en pos­sède deux, Hot 3 et Hot Plus, qui dif­fuse des pro­duc­tions exclu­sives : fic­tions, docu-réal­ités, séries pour enfants. Il est réputé proche de la famille Mozes, qui pos­sède par­tielle­ment le quo­ti­di­en le plus lu d’Israël, Yediot Aharonot (« Les dernières nou­velles »), de ten­dance cen­triste. À son arrivée dans le pays, Drahi avait dû racheter les parts d’Arnon « Nani » Mozes pour pren­dre le con­trôle de Hot et le quo­ti­di­en n’a pas hésité à pren­dre par­ti pour Patrick Drahi lors de la guerre des prix opposant Hot à Golan Télé­com. Le tycoon s’est d’ailleurs posi­tion­né pour racheter le quo­ti­di­en en 2017, sans toute­fois aller au bout de sa démarche. Le prési­dent de l’État d’Israël (2007 – 2014), Shi­mon Pérès, l’a reçu plusieurs fois pour s’entretenir avec lui.

Sionisme

Quant à son engage­ment sur la ques­tion du sion­isme, un sujet déli­cat pour un homme d’affaires à l’envergure inter­na­tion­al qui doit traiter avec des pays arabes très sour­cilleux sur ce point, Patrick Drahi n’y a jamais fait la moin­dre allu­sion directe­ment. Mais il laisse par­ler son entourage sans jamais apporter le moin­dre démen­ti… Quand en 2009, en « off », une source (lui ou l’un de ses alliés) affirme dans le jour­nal économique de référence de l’État Hébreux, Globes, que Patrick Drahi « souhaite aug­menter ses investisse­ments en Israël » à cause de son « sion­isme », il ne démen­ti­ra pas (« Sources inform “Globes” that Drahi is seek­ing con­trol of HOT and in recent days has met with rep­re­sen­ta­tives of Delek Invest­ments, Fish­man Group and Yediot Ahronot and offered to pay NIS 33.50 per share. Drahi has stressed that he is not seek­ing a hos­tile takeover but wants to increase his invest­ments in Israel, among oth­er rea­sons because he is a Zion­ist », « French busi­ness­man buys Leu­mi stake in HOT », globes.fr, 03/05/2009). La même méth­ode est util­isée en 2012, « selon des proches » cités par le site économique La Tri­bune, Patrick Drahi agi­rait à titre per­son­nel avec « des moti­va­tions sion­istes sincères afin d’amélior­er l’im­age d’Is­raël» en lançant une nou­velle chaîne d’informations. La jour­nal­iste Elsa Bem­baron retrace en détail, dans la biogra­phie qu’elle con­sacre à l’homme d’affaires, l’origine de la créa­tion de la chaîne : « Il racon­te avoir eu l’idée d’i24News un jour de novem­bre 2012 à Tel Aviv. La ville essuie de tirs de roquettes, huit pré­cisé­ment, tirés depuis la bande de Gaza. Deux sont inter­cep­tés en vol, six touchent la ville, sans faire de vic­time. Israël riposte aus­sitôt. Voir les gens courir sans savoir où se cacher trau­ma­tise Patrick Drahi. Lui aus­si cherche un abri. Et quand il ren­tre chez lui, le soir, Lina regarde le jour­nal de 20 heures, sur France 2, fidèle à son habi­tude. Seule une par­tie de l’affaire est relatée, un reportage men­tionne briève­ment un raid israélien sur Gaza, qui aurait fait qua­tre morts. Pas un mot sur le fait qu’il s’agit d’une riposte, l’attaque sur Tel Aviv n’est même pas men­tion­née. Patrick Drahi en reste bouche bée. Il se dit qu’il a les moyens d’offrir une infor­ma­tion objec­tive sur le Moyen-Ori­ent, qui ne soit pas unique­ment la voix des pays arabes par le biais d’Al Jazeera. »

Une source tou­jours anonyme et proche de Patrick Drahi dira sen­si­ble­ment la même chose au quo­ti­di­en Haaretz en par­lant lors du rachat de la chaine Guy­sen TV, du fait d’une « moti­va­tion sion­iste sincère et réelle afin d’aider à amélior­er l’image d’Is­raël en présen­tant le mode de vie dynamique, mod­erne, jeune des Israéliens » (« Sources close to Drahi said: “Patrick Drahi has decid­ed to con­tribute to the Guy­sen chan­nel, which will oper­ate and be whol­ly owned by Haim Slutzky, out of a sin­cere and real Zion­ist moti­va­tion to help improve Israel’s image by pre­sent­ing the vibrant, mod­ern, young lifestyle of the Israelis who live here. In addi­tion to the con­tent broad­cast from Israel, the chan­nel will also doc­u­ment the life of Jew­ish com­mu­ni­ties abroad” », « Jew­ish Media Mogul to Invest in Israeli Ver­sion of al-Jazeera News Chan­nel », Haaretz, 26/06/2012). La seule per­son­nal­ité à avoir publique­ment par­lé des moti­va­tions sion­istes de Patrick Drahi est Haim Slutzky, « l’une des dix fig­ures les plus influ­entes de la télévi­sion israéli­enne », expli­quant dans le même arti­cle d’Haaretz que la créa­tion d’une nou­velle chaîne d’information (voir i24 news) par Patrick Drahi est de « con­tribuer au sion­isme. » (« Slutzky con­firmed the report and said the pur­pose of the new chan­nel would be “to con­tribute to Zion­ism”, Haaretz, 26/06/2012). D’ailleurs, l’homme d’affaires fran­co-israélien est cité comme un exem­ple à suiv­re dans un dis­cours du min­istre de l’économie de l’époque, Chris­tine Lagarde, appelant les entre­pris­es français­es et israéli­ennes à se « rap­procher », lors du lance­ment d’Is­ralink, le « pre­mier réseau social des entre­pris­es français­es et israéli­ennes », à l’ini­tia­tive de la Fon­da­tion France-Israël présidée par l’an­ci­enne min­istre Nicole Guedj (« Lagarde appelle les entre­pris­es français­es et israéli­ennes à se “rap­procher” », AFP, 07/03/2011).

Les impôts

Une enquête menée par le site d’informations économiques, Bilan.ch, pour savoir où Patrick Drahi paie ses impôts a fait appa­raître que si sa femme, Lina-Nazi­rah, pos­sède, en tant que pro­prié­taire unique, un domaine de 2.428 m2 dans la lux­ueuse com­mune genevoise de Cologny, c’est dans la sta­tion de ski de Zer­matt, où de « généreux for­faits fis­caux [sont] octroyés aux étrangers par le Valais », qu’il est domi­cil­ié fis­cale­ment depuis octo­bre 2011. « Mais pour recevoir son cour­ri­er, il a indiqué une sim­ple case postale à Genève ». Autre décou­verte des jour­nal­istes de Bilan.ch, par le truche­ment de la société genevoise CANEF, dont l’administrateur unique est l’assistante française de Patrick Drahi, il a récem­ment acheté deux grandes pro­priétés à Cologny : en juin 2014, une pro­priété de 2 987 mètres car­rés, pour 20 mil­lions de francs suiss­es, et, en sep­tem­bre 2014, un autre ter­rain de 2.180 m2, pour 18 mil­lions de francs suiss­es. Au total, Patrick Drahi a « investi plus de 50 mil­lions dans le can­ton genevois en trois ans pour acquérir divers­es pro­priétés ». Et cette boulim­ie de fonci­er n’est pas ter­miné, via la société NDZ (avec tou­jours la même assis­tante comme admin­is­tra­trice unique), Patrick Drahi a acquis pour 49,2 mil­lions de ter­rain dans la sta­tion de ski de Zer­matt. Le pro­gramme immo­bili­er bap­tisé «7 Heav­ens» prévoit la con­struc­tion de « sept mag­nifiques chalets de luxe aux sur­faces imposantes de 500 à 1.250 m2, conçus sur trois ou qua­tre niveaux, avec une vue impren­able sur le Cervin ».

Formation

- Lycée Lyautey de Casablan­ca (Maroc)
— Maths sup/Maths spé
— École Poly­tech­nique [1983]
— Sup Tele­com et pré­pare un doc­tor­at d’optique.

« Plus tard, il tente d’échapper à Poly­tech­nique : pas ques­tion de faire l’armée. Son père le ramène dans le droit chemin, mais sitôt débar­qué sur le cam­pus, il s’empresse de trou­ver l’entreprise qui rem­bours­era sa “pan­tou­fle”: Philips lui offre un pré­con­trat. A SupT­ele­com, le sur­doué s’ennuie : il adresse un rap­port à l’administration de l’école expli­quant com­ment elle doit se rénover. L’impudent se fait rem­bar­rer, pré­pare un doc­tor­at d’optique pour se con­sol­er et part en stage six mois à Eind­hoven, au siège de Philips, où il planche sur les télé­com­mu­ni­ca­tions à dis­tance » (challenges.fr).

Parcours professionnel dans les médias

[Télécharg­er notre info­gra­phie con­sacrée à Patrick Drahi] Par­ti de rien et grâce à son tal­ent mais aus­si à la com­plai­sance des ban­ques, Patrick Drahi s’est bâti un empire économique colos­sal (pro­prié­taire du con­sor­tium lux­em­bour­geois Altice avec la Société générale et le fonds Pechel, dont le tour de table com­prend Das­sault et LVMH). Il est pro­prié­taire d’une hold­ing per­son­nelle, Next Lim­it­ed Part­ner­ship, imma­triculée à Guer­ne­sey, laque­lle est l’ac­tion­naire majori­taire d’Altice. Altice Europe N.V est le prin­ci­pal action­naire de l’opéra­teur français SFR-Numer­i­ca­ble, Vir­gin Mobile, de l’opéra­teur israélien Hot, mais aus­si Por­tu­gal Tele­com, Orange Domini­cana), tan­dis qu’Altice USA regroupe les anciens cablo-opéra­teurs Sud­den­link et Cablo­vi­sion. Le groupe a été scindé en 2018 afin d’éviter que la dette con­trac­tée en Europe n’influe néga­tive­ment sur les activ­ités améri­caines et le poten­tiel de crois­sance de la fil­iale d’Altice out­re-Atlan­tique. Le fran­co-israélien com­mence à s’intéresser aux médias à par­tir des années 2000. Il fait par­tie selon L’Expansion des 100 man­agers qui « prof­i­tent des mil­liards du plan de relance » du gou­verne­ment de Nico­las Sarkozy, « leurs entre­pris­es sont déjà les grands gag­nants des com­man­des publiques et du volon­tarisme gou­verne­men­tal. »(Patrick Drahi est « dopé par les ambi­tions du gou­verne­ment d’é­ten­dre l’ac­cès à l’In­ter­net à haut débit », « Ils prof­i­tent des mil­liards du plan de relance », L’Expansion, févri­er 2009). La même année, Patrick Drahi achète Hot, le câblo-opéra­teur israélien, spé­cial­iste de la télévi­sion payante, en pleine décon­fi­ture économique. « Étape par étape, l’homme d’af­faires réori­ente une entre­prise focal­isée sur l’in­fra­struc­ture en groupe de médias glob­al », et ce au prix de 2.800 licen­ciements et d’externalisations à des sous-trai­tants. Un joli coup économique et médi­a­tique, surtout que les investis­seurs français se mon­traient à cette époque plutôt frileux pour inve­stir en Israël, « la peur des réac­tions de cer­tains pays arabes ou de mou­ve­ments pro-pales­tiniens appelant au boy­cott » étant l’une des raisons invo­quées pour expli­quer la mod­estie de ces échanges.

Altice Media Group

SFR Presse (anci­en­nement nom­mé Mag&NewsCo et Altice Media Group) est un groupe média, fil­iale d’Altice, créé en 2015 par Patrick Drahi et Marc Laufer, qui fut le directeur général de Noos et con­naît le pre­mier depuis la fin des années 1990. Il détient à l’époque News­Co, groupe con­sti­tué de titres de presse pro­fes­sion­nelle comme 01Net ou le Jour­nal des Télé­coms. Cinquième pôle de presse mag­a­zine français, Altice Media Group est aujour­d’hui dirigé par Marc Laufer et sec­ondé par Bernard Mourad (voir Nébuleuse), action­naire d’AMG aux côtés des deux fon­da­teurs et de Bruno Ledoux, ancien ban­quier chez Mor­gan Stan­ley, respon­s­able de la stratégie, du développe­ment inter­na­tion­al, des acqui­si­tions et des rela­tions institutionnelles.

En juil­let 2015, Patrick Drahi s’est allié à Alain Weill dans l’op­tique de racheter le groupe Nex­tRa­dioTV, (la sta­tion de radio RMC, les chaînes BFMTV, RMC Décou­verte, BFM Busi­ness) d’ici 2019, pour un mon­tant de 595 mil­lions d’euros. Pour Patrick Drahi « l’avenir passe par la con­sti­tu­tion d’une major de médias inté­grant la presse avec Altice Media Group, mais aus­si et surtout Nex­tRa­dioTV (BFM, RMC), dont il détien­dra bien­tôt 30%, sans par­ler de futures acqui­si­tions.»

Cette major devient en juil­let 2016 SFR Media, dirigé par Alain Weill, qui coor­donne les activ­ités médias du groupe, regroupées en dif­férents pôles : SFR Presse (com­prenant à l’époque L’Express, Libéra­tion, À Nous Paris, 01Net Mag­a­zine et My Cui­sine) SFR RadioTV (regroupant BFMTV et les chaînes thé­ma­tiques asso­ciées) et SFR Sport, rebap­tisé RMC Sport en 2018, (com­prenant le bou­quet éponyme com­posé de six chaînes spé­cial­isées). Marc Laufer n’est plus, selon Drahi et Weill, l’homme de la sit­u­a­tion à par­tir de 2016 et il perd son groupe de presse. Il récupère toute­fois l’année suiv­ante, en ver­tu de l’amitié de Drahi et d’une volon­té de con­cen­tr­er l’activité d’Altice sur des jour­naux d’actualités, une par­tie des jour­naux qu’il déte­nait avant la fusion en plus de L’Étudiant, un des anciens fleu­rons du groupe L’Express.

Le quotidien Libération

Selon Elsa Bem­baron, c’est François Hol­lande qui aurait sug­géré en pre­mier au mag­nat des télé­coms de racheter le quo­ti­di­en lors d’une entre­vue à l’Élysée, où sont présents Emmanuel Macron et Jean-Pierre Jouyet.

« Quant à mon aven­ture dans la presse, je vais vous racon­ter l’anecdote. Lors d’un entre­tien organ­isé par Arthur Drey­fuss [directeur de la com­mu­ni­ca­tion d’Altice, voir le § Nébuleuse], assis à ma droite, avec une jour­nal­iste, celle-ci m’a fait remar­quer que j’allais dépenser 14 mil­liards pour racheter SFR et que Libéra­tion n’avait besoin que de 14 mil­lions pour être sauvé. À l’issue de l’entretien, j’ai dit à Arthur Drey­fus que nous allions nous saisir du dossier pour sauver ce titre – car enfin ? il s’agissait d’investir un pour mille de l’argent investi dans SFR », « Audi­tion de M. Patrick Drahi, prési­dent-directeur général d’Altice à l’Assemblée Nationale », 27/05/2015

En péril, le quo­ti­di­en a été racheté au print­emps 2014 par l’homme d’af­faires Bruno Ledoux, asso­cié au prési­dent d’Altice, Patrick Drahi. Ils avaient injec­té 18 mil­lions d’eu­ros dans Presse Media Par­tic­i­pa­tion, le nou­veau hold­ing cha­peau­tant le quo­ti­di­en, détenu à par­ité par les deux hommes. Ce rachat avait entraîné la démis­sion ou le licen­ciement d’une cen­taine de salariés en deux plans de départ. Après l’annonce par Bruno Ledoux de la ces­sion de ses parts dans Libéra­tion, un troisième plan de départ a été pro­posé aux jour­nal­istes et employés, et il devrait être au pre­mier trimestre 2016 après le démé­nage­ment à la mi-décem­bre du quo­ti­di­en de ses locaux de la rue Béranger pour rejoin­dre le bâti­ment d’Altice Media Group.

En dix ans, Libéra­tion a per­du près de la moitié de ses effec­tifs, pas­sant de 340 à 180 salariés. Et mal­gré une pag­i­na­tion réduite, l’ancien quo­ti­di­en maoïste a con­tin­ué à per­dre des lecteurs avec une chute de ‑16% des ventes au mois de septembre.

Altice décide, début 2020 de se défaire de Libéra­tion qui reste alors son dernier act­if en presse écrite. Pour ce faire, Drahi crée un fonds de dota­tion ad hoc dont la fil­iale doit acquérir le quo­ti­di­en, qui sera désor­mais détenu par une struc­ture à but non lucratif, au même titre que Medi­a­part ou le Guardian. Le con­seil d’administration du fonds (à com­pléter) com­prend Lau­rent Jof­frin, directeur de la rédac­tion (qui doit toute­fois céder sa place à la fin de l’année 2020), Arthur Drey­fuss, directeur général d’Altice Médias France, et Lau­rent Hal­i­mi, directeur M & A d’Altice Europe. Le groupe éponge du même coup les dettes con­séquentes accu­mulées par le quo­ti­di­en qui s’élèvent à 50 mil­lions d’euros.

Le magazine L’Express

Patrick Drahi a racheté en jan­vi­er 2015 au groupe belge Roular­ta les mag­a­zines heb­do­madaires L’Ex­press et L’Ex­pan­sion, ain­si que Mieux Vivre Votre Argent, Lire, Clas­si­ca, Pianiste, Stu­dio Ciné Live et le pôle salon de l’emploi, le tout pour une somme com­prise entre 5 et 10 mil­lions d’eu­ros net. Avec 90 mil­lions de déficit selon les esti­ma­tions, ce rachat a entrainé 115 départs volon­taires entrant dans le cadre de la clause de ces­sion ouverte. Le groupe Altice Media Group visant la rentabil­ité pour cha­cune de ses fil­iales médias en 2016, a annon­cé en sep­tem­bre 2015, un nou­veau plan social prévoy­ant le départ de 125 salariés, aux­quels il faut ajouter des pigistes. A cette occa­sion, Christophe Bar­bi­er, directeur de la rédac­tion, pris à par­tie par ses employés et tenu comme respon­s­able de cette sit­u­a­tion désas­treuse a essuyé une motion de défi­ance de la part des jour­nal­istes de l’Express. Au final, le groupe passera de 700 salariés à moins de 500. Dans une let­tre ouverte trans­mise à Patrick Drahi, la Société des Jour­nal­istes de L’Ex­press (SDJ) appelait leur nou­v­el action­naire « à surseoir à tout car­nage édi­to­r­i­al et humain » et dénonçait un pro­jet d’une « bru­tal­ité aveu­gle, aus­si préju­di­cia­ble à la survie de nos titres qu’à vos ambi­tions ».

En 2019, Altice cède pour un euro sym­bol­ique 51% des parts de l’hebdomadaire à Alain Weill, via sa société News Par­tic­i­pa­tions, tout en s’engageant à combler les déficits et à s’engager aux côtés du repre­neur pour péren­nis­er son mod­èle économique. La direc­tion annonce une énième réduc­tion d’effectifs à cette occasion.

La chaîne d’informations israéliennes i24news

En 2012, Drahi rachète la chaine d’information israéli­enne et fran­coph­o­ne, Guy­sen TV. Créée en 2002 par Guy Sen­bel, elle était con­sid­érée « par les act­ifs du marché comme une ver­sion juive d’Al Jazeera », selon israelvalley.com. Lancée le 17 juil­let 2013, i24news (I pour inter­na­tion­al, infor­ma­tion, indépen­dance, indi­vidu, inno­va­tion, inter­ac­tiv­ité et 24 sur 24) est une ini­tia­tive plus « phil­an­thropique » qu’é­conomique, puisque Patrick Drahi « la finance aujour­d’hui à fonds per­dus. » Le même mois, la chaîne a emmé­nagé sur le « port très branché de Jaf­fa, vieille ville arabe rat­tachée à l’ag­gloméra­tion de Tel-Aviv ». C’est selon Frank Mel­loul, son PDG, « pour éviter l’en­fer­me­ment poli­tique de Jérusalem », car Tel-Aviv, est « la ville de l’Is­raël mod­erne, et dans un quarti­er qui par­le de la sym­bol­ique judéo-arabe. » (« La chaîne i24 News, une activ­ité “phil­an­thropique” », Le Monde, 22/03/2014)

  • Finance­ment : « Patrick Drahi finance qua­si inté­grale­ment la petite dernière des chaînes d’in­for­ma­tion inter­na­tionales. Privée à 100 %, celle-ci fonc­tionne grâce un bud­get ser­ré tour­nant autour de 50 mil­lions de dol­lars (36 mil­lions d’eu­ros) par an. En atten­dant, en cas de pertes, c’est M. Drahi qui éponge. A en croire les proches de l’en­tre­pre­neur, le lance­ment d’i24 News est le volet “human­iste” de ses activ­ités israéli­ennes. “Il ne s’ag­it pas de gag­n­er de l’ar­gent, ce n’est pas le sujet”, assure M. Gia­mi, vice-prési­dent de Hot », « La chaîne i24 News, une activ­ité “phil­an­thropique” », Le Monde, 22/03/2014.
  • Fonds : i24news est édité par Newslux SARL. Son cap­i­tal se répar­tit entre deux sociétés lux­em­bour­geois­es. D’une part, FM Con­sult SARL (15% du cap­i­tal), qui appar­tient à Frank Mel­loul. D’autre part, Altice IV SA (85% du cap­i­tal), société de Patrick Drahi détenue par la société panaméenne Jenville SA.
  • Rédac­tion : Selon Frank Mel­loul, son PDG, 250 per­son­nes dont 150 jour­nal­istes de 35 nation­al­ités ont été embauchées : « il y a des musul­mans, des juifs, des chré­tiens, des agnos­tiques qui pro­duisent tous le même con­tenu ». i24news est dif­fusée en trois langues — français, arabe et anglais — mais pas en hébreu, « La chaîne i24 News, une activ­ité “phil­an­thropique” », Le Monde, 22/03/2014
  • Dif­fu­sion : Elle « cou­vre poten­tielle­ment plus de 850 mil­lions de foy­ers par les satel­lites en Afrique, en Europe, au Moyen-Ori­ent et en Asie », selon le PDG de la chaine Frank Mel­loul mais pour des raisons régle­men­taires, elle n’a pas reçu l’au­tori­sa­tion d’émet­tre en Israël ! (« La chaîne d’in­fo israéli­enne I24 News veut séduire les annon­ceurs », lexpansion.lexpress.fr, 12/03/2014). Car le réseau câblé israélien, Hot, appar­tient aus­si à Patrick Drahi. Or, selon les règles anti-trust israéli­ennes, la dif­fu­sion sur Hot de chaînes ayant le même pro­prié­taire est limitée.
  • Novlangue : « Sur le canal français, on préfère par­ler de Cisjor­danie plutôt que de “ter­ri­toires occupés” ». Et le terme de “colonies” est écarté au prof­it de celui, plus lisse, d’ “implan­ta­tions” », « La chaîne i24 News, une activ­ité « phil­an­thropique », Le Monde, 22/03/2014.
  • Une chaine peo­ple et poli­tique : Voici la liste des per­son­nal­ités ayant par­ticipé en mars 2014, à la soirée de présen­ta­tion « aux agences de pub­lic­ité et aux annon­ceurs poten­tiels » à Paris : Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Julien Dray, des intel­lectuels comme Marek Hal­ter, un imam, Iman Has­sen Chal­ghou­mi, des ani­ma­teurs de télévi­sion ou humoristes comme Michel Druck­er, Paul Amar, Ariel Wiz­man, Syl­vain Attal, Chris­t­ian Malard, Fran­cis Hus­ter, Smaïn, Ben­jamin Petro­ver, Karl Zero, Daniela Lum­broso, et le prési­dent du Con­sis­toire, Patrick Mer­gui, étaient présents.
  • Une ambiance délétère : Selon cer­tains témoignages anonymes de nom­breux employés de la chaîne recueil­lis par TéléObs, le patron de la chaîne, Franck Mel­loul (voir Nébuleuse) « se révélerait un piètre cap­i­taine. Humil­i­a­tions, hurlements, flicage, licen­ciements minute et para­noïa : sous cou­vert d’anonymat, ses troupes dressent ain­si le por­trait d’une rédac­tion placée sous ten­sion per­ma­nente. » (« i24News, une chaîne sous haute ten­sion », TéléObs, 04/02/2015. Car « le PDG, plusieurs fois par jour, arrête le choix des sujets qui seront dif­fusés à l’antenne, court-cir­cui­tant une hiérar­chie déjà décimée par le ren­voi, la démis­sion ou la plac­ardi­s­a­tion de plusieurs de ses cadres » ; s’appuyant « sur un cer­cle restreint de fidèles chargés de faire régn­er l’ordre dans la news­room » dont l’Arabe-Israélienne Lucy Ahar­ish est « sans con­teste la pièce maîtresse et la plus red­outée » ain­si que l’Israélien Barouch Levi.

Parcours militant

Non ren­seigné

Ce qu’il gagne

10ème for­tune française, en 2019 il a une for­tune estimée à 9 mil­liards d’euros.

Publications

Aucune

Collaborations

2013

Inter­venant lors de la sec­onde journée de l’in­no­va­tion France Israël à Tel-Aviv, sous l’égide des prési­dents François Hol­lande et Shi­mon Peres et des Min­istres Fleur Pel­lerin et Naf­tali Bennett.

2015

Mai­son de l’UNESCO, Paris – Dans le cadre du 70e anniver­saire de la libéra­tion du camp d’Auschwitz et de la Journée inter­na­tionale à la mémoire des vic­times de la Shoah, l’UNESCO accueille un con­cert excep­tion­nel de l’Orchestre sym­phonique de Jérusalem, sous la direc­tion de Frédéric Chaslin. Cette man­i­fes­ta­tion a reçu le sou­tien de la Fon­da­tion pour la Mémoire de la Shoah, de la Fon­da­tion Patrick et Lina Drahi et de i24 news. ()

2015

Il fait par­tie du top 100 des per­son­nal­ités 2014 qui ont influ­encé pos­i­tive­ment la vie juive selon un classe­ment établi par le prin­ci­pal mag­a­zine juif améri­cain The Alge­mein­er, dans la caté­gorie busi­ness. Il n’a pas été choisi à cause de sa for­tune mais en tant que prési­dent de la chaine d’informations israéli­enne dif­fusée au niveau mon­di­al, i24news, don­nant le « point de vue d’Israël » au monde entier.

2015

Il reçoit à Paris le prix Sco­pus de l’Université Hébraïque de Jérusalem. Le Prix Sco­pus est la plus haute dis­tinc­tion décernée par les Asso­ci­a­tions d’Amis de l’Université de Jérusalem à tra­vers le monde, à une per­son­nal­ité engagée dans des actions éduca­tives et sociales pour la pro­mo­tion du pro­grès et du savoir. Comme le note Le Point, « il est spon­sor de l’université depuis plusieurs années, ayant notam­ment per­mis le développe­ment du lab­o­ra­toire de recherche sur le cerveau du génial pro­fesseur Idan Segev. Il a égale­ment créé la fon­da­tion Lina et Patrick Drahi, qui est engagée en faveur de pro­jets de recherch­es et de Moocs au sein de pres­tigieuses uni­ver­sités et grandes écoles en France, en Europe et en Israël. » La soirée était présen­tée par Colombe Sch­neck, agré­men­tée d’un dîn­er gas­tronomique cash­er de Yan­nick Alleno, et en présence de dif­férentes per­son­nal­ités comme Lily Safra, le Grand rab­bin de France, Haïm Kor­sia, Eric de Roth­schild, Mau­rice Levy, PDG de Pub­li­cis, Bernard-Hen­ri Levy, Alain Finkielkraut et Philippe Labro.

Sa fondation Patrick et Lina Drahi (Patrick and Lina Drahi Foundation)

« Cette fon­da­tion sert à faire face à ma respon­s­abil­ité. Quand on a la chance de gag­n­er un petit peu d’argent grâce à son tra­vail, on se doit de par­ticiper à des activ­ités à but non lucratif pour aider soit la recherche, soit l’enseignement, soit encore ceux qui en ont besoin, dans tous les pays, quelles que soient la reli­gion, la couleur, la ten­dance poli­tique. C’est l’objet de la fon­da­tion. Et c’est une valeur que j’ai à cœur d’inculquer à mes enfants : on n’est pas là seule­ment pour gag­n­er de l’argent dans l’industrie, on est là aus­si pour aider ceux qui ont besoin de l’être. Nous sommes spé­cial­isés dans trois domaines : la recherche sci­en­tifique, l’éducation et la san­té, d’où la recherche sur le cerveau. Un tel pro­jet rassem­ble des chercheurs en France, en Suisse, au Por­tu­gal, en Israël, qui tra­vail­lent indépen­dam­ment des prob­lèmes poli­tiques », « Audi­tion de M. Patrick Drahi, prési­dent-directeur général d’Altice à l’Assemblée Nationale », 27/05/2015.

« Celui qui taille dans les effec­tifs chez SFR, rogne la fac­ture de ses sous-trai­tants ou qui lésine à pay­er les fac­tures de ses sous-trai­tants devient ain­si le plus généreux dona­teur de l’X ! A une nuance près, ce n’est pas le groupe Altice qui régale, mais Patrick Drahi lui-même à tra­vers sa fon­da­tion Patrick et Lina Drahi, du nom de son épouse. Vis­i­ble­ment moins regar­dant à la dépense pour sa fon­da­tion que pour son entre­prise. » Capital.fr, 26/06/2015.

Financements opérés par la fondation

- une école de musique clas­sique « Keshet Eilon » en Israël situé dans le Kib­boutz d’Eilon (au nord d’Israël) ;

- un don de 3 mil­lions de dol­lar à l’Université Hébraïque de Jérusalem ;

- don accordé au col­lège-lycée fran­co-israélien Mikvé Israël de Holon (ban­lieue sud de Tel-Aviv). En échange de sa con­tri­bu­tion finan­cière (40% du coût total) aux travaux d’agrandissement de la struc­ture, Patrick Drahi demande à ce que le lycée soit rebap­tisé en l’honneur de ses par­ents enseignants ;

- l’École poly­tech­nique en France avec un don de 7 mil­lions d’euros, l’ancien poly­tech­ni­cien devenant le pre­mier mécène privé. Ce don, pour « pou­voir soutenir des pro­jets ciblés » (inter­view de Jean-Bernard Lar­tigue, délégué général de la fon­da­tion Poly­tech­nique au site letudiant.fr) per­me­t­tra de financer le nou­veau bâti­ment « Fibre Entre­pre­neur – Drahi X‑Novation Cen­ter qui ouvri­ra prochaine­ment sur le cam­pus de l’X. (…) avec un espace d’une sur­face totale de 2 500m² con­stituera un espace unique de créa­tion, d’expérimentation et de pro­to­ty­page, d’enseignement, d’incubation et d’accélération. »

- pro­jet Démos de la Phi­lar­monie de Paris, visant à favoris­er l’accès à la musique de jeunes issus des quartiers prioritaires.

Il l’a dit

Dis­cours pronon­cé au dîn­er de l’Université hébraïque de Jérusalem à Paris, le 18 mars dernier : « Depuis que j’ai don­né, je vous le dis comme je le ressens, je ne peux plus m’en pass­er. Don­ner est devenu un besoin (…) La phil­an­thropie, c’est pré­par­er l’avenir. C’est être respon­s­able de la for­ma­tion des mil­lions de jeunes qui pré­par­ent l’avenir. La phil­an­thropie revient en quelque sorte à se met­tre au ser­vice de la civil­i­sa­tion et de la paix. C’est, en réal­ité, agir en bon père de famille », « Patrick Drahi, Prix Sco­pus 2015 », actuj.com, 29/03/2015.

« Si un man­ag­er vient me voir pour me présen­ter un con­sul­tant, je le vire et je garde le con­sul­tant (…) Je fais 100 % con­fi­ance à mes col­lab­o­ra­teurs. Ils n’ont pas la bride au cou, même s’il m’ar­rive de leur télé­phon­er en pleine nuit (…) Le jour où je ne fais plus con­fi­ance qu’à 99 %, je vire », « Patrick Drahi. Il a reçu un accueil de rock star à Wall Street », Ouest-france.fr, 18/09/2015.

« Le mil­liar­daire a assumé vouloir “se faire de l’ar­gent comme tout entre­pre­neur” », ibid.

« Quand tu pars de nulle part, tu dois te sur­pass­er, j’ai frap­pé à toutes les portes, je con­nais tous les ban­quiers de la place, mais je ne vais pas dans les cer­cles, clubs et autres dîn­ers mondains », « Numéri­ca­ble-SFR : Patrick Drahi, un tycoon très dis­cret », lepoint.fr, 09/01/2014.

« Je ne par­lais pas un mot d’hébreu mais j’ai racheté l’opéra­teur Hot en 2009 et je me suis instal­lé dans la foulée à Tel- Aviv. C’est une ville for­mi­da­ble, avec des tours en con­struc­tion, une super ambiance, un dynamisme entre­pre­neur­ial incroy­able », ibid.

« Mais, surtout, j’avais câblé les HLM et j’ai été le pre­mier à met­tre les chaînes arabes sur le câble en France. Jusque-là, il n’y avait que des chaînes comme CNN, la RAI Uno ou ZDF ! », Le Point, jan­vi­er 2014.

« La qual­ité tech­nique sur le réseau SFR n’était plus à la hau­teur. Que fait-on quand un cham­pi­on comme l’OM ou le PSG est rétro­gradé en troisième divi­sion en gar­dant les mêmes joueurs, puisqu’on s’est engagé à main­tenir les emplois ? On n’a pas d’autre choix que de chang­er l’entraîneur et le cap­i­taine de l’équipe. C’est ce que j’ai fait : j’ai changé tout le man­age­ment, et en une semaine. Parce qu’on ne fait pas du neuf avec de l’ancien, on ne gagne pas avec des gens qui depuis trois ans ne gag­nent pas », « Audi­tion de M. Patrick Drahi, prési­dent-directeur général d’Altice à l’Assemblée Nationale », 27/05/2015.

« Nos méth­odes de ges­tion sont dif­férentes de celles des autres, car nous avançons assez vite. Moi, quand je fais une réu­nion, je prends une déci­sion tout de suite, quitte à organ­is­er une deux­ième réu­nion le lende­main si la déci­sion n’est pas bonne. Rien ne sert de tenir des réu­nions à l’issue desquelles la déci­sion est d’organiser une autre réu­nion pour savoir ce qu’on va décider ! Les choses vont donc vite avec moi, mais les gens appré­cient », « Audi­tion de M. Patrick Drahi, prési­dent-directeur général d’Altice à l’Assemblée Nationale », 27/05/2015.

« Je n’ai jamais plan­té per­son­ne de toute ma car­rière », ibid.

« Vais-je par­ticiper aux enchères des fréquences 700 MHz ? Je vais vous faire plaisir : oui, je vais le faire, parce que c’est un devoir nation­al pour moi, parce que je ne peux pas gag­n­er de l’argent sans l’investir dans le sys­tème », ibid.

« Nous faisons les choses, certes, rapi­de­ment et avec ambi­tion, mais de façon con­ser­va­trice. Car, je vous l’ai dit, 63 % de l’entreprise sont dans mes mains et, j’espère un jour, dans celles de mes enfants. Je ne vais pas me lancer dans une crois­sance boulim­ique au risque d’hypothéquer l’avenir de l’entreprise et donc celle de ma famille », ibid.

« Pour autant, l’objectif n’est pas de réduire notre endet­te­ment, mais de faire de la crois­sance. Quand on est focal­isé sur la réduc­tion de son endet­te­ment, c’est qu’on a un prob­lème de crois­sance. Si vous êtes en décrois­sance, votre plus gros prob­lème est votre dette ; si vous êtes en crois­sance, c’est de savoir quelle va être votre prochaine avenue de crois­sance – et non pas com­ment faire pour rem­bours­er votre dette, puisqu’elle se rem­bourse en cinq ans. Si j’arrête mon développe­ment soi-dis­ant boulim­ique, dans cinq ans j’aurai zéro dette. Et alors ? Cela serait idiot car je ne ferais pas de crois­sance pen­dant cinq ans. Mieux vaut faire de la crois­sance en gar­dant le pied près de l’accélérateur et du frein, tout en regar­dant dans le rétro­viseur, c’est-à-dire en con­duisant la voiture », ibid.

« L’euro exis­tera-t-il encore dans dix ans ? On n’en est pas sûr à 100 % ; et moi, je ne veux pas met­tre mes 35 000 col­lab­o­ra­teurs en péril parce qu’on n’aurait plus d’euros en France, au Por­tu­gal ou en Bel­gique. Que se passerait-il sinon ? On serait très mal, toutes les entre­pris­es français­es seraient dans les mains de ceux qui prê­tent l’argent. Or vous savez très bien qui prête l’argent… », ibid.

« La dette n’est pas un prob­lème pour une entre­prise qui croît. Ce sont les groupes en décrois­sance qui se focalisent sur la réduc­tion de l’endettement », Elsa Bem­baron, Patrick Drahi : l’ogre des net­works, 2017.

Sa nébuleuse

Armando Pereira

« Arrivé du Por­tu­gal à 14 ans, sans un sou, cet homme d’affaires auto­di­dacte aux méth­odes rad­i­cales dirige, avec Patrick Drahi, un géant des télé­coms Altice », « Arman­do Pereira : le mys­térieux copi­lote de Numer­i­ca­ble-SFR », Le Parisien, 28/01/2015.

« La 19ème for­tune de France », ibid.

Né en mars 1952 dans une « famille d’agriculteurs à Guil­hofrei, petit vil­lage à l’extrême nord du Por­tu­gal, il quitte l’école à 11 ans et tra­vaille comme plom­bier. A 14, il prend, seul, la route de la France ». Il devient instal­la­teur télé­phonique « pour rac­corder les câbles chez des cen­taines de Lor­rains », puis il crée en 1985, à 33 ans, sa pro­pre société d’installation, Soge­trel, basée à Thaon-Les-Vos­ges, qui devient l’un des prin­ci­paux sous-trai­tants de France Télé­com. Il ren­con­tre Patrick Drahi en 1993, tous les deux « immi­grés, entre­pre­neurs et tra­vailleurs acharnés, ils s’entendent à mer­veille. » Arman­do Pereira revend son entre­prise en 1999 et rejoint son ami Patrick Drahi, en 2002, dans la hold­ing Altice. « Pour 24 000 euros, il acquiert 20 % des parts. Drahi en garde 51 %. Les autres sont détenues par Angélique Benet­ti (9 %), une anci­enne du Con­seil supérieur de l’audiovisuel, aujourd’hui direc­trice des con­tenus chez SFR, et Bruno Moineville (20 %), qui n’exerce plus de fonc­tion chez Altice. » Homme dis­cret et fuyant les médias, Arman­do Pereira « super­vise l’intégration de chaque nou­velle entité, avec une rigueur assumée : “Nous coupons les coûts sur les choses super­flues (…) Nos salariés doivent avoir ce qui leur faut pour tra­vailler, pas plus”, con­fi­ait-il à Saba­do. » N’apparaissant « dans aucun doc­u­ment offi­ciel », il « n’a don­né qu’une inter­view dans sa vie (à l’hebdomadaire por­tu­gais Saba­do) ». Il est nom­mé directeur des opéra­tions d’Altice par Drahi en 2017 et est par­ti­c­ulière­ment impliqué dans la ges­tion de la branche por­tu­gaise du groupe, dont il avait pris la prési­dence en 2015 peu de temps après le rachat. Son pat­ri­moine per­son­nel serait de 3,2 mil­liards d’euros.

Dexter Goei

« Dex­ter Goei, prési­dent d’Altice États-Unis, numéro deux du groupe, a d’abord été l’un des ban­quiers de Patrick Drahi avant de le rejoin­dre en 2009. Il a der­rière lui quinze ans de car­rière dans les télé­coms, du côté des financiers. Bril­lant mais tac­i­turne, il reste une énigme pour ceux qui l’ont côtoyé. Avare de paroles, il se con­tente du « ser­vice min­i­mum » imposé par sa charge lors des ren­con­tres avec les ana­lystes. Ce pur pro­duit de la banque d’affaires a com­mencé sa car­rière dans les rangs de JPMor­gan, puis chez Mor­gan Stan­ley en 1999, deux des plus pres­tigieux étab­lisse­ments du moment. Une fois entré chez Altice, Dex­ter Goei a eu de nom­breuses cas­quettes, notam­ment prési­dent de Hot Mobile. Il a aus­si été directeur non exé­cu­tif de Numer­i­ca­ble-SFR, mem­bre du con­seil d’administration d’Altice Por­tu­gal, de Codi­tel Man­age­ment, Cabo­visao, Win­rea­son, ONITélé­com… Cette liste, non exhaus­tive, en dit long sur le nom­bre de sociétés qui con­stituent le groupe Altice, la hold­ing qui détient désor­mais SFR, deux­ième opéra­teur télé­com français, et Cable­vi­sion, qua­trième câble-opéra­teur aux États-Unis. » (Patrick Drahi : l’ogre des net­works)

Frank Melloul

Frank Mel­loul, né le 2 juil­let 1973 à Fri­bourg (Suisse), pré­side depuis 2013 la chaîne d’in­for­ma­tion inter­na­tionale i24news (il en détient 15 %). Orig­i­naire de Fri­bourg, il a gran­di à Lau­sanne avant d’entamer ses études l’Institut uni­ver­si­taire de hautes études inter­na­tionales de Genève. Ancien con­seiller tech­nique chargé de la presse auprès de Dominique de Villepin, lorsqu’il était min­istre de l’Intérieur et Pre­mier min­istre, ce spé­cial­iste des ques­tions inter­na­tionales a cha­peauté la stratégie de l’Audiovisuel extérieur de la France – regroupant notam­ment France24, RFI, et la TV parte­naire TV5 Monde, avant de briguer — en vain — une investi­ture UMP pour les lég­isla­tives de 2012. Présent au dîn­er du CRIF (Con­seil représen­tatif des insti­tu­tions juives de France) en 2006 (Faits & Doc­u­ments n°212) et 2007 (Faits & Doc­u­ments n°230). Il inau­gure les dîn­ers poli­tiques de l’Union des Patrons et des Pro­fes­sion­nels Juifs de France en novem­bre 2006.

Grégoire Chertok, banquier star chez Rothschild

Fils du célèbre psy­chi­a­tre Léon Cher­tok et d’Odette Gold­mutz, ce ban­quier (né en avril 1966), mar­ié à Élis­a­beth de Cas­tex, père de 4 enfants, est le relais de Patrick Drahi auprès des ban­ques d’investissement. Il est con­join­te­ment depuis 2007 mem­bre du Comité Exé­cu­tif de Roth­schild & Cie et co-chair­man du GIBCC (Group Invest­ment Bank­ing Client Com­mit­tee) depuis 2008. En par­al­lèle de ses activ­ités pro­fes­sion­nelles, Gré­goire Cher­tok est vice-prési­dent de la Fédéra­tion de Paris du Par­ti rad­i­cal val­oisien, dont il est mem­bre du comité exé­cu­tif nation­al, adjoint au maire UMP du 16e arrondisse­ment de Paris depuis 2008, chargé de l’urbanisme et de l’architecture, Gré­goire Cher­tok est depuis 2010 con­seiller région­al d’Île-de-France. Lors des élec­tions munic­i­pales de 2014 à Paris, il est élu con­seiller de Paris. Il par­ticipe au groupe de tra­vail de la Fon­da­tion pour l’innovation poli­tique (Fon­dapol), créé en 2003 comme un think thank de l’UMP (Les Répub­li­cains) (Faits & Doc­u­ments n°164). Gré­goire Cher­tok est le meilleur ami (de longue date) du prési­dent du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé.

Bernard Mourad

Né le 2 octo­bre 1974 au Liban, d’un père libanais chré­tien et d’une mère juive d’origine maro­caine, ancien directeur général de la banque améri­caine Mor­gan Stan­ley, il la quitte en 2015 pour pren­dre la prési­dence d’Altice Media Group. Con­sid­éré comme le bras droit de Patrick Drahi, il le ren­con­tre avec Dex­ter Goeien en 2004 lors du rachat de Noos. Bernard Mourad est un proche du min­istre de l’Économie, Emmanuel Macron et de Stéphane Fouks, intime de Valls, et vice-prési­dent du groupe de con­seil en com­mu­ni­ca­tion Havas. Il est con­seiller spé­cial du can­di­dat Macron lors de la cam­pagne prési­den­tielle et est affec­té à la col­lecte de fonds.

Vincent Bolloré

« Selon la ­ver­sion offi­cielle, Drahi doit sa vic­toire con­tre Bouygues [lors du rachat de SFR en 2014] à l’opiniâtreté de Jean-René Four­tou, 74 ans. Le prési­dent du con­seil de sur­veil­lance de Viven­di aurait con­va­in­cu un à un les admin­is­tra­teurs d’opter pour Numer­i­ca­ble. C’est faire beau­coup d’honneur à ce prére­traité de luxe. En réal­ité, ce choix s’explique surtout par l’intense lob­by­ing d’un mem­bre du board qui ne s’est jamais exprimé publique­ment : Vin­cent Bol­loré, déten­teur de 5% de Viven­di. Con­traire­ment à ce qui s’est écrit, le mil­liar­daire bre­ton ne s’est jamais rabi­boché avec Mar­tin Bouygues, dont il avait ten­té de racheter le groupe en 1997. “Son inim­i­tié pour Mar­tin a bien plus pesé que le sou­tien de Four­tou, nous révèle un admin­is­tra­teur de Viven­di. Même en aug­men­tant encore son offre, Bouygues n’avait pra­tique­ment aucune chance de gag­n­er”, « Les petits secrets de Patrick Drahi, prési­dent de Numer­i­ca­ble », capital.fr, 02/05/2014.

Arthur Dreyfuss

En 2014, Stéphane Fouks (patron de Havas World­wide, numéro un du con­seil aux entre­pris­es en France, ancien com­mu­ni­cant de Dominique Strauss-Kahn), a con­fié le dossier com­mu­ni­ca­tion de son ami Patrick Drahi à Arthur Drey­fuss, « l’un de ses jeunes dis­ci­ples » et directeur con­seil chez Havas Worl­wide (2011–2014). Pour Patrick Drahi, « la mis­sion d’Arthur, c’est de me ren­dre invis­i­ble. » Cet ancien prési­dent de la sec­tion lyon­naise de l’Union des Étu­di­ants Juifs de France (UEJF) lors de son pas­sage à l’université Lyon III (2003–2006) est désor­mais le directeur de la com­mu­ni­ca­tion d’ALTICE, « le ben­jamin de l’équipe qui con­stitue le pre­mier cer­cle » de Patrick Drahi. Arthur Drey­fuss a par ailleurs occupé, de 2006 à 2011, dif­férents postes au sein des min­istères de la Jus­tice (chargé de mis­sion, auprès du porte-parole, cab­i­net du Garde des Sceaux ; porte-parole adjoint), des Affaires étrangères (Chargé de mis­sion presse et com­mu­ni­ca­tion au cab­i­net du min­istre d’État) ou d’Équipement. À l’occasion d’un voy­age au Rwan­da organ­isé par l’UEJF en 2006 et avec la par­tic­i­pa­tion notam­ment de Chris­tiane Taubi­ra (à cette époque députée de Guyane), de Dominique Sopo (prési­dent de SOS Racisme) ou de Richard Prasquier, Arthur Dreyf­fuss revient sur son engage­ment dans l’ouvrage Rwan­da : pour un dia­logue des mémoires, expli­quant qu’en tant que « petit-fils de cette généra­tion de qui a frôlé l’enfer », il porte en lui, « naturelle­ment, la mémoire trau­ma­tique de la Shoah, mais aus­si toutes les mémoires juives vivantes. » Il était présent lors du din­er du CRIF 2010 (Faits & Doc­u­ments n°292).

Jérémie Bonnin

« Jérémie Bon­nin, secré­taire général d’Altice, est le véri­ta­ble « directeur de cab­i­net » de Patrick Drahi. Un vrai fidèle et, comme son patron, un homme de l’ombre. Il a trente et un ans quand il rejoint Altice. Audi­teur chez KPMG, il planche sur le dossier de rachat de trois entre­pris­es du câble (TDF Câble, Numer­i­ca­ble, France Télé­com Câble) aux côtés du fonds d’investissement Cin­ven et de Patrick Drahi. Après un an de mis­sion, Patrick Drahi lui pro­pose de le rejoin­dre. Il accepte. Patrick Drahi se pose en grand frère de Jérémie Bon­nin. Les autres mem­bres du Clan Drahi le décrivent en « fils spir­ituel » de Patrick. Jérémie Bon­nin ne cache pas son admi­ra­tion pour son patron au « charisme fou ». (Patrick Drahi : l’ogre des networks)
« L’autre Français, Jérémie Bon­nin, 41 ans, est établi dans le can­ton de Genève, où il aurait acquis une vaste pro­priété de 13,6 mil­lions d’eu­ros. Sa for­tune ? Entre 92 et 185 mil­lions d’eu­ros. La pub­li­ca­tion suisse présente cet ingénieur infor­ma­tique comme la cheville ouvrière du groupe. Il est par ailleurs prési­dent d’Altice Man­age­ment Europe. » (L’Express)

Jean-Luc Berrebi

« Jean-Luc Berre­bi fait par­tie du pre­mier cer­cle. PDG d’une des entités du groupe aujourd’hui dis­soute, Altice Financ­ing à Lux­em­bourg, directeur financier de l’opérateur israélien Hot Mobile (qui appar­tient lui aus­si à Patrick Drahi) et admin­is­tra­teur du Fam­i­ly Office de Patrick Drahi (entité chargée de gér­er sa for­tune per­son­nelle), il a fini par rejoin­dre son patron en Suisse fin 2015. Il a racheté pour 28 mil­lions de francs suiss­es (env­i­ron 25 mil­lions d’euros) la vil­la voi­sine de celle de Patrick Drahi, au chemin de Ruth, selon le site d’information suisse L’Hebdo. » (Patrick Drahi : l’ogre des net­works). Il est nom­mé directeur financier de la mai­son de ventes aux enchères lon­doni­enne Sotheby’s, après que Drahi en a fait l’acquisition moyen­nant 3,7 mil­liards d’euros en sep­tem­bre 2019.

Ils l’ont dit

Texte révisé de l’allocution pronon­cée par Bernard-Hen­ri Lévy le 18 mars 2015, à l’occasion de la remise à Patrick Drahi du Prix Sco­pus de l’Université Hébraïque de Jérusalem : « Français d’âme et de cœur et ressor­tis­sant suisse, citoyen israélien né à Casablan­ca, Cit­i­zen Drahi rég­nant sur ce ter­ri­toire sans lim­ite ni fron­tière que nous assig­nent les tech­nolo­gies dont vous êtes l’industriel, vous êtes aus­si l’un de ces “Gidi­ens” que l’“idéologie française” réprou­ve depuis un siè­cle mais dont nous avons cru­elle­ment besoin en ces temps de lour­deur indigène et d’étouffement chau­vin – vous êtes l’un de ces citoyens du monde impos­si­bles à assign­er à une “souche”, à enfer­mer dans une appar­te­nance, à épuis­er dans l’un de ces trois “n” (le natal, le nation­al, le naturel) dont j’ai dit, dans un texte récent, com­bi­en ils appau­vris­sent cette human­ité dont vous venez, vous-même, de nous rap­pel­er qu’elle n’exerce encore qu’une très infime par­tie de son infinie capac­ité d’intelligence et de pen­sée – et, pour cela aus­si, je vous salue », « Patrick Drahi, les Juifs et l’argent », crif.org, 14/05/2015.

« et c’est très pré­cisé­ment ce que vient de nous dire Patrick Drahi, tout à l’heure, dans ce film où il ne nous con­fi­ait donc pas grand-chose mais où il dis­ait tout de même qu’il ne se trou­vait jamais assez riche, qu’il trou­vait que ses col­lab­o­ra­teurs ne l’étaient jamais assez non plus et où il con­clu­ait que l’essentiel, pour lui, est tou­jours, non dans ce qu’il est en train de réus­sir, mais dans ce que sa nou­velle “sor­tie” lui per­met d’espérer réus­sir demain, après-demain, ou encore après », ibid.

« À Jérusalem, il fait par­tie des per­son­nes qui comptent. Shi­mon Pérès l’a reçu plusieurs fois », « Patrick Drahi, le sur­doué qu’on n’a pas vu venir », actuj.com, 01/04/2014.

« Cette chaîne privée (…) défendrait un point de vue israélien, et ren­forcerait ain­si l’im­age d’Israël », « Un Fran­co-Israélien planche sur une chaîne d’in­fo con­tin­ue en français sur le Moyen-Ori­ent », Le Figaro, 26/06/2012.

« Patrice Gia­mi, son représen­tant en Israël et vice-prési­dent de Hot : « S’implanter ici [en Israël] était ini­tiale­ment une déci­sion très rationnelle en rap­port avec une oppor­tu­nité indus­trielle. Puis est venu un intérêt, un attache­ment beau­coup plus sen­ti­men­tal pour ce pays, son état d’esprit et le pro­jet qu’il incar­ne… », « Le “labo” israélien de Patrick Drahi », LeMonde.fr, 21/03/2014.

« Il ne par­le guère l’hébreu, a pris la nation­al­ité israéli­enne sur le tard et ne vient à Tel-Aviv que quelques jours par mois. Pour­tant Israël est bien pour Patrick Drahi une terre d’élec­tion », ibid.

« Salle archi-comble, applaud­isse­ments : Wall Street a réservé au mil­liar­daire fran­co-israélien Patrick Drahi, con­sacré mag­nat du câble aux Etats-Unis, un accueil de rock star. Bous­cu­lades et jeux de coudes étaient de mise entre ban­quiers et ana­lystes financiers en vue, qui avaient été con­viés jeu­di par la banque Gold­man Sachs à un grand raout annuel des médias et télé­coms dans un hôtel de luxe du quarti­er des affaires de Man­hat­tan. (…) Son “tri­om­phe” new-yorkais s’est pour­suivi avec des ren­dez-vous indi­vidu­els avec des grands patrons et des gros investis­seurs améri­cains », « Patrick Drahi. Il a reçu un accueil de rock star à Wall Street », Ouest-france.fr, 18/09/2015.

« Il ne fait d’ailleurs pas mys­tère de son sion­isme : c’est lui qui a créé à Tel-Aviv la chaîne d’in­for­ma­tion i24news pour défendre le point de vue israélien en dehors de ses fron­tières », « Patrick Drahi, l’in­sa­tiable mil­liar­daire des télé­coms », tempsreel.nouvelobs.com, 04/04/2014.

Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif

« Il va fal­loir que Mon­sieur Drahi rap­a­trie l’ensem­ble de ses pos­ses­sions et biens à Paris, en France, et donc nous avons des ques­tions fis­cales à lui pos­er », « Le gou­verne­ment met Numer­i­ca­ble sous sur­veil­lance », Europe1.fr, 14/03/2015.

« Et il y a un prob­lème fis­cal puisque Numer­i­ca­ble a une hold­ing au Lux­em­bourg, son entre­prise est cotée à la Bourse d’Am­s­ter­dam, sa par­tic­i­pa­tion per­son­nelle est à Guer­ne­sey dans un par­adis fis­cal de Sa Majesté la Reine d’An­gleterre, et que lui-même est rési­dent suisse », ibid.

« Il joue sys­té­ma­tique­ment le côté affec­tif, témoigne un con­cur­rent. Mais sa vraie force, c’est d’aller vite : il n’attend pas d’avoir un cadre régle­men­taire pro­pre, il passe en force et régu­larise ensuite », « Com­ment Patrick Drahi, le patron de Numer­i­ca­ble, a bâti sa for­tune », challenges.fr, 17/03/2014.

Israël

« D’au­tant que ce Séfa­rade né au Maroc a dévelop­pé avec Israël un lien par­ti­c­uli­er. Il adore Tel-Aviv, où il pos­sède un apparte­ment dans la lux­ueuse tour Roth­schild. », LeMonde.fr, 21/03/2014.

« En quelques années, Patrick Drahi est devenu un secteur essen­tiel de la scène israéli­enne. C’est le pays dans lequel il passe le plus de temps. Pour­tant, la presse locale con­tin­ue de par­ler de lui en dis­ant « le busi­ness­man français », ou plus rarement « le juif maro­cain »… quand les médias français per­sis­tent à le désign­er comme « fran­co-israélien ». Lui aimerait qu’on oublie les nation­al­ités et les reli­gions pour être défi­ni en tant qu’homme, un homme d’affaires. » Elsa Bem­baron, Patrick Drahi : l’ogre des net­works, 2017.

Xavier Niel

« Il peut pass­er trois cents heures à peaufin­er un mon­tage financier. Pas moi. Nous avons des visions très dif­férentes à tous les niveaux. », Xavier Niel, Ibid.

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo Euronext TV via Youtube (DR)

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