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Patrick Le Hyaric

1 mai 2019

Temps de lecture : 23 minutes
Accueil | Portraits | Patrick Le Hyaric
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Patrick Le Hyaric

Temps de lecture : 23 minutes

Un terrien à la tête de l’Huma

Patrick Le Hyaric est né en février 1957 à Orléans, alors que ses parents sont employés agricoles dans la grande Beauce. Ce fils d’agriculteurs bretons du Morbihan commence dans les années 1980 une carrière de journaliste et d’apparatchik communiste au sein des instances du parti et des organes de presse qui en dépendent. Élu au comité central depuis 1990, directeur du journal L’Humanité, ex-organe officiel du parti, depuis 2000, il a été touché de plein fouet par le déclin du communisme français et de son ancrage social.

Perte du mail­lage ter­ri­to­r­i­al et social, autonomi­sa­tion des syn­di­cats qui en dépendaient – la CGT est aujour­d’hui en de maints endroits plus proche de l’ex­trême-gauche révo­lu­tion­naire ou trot­skiste que du PCF – déclin du poids de ses thé­ma­tiques dans la société, dis­pari­tion du pro­jet idéologique que de mul­ti­ples engage­ments soci­aux et asso­ci­at­ifs n’ont pas réus­si à rem­plac­er, toutes ces évo­lu­tions ont été plus subies par les dirigeants du PCF qu’an­ticipées par eux. Homme poli­tique notable – il fait par­tie des per­son­nal­ités fortes du PCF – et notable poli­tique par­mi tant d’autres – il est député européen et directeur de jour­nal, donc aux antipodes de l’électeur moyen du PCF, voici le por­trait d’un homme qui gère la très longue ago­nie de L’Hu­man­ité, sans avoir réus­si à la guérir ou du moins à abréger ses souffrances.

Aujour­d’hui, tout comme en 2000 lorsqu’il a pris la direc­tion du jour­nal, L’Hu­man­ité est lour­de­ment défici­taire, plom­bée par une masse salar­i­ale pléthorique et une organ­i­sa­tion obsolète, et tou­jours très forte­ment dépen­dante du PCF, ce qui nuit à son objec­tiv­ité. Faute d’avoir envis­agé, voire provo­qué un avenir qu’il n’a jamais pu ou su com­pren­dre, il n’a pu que, de son pro­pre aveu en 2014 au micro de France Info « main­tenir en vie le jour­nal ». Il oublie de pré­cis­er qu’il le doit à la générosité des con­tribuables et à la com­plai­sance des gou­verne­ments de droite ou de gauche que L’Hu­man­ité incendie pour­tant à longueur de colonnes.

Formation

Né de par­ents agricul­teurs à Lig­nol (56), après avoir étudié au col­lège de Gué­mené-sur-Scorff, Patrick Le Hyaric est for­mé au méti­er de tech­ni­cien agri­cole dans un lycée agri­cole à Pon­tivy ; il aide ses par­ents à la ferme de 1977 à 1979, tout en étant maître d’internat au lycée de Carhaix (Fin­istère), puis à Pon­tivy (Mor­bi­han). Son frère fini­ra par repren­dre la ferme de ses par­ents alors qu’il embrasse la poli­tique. Ses racines sont ain­si au cœur de cette Bre­tagne intérieure libérée par les maquis com­mu­nistes, non sans divers­es bavures qui ont été passées sous silence pen­dant plus d’un demi-siè­cle, le PCF ayant pris de nom­breuses mairies à la Libéra­tion. La bour­gade de Lig­nol, où son père était déjà mil­i­tant au PC, rassem­blait en 1971, l’an­née où il s’est encar­té au Par­ti, pas moins de trois sections.

Parcours professionnel

Après avoir suivi des cours par cor­re­spon­dance pour devenir jour­nal­iste spé­cial­isé dans les ques­tions agri­coles, Patrick Le Hyaric entre dans les années 1980 à la Terre, jour­nal com­mu­niste cen­tré sur des thé­ma­tiques agraires et des­tiné à l’élec­torat paysan et rur­al du PCF. Il en devient directeur adjoint puis général en 1989.

En 2000, il suc­cède à Pierre Zar­ka comme directeur général de L’Hu­man­ité. La déci­sion est prise au con­seil nation­al de l’au­tomne 2000, où Michel Lau­rent rend un rap­port sur la sit­u­a­tion désas­treuse de L’Hu­man­ité, qui affiche un déficit de 30 mil­lions de francs. Patrick Le Hyaric com­mence par met­tre en œuvre le plan social pré­con­isé par le rap­port – il est annon­cé le 22 décem­bre 2000 et touche un tiers des postes, puis assure une recap­i­tal­i­sa­tion et l’ou­ver­ture, le 19 mai 2001, du cap­i­tal de L’Hu­man­ité aux grands cap­i­tal­istes de Bouygues et de Lagardère Hachette.

Mal­gré un large sou­tien éta­tique – L’Hu­man­ité est large­ment sous per­fu­sion des impôts, à rai­son de 6,8 mil­lions d’€ reçus entre 2009 et 2011, 6 mil­lions d’eu­ros en 2014, encore trois mil­lions d’eu­ros en 2015, le jour­nal reste défici­taire. Et ce, même si l’État lui a effacé en 2013 une dette de 4 mil­lions d’eu­ros cor­re­spon­dant à un prêt accordé en 2002. Un cadeau qui ne serait sans doute pas fait à tous les jour­naux. L’ap­port des impôts et des souscrip­tions auprès des lecteurs – 1 mil­lion d’eu­ros récupérés en 2010, deux en 2015, ne suf­fit tou­jours pas à bouch­er le trou : en 2015, selon Patrick Le Hyaric lui-même, le jour­nal a per­du 50 cen­times d’eu­ros par numéro ! La faute à deux fac­teurs. Pre­mière­ment, un lec­torat qui dimin­ue – 37 000 exem­plaires dif­fusés seule­ment – et qui est âgé ; sur son site, Patrick Le Hyaric en fait l’aveu involon­taire en pub­liant de nom­breux mots accom­pa­g­nant des dons aux jour­naux, et qui éma­nent pour l’essen­tiel de retraités âgés voire très âgés. Ensuite, une masse salar­i­ale pléthorique : 175 per­son­nes début 2016 dont 82 jour­nal­istes, soit trois à qua­tre fois plus que le quo­ti­di­en libéral L’Opin­ion (35 000 exem­plaires en 2015, lui aus­si défici­taire, et ce jusqu’en 2017 au moins) ou le pure play­er Medi­a­part qui a atteint 100 000 abon­nés en 2014. L’éro­sion des abon­nements est aus­si réelle : de 34 700 en 2011 à 27 000 en 2015.

En jan­vi­er 2019, ce qui devait arriv­er arrivé : L’Humanité a été placée sous la pro­tec­tion du tri­bunal de com­merce de Bobigny le 24 jan­vi­er, après une ces­sa­tion de paiements. Un plan de redresse­ment avec une pre­mière péri­ode d’observation de six mois renou­ve­lables a été décidé, jusqu’au 7 août. Une souscrip­tion a été ouverte pour le jour­nal et les salariés – près de 200 dont la moitié de jour­nal­istes – assurés d’être payés via le fonds de garantie des salaires (AGS) ; une attri­tion des effec­tifs a com­mencé au print­emps, puisqu’ils ne sont plus que 175 selon Le Télé­gramme (02/03/2019).

Une cam­pagne visant à recueil­lir 10.000 nou­veaux abon­nements a été lancée. Par ailleurs, Patrick le Hyaric assure que « entre le 7 jan­vi­er et le 8 févri­er, 860.000 euros ont été col­lec­tés. Ceci con­stitue une garantie de tré­sorerie qui va nous per­me­t­tre de pass­er ces semaines à venir de bonne façon ».

Cepen­dant cet appui ne dépasse guère la nébuleuse de l’ancien PCF : « des syn­di­cats notam­ment CGT, des cen­tres de recherche ou insti­tuts, des sec­tions du Par­ti com­mu­niste, des jour­naux, des mutuelles et jour­naux de Mutuelles, des amis proches de L’Humanité », explique encore le Hyaric.

Les ater­moiements de L’Huma vis à vis du PCF sont une des caus­es de ses maux, tout comme l’absence de liens entre la direc­tion et les abon­nés, selon une let­tre ouverte de Hen­ri Fuyet au sujet de l’Humanité en dan­ger, pub­liée sur le site du PCF le 11 févri­er : « A ce sujet, nous affir­mons sou­vent être le meilleur jour­nal de gauche, sinon même le seul… Je ne suis pas sûr que cela cor­re­sponde à l’opinion générale, ni même dans la gauche française ou inter­na­tionale. Habituelle­ment, quand une pub­li­ca­tion va mal, la direc­tion se livre à une aut­o­cri­tique plutôt qu’à une auto-glo­ri­fi­ca­tion. Or, aux assem­blées des lecteurs de l’Huma, ou des Amis de l’Huma, il n’y a pas de place pour la dis­cus­sion sur une amélio­ra­tion du con­tenu de l’Huma qui nous per­me­t­trait d’avoir plus de lecteurs. En fait les lecteurs ne peu­vent même pas com­menter libre­ment les arti­cles, et encore moins pos­er des ques­tions sur la façon dont la “ligne édi­to­ri­ale” de l’Huma est élaborée, et par qui ? ».

Il abor­de un autre prob­lème, à demi-mots – le fait que le jour­nal se soit trop reposé sur les aides d’Etat, au détri­ment d’une ligne idéologique claire et des liens avec ses lecteurs : « J’ai longtemps col­laboré à des quo­ti­di­ens com­mu­nistes aux États-Unis et au Cana­da. Le Dai­ly World, par exem­ple aux USA ne béné­fi­ci­ait évidem­ment pas d’une aide gou­verne­men­tale comme l’Huma en France. Par con­tre les liens entre le Dai­ly World et le PCUSA étaient clairs, et les lecteurs avaient tou­jours l’occasion de dis­cuter du con­tenu du jour­nal etc. Et ces jour­naux sont tou­jours fidèles au poste ».

Patrick Le Hyaric est aus­si vice-prési­dent du syn­di­cat de la presse parisi­enne, devenu syn­di­cat de la presse quo­ti­di­enne nationale en 2006 (SPQN), et fait par­tie des instances dirigeantes de l’as­so­ci­a­tion Presse et Plu­ral­isme. Créée en 2009 dans le sil­lage des états généraux de la presse voulus par Nico­las Sarkozy, elle est présidée par François d’Orcival (Valeurs Actuelles), accueille des représen­tants de tous les syn­di­cats patronaux de la presse et est hébergée dans les locaux du Syn­di­cat de la presse quo­ti­di­enne nationale. L’association est adossée à la Caisse des dépôts et consigna­tions, et per­met aux lecteurs de défis­calis­er 66% de leur don. Un statut déroga­toire qui fait grin­cer des dents mais qui est bien pra­tique pour de nom­breux jour­naux que cette asso­ci­a­tion a aidé, du Monde Diplo­ma­tique à Char­lie Heb­do, qui avant les atten­tats était dans une sit­u­a­tion finan­cière peu reluisante, en pas­sant par… L’Hu­man­ité.

Parcours militant

Con­seiller munic­i­pal à Lori­ent de 1983 à 1989, inté­gré à la com­mis­sion nationale Agri­cul­ture du PCF en 1985 puis col­lab­o­ra­teur d’An­dré Lajoinie, prési­dent du groupe com­mu­niste à l’Assem­blée Nationale de 1985 à 1997, Patrick Le Hyaric est propul­sé vers une car­rière nationale. A l’o­rig­ine, il souhaitait rester en Bre­tagne et le Par­ti lui avait promis que sa col­lab­o­ra­tion auprès d’An­dré Lajoinie ne dur­erait que 18 mois. Il par­ticipe notam­ment à la cam­pagne prési­den­tielle d’An­dré Lajoinie en 1988 et l’as­siste sur les thé­ma­tiques agri­coles, notam­ment liées à la poli­tique agri­cole com­mune (PAC) de l’UE. Il a été dans les années 1980 secré­taire de la sec­tion com­mu­niste de Lori­ent puis secré­taire fédéral du PCF en Morbihan.

Élu au con­seil nation­al depuis 1990, il représente, avec Dominique Grador, une nou­velle généra­tion dirigeante postérieure à l’ère Mar­chais et à l’aligne­ment du PCF sur l’URSS. Mem­bre du Comité Cen­tral du PCF, puis du con­seil nation­al du PCF, il est respon­s­able-adjoint du départe­ment Etudes, pro­jet, développe­ment (1996–1997), puis Vie du Par­ti (1997), mon­di­al­i­sa­tion (2000), et dirige le col­lec­tif agri­cul­ture et rural­ité.

La san­té du PCF se dégrade en même temps que L’Hu­man­ité : selon des chercheurs uni­ver­si­taires, si le par­ti avait encore 520 000 adhérents en 1978 (hors CGT), il n’en a plus que 250 000 au mieux en 1990, 150 000 en 1999 et 140 000 en 2001.

Il est con­seiller munic­i­pal de la Courneuve de 1989 à 2001. Il dirige la liste du PCF aux Européennes dans la cir­con­scrip­tion Grand Ouest en 2004 et réalise un score – his­torique­ment bas – de 4,10%. Après avoir raté son implan­ta­tion près de ses orig­ines bre­tonnes, il se dirige vers l’Ile de France où il est tête de liste Front de Gauche aux Européennes de 2009, réalise un score de 6,5% et est élu député européen. Il est réélu en 2014.

En 2012 Patrick Le Hyaric est can­di­dat pour le PCF dans la 6e cir­con­scrip­tion de Seine-Saint-Denis (Pan­tin-Aubervil­liers), où il fait 17,33% et peut se main­tenir au sec­ond tour ; il se désiste par « dis­ci­pline répub­li­caine » au prof­it du PS, qui fait de même là où les com­mu­nistes sont les mieux placés pour vain­cre face à la droite. Pen­dant cette cam­pagne lég­isla­tive il n’hésite pas, comme de nom­breux com­mu­nistes dans les départe­ments de la ban­lieue parisi­enne, à jouer la carte du com­mu­nau­tarisme en envoy­ant une let­tre aux musul­mans d’Aubervil­liers et de Pan­tin. Dans celle-ci il rap­pelle son refus d’une Europe dont les valeurs seraient seule­ment celles de son his­toire, c’est à dire chré­ti­ennes, son engage­ment pour un Etat pales­tinien, le droit de vote des étrangers et le refus de la stig­ma­ti­sa­tion de l’is­lam. En 2014, il est élu con­seiller munic­i­pal PCF à Aubervil­liers où il habite ; il est délégué à la com­mu­ni­ca­tion. Il a deux enfants ; en 2000 son épouse tra­vail­lait au ser­vice Jeunesse de la mairie (PCF) de la Courneuve.

Il est vice-prési­dent du groupe « la gauche uni­taire européenne / la gauche verte nordique ». Assez act­if puisque présent à 84,35% des votes, il est l’au­teur depuis 2014 de 112 inter­ven­tions orales, 76 ques­tions par­lemen­taires et a signé ou cosigné 114 motions. Mem­bre des com­mis­sions « emploi / affaires sociales » et « lutte con­tre le blanchi­ment », il est sup­pléant à la com­mis­sion « Com­merce inter­na­tion­al », qui s’oc­cupe notam­ment de négoci­er le traité de libre-échange transat­lan­tique avec les Etats-Unis (GMT ou TAFTA). Il fait aus­si par­tie des délé­ga­tions pour les rela­tions avec la Pales­tine et l’U­nion Méditerranéenne.

Ses inter­ven­tions embrassent un large éven­tail de sujets, de la sit­u­a­tion des albi­nos au Malawi (7/7/2016) à la sit­u­a­tion au Bahreïn, en pas­sant par le Traité transat­lan­tique, le vote sur des tax­es divers­es, l’in­té­gra­tion sociale et économique des réfugiés ou encore l’ef­fi­cience énergé­tique. Cepen­dant il inter­vient régulière­ment sur des sujets liés à l’a­gri­cul­ture, par exem­ple quand, avec d’autres députés de son groupe, il inter­pelle en sep­tem­bre 2014 le Con­seil et la Com­mis­sion Européenne sur la volatil­ité des prix dans le secteur de la viande bovine, et la néces­sité de pro­téger les petits pro­duc­teurs, nom­breux sur son ter­roir d’o­rig­ine, en Bretagne.

Elu européen, il est engagé dans la cam­pagne du PCF aux européennes – promis à un score de 1 à 2% par les sondages (avril 2019) – et fait à ce titre au print­emps 2019 de nom­breux déplace­ments en province. Cepen­dant le score insuff­isant promis au PCF risque bien de faire per­dre à Patrick le Hyaric son poste poli­tique qui le fait vivre – avec son jour­nal, cela risque d’être un « dou­ble naufrage » pour lui en 2019.

Collaborations

  • La Terre, jour­nal com­mu­niste dédié aux thé­ma­tiques rurales et paysannes, de 1980 à 1989
  • L’Hu­man­ité et L’Hu­man­ité dimanche, après 1990, pour des édi­to­ri­aux essentiellement
  • son blog où il pub­lie ses com­mu­niqués poli­tiques, mais aus­si sou­vent ses édi­to­ri­aux dans L’Hu­man­ité

Publications

  • Le pacte des rapaces, essai, Édi­tions de L’Humanité, mai 2011
  • L’Eu­rope des peu­ples nous appelle, essai, Édi­tions de L’Humanité, sep­tem­bre 2012
  • Grand marché transat­lan­tique : Drac­u­la con­tre les peu­ples, essai, Édi­tions de L’Hu­man­ité, sep­tem­bre 2013
  • Et nos frères pour­tant, pour une Europe sol­idaire avec les réfugiés, édi­tions de l’Humanité, mars 2018. Selon L’Humanité, c’est «une main ten­due pour con­jur­er le sort réservé aux exilés, migrants et réfugiés, à nos fron­tières et sur les rives du monde. Com­plété par plusieurs doc­u­ments utiles à la lutte pour la dig­nité des exilés, ce petit ouvrage est un appel à faire vivre ce que le mot et le nom d’Humanité ont de plus lumineux. Il veut aider à ouvrir de nou­veaux chemins d’Humanité »

Ce qu’il gagne

Comme député européen : au moins 6 400 euros net d’im­pôts, sans compter l’in­dem­nité de frais généraux (4 320 € par mois), le rem­bourse­ment des frais de voy­age en pre­mière classe (train) ou classe affaires (avion), et l’in­dem­nité jour­nal­ière de 306 € par jour pen­dant les sessions.

Comme con­seiller munic­i­pal d’Aubervil­liers, il ne touche rien car il a renon­cé à son indem­nité de con­seiller munic­i­pal délégué en 2016 ; celle-ci était fixée à 330,73 € bruts en 2014.

Comme directeur général de L’Hu­man­ité, son salaire est incon­nu. Cepen­dant les statuts du PCF oblig­ent les élus PCF à revers­er l’in­té­gral­ité de leurs indem­nités élec­tives au par­ti (arti­cle 15.2 des statuts) : « Indépen­dam­ment de leur coti­sa­tion d’adhérent‑e, elles et ils pren­nent l’engagement de vers­er leurs indem­nités au par­ti ; à l’association nationale de finance­ment pour les par­lemen­taires, aux asso­ci­a­tions départe­men­tales de finance­ment pour les élus ter­ri­to­ri­aux ou locaux. Le Par­ti con­tribue à leur assur­er les moyens néces­saires à l’exercice de leur man­dat, après débat avec les intéressé-e‑s. Si elles ou ils doivent réduire ou sus­pendre leur activ­ité pro­fes­sion­nelle, elles et ils con­ser­vent une indem­nité com­pen­satrice – établie en toute clarté avec les instances con­cernées. »

Sa nébuleuse

Le Par­ti Com­mu­niste, le Front de Gauche, L’Hu­man­ité, le syn­di­cat de la presse quo­ti­di­enne nationale (SPQN).

Il l’a dit

« Je souhait­erais qu’il y ait un vrai débat pub­lic et con­tra­dic­toire sur les enjeux et les con­séquences de l’Eu­rope sur la vie des gens. Mais il n’y en a pas. La droite ne veut pas dis­cuter du vrai bilan de l’Eu­rope. Alors que l’on est en train d’or­gan­is­er une véri­ta­ble machine de guerre con­tre les gens et les droits soci­aux », Le Télé­gramme, 3 juin 2004.

« Nous ne nous plain­drons pas que beau­coup de choses soient dites à pro­pos du 20ème anniver­saire de la destruc­tion du mur de Berlin. […] Son effon­drement est aus­si le résul­tat d’une his­toire tout aus­si dra­ma­tique que préoc­cu­pante : celle de la per­ver­sion d’un bel idéal bap­tisé “com­mu­nisme” ou “social­isme”. La chute du mur qui n’était que l’une des phas­es ter­mi­nales d’un proces­sus entamé des années aupar­a­vant, a accéléré la fin de ce sys­tème nom­mé du mot de “com­mu­nisme” alors qu’il s’agissait de sa car­i­ca­ture le “soviétisme”. Qu’il ait apporté un cer­tain nom­bre de pro­grès soci­aux, des avancées, dans l’accès à la san­té, à l’éducation, au loge­ment, à la cul­ture, à la garantie de l’emploi, est indé­ni­able. […] Une tare pro­fonde, indélé­bile le con­dui­sait inex­orable­ment à sa perte : son refus de recon­naître la démoc­ra­tie et la lib­erté, comme des don­nées humaines, uni­verselles pour tout pro­grès humain, social, cul­turel, a for­tiori lorsqu’on pré­tend con­stru­ire une société faite pour l’émancipation humaine », sur son blog le 6 novem­bre 2009.

« Il est un fait que la dés­in­té­gra­tion du soviétisme n’a pas ren­du le monde meilleur. Au con­traire, il a per­mis un déchaîne­ment sans précé­dent des forces du cap­i­tal dev­enues encore plus agres­sives, anti sociales, anti démoc­ra­tiques, anti humaines. Vingt ans après, la planète n’a jamais été héris­sée d’autant de murs infran­chiss­ables. Mis bout à bout, ils par­courent 18 000 kilo­mètres. Le monde est glob­al­isé. La lib­erté de cir­cu­la­tion des biens et des hommes ne vaut que pour les besoins du grand cap­i­tal. Le mur de l’argent n’a jamais été si haut », ibid.

« C’est parce que je suis très attaché aux valeurs de la République, à la lib­erté et à la laïc­ité, sources de partage, d’épanouissement indi­vidu­el, d’égalité entre les êtres humains, que je lutte con­tre la stig­ma­ti­sa­tion de votre reli­gion et de toute instru­men­tal­i­sa­tion poli­tique autour d’elle. Comme pour toute autre reli­gion recon­nue, vous devez pou­voir pra­ti­quer votre culte dans des lieux décents et dédiés à cette fonc­tion. De même, j’ai refusé les textes européens qui veu­lent absol­u­ment impos­er une con­struc­tion européenne où est unique­ment fait référence aux valeurs chré­ti­ennes. […] Dans la péri­ode nou­velle qui s’ouvre, de grands chantiers de réformes doivent être ouverts pour créer les con­di­tions d’une vie meilleure ensem­ble, pour toutes et tous. Cela appelle de met­tre fin aux scan­daleuses dis­crim­i­na­tions dans le tra­vail et dans la société. De même, rien ne jus­ti­fie de faire une loi sur les vête­ments des assis­tantes mater­nelles qui tra­vail­lent à leur domicile.
L’un des actes indis­pens­ables pour une nou­velle majorité devra être d’accorder enfin le droit de vote aux rési­dentes et rési­dents étrangers
», Let­tre de Patrick Le Hyaric aux musul­mans d’Aubervil­liers et de Pan­tin dans le cadre de sa cam­pagne lég­isla­tive en 2012.

« Je n’étais pas un intel­lo au sens de mes prédécesseurs ! Je n’étais pas un man­ag­er non plus. Mais L’Huma était en sit­u­a­tion de fail­lite économique, et avait per­du son image et son lec­torat, alors…voilà. Et c’est pas­sion­nant, la créa­tiv­ité d’un jour­nal ! J’ai du batailler pour remet­tre le jour­nal à l’équilibre. Avec une souscrip­tion, avec les sup­plé­ments et les aides à la presse, on y est. Mais c’est pas facile de faire bouger les choses, les gens. Des fois les représen­tants syn­di­caux me dis­ent” tu es le Medef”…mais je ne suis pas le Medef ! ». Eurac­tiv, 5 mai 2014

« Nous pou­vons négoci­er un pro­gramme d’actions com­munes. Au Par­lement européen, ca marche, on peut faire des alliances pro­gres­sistes. Je suis un jau­r­ressien, ce qu’il dit c’est qu’il faut aller chercher le bon chemin, tou­jours, et s’y engager. Mais main­tenant l’Europe a adop­té celui de la régres­sion. Ce n’est claire­ment pas la bonne voie », ibid.

Selon Patrick Le Hyaric, la crise que tra­verse actuelle­ment l’Eu­rope pousse à « l’ar­rivée de pop­ulistes de tous bor­ds et d’eu­ro­phobes au Par­lement européen qui n’au­ront pas de majorité mais qui risquent de con­forter au sein de l’hémi­cy­cle un bloc cen­tral qui déplac­erait le cen­tre de grav­ité vers des poli­tiques de moin­dre mal. La frac­ture est ter­ri­ble entre les poli­tiques et les citoyens qui sont ten­tés par ce vote con­tes­tataire sur la base d’une argu­men­ta­tion totale­ment folle: sor­tir de l’Eu­rope pour régler les prob­lèmes, ce qui est un men­songe mon­strueux », Bureau d’in­for­ma­tion du Par­lement Européen, petit-déje­uner de presse avec le député, 16/5/2014.

« Si j’avais été têtu, je n’au­rai pas pu faire ce que je fais depuis 14 ans, c’est à dire main­tenir en vie le jour­nal [L’Hu­man­ité] », France Info, 12 sep­tem­bre 2014.

« Là, est la rai­son de la crise, l’argent qui s’accumule dans les mains de quelques uns quand le tra­vail est de moins en moins rémunéré, le tra­vail est détru­it, jetant chaque mois des dizaines des mil­liers de tra­vailleurs au chô­mage ou dans la pré­car­ité et qu’un mil­lions de nos conci­toyens n’ont plus que les restos du cœur pour sur­vivre. Tant qu’il en sera ain­si l’égalité ne restera qu’un vain mot », sur son blog, le 9 févri­er 2015

« Cette même France qu’on dit patrie des droits humains devrait porter haut le débat et les actions sol­idaires et human­i­taires pour les réfugiés, au lieu de ne leur laiss­er comme seul choix d’être pour­chas­sé ou mourir. On ne peut plus sup­port­er cette Europe égoïste flat­tant des pop­ulismes diviseurs et xéno­phobes. Cette Europe qui, peu à peu, va se cou­vrir de murs et de bar­belés alors qu’elle pré­tend incar­n­er la lib­erté et la sol­i­dar­ité ! », ibid, 5 févri­er 2015

« La [Con­sti­tu­tion Européenne] a plusieurs gros défauts. Elle s’est faite en dehors des gens. Son arti­cle 1–10 prévoit sa pri­mauté sur les lois et con­sti­tu­tions nationales. Elle ne con­stru­it pas une Europe des peu­ples. Elle met en place un sys­tème économique où les salariés, les paysans, etc. seront en con­cur­rence. Les entre­pris­es pour­ront prof­iter des dif­férences de niveau social pour aug­menter leurs prof­its. Elle met en place un sys­tème ultra-libéral qui s’im­pose à tous », L’Hu­man­ité, 12 juin 2015.

« On est en train de nous pré­par­er un autre monde, une civil­i­sa­tion de la jun­gle, une civil­i­sa­tion de brutes. […] Le traité transat­lan­tique c’est le droit des affaires con­tre ceux de la per­son­ne humaine », ibid.

« La com­bi­nai­son de l’abaisse­ment des normes et de la créa­tion d’une jus­tice des affaires va avoir des con­séquences sur nos vies quo­ti­di­ennes, sur notre san­té, sur nos ser­vices publics qui seront mis en con­cur­rence […] et qui risquent d’être pri­vatisés. Vous allez avoir un hôpi­tal pub­lic, vous allez être rem­boursés à 100%, vous ne pour­rez empêch­er qu’une clin­ique privée nord-améri­caine ou japon­aise de s’in­staller, qui vous fera une con­cur­rence pour tuer l’hôpi­tal pub­lic, avec des con­séquences dans cinq ou dix ans sur la qual­ité des soins et sur les prix que vous paierez », ibid.

« La mon­tée des pop­ulismes est la résul­tante du fait que l’Union européenne ne répond pas du tout aux besoins des peu­ples, crée des frac­tures. Je pense qu’il ne faut pas repenser mais révo­lu­tion­ner la con­struc­tion européenne. C’est-à-dire repar­tir sur de nou­velles bases », Le Télé­gramme, 02/03/2019.

« On ne peut pas faire une union européenne tant, par exem­ple, qu’on main­tient des dif­féren­tiels de salaires aus­si impor­tants. On ne peut pas avoir un SMIC à 1 800 € au Lux­em­bourg, 1 200 € chez nous, à peine 700 € chez les Por­tu­gais et 150 € chez les Roumains », ibid.

On a dit à son sujet

« On le dit ” pète-sec “. Sa manière à lui de cacher une timid­ité dépassée ? Son entourage le dit d’une grande gen­til­lesse. Ambiguïté ? Assuré­ment Patrick Le Hyaric est un homme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds lorsqu’il est cer­tain d’avoir rai­son. Une cer­ti­tude qu’il n’a pas la pré­ten­tion de barder à la légère : c’est un bosseur. Le nou­veau directeur de L’Hu­man­ité est un Fran­cilien d’adop­tion : il est bre­ton. Et donc par déf­i­ni­tion, for­cé­ment têtu […] il dit que son plus gros défaut est d’être un pas­sion­né en toute chose », L’Hu­man­ité, dans un arti­cle qui le présente au lende­main de sa nom­i­na­tion comme directeur général du jour­nal, 23 novem­bre 2000.

« L’URSS, le PC sovié­tique, il n’y a jamais vrai­ment cru. Quand il adhère, c’est en réac­tion à la guerre du Viet Nam, alors que la mil­i­tante pour les droits de l’homme Angela Davis est empris­on­née aux États-Unis. Mais ce qu’il aime, c’est la terre. Il opte pour le lycée agri­cole, et tente de rester au plus près de ses par­ents, même si le mil­i­tan­tisme prend rapi­de­ment le dessus, que ce soit à l’armée ou au lycée, et que c’est finale­ment son frère qui repren­dra la ferme de ses par­ents », Eurac­tiv, 5 mai 2014, op. cit.

« À plus court terme, il opte pour le prag­ma­tisme dans son tra­vail de par­lemen­taire, loin des posi­tions rad­i­cales de son allié Jean-Luc Mélen­chon au sein du Front de Gauche, qui rassem­ble Par­ti com­mu­niste et Par­ti de gauche pour les élec­tions européennes », ibid.

« Son directeur actuel, Patrick Le Hyaric, un mil­i­tant de longue date con­tre Israël qui l’a annon­cé dans un arti­cle paru le 10 mars inti­t­ulé ‘L’alerte’ : « Nous vous devons la vérité, l’Humanité est en dan­ger! […] L’Humanité ne tient que grâce à votre sou­tien. Et aujourd’hui, avouons-le, elle ne tient qu’à un fil. » Le jour­nal est actuelle­ment au bord du gouf­fre. Il n’y a aujourd’hui plus d’actionnaires extérieurs dans le cap­i­tal du jour­nal. Par le passé, la caisse d’Epargne et même Bouygues se sont retrou­vés à met­tre de l’argent dans le quo­ti­di­en. Con­traire­ment à d’autres titres de la presse quo­ti­di­enne nationale comme Le Monde, le jour­nal ne peut donc pas compter sur des action­naires puis­sants qui peu­vent met­tre la main à la poche. Le quo­ti­di­en est l’un des plus vio­lents con­tre Israël, Pro Pales­tiniens ne man­quant pas un instant des qu’ils le peu­vent de faire de la dés­in­for­ma­tion grotesque pour faire plaisir à leur élec­torat, dans un paysage médi­a­tique pour­tant déjà encom­bré par les jour­naux hos­tiles à l’État juif », Israël-Actu­al­ités, 26 avril 2016.

« En cas de liq­ui­da­tion judi­ci­aire, le licen­ciement de plus de 200 salariés, dont 170 cartes de presse (rédac­teurs, secré­taires de rédac­tion, pho­tographes) s’imposerait. Et c’est là que le lecteur à l’esprit cri­tique se pose la bonne ques­tion : com­ment expli­quer qu’avec cette armée de jour­nal­istes, le Bre­ton Patrick Le Hyaric, directeur du titre, ne parvient pas à fab­ri­quer un pro­duit intéres­sant […]La cible de lecteurs visée appa­raît tout de suite : des semi – intel­lectuels appar­tenant aux class­es moyennes. Les class­es pop­u­laires ne lisent plus L’Huma », Breizh Info, 11/02/2019

« Certes, on a voulu don­ner au jour­nal une allure mod­erne : beau­coup de blanc, chaque page est éclairée par une ou plusieurs pho­tos et une titraille qui fait « pro » […] Mal­gré une petite pag­i­na­tion (20 ou 24 pages), la rédac­tion – les 170 – abuse de la tech­nique du rem­plis­sage : tables ron­des, tri­bunes, « débats » entre intel­lectuels. Tout ça sent la boite de con­serve et ne per­met pas de pas­sion­ner les lecteurs. Bref, on a l’impression qu’une petite poignée de jour­nal­istes se trou­ve sur le pont chaque jour et pond un unique papi­er, sou­vent court. Lun­di 4 févri­er, on relève 23 sig­na­tures ; mar­di 5, 29 ; mer­cre­di 6, 20. Que font les autres ? », ibid.

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