L’arbitre du ring
Paul Amar est né le 11 janvier 1950 à Constantine (Algérie) de Charles (agent de la SNCF) et Julie Ghenassia. La famille sera rapatriée en 1961 et s’installera dans la région lyonnaise.
Formation universitaire
Il est diplômé du Centre de formation des journalistes (CFJ), promotion 1971.
Parcours professionnel
Paul Amar débute sa carrière en 1971 à France Inter en tant que reporter au service politique étrangère. Deux ans plus tard, il en devient correspondant à Phnom-Penh (1973–1974) puis à Washington (1975–1977).
En 1979, il rejoint le service politique d’Antenne 2 et présente le journal de la nuit l’année suivante.
En 1981, il est promu chef-adjoint du service politique de la chaîne, puis chef de service (1983–1989). Il devient également chroniqueur politique, et anime « Les Dossiers de l’écran » à partir de 1989, en plus du journal du soir et du magazine hebdomadaire de la rédaction.
De 1990 à 1992, il est à la tête du « 19/20 » de France 3 avant de revenir sur France 2 comme présentateur et rédacteur en chef du 20 heures.
Le 1er juin 1994, en pleine campagne pour les élections européennes, Paul Amar anime un débat opposant Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie. Au début de l’émission, il brandit deux paires de gants de boxe qu’il propose aux contradicteurs. Face à la polémique que ce geste suscite, le président de France Télévisions, Jean-Pierre Elkabbach, le contraint à la démission.
Paul Amar passe alors sur Paris Première, chaîne de télévision câblée créée huit ans auparavant, pour y présenter le journal de 20 heures (1994). Il reçoit le 7 d’or du meilleur présentateur de journal télévisé.
L’année suivante, il présente une émission de débat sur TF1 (« Le Monde de Léa ») puis repasse sur France 2 où il anime « D’un monde à l’autre » (1997–1999), une émission dont l’enjeu principal est « d’essayer de comprendre une société qui évolue ».
En 1999, toujours sur France 2, il crée un « magazine de décryptage de l’actualité » en remplacement de « Polémique », qu’il intitule « Dimanche midi, Amar » (DMA).
Parallèlement à son activité sur France 2, il présente sur Paris Première, de 1999 à 2004, une émission hebdomadaire au cours de laquelle il interroge une personnalité pendant 52 minutes (« Recto-Verso »). Il reçoit un deuxième 7 d’or, celui de la meilleure émission du câble et satellite.
En 2001, Paul Amar rejoint France 5 pour y présenter « On aura tout lu ! » puis « Les 109 » (2003–2004). En 2004, il crée un nouveau magazine qu’il intitule du même nom que celui qu’il animait sur France 2 quelques années auparavant : « D’un monde à l’autre ». De 2007 à 2012 enfin, il présente « Revu et corrigé », un magazine d’actualité programmé à la place d’« Arrêt sur Images » de Daniel Schneidermann. A noter que, depuis qu’il est sur France 5, Paul Amar produit désormais ses propres émissions.
Depuis mars 2015, il est directeur de l’information sur la chaîne d’info i24news israélienne, en charge des rédactions française, anglaise et arabe. Le journaliste avait pourtant refusé la première offre formulée par Drahi, avant que ce dernier ne revienne à la charge en lui proposant une mission de trois mois, à l’issue de laquelle il finit par accepter. Avec une équipe réduite, qui s’explique par la volonté de compression des coûts propre à la gestion de l’homme d’affaires franco-israélien, le journaliste vétéran fait bénéficier les jeunes reporters de son expérience tout en jouissant d’une liberté éditoriale conséquente. Mais, à mesure que le groupe Altice croît, Drahi souhaite créer une extension de la chaîne i24 aux États-Unis, afin d’atteindre un public plus large. Paul Amar et Franck Melloul sont chargés de débaucher des reporters anglophones pour la future rédaction. Toutefois, des différends personnels et stratégiques ne tardent pas à éclater entre les deux hommes, alors même que Melloul reproche à Amar de ne pas parler l’anglais. Il finit par quitter la chaîne début 2017, au moment même où la déclinaison américaine de la chaîne prend ses quartiers dans ses bureaux de New York et Washington. Son successeur à la direction de l’information est un anglophone, ancien d’ABC News et d’Al Jazeera, Robert Wheelock.
Parcours militant
Paul Amar a collaboré à la revue juive Passages. Avec Daniel Mesguich, il organise par ailleurs des voyages en Israël pour le compte de cette revue.
Le 21 mai 1989, Paul Amar animait un colloque contre « les faussaires Rassinier, Christophersen, Butz, Faurisson, Roques », organisé par les loges du B’nai B’rith de l’Est. Parmi les orateurs figurait notamment Me Marc Levy, vice-président de la LICRA.
Le 1er juillet 1992, il animait à nouveau des débats lors d’un colloque organisé par la LICRA à l’occasion des 20 ans de la loi de 1972 contre le racisme, sur le thème : « Les journalistes et la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ».
Le 9 février 2009, il anime les rencontres d’un autre colloque de la LICRA sur le thème : « Football professionnel, racisme et engagement citoyen »
Le 16 juin 2003, Paul Amar faisait l’animation du « forum franco-israélien des villes jumelées et de la coopération décentralisée » qui se tenait au palais du Luxembourg, à Paris.
Le 7 novembre 2007, il animait un débat organisée par « la défenseure des droits », Dominique Versini, sur « L’enfant au cœur des nouvelles parentalités : statut des tiers, statut du beau-parent ? »
Le 7 mars 2001, il animait la soirée organisée par la chambre du Commerce et de l’Industrie de Marseille et l’association « Marseille Provence 2013 » sur le thème : « Tous mécènes en 2013 ! »
Le 11 juin 2011, il animait un colloque organisé par Corsica Diaspora sous l’égide de l’UNESCO. Thème : « la diversité culturelle pour le dialogue et pour le développement »
Paul Amar soutient financièrement « La Chance aux concours », une association créée en 2007 « à l’initiative d’un groupe de journalistes fraîchement diplômés du Centre de formation des journalistes (CFJ) » dont le but est d’œuvrer pour la diversité dans les médias.
Paul Amar est membre du conseil stratégique du think tank « Open de la Presse » dont le but est de « réunir en un lieu donné des journalistes de la presse écrite et audiovisuelle, d’éminentes personnalités de divers pays méditerranéen, médiateurs de l’Internet, acteurs de la construction européenne, universitaires, chercheurs et membres de la société civile, de la vie économique, sociale, politique et culturelle ».
Il est en outre déjà intervenu devant l’association « Femmes de demain » de Christine Bruneau et a participé, en 1991, à un court-métrage d’Amnesty international intitulé « Contre l’oubli », avec Emmanuelle Béart et Guy Bedos. Réalisé par Patrick Chéreau, le film compile une série de témoignages consacrés aux prisonniers politiques.
Il est habitué à s’exprimer sur divers sujets dans le cadre de conférences organisées par le campus francophone du Collège Académique de Netanya : « Racisme, antisémitisme, terrorisme… la France sous tensions » (2015), « L’engagement de la famille Rothschild : une morale fondée sur la responsabilité » (2019).
Publications
- Freud à l’Élysée ou les présidentiables dans le divan, Éditions Le pré aux clercs, 1988
- Scènes de la vie de province, Éditions Flammarion, 1992. Prix du meilleur livre politique de l’association socialiste Espage 89.
- Œil de verre, Éditions Flammarion, coll. « Fiction Française », 1994
- Blessures, éditions Tallandier, 2014, 287 p.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Sa nébuleuse
- La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)
- Les Loges du B’naï B’rith
Il l’a dit
« Il y avait trop de divergences avec Frank Melloul, le patron de la chaîne, sur le mode de management, les choix stratégiques… Le versant francophone de la chaîne disparaissait, on m’avait promis des moyens que je n’ai pas eus. J’avais déjà présenté trois fois ma démission en dix-huit mois ! », Le Monde, 17 août 2018.
« Non, je n’étais pas la « voix d’Israël ». Quand Patrick Drahi a créé I24, il l’a tout de suite positionnée comme une chaîne internationale d’informations. Il a ainsi créé trois chaînes en langues française, anglais et arabe. Ce n’est pas rien, imaginez la création d’une chaîne en langue hébraïque dans un pays arabe ! Cela n’existe pas. De mon côté, j’ai été très clair avec Patrick Drahi quand je suis arrivé. Je me suis inscrit dans une logique journalistique en proposant une grille de lecture du conflit israélo-palestinien basée sur les faits, rien que les faits. Donc non, je ne suis pas la voix d’Israël. Netanyahu n’est d’ailleurs jamais venu dans Paris-Jaffa. », Times of Israël, 19 janvier 2018.
« Après les attentats qui ont frappé la France, nous avons pu donner une autre lecture. Expliquer aussi. Avec l’expérience des gens ici, comment expliquer les événements aux enfants, comment vivre avec un niveau de sécurité plus élevé » cité par Elsa Bembaron dans Patrick Drahi : l’ogre des networks, Éd de l’Archipel, 2017.
« Je ressens en effet, depuis plusieurs années, un trouble profond, qui est à l’origine de ce livre, un trouble provoqué par la résurgence de l’antisémitisme, aujourd’hui assassin, par les mots ou par les armes. (…) Le trouble que j’évoque remonte en fait aux années 80, avec l’apparition du FN, les propos de Le Pen et les attaques du journal d’extrême droite Minute. Il s’est accentué aujourd’hui avec les délires de Dieudonné qui influe malheureusement sur une partie de la jeunesse. Je n’ai jamais mis en avant mes «origines» dans ma vie sociale et professionnelle. J’ai, au contraire, défendu des valeurs qui me sont chères: celles républicaines et humanistes. Et voilà que je suis désigné, et d’autres avec moi, par cette hydre à deux têtes. Désigné et stigmatisé. Comment ne pas être choqué ? », « Interview : Paul Amar », Hayom, n°54 hiver 2014.
« Merci de revenir au thème de ce livre [Blessures] qui porte sur l’antisémitisme. Oui, je souhaite porter cette parole républicaine un peu partout en France et dialoguer avec les jeunes, notamment. J’ai commencé à le faire et je mesure l’étendue des dégâts. Le socle démocratique, censé incarner la cohésion du pays, est fissuré et menacé. Il y a donc un travail pédagogique à faire. Il passe par l’École de la République à qui je dois tout, mais aussi, j’ose le terme, à la Télévision de la République », Idem
« Il y a vingt et un ans, lors de mes premiers pas dans ce très beau métier… j’abordais les années 70 avec l’enthousiasme d’un jeune journaliste prêt à couvrir les guerres en Asie du sud-est, l’affaire du Watergate, de la conquête pour le pouvoir en France, les relations difficiles entre le parti communiste et le parti socialiste, entre Giscard et Chirac. Il n’était jamais question de racisme, en tout cas pas dans le cas de mon métier. J’abordais les années 80 avec l’intérêt que pouvait porter un journaliste moins jeune à l’arrivée de la gauche au pouvoir. Allait-elle réussir ? Comment allaient se comporter les communistes ? Que devenait Giscard, etc. ? Du racisme, il n’en était toujours pas question, jusqu’au moment où un certain Jean-Marie Le Pen est apparu ou plutôt réapparu ». Colloque de la LICRA, 1er juillet 1992 pour fêter les 20 ans de la loi de 1972 contre le racisme sur le thème : « Les journalistes et la lutte contre le racisme et l’antisémitisme »
« Je veux bien être, comme journaliste, le spectateur des années qui passent pour en rendre compte de la manière la plus fidèle qui soit, la plus honnête qui soit, mais lorsqu’il s’agit de réhabiliter les années passées, années de haine, d’intolérance et de racisme, je choisis d’être un “spectateur engagé” pour reprendre le mot de Raymond Aron ». Ibid.
« Je suis le seul présentateur à ne pas avoir invité une seule fois Le Pen sur mon plateau en deux ans et demi ». VSD — 25 juin 1992
S’adressant à Robert Ménard : « Ne défendez pas une liberté d’expression qui n’est pas menacée en France (…) J’ai l’impression qu’il y a un mal-être en vous, que vous n’êtes jamais apaisé. » France 5, « Revu et corrigé » — 24 avril 2011
Relations houleuses avec Jean-Pierre Elkabbach
« Non, j’ai été licencié après un entretien tendu avec Jean-Pierre Elkabbach. Nous étions le 4 juillet 1994 au matin. Il me demande alors de soutenir ouvertement le Premier Ministre de l’époque, Édouard Balladur. Je lui réponds que j’entends rester neutre à l’égard de tous les candidats à la présidentielle. Et là, j’ai droit à un tonitruant :“je te vire”», « Interview : Paul Amar », Hayom, n°54 hiver 2014.
« Jean-Pierre Elkabbach voulait me virer parce que je n’étais pas d’accord avec lui, qui était aux ordres du pouvoir. Il trouvait que j’avais trop de place dans cette rédaction. Il n’est pas le seul, mais il est l’un des journalistes politiques à avoir le plus souvent invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Et notre différend sur le traitement de l’extrême droite est révélateur », Idem.
Ils l’ont dit
Jean-Pierre Elkabbach : « Je n’ai rien à faire de tes scrupules… de juif !», « Interview : Paul Amar », Hayom, n°54 hiver 2014.
Daniel Schneidermann : « Je voudrais prévenir tout de suite les confrères des rubriques télé des journaux qui pourraient avoir l’idée de m’appeler pour me demander ce que je pense de Paul Amar : vous pouvez économiser du forfait, je ne pense rien de Paul Amar. Je me souviens seulement d’une chose. Il y a quelques années, France 5 a confié à Paul Amar une émission qui s’appelait « On aura tout lu ». Son but était de faire la même chose qu’« Arrêt sur images », de la critique de medias, mais sur la presse écrite. C’était présenté dans une sorte de restaurant, avec des verres de menthe ou de grenadine devant les invités, convivial, et tout et tout. L’émission s’est arrêtée après un an (peut-être deux, mes souvenirs me trahissent). Pourquoi ? Parce que Paul Amar n’avait pas compris la différence entre parler des médias, et parler de l’actualité (pardon d’y revenir encore, mais je fais de la pédagogie). (…) Au bout d’un an (ou deux ?), quand France 5 a donc décidé de ne pas reprogrammer l’émission, personne ne s’en est donc aperçu. Une grenadine de plus ou de moins dans la tournée de la télé, qui s’en aperçoit ? Et Paul est reparti faire ce qu’il fait très bien. Demander à Sheila ce qu’elle pense de la rumeur selon laquelle elle est un homme… (…) On voit donc que Paul Amar semble le capitaine tout désigné pour tenir le cap de l’éducation aux médias. Mais pas de procès d’intention. » (source)
Robert Ménard : « On peut changer le peuple, aussi, Paul Amar, si vous voulez » France 5, « Revu et corrigé » — 18 septembre 2011
Photo : © Revu et Corrigé, France 5