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Pierre Mathiot

15 décembre 2021

Temps de lecture : 21 minutes
Accueil | Portraits | Pierre Mathiot
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Pierre Mathiot

Temps de lecture : 21 minutes

Diversitaire façon Sciences Po Lille

« J’ai dit à mes enfants : peut-être que le bac, on va l’appeler le Math­iot.» La Voix du Nord, févri­er 2018.

Deux qualités caractérisent Pierre Mathiot : son instinct de revanche et son orgueil, typique des boursiers de la République, qui l’opposent au cénacle germanopratin présidant aux destinées de la France, et son amour immodéré pour les immigrés, auxquels il s’efforce de tendre le marchepied dont il a lui-même bénéficié.

Cette dilec­tion s’explique par des fac­teurs géo­graphiques et hérédi­taires : il grandit dans le pays de Mont­béliard, haut lieu d’une pré­coce immi­gra­tion maghrébine, mêlant d’une part les démo­bil­isés de l’armée de Libéra­tion et d’autre part, la main d’œuvre indus­trielle par­tie assem­bler des voitures Peu­geot (le pays de Mont­béliard était notam­ment le fief his­torique du MNA de Mes­sali Hadj au moment de la guerre d’Algérie). Son père tra­vail­lait dans un foy­er de tra­vailleurs immi­grés majori­taire­ment algériens, un pays qu’il con­nais­sait bien pour y avoir effec­tué son ser­vice mil­i­taire. Mais si son père accom­pa­g­nait les immi­grés dans leur inté­gra­tion, le fils, lui, entend pass­er à la vitesse supérieure : il s’agit de les faire accéder aux postes à respon­s­abil­ité pour gou­vern­er ce pays con­ser­va­teur et xéno­phobe qui accueil­lit généreuse­ment leurs grands-par­ents. C’est à la lumière de cette geste famil­iale que la croisade de Pierre Math­iot, dont le plus haut fait reste la mise en d’un pro­gramme d’études inté­grées à Sci­ences Po Lille, prend tout son sens. Comme tout bon arti­san franc-com­tois, il s’agit de repren­dre le méti­er de son père et de ne pas ménag­er ses efforts.

Comme le peu­ple français est plus sus­cep­ti­ble d’accepter des réformes appro­fondies lorsqu’elles éma­nent d’hommes appar­tenant au camp du bien (le tour­nant de la rigueur en étant la plus par­faite illus­tra­tion), il est tout désigné pour servir de cau­tion de gauche à son ancien con­frère à l’IEP de Lille, Jean-Michel Blan­quer, afin de réformer le cœur du mam­mouth grais­seux : le lycée général et le bac­calau­réat. Il faut dire que Blan­quer partage lui aus­si cette foi indé­fectible en l’avènement des élites divers­es et s’ingénie à favoris­er son développe­ment, par­fois au détri­ment des régions rurales comme l’expliquait de façon limpi­de Claude Meu­nier-Berth­elot dans Polémia en 2017. S’il était écrit que Blan­quer serait le Jules Fer­ry de la start-up nation mul­ti­col­ore, Math­iot se devait d’en être le Fer­di­nand Buisson.

Formation

Le jeune Math­iot com­plète son enseigne­ment sec­ondaire au col­lège Les Bruyères, puis au lycée Armand Peu­geot de Valentigney, où il obtient son bac A1 au for­ceps avec une moyenne com­binée de 10’5/20. Le natif de Mont­béliard, qui avait pen­sé opter pour un bac pro cui­sine après avoir redou­blé sa troisième, est accep­té en classe pré­para­toire lit­téraire au lycée Pas­teur de Besançon, à l’issue de laque­lle, bis repeti­ta, il est admis de justesse au con­cours de l’IEP de Paris (99’5 points alors que le seuil était établi à 100) qu’il avait pré­paré en « emprun­tant des livres à la bib­lio­thèque de son vil­lage ». C’est dans cette école qu’il accom­pli­ra l’ensemble de son cur­sus hon­o­rum uni­ver­si­taire, du diplôme (1989) au doc­tor­at (1996) et à l’agrégation de sci­ences poli­tiques en 1999, où il arrive deux­ième. Son mémoire de maîtrise (1990) est con­sacré à l’étude sociopoli­tique de la grève menée par les ouvri­ers de l’usine Peu­geot de Sochaux entre sep­tem­bre et octo­bre 1989. Sa thèse, qu’il sou­tient en 1996, porte l’intitulé suiv­ant : “Acteurs et poli­tiques de l’emploi dans la France des années qua­tre-vingts. Con­tri­bu­tion à l’analyse soci­ologique des proces­sus de déci­sion publique”.

Parcours professionnel

Doc­tor­ant, il com­mence sa car­rière à l’IEP parisien en tant que maître de con­férences. Après un bref pas­sage à l’u­ni­ver­sité de Sofia en 1992, il intè­gre l’u­ni­ver­sité de Lille en tant que chargé de cours.

De 1994 à 1998, il est maître de con­férences à Sci­ences Po Lille. Chercheur au CERAPS depuis 1995 (Cen­tre d’é­tudes et de recherch­es admin­is­tra­tives poli­tiques et sociales), un lab­o­ra­toire du CNRS affil­ié à l’université Lille 2, il devient pro­fesseur au sein du même étab­lisse­ment en 1999. Pierre Math­iot est mem­bre du jury du con­cours d’entrée à l’ESJ Lille (École supérieure de jour­nal­isme de Lille) depuis 2003. Il est égale­ment, depuis 2008, expert “poli­tique des étab­lisse­ments” auprès de l’Aeres, devenu le HCERES (Haut con­seil de l’é­val­u­a­tion de la recherche et de l’en­seigne­ment supérieur).

Après y avoir dis­pen­sé des cours de sci­ences poli­tique pen­dant huit ans, Pierre Math­iot est élu à la tête de Sci­ences po Lille en 2007 et est réélu pour un nou­veau man­dat en 2012. Il forge dès le début de sa prési­dence des pro­grammes d’études inté­grées per­me­t­tant aux élèves orig­i­naires des ban­lieues immi­grés de pré­par­er le con­cours de Sci­ences-Po dans des con­di­tions opti­males. En dépit de la lourde charge de tra­vail admin­is­tra­tive que représente cette tâche, il tient à con­tin­uer à don­ner des cours dans l’IEP lil­lois depuis 2008. Toute­fois, il fut can­di­dat mal­heureux à la suc­ces­sion de Richard Desco­ings à la tête de Sci­ences Po Paris et jus­ti­fie son échec par ses orig­ines provin­ciales, qu’il estime être un frein à son évo­lu­tion dans le micro­cosme parisien. Il démis­sionne peu avant le terme de son sec­ond man­dat en 2015.

Par ailleurs, il occupe égale­ment les fonc­tions de Vice-prési­dent de la com­mu­nauté d’u­ni­ver­sités et étab­lisse­ments ULNF (Uni­ver­sité Lille-Nord-de-France) depuis juil­let 2011 et a été briève­ment vice-prési­dent aux études et à la vie uni­ver­si­taire (Cevu) de mars 2004 à décem­bre 2006. Il est spé­cial­isé dans les ques­tions de déci­sions publiques et de l’analyse des poli­tiques publiques.

À l’issue de son pre­mier man­dat à Sci­ences Po, Math­iot ne tarde pas à être dépêché par le gou­verne­ment social­iste. Il devient donc délégué min­istériel aux par­cours d’excellence, un dis­posi­tif dédié aux élèves défa­vorisés des col­lèges d’é­d­u­ca­tion pri­or­i­taire, de jan­vi­er 2016 à juin 2017, auprès de Najat-Val­laud Belka­cem alors min­istre de l’É­d­u­ca­tion nationale. Le suc­cesseur de Belka­cem, Jean-Michel Blan­quer, le charge dès sa prise de fonc­tion d’une mis­sion sur la réforme du lycée et du bac­calau­réat. Son rôle est offi­cial­isé le 30 octo­bre 2017 à l’occasion de l’annonce du Plan étu­di­ants. L’universitaire lui remet le 24 jan­vi­er 2018 le rap­port qu’il a coor­don­né, inti­t­ulé « Un nou­veau bac­calau­réat pour con­stru­ire le lycée des pos­si­bles ». Ce rap­port sera la feuille de route de la réforme du lycée et du bac­calau­réat, réforme qui entre en appli­ca­tion lors de l’année sco­laire 2020–2021.

Le Covid venant boule­vers­er la tenue du bac­calau­réat pen­dant deux années con­séc­u­tives, Pierre Math­iot est tenu de revoir ses plans. Son grand œuvre est cham­boulé avant même d’avoir pu voir le jour. En tant que copi­lote du comité de suivi du bac, il pré­conise d’abandonner pro­gres­sive­ment les épreuves com­munes au prof­it du con­trôle con­tinu, une mesure qui irrite la gauche répub­li­caine pour qui l’égalité, mieux garantie par l’examen, est une valeur car­di­nale. Qua­tre ans après son départ, son suc­cesseur à Lille et ancien col­lègue, Benoît Lengaigne, doit subir les assauts du syn­di­cat étu­di­ant Sud Sol­idaires (le même qui exig­era la prompte dépro­gram­ma­tion de Leje­une quelques années plus tard) et affron­ter des soucis de san­té qui met­tent en péril sa légitim­ité. Lengaigne annonce sa démis­sion anticipée et Math­iot, qui était demeuré tout du long son con­seiller spé­cial offi­cieux, est alors réélu con­fort­able­ment à la tête de Sci­ences Po Lille en 2019.

Le 30 avril 2021, le tri­bunal admin­is­tratif de Lille décide d’annuler le recrute­ment d’un maître de con­férences aval­isé en 2018. La rai­son : Pierre Math­iot, à l’époque con­seiller du directeur de l’établissement, aurait fait pres­sion sur le comité de sélec­tion afin que celui-ci jette leur dévolu sur « son » can­di­dat. Il faut dire que Math­iot avait été par le passé prési­dent du jury de thèse de ce can­di­dat, ce qui n’a pu que ren­forcer les soupçons des lais­sés pour compte. Ce n’est pas le seul souci dont le directeur doit se dépêtr­er. En effet, le syn­di­cat Sud-Sol­idaires ne le juge pas assez ferme dans sa réac­tion aux agres­sions sex­uelles com­mis par des étu­di­ants de l’IEP, alors même que la vague #Sci­ence­s­Porcs a ampli­fié l’écho de ses témoignages d’étudiantes qui déplorent des agisse­ments sex­istes lors des soirées étu­di­antes et des com­péti­tions sportives. Der­rière ces témoignages se pro­file la revanche du camp uni­ver­si­taire “woke” envers le mâle blanc de plus de 50 ans. Math­iot sem­ble en être lui-même très con­scient : « Je pense que con­cer­nant cette organ­i­sa­tion syn­di­cale, il y a une logique de com­bat con­tre nous et une logique du piège ».

Parcours militant

Math­iot affirme avoir été affil­ié à l’UNEF tout en étant mem­bre du club des Rocar­di­ens (con­nu sous le nom du club Opin­ions) lors de ses études à Sci­ences Po et appar­tient à cette fameuse généra­tion 86 décrite par Ari­ane Chemin. Par­mi les mem­bres de ce club, on comp­tait notam­ment Jean-Noël Tronc, le directeur de la SACEM, Emmanuel Moulin, directeur de cab­i­net du Min­istre de l’Economie Bruno Le Maire, le secré­taire général de l’Elysée Alex­is Kohler et surtout Edouard Philippe. Il n’a jamais fait mys­tère de son engage­ment à gauche et le man­i­festera publique­ment à de nom­breuses repris­es, comme lorsqu’il sou­tient Mar­tine Aubry lors de la pri­maire du Par­ti social­iste en 2011. Devant l’imminence de ce qu’il perçoit comme un péril fas­ciste lors des élec­tions régionales de 2015, Math­iot lance un appel à l’union des gauch­es afin de faire bar­rage à Marine Le Pen qui a réu­ni 40,6% au pre­mier tour. Le report de voix per­me­t­tra à Xavier Bertrand d’être élu au sec­ond tour. Dans la foulée, il con­tribue à fonder en 2016 aux côtés de Christophe Iti­er le col­lec­tif reGén­er­a­tions, dont l’objectif affiché est de rénover les pra­tiques poli­tiques en plaidant pour un décloi­son­nement du monde poli­tique : les propo­si­tions du col­lec­tif com­pren­nent, entre autres, l’arrêt du cumul des man­dats et la sup­pres­sion de l’enveloppe par­lemen­taire. Sen­tant le vent tourn­er, comme nom­bre d’universitaires qui voit en Macron leur messie inespéré, il se rap­proche de LREM, au point d’être intro­n­isé tête de liste de la région Hauts-de-France aux élec­tions séna­to­ri­ales 2017. Il se rétracte finale­ment en invo­quant des « raisons per­son­nelles » tout en indi­quant vouloir con­tribuer au suc­cès de la liste dans le Nord.

Con­cer­nant les thé­ma­tiques plus socié­tales chères à la gauche, il suf­fit de pré­cis­er que Pierre Math­iot est mem­bre du Con­seil nation­al du sida et des hépatites virales (CNS) et qu’il a été en 2019 le par­rain d’une récolte mil­i­tante de tam­pons, inti­t­ulée Et pen­dant ce temps-là le Tam­pax visant à faire recon­naître le droit impre­scriptible des femmes à béné­fici­er d’une pro­tec­tion hygiénique rem­boursée par la Sécu­rité Sociale.

Pierre Math­iot, dans la foulée de Yann Barthès et de Sleep­ing Giants, trou­ve une bonne occa­sion de s’attaquer à Valeurs Actuelles au début de l’année 2020. Exci­pant d’une con­damna­tion judi­ci­aire datant de 2013, il affirme que la ligne poli­tique représen­tée par Valeurs Actuelles n’a pas droit de cité dans son étab­lisse­ment et cen­sure le débat qui devait avoir lieux entre les deux inter­locu­teurs, Geof­froy Leje­une, directeur de la rédac­tion de Valeurs et l’avocat Charles Con­signy, ancien chroniqueur chez ONPC. Le jour­nal ne tarde pas à met­tre en lumière ses accoin­tances avec les islamis­es de la région lil­loise et sa con­cep­tion à géométrie vari­able du débat démoc­ra­tique. Le directeur ne tarde pas à recevoir des men­aces de mort anonymes et décide de porter plainte con­tre X une semaine après l’annulation précipitée.

Vie privée

Pierre Math­iot est veuf et père de qua­tre enfants : Cécile, Léa, Flavie et Valentin. Il réside à Ronchin, ban­lieue social­iste du sud de Lille et fief indéboulonnable du social­isme munic­i­pal inhérent à cette région. Fidèle à ses con­vic­tions, il a tenu à sco­laris­er ses enfants dans la ZEP de son secteur et aucun d’entre eux n’a opté pour une fil­ière sélec­tive après le bac, leur préférant les rangs de l’Université, ce qui l’emplit de fierté. Sa femme, Elis­a­beth Mas­set, nor­mali­enne et agrégée d’anglais, maîtresse de con­férence à l’université Lille 3, a suc­com­bé à un can­cer en 2017.

Il a un frère aîné et une sœur cadette, cette dernière enseigne l’histoire géo­gra­phie dans un col­lège de Franche-Comté.

Publications

  • Acteurs et poli­tiques de l’emploi en France (1981–1993), Paris, L’Har­mat­tan, coll.« Logiques Poli­tiques », 2001, 350 p.

Ce qu’il gagne

Le salaire annuel de directeur d’un IEP de région est com­pris dans une fourchette qui va de 37.000 € à 73 000 € selon le grade de pro­fesseur, somme à laque­lle on ajoute une prime d’administration men­su­elle de 700 €. Math­iot déplore la dif­férence de traite­ment entre les IEP de province et la parisi­enne (Frédéric Mion toucherait jusqu’à 200 000 € par an) et affirme qu’il gag­n­erait beau­coup plus dans le privé, « mais en faisant des choses qui ne cor­re­spon­dent pas à mes valeurs. » Sur son CV, il est pré­cisé qu’il est pro­fesseur de 2ème classe : il paraît donc raisonnable d’estimer qu’il perçoit un salaire annuel s’élevant à 4.500 euros par mois.

Sa nébuleuse

Amar Las­far, prési­dent de l’association Musul­mans de France, recteur de la mosquée de Lille-sud et directeur du lycée privé musul­man Aver­roès, qui a con­vié trois fois Pierre Math­iot aux Ren­con­tres Annuelles des Musul­mans du Nord, réplique nordiste des plus médi­a­tiques Ren­con­tres du Bour­get. Selon Valeurs Actuelles, « Le poli­to­logue s’est en effet ren­du trois fois au salon de l’UOIF, spon­sorisé par le Comité de bien­fai­sance et de sec­ours aux Pales­tiniens, con­sid­éré comme « entité ter­ror­iste » par les États-Unis, et où défi­lent depuis des années des prédi­ca­teurs rad­i­caux comme Tariq et Hani Ramadan, le VRP du Qatar et apol­o­giste des ter­ror­istes du Hamas Nabil Ennas­ri, l’imam de Bor­deaux Tareq Oubrou, l’ex-directeur du CCIF Mar­wan Muham­mad, des cheikhs saou­di­ens et égyp­tiens ou Has­san Iquioussen, prêcheur anti­sémite, pour qui les juifs sont « au top de la trahi­son et de la félonie », les atten­tats sont de « faux prob­lèmes » et « les traîtres » à l’is­lam méri­tent « 12 balles dans la tête ». Sur Face­book, Pierre Math­iot « aime » d’ailleurs le fils aîné de ce dernier, Soufi­ane Iquioussen, activiste islamiste comme son père. »

Mar­tine Aubry, maire de Lille, qui fût la mar­raine d’une des pre­mières pro­mo­tions des pro­grammes d’études inté­grées (PEI) mis en place par Math­iot dès sa prise de fonc­tions. Elle donne son accord pour le démé­nage­ment de Sci­ences Po Lille, piloté par Math­iot, dans les anciens locaux de Lille 3 situé dans le centre-ville.

Jean-Michel Blan­quer, qu’il a con­nu comme pro­fesseur de droit pub­lic à l’université de Lille, agrégé comme lui « à l’époque où il avait des cheveux. »

Gérald Dar­manin, min­istre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron, qui a été étu­di­ant à l’IEP de Lille entre 2002 et 2007. Selon Medi­a­part, Math­iot lui donne régulière­ment des con­seils depuis 2007. « Quand il a eu son diplôme, je lui ai dit que, sil voulait pass­er lENA pour faire de la poli­tique, il valait mieux aller directe­ment en poli­tique, parce quil allait rater lENA ! ». Dar­manin fait d’ailleurs par­tie du con­seil d’administration qui investit Pierre Math­iot en 2019. Selon San­drine Rousseau, can­di­date mal­heureuse à l’investiture cette année-là, l’accuse d’avoir fait active­ment cam­pagne con­tre elle : « M. Dar­manin a appelé des gens pour les inciter à vot­er con­tre moi. »

Ari­ane Azé­ma, inspec­trice générale de l’Education Nationale, avec qui il cosigne un rap­port com­mandé par Blan­quer sur por­tant sur l’évolution de la poli­tique d’éducation pri­or­i­taire et la jus­tice sociale.

Patrick Gold­stein, chef des urgences du Cen­tre Hos­pi­tal­ier de Lille et notable social­iste lil­lois, un ami très proche qui s’est très vite impliqué dans le col­lec­tif reGénéra­tions au moment de sa création.

Christophe Iti­er, mil­i­tant social­iste qui a com­mencé sa car­rière admin­is­tra­tive dans la ville de Ronchin, directeur de la Sauve­g­arde, une asso­ci­a­tion lil­loise de pro­tec­tion de l’enfance pen­dant sept ans de 2010 à 2017. Il s’associe avec Math­iot pour créer reGénéra­tions et celui-ci lui rend la pareille en lui appor­tant son sou­tien lorsqu’il se présente aux lég­isla­tives 2017 dans la 1e cir­con­scrip­tion de Lille sous l’étiquette En Marche. S’ensuit une défaite élec­torale et, à la faveur d’une nom­i­na­tion prési­den­tielle, il est intro­n­isé haut-com­mis­saire à l’Economie sociale et sol­idaire et à l’Innovation sociale auprès du min­istre d’É­tat, min­istre de la Tran­si­tion écologique et solidaire

Il l’a dit

« On ne favorise pas la cul­ture du viol. On fait des choses mais elles savèrent insuff­isantes ou inadap­tées. Jai limpres­sion d’être un directeur plutôt acces­si­ble, disponible pour les étu­di­antes et les étu­di­ants, mais jai per­du de vue que je suis quand même le directeur, un homme, que jai plus de 50 ans et que je ne suis pas néces­saire­ment la per­son­ne vers laque­lle ils ont lidée de se tourn­er », Libéra­tion, 10/02/2021.

« Il est des moments où il est plus néces­saire que d’habi­tude de pren­dre ses respon­s­abil­ités et de sor­tir du con­fort de la neu­tral­ité appar­ente. Je m’ef­force dans mon tra­vail “d’u­ni­ver­si­taire vul­gar­isa­teur” d’analyser les enjeux élec­toraux de la façon la plus neu­tre et dis­tan­ciée pos­si­ble. Dans ce rôle, je n’ai eu de cesse depuis des mois voire des années d’alert­er sur la mon­tée en puis­sance du FN. […] Depuis le dépôt des listes, nous n’avons eu de cesse d’ap­pel­er à vot­er et à faire bar­rage au Front Nation­al, sans grand suc­cès à ce stade si l’on en croit les sondages d’in­ten­tions de vote […]. Je n’ai jamais caché mon attache­ment vis­céral et indé­fectible aux valeurs his­toriques de la gauche… », Valeurs Actuelles, 21 jan­vi­er 2020.

« Les jour­nal­istes ont dis­paru, MLP (Marine Le Pen)est effrayante de nul­lité et d’a­gres­siv­ité et franche­ment EM (Emmanuel Macron) est bon au moins parce qu’il est d’un calme absolu […]. Elle m’hor­rip­ile, j’ai un mal physique à la regarder ! […] Bon je pense qu’elle est méchante, conne, qu’elle ne bosse pas et lit des punch­lines. C’est une sorte de bécas­sine hargneuse. Le jeune can­di­dat est telle­ment meilleur et telle­ment civ­il. Bon en même temps je ne suis pas représen­tatif !! », Ibid,.

« Il faut que les uni­ver­sités acceptent la com­péti­tion, et acceptent de con­sid­ér­er que l’excellence n’est pas un gros mot. Si les uni­ver­sités ne s’adaptent pas à cette cul­ture, l’année prochaine, le pour­cent­age de vœux Par­cour­sup pour les fil­ières sélec­tives sera encore plus impor­tant. Il faut que les uni­ver­sités s’interrogent sérieuse­ment sur leur perte objec­tive d’attractivité et je ne pense pas que cela soit unique­ment lié à un prob­lème de moyens budgé­taires. », Émile, 5 juil­let 2018.

« Je voulais être pro­fesseur d’histoire. J’ai gran­di dans une famille d’anciens résis­tants, et j’ai été social­isé aux dis­cus­sions sur la guerre, la République… Je me suis alors intéressé à cette péri­ode de manière folle. Je lisais des livres que per­son­ne ne lisait sur la guerre, le fas­cisme. Et j’ai fait Sci­ences po dans ce but-là, même si j’envisageais au départ une licence d’histoire. », L’Étudiant, 9 mars 2018

« Dans le cadre d’une ten­ta­tive com­pliquée de con­struc­tion d’un islam de France, l’UOIF est un acteur incon­tourn­able. Ça ne veut pas dire que j’ad­hère à leurs idées. […] J’en suis ressor­ti sat­is­fait, je n’avais pas été cen­suré.” “Je par­ticipe à con­di­tion de savoir avec qui et sur quoi. Il m’est donc déjà arrivé de par­ticiper mais aus­si de ne pas par­ticiper. […] Mais il y a une hypocrisie là-dedans. Si ces per­son­nes posent prob­lème, le gou­verne­ment devrait leur refuser l’en­trée sur le ter­ri­toire nation­al” ajoute-t-il, tout en sem­blant trou­ver un début d’ex­pli­ca­tion: “Le RAMN, c’est 8 000, 10 000, 12 000 per­son­nes… Il y a du monde. Poli­tique­ment, ce n’est pas évi­dent d’interdire. », L’Express, 3 févri­er 2016.

« Notre démoc­ra­tie va se sor­tir de ce moment déli­cat, nous sommes 66 mil­lions d’habitants, les atten­tats sont ter­ri­bles mais ces ter­ror­istes ne vont pas nous enlever notre démoc­ra­tie. Sur les mesures sécu­ri­taires pris­es par François Hol­lande à la suite des événe­ments, là aus­si il n’y a pas de dan­ger les mesures pris­es sont dans la lim­ite de la démoc­ra­tie. », France Bleu, 24 novem­bre 2015.

« Il m’avait sem­blé que mon pro­fil et mon par­cours n’étaient pas si éloignés de ce qui était apparem­ment souhaité par les dirigeants de Sci­ences Po Paris et leur entourage et, surtout, souhaitable pour Sci­ences Po. Ce que j’avais sans doute més­es­timé est le fait que je n’appartiens pas à cette élite du pou­voir, n’en partage ni les valeurs ni les cer­ti­tudes, et que cet état d’«outsider», provin­cial de sur­croît, ne pour­rait être vu par eux que comme une incon­gruité, pour ne pas dire une faute de goût. », Le Monde, 29 jan­vi­er 2013.

On a dit à son sujet

« Pierre Math­iot sintéresse encore trop aux mes­sagers et pas assez aux mes­sages. […] La vio­lence de cette cam­pagne, la manière dont on appréhende les vio­lences sex­istes dans cet étab­lisse­ment et ce vote du CA, je crois que ça dit quelque chose dune forme de main­tien dun ordre établi. », San­drine Rousseau à pro­pos de l’IEP de Lille, LesPotich­es, 11/02/2021.

« Il pousse dans le vil­lage de Bavans, où il a tou­jours son compte en banque, au Crédit agri­cole. A l’époque, son père offi­cie dans une asso­ci­a­tion d’aide pour les tra­vailleurs immi­grés : ils sont alors 3 000 hommes venus d’Algérie et du Maroc, à loger en foy­ers. Sa mère s’occupe des trois enfants (un grand frère et une petite sœur). Les par­ents n’ont pas le bac. », Libéra­tion, 23 jan­vi­er 2018.

ll est sim­ple, décon­trac­té, respecte peu les usages et les con­ven­tions”, con­cède Rémi Lefeb­vre, pro­fesseur à l’u­ni­ver­sité Lille 2 et cher­ché de cours à Sci­ences-Po Lille. Pour preuve, son style ves­ti­men­taire, “des bas­kets, pas de cra­vate, juste une veste de costard depuis quelques années”. Rémi Lefeb­vre décrit quelqu’un de “direct, acces­si­ble et franc, qui se com­porte de la même manière avec un min­istre et un étu­di­ant. Il a de l’am­bi­tion, mais n’est pas carriériste.”
Rémi Lefeb­vre voit dans cette mis­sion une con­ti­nu­ité dans la car­rière de son “ami, loin de l’im­age de l’en­seignant-chercheur per­ché dans sa tour d’ivoire”. “Il a un peu viré à droite en sou­tenant Emmanuel Macron”, iro­nise Rémi Lefeb­vre, qui ne partage pas for­cé­ment le choix de Pierre Math­iot de rédi­ger ce rap­port, mais dit le respecter: “C’est un tra­vail d’ex­per­tise, et Pierre est un homme de bonne volon­té qui a tou­jours adoré la poli­tique et se ren­dre utile.”
, L’Express, 7 novem­bre 2017.

« “Dans le cadre d’une ten­ta­tive com­pliquée de con­struc­tion d’un islam de France, l’UOIF est un acteur incon­tourn­able. Ça ne veut pas dire que j’ad­hère à leurs idées. […] J’en suis ressor­ti sat­is­fait, je n’avais pas été cen­suré.” “Je par­ticipe à con­di­tion de savoir avec qui et sur quoi. Il m’est donc déjà arrivé de par­ticiper mais aus­si de ne pas par­ticiper. […] Mais il y a une hypocrisie là-dedans. Si ces per­son­nes posent prob­lème, le gou­verne­ment devrait leur refuser l’en­trée sur le ter­ri­toire nation­al” ajoute-t-il, tout en sem­blant trou­ver un début d’ex­pli­ca­tion: “Le RAMN, c’est 8 000, 10 000, 12 000 per­son­nes… Il y a du monde. Poli­tique­ment, ce n’est pas évi­dent d’interdire.” » , L’Express, 3 févri­er 2016.

« Cerise sur le gâteau, le min­istère de l’Education nationale y [Ren­con­tre Annuelles des musul­mans du Nord, ndlr] dépêche son délégué inter­min­istériel à l’excellence qui rejoint le gratin des inter­venants. Ce que l’UOIF met fort oppor­tuné­ment et fort habile­ment en avant. Car la par­tic­i­pa­tion d’un représen­tant min­istériel est une cau­tion poli­tique et mar­que la recon­nais­sance de son influ­ence auprès du gou­verne­ment. […]A Lille, nul n’ignore qui est Amar Las­far et Mar­tine Aubry a pris ses dis­tances avec lui dès 2013. Mais la drague alors active qu’a mené depuis le représen­tant de la droite auprès d’Amar Las­far a peut-être eu rai­son de cette prise de con­science. Pierre Math­iot, l’envoyé du min­istère, ancien directeur de sci­ences-po Lille ne peut non plus ignor­er à qui il a affaire. » Céline Pina, Tri­bune Juive, 3 févri­er 2016.

« La for­mule est née en 2007 et s’est per­fec­tion­née depuis. Pierre Math­iot, alors nou­veau directeur du Sci­ences Po du Nord, rêve d’un peu plus de diver­sité. A l’époque, le mod­èle d’aide aux lycéens est dom­iné par les Con­ven­tions Sci­ences Po Paris, inven­tées six ans plus tôt par Richard Desco­ings, le médi­a­tique directeur de l’école parisi­enne, décédé en 2012. Il y a aus­si les Cordées de la réus­site, ini­tiées par l’Essec en 2002 avec le pro­gramme « Une grande école, pourquoi pas moi ». Mais Pierre Math­iot veut se démar­quer de ces deux rouleaux com­presseurs médi­a­tiques qui con­cer­nent très peu d’élèves. Il veut créer un mod­èle duplic­a­ble qui ne dis­pense pas les jeunes de l’épreuve du con­cours, mais les aide à le décrocher. », Le Monde, 29 novem­bre 2014.

« D’un point de vue géo­graphique, elle est quelque peu excen­trée. Sur le plan intel­lectuel, c’est tout le con­traire ! Sous la houlette de son vib­ri­on­nant directeur, Pierre Math­iot, Sci­ences po Lille s’af­firme comme l’une des plaques tour­nantes du débat intel­lectuel dans le nord de la France. […] Homme de réseaux et de con­vic­tions, Pierre Math­iot, 47 ans, aime brass­er du monde et des idées. Il a demandé à Bertrand de Tal­houët, alors prési­dent de La Red­oute (aujour­d’hui, il gère les investisse­ments privés de la famille Mul­liez), de présider son école, puis à Louis Drey­fus, aujour­d’hui prési­dent du direc­toire du Monde, de lui suc­céder. » Le Point, 15 décem­bre 2011.

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