Dit Pierrot le foot
« Je dois être un gros con de droite ! »
Pierre Ménès, né en juin 1963 à Paris, est un journaliste sportif français. Il est divorcé et père de deux enfants. Caractéristiques : une grande gueule et une forte corpulence. S’il a réussi à perdre du ventre, sa langue reste toutefois bien pendue, surtout lorsqu’il est question d’aborder les tabous du foot : l’argent et la race.
Parcours professionnel
Une solide formation
Après s’être amusé au Club Méditerranée, où il fut Gentil Organisateur, Pierre Ménès entre en 1983 comme pigiste à l’hebdomadaire France-Football, la bible des footeux, puis l’année suivante il rejoint la rédaction du quotidien sportif L’Équipe (deux publications du groupe Amaury). Il y restera jusqu’en 2004. Apparemment, il y a laissé un excellent souvenir. « Je me suis pissé dessus pendant les vingt ans que j’ai passés assis dans le même bureau », témoignera son collègue Jean-Philippe Cointot. Sa connivence avec les joueurs français d’Arsenal, tous champions du monde (Vieira, Henry, Pirès) provoque toutefois des grincements de dents dans le milieu du journalisme sportif.
Dans la lucarne
Plume reconnue, Pierre Ménès va également se faire entendre, à la radio et à la télé, où ses coups de gueule font recette. En 1999, il devient consultant sur L’Équipe TV dans « Enfin du foot » de Didier Roustan, pendant quatre années. Dans le même temps, il participe au « Match du lundi » (diffusé sur Pathé Sport et Europe 1), puis « On refait le match » (sur LCI et RTL), deux émissions présentées par le légendaire Eugène Saccomano.
Mais c’est en septembre 2005 que sa carrière audiovisuelle prend une nouvelle dimension. Il rejoint M6 pour animer le magazine « 100 % Foot », diffusé le dimanche soir à minuit, et présenté par Estelle Denis. Cette dernière est la compagne de Raymond Domenech, alors sélectionneur de l’équipe de France. Ce qui n’empêche pas Pierre Ménès de « tailler » certains joueurs français, particulièrement Florent Malouda, dont il fait sa tête de turc. Lors de la coupe du monde 2006 et lors de l’Euro 2008, Pierre Ménès animera quotidiennement l’émission.
Le poids lourd de Canal
En août 2009, c’est le transfert de l’été, il rejoint Canal, la chaîne du football. Salaire annoncé : 160 000 euros par an. Parallèlement il est chroniqueur sur RTL et tient un blog, « Pierrot le foot », sur Yahoo. En février 2010, Pierre Ménès déclare à l’hebdomadaire VSD la totalité de ses revenus : « Je n’ai jamais autant bossé de ma vie ! Entre RTL, Canal Plus, mon blog… A côté, quand j’étais à l’Équipe, c’était des vacances… Je gagne environ 250.000 euros par an. »
Depuis, Ménès a quitté RTL et Yahoo. Il est en exclusivité sur Canal+, où il est devenu incontournable. Tous les dimanches, à 19h10, il est l’attraction du « Canal Football Club », émission présentée par Hervé Mathou. Il est également chroniqueur sur le plateau des « Spécialistes » et des « Spécimens », deux hebdomadaires diffusés sur « Canal Sport ». Et c’est désormais pour Canal qu’il tient son blog.
Polémique avec les Guignols
Il est également entré aux « Guignols de l’Info », où sa marionnette est associée à celle d’Hervé Mathou. Dans cette émission satirique de Canal, il est caricaturé comme un gros beauf, qui prend Mathou pour un chat. En novembre 2010, sur le site « 10 Sport » Lionel Dutemple, un des auteurs des Guignols, n’a pas caché le peu d’estime qu’il avait pour le personnage : « Canal a toujours traité le football avec classe… jusqu’à l’arrivée de Pierre Ménès ! Il a beaufisé l’antenne à un point ! Il ne me fait pas rire du tout, ses blagues sont d’une lourdeur. Au café du coin, les mecs sont plus drôles que Pierre Ménès ».
Une attaque que Pierre Ménès a eu du mal à digérer : « Maintenant dans “beauf”, il y a tout de suite “gros” devant, tu sais. Ce n’est ni plus ni moins que du pur racisme. Mais ce qui me sidère, c’est que la flèche la plus acérée vienne de l’intérieur. En même temps, je ne suis pas surpris, je savais que ça viendrait. De toute façon tu t’aperçois que plus ça marche, plus j’ai de succès et plus je me fais critiquer. »
Polémique avec Ruquier et sa bande
Tout est parti d’une vanne de Laurent Ruquier, lançant que, vu leurs poids, il ne fallait jamais prendre un ascenseur avec Guy Carlier et Pierre Ménès. Ce dernier n’a guère goûté la plaisanterie. Et multiplie les vengeances.
Octobre 2011, sur Twitter : « Quand on fait un sketch sur les homos, Ruquier trouve ça homophobe ou con. Et quand il vanne les gros, il est mort de rire. Pauvre mec. »
Octobre 2012, sur D8, lors de l’émission « Touche pas à mon poste » : « Pour moi Laurent Ruquier est un minable. »
Christophe Beaugrand, membre de la bande à Ruquier (dans l’émission « On va s’gêner » sur Europe 1 a remis de l’huile sur le feu, avec son « Dictionnaire malhonnête de la télévision » (publié en novembre 2011), dans lequel il brosse ce portrait de Pierre Ménès : « Journaliste qui n’a de sportif que l’appellation, né le 29 juin 1963 à Paris, et qui a visiblement beaucoup regardé le foot à la télé en mangeant des chips. ». Réaction de Pierre Ménès : « Venant d’une petite merde, je n’en ai rien à foutre. Pour être touché, il faut que l’attaque vienne de quelqu’un pour qui tu as du respect, de l’admiration ou de l’estime, mais il n’y a rien pour ce type-là. » Ambiance…
Homme à tout faire
En 2007, Pierre Ménès participe sur France 3 à l’émission de Marc-Olivier Fogiel, « T’empêches tout le monde de dormir », et en 2010, il est chroniqueur dans l’émission de Bruce Toussaint, sur Canal+, « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Pierre Ménès est également l’ambassadeur de « unibet.com », site de paris sportifs et de poker.
Son seul échec
Journaliste sportif, Pierre Ménès a tenté de mettre les pieds sur le terrain, non comme joueur, mais en tant que dirigeant. En juin 2004, il rencontre Jean-Pierre Caillot, alors président du prestigieux Stade de Reims. Ménès est recruté comme conseiller en communication. Toutefois l’expérience tourne court. Il est limogé par le club au printemps 2005. Commentaire de Pierre Ménès : « Caillot ment comme un arracheur de dents et ne connaît rien au foot. »
Son ambition
Aussi incroyable que cela puisse paraître, après 30 ans de carrière, Pierre Ménès n’avait jamais commenté un match de foot en direct ! Depuis le 29 décembre 2012, c’est chose faite, lors de la rencontre anglaise de Premier League opposant Arsenal à Newcastle, sur Canal+. Une expérience renouvelée à plusieurs reprises. Même si l’expérience ne s’avère pas très concluante, Ménès sera cependant le commentateur officiel du jeu vidéo de foot FIFA à partir de 2016, le bien culturel le plus vendu en France, et sa voix s’invite dans toutes les chambres d’adolescents de l’Hexagone. Il est naturellement, en bon homme-sandwich, l’ambassadeur du jeu dans les médias.
Un petit tour et puis s’en va
Ménès reste quelques semaines chroniqueur chez Hanouna avant de jeter l’éponge devant ce cirque télévisuel où les pitreries prennent le pas sur le débat.
« J’ai eu une période de cinq à six émissions où je me suis senti très à l’aise. Puis, Cyril Hanouna a fait le choix de revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire les happenings, les déguisements, les chansons, les perruques… Et moi je n’aime pas ça » .
Racisme anti-blanc
Réagissant aux propos anti-blancs de l’inénarrable Lilian Thuram tenus dans le Corriere, Ménès décide de lever le voile sur une réalité peu flatteuse du football sur le plateau de CNews : les jeunes immigrés considèrent que le terrain est leur chasse gardée et ne tolèrent pas d’intrusion étrangère.
« Ce qui me gêne toujours dans le discours de Thuram, c’est qu’il ne parle que du racisme contre les Noirs. Je n’ai pas envie de parler de ça avec lui… Parce que moi, je vais lui dire ce que je vais vous dire, le vrai problème, en France, dans le foot en tout cas, c’est le racisme anti-Blancs. J’invite les gens à prendre leur voiture et aller faire le tour des matchs en région parisienne le week-end. Allez voir ces matchs-là et comptez les Blancs sur le terrain, en général, il y a le gardien de but et l’arrière droit […] J’ai essayé de mettre mon fils au foot, il n’avait aucun talent. Mais au bout de deux fois, il a voulu arrêter. Il m’a dit : “Papa, on ne me parle pas, on ne me dit pas bonjour, on ne joue pas avec moi, on ne prend pas la douche avec moi…” ».
Le journaliste rétropédalera sur Twitter quelques jours plus tard, mais le mal est fait. Ménès est passé de la case « beauf » à la case « facho ».
Au pénal(ty)
Fin 2019, un ancien journaliste de Canal+, Emmanuel Trumer, porte plainte pour harcèlement. Il reproche au journaliste de lui avoir fait vivre l’enfer et d’utiliser un langage très fleuri en privé concernant les femmes et les minorités. Ménès conteste vivement et porte plainte à son tour pour diffamation un mois plus tard et affirme que le journaliste souhaite se faire de la publicité à peu de frais.
Carton Jaune
C’est un documentaire réalisé par Marie Portolano, ancienne collègue de Ménès sur le plateau du Canal Football Club, qui va contribuer à écorner l’image du consultant. Ainsi, « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste », diffusé sur Canal+ le 21 mars 2021 fait témoigner les journalistes sportives sur les dessous sexistes du bastion machiste dans lequel elles évoluent.
Les remarques blessantes et le harcèlement semblent faire partie intégrante de la vie de ces rédactions, alors même que la féminisation de l’antenne se généralise. Sans qu’il soit nommé, le nom de Ménès semble être sur toutes les lèvres, d’autant plus que la direction des sports de la chaîne cryptée refuse qu’un extrait compromettant figure au montage final (il était prévu que le consultant apparaisse dans le documentaire, interviewé par la réalisatrice, mais la scène sera coupée suite à la décision de présenter exclusivement des témoignages de femmes).
En effet, le documentaire est produit par Canal+ qui est également l’employeur de Pierre Ménès. Les bouches se délient et des passages oubliés sont exhumés sur les réseaux sociaux, comme lorsqu’il embrasse de force sur la bouche Francesca Antoniotti sur le plateau de l’émission « Touche pas à mon sport » ou Isabelle Moreau lors de la 100e du Canal Football Club. La tentative de défense de Ménès sur Touche pas à mon Poste le lendemain de la diffusion ne convainc pas les téléspectateurs : il apparaît comme un vestige du journalisme sportif paternaliste d’antan en déclarant notamment « si on ne peut plus chambrer une femme, c’est insupportable ». La rupture avec les préoccupations féministes et paritaires de l’ère post Me-Too est totale.
Dans la fameuse scène coupée révélée au public lors de l’émission d’Hanouna, Portolano s’efforce de rappeler au journaliste une main aux fesses qu’il lui aurait administré avant une émission en août 2016 devant le public. En vain, car l’homme prétend ne pas se souvenir de cet épisode.
Les répercussions professionnelles ne tardent pas à s’abattre sur le pestiféré, l’éditeur de jeux vidéos EA Sports annonce qu’il cessera sa collaboration avec lui concernant le jeu FIFA dont il était le commentateur francophone attitré depuis 2012. Pour la direction de Canal+ cependant, l’homme reste indéboulonnable et s’il est convoqué dans les bureaux, c’est pour préparer l’opération de communication du lendemain sur C8, propriété du groupe Canal.
Tandis que Ménès jouit provisoirement d’un totem d’immunité, certaines femmes journalistes sont placardisées, comme l’ancienne directrice adjointe de la rédaction des sports, Agathe Roussel remisée au service documentaire, ou poussées vers la sortie, comme Laurie Delhostal, qui intervient dans le reportage. Ce qui n’arrange pas l’image de Canal, déjà endommagée par les licenciements consécutifs de Sébastien Thoen et Stéphane Guy, deux figures de la chaîne.
Carton rouge et expulsion
Mi-juin 2021, la direction de Canal+ annonce pourtant qu’elle rompt une collaboration longue de douze ans avec son chroniqueur iconique. Il faut dire que Canal+ a perdu entre-temps les droits de diffusion de la Ligue 1, raflés par le géant Amazon, alors même que l’image du journaliste est déjà profondément écornée par son comportement cavalier envers la gente féminine. Selon Le Parisien, Ménès avait fait savoir « en haut lieu » (c’est-à-dire à Vincent Bolloré à son fils Yannick, dont il est réputé proche) qu’il souhaitait reprendre son fauteuil de chroniqueur du Canal Football Club à la rentrée. Alors que Ménès envisage un temps de porter l’affaire devant les prudhommes, les deux parties finissent par trouver un terrain d’entente. Il déclare alors qu’il part à sa demande.
Devant la pression médiatique, la direction décide toutefois de le suspendre jusqu’à nouvel ordre de l’émission dominicale du Canal Football Club. Le chroniqueur aurait admis avoir « besoin de repos ». Reverra-t-on un jour Pierre Ménès dans son rôle de trublion du football sur la chaîne cryptée ? .
Cabot
Ami avec les réalisateurs Djamel Bensalah et Fabien Onteniente, Pierre Ménès s’est autorisé plusieurs apparitions au cinéma, en « guest star ».
- 2002 : 3 zéros, de Fabien Onteniente
- 2005 : Il était une fois dans l’Oued, de Djamel Bensalah
- 2007 : Big City, de Djamel Bensalah
- 2008 : Disco, de Fabien Onteniente
- 2009 : Neuilly sa mère !, de Gabriel Julien-Laferrière
- 2011 : Beur sur la ville, de Djamel Bensalah
- 2011 : Les Tuche, d’Olivier Baroux
- 2013 : La télé commande
- 2014 : Goal of the dead de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud
- 2015 : Un village presque parfait de Stéphane Meunier
Vie privée
Pierre Ménès habite à Saint-Cloud et est en ménage avec une compagne répondant au nom de Mélissa Acosta, originaire de République Dominicaine. On lui diagnostique la cirrhose Nash, une maladie du foie causée par une alimentation trop riche en graisses et en sucres. En conséquence, il doit subir le 12 décembre 2017 une double greffe du foie et du rein qui lui évite la mort de justesse. Très marqué par son expérience, il s’engage en faveur du dépistage de la maladie NASH (acronyme anglais de stéatohépatite non alcoolique) et s’efforce de financer la recherche médicale.
Bibliographie
Pierre Ménès ne dit pas que des vacheries sur le milieu du foot, il en écrit aussi.
- Ce soir on la met au fond, dictionnaire absurde du football, éditions Prolongations, 2007
- Livre d’or du football 2008, éditions Solar, 2008
- Le Pierrot top foot, éditions du Rocher, 2010
- Carton rouge pour les Bleus, éditions du Rocher, 2010
- Mon année foot 2010–2011, éditions du Rocher, 2011
- L’explication, clash football club, avec Daniel Riolo, éditions Hugo Sport, 2014
- Deuxième mi-temps, avec Catherine Siguret, éditions Kero, 2017
- Mon dictionnaire engagé du football, éditions Plon, 2019
Il l’a dit
Au sujet de la polémique Dieudonné
Quoi qu’ait pu dire et quoi qu’ait pu faire Dieudonné, Pierre Ménès pense que l’humoriste est le plus doué de sa génération : « Pour moi le comique le plus drôle c’est Dieudonné. Malheureusement, quand il a fait “Astérix et Cléopâtre”, Chabat l’a fait tourner en “Dark Vador”, et je crois qu’il a gardé la tenue pour passer du côté obscur de la force. Mais ça reste le plus drôle. » C’était le 18 novembre 2010, dans l’émission « Touche pas à mon poste » », alors diffusée sur France 4.
Ce qu’il pense de l’imposition à 75%
« Je dois être un gros con de droite, mais j’ai du mal à comprendre qu’on puisse prendre trois jours sur quatre de travail à quelqu’un, même au-delà d’une certaine somme. En France, on ne doit stigmatiser personne mais pour les riches, c’est autorisé. Le riche n’est pas forcément un salaud de riche. Il y a des salauds de pauvres aussi ! », Bakchich, 29 mars 2012.
Pourquoi il a voté Sarkozy
« Malheureusement, il n’y a pas de personnalité politique qui incarne vraiment ce que je pense profondément, alors je vais voter pour ce qui me va le moins mal. Quand t’as froid, tu mets un truc qui te tient chaud, pas un truc joli », Bakchich, ibid.
Les femmes dans le foot
« Le foot, c’est quand même un sport de mecs […] et pour voir une gonzesse dunker au basket, il faut se lever tôt. », L’Équipe, 8 mars 2013.
Élise Lucet
« Je déteste ses méthodes, son ton, cette façon qu’elle de se mettre en scène. Je déteste cette façon qu’elle a de se montrer en Zorro de la morale, avec des trucs à charge. Donc je ne vais pas m’infliger cette punition de la regarder », Sud Radio, 10 décembre 2018.
Ce qui l’horripile chez Dhooraso, ancien joueur et candidat à la mairie du 18ème arrondissement de Paris sous l’étiquette Front de Gauche en 2020
« Quand il était joueur, il habitait dans le 16ème et roulait en Aston Martin. Donc t’as envie de lui dire : un peu de pudeur ! », L’interview sans filtre, Télé Loisirs, janvier 2020.
On a dit de lui…
Florent Malouda, joueur de Chelsea et de l’équipe de France, tête de turc de Pierre Ménès : « Il s’est fait une notoriété en m’insultant. Je n’ai pas voulu répondre car on n’appartient pas au même monde (…) Il essaye de se faire mousser en taillant des joueurs (…) Autour de moi, beaucoup de gens ont mal pris ces attaques. Il n’y a pas de relation possible entre lui et moi. Les insultes, je ne supporte pas. En tout cas, j’aurais aimé qu’on vienne me dire en face qu’on ne m’aime pas. Devant les caméras c’est facile de faire rigoler les gens. », L’Équipe Magazine, 5 juin 2010.
« Après son côté «m’as-tu-vu», on lui reproche sa proximité avec certains joueurs, notamment les Français d’Arsenal (Vieira, Henry, Pirès). «Il pouvait faire mousser ceux dont il était proche, tacle un ancien collègue. Bizarrement, quand certains en avaient besoin, ils avaient droit à une interview dans le journal.» Karim Nedjari, alors au Parisien, salue plutôt ce carnet d’adresses fourni : «En 2002, il est le seul journaliste français à avoir les 22 numéros de téléphone des joueurs retenus pour la Coupe du monde.» Ménès certifie n’avoir jamais tu une information. Nedjari confirme à sa manière : «Pierre ne trahira jamais un secret que lui confierait un footballeur. A l’Equipe, ce n’est pas lui qui sortait les infos, mais il s’arrangeait pour que ses collègues soient au courant. Et lui avait toujours la première interview de réaction.», Libération, 14 novembre 2013.
« Comme je l’ai déjà dit mon année de contrat avec ce « journaliste » aura été un calvaire absolu à tel point que j’ai tenu à mettre fin à toute collaboration avec lui et cela s’est alors transformé en cauchemar. Après avoir dû supporter un harcèlement constant, quotidien, violent, mais également avoir du supporter le racisme décomplexé de cet homme en plus de son homophobie et de comportements très graves envers les femmes, je tiens à revenir sur chaque point qui a mené à cette situation. », Emmanuel Trumer, collaborateur de Pierre Ménès au Canal Football Club, sur son blog, 30 mars 2020.
Un ancien salarié de Canal+ : « Au-delà des figures connues, il faut se demander combien de travailleuses de l’ombre, assistantes, stagiaires, maquilleuses ont subi ses atteintes verbales voire physiques. Lors du tournage d’un film de promo interne sur les coulisses de Canal il y a quelques années, il a forcé une maquilleuse à mimer une fellation devant la caméra en appuyant lourdement sur sa tête, ça s’est toujours passé non loin de caméras où de pontes de la chaîne. On a d’ailleurs fait remonter à chaque fois. Mais rien d’autre que “oui mais c’est Pierre ça fait partie du personnage” », 20 Minutes, 23 mars 2021
« Au delà des “pédés” et “bougnoules” régulièrement lancés, Pierre Ménès soutient certaines théories douteuses, expliquant ainsi à qui veut l’entendre que les Noirs ne peuvent pas tirer de penalties “parce qu’ils n’ont pas de mental”. Mais l’ancien journaliste de L’Équipe peut également être particulièrement mauvais. Ce fut le cas à l’été 2010 lorsqu’il a insulté un technicien de RTL après une erreur de ce dernier. “Pue la sueur de syndicaliste de merde”, “enculé de sa mère” , s’est-il ainsi écrié, provoquant la gêne de l’animateur et l’effroi chez les techniciens. En toute impunité néanmoins.
La gente féminine n’est évidemment pas épargnée. Que ce soit les invités, à l’image de l’actrice et réalisatrice Aude Gogny-Goubert qui a eu droit “T’es en cuir toi, t’es une salope ! ” à sa sortie du plateau, ou ses collaboratrices. Une maquilleuse se souvient ainsi d’un “Ah c’est pas le moment de demander à la maquilleuse de me sucer c’est ça ?” lancé après avoir été prévenu que les caméras tournaient. Là aussi, l’impunité fut totale », sports.fr, 26 mars 2021.
Son avocat, Arash Derambarsh : « Il a un langage fleuri, très populo. La malveillance n’est jamais dans ses propos. Il n’a jamais la volonté de porter atteinte à la considération et à la dignité de quelqu’un. Il n’a pas conscience que ce qu’il dit peut blesser ou humilier », Closer, 26 mars 2021.
« Je le connais depuis trente ans. Je ne vais pas en dire du mal. Le moment n’est pas facile pour lui. Prendre des lunettes de 2021 pour juger 2011 ou 2016, c’est compliqué. Ce qui pouvait se dire ou se faire il y a cinq, dix ans, n’est plus possible aujourd’hui. C’est peut-être ce qu’il aurait dû dire », Pascal Praud, Le Parisien, 26 juin 2021.
Crédit photo : capture d’écran vidéo Unibet via YouTube