L’homme par qui le scandale arrive
« Les journalistes d’investigation d’aujourd’hui travaillent à toute vitesse. J’ai la chance extraordinaire de pouvoir m’abstraire de la pression du temps… » Pierre Péan, La Revue Médias n°26
Né le 5 mars 1938 dans la Sarthe, Pierre Péan est un journaliste d’« initiative » (comme il se plaît à se définir) auteur d’essais à succès. Spécialiste de l’Afrique, où il entretient de nombreux réseaux, il est un observateur incontournable de la situation post-coloniale et des enjeux économiques des grandes puissances sur le continent… entre autres compétences. Il s’est éteint le 25 juillet 2019.
Très au fait des scandales politico-financiers, Pierre Péan est à l’origine de nombreuses révélations sur la corruption et les réseaux d’influence souterrains qui agissent à l’ombre de la République. Ses livres lui ont valu de nombreux procès et ont fait, à chaque sortie ou presque, la une de l’actualité du fait de leur teneur en révélations explosives, souvent à contre-courant de la doxa répétée par des médias de moins en moins soucieux d’enquêter.
L’auteur est ainsi également très critique vis-à-vis des « journalistes d’investigation » d’aujourd’hui, qui ne sont pour lui bien souvent que des « attachés de presse » ne faisant que sous-traiter les informations qui leur sont fournies par la police, les renseignements ou la justice. Il est l’un des derniers grands journalistes d’enquête consacrant encore un long travail à chacun de ses sujets, libéré qu’il est des impératifs d’une rédaction.
Portrait vidéo
Formation
Avant Sciences Po, Pierre Péan a suivi des études de droit, section sciences économiques, à Angers, et avant cela au collège Saint-Julien d’Angers. Il était originaire de Sablé sur Sarthe, mais sa famille avait aussi des attaches à Maumusson, au nord-est de la Loire-Atlantique.
Engagement militant
C’est lors de ses études de droit qu’il rejoint l’équipe de Jean Turc, maire d’Angers, sous l’étiquette du Parti des Indépendants et Paysans.
En 1958, il est présent aux côtés de son ancien camarade de lycée Joël Le Theule, maire de Sablé-sur-Sarthe puis député et ministre gaulliste.
En mars 1959, il mène une liste politique alternative, essentiellement composée d’écologistes et de militants d’extrême-gauche, contre le maire PS de Bouffémont.
Le journaliste
Jeune, Pierre Péan évite le service national en Algérie et se rend au Gabon, entre 1962 et 1964, au titre de la « coopération » entre la France et ce pays africain. Il assiste ainsi au coup d’État militaire contre Léon Mba (1964). De cette expérience, il gardera de nombreux réseaux parmi les élites gabonaises, qui lui serviront amplement durant sa carrière de journaliste.
Une carrière qui débute en 1968 ; il est alors journaliste à l’AFP. En 1970, il rejoint L’Express puis Le Nouvel Économiste, où il traite des questions énergétiques.
En octobre 1979, il joue un rôle majeur dans « l’affaire des diamants » révélée par le Canard Enchaîné impliquant Valéry Giscard d’Estaing et l’ancien empereur de Centrafrique, Bokassa Ier. C’est en effet lui qui a fourni au Canard une note signée par Bokassa prouvant que VGE, alors ministre des finances, avait reçu une plaquette « de 30 carats environ ».
Péan n’apprécie pas le qualificatif de « journaliste d’investigation », un terme tiré de l’anglais apparu suite à l’affaire du Watergate, ni même de « journaliste d’enquête » (dans son esprit : qui se contente de traiter les enquêtes du système judiciaire). Il préfère se définir comme « journaliste d’initiative », c’est à dire qui choisit son sujet et amorce sa propre enquête.
Le journaliste d’initiative
L’actualité de Pierre Péan étant surtout marquée par les sorties de ses livres, qui amènent souvent révélations et polémiques, nous allons revenir ici sur ses ouvrages les plus marquants et l’actualité qui a suivi leur parution.
1982 – Les deux bombes : comment la France a donné la bombe à Israël et à l’Irak
Révélation sur les liens entre les milieux administratifs et militaires français et israéliens. Péan met au jour l’alliance entre les travaillistes israéliens de Shimon Peres et les socialistes de Guy Mollet pour fournir l’arme atomique à l’État hébreu.
1982 – Les Émirs de la République : l’aventure du pétrole tricolore
Écrit en collaboration avec Jean-Pierre Séréni, ce livre présente Elf-Aquitaine comme un état pétrolier dans l’État qui impose ses volontés à chaque gouvernement.
1983 — Affaires africaines
Avec ce livre, Péan obtient son premier gros succès éditorial. Il s’intéresse ici au Gabon, pays symbole des relations franco-africaines souterraines dans lequel il a passé deux ans (voir plus haut), et plus particulièrement aux réseaux mis en place par Jacques Foccart, secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et l’un des bâtisseurs de la Françafrique. L’ouvrage ne sortira pas au Gabon.
1988 — L’argent noir : corruption et sous-développement
Comment l’Occident a su tirer profit de la cupidité et de la mégalomanie des dirigeants du Tiers-Monde, et principalement africains. Péan dresse la liste des grands contrats qui s’accompagnent bien souvent de corruption.
1990 – L’Homme de l’ombre : éléments d’enquête autour de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve République
Le journaliste revient sur le mystérieux Jacques Foccart. Il dresse le détail de ses rapports avec de Gaulle ainsi que son action dans la lutte contre l’OAS et, surtout, son rôle dans la décolonisation (suivie de la mise en place des différents chefs d’État africains).
La sortie de ce livre s’est suivie d’un procès en diffamation intenté par Foccart, procès que Péan a remporté.
1994 – Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934–1947
Plus gros succès de Pierre Péan, cet ouvrage reconstitue de manière précise la jeunesse de François Mitterrand. Un certain nombre de vérités (que les médias qualifiés d’extrême-droite assénaient depuis des années) reviennent alors sur le devant de la scène : ses rapports avec la Cagoule, son amitié avec Pierre Bousquet (ancien chef de la police de Vichy), sa Francisque, son soutien à Philippe Pétain et son entrée tardive dans la Résistance.
Si Franz-Olivier Giesbert avait déjà traité du sujet avant lui, en 1977, le livre de Péan propulse la vérité historique aux yeux du grand public, ce qui suscite une émotion générale. Le plus troublant dans cette affaire est sans doute que c’est Mitterrand lui-même qui a permis, dans une volonté de mettre fin à l’hypocrisie et d’assumer son passé, à Péan d’accéder aux archives secrètes concernant sa jeunesse vichyste.
1997 – TF1, un pouvoir
En collaboration avec Christophe Nick, Péan disserte sur les liens entre les médias, les « industriels du spectacle », les faiseurs d’opinion et le pouvoir politique.
2001 – Manipulations africaines : l’attentat contre le DC 10 d’UTA, 170 morts
L’enquête s’attache à démontrer que les véritables auteurs de cet attentat de septembre 1989, que la justice française a attribué au colonel Kadhafi, sont en réalité la Syrie et l’Iran.
2003 – La Face cachée du Monde
Gros succès commercial dès sa sortie, ce livre coécrit avec Philippe Cohen avance l’idée selon laquelle le trio dirigeant du quotidien du soir, à l’époque Jean-Marie Colombani, Edwy Plenel et Alain Minc, a totalement détourné l’œuvre du fondateur Beuve-Méry, transformant un journal de contre-pouvoir en spécialiste des abus de pouvoir.
Après deux ans d’enquête, les auteurs démontrent que le quotidien est désormais utilisé pour les intérêts personnels de ses dirigeants, capables de faire et de défaire les carrières politiques, et qu’il se livre même au lobbying. Dans un chapitre, Péan et Cohen affirment que le Monde a adressé aux Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP), le 1er mars 2001, une facture de 1 million de francs suite à son activité de lobbying auprès de l’équipe de Lionel Jospin.
Par ailleurs, le livre met en lumière les liens d’Edwy Plenel avec Bernard Deleplace, secrétaire général de la FASP (Fédération autonome des syndicats de police). Les auteurs avancent que Plenel écrivait alors notes, discours et communiqués pour l’organisation syndicale, en plus de ses fonctions de directeur de la rédaction au Monde.
Enfin, Le Monde des livres est également montré du doigt, accusé de se livrer sans arrêt aux renvois d’ascenseur en faisant la promotion d’un cercle d’auteurs restreint.
Le livre créera une grosse polémique médiatique ainsi que des suites en justice lors desquelles les auteurs et Le Monde trouveront un accord : le livre ne sera plus réimprimé, en échange de quoi le quotidien abandonne ses poursuites en diffamation. Par ailleurs, il est intéressant de noter qu’aucune enquête ne sera ouverte à l’encontre du Monde suite aux révélations fournies par Péan et Cohen.
Un autre effet collatéral aura été le renvoi de Daniel Schneidermann, seul journaliste du quotidien à avoir osé critiquer son journal.
Vidéo INA : ina.fr/video/2236850001005
2005 – Noire fureur, blancs menteurs : Rwanda 1990–1994
Dans cette enquête, Pierre Péan prend à rebrousse poil toute la doxa officielle sur le génocide rwandais. L’auteur avance que les vrais responsables du massacre sont les rebelles tutsis du RPF et que la France ne s’est pas fourvoyée en soutenant trop longtemps le pouvoir hutu. « Cette enquête a été très largement critiquée pour ses approximation, sa vision ethniciste, et sa propension à nier tout ce qui allait à l’encontre de sa thèse », note L’Express.
Pour ce livre, l’auteur a été traîné en justice par SOS Racisme, accusé de « complicité de provocation à la haine raciale » pour avoir écrit que les tutsis avaient une « culture du mensonge et de la dissimulation ». Un procès à nouveau remporté par le journaliste qui, comparé à un négationniste antisémite, par le président de l’UEJF, a fondu en larmes en plein tribunal en dénonçant un « amalgame intolérable ».
2008 – Une blessure française : les soulèvements populaires dans l’Ouest sous la Révolution
Dans un registre cette fois historique, Péan retrace l’histoire de la guerre de Vendée (1793) en prenant clairement parti pour les insurgés contre-révolutionnaires.
2009 – Le Monde selon K
Pierre Péan attaque le ministre des affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner, en l’accusant de conflit d’intérêts entre 2002 et 2007. Durant cette période, celui-ci a en effet été engagé par le Gabon et le Congo en tant que consultant à travers deux sociétés privées (Imeda et Africa Spes), tout en présidant en parallèle Esther, un groupement d’intérêt public consacré à la coopération internationale hospitalière.
Péan écornera également le ministre, dont l’image de grand héros de l’humanitaire est encore très populaire dans l’opinion, sur sa politique étrangère au Rwanda et sur sa vision « américaine » du monde. Pour avoir montré du doigt le « cosmopolitisme » de M. Kouchner, Péan est accusé de raviver des débats « des années 30 ». Invité sur le plateau d’@rrêt sur images et interrogé sur ce thème par Daniel Schneidermann, l’auteur s’agace et quitte le plateau :
Kouchner : Péan parle, et quitte le plateau d’@si par asi
Après une vive polémique, Bernard Kouchner niera tout en bloc en dénonçant une attaque « grotesque et nauséabonde ».
2010 – Carnages : Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique
Qui s’intéresse vraiment aux guerres qui ont meurtri l’Afrique ? S’il y en a bien un, c’est Péan, encore une fois à contre-courant. Dans ce livre, il montre comment les intérêts des grandes puissances occidentales ont eu des effets collatéraux désastreux sur le continent africain.
2011 – La République des mallettes
Péan s’intéresse ici aux réseaux de corruption et financements occultes qui empoisonnent la République et la vie politique. Il cible tout particulièrement Alexandre Djouhri, un homme d’affaires proche de Dominique de Villepin et de l’Élysée qui serait, selon lui, devenu « un des hommes les plus puissants de la République ».
Il évoque son rôle dans l’affaire de la libération des infirmières bulgares ou encore ses dessous de table pour une vente d’Airbus à la Libye. « Monsieur Pierre Péan me prête un pouvoir et une influence que je n’ai évidemment jamais eus », s’expliquera Djouhri.
2012 – Le Pen, une histoire française
Dans cet ouvrage ni hagiographique, ni pamphlétaire, Pierre Péan et Philippe Cohen retracent le parcours sinueux de Jean-Marie Le Pen avec objectivité et sans prise de parti grossière. Une démarche qui leur sera reprochée par la caste journalistique, qui les accusera de « banaliser » le Front National, voire de réhabiliter Le Pen.
L’un des sujets polémiques du livre concerne la torture en Algérie qui, selon les auteurs, n’est pas avérée pour le cas de M. Le Pen. Malgré un ouvrage qui, pour une fois, n’est pas incendiaire, Jean-Marie Le Pen déposera tout de même une plainte en diffamation contre Péan et Cohen car ces derniers « veulent accuser (le patriarche) d’avoir confondu son patrimoine personnel avec celui du Front national, d’avoir vécu personnellement avec l’argent revenant normalement au Front national, d’avoir accaparé les fonds du Front national pour ses besoins propres », selon son avocat.
2014 – Qatar, une France sous influence
Pierre Péan et Vanessa Ratignier s’intéressent aux vues du Qatar sur le patrimoine français et expliquent comment la France est devenue le terrain de jeu de la famille Al-Thani, qui place ses pions à tous les niveaux. En somme, l’histoire d’un partenariat qui a mal tourné.
2014 – Nouvelles affaires africaines
Le journaliste revient, avec ce livre, à son sujet de prédilection à savoir l’Afrique post-coloniale. L’enquête, sous-titrée « Mensonges et pillages au Gabon », se penche sur la fin de règne du défunt président Omar Bongo et sur les modalités d’accession au pouvoir de son fils Ali, à sa mort en 2009. Péan accuse ce dernier d’avoir falsifié de nombreux documents liés à sa filiation et d’avoir fait assassiner de nombreux opposants.
Suite à ce livre, l’État gabonais déposera plainte contre Pierre Péan pour des propos jugés « gravement diffamatoires ».
2015 – Jean Moulin, l’ultime mystère
Pierre Péan se penche sur divers aspects troubles de la vie de Jean Moulin, dont son supposé communisme. Mais aussi sur sa relation avec Antoinette Sachs et sur les coups bas, les luttes de pouvoir et les compromissions au sein de la Résistance et dans la France de l’immédiat après-guerre.
2016 – L’autre Chirac
Une biographie intime de Jacques Chirac qui retrace son jardin secret, préservé par Chirac pendant qu’il construisait sa carrière politique.
Un dernier livre posthume est prévu pour une sortie en 2020. Il y raconte selon son éditeur « les aventures et mésaventures d’un baroudeur du journalisme ». Le Point explique : « Il y a dix mois, Pierre Péan a remis à son éditeur Alexandre Wickham, directeur éditorial non fiction d’Albin Michel, un manuscrit de 1 200 pages. Dans ce récit personnel à l’usage de ses petits-enfants, le journaliste dévoile les coulisses de ses grandes enquêtes, de Bongo à Mitterrand en passant par l’affaire des diamants, la dénonciation de Jean Moulin, le Rwanda et les coulisses du journal Le Monde ».
Ce qu’il gagne
Ses revenus étant essentiellement liés aux ventes de ses livres, ces derniers sont très fluctuants. Dans un entretien à Télérama en 2009, il confiera que « tous les 3 ou 4 livres, j’ai un livre qui marche très bien, donc ça me permet d’avoir des avances confortables ». C’est grâce à ces avances que Péan peut se permettre de mener un travail d’enquête long et approfondi.
Publications
Après le résumé de ses livres les plus polémiques, voici la liste complète de ses ouvrages :
- La Troisième Guerre mondiale (avec une préface de Jean-Pierre Vigier), éditions Calmann-Lévy, coll. « Questions d’actualité », Paris, 1974.
- Après Mao, les managers, éditions Fayolle, coll. « Intervalle », Paris, 1977, 188 p.
- Bokassa, éditions Alain Moreau, « Collection dirigée par Jean Picollec », Paris, 1977, 196 p. + 6 p. de planches illustrées.
- Les Émirs de la République : l’aventure du pétrole tricolore, éditions du Seuil, Paris, 1982, 224 p.
- Les Deux Bombes, éditions Fayard, Paris, 1982, 203 p. – Sous-titré : « comment la France a donné la bombe à Israël et à l’Irak ». – Ouvrage réédité en 1991 sous le titre « Les Deux Bombes : ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975 ».
- Affaires africaines, éditions Fayard, Paris, 1983, 340 p.
- V : enquête sur l’affaire des avions renifleurs et ses ramifications proches ou lointaines, éditions Fayard, Paris, 1984, 265 p.
- Secret d’État : la France du secret, les secrets de la France, éditions Fayard, Paris, 1986, 365 p.
- Les Chapellières : Une terre, deux destins en pays Chouan, éditions Albin Michel, Paris, 1987, 359 p.
- La Menace, éditions Fayard, Paris, 1987, 306 p.
- L’Argent noir : corruption et sous-développement, éditions Fayard, Paris, 1988, 278 p.
- L’Homme de l’ombre : éléments d’enquête autour de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve République, éditions Fayard, Paris, 1990, 585 p.
- Vol UT 772 : contre-enquête sur un attentat attribué à Kadhafi, éditions Stock, coll. « Au vif », Paris, 1992, 327 p.
- Le Mystérieux Docteur Martin (1895–1969), éditions Fayard, Paris, 1993, 500 p.
- Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934–1947, éditions Fayard, Paris, 1994, 615 p.-16 p. de planches illustrées.
- L’Extrémiste : François Genoud, de Hitler à Carlos, éditions Fayard, Paris, 1996, 424 p.-16 p. de planches illustrées.
- TF1, un pouvoir, éditions Fayard, Paris, 1997, 695 p.
- Vies et morts de Jean Moulin : éléments d’une biographie, éditions Fayard, Paris, 1998, 715 p.-16 p. de planches illustrées.
- La Diabolique de Caluire, éditions Fayard, Paris, 1999, 261 p.-20 p. de planches illustrées.
- Bethléem en Palestine, éditions Fayard, Paris, 1999, 321 p. + 12 p. de planches illustrées.
- Manipulations africaines : l’attentat contre le DC 10 d’UTA, 170 morts, éditions Plon, Paris, 2001, 290 p.-32 p. de planches illustrées. – Sous-titré : « qui sont les vrais coupables de l’attentat du vol UTA 772 ? ».
- Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances, éditions Plon, Paris, 2002, 328 p.
- La Face cachée du Monde: du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003, 631 p.
- Marcel Dassault ou les ailes du pouvoir (Guy Vadepied, avec la collaboration de Pierre Péan), éditions Fayard, Paris, 2003, 473 p.
- Main basse sur Alger : enquête sur un pillage, juillet 1830, éditions Plon, Paris, 2004, 271 p.-12 p. de planches illustrées.
- Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda, 1990–1994, éditions Mille et une nuits, Paris, 2005, 544 p.
- L’Accordéon de mon père : une enquête intime (avec une postface de Jean Grégor), éditions Fayard, Paris, 2006, 306 p. + 8 p. de planches illustrées.
- Chirac, l’Inconnu de l’Élysée, éditions Fayard, Paris, 2007, 516 p. – Initialement titré : « L’Inconnu de l’Élysée ».
- Une blessure française : les soulèvements populaires dans l’Ouest sous la Révolution, éditions Fayard, Paris, 2008, 325 p.
- Le Monde selon K., une biographie critique de Bernard Kouchner, éd. Fayard, Paris, 2009, 323 p.
- Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, édition Fayard, 570 p., 2010.
- La République des mallettes — Enquête sur la principauté française de non-droit, éditions Fayard, septembre 2011.
- Le Pen : Une histoire française, avec Philippe Cohen, éditions Robert Laffont, 2012, 548 p.
- Kosovo: Une guerre juste pour créer un État mafieux, éditions Fayard, 2013, 506 p.
- Une France sous influence, avec Vanessa Ratignier, éditions Fayard, 2014, 484 p.
- Nouvelles affaires africaines: Mensonges et pillages au Gabon, éditions Fayard, 2014
Il l’a dit
« Kouchner s’est beaucoup engagé dans la guerre des Balkans, dans une vision atlantiste du monde, très proche des Américains, et la récompense qu’il a eu de tous ces engagements a été sa nomination comme “gouverneur” du Kosovo. » Agence Info Libre, avril 2014
« La Terreur reste une tache dans l’histoire de la République. Les batailles du Mans puis de Savenay en témoignent. La répression a laissé libre cours à la barbarie. Il n’est qu’à lire les propos tenus à l’époque pour mesurer l’acharnement avec lequel les troupes républicaines ont combattu les révoltés (en Vendée, NDLR). » Le Maine Libre, 12 décembre 2013
« La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avait mis la présomption d’innocence au 9ème article, la liberté de la presse, deux articles plus loin, à l’article 11. Aujourd’hui, la liberté de presse prime, dans les faits, sur la présomption d’innocence. » OZAP, 30 mars 2014
« Aujourd’hui, un certain journalisme se fonde sur la violation de la loi. Toutes les grandes affaires que vous évoquez sont basées sur la violation du secret de l’instruction. Le journaliste dit ‘d’investigation’ a des pouvoirs et des moyens exorbitants du droit commun. » OZAP, 30 mars 2014
« Si le jugement innocente la cible des journalistes, celle-ci n’aura droit qu’à quelques lignes dans les journaux. Et cette innocence judiciaire ne rééquilibrera pas la culpabilité installée dans l’opinion publique. » OZAP, 30 mars 2014
« Attendre sur son bureau les PV des juges, ce n’est pas ce que j’appelle de l’enquête, mais de la simple gestion de fuites. Le journaliste devient un pion, rentrant dans les objectifs des uns et des autres, devenant l’outil de vengeances ou de stratégies judiciaires. » OZAP, 30 mars 2014
« Aujourd’hui, un journaliste d’investigation est quelqu’un qui a un rapport intime avec un juge ou un flic. Il n’enquête pas. C’est un paradoxe incroyable. Mais cette pratique n’est pas le propre du Monde… Non, mais depuis l’affaire du Rainbow Warrior, c’est lui qui l’a généralisée. C’est devenu le fer de lance, le moteur principal du Monde et il a fait école. » 20 minutes, 27 février 2006
« J’ai voulu enlever la peinture dorée de l’icône française, montrer le côté va-t-en guerre de Bernard Kouchner, sa simplification du monde entre les bons et les méchants, ses mélanges de casquette, son côté néo-conservateur américain. Les Français l’imaginent en blouse blanche alors qu’il porte le plus souvent un treillis. » VSD, 3 février 2009
« Ensemble, ils fonctionnent comme une PME familiale. Elle le conseille, il l’écoute. Ils s’épaulent, se rendent des services. Il l’a fait nommer numéro deux de la holding de l’audiovisuel extérieur. C’est du népotisme. Dans d’autres pays, on s’en serait davantage offusqué. » VSD (à propos de Bernard Kouchner et de sa femme Christine Ockrent), 3 février 2009
« Malgré le travail qu’on a pu faire, on ne voit pas les traces du facho qu’on nous présente. » RMC (à propos de Jean-Marie Le Pen), novembre 2012.
« On savait bien, quand on a commencé à écrire notre livre, qu’on aurait des problèmes, notamment avec la gauche, car tout le système depuis les années 80 c’est de le diaboliser. » RMC (à propos de Jean-Marie Le Pen), novembre 2012.
« Il y a le choix face à Le Pen : diaboliser – ça a été fait amplement avec les résultats qu’on connaît –, ou essayer de comprendre. » Europe 1, 14 novembre 2012
« Ce qui est fascinant est de voir les méthodes utilisées pour parvenir à écarter le Kosovo de la Serbie. On a alors dit qu’un génocide était en préparation, une allégation qui a le même effet qu’une arme de destruction massive. » Atlantico, 1er juin 2013
« La morale ainsi brandie a permis de compenser le caractère illégal de leur entreprise. Désormais, les guerres sont faites au nom de la morale, de la défense des valeurs. Ceci explique la nécessité d’avoir une propagande très forte, à l’instar de celle ayant accompagné l’opération “Fer à cheval”. » Atlantico, 1er juin 2013
« Le cas du trafic d’organes au Kosovo, qui est d’une certaine manière le fil rouge de mon nouveau livre, révèle bien que ceux qui étaient en mesure de savoir savaient, et qu’en dépit de cela, rien n’a été fait. » Atlantico, 1er juin 2013
« Tout le monde y a été de son couplet sur les Serbes nazis. Ce que je dis dans le fond, c’est qu’il n’y a pas de bons, ni de méchants, comme dans toutes les guerres. » Atlantico, 1er juin 2013
« L’important n’est pas en soi, de constater que, sur tel ou tel point, la loi a été violée ou contournée. Ce qui compte est que, à travers ces systèmes de financement occultes s’est mise en place une oligarchie à la française liant des hommes d’État, des grands patrons et quelques hauts fonctionnaires complices. » Marianne, 12 septembre 2011
« Védrine assume son passé. François Mitterrand nie l’évidence. » Libération, 30 avril 1996
« On peut critiquer la France dans ce dossier (Rwanda, ndlr) : pourquoi s’est-elle engagée, pourquoi n’a‑t-elle pas réussi… Mais de là à affirmer qu’elle est complice de génocide… ce n’est plus du même ordre. On n’est plus dans la critique mais dans l’odieuse accusation. Je n’ai jamais compris pourquoi la France a pris toutes ces critiques sans vraiment réagir, même si j’ai évidement des éléments de réponse. Je pense que le mot « génocide » a tétanisé tout le monde, en France comme ailleurs. » 26 septembre 2008
« Malgré les apparences, le Qatar n’est pas une démocratie et mate les contestations. L’argent calme toute velléité de changement. Du moins pour l’instant. Car les citoyens autres que qataris sont quand même considérés comme des citoyens de seconde zone. Quant au sponsoring, ce n’est ni plus ni moins qu’un système d’esclavage moderne. » Le Nouvel Obs, 18 février 2014
« Investigation est un terme américain. Et policier à la fois. Je ne l’aime pas beaucoup parce qu’il s’agit d’une simple transposition. Une référence au Watergate. Journaliste ou enquêteur me suffisent amplement. » La Revue Médias n°26
« Le journalisme tel que je le conçois — sa noblesse, mais aussi sa difficulté — consiste à décider de sa propre enquête, de la mener, avec tous les risques que cela comporte. Y compris celui de se tromper. Mais, contrairement à un flic ou à un juge, ce journaliste-là ne dispose ni des écoutes, ni des résultats de perquisitions. Alors que le « journaliste d’investigation », qui reprend les PV d’instruction, bénéficie de ces moyens exorbitants. S’il se trompe, il pourra toujours fournir des documents pour prouver sa bonne foi, puisque le juge et l’instruction le protègent. Tandis que l’enquêteur est en suspension. Non seulement son travail coûte beaucoup plus cher, mais il est aussi bien plus risqué. Beaucoup d’enquêtes n’aboutissent jamais. » La Revue Médias n°26
« Plenel avait coutume de dire : “Il n’y a aucun secret.” Je suis peut-être de la vieille école, mais je revendique le droit de ne pas tout dire. Il m’est arrivé de mettre au jour des secrets et de ne pas les révéler. C’est à chaque journaliste de prendre ses responsabilités quand il est face à un tel choix. Ma règle est de pouvoir continuer à me regarder dans la glace le matin… » La Revue Médias n°26
« Quand un journaliste se fait embobiner par un homme politique ou une autre source, il ne devrait s’en prendre qu’à lui-même : c’est, me semble-t-il, la règle du jeu, surtout quand on s’intéresse, comme moi, aux affaires sensibles. » La Revue Médias n°26
« Le rapport aux sources est compliqué. La confiance d’une source s’acquiert en effet le plus souvent par la proximité… Il faut également dire que nombre d’affaires sensibles sont le résultat de trahisons, d’amertumes, de frustrations… Mais les journalistes ont l’art de parer d’atours vertueux les dénonciateurs. Pourquoi cacher que je fais, que nous faisons un métier où l’on se salit les mains ? C’est justement pour ça que chacun doit se fixer ses propres règles. » La Revue Médias n°26
« Beaucoup se prennent pour des chevaliers blancs, des redresseurs de torts. Ce n’est pas notre métier. C’est aux éditorialistes, aux philosophes d’utiliser nos révélations pour en tirer des concepts plus élevés, mais il ne faut pas tout mélanger. » La Revue Médias n°26
« Quand j’étais dans le journalisme, j’étais frustré. J’aime avoir du temps, essayer d’aller le plus loin possible. Or, dans la presse, on approfondit de moins en moins. Longtemps, j’ai concilié journalisme et livres. Et puis, un beau jour, j’ai sorti un best-seller qui m’a donné les moyens de travailler seul. Et j’ai, depuis, la chance de passer le plus clair de mes jours à enquêter. » La Revue Médias n°26
« Après mon livre sur le Rwanda, j’ai été la cible de beaucoup d’attaques. Après avoir gagné mes procès, j’ai tourné la page et préfère oublier cette période, la plus difficile de ma vie… » La Revue Médias n°26
« Les journalistes d’investigation d’aujourd’hui travaillent à toute vitesse. J’ai la chance extraordinaire de pouvoir m’abstraire de la pression du temps… » La Revue Médias n°26
« Les journalistes, quel que soit leur discours, sont d’abord des hommes. Les relations personnelles, évidemment, influent. C’est également vrai pour moi. Je ne vais pas commencer par enquêter sur mes copains, ce serait malhonnête de dire le contraire. » La Revue Médias n°26
« Plenel a choisi la logique de la F1 et non celle du tracteur qui seul permet de labourer profond et de trouver, parfois, de vrais trésors d’information… » La Revue Médias n°26
« Tous les 3 ou 4 livres, j’ai un livre qui marche très bien, donc ça me permet d’avoir des avances confortables. » Télérama, 11 février 2009
« On se salit les mains dès qu’on veut enquêter véritablement, obligatoirement. On est obligé d’utiliser certaines règles de protection des sources. » Télérama, 11 février 2009
Ils l’ont dit
« Alors, Péan ? Tout le contraire de Plenel. Il n’investiguait pas, lui. Il enquêtait. Il avait d’ailleurs mouché l’inquiétant moustachu dans un livre de 2003, La face cachée du Monde, quand cet ancien trotskiste dirigeait quasiment le « grand quotidien du soir ». Tel était Péan. », Morasse, Breizh Info, 30/07/2019
« L’œuvre de Péan est considérable et force le respect. Pas moins de 43 volumes qui racontent l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle. Une histoire française très fouillée. Un genre de Gaxotte moderne », ibid.
« Péan incarnait un art du journalisme de plus en plus menacé, selon l’éditeur. Le mot investigation n’était pas son favori. Il lui préférait celui d’enquête. Il abhorrait le ton inquisitorial. Le culte de la transparence était l’horreur absolue pour lui. Il ne s’est jamais servi de la vie privée », Alexandre Wickham, Albin Michel, cité par le Point 30/07/2019, op. Cit.
« Péan était un homme de gauche qui écrivait des choses qui pouvaient plaire à la droite. Il ne se souciait pas de plaire à tel ou tel. Sa liberté d’esprit était totale », ibid.
« Pierre Péan n’avait plus de carte de presse depuis 1987, car il ne publiait plus guère dans la presse et parce qu’il avait entamé un chemin solitaire. Or le journalisme est un artisanat qui se pratique en collectivité, au sein d’une rédaction et d’une entreprise », Huffington Post, 29/07/2019
Pour beaucoup, il restera comme le journaliste ayant révélé l’affaire des diamants de l’empereur Bokassa, contribuant à la non-réelection de Valéry Giscard d’Estaing […] mais […] il a incarné la subjectivité voire les impasses du journalisme engagé », Libération 27/07/2019
« Une solide inimitié avec Edwy Plenel qu’il accusait de suivisme d’affaires judiciaires en cours, quand lui, Péan, menait des enquêtes de sa propre initiative, tout seul dans son coin », ibid.
« Pierre Péan fut un des principaux contempteurs de la Françafrique, s’opposant frontalement à Jacques Foccart […] Au risque de la subjectivité, dédouanant le régime libyen dans l’attentat contre le DC10 d’UTA […] et surtout prenant dans son livre Noires Fureurs, Blancs Menteurs (Mille et une nuits, 2005), le parti des Hutus contre les Tutsis et en s’acharnant à relativiser le génocide du Rwanda sans jamais y avoir mis les pieds », ibid.
« Pierre Péan détestait le terme « journalisme d’investigation », qu’il jugeait trop inquisitorial, trop accusatoire, trop « yankee ». Il préférait l’expression « enquête » qu’il jugeait plus conforme à l’esprit français. Il avait surtout une vision humaniste et bienveillante de son métier, rappelant à ceux qui le croisaient qu’il fallait toujours « s’attacher à comprendre les trajectoires des personnalités, sans les juger, sans les salir, tout en assumant la révélation des faits », TéléObs, 25/07/2019
« J’ai prouvé toute ma vie que je n’avais pas fais du trafic d’organes. Laissez Péan ! Qu’il aille se faire foutre ! » Bernard Kouchner, Agence Info Libre, février 2014
« Le temps, c’est la seule garantie pour une investigation de qualité. Pierre Péan et moi faisons le même travail. Mais l’écrit reste la base de l’investigation. » Jean-Robert Viallet (prix Albert Londres 2010), La Revue Médias n°26
« Cela fait des lustres que Pierre Péan fait entendre une très profonde détestation du journalisme d’investigation. (…) Cette détestation du journalisme d’investigation, Pierre Péan l’éprouve visiblement de manière si viscérale qu’elle guide jusqu’à sa propre plume. Observez toujours ce même ouvrage, « La Face cachée du Monde », truffé d’erreurs, d’approximations et de contrevérités. Quand il l’écrit, Pierre Péan se laisse aller à ses humeurs et s’exonère de toutes les règles du journalisme d’enquête : la vérification, le recoupement, la méticulosité, les témoignages contradictoires. » Laurent Mauduit, La Revue Médias n°26
« La vision de Pierre Péan est un peu idéaliste. Aujourd’hui, la presse ne dispose pas des moyens, en termes de temps et d’argent, pour réaliser ces enquêtes d’initiative. Nous sommes condamnés à prendre des points d’appui, qui sont effectivement des sources ayant intérêt à ce qu’une information sorte. Les journalistes ne se font pas seulement l’écho de sources policières et judiciaires, mais également économiques et politiques. C’est un état de fait en France, les journalistes sont à la remorque des gens de pouvoir, de toute tendance politique. » Nicolas Beau, La Revue Médias n°26
« À mon sens, Péan a montré l’exemple — même si j’émets des réserves sur ses livres concernant Jacques Chirac et le Rwanda —, en prenant le temps, avec sa ténacité paysanne. Il est l’honneur de la presse française. » Nicolas Beau, La Revue Médias n°26
« On se rappelle qu’à l’instar d’un Thierry Meyssan publiant son brûlot conspirationniste sur les attentats du 11-Septembre sans avoir jamais enquêté aux États-Unis, Pierre Péan n’a pas cru devoir se rendre au pays des mille collines pour écrire son Noires fureurs, blancs menteurs (2005), un livre animé du souci impérieux d’exonérer les autorités françaises de toute responsabilité. » Conspiracy Watch, 26 avril 2014
« Il ne fait désormais aucun doute que Pierre Péan s’est directement inspiré de plusieurs sites conspirationnistes pour écrire le paragraphe qu’il a consacré au groupe Bilderberg dans son pamphlet sur Kouchner. » Conspiracy Watch, 12 avril 2009
« Toujours bonne à dire, la vérité est parfois triste. La lecture du dernier livre de Pierre Péan consacré à Bernard Kouchner laisse un sentiment d’immense gâchis, d’amère déception. Ses révélations accablantes ne sauraient réjouir tous ceux qu’inquiète l’effet délétère de la perte de confiance dans les élites. En mettant à bas l’icône Kouchner, Pierre Péan ne dévoile pas seulement une imposture personnelle ; il nous oblige à faire le deuil d’un mythe auquel il ne fut pas méprisable de croire : le souci des victimes, la conscience des urgences, le bénévolat, la compassion, le droit-de‑l’hommisme. De tout cela il ne reste pas grand-chose après avoir refermé Le monde selon K. » Éric Conan, Marianne, 30 janvier 2009
« Difficile, en effet, de se dire de gauche, comme il le fait, et d’accepter l’idée que, pendant la Révolution, le peuple ait pu se révolter contre un pouvoir exercé au nom du peuple. » Jean Sévilla, Le Figaro Magazine, 04 octobre 2008
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