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Pierre Péan

9 mars 2024

Temps de lecture : 30 minutes
Accueil | Portraits | Pierre Péan
Accueil | Portraits | Pierre Péan

Pierre Péan

Temps de lecture : 30 minutes

L’homme par qui le scandale arrive

« Les jour­nal­istes d’investigation d’aujourd’hui tra­vail­lent à toute vitesse. J’ai la chance extra­or­di­naire de pou­voir m’abstraire de la pres­sion du temps… » Pierre Péan, La Revue Médias n°26

Né le 5 mars 1938 dans la Sarthe, Pierre Péan est un journaliste d’« initiative » (comme il se plaît à se définir) auteur d’essais à succès. Spécialiste de l’Afrique, où il entretient de nombreux réseaux, il est un observateur incontournable de la situation post-coloniale et des enjeux économiques des grandes puissances sur le continent… entre autres compétences. Il s’est éteint le 25 juillet 2019.

Très au fait des scan­dales politi­co-financiers, Pierre Péan est à l’o­rig­ine de nom­breuses révéla­tions sur la cor­rup­tion et les réseaux d’in­flu­ence souter­rains qui agis­sent à l’om­bre de la République. Ses livres lui ont valu de nom­breux procès et ont fait, à chaque sor­tie ou presque, la une de l’ac­tu­al­ité du fait de leur teneur en révéla­tions explo­sives, sou­vent à con­tre-courant de la doxa répétée par des médias de moins en moins soucieux d’enquêter.

L’au­teur est ain­si égale­ment très cri­tique vis-à-vis des « jour­nal­istes d’in­ves­ti­ga­tion » d’au­jour­d’hui, qui ne sont pour lui bien sou­vent que des « attachés de presse » ne faisant que sous-traiter les infor­ma­tions qui leur sont fournies par la police, les ren­seigne­ments ou la jus­tice. Il est l’un des derniers grands jour­nal­istes d’en­quête con­sacrant encore un long tra­vail à cha­cun de ses sujets, libéré qu’il est des impérat­ifs d’une rédaction.

Portrait vidéo

Formation

Avant Sci­ences Po, Pierre Péan a suivi des études de droit, sec­tion sci­ences économiques, à Angers, et avant cela au col­lège Saint-Julien d’Angers. Il était orig­i­naire de Sablé sur Sarthe, mais sa famille avait aus­si des attach­es à Mau­mus­son, au nord-est de la Loire-Atlantique.

Engagement militant

C’est lors de ses études de droit qu’il rejoint l’équipe de Jean Turc, maire d’Angers, sous l’é­ti­quette du Par­ti des Indépen­dants et Paysans.

En 1958, il est présent aux côtés de son ancien cama­rade de lycée Joël Le Theule, maire de Sablé-sur-Sarthe puis député et min­istre gaulliste.

En mars 1959, il mène une liste poli­tique alter­na­tive, essen­tielle­ment com­posée d’é­col­o­gistes et de mil­i­tants d’ex­trême-gauche, con­tre le maire PS de Bouffémont.

Le journaliste

Jeune, Pierre Péan évite le ser­vice nation­al en Algérie et se rend au Gabon, entre 1962 et 1964, au titre de la « coopéra­tion » entre la France et ce pays africain. Il assiste ain­si au coup d’É­tat mil­i­taire con­tre Léon Mba (1964). De cette expéri­ence, il gardera de nom­breux réseaux par­mi les élites gabonais­es, qui lui servi­ront ample­ment durant sa car­rière de journaliste.

Une car­rière qui débute en 1968 ; il est alors jour­nal­iste à l’AFP. En 1970, il rejoint L’Ex­press puis Le Nou­v­el Écon­o­miste, où il traite des ques­tions énergétiques.

En octo­bre 1979, il joue un rôle majeur dans « l’af­faire des dia­mants » révélée par le Canard Enchaîné impli­quant Valéry Gis­card d’Es­taing et l’an­cien empereur de Cen­trafrique, Bokas­sa Ier. C’est en effet lui qui a fourni au Canard une note signée par Bokas­sa prou­vant que VGE, alors min­istre des finances, avait reçu une pla­que­tte « de 30 carats environ ».

Péan n’ap­pré­cie pas le qual­i­fi­catif de « jour­nal­iste d’in­ves­ti­ga­tion », un terme tiré de l’anglais apparu suite à l’affaire du Water­gate, ni même de « jour­nal­iste d’en­quête » (dans son esprit : qui se con­tente de traiter les enquêtes du sys­tème judi­ci­aire). Il préfère se définir comme « jour­nal­iste d’ini­tia­tive », c’est à dire qui choisit son sujet et amorce sa pro­pre enquête.

Le journaliste d’initiative

L’ac­tu­al­ité de Pierre Péan étant surtout mar­quée par les sor­ties de ses livres, qui amè­nent sou­vent révéla­tions et polémiques, nous allons revenir ici sur ses ouvrages les plus mar­quants et l’ac­tu­al­ité qui a suivi leur parution.

1982 – Les deux bombes : comment la France a donné la bombe à Israël et à l’Irak

Révéla­tion sur les liens entre les milieux admin­is­trat­ifs et mil­i­taires français et israéliens. Péan met au jour l’al­liance entre les tra­vail­listes israéliens de Shi­mon Peres et les social­istes de Guy Mol­let pour fournir l’arme atom­ique à l’É­tat hébreu.

1982 – Les Émirs de la République : l’aventure du pétrole tricolore

Écrit en col­lab­o­ra­tion avec Jean-Pierre Séréni, ce livre présente Elf-Aquitaine comme un état pétroli­er dans l’É­tat qui impose ses volon­tés à chaque gouvernement.

1983 — Affaires africaines

Avec ce livre, Péan obtient son pre­mier gros suc­cès édi­to­r­i­al. Il s’in­téresse ici au Gabon, pays sym­bole des rela­tions fran­co-africaines souter­raines dans lequel il a passé deux ans (voir plus haut), et plus par­ti­c­ulière­ment aux réseaux mis en place par Jacques Foc­cart, secré­taire général de l’Élysée aux affaires africaines et l’un des bâtis­seurs de la Françafrique. L’ou­vrage ne sor­ti­ra pas au Gabon.

1988 — L’argent noir : corruption et sous-développement

Com­ment l’Oc­ci­dent a su tir­er prof­it de la cupid­ité et de la méga­lo­manie des dirigeants du Tiers-Monde, et prin­ci­pale­ment africains. Péan dresse la liste des grands con­trats qui s’ac­com­pa­g­nent bien sou­vent de corruption.

1990 – L’Homme de l’ombre : éléments d’enquête autour de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve République

Le jour­nal­iste revient sur le mys­térieux Jacques Foc­cart. Il dresse le détail de ses rap­ports avec de Gaulle ain­si que son action dans la lutte con­tre l’OAS et, surtout, son rôle dans la décoloni­sa­tion (suiv­ie de la mise en place des dif­férents chefs d’É­tat africains).

La sor­tie de ce livre s’est suiv­ie d’un procès en diffama­tion inten­té par Foc­cart, procès que Péan a remporté.

1994 – Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934–1947

Plus gros suc­cès de Pierre Péan, cet ouvrage recon­stitue de manière pré­cise la jeunesse de François Mit­ter­rand. Un cer­tain nom­bre de vérités (que les médias qual­i­fiés d’extrême-droite assé­naient depuis des années) revi­en­nent alors sur le devant de la scène : ses rap­ports avec la Cagoule, son ami­tié avec Pierre Bous­quet (ancien chef de la police de Vichy), sa Fran­cisque, son sou­tien à Philippe Pétain et son entrée tar­dive dans la Résistance.

Si Franz-Olivi­er Gies­bert avait déjà traité du sujet avant lui, en 1977, le livre de Péan propulse la vérité his­torique aux yeux du grand pub­lic, ce qui sus­cite une émo­tion générale. Le plus trou­blant dans cette affaire est sans doute que c’est Mit­ter­rand lui-même qui a per­mis, dans une volon­té de met­tre fin à l’hypocrisie et d’as­sumer son passé, à Péan d’ac­céder aux archives secrètes con­cer­nant sa jeunesse vichyste.

1997 – TF1, un pouvoir

En col­lab­o­ra­tion avec Christophe Nick, Péan dis­serte sur les liens entre les médias, les « indus­triels du spec­ta­cle », les faiseurs d’opin­ion et le pou­voir politique.

2001 – Manipulations africaines : l’attentat contre le DC 10 d’UTA, 170 morts

L’en­quête s’at­tache à démon­tr­er que les véri­ta­bles auteurs de cet atten­tat de sep­tem­bre 1989, que la jus­tice française a attribué au colonel Kad­hafi, sont en réal­ité la Syrie et l’Iran.

2003 – La Face cachée du Monde

Gros suc­cès com­mer­cial dès sa sor­tie, ce livre coécrit avec Philippe Cohen avance l’idée selon laque­lle le trio dirigeant du quo­ti­di­en du soir, à l’époque Jean-Marie Colom­bani, Edwy Plenel et Alain Minc, a totale­ment détourné l’œuvre du fon­da­teur Beuve-Méry, trans­for­mant un jour­nal de con­tre-pou­voir en spé­cial­iste des abus de pouvoir.

Après deux ans d’en­quête, les auteurs démon­trent que le quo­ti­di­en est désor­mais util­isé pour les intérêts per­son­nels de ses dirigeants, capa­bles de faire et de défaire les car­rières poli­tiques, et qu’il se livre même au lob­by­ing. Dans un chapitre, Péan et Cohen affir­ment que le Monde a adressé aux Nou­velles mes­sageries de la presse parisi­enne (NMPP), le 1er mars 2001, une fac­ture de 1 mil­lion de francs suite à son activ­ité de lob­by­ing auprès de l’équipe de Lionel Jospin.

Par ailleurs, le livre met en lumière les liens d’Edwy Plenel avec Bernard Dele­place, secré­taire général de la FASP (Fédéra­tion autonome des syn­di­cats de police). Les auteurs avan­cent que Plenel écrivait alors notes, dis­cours et com­mu­niqués pour l’or­gan­i­sa­tion syn­di­cale, en plus de ses fonc­tions de directeur de la rédac­tion au Monde.

Enfin, Le Monde des livres est égale­ment mon­tré du doigt, accusé de se livr­er sans arrêt aux ren­vois d’as­censeur en faisant la pro­mo­tion d’un cer­cle d’au­teurs restreint.

Le livre créera une grosse polémique médi­a­tique ain­si que des suites en jus­tice lors desquelles les auteurs et Le Monde trou­veront un accord : le livre ne sera plus réim­primé, en échange de quoi le quo­ti­di­en aban­donne ses pour­suites en diffama­tion. Par ailleurs, il est intéres­sant de not­er qu’au­cune enquête ne sera ouverte à l’en­con­tre du Monde suite aux révéla­tions fournies par Péan et Cohen.

Un autre effet col­latéral aura été le ren­voi de Daniel Schnei­der­mann, seul jour­nal­iste du quo­ti­di­en à avoir osé cri­ti­quer son journal.

Vidéo INA : ina.fr/video/2236850001005

2005 – Noire fureur, blancs menteurs : Rwanda 1990–1994

Dans cette enquête, Pierre Péan prend à rebrousse poil toute la doxa offi­cielle sur le géno­cide rwandais. L’au­teur avance que les vrais respon­s­ables du mas­sacre sont les rebelles tut­sis du RPF et que la France ne s’est pas four­voyée en sou­tenant trop longtemps le pou­voir hutu. « Cette enquête a été très large­ment cri­tiquée pour ses approx­i­ma­tion, sa vision eth­ni­ciste, et sa propen­sion à nier tout ce qui allait à l’en­con­tre de sa thèse », note L’Ex­press.

Pour ce livre, l’au­teur a été traîné en jus­tice par SOS Racisme, accusé de « com­plic­ité de provo­ca­tion à la haine raciale » pour avoir écrit que les tut­sis avaient une « cul­ture du men­songe et de la dis­sim­u­la­tion ». Un procès à nou­veau rem­porté par le jour­nal­iste qui, com­paré à un néga­tion­niste anti­sémite, par le prési­dent de l’UE­JF, a fon­du en larmes en plein tri­bunal en dénonçant un « amal­game intolérable ».

2008 – Une blessure française : les soulèvements populaires dans l’Ouest sous la Révolution

Dans un reg­istre cette fois his­torique, Péan retrace l’his­toire de la guerre de Vendée (1793) en prenant claire­ment par­ti pour les insurgés contre-révolutionnaires.

2009 – Le Monde selon K

Pierre Péan attaque le min­istre des affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouch­n­er, en l’ac­cu­sant de con­flit d’in­térêts entre 2002 et 2007. Durant cette péri­ode, celui-ci a en effet été engagé par le Gabon et le Con­go en tant que con­sul­tant à tra­vers deux sociétés privées (Ime­da et Africa Spes), tout en prési­dant en par­al­lèle Esther, un groupe­ment d’in­térêt pub­lic con­sacré à la coopéra­tion inter­na­tionale hospitalière.

Péan écornera égale­ment le min­istre, dont l’im­age de grand héros de l’hu­man­i­taire est encore très pop­u­laire dans l’opin­ion, sur sa poli­tique étrangère au Rwan­da et sur sa vision « améri­caine » du monde. Pour avoir mon­tré du doigt le « cos­mopolitisme » de M. Kouch­n­er, Péan est accusé de raviv­er des débats « des années 30 ». Invité sur le plateau d’@rrêt sur images et inter­rogé sur ce thème par Daniel Schnei­der­mann, l’au­teur s’a­gace et quitte le plateau :


Kouch­n­er : Péan par­le, et quitte le plateau d’@si par asi

Après une vive polémique, Bernard Kouch­n­er niera tout en bloc en dénonçant une attaque « grotesque et nauséabonde ».

2010 – Carnages : Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique

Qui s’in­téresse vrai­ment aux guer­res qui ont meur­tri l’Afrique ? S’il y en a bien un, c’est Péan, encore une fois à con­tre-courant. Dans ce livre, il mon­tre com­ment les intérêts des grandes puis­sances occi­den­tales ont eu des effets col­latéraux désas­treux sur le con­ti­nent africain.

2011 – La République des mallettes

Péan s’in­téresse ici aux réseaux de cor­rup­tion et finance­ments occultes qui empoi­son­nent la République et la vie poli­tique. Il cible tout par­ti­c­ulière­ment Alexan­dre Djouhri, un homme d’af­faires proche de Dominique de Villepin et de l’Élysée qui serait, selon lui, devenu « un des hommes les plus puis­sants de la République ».

Il évoque son rôle dans l’af­faire de la libéra­tion des infir­mières bul­gares ou encore ses dessous de table pour une vente d’Air­bus à la Libye. « Mon­sieur Pierre Péan me prête un pou­voir et une influ­ence que je n’ai évidem­ment jamais eus », s’ex­pli­quera Djouhri.

2012 – Le Pen, une histoire française

Dans cet ouvrage ni hagiographique, ni pam­phlé­taire, Pierre Péan et Philippe Cohen retra­cent le par­cours sin­ueux de Jean-Marie Le Pen avec objec­tiv­ité et sans prise de par­ti grossière. Une démarche qui leur sera reprochée par la caste jour­nal­is­tique, qui les accusera de « banalis­er » le Front Nation­al, voire de réha­biliter Le Pen.

L’un des sujets polémiques du livre con­cerne la tor­ture en Algérie qui, selon les auteurs, n’est pas avérée pour le cas de M. Le Pen. Mal­gré un ouvrage qui, pour une fois, n’est pas incen­di­aire, Jean-Marie Le Pen déposera tout de même une plainte en diffama­tion con­tre Péan et Cohen car ces derniers « veu­lent accuser (le patri­arche) d’avoir con­fon­du son pat­ri­moine per­son­nel avec celui du Front nation­al, d’avoir vécu per­son­nelle­ment avec l’ar­gent revenant nor­male­ment au Front nation­al, d’avoir acca­paré les fonds du Front nation­al pour ses besoins pro­pres », selon son avocat.

2014 – Qatar, une France sous influence

Pierre Péan et Vanes­sa Ratig­nier s’in­téressent aux vues du Qatar sur le pat­ri­moine français et expliquent com­ment la France est dev­enue le ter­rain de jeu de la famille Al-Thani, qui place ses pio­ns à tous les niveaux. En somme, l’his­toire d’un parte­nar­i­at qui a mal tourné.

2014 – Nouvelles affaires africaines

Le jour­nal­iste revient, avec ce livre, à son sujet de prédilec­tion à savoir l’Afrique post-colo­niale. L’enquête, sous-titrée « Men­songes et pil­lages au Gabon », se penche sur la fin de règne du défunt prési­dent Omar Bon­go et sur les modal­ités d’ac­ces­sion au pou­voir de son fils Ali, à sa mort en 2009. Péan accuse ce dernier d’avoir fal­si­fié de nom­breux doc­u­ments liés à sa fil­i­a­tion et d’avoir fait assas­sin­er de nom­breux opposants.

Suite à ce livre, l’É­tat gabonais déposera plainte con­tre Pierre Péan pour des pro­pos jugés « grave­ment diffamatoires ».

2015 – Jean Moulin, l’ultime mystère

Pierre Péan se penche sur divers aspects trou­bles de la vie de Jean Moulin, dont son sup­posé com­mu­nisme. Mais aus­si sur sa rela­tion avec Antoinette Sachs et sur les coups bas, les luttes de pou­voir et les com­pro­mis­sions au sein de la Résis­tance et dans la France de l’immédiat après-guerre.

2016 – L’autre Chirac

Une biogra­phie intime de Jacques Chirac qui retrace son jardin secret, préservé par Chirac pen­dant qu’il con­stru­i­sait sa car­rière politique.

Un dernier livre posthume est prévu pour une sor­tie en 2020. Il y racon­te selon son édi­teur « les aven­tures et mésaven­tures d’un baroudeur du jour­nal­isme ». Le Point explique : « Il y a dix mois, Pierre Péan a remis à son édi­teur Alexan­dre Wick­ham, directeur édi­to­r­i­al non fic­tion d’Al­bin Michel, un man­u­scrit de 1 200 pages. Dans ce réc­it per­son­nel à l’usage de ses petits-enfants, le jour­nal­iste dévoile les couliss­es de ses grandes enquêtes, de Bon­go à Mit­ter­rand en pas­sant par l’af­faire des dia­mants, la dénon­ci­a­tion de Jean Moulin, le Rwan­da et les couliss­es du jour­nal Le Monde ».

Ce qu’il gagne

Ses revenus étant essen­tielle­ment liés aux ventes de ses livres, ces derniers sont très fluc­tu­ants. Dans un entre­tien à Téléra­ma en 2009, il con­fiera que « tous les 3 ou 4 livres, j’ai un livre qui marche très bien, donc ça me per­met d’avoir des avances con­fort­a­bles ». C’est grâce à ces avances que Péan peut se per­me­t­tre de men­er un tra­vail d’en­quête long et approfondi.

Publications

Après le résumé de ses livres les plus polémiques, voici la liste com­plète de ses ouvrages :

  • La Troisième Guerre mon­di­ale (avec une pré­face de Jean-Pierre Vigi­er), édi­tions Cal­mann-Lévy, coll. « Ques­tions d’ac­tu­al­ité », Paris, 1974.
  • Après Mao, les man­agers, édi­tions Fay­olle, coll. « Inter­valle », Paris, 1977, 188 p.
  • Bokas­sa, édi­tions Alain More­au, « Col­lec­tion dirigée par Jean Picol­lec », Paris, 1977, 196 p. + 6 p. de planch­es illustrées.
  • Les Émirs de la République : l’aven­ture du pét­role tri­col­ore, édi­tions du Seuil, Paris, 1982, 224 p.
  • Les Deux Bombes, édi­tions Fayard, Paris, 1982, 203 p. – Sous-titré : « com­ment la France a don­né la bombe à Israël et à l’I­rak ». – Ouvrage réédité en 1991 sous le titre « Les Deux Bombes : ou com­ment la guerre du Golfe a com­mencé le 18 novem­bre 1975 ».
  • Affaires africaines, édi­tions Fayard, Paris, 1983, 340 p.
  • V : enquête sur l’af­faire des avions reni­fleurs et ses ram­i­fi­ca­tions proches ou loin­taines, édi­tions Fayard, Paris, 1984, 265 p.
  • Secret d’É­tat : la France du secret, les secrets de la France, édi­tions Fayard, Paris, 1986, 365 p.
  • Les Chapel­lières : Une terre, deux des­tins en pays Chouan, édi­tions Albin Michel, Paris, 1987, 359 p.
  • La Men­ace, édi­tions Fayard, Paris, 1987, 306 p.
  • L’Ar­gent noir : cor­rup­tion et sous-développe­ment, édi­tions Fayard, Paris, 1988, 278 p.
  • L’Homme de l’om­bre : élé­ments d’en­quête autour de Jacques Foc­cart, l’homme le plus mys­térieux et le plus puis­sant de la Ve République, édi­tions Fayard, Paris, 1990, 585 p.
  • Vol UT 772 : con­tre-enquête sur un atten­tat attribué à Kad­hafi, édi­tions Stock, coll. « Au vif », Paris, 1992, 327 p.
  • Le Mys­térieux Doc­teur Mar­tin (1895–1969), édi­tions Fayard, Paris, 1993, 500 p.
  • Une jeunesse française : François Mit­ter­rand, 1934–1947, édi­tions Fayard, Paris, 1994, 615 p.-16 p. de planch­es illustrées.
  • L’Ex­trémiste : François Genoud, de Hitler à Car­los, édi­tions Fayard, Paris, 1996, 424 p.-16 p. de planch­es illustrées.
  • TF1, un pou­voir, édi­tions Fayard, Paris, 1997, 695 p.
  • Vies et morts de Jean Moulin : élé­ments d’une biogra­phie, édi­tions Fayard, Paris, 1998, 715 p.-16 p. de planch­es illustrées.
  • La Dia­bolique de Caluire, édi­tions Fayard, Paris, 1999, 261 p.-20 p. de planch­es illustrées.
  • Beth­léem en Pales­tine, édi­tions Fayard, Paris, 1999, 321 p. + 12 p. de planch­es illustrées.
  • Manip­u­la­tions africaines : l’at­ten­tat con­tre le DC 10 d’U­TA, 170 morts, édi­tions Plon, Paris, 2001, 290 p.-32 p. de planch­es illus­trées. – Sous-titré : « qui sont les vrais coupables de l’at­ten­tat du vol UTA 772 ? ».
  • Dernières volon­tés, derniers com­bats, dernières souf­frances, édi­tions Plon, Paris, 2002, 328 p.
  • La Face cachée du Monde: du con­tre-pou­voir aux abus de pou­voir, édi­tions Mille et une nuits, Paris, 2003, 631 p.
  • Mar­cel Das­sault ou les ailes du pou­voir (Guy Vade­pied, avec la col­lab­o­ra­tion de Pierre Péan), édi­tions Fayard, Paris, 2003, 473 p.
  • Main basse sur Alger : enquête sur un pil­lage, juil­let 1830, édi­tions Plon, Paris, 2004, 271 p.-12 p. de planch­es illustrées.
  • Noires fureurs, blancs menteurs : Rwan­da, 1990–1994, édi­tions Mille et une nuits, Paris, 2005, 544 p.
  • L’Ac­cordéon de mon père : une enquête intime (avec une post­face de Jean Gré­gor), édi­tions Fayard, Paris, 2006, 306 p. + 8 p. de planch­es illustrées.
  • Chirac, l’In­con­nu de l’Élysée, édi­tions Fayard, Paris, 2007, 516 p. – Ini­tiale­ment titré : « L’In­con­nu de l’Élysée ».
  • Une blessure française : les soulève­ments pop­u­laires dans l’Ouest sous la Révo­lu­tion, édi­tions Fayard, Paris, 2008, 325 p.
  • Le Monde selon K., une biogra­phie cri­tique de Bernard Kouch­n­er, éd. Fayard, Paris, 2009, 323 p.
  • Car­nages. Les guer­res secrètes des grandes puis­sances en Afrique, édi­tion Fayard, 570 p., 2010.
  • La République des mal­lettes — Enquête sur la prin­ci­pauté française de non-droit, édi­tions Fayard, sep­tem­bre 2011.
  • Le Pen : Une his­toire française, avec Philippe Cohen, édi­tions Robert Laf­font, 2012, 548 p.
  • Koso­vo: Une guerre juste pour créer un État mafieux, édi­tions Fayard, 2013, 506 p.
  • Une France sous influ­ence, avec Vanes­sa Ratig­nier, édi­tions Fayard, 2014, 484 p.
  • Nou­velles affaires africaines: Men­songes et pil­lages au Gabon, édi­tions Fayard, 2014

Il l’a dit

« Kouch­n­er s’est beau­coup engagé dans la guerre des Balka­ns, dans une vision atlantiste du monde, très proche des Améri­cains, et la récom­pense qu’il a eu de tous ces engage­ments a été sa nom­i­na­tion comme “gou­verneur” du Koso­vo. » Agence Info Libre, avril 2014

« La Ter­reur reste une tache dans l’histoire de la République. Les batailles du Mans puis de Save­nay en témoignent. La répres­sion a lais­sé libre cours à la bar­barie. Il n’est qu’à lire les pro­pos tenus à l’époque pour mesur­er l’acharnement avec lequel les troupes répub­li­caines ont com­bat­tu les révoltés (en Vendée, NDLR). » Le Maine Libre, 12 décem­bre 2013

« La Déc­la­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen avait mis la pré­somp­tion d’in­no­cence au 9ème arti­cle, la lib­erté de la presse, deux arti­cles plus loin, à l’ar­ti­cle 11. Aujour­d’hui, la lib­erté de presse prime, dans les faits, sur la pré­somp­tion d’in­no­cence. » OZAP, 30 mars 2014

« Aujour­d’hui, un cer­tain jour­nal­isme se fonde sur la vio­la­tion de la loi. Toutes les grandes affaires que vous évo­quez sont basées sur la vio­la­tion du secret de l’in­struc­tion. Le jour­nal­iste dit ‘d’in­ves­ti­ga­tion’ a des pou­voirs et des moyens exor­bi­tants du droit com­mun. » OZAP, 30 mars 2014

« Si le juge­ment inno­cente la cible des jour­nal­istes, celle-ci n’au­ra droit qu’à quelques lignes dans les jour­naux. Et cette inno­cence judi­ci­aire ne rééquili­br­era pas la cul­pa­bil­ité instal­lée dans l’opin­ion publique. » OZAP, 30 mars 2014

« Atten­dre sur son bureau les PV des juges, ce n’est pas ce que j’ap­pelle de l’en­quête, mais de la sim­ple ges­tion de fuites. Le jour­nal­iste devient un pion, ren­trant dans les objec­tifs des uns et des autres, devenant l’outil de vengeances ou de straté­gies judi­ci­aires. » OZAP, 30 mars 2014

« Aujourd’hui, un jour­nal­iste d’investigation est quelqu’un qui a un rap­port intime avec un juge ou un flic. Il n’enquête pas. C’est un para­doxe incroy­able. Mais cette pra­tique n’est pas le pro­pre du Monde… Non, mais depuis l’affaire du Rain­bow War­rior, c’est lui qui l’a général­isée. C’est devenu le fer de lance, le moteur prin­ci­pal du Monde et il a fait école. » 20 min­utes, 27 févri­er 2006

« J’ai voulu enlever la pein­ture dorée de l’icône française, mon­tr­er le côté va-t-en guerre de Bernard Kouch­n­er, sa sim­pli­fi­ca­tion du monde entre les bons et les méchants, ses mélanges de cas­quette, son côté néo-con­ser­va­teur améri­cain. Les Français l’imaginent en blouse blanche alors qu’il porte le plus sou­vent un treil­lis. » VSD, 3 févri­er 2009

« Ensem­ble, ils fonc­tion­nent comme une PME famil­iale. Elle le con­seille, il l’écoute. Ils s’épaulent, se ren­dent des ser­vices. Il l’a fait nom­mer numéro deux de la hold­ing de l’audiovisuel extérieur. C’est du népo­tisme. Dans d’autres pays, on s’en serait davan­tage offusqué. » VSD (à pro­pos de Bernard Kouch­n­er et de sa femme Chris­tine Ock­rent), 3 févri­er 2009

« Mal­gré le tra­vail qu’on a pu faire, on ne voit pas les traces du facho qu’on nous présente. » RMC (à pro­pos de Jean-Marie Le Pen), novem­bre 2012.

« On savait bien, quand on a com­mencé à écrire notre livre, qu’on aurait des prob­lèmes, notam­ment avec la gauche, car tout le sys­tème depuis les années 80 c’est de le dia­bolis­er. » RMC (à pro­pos de Jean-Marie Le Pen), novem­bre 2012.

« Il y a le choix face à Le Pen : dia­bolis­er – ça a été fait ample­ment avec les résul­tats qu’on con­naît –, ou essay­er de com­pren­dre. » Europe 1, 14 novem­bre 2012

« Ce qui est fasci­nant est de voir les méth­odes util­isées pour par­venir à écarter le Koso­vo de la Ser­bie. On a alors dit qu’un géno­cide était en pré­pa­ra­tion, une allé­ga­tion qui a le même effet qu’une arme de destruc­tion mas­sive. » Atlanti­co, 1er juin 2013

« La morale ain­si brandie a per­mis de com­penser le car­ac­tère illé­gal de leur entre­prise. Désor­mais, les guer­res sont faites au nom de la morale, de la défense des valeurs. Ceci explique la néces­sité d’avoir une pro­pa­gande très forte, à l’in­star de celle ayant accom­pa­g­né l’opéra­tion “Fer à cheval”. » Atlanti­co, 1er juin 2013

« Le cas du traf­ic d’or­ganes au Koso­vo, qui est d’une cer­taine manière le fil rouge de mon nou­veau livre, révèle bien que ceux qui étaient en mesure de savoir savaient, et qu’en dépit de cela, rien n’a été fait. » Atlanti­co, 1er juin 2013

« Tout le monde y a été de son cou­plet sur les Serbes nazis. Ce que je dis dans le fond, c’est qu’il n’y a pas de bons, ni de méchants, comme dans toutes les guer­res. » Atlanti­co, 1er juin 2013

« L’im­por­tant n’est pas en soi, de con­stater que, sur tel ou tel point, la loi a été vio­lée ou con­tournée. Ce qui compte est que, à tra­vers ces sys­tèmes de finance­ment occultes s’est mise en place une oli­garchie à la française liant des hommes d’État, des grands patrons et quelques hauts fonc­tion­naires com­plices. » Mar­i­anne, 12 sep­tem­bre 2011

« Védrine assume son passé. François Mit­ter­rand nie l’év­i­dence. » Libéra­tion, 30 avril 1996

« On peut cri­ti­quer la France dans ce dossier (Rwan­da, ndlr) : pourquoi s’est-elle engagée, pourquoi n’a‑t-elle pas réus­si… Mais de là à affirmer qu’elle est com­plice de géno­cide… ce n’est plus du même ordre. On n’est plus dans la cri­tique mais dans l’odieuse accu­sa­tion. Je n’ai jamais com­pris pourquoi la France a pris toutes ces cri­tiques sans vrai­ment réa­gir, même si j’ai évide­ment des élé­ments de réponse. Je pense que le mot « géno­cide » a tétanisé tout le monde, en France comme ailleurs. » 26 sep­tem­bre 2008

« Mal­gré les apparences, le Qatar n’est pas une démoc­ra­tie et mate les con­tes­ta­tions. L’ar­gent calme toute vel­léité de change­ment. Du moins pour l’in­stant. Car les citoyens autres que qataris sont quand même con­sid­érés comme des citoyens de sec­onde zone. Quant au spon­sor­ing, ce n’est ni plus ni moins qu’un sys­tème d’esclavage mod­erne. » Le Nou­v­el Obs, 18 févri­er 2014

« Inves­ti­ga­tion est un terme améri­cain. Et polici­er à la fois. Je ne l’aime pas beau­coup parce qu’il s’agit d’une sim­ple trans­po­si­tion. Une référence au Water­gate. Jour­nal­iste ou enquê­teur me suff­isent ample­ment. » La Revue Médias n°26

« Le jour­nal­isme tel que je le conçois — sa noblesse, mais aus­si sa dif­fi­culté — con­siste à décider de sa pro­pre enquête, de la men­er, avec tous les risques que cela com­porte. Y com­pris celui de se tromper. Mais, con­traire­ment à un flic ou à un juge, ce jour­nal­iste-là ne dis­pose ni des écoutes, ni des résul­tats de perqui­si­tions. Alors que le « jour­nal­iste d’investigation », qui reprend les PV d’instruction, béné­fi­cie de ces moyens exor­bi­tants. S’il se trompe, il pour­ra tou­jours fournir des doc­u­ments pour prou­ver sa bonne foi, puisque le juge et l’instruction le pro­tè­gent. Tan­dis que l’enquêteur est en sus­pen­sion. Non seule­ment son tra­vail coûte beau­coup plus cher, mais il est aus­si bien plus risqué. Beau­coup d’enquêtes n’aboutissent jamais. » La Revue Médias n°26

« Plenel avait cou­tume de dire : “Il n’y a aucun secret.” Je suis peut-être de la vieille école, mais je revendique le droit de ne pas tout dire. Il m’est arrivé de met­tre au jour des secrets et de ne pas les révéler. C’est à chaque jour­nal­iste de pren­dre ses respon­s­abil­ités quand il est face à un tel choix. Ma règle est de pou­voir con­tin­uer à me regarder dans la glace le matin… » La Revue Médias n°26

« Quand un jour­nal­iste se fait embobin­er par un homme poli­tique ou une autre source, il ne devrait s’en pren­dre qu’à lui-même : c’est, me sem­ble-t-il, la règle du jeu, surtout quand on s’intéresse, comme moi, aux affaires sen­si­bles. » La Revue Médias n°26

« Le rap­port aux sources est com­pliqué. La con­fi­ance d’une source s’acquiert en effet le plus sou­vent par la prox­im­ité… Il faut égale­ment dire que nom­bre d’affaires sen­si­bles sont le résul­tat de trahisons, d’amertumes, de frus­tra­tions… Mais les jour­nal­istes ont l’art de par­er d’atours vertueux les dénon­ci­a­teurs. Pourquoi cacher que je fais, que nous faisons un méti­er où l’on se salit les mains ? C’est juste­ment pour ça que cha­cun doit se fix­er ses pro­pres règles. » La Revue Médias n°26

« Beau­coup se pren­nent pour des cheva­liers blancs, des redresseurs de torts. Ce n’est pas notre méti­er. C’est aux édi­to­ri­al­istes, aux philosophes d’utiliser nos révéla­tions pour en tir­er des con­cepts plus élevés, mais il ne faut pas tout mélanger. » La Revue Médias n°26

« Quand j’étais dans le jour­nal­isme, j’étais frus­tré. J’aime avoir du temps, essay­er d’aller le plus loin pos­si­ble. Or, dans la presse, on appro­fon­dit de moins en moins. Longtemps, j’ai con­cil­ié jour­nal­isme et livres. Et puis, un beau jour, j’ai sor­ti un best-sell­er qui m’a don­né les moyens de tra­vailler seul. Et j’ai, depuis, la chance de pass­er le plus clair de mes jours à enquêter. » La Revue Médias n°26

« Après mon livre sur le Rwan­da, j’ai été la cible de beau­coup d’attaques. Après avoir gag­né mes procès, j’ai tourné la page et préfère oubli­er cette péri­ode, la plus dif­fi­cile de ma vie… » La Revue Médias n°26

« Les jour­nal­istes d’investigation d’aujourd’hui tra­vail­lent à toute vitesse. J’ai la chance extra­or­di­naire de pou­voir m’abstraire de la pres­sion du temps… » La Revue Médias n°26

« Les jour­nal­istes, quel que soit leur dis­cours, sont d’abord des hommes. Les rela­tions per­son­nelles, évidem­ment, influ­ent. C’est égale­ment vrai pour moi. Je ne vais pas com­mencer par enquêter sur mes copains, ce serait mal­hon­nête de dire le con­traire. » La Revue Médias n°26

« Plenel a choisi la logique de la F1 et non celle du tracteur qui seul per­met de labour­er pro­fond et de trou­ver, par­fois, de vrais tré­sors d’information… » La Revue Médias n°26

« Tous les 3 ou 4 livres, j’ai un livre qui marche très bien, donc ça me per­met d’avoir des avances con­fort­a­bles. » Téléra­ma, 11 févri­er 2009

« On se salit les mains dès qu’on veut enquêter véri­ta­ble­ment, oblig­a­toire­ment. On est obligé d’u­tilis­er cer­taines règles de pro­tec­tion des sources. » Téléra­ma, 11 févri­er 2009

Ils l’ont dit

« Alors, Péan ? Tout le con­traire de Plenel. Il n’investiguait pas, lui. Il enquê­tait. Il avait d’ailleurs mouché l’inquiétant mous­tachu dans un livre de 2003, La face cachée du Monde, quand cet ancien trot­skiste dirigeait qua­si­ment le « grand quo­ti­di­en du soir ». Tel était Péan. », Morasse, Breizh Info, 30/07/2019

« L’œuvre de Péan est con­sid­érable et force le respect. Pas moins de 43 vol­umes qui racon­tent l’histoire de la sec­onde moitié du XXe siè­cle. Une his­toire française très fouil­lée. Un genre de Gax­otte mod­erne », ibid.

« Péan incar­nait un art du jour­nal­isme de plus en plus men­acé, selon l’édi­teur. Le mot inves­ti­ga­tion n’é­tait pas son favori. Il lui préférait celui d’en­quête. Il abhor­rait le ton inquisi­to­r­i­al. Le culte de la trans­parence était l’hor­reur absolue pour lui. Il ne s’est jamais servi de la vie privée », Alexan­dre Wick­ham, Albin Michel, cité par le Point 30/07/2019, op. Cit.

« Péan était un homme de gauche qui écrivait des choses qui pou­vaient plaire à la droite. Il ne se sou­ci­ait pas de plaire à tel ou tel. Sa lib­erté d’e­sprit était totale », ibid.

« Pierre Péan n’avait plus de carte de presse depuis 1987, car il ne pub­li­ait plus guère dans la presse et parce qu’il avait entamé un chemin soli­taire. Or le jour­nal­isme est un arti­sanat qui se pra­tique en col­lec­tiv­ité, au sein d’une rédac­tion et d’une entre­prise », Huff­in­g­ton Post, 29/07/2019

Pour beau­coup, il restera comme le jour­nal­iste ayant révélé l’affaire des dia­mants de l’empereur Bokas­sa, con­tribuant à la non-réelec­tion de Valéry Gis­card d’Estaing […] mais […] il a incar­né la sub­jec­tiv­ité voire les impass­es du jour­nal­isme engagé », Libéra­tion 27/07/2019

« Une solide inim­i­tié avec Edwy Plenel qu’il accu­sait de suiv­isme d’affaires judi­ci­aires en cours, quand lui, Péan, menait des enquêtes de sa pro­pre ini­tia­tive, tout seul dans son coin », ibid.

« Pierre Péan fut un des prin­ci­paux con­temp­teurs de la Françafrique, s’opposant frontale­ment à Jacques Foc­cart […] Au risque de la sub­jec­tiv­ité, dédoua­nant le régime libyen dans l’attentat con­tre le DC10 d’UTA […] et surtout prenant dans son livre Noires Fureurs, Blancs Menteurs (Mille et une nuits, 2005), le par­ti des Hutus con­tre les Tut­sis et en s’acharnant à rel­a­tivis­er le géno­cide du Rwan­da sans jamais y avoir mis les pieds », ibid.

« Pierre Péan détes­tait le terme « jour­nal­isme d’investigation », qu’il jugeait trop inquisi­to­r­i­al, trop accusatoire, trop « yan­kee ». Il préférait l’expression « enquête » qu’il jugeait plus con­forme à l’esprit français. Il avait surtout une vision human­iste et bien­veil­lante de son méti­er, rap­pelant à ceux qui le croi­saient qu’il fal­lait tou­jours « s’attacher à com­pren­dre les tra­jec­toires des per­son­nal­ités, sans les juger, sans les salir, tout en assumant la révéla­tion des faits », TéléObs, 25/07/2019

« J’ai prou­vé toute ma vie que je n’avais pas fais du traf­ic d’or­ganes. Lais­sez Péan ! Qu’il aille se faire foutre ! » Bernard Kouch­n­er, Agence Info Libre, févri­er 2014

« Le temps, c’est la seule garantie pour une inves­ti­ga­tion de qual­ité. Pierre Péan et moi faisons le même tra­vail. Mais l’écrit reste la base de l’investigation. » Jean-Robert Vial­let (prix Albert Lon­dres 2010), La Revue Médias n°26

« Cela fait des lus­tres que Pierre Péan fait enten­dre une très pro­fonde détes­ta­tion du jour­nal­isme d’investigation. (…) Cette détes­ta­tion du jour­nal­isme d’investigation, Pierre Péan l’éprouve vis­i­ble­ment de manière si vis­cérale qu’elle guide jusqu’à sa pro­pre plume. Observez tou­jours ce même ouvrage, « La Face cachée du Monde », truf­fé d’erreurs, d’approximations et de con­trevérités. Quand il l’écrit, Pierre Péan se laisse aller à ses humeurs et s’exonère de toutes les règles du jour­nal­isme d’enquête : la véri­fi­ca­tion, le recoupe­ment, la métic­u­losité, les témoignages con­tra­dic­toires. » Lau­rent Mauduit, La Revue Médias n°26

« La vision de Pierre Péan est un peu idéal­iste. Aujourd’hui, la presse ne dis­pose pas des moyens, en ter­mes de temps et d’argent, pour réalis­er ces enquêtes d’initiative. Nous sommes con­damnés à pren­dre des points d’appui, qui sont effec­tive­ment des sources ayant intérêt à ce qu’une infor­ma­tion sorte. Les jour­nal­istes ne se font pas seule­ment l’écho de sources poli­cières et judi­ci­aires, mais égale­ment économiques et poli­tiques. C’est un état de fait en France, les jour­nal­istes sont à la remorque des gens de pou­voir, de toute ten­dance poli­tique. » Nico­las Beau, La Revue Médias n°26

« À mon sens, Péan a mon­tré l’exemple — même si j’émets des réserves sur ses livres con­cer­nant Jacques Chirac et le Rwan­da —, en prenant le temps, avec sa ténac­ité paysanne. Il est l’honneur de la presse française. » Nico­las Beau, La Revue Médias n°26

« On se rap­pelle qu’à l’instar d’un Thier­ry Meyssan pub­liant son brûlot con­spir­a­tionniste sur les atten­tats du 11-Sep­tem­bre sans avoir jamais enquêté aux États-Unis, Pierre Péan n’a pas cru devoir se ren­dre au pays des mille collines pour écrire son Noires fureurs, blancs menteurs (2005), un livre ani­mé du souci impérieux d’exonérer les autorités français­es de toute respon­s­abil­ité. » Con­spir­a­cy Watch, 26 avril 2014

« Il ne fait désor­mais aucun doute que Pierre Péan s’est directe­ment inspiré de plusieurs sites con­spir­a­tionnistes pour écrire le para­graphe qu’il a con­sacré au groupe Bilder­berg dans son pam­phlet sur Kouch­n­er. » Con­spir­a­cy Watch, 12 avril 2009

« Tou­jours bonne à dire, la vérité est par­fois triste. La lec­ture du dernier livre de Pierre Péan con­sacré à Bernard Kouch­n­er laisse un sen­ti­ment d’immense gâchis, d’amère décep­tion. Ses révéla­tions acca­blantes ne sauraient réjouir tous ceux qu’inquiète l’effet délétère de la perte de con­fi­ance dans les élites. En met­tant à bas l’icône Kouch­n­er, Pierre Péan ne dévoile pas seule­ment une impos­ture per­son­nelle ; il nous oblige à faire le deuil d’un mythe auquel il ne fut pas mépris­able de croire : le souci des vic­times, la con­science des urgences, le bénévolat, la com­pas­sion, le droit-de‑l’hommisme. De tout cela il ne reste pas grand-chose après avoir refer­mé Le monde selon K. » Éric Conan, Mar­i­anne, 30 jan­vi­er 2009

« Dif­fi­cile, en effet, de se dire de gauche, comme il le fait, et d’accepter l’idée que, pen­dant la Révo­lu­tion, le peu­ple ait pu se révolter con­tre un pou­voir exer­cé au nom du peu­ple. » Jean Sévil­la, Le Figaro Mag­a­zine, 04 octo­bre 2008

Crédit pho­to : Rama via Wikimé­dia (cc)

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