Les yeux grands fermés (et larmoyants)
Ce jeune journaliste, spécialiste autoproclamé de l’extrême-droite, a l’attirail du parfait militant. Victime collatérale du virage éditorial de France-Soir, dont il fut viré sans ménagement, il prophétise dans Libération et Slate, telle une Cassandre antifasciste, la menace fantôme du terrorisme d’extrême-droite. En juin 2022, il prend prétexte d’une vidéo humoristique de Papacito pour se poser en éternelle victime et porte plainte contre le blogueur.
Portrait vidéo
Formation
De 2011 à 2013, il suit une licence de journalisme en alternance partagée entre l’Institut International de Communication de Paris (IICP) une petite école privée, et l’entreprise Immobilière 3F, où il est chargé de la communication externe. Sa formation comprend des enseignements relatifs au journalisme de presse écrite et digitale, complétée par des notions de journalisme audiovisuel.
Parcours professionnel
De 2008 à 2011, il est conseiller clientèle chez Sogessur, une compagnie d’assurance filiale de la Société Générale. De 2012 à 2013, il effectue son stage de fin d’études à la gazette locale de Mantes-la-Jolie « Courrier de Mantes », l’hebdomadaire de sa ville natale. Il produit à cette période des interviews et des portraits de personnalités liées à la vie locale de Mantes.
À partir de juin 2013, il devient ensuite journaliste en CDI chez France-Soir où il réalise des enquêtes et rédige des dossiers ainsi que des portraits. Journaliste multitâche, il doit rédiger des articles sur des thèmes très divers en l’absence d’une ligne éditoriale forte : les faits divers voisinent avec les alertes canicules et les conseils santé.
Il devient chef de service à partir de mars 2016 et se spécialise progressivement dans le journalisme politique, avec un tropisme pour l’extrême-droite au sens large. C’est à cette période que Xavier Azalbert, économiste de formation et entrepreneur à succès, reprend le contrôle du journal et devient directeur de publication.
Des dissensions ne tardent pas à survenir entre la rédaction et Azalbert, en dépit de la rentabilité du titre. Cette mésentente culminera par une grève des quatre journalistes salariés en août 2019, dont Plottu et Macé, qui exigent une convention collective, l’égalité salariale et un recentrage sur un journalisme critique plutôt que promotionnel. L’ensemble de la profession s’émeut de ce conflit et prend parti pour les grévistes. France Info offre une tribune à Plottu, deux semaines après le début de la grève. La direction ne cède pas un pouce de terrain et licencie l’intégralité de la rédaction, après une rétention partielle des salaires, le 19 octobre 2019, pour motif économique. Au vu de l’orientation volontiers droitière et populiste du site depuis la purge de 2019, il est aisé de deviner l’ampleur des divergences idéologiques entre les protagonistes.
« Journaliste indépendant » à partir de novembre 2019, il devient un contributeur régulier de Libération à partir de janvier 2020.
À compter de cette date, il se consacre entièrement à la cartographie des mouvements dits d’extrême-droite et à leur dangerosité du point de vue de la sécurité intérieure et extérieure. Toutes les thématiques relatives à la communautarisation sont passées en revue, de l’armement légal à l’exode urbain. La stratégie du binôme Plottu-Macé semble être de mettre en exergue un pendant à l’extrémisme islamiste, en l’espèce un suprémacisme blanc, quitte à exagérer son influence, réalisant la classique symétrie des fausses fenêtres. A France Info, les deux hommes s’étaient déjà fait une spécialité de monter en épingle des faits anecdotiques.
Son zèle militant est tel qu’il compromet parfois la sécurité des envoyés spéciaux missionnés par son employeur. Ainsi, lorsqu’il fait savoir que Marc de Cacqueray, ancien gudard, s’est porté volontaire aux côtés des Arméniens dans le conflit du Haut-Karabagh, il précise que « la proposition faite d’aller se battre en Azerbaïdjan s’inscrit dans une longue tradition à l’extrême droite radicale ». L’article sera retiré quelques mois à la demande de l’envoyée spéciale de Libération en Arménie, puis remis en ligne. Cette demande faisait suite aux menaces de mort adressées par des membres revendiqués de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (Asala) envers le quotidien.
Pour quelques mois, le temps des campagnes électorales à compter de début février 2022, il est le principal contributeur de l’observatoire de l’influence des radicalités en ligne (IRL) du journal.
Le 21 juin 2022 le blogueur Papacito publie une vidéo humoristique où il se « propose d’aller voir ce journaliste pour avoir une discussion avec lui » et ajoute « rien de violent, je veux juste discuter avec lui ». Pierre Plottu en profite pour adopter la pose victimaire propre à son milieu. Sa posture sera amplement reprise par les médias de grand chemin dont L’Instant M de France Inter le 22 juin dans un entretien empreint de grande complicité.
Parcours militant
Le journaliste figurait, aux côtés de son père, sur la liste du candidat du Parti Socialiste lors des élections municipales de 2014 à Mantes-la-Jolie. En 2006, le père, Jean-Paul Plottu, faisait partie du comité de soutien des Yvelines en faveur de la candidature de Ségolène Royal.
Son engagement local remonte à plus loin, car il confesse dans un tweet avoir fait du soutien scolaire via une association catholique pour aider des « jeunes » de la cité du Val Fourré, un quartier prioritaire et très islamisé de Mantes.
Sa nébuleuse
Maxime Macé : son complice de plume, écrivent la plupart de leurs articles à quatre mains. Diplômé de l’ESJ Paris, Macé se lie d’amitié avec Plottu à France-Soir.
Nicolas Lebourg : Docteur en histoire et auteur d’une thèse intitulée « Les Nationalismes-révolutionnaires en mouvements : idéologies, propagandes et influences (France ; 1962–2002) ». Ancien militant à Ras l’Front, il est la caution pseudo académique du duo Plottu-Macé, qui relaie ses opinions, souvent peu nuancées, sur l’état des droites-extrêmes en France et dans le monde.
Rudy Reichstadt : Les deux hommes se retweetent volontiers mutuellement et Reichstadt est souvent sollicité par le journaliste pour son éclairage anticomplotiste.
Ils ont dit
« En réalité, on voit que, quand on ne s’inscrit pas dans des cas de “complotisme antisémite”, ces accusations relèvent souvent du critère suivant : “Est accusée de complotiste toute personne qui questionne ou remet en question la doxa médiatique sur des centres d’intérêt forts des néoconservateurs, en particulier ayant trait à la politique internationale des États-Unis et de leurs alliés” », Olivier Berruyer, Les Crises, 22 mai 2018
« Alors que vient d’être votée une loi contre le harcèlement en ligne, un groupuscule d’antifas internationaux répondant au nom douteux de Sleeping Giants se vante de harceler, sur Twitter, les annonceurs de Boulevard Voltaire jusqu’à ce que ceux-ci s’engagent à se retirer de notre site. […]
Ils font indirectement de la publicité à Boulevard Voltaire, qu’ils en soient remerciés. En revanche, leurs informations erronées nuisent à la crédibilité de leur support. Cela a d’abord été un article sur FranceSoir : si Pierre Plottu, le journaliste qui en est l’auteur, avait pris la peine de nous appeler, il aurait évité de reproduire sans vérifier le chiffre – revendiqué par les Sleeping Giants – de « 1.000 annonceurs » manquant à l’appel. », Boulevard Voltaire, 29 juillet 2019.
« Hier soir, le journaliste Pierre Plottu, ancien de France Soir passé chez Libé et Slate, commentait ainsi l’attaque de la conférence de Robert Ménard sur Twitter : « Une vidéo des affrontements ». Des « affrontements » ? Non. Une tentative d’effraction, une agression et une dégradation des biens publics et privés commis par une milice. Le traitement médiatique de l’extrême gauche de combat est sidérant de complaisance. », L’Incorrect, 13 février 2020.
« Le réel effraye souvent Pierre Plottu et les commentateurs en général. Ne croyant pas en Dieu, ni à l’existence d’ethnies différentes, il voudrait qu’il en soit ainsi pour tout le monde. Hélas, partout dans le monde, il est impossible d’analyser des tensions ou des conflits sans ces facteurs essentiels. », Jean-Armand Komchouyan, président de Solidarité Arménie, Billet de France, 20 octobre 2020.
« Le problème avec vous (Plottu et Macé, ndlr), c’est que vous criminalisez des trucs complètement logiques et normaux, comme vouloir se défendre ou fuir une ville trop dangereuse. Et vous relativisez les faits qui devraient être largement dénoncés. », Code Reinho, YouTube, 24 novembre 2020.
En réaction à l’article visant Damien Rieu : « Curieux comme les défenseurs de l’ex-future loi Avia, appelant à dénoncer les internautes diffusant de fausses informations, se précipitent ici, acceptant comme preuve, la mise sur écoute de “ l’accusé” , d’une manière détournée, par un groupe de faux-jetons ayant “ infiltré l’organisation de ce site, qui apparaît avoir été orchestrée par le collaborateur RN” […]Dites donc, les gars, quelle serait votre réaction si, appliquant vos méthodes de pourris, un vrai journal… comme “Valeurs Actuelles” par exemple, osait mettre sur écoute un attaché parlementaire étiqueté “ La France Insoumise ”… ou “ La Ripoublique en Marche” ? », Riposte Laïque, 28 novembre 2020.
Réponse à l’article à charge accusant Guillaume de Thieulloy de partager des identifiants de monétisation publicitaire avec un blogueur néonazi : « La dernière possibilité est non idéologique: les magnifiques « enquêteurs » de Libération (qui ont, pour l’essentiel, copié-collé ce que certains de leurs confères avaient déjà écrit sur moi, mais en réussissant le tour de force de se tromper à plusieurs reprises dans ces copier-coller!) ont bel et bien été regarder le code source du site de ce M. Delbauvre et y ont trouvé le code de notre compte… parmi des dizaines ou des centaines d’autres. Car, effectivement, on trouve bien les codes AdSense des sites que je dirige, mais au milieu d’articles repris desdits sites. Si vous copiez un article de Libération sur votre site, vous copiez aussi, dans le cas général, les liens vers les publicités de Libération. Cela implique-t-il que Libération entretient une collusion cachée avec le nazisme? Pas sûr que nos plumitifs soient aussi favorables à l’amalgame en ce cas… », Guillaume de Thieulloy, Le Salon Beige, 14 décembre 2020.
Il l’a dit
« C’est ici, presque en face de l’entrée du magasin Citadium, que Clément Méric est mort le mercredi 5 juin 2013. En pleine après-midi, au milieu des passants nombreux dans cette rue commerçante, une bagarre éclate entre deux groupes. D’un côté, le jeune militant de l’Action antifasciste Paris banlieue et étudiant à l’Institut d’études politiques de Paris et plusieurs de ses amis; de l’autre des membres des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), un groupuscule d’extrême droite dissous depuis. La rixe est violente (certains témoins évoquent un poing américain), mais brève. Très vite, Clément Méric s’effondre. Le jeune homme de 18 ans qui se remettait d’une leucémie est mort. », France Soir, 26 mai 2015. Pour une recension moins partiale de l’Affaire Méric, consulter ce dossier.
« Les barbares voulaient les tuer, ils les ont rendus immortels. Arnaud Beltrame est désormais immortel. La preuve que la République et ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité sont plus fortes que le nihilisme islamiste des intolérants de Daech. La preuve qu’ils ne gagneront jamais. », France Soir, 28 mars 2018.
« L’étranger dénoncé ici comme un violeur par les identitaristes est donc avant tout et surtout un Africain, voire un Maghrébin.
Sauf que le profil type du violeur est bien éloigné de ce qu’essaie de faire croire la propagande d’extrême droite : les statistiques officielles indiquent même que, sur les vingt dernières années, environ 80% des mis en cause sont de nationalité française. Cette proportion grimpe а plus de 90% pour les viols sur mineur·s. Une réalité des chiffres dont, et c’est un classique, ne s’embarrassent pas les propagandistes qui instrumentalisent tout autant les violences faites aux femmes que l’écologie ou la justice sociale. », Slate, 28 novembre 2019.
« Après, la réalité d’un potentiel passage à l’acte terroriste de militants de l’extrême-droite radicale –plus que celle d’un groupe de l’extrême droite- est matérialisée par les faits. Depuis 2002, avec la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie d’Unité Radicale, on au moins une tentative par an. Rien que l’année dernière, deux groupes se faisaient également arrêter : Action des Forces Opérationnelles et les Barjoles. Il y avait des projets très concrets. Pour le premier, lors de l’arrestation, les services de renseignements se sont rendu compte que l’un d’entre eux était en train de construire un laboratoire de construction d’engins explosifs. », Atlantico, 14 juin 2019.
« On en retiendra que la famille des grands fachos n’aime pas qu’on s’attaque à Soral. Et que révéler sa fuite en suisse les titille. », Twitter, 29 novembre 2019.
« Au sein de ces droites extrêmes, où le virilisme reste un marqueur et donc la haine xénophobe un puissant moteur, il n’est pas étonnant de constater que le recours aux poings fait partie de la panoplie militante de toutes les mouvances », Libération, 15 décembre 2020.
Son appréciation de la censure : « Les fermetures de comptes n’en restent pas moins courantes et résultent de l’application des conditions d’utilisation des sites web voire tout simplement de la loi. Point de «censure», comme certains tentent de le faire croire. » Libération, 11 janvier 2021.
Source illustration : capture d’écran vidéo FranceInfo